mardi 28 juillet 2020

Coeurs tatoués


Isabelle Fourié
Black Ink Editions (2020)
329 pages

Synopsis :
Un soir de novembre, un attentat. Tout ce qui composait la vie de Caroline lui a été arraché en un instant. Depuis, son cœur est farouchement protégé par une armure inviolable. Quatre ans plus tard, cette brillante chirurgienne parisienne s’envole pour intégrer les Royal Flying Doctors, unité médicale australienne qui intervient dans les coins les plus reculés du bush. Une nuit torride à Sydney avec un parfait inconnu est la dernière distraction qu’elle s’autorise avant son nouveau départ. L’Australie a beau être vaste, le karma est facétieux. Son coup d’un soir n’est autre que Luke, pilote sexy et prétentieux affecté comme elle à Broken Hill. Il n’a pas l’intention de faciliter son intégration. Ça tombe bien, Caroline a un caractère trop affirmé pour laisser qui que ce soit l’abattre. Surtout pas un arrogant décidé à la faire craquer. Mais le danger ne se trouve pas toujours là où on l’attend. Le destin veut jouer ? Il a trouvé à qui parler.




Aaah ! J'ai vraiment passé un excellent moment de lecture en compagnie de Caroline "Sweet" Duhamel, la chirurgienne française et Luke "Sky" Walker, le pilote australien. Pourtant, ces deux-là n'auraient jamais du se rencontrer, n'auraient jamais dû tomber amoureux l'un de l'autre à cause de leurs traumatismes respectifs.

Tout d'abord, il y a celui de Caroline, qui a vécu le pire le 13 novembre 2015, jour de ses 24 ans, sur la terrasse d'un restaurant, en perdant toute sa famille (ses parents, son frère, ses deux soeurs et son petit ami, Laurent) lors de l'attaque terroriste. Elle-même a été blessée très gravement au coeur et ne s'en est sortie que grâce au père de son fiancé, Léon Pradel, un éminent chirurgien qui a réussi à la sauver et qui, depuis le drame la considère comme sa fille (faute d'avoir été sa "belle-fille" si Laurent avait survécu...).

Nous voici 4 ans plus tard. Caroline a maintenant 28 ans, et elle est toujours médecin, chirurgienne, plus exactement, toujours à Paris. Elle survit plus qu'elle ne vit, se noyant dans le travail et subissant régulièrement des attaques de panique, qu'elle "soigne" en se saoulant.....Caroline ne se lie avec personne, car elle a trop souffert en voyant sa famille agoniser sous ses yeux. Elle ne veut plus souffrir de la même manière, alors elle s'est inventé un dragon qui garde et protège son coeur envers quiconque s'approcherait un peu trop d'elle. Il n'y a que le Professeur Pradel (celui qui l'a opéré du coeur et qui aurait dû être son futur beau-père) et Anna, une infirmière qui s'est liée à elle le soir de l'attentat où elle est arrivée aux urgences entre la vie et la mort.

Comme elle n'arrive pas à gérer son deuil, qu'elle s'enferme dans le travail et l'alcool, le professeur Pradel va lui proposer un poste en Australie, grâce à ses "relations"....Malgré quelques réticences, Caroline sait que ce changement d'air ne peut que lui faire du bien. 

La voici donc débarquée en Australie, ce pays où il y a le plus d'animaux mortels concentrés au km2.....Elle va travailler comme médecin dans le bush, à Broken Hill, une petite bourgade du Sud-Est de l'Australie, chez les Royal Flying Doctors (Broken Hill est une vraie ville, et d'ailleurs, elle est bien connue pour son aéroport avec ses "avions ambulances"....On constate ici que l'auteure s'est bien renseignée pour écrire son histoire !). 

Mais avant cela, elle a des examens à passer à Sydney, histoire de valider ses aptitudes. Durant ce laps de temps, elle va faire la connaissance de Liberty Walker, une jeune femme de 30 ans, qui est elle aussi médecin....Pour Caroline qui ne voulait créer aucun lien (à part ses communications à distance avec Anna), le choc va être rude car Liberty est la blonde pétillante et sans gêne qui va la sortir peu à peu de sa coquille (et en plus, elle s'est mis dans la tête que Caroline serait - sera - l'épouse parfaite pour son frère jumeau...). 

Le hasard veut donc que l'australienne a 4 frères dont son frère jumeau, Luke, qui revient de 13 années passées dans l'armée comme pilote et que maintenant, il va devenir pilote pour lantenne des Royal Flying Doctors de Broken Hill où son père est directeur....

Alors oui, j'ai vraiment été happée par le récit ! Déjà par les descriptions de l'Australie que nous fait l'auteure, Isabelle Fourié, mais aussi sa manière de tourner ses phrases, les sensations ressenties par Caroline (ou Luke, puisque ils ont droit à leurs chapitres alternés à la première personne du singulier). 

La fratrie Walker est incroyable, ils bossent presque tous ensemble. Ils n'ont aucune pudeur, même entre frère et soeur, mais encore plus entre frères (notamment quand Luke et Matt se confient sur leurs performances sexuelles).....Leurs amis, les MacKenzie, sont aussi de sacrés spécimens (dans le côté sauvage et bourru).....Et leur particularité à tous ces australiens du Bush ? C'est qu'ils sont tous beaux !!! (en tout cas, c'est Caroline qui les décrit ainsi !).....

Pour ce qui est de la barrière de la langue, et bien il faut savoir que la mère de Caroline était anglaise, donc, il n'y a pas de problème d'adaptation, notre héroïne s'exprime directement avec eux sans chercher ses mots et je dois dire qu'elle a un sacré caractère et quand elle doit dire ses quatre vérités à quelqu'un, elle ne se gêne pas ! D'ailleurs, Luke va vite en faire les frais, lui, le macho qui sait qu'il fait craquer toutes les femmes et qui la veut absolument dans son tableau de chasse....

Le scénario est rondement mené, avec les "petites" intrigues annexes, la vie très dure des habitants du bush, les anecdotes médicales, la vie rurale à Broken Hill. Bref, on ne s'ennuie à aucun moment !

Et évidemment, il a les joutes verbales entre Caroline et Luke, qui se surnomment dès leur première rencontre "la Trainée" et "le Connard"....Ca annonce la couleur.....

Ce qui est intense dans cette histoire, c'est la manière dont ils vont tomber peu à peu amoureux, (après une très forte attraction physique) mais tout est très clair dès le départ puisque Luke ne veut pas s'attacher lui non plus à une femme car il a perdu sa mère quand il avait 17 ans (au moment où il est entré dans l'armée) et aucune femme ne peut lui arriver à la cheville. Même si, pourtant, dans la famille Walker, deux de ses frères sont déjà en couple, dont un avec des enfants, lui, veut rester célibataire.....Caroline non plus, ne veut aucune attache affective donc tout est clair entre eux deux....Mais voilà, l'amour va très vite naître entre eux deux même s'ils ne veulent pas se l'avouer !

Alors, il faut aussi que je vous dise que j'ai eu les larmes aux yeux au moment de l'épilogue....Jusqu'au bout, l'auteure Isabelle Fourié aura su nous faire battre le coeur d'émotion !

Maintenant, je serais vraiment heureuse qu'elle écrive deux suites à cette histoire concernant des personnages secondaires. Tout d'abord, je pense qu'il y a du potentiel pour une romance entre Liberty et Mac Mackenzie, et puis, je rêve d'une histoire d'amour entre Matt, le grand frère de Luke (le seul Walker encore célibataire, avec Liberty, du coup...D'ailleurs, c'est un peu à cause de lui que Luke s'est pris une bonne baffe dans la tronche de la part de Caroline) et Anna, l'infirmière parisienne, qui va venir, on l'apprend à la fin du livre, s'installer elle aussi en Australie.....

En tout cas, pour ce qui est de "Coeurs Tatoués", la sublime histoire d'amour entre Caroline et Luke dans le bush sauvage et hostile de l'Australie, je suis vraiment heureuse de l'avoir lu ! C'est un beau coup de coeur pour moi !!!! Je vous le recommande à 100% !



SPOILERS 

Le seul truc négatif que je pourrais dire sur cette histoire, c'est le côté trop "parfait" de Caroline. En effet, c'est une super belle femme, elle est super intelligente et en plus, elle va donner naissance à des triplées - nous le savons avec le petit bon dans le futur que nous offre l'auteure à la fin du livre.....Malgré cette famille nombreuse, elle continue sa carrière et est classée dans le top 10 des chirurgiens de sa catégorie....Je trouve que c'est un peu too much pour un seul être humain surtout vis à vis du traumatisme qu'elle vécu quand elle avait 24 ans....Après, je suis d'accord qu'au lieu de sombrer dans la dépression et de vouloir se suicider (pour rejoindre sa famille décimée durant l'attentat du 13 novembre), elle s'est enfermée dans le travail, et durant quatre années, elle a ingurgité les heures de boulot et est devenue un médecin hyper qualifié....Sauf qu'il ne faut pas oublier que cette fille buvait aussi également beaucoup....Bref, il y a un décalage que je trouve peu crédible entre le drame qu'elle a vécu et la manière dont elle a rebondit.....Mais bon, après tout, les romances, c'est fait pour faire rêver et espérer des happy ends.....Alors, je préfère regarder les côtés positifs de ce livre plutôt que de chipoter sur la psychologie de l'héroïne qui n'a pas succombé d'une cirrhose du foie à force de boire du whisky pour oublier le massacre de ses proches....  

Quelques citations :

"Pour beaucoup, je suis un soleil, une lumière, un espoir que les miracles existent. En réalité, je suis une coquille vide, un être sans âme, une ombre. Machinalement, je caresse mon épaule gauche. La balle a frôlé si près le cœur qu’elle a imprimé une marque dans le muscle. Indélébile, elle témoigne que je suis passée entre la vie et la mort. Comme un tatouage, elle grave mon histoire dans mes chairs. Le projectile a dessiné sur mon péricarde une brûlure en forme d’étoile qui a intrigué plus d’un cardiologue. Être l’élève de Léon Pradel m’a sauvée. Connaître l’un des plus grands chirurgiens cardiaques de la planète a son avantage en période de chaos. Sortir avec son fils, même en ayant refusé de l’épouser, vous place de facto dans les membres de sa famille. Sans lui, sans son génie médical, sans ses mains infaillibles serais-je toujours en vie ?"

"— Maman est morte il y a treize ans. Nous avions juste dix-sept ans, Luke et moi. Elle a eu un cancer des ovaires. Le pronostic n’était pas très bon, un carcinome épithélial de grade 4, métastatique d’emblée. Elle a refusé en bloc l’opération, la chimio et la radiothérapie. Elle n’a pas voulu quitter Broken Hill. Elle a simplement demandé des antidouleurs. 
— Je suis désolée… 
— Pas de problème, je gère. Je sors trop et drague éhontément quand j’ai le bourdon, ce qui ralentit quelque peu mes études. Et toi, ta mère ? 
— Morte également, il y a quatre ans et je ne le digère pas du tout, éclaté-je de rire avec nervosité. 
— Et ton père ? me questionne-t-elle avec tendresse. Ce n’est pas trop dur pour lui de te laisser partir à l’autre bout du monde ? Elle a fini de me faire cette coiffure incroyable : une tresse à quatre brins, puis je me retourne et prends ses mains. Je ne me suis jamais autant confiée que ces dernières vingt-quatre heures. 
— Écoute, je n’ai plus de famille. Ils sont tous morts dans un attentat à Paris, le jour de mon anniversaire. Je suis la seule rescapée de cette soirée… Enfin, non… d’autres ont survécu, mais je veux dire des personnes que je connaissais, que j’aimais… Je fais encore des cauchemars, des crises de panique et… je me noie dans le travail. 
— Eh bien pas moi ! s’esclaffe-t-elle. Je comprends qu’elle souhaite me changer les idées. Cela me fait du bien. Pas de pitié. Pas de questions. Pas d’accolades gênantes. Juste un regard plein de compassion et une immense envie de vivre l’instant. 
— Je réalise mieux pourquoi à trente ans tu n’en es qu’à ton stage de spécialisation, me moqué-je gentiment. 
— Et moi, pourquoi à vingt-huit, tu es incapable de te préparer seule pour la soirée de ta vie !"

"Prendre tous les risques et accepter les missions les plus dangereuses. Devenir l’un des meilleurs pilotes de la Royal Navy australienne, l’un des plus médaillés. J’ai passé mon temps à sauver des vies en me leurrant, car jamais plus je ne pourrai cajoler son corps. Pourquoi ? Cette question hante encore mes nuits, treize ans après. Pourquoi le cancer ? Pourquoi ma mère ? Pourquoi refuser de se soigner ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Et surtout… pourquoi n’avoir pas réussi à accepter sa décision alors que plus d’une décennie me sépare de sa mort ? Comment ? Comment a-t-elle pu nous abandonner ? Cinq enfants, un mari aimant, des amis, des collègues et un boulot qu’elle adorait ! Elle a tout déserté ! Comment se fait-il que je sois le seul à être en colère ? À lui en vouloir ! Comment la douleur a-t-elle pu emplir mon cœur, le vider, l’assécher ? Cette rancœur est devenue si intense qu’elle a fait de moi ce que je suis. Un homme incapable de sentiments. Motivé par son travail et l’aboutissement de ses missions. Un gradé respecté et craint qu’uniquement le ciel et son immensité apaisent. Voler est ma médecine, ma drogue, la solution à mon malheur, mon exutoire et mon échappatoire tout à la fois".

"— Sky ! Son ton autoritaire me donne la chair de poule. Moi, le Lieutenant médaillé, le militaire chevronné, le pilote d’exception, je flippe devant ma petite sœur, car qu’elle le veuille ou non, je suis né six minutes avant elle. 
— Je suis à la retraite… donc, pas d’inquiétude, je viens m’installer définitivement. 
— Bien, j’espère que tu ne vas pas faire le con, parce que je t’ai trouvé une femme. Je manque de m’étouffer. Mon père, qui s’est rapproché, me tape dans le dos. Il sourit calmement et ajoute, avant que Lib ne puisse continuer : 
— En plus, elle t’a choisi une sacrée pièce, celle-là, tu n’es pas près de la mettre dans ton lit, s’amuse-t-il. 
— Ah oui ! Duhamel, j’en ai entendu parler, s’esclaffe Peter. 
— Hé ! Je suis là ! J’ai peut-être mon mot à dire ? protesté-je. 
— NON ! rugissent-ils tous à l’unisson. Liberty s’approche, prend appui sur mon biceps et m’embrasse avec douceur tout en chuchotant pour moi seul. 
— Tu sais que je t’aime. Puis, fusillant notre père du regard, elle me lâche et continue, autoritaire. 
— Pardon ? Papa ! Tu n’en as pas discuté avec tout le monde. 
— Bien sûr que si ! Ton histoire me paraissait tellement rocambolesque ! Liberty, cette fille n’est pas comme nous. 
— Tu m’étonnes ! Se faire pistonner depuis la France, il faut oser, continue Peter, malgré le regard courroucé de ma jumelle. Apparemment, pendant mon absence, les choses ont quelque peu changé. Les excentricités de Liberty ne semblent plus trouver grâce auprès de notre aîné. 
— Écoutez-moi bien, bande de machos, toi en particulier Luke Walker. Caroline Duhamel va botter vos petits culs d’Australiens avec son French Flair. Elle vous séduira, vous surprendra et vous mettra plus bas que terre, telles les merdes que vous êtes ! s’énerve-t-elle, des larmes mouillant son regard".

"Dans l’avion qui nous ramène vers Broken Hill, j’abandonne la place à côté de Liberty qui m’a été attribuée et préfère m’asseoir aux côtés de Matt. Ma sœur va encore me gaver avec sa copine super bandante. Sa nouvelle meilleure amie, probablement la seule d’ailleurs, nous rejoindra dans quelques jours. Elle est médecin. De toute évidence, elle doit en avoir une sacrée paire pour avoir impressionné mon paternel lors de son entretien d’embauche. Peter, le directeur adjoint de l’antenne des Royal Flying Doctors, l’aîné de la famille Walker, a insisté pour que je ne m’approche pas d’elle. En réalité, il m’a prévenu : « Ne joue pas au con ! On a besoin d’elle ! Papa te broiera les couilles si tu la fous dans ton lit ! »".

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2 commentaires:

  1. Bonjour. Je découvre avec un énorme plaisir ton blog et tes chroniques. J'adore!

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    1. Hello ! Je te remercie de ton passage sur mon blog et ton commentaire ! Je suis passée sur le tien, c'est une grande source d'inspiration au niveau lectures, dramas et musique ! Bravo !

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