Synopsis :
Célibataire endurci, Killian St. John tombe des nues lorsque son toqué de père lui annonce son projet délirant. Puisque Killian refuse de perpétuer la lignée, il a décidé de se remarier... avec une veuve, recrutée par petites annonces. Dans la foulée, Killian voit débarquer au domaine la belle Portia Gadstone, dont la sensualité provocante lui donne le vertige. Manifestement, c'est une aventurière qui cherche à profiter d'un vieux fou. Alors tant pis, il va se sacrifier : c'est lui qui l'épousera. Ainsi son père aura cet héritier tant désiré et lui, Killian, jouira des charmes de cette rousse incendiaire et l'empêchera de nuire. Mais bien des secrets n'ont pas encore été révélés...
[CHRONIQUE EXPRESS]
Je n'ai pas lu les deux précédents tomes de cette saga mais en tout cas ,ce 3ème tome, concerne Killian St John, surnommé "Locke", le fils du Marquis de Havisham, un vieil excentrique qui pleure toujours sa femme et croit son fantôme errer dans la Lande....(et qui avait recueilli enfants, les héros masculins des deux précédents tomes, ces fameux "Vauriens de Havisham"....
Locke, ayant grandit dans l'ombre de son père, ne veut surtout pas tomber amoureux pour ne pas "finir fou de chagrin comme lui"....Par contre, le jour où il apprend que son père compte se remarier et qu'une jeune veuve, déjà sur la route, doit bientôt arriver au Domaine, évidemment, il s'oppose immédiatement à ce mariage.....
Sa rencontre avec Portia est explosive (déjà parce qu'elle le prend pour un valet) et ensuite, évidemment, le charme sensuel de la jeune femme ne le laisse pas indifférent.....Comme il soupçonne qu'elle ne soit qu'une intrigante qui n'en veut qu'à l'argent de son père, et comme celui-ci a signé un contrat avec elle si jamais le mariage n'avait pas lieu, Locke decide de se "sacrifier"......Et d'épouser Portia.
Donc, l'histoire commence par un mariage "imposé" et évidemment, Locke fait tout mettre de la distance entre lui et sa jeune épouse...Ne lui montrant que de la condescendance et du mépris....Même s'il est furieusement attiré par elle....
Tout cela sous le regard bienveillant de son père car en fait, le vieil homme avait bien "préparé son coup" et savait que son fils s'interposerait à son mariage et deviendrait lui-même l'époux.....Ce qui signifie pour son père, l'arrivée prochaine de petits-enfants, lui qui pleure sa femme et la solitude dans laquelle elle l'a plongé après son décès....Solitude que son fils n'a jamais réussi à combler, bien au contraire....Certaines pièces du manoir ont été définitivement fermées et laissées telles quelles après de le décès de la Marquise....
Fort heureusement, notre héroïne va amener un vent de fraicheur dans cet endroit, elle va même carrément lui redonner vie !
Et finalement Locke va tomber peu à peu amoureux d'elle (il était déjà très attiré par elle physiquement).....Et comme dans toute bonne romance historique qui se respecte, nos deux tourtereaux vont évidemment devoir subir une épreuve, car le secret que Portia cache va être révélé.....
J'ai donc vraiment bien apprécié la manière dont ce "problème" va être géré par le couple (même si, au départ, Locke va mal le prendre....Ce qui est un euphémisme....).
Dans ce livre, nous avons évidemment le plaisir de voir les héros des deux précédents tomes (que j'apprends donc à connaitre puisque je vous disais un peu plus haut que je commence cette saga par ce 3ème tome...) et cela nous permet de voir que leurs couples respectifs vivent un immense bonheur....
En tout cas, j'ai vraiment aimé la personnalité de Portia, sa détermination et son courage et son abnégation face à sa condition de femme.....En effet, le passage dans le livre, où elle est à Londres et où on en apprend un peu plus sur son passé, nous montre bien que les femmes avaient vraiment la vie dure à cette époque......L'auteure, Lorraine Heath, nous montre une réalité bien sombre et c'est révoltant.....
Evidemment, j'ai aussi aimé Locke, sexy et bougon, et je trouve adorable la manière dont il se comporte avec son père, le fait qu'il ne l'ai jamais abandonné.....
J'ai vraiment donc passé un agréable moment de lecture et je me laisserais bien tenter pour lire les deux autres précédents tomes un de ces quatre !
Quelques citations :
"Havisham Hall, Devonshire Printemps 1882 Killian St. John, vicomte Locksley, passa devant l’horloge en chêne postée dans le couloir sans trop prêter attention à cette sentinelle. Ce n’était qu’à l’âge de six ans qu’il avait appris que les aiguilles étaient censées bouger et que le but de cet engin était de marquer le passage du temps. Mais, à la mort de sa mère, le temps s’était arrêté… en tout cas pour son père".
"— Vous voulez bien me dire son nom ? — Mme Portia Gadstone. Locke ouvrit des yeux ronds. Voilà qui était pire, bien pire que tout ce qu’il avait imaginé. — Une veuve, je présume ? — Non, Locke, je compte faire de ma future épouse une bigame, railla le vieil homme. Réfléchis, mon garçon. Bien sûr qu’elle est veuve. Je n’ai ni le temps ni la patience d’éduquer une gamine timide. Je veux une femme qui sache s’y prendre avec un homme. Était-il vraiment en train d’avoir cette conversation grotesque avec son propre père ? — Si c’est le plaisir qui vous manque, je peux aller vous chercher une de ces dames au village. Pourquoi vous marier ? — Il me faut un héritier. Locke en resta bouche bée. — Je suis votre héritier. — Et tu n’as pas l’intention de te marier. — Je n’ai jamais dit que je ne me marierais jamais. Il avait simplement affirmé qu’il ne tomberait jamais amoureux. Son père ayant plongé dans la démence après avoir perdu l’amour de sa vie, il n’avait pas le moindre désir de suivre le même chemin. — Alors, où est-elle, cette femme que tu épouseras ? s’enquit son père en regardant autour de lui comme s’il s’attendait à la voir se matérialiser devant eux. Cela fait deux mois que tu as trente ans. Je me suis marié à vingt-six et j’étais père à trente, alors que toi, tu en es encore à faire les quatre cents coups".
"Tandis que la voiture rebondissait sur la route, Portia Gadstone replia la moitié de page découpée dans le journal et la glissa dans son sac, avant de reporter son attention sur le paysage sinistre – pas aussi sinistre que sa vie, cependant, songea-t-elle. Qu’elle ait accepté sans le moindre remords d’épouser un homme dont tout Londres savait qu’il était fou à lier en disait assez sur elle. Son existence était un désastre, elle n’avait pas un penny en poche et personne d’autre vers qui se tourner. Le mariage avec le marquis lui convenait donc à merveille. C’était, pour tout dire, une sorte de miracle. Havisham Hall était une vaste propriété dans le Devonshire à la limite du Dartmoor. Isolée, donc. Les visites devaient y être rares, pour ne pas dire inexistantes. Le vieux fou ne quittait jamais son domaine. Il était peu probable que quiconque songe à la chercher ici. Mais si quelqu’un s’y risquait, elle serait marquise, une femme détenant un pouvoir certain – un pouvoir qu’elle était prête à utiliser si nécessaire, pour protéger sa personne ainsi que tous ceux qu’elle aimait".
"Un choc bruyant retentit dans le hall d’entrée au moment où il y arrivait. Elle avait dû se décider à utiliser le heurtoir. D’un geste vif, il ouvrit la porte. Elle souleva sa voilette, et il se retrouva plongé dans des yeux d’une couleur comme il n’en avait encore jamais vue, qui évoquait un bon whisky et semblait tout aussi tentante et enivrante. De quoi causer la perte d’un homme. — Je suis ici pour épouser Sa Seigneurie, déclara-t-elle d’une voix rauque qui éveilla toutes sortes de sensations sous sa ceinture. Par l’enfer ! Au lieu d’aller chercher une femme au village pour son père, il ferait mieux d’envisager d’en trouver une pour lui-même. À l’évidence, il y avait bien trop longtemps qu’il n’avait pas joui des plaisirs de l’amour, s’il suffisait d’une voix pour le mettre dans un tel état. — Allez chercher ma malle. Se redressant de toute sa taille pour la toiser, il demanda : — Vous me prenez pour un valet ? Elle l’examina lentement de la tête aux pieds, et il eut l’impression que ses yeux étaient comme des doigts légers qui passaient sur sa peau. Quand elle eut terminé, elle fronça son petit nez. — Majordome, valet, peu importe. Ma malle doit être rentrée. Occupez-vous-en. — Vous vous imaginez que lord Marsden veut toujours vous épouser ? — Nous avons passé un contrat. Il m’épousera ou il me dédommagera. Généreusement".
"Même si elle avait entendu nombre d’histoires sur son compte, écouté bien des femmes hypnotisées par son charme – qu’elle-même n’avait découvert qu’à l’instant où il avait ouvert la porte –, rien n’aurait pu la préparer à l’éclat magnétique de ces yeux d’un vert incroyable, ni au désir qui s’était emparé d’elle en le voyant, au point qu’elle avait failli tourner les talons sur-le-champ et courir après la malle-poste. Sa chevelure, aussi noire que la nuit, rendait ce regard émeraude plus saisissant encore. Jamais elle n’avait ressenti une réaction aussi viscérale en présence d’un homme. Qu’elle le trouvât aussi séduisant était totalement inacceptable et remarquablement dangereux. En dépit de la grossièreté dont il faisait preuve, elle comprenait qu’il ne cherchait qu’à protéger son père, ce qu’elle ne pouvait qu’admirer et respecter. Malheureusement pour lui, elle aussi avait quelqu’un à protéger, et elle était prête à le faire coûte que coûte et par tous les moyens dont elle disposait : son esprit, son corps et son âme. Rien, si déplaisant, si dégoûtant cela fût-il, ne l’empêcherait d’atteindre son but".
"Quand votre père disparaîtra, rendrez-vous à ce manoir sa magnificence passée ? — C’est un sujet auquel je n’ai pas réfléchi. Et c’était la vérité. Elle le voyait dans ses yeux, et elle ne l’en apprécia que davantage. Quelle enfance avait-il dû avoir, à grandir ici seul ? se demanda-t-elle. Sauf qu’il n’avait pas été seul. — Le duc d’Ashebury et le comte de Greyling étaient des pupilles de votre père. Ils ont eux aussi grandi ici. — C’est exact. — On vous surnomme les Vauriens d’Havisham. Il haussa un noir sourcil. — Il semble que vous évoluiez déjà dans les meilleurs cercles."
"Père, il me semble qu’il serait peut-être plus judicieux d’attendre quelques jours avant de procéder au mariage, afin de donner à Mme Gadstone un peu de temps pour s’habituer à son nouvel environnement. — Ce serait peu judicieux, au contraire. J’ai accepté de dédommager Mme Gadstone pour chaque jour de retard. — Je vous demande pardon ? — J’ai signé un contrat. Si je ne l’épouse pas aujourd’hui, je lui verserai cent livres par jour jusqu’à ce que les vœux soient prononcés. Et si je renonce complètement, je lui en devrai dix mille. Locke se dressa d’un bond. — Êtes-vous devenu fou ? Bien sûr qu’il est fou. Il est fou depuis trente ans. — Je devais lui donner une preuve qu’elle ne ferait pas ce voyage pour rien. Que mes intentions étaient honorables. Que je ne cherchais pas à tirer profit de la situation. Ce qu’elle, en revanche, faisait sans vergogne. Locke se tourna vers Portia, qui arborait un sourire radieux, presque innocent. Tout en elle, son regard, sa posture, criait sa satisfaction, comme si elle l’avait vaincu. La petite sorcière. Elle avait mentionné ce contrat. À la seconde où elle avait franchi la porte d’Havisham, elle savait que ce mariage aurait lieu ou qu’elle repartirait d’ici avec un confortable dédommagement. — Je veux voir ce contrat".
"Locke se demandait pourquoi il se donnait la peine de courir. Il savait exactement où il allait retrouver son père. Sur la tombe de la marquise de Marsden. Jusqu’à ce soir, il n’avait jamais compris pourquoi son père avait tenu à enterrer sa mère sur leur domaine, près d’un arbre, plutôt que dans le cimetière du village, où reposaient tous leurs ancêtres. Mais, après avoir entendu son récit au cours du dîner, il se demandait si cet arbre n’était pas celui dans lequel il avait rencontré celle qui était devenue l’amour de sa vie".
"Soudain, le remords le saisit. — Portia ? Elle lui fit face. Il se racla la gorge. — J’ignore depuis quand vous étiez là, devant la chambre de mon père. Vous avez peut-être entendu… — Je n’entretiens pas la moindre illusion quant à l’opinion que vous avez de moi, milord. Pour être tout à fait honnête, je m’attendais que vous retroussiez mes jupes sans plus de façons pour faire de moi ce que vous vouliez. Je suis soulagée de découvrir que vous me traitez avec une certaine considération. — Vous m’avez épousé en pensant que j’allais vous prendre de force ? — Je vous ai épousé sachant que les femmes n’ont pas grand-chose à dire quant à la façon dont on les traite. Il n’allait pas l’interroger sur son précédent mariage. Elle avait dit avoir aimé cet homme, ce qui devait signifier qu’il ne l’avait pas violée. — Je vous ai dit que vous trouveriez du plaisir dans mon lit. — Les hommes mentent souvent, lord Locksley. Ou alors ils surestiment leur capacité à donner du plaisir. Avec une si piètre opinion de la gent masculine, que diable faisait-elle ici ? — Pourtant, vous teniez à vous remarier. — Comme je l’ai dit, je cherchais la sécurité. De nouveau ce petit sourire, comme si elle songeait à une plaisanterie connue d’elle seule. — Les hommes, reprit-elle, ont aussi tendance à ne pas écouter quand une femme parle. Je vous attendrai. Cette fois, quand elle repartit, il ne l’arrêta pas".
"Elle se tourna brusquement vers lui. — Mais nous devons consommer notre mariage. Il se frotta les joues avec une serviette avant de lui adresser un large sourire. — Vous semblez bien impatiente. — Je désire simplement m’assurer que tout est légal, que vous n’annulerez pas ce mariage sur un caprice. Il l’étudia, et elle eut la désagréable impression qu’il fouillait son âme. — Vais-je découvrir aujourd’hui quelque chose qui me donnera envie d’annuler ce mariage ? demanda-t-il en penchant la tête. Jamais. Elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour qu’il ne sache rien. Jamais. — Non, bien sûr que non. Mais, comme je vous l’ai dit hier, c’est la sécurité que je recherche avant tout, et je ne me sentirai pas en sécurité tant que vous pourrez prétendre que je n’ai pas rempli mes devoirs conjugaux".
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