Les Editions J'ai Lu (2021)
sortie originale 2020
366 pages
Synopsis :
C’est avec appréhension que Viola Astley aborde sa première saison londonienne, fatalement vouée à l’échec. Comment pourrait-il en être autrement alors que sa timidité maladive la paralyse lorsqu’elle est en société ? Pourtant, une nouvelle Viola se révèle le jour où le duc de Wynter l’offense en tenant des propos inqualifiables. Emportée par son indignation, la jeune femme le mouche avec une audace insoupçonnée… sans se douter de la catastrophe qu’elle va déclencher. Séduit par son effronterie et son esprit, le duc décide de lui faire la cour.
Viola panique. Mais l’ardeur d’un homme épris peut donner des ailes à la plus timorée des femmes…
[CHRONIQUE EXPRESS]
Je n'ai, à ce jour, lu qu'un seul roman historique d'Eloisa James (en 2014).....Je me rends compte que c'est une auteure très prolifique et après avoir terminé "La petite souris en robe de bal", il est certain que je me pencherai un peu plus à l'avenir sur ses sagas !
Pour revenir à celui-ci, il est le 6ème tome de la saga "Les Wilde", comme j'en ai pris l'habitude avec les sagas de romance historique, je ne les lis pas forcément dans l'ordre car cela ne perturbe en rien la compréhension du récit (à part le fait de se faire spoiler sur les couples précédents....Mais en même temps, quand on lit une romance historique, on sait que les couples finissent toujours heureux ensemble !).
L'héroïne, Viola, est une jeune femme extrêmement timide, pour diverses raisons, notamment le fait qu'elle ne se sente pas légitime car sa mère s'est mariée avec un Duc (de la fameuse famille Wilde) et donc, ses frères et soeurs aînés ne sont pas de son sang (sa mère est la 3ème épouse du Duc)....Contrairement aux autres enfants qui suivent qui sont les enfants que sa mère a eu avec le Duc....Mais elle, elle n'a pas de sang Wilde dans les veines - tout comme sa "soeur" Joan (qui sera l'héroïne du prochain tome....), mais celle-ci a un caractère bien affirmé et n'a pas autant de complexes que Viola !
Sa timidité maladive est aussi due au fait qu'à l'âge de 15 ans, lors de sa première "sortie dans le grand monde", elle ait surpris un homme, un aristocrate immense et musclé, avec sa maitresse du moment, en "pleine action"....Et que celui-ci s'est emporté violemment pensant que Viola était la complice de l'autre femme, pour les surprendre et donc obliger cet homme à épouser cette femme (pour réparer le préjudice de son déshonneur...).
Il s'avèrera que ce colosse, en l'occurrence, le Duc de Wynter, avait raison, sauf que la témoin est arrivée à la suite de Viola, mais le Duc était déjà parti, furibond (et évidemment, personne n'a entendu parler de ce scandale, Viola a juste gardé en elle le traumatisme de cette scène et de cette énorme engueulade....).
Depuis ce fameux soir, Viola n'a plus participé à un bal....C'est une jeune femme au coeur tendre et romantique. A maintenant 18 ans, elle préfère les animaux aux humains mais il faudra bien un jour qu'elle se marie....
Le nouveau pasteur, M. Marlowe, qui vient d'arriver est jeune et beau comme un Dieu (et aussi innocent qu'elle dans les choses de l'amour), elle va tomber amoureuse de lui (malgré le fait qu'il soit déjà fiancé...à une sale mégère....).
Et le héros du livre alors ? C'était donc l'homme qu'avait surpris Viola quand elle avait 15 ans....Elle ne se rappelle plus de lui comme étant ce fameux "Duc fou de colère", mais elle sait ce qu'il pense "actuellement" des Wilde, notamment d'elle et de sa soeur, qui sont deux jeunes femmes à marier.....
Etant experte dans l'art de se rendre invisible, à cause de sa timidité, elle va surprendre une conversation entre Devin (notre fameux Duc) et son oncle.....Qui l'incite fortement à se marier, et pourquoi pas avec Viola, qui est décrite comme une petite souris (d'où le titre du livre en VF), discrète, n'aimant pas la foule....Elle ferait une épouse parfaite pour le Duc, retranchée dans une maison de campagne, juste bonne à lui pondre des héritiers de temps en temps.....
Seulement voilà, Devin ne souhaite pas forcément se marier tout de suite (il a 28 ans)...Jusqu'à ce qu'il soit interpelé par Viola, et surpris par son audace, voire son "culot" à lui tenir tête et lui dire ses quatre vérités....Elle qui était pourtant décrite comme une timide qui en arrive à vomir d'émotion.....
Nous sommes ici dans une romance où le héros méprise l'héroïne, mais pas très longtemps (j'aurais aimé que leur jeu du chat et de la souris - ah ha jeu de mot ! - dure un peu plus !).....
Devin se met finalement en tête de la courtiser, vu qu'elle lui a mis un vent bien frais.....Le fameux "suis-moi, je te fuis".....
Et il y a aussi le fait qu'il sait que Viola en pince pour le séduisant pasteur (qui est, à priori, plus beau physiquement que le Duc de Wynter.....Au niveau du visage, en tout cas....D'ailleurs, depuis qu'il prêche à l'église, les bancs sont remplis de jeunes filles très attentives !....Même si sa fiancée aigrie et désagréable le surveille de près....).
Alors, oui, j'ai bien aimé cette romance entre Viola et Devin, mais j'aurais préféré qu'il y ait un peu plus de challenge, de quiproquos etc....Finalement, le caractère doux et compatissant, voire naïf (le fameux moment où elle constate que les hommes aussi ont des tétons....) de Viola va trop vite (à mon goût) la faire tomber amoureuse du Duc.....
Ce qui est intéressant dans ce livre, c'est aussi l'autre histoire d'amour qui va naitre au fur et à mesure des pages entre M. Marlowe, notre beau pasteur et un autre personnage féminin (car après tout, le premier crush de Viola a le droit, lui aussi, d'être heureux en amour !!!).
Dernière chose à dire sur ce livre....Il se déroule dans les années 1780 en Angleterre...La plupart des personnages portent donc des perruques blanches et de la poudre - notamment pour les bals etc....Seul le pasteur garde ses cheveux blond au naturel, expliquant que la farine utilisée pour la poudre servirait mieux à faire du pain pour les pauvres (en plus d'être beau, il est très altruiste....Comment voulez-vous que toutes les jeunes filles - dont Viola, au début - ne craquent pas pour lui !).
Quelques citations :
"Viola entra en collision avec un gentleman qui lui tournait le dos. Ce dernier chancela légèrement en avant, mais encaissa le choc. Elle recula d’un pas en bredouillant une vague excuse. L’homme – immense, large et emperruqué – avait une épaule appuyée contre le mur, son bras libre enlaçant quelqu’un qu’elle ne voyait pas. Comme Viola glissait son regard le long de son dos, elle remarqua deux pantoufles jaunes surgissant de façon incongrue de part et d’autre de sa taille. Les pantoufles disparurent et elle perçut un froissement de jupes, avant de comprendre ce que cela signifiait. L’homme jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, puis se retourna vers sa… Quel était le mot ? Maîtresse ? — Vous avez arrangé un guet-apens ? Sa voix était rauque, moins d’incrédulité que d’une colère qui résonna dans tout le corps de Viola. Son estomac se noua davantage. — Pas du tout, répondit la femme d’une voix haletante. Ce n’est qu’une servante. — Non, c’est une dame qui emprunte fort à propos le couloir de service. Votre témoin semble même avoir craint d’arriver en retard, répliqua-t-il d’un ton aussi tranchant qu’une lame. Elle est à bout de souffle. Vous comptez utiliser son témoignage pour m’obliger à vous épouser, je suppose ?".
"Viola tremblait de tous ses membres. Le couloir était étroit et l’homme bloquait le passage. Elle prit une inspiration. — Excusez-moi… Il ne se retourna pas. — Quel genre de mariage pensez-vous que nous aurons ? La femme répondit dans un murmure. Viola se serra contre le mur, mais les paniers de sa robe faisaient la largeur du couloir, elle ne pouvait espérer contourner l’homme. — Vous vous imaginez en duchesse, paradant en ville en perruque haute, parée des diamants de ma mère ? Je vis à la campagne, je ne siège jamais au Parlement et je déteste les réceptions. Mon épouse devra vivre auprès de moi, bien sûr. Je vous conseille de garder cela à l’esprit avant que votre maudit témoin s’avise de révéler ce qui s’est passé. — Excusez-moi, répéta Viola d’une voix chevrotante. Il faut que je… Elle n’eut que le temps d’apercevoir une mâchoire carrée et un regard amer quand l’homme pivota pour regagner la salle de bal. — Espèce de cruche ! cria la femme en robe jaune qu’il avait abandonnée. Pourquoi a-t-il fallu que vous arriviez ? Viola en resta bouche bée. — Vous avez tout gâché ! continua la femme, furibonde. La porte s’ouvrit derrière Viola et la panique la submergea de nouveau. L’homme revenait. Elle se retourna et découvrit une matrone qui la dévisagea d’un air stupéfait. — Tu arrives trop tard, grinça l’autre femme. Cette idiote nous a interrompus et il est parti furieux. Viola se pencha en avant et soulagea son estomac, aspergeant copieusement la femme en jaune et son témoin".
"À dater de ce jour, sa timidité devint incontrôlable. Elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle n’était pas une vraie Wilde. Le simple fait de penser à l’intimité conjugale lui arrachait des frissons de dégoût et l’idée de se retrouver mariée à un homme qui la reléguerait à la campagne ou dans une mansarde la terrifiait. Une telle possibilité avait beau être improbable, elle avait pris possession de son imagination et elle n’arrivait plus à s’en défaire. L’idée de flirter lui donnait la nausée, alors se marier… Le mariage était tout bonnement inconcevable".
"Nous pourrions souper ensemble, insista-t-il. — Non, merci. — Cela ferait plaisir à mon oncle, sans parler de votre père et du mien, ajouta-t-il en baissant les yeux sur elle – il était absurdement grand. Ce qui n’est pas rien. — Je n’ai jamais connu mon père, répliqua-t-elle, soucieuse de tuer dans l’œuf cette idée ridicule. Il est mort avant ma naissance. Il semblerait que le vôtre n’ait pas été vraiment sympathique, quoi qu’il en soit, il avait des exigences concernant votre mariage, et celles-ci doivent être respectées. Je ne suis pas une vraie Wilde, et certainement pas fille de duc. Inutile de perdre votre temps avec moi. — Que nous partagions ce souper ferait plaisir à mon oncle. J’ai très peu connu mon père et je suis très attaché à sir Reginald. Elle étrécit les yeux, mais il s’était arrangé pour adopter une expression de pure loyauté filiale. — Votre route risque d’être entravée par des femmes arborant des oiseaux empaillés sur leurs perruques. J’en ai vu au moins deux ou trois. Elle-même portait une perruque d’une blancheur de neige de hauteur raisonnable, uniquement ornée de perles. — Vous seriez à mes côtés. — Certes, mais je ne vous veux pas à mes côtés, dit-elle, optant pour la franchise. Vous attirez trop l’attention et je n’ai pas envie d’être utilisée comme un bouclier entre vos admiratrices et vous. J’ai mieux à faire. Il parut vaguement offensé. — Mieux que vous cacher derrière les rideaux en attendant une chiffe molle ? — M. Marlowe n’est pas une chiffe molle, répliqua-t-elle en gardant son calme parce que… Wynter était un imbécile et qu’il n’était pas nécessaire de croiser le fer avec lui. M. Marlowe n’est pas vaniteux, contrairement à ces aristocrates qui se flattent de fréquenter l’antichambre de la reine. C’est un pasteur, et en tant que tel, il… il déborde du lait de la tendresse humaine ! lâcha-t-elle, la formule lui étant venue soudainement. — Un être mamelu, donc, dit le duc, une lueur amusée dans le regard. — Je ne l’entendais pas ainsi. — J’en doute, car le pasteur a clairement répandu sa laiteuse tendresse sur la maison Lindow en se rendant disponible pour les conseils pastoraux à toute heure du jour ou de la nuit. Viola se rembrunit. — Votre Grâce, je vous conseille de regagner la salle de bal et de trouver une candidate au mariage autre que ma sœur".
"— Marlowe vit en ce moment à Lindow House, dit-il. Il est attaché à la paroisse de Mobberley, mais ils l’ont emmené à Londres. Otis cilla de nouveau, interloqué. — Et… ? — Il est… beau garçon. — Ton rival est un pasteur ? Cette fois, Otis ne se contenta pas d’aboyer de rire, il frisa la convulsion".
"Maintenant qu’il y songeait, il était soudain certain que son épouse devrait posséder un beau décolleté. Ce serait même une obligation. Elle serait petite, avec des lèvres pleines et des cils épais. Difficile d’en être certain, avec cette mode des paniers, mais il avait dans l’idée que les hanches de Viola seraient rondes plutôt qu’étroites, comme elles avaient tendance à l’être chez les femmes plus grandes. Joan Wilde était belle – comme Vénus ou Hélène de Troie. Viola, elle, était comme une boîte à trésor, dissimulant sa sensualité, son intelligence et son sens de l’humour. Son petit doigt lui soufflait qu’elle ne les partageait qu’avec sa famille. Fort bien. Il adorait les défis. Une femme qui refusait de partager ses pensées ? Qui ne prisait guère les mondanités ? Elle était faite pour lui. Il lui suffisait de se débarrasser du séduisant pasteur. Et de convaincre Viola qu’il était tout aussi séduisant – ce qui n’était pas le cas. Se faire passer pour aussi vertueux que Marlowe serait au moins aussi difficile. Financer des orphelinats n’avait rien d’honorable quand votre propre père était responsable du sort de leurs pensionnaires. Quant à se faire passer pour aussi malléable que Marlowe ? Non. Il ne s’imaginait pas obéir aux ordres de quiconque, pas même à ceux d’une épouse. Il haussa les épaules. Allons, quand il verrait Viola dévorer le pasteur des yeux à ce thé dansant, il comprendrait certainement qu’il avait été victime d’un accès de folie passagère."
"Viola le considéra d’un œil froid. — Ce n’est pas un sujet de conversation convenable. À ce propos, je tiens à vous présenter mes excuses pour mon impolitesse le soir du bal. J’étais chiffonnée, certes, pour autant, je n’aurais pas dû perdre mon calme. Vous ne saviez pas que j’écoutais votre conversation, après tout, et vous avez le droit d’avoir une opinion sur ma filiation. — J’avais tort, admit Devin. Vous êtes clairement une vraie Wilde. — Qu’est-ce qui vous fait dire cela ? — Personne d’autre que vous n’a jamais osé me réprimander. Sa réponse la fit sourire et Devin éprouva une sensation bizarre, comme s’il avait bu une gorgée de champagne directement à la bouteille. — Nous pouvons nouer une amitié, suggéra-t-elle. Après tout, nous nous sommes tous deux éclipsés de mon premier bal, bien que pour des raisons différentes. — Hmm, fit Devin. — Il émane de vous quelque chose de très rassurant. Vos amis sont-ils sensibles à votre calme ? — J’ai peu d’amis, répondit-il sans détour. J’ai été éduqué par des précepteurs et j’étais déjà duc à l’âge où la plupart des jeunes gens entrent à l’université. Je n’ai pas eu le loisir de me joindre à eux. — Pas d’amis ? s’exclama-t-elle, atterrée. — J’ai des cousins, avança-t-il, n’appréciant que fort peu la compassion qu’il lut dans son regard".
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