Lisa Kleypas
Les éditions J'ai lu 2010
Sortie originale 2006
376 pages
Synopsis :
Des quatre amies qui semblaient vouées à rester vieilles filles, Daisy Bowman est désormais la seule célibataire. Impatient de rentrer en Amérique où ses affaires l'appellent, son père lui lance un ultimatum : soit elle trouve dans l'urgence un riche époux, soit il la mariera à Matthew Swift, son associé. Daisy bondit. Epouser ce Bostonien hautain et sans humour ? Plutôt convoler avec le premier venu, ce qu'elle ne se prive pas de dire au principal intéressé. Mais Matthew Swift se révèle infiniment plus troublant que dans son souvenir et Daisy, peu à peu, se laisse prendre au charme. Jusqu'au jour où il lui avoue qu'il ne pourra jamais l'épouser...
Des quatre amies qui semblaient vouées à rester vieilles filles, Daisy Bowman est désormais la seule célibataire. Impatient de rentrer en Amérique où ses affaires l'appellent, son père lui lance un ultimatum : soit elle trouve dans l'urgence un riche époux, soit il la mariera à Matthew Swift, son associé. Daisy bondit. Epouser ce Bostonien hautain et sans humour ? Plutôt convoler avec le premier venu, ce qu'elle ne se prive pas de dire au principal intéressé. Mais Matthew Swift se révèle infiniment plus troublant que dans son souvenir et Daisy, peu à peu, se laisse prendre au charme. Jusqu'au jour où il lui avoue qu'il ne pourra jamais l'épouser...
Scandale au printemps, 4ème tome de la saga La ronde des saisons de l’auteure américaine Lisa Kleypas a été un vrai régal à lire ! Deux années se sont écoulées depuis qu’Annabelle, Lilian, Evangeline et Daisy ont décidé de s’allier pour se trouver chacune respectivement un mari….Si nos trois premières amies ont finalement accédé au bonheur, il n’en est pas de même pour la jeune Daisy qui peine vraiment à trouver l’amour.
« On avait aussi fait remarquer que Daisy consacrait beaucoup trop de temps aux livres, ce qui était probablement vrai. Si on le lui avait permis, elle aurait passé la plus grande partie de la journée à lire et à rêver. N'importe quel aristocrate un peu sensé en aurait sans doute conclu qu'elle serait incapable de diriger une maison et de remplir des devoirs qui reposaient essentiellement sur l'attention portée aux détails. Et l'aristocrate ne se serait pas trompé. Daisy n'aurait pu montrer plus d'indifférence au contenu du garde-manger ou à la quantité de savon à commander pour la prochaine lessive. Elle s'intéressait autrement plus aux romans, à la poésie et à l'Histoire, qui lui inspiraient de longues heures de rêverie, au cours desquelles elle regardait par la fenêtre sans rien voir... tandis qu'en imagination, elle vivait des aventures exotiques, voyageait sur des tapis volants, traversait des océans inconnus et cherchait des trésors sur des îles tropicales. Et les gentlemen merveilleux qui les peuplaient, inspirés des récits héroïques et des quêtes passionnées, étaient tellement plus intéressants et excitants que les hommes ordinaires... Ils s'exprimaient dans une prose fleurie, excellaient dans le maniement de l'épée et gratifiaient les femmes qu'ils convoitaient de baisers qui les faisaient tomber en pâmoison. Évidemment, Daisy n'était pas naïve au point de croire que de tels hommes existaient; mais elle devait admettre qu'avec toutes ces images romantiques dans la tête, les hommes réels lui apparaissaient terriblement... eh bien, terriblement ennuyeux en comparaison ».
Heureusement, nous pouvons compter sur l’énergique Lilian et surtout sur le soutien de son mari, le très influent Comte Marcus Westcliff, qui va se débrouiller pour réunir dans son domaine pendant quelques semaines un certain nombre de prétendants potentiels issus de la noblesse britannique (sous couvert de réunions de travail et de transactions de contrats, même si ces messieurs ne sont pas dupes de la chasse au mari qui se trame derrière leur dos…).
Du coup, le père de Daisy et de Lilian va aussi en profiter pour glisser dans l’équation son challenger, Matthew Swift, un jeune trentenaire américain sérieux et calme qui travaille pour lui depuis plusieurs années. Thomas Bowman le considère comme propre son fils et aimerait énormément l’avoir pour gendre en le casant avec sa dernière fille….
Evidemment ce choix de prétendant déplaît fortement à Daisy car toutes les fois où elle a pu croiser Matthew dans les bureaux de son père à New York, il ne lui avait pas fait du tout bonne impression avec son physique maigre et dégingandé, son regard fuyant et son attitude ultra sérieuse et rabat-joie. Le fait qu’il plaise à son père et qu’il ait les mêmes manières de se comporter dans les affaires ne jouaient pas non plus en la faveur du pauvre Matthew…..
Après, il ne faut pas oublier que cela fait plus de deux ans que la jeune femme n’a pas revu Matthew et finalement, quand ils se recroisent à Stony Cross Park, quelle n’est pas sa surprise de constater qu’il a bien changé physiquement et ressemble dorénavant à l’image des héros qu’elle s’imagine en lisant ses livres de romance…..Mais pour ce qui est du caractère, non, cela ne passe toujours pas ! Matthew est trop stricte, trop sérieux ! Elle ne veut pas devenir comme sa mère après des années passées auprès de son père, ça, jamais !
« À la pensée de Matthew Swift, qui prospérait sous sa tutelle depuis presque dix ans, Bowman éprouva une bouffée de fierté. Ce garçon lui ressemblait plus que sa propre progéniture.
-Aucun d'eux ne possède l'ambition et la férocité de Swift, continua Bowman. Je ferai de lui le père de mes héritiers.
-Vous avez perdu la tête ! s'écria Mercedes avec force. Daisy prit la parole avec un calme qui sapa sur-le-champ le lyrisme de son père.
-Permettez-moi de souligner qu'à ce sujet, ma coopération sera requise. Et puisque nous en sommes à la procréation des héritiers, je peux vous assurer qu'aucune puissance au monde ne me contraindra à porter les enfants d'un homme que je n'aime pas.
-Tu ne veux donc pas être utile à quelqu'un ? gronda Bowman, qui n'hésitait jamais à user de force brute pour mater une rébellion. Tu ne veux donc pas avoir un mari et une maison à toi, plutôt que de continuer à vivre en parasite ? Daisy tressaillit comme s'il l'avait giflée.
-Je ne suis pas un parasite.
-Vraiment? Dans ce cas, explique-moi en quoi le monde bénéficie de ta présence. As-tu un jour fait quelque chose pour quelqu'un ? Confrontée à l'obligation de justifier son existence, Daisy le gratifia d'un regard de marbre et garda le silence.
-Voici donc mon ultimatum : tu te trouves un mari convenable avant la fin du mois de mai ou je donne ta main à Swift ».
Ainsi, malgré son attirance physique et le trouble qu’il lui inspire dorénavant, Daisy va tout faire pour nier ce que son corps ressent auprès du « nouveau » Matthew Swift et c’est aidée de sa sœur Lilian (qui est encore plus tête de lard que d’ordinaire à cause de sa grossesse) qu’elle va tout faire pour pourrir la vie de M. Swift en lui montrant à quel point elle ferait une épouse détestable…..
« Même si elle était encore innocente, elle avait une connaissance suffisante des choses du sexe pour comprendre que le corps d'une femme pouvait réagir à celui d'un homme sans que le cœur soit le moins du monde impliqué. C'était ce qui lui était arrivé avec Cam Rohan. Elle était déconcertée de découvrir qu'elle était attirée par Matthew Swift de la même manière. Deux hommes pourtant si différents, l'un romantique, l'autre réservé. Le premier, un jeune et beau gitan qui avait nourri son imagination de possibilités exotiques. .. Le deuxième, un homme d'affaires impitoyable, ambitieux et pragmatique ».
Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-Une femme rêveuse avec un homme terre à terre : Ce qui fait le charme de cette romance entre Daisy et Matthew c’est que ces deux-là ont des caractères totalement différents. Notre héroïne est une jeune femme qui aime rêver en s’évadant dans la lecture de romances avec des personnages fantasques, des gredins hors-la-loi qui enlèvent en pleine nuit leur dulcinée à dos de leur cheval. Elle a grandi dans une famille aisée de la bourgeoisie américaine, et quoiqu’elle en pense, nous avons constaté dès le 1er tome qu’elle-même et sa sœur aînée Lilian ont bénéficié d’une éducation et d’un mode de vie qui leur ont permis beaucoup de libertés….Des libertés que peu de femmes avaient à cette époque. Après, le XIXème siècle est ce qu’il est, il faut bien que les demoiselles de bonne famille trouvent un époux et fondent une famille car c’est ce qu’on attend principalement d’elles….
« En songeant à leurs cinq enfants, Bowman se demanda pourquoi ils leur ressemblaient si peu. Mercedes et lui étaient tous deux ambitieux. Comment avaient-ils pu concevoir trois fils aussi placides, aussi enclins à accepter les choses telles qu'elles venaient, aussi convaincus que tout leur tomberait toujours dans les mains comme des fruits mûrs? Lillian était la seule qui semblait posséder un peu de l'esprit combatif des Bowman... en pure perte, puisque c'était une femme. Et puis, il y avait Daisy. Daisy qui, de tous ses enfants, avait toujours été celui que Bowman comprenait le moins. Même petite, Daisy ne tirait jamais les conclusions correctes des histoires qu'il racontait, et posait toujours des questions qui n'avaient aucun rapport avec ce qu'il essayait de leur faire comprendre. Le jour où il avait expliqué que les investisseurs recherchant la sécurité et un rapport modéré devaient investir dans les obligations émises par l'État, Daisy l'avait interrompu pour demander:
-Père, ce ne serait pas merveilleux si les oiseaux-mouches organisaient des thés et si nous étions assez petits pour être invités ? Au fil des ans, les efforts de Bowman pour faire changer Daisy s'étaient heurtés à une résistance opiniâtre. Elle s'aimait comme elle était, en conséquence, toute tentative pour la transformer équivalait à tenter de diriger un envol de papillons ou à essayer de clouer de la gelée sur un arbre. Le caractère imprévisible de sa fille l'ayant rendu à moitié fou, Bowman n'était pas le moins du monde surpris qu'aucun homme ne se soit porté volontaire pour se charger d'elle sa vie durant. Il suffisait d'imaginer la mère qu'elle ferait, à jacasser sur des fées glissant le long d'arcs-en-ciel, au lieu de graver des règles de bonne conduite dans la tête de ses enfants ! »
« Les secrets de son passé hantaient son présent et compromettaient son avenir. Il n'oubliait jamais que l'identité qu'il s'était créée pouvait voler en éclats à chaque instant. Il suffirait qu'une personne additionne deux et deux... qu'une personne le reconnaisse pour ce qu'il était en réalité. Daisy méritait un mari honnête et intègre, non un individu ayant bâti sa vie sur des mensonges. Ce qui n'empêchait pas Matthew de la désirer. Il l'avait toujours désirée, avec une intensité qui semblait sourdre par tous les pores de sa peau. Elle était douce, gentille, inventive, excessivement raisonnable et pourtant absurdement romantique, ses yeux sombres étincelants emplis de rêves. Il lui arrivait de se montrer maladroite quand elle était trop absorbée par ses pensées pour prêter attention à ce qu'elle faisait. Elle arrivait souvent en retard au dîner parce qu'elle était plongée dans sa lecture. Elle perdait souvent son dé à coudre, ses mules ou ses crayons. Et elle adorait contempler les étoiles. Jamais il n'oublierait la vue de Daisy accoudée au balcon, une nuit, son profil mutin levé vers le ciel nocturne. Il avait été pris d'un désir brûlant de la rejoindre et de l'embrasser à perdre la tête ».
« Que personne n'ait jamais deviné ses sentiments lui semblait surprenant. Daisy aurait dû s'en apercevoir chaque fois qu'elle le regardait. Heureusement pour lui, ce n'était jamais arrivé. Elle l'avait toujours ignoré, le considérant comme un rouage quelconque dans la société de son père, et il s'en était félicité. Quelque chose avait changé, cependant ».
« Toutefois, au cours des deux dernières années, Thomas Bowman avait insisté pour qu'il se rende chez son tailleur de Park Avenue, se fasse coiffer chez un coiffeur plutôt qu'un barbier et, de temps à autre, aille même jusqu'à confier ses ongles à une manucure comme il convenait à un gentleman de sa position. Bowman l'avait aussi incité à engager une cuisinière et une gouvernante, ce qui signifiait qu'il était mieux nourri depuis quelque temps. Tout cela, ajouté à la perte des derniers vestiges de sa prime jeunesse, lui conférait une maturité nouvelle. Il se demanda si cela plaisait à Daisy, et se maudit aussitôt de s'en inquiéter ».
« -Daisy est de toute évidence la pire de la portée, déclara Thomas Bowman tout en arpentant le petit salon attenant à sa chambre. Matthew et lui étaient convenus de se retrouver après le dîner, quand les autres invités se rassembleraient au rez-de-chaussée.
-Elle est frêle et frivole, continua M. Bowman. « Donne-lui un prénom solide et pratique », ai-je dit à ma femme quand elle est née. Jane, ou Constance, ou quelque chose de ce genre. Mais non! Elle a choisi Marguerite... Un prénom français, figure-toi ! D'une cousine du côté maternel. .. Et ça a dégénéré un peu plus quand Lillian, qui n'avait que quatre ans à l'époque, a appris que Marguerite était le nom français d'une misérable fleur. À partir de ce moment-là, Lillian n'a plus utilisé que l'équivalent anglais, Daisy, et ça lui est resté... Pendant que Bowman continuait de vitupérer, Matthew songea que ce prénom était parfait, surtout si l'on songeait à la plus petite des marguerites : la pâquerette. Une modeste fleur aux pétales blancs, si délicate et pourtant si remarquablement hardie. Il était significatif que dans une famille aux personnalités écrasantes, Daisy soit toujours restée fidèle à sa nature profonde ».
2#-Les gros moments de solitude : Alors je dois dire que ce tome aura été particulièrement fleuri de moments trèèèèès embarrassants durant lesquels j’ai vraiment souffert avec les personnages mis en cause ! C’est avec un plaisir pervers que j’ai suivi la manière dont ils ont réussi avec plus ou moins bien de brio à se raccrocher aux branches…..Mon Dieu, ce genre de situation est tellement horrible à vivre réellement dans la vraie vie, c’est tellement la honte !!! Les deux moments que j’ai particulièrement « savourés » sont tout d’abord la discussion d’affaire entre gentlemen lorsque ces messieurs parlent du savon (que le père de Daisy produit en industrie) qui devrait être, selon certains, produit en plus grande quantité et donc vendu moins cher afin que toute la population en bénéficie et pas seulement les riches bourgeois et la noblesse….Et évidemment, le moment que j’ai trouvé le plus embarrassant, que vous aurez sans doute deviné si vous avez lu ce tome, c’est le passage des boutons de gilet du père de Daisy. Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! Mon dieuuuuu ! Quelle honte pour le pauvre Matthew quand Daisy réalise qu’il a gardé en secret depuis tant d’années le bouton du gilet de son père où était conservé la mèche de cheveux de la jeune fille…..Dans un sens, on peut trouver cela très romantique, mais d’un autre côté, ça fait un peu psychopathe……C’est horrible pour lui d’avoir été découvert !!! J’en glousse rien que d’écrire ces lignes !
« -En fait, dit-il d'un ton égal, les chiffres disponibles indiquent que dès que le savon est produit en série à un prix abordable, le marché s'accroît approximativement de dix pour cent par an. Les gens de toutes classes souhaitent être propres, monsieur Mardling. Le problème, c'est que le savon de bonne qualité a toujours été un produit de luxe, et donc difficile à se procurer pour beaucoup.
-Production en série, répéta Mardling, songeur. Il y a quelque chose de choquant dans cette expression... Cela semble être un moyen de permettre aux classes inférieures d'imiter ceux qui leur sont supérieurs. Matthew jeta un coup d'œil aux visages qui l'entouraient. Il remarqua que le sommet du crâne de Bowman virait au rouge - ce qui n'était jamais bon signe -, et que Westcliff gardait le silence, son regard noir insondable.
-C'est exactement cela, monsieur Mardling, dit Matthew avec gravité. La production en série d'articles comme des vêtements ou des savons offrira aux pauvres une chance de vivre avec les mêmes critères de santé et de dignité que nous.
-Mais comment discernerons-nous qui est qui ? riposta Mardling. Matthew lui adressa un regard interrogateur.
-Je crains de ne pas vous suivre. Llandrindon se joignit à la conversation.
-Je crois que ce que Mardling demande, c'est comment nous réussirons à faire la différence entre une vendeuse et une femme de qualité si elles sont toutes deux propres et vêtues de la même façon. Et si un gentleman n'est pas capable de se fonder sur leur apparence pour dire qui elles sont, comment saura-t-il de quelle manière les traiter? Stupéfait par le snobisme qui sous-tendait cette question, Matthew prépara sa réponse avec soin.
-J'ai toujours pensé que toutes les femmes devaient être traitées avec respect indépendamment de leur condition.
-Bien dit, déclara Westcliff d'un ton bourru à l'instant où Llandrindon ouvrait la bouche pour protester. Personne ne souhaitait contredire le comte, toutefois, Mardling ne put s'empêcher de demander:
-Westcliff, ne voyez-vous rien de dangereux à encourager les pauvres à s'élever au-dessus de leur condition ? En leur permettant de prétendre qu'il n'y a pas de différence entre eux et nous?
-Le seul danger que je voie, répondit Westcliff avec calme, ce serait de décourager les gens qui veulent s'améliorer, par peur de perdre ce que nous percevons comme notre supériorité. Cette déclaration plut à Matthew, qui n'en apprécia que davantage le comte. Préoccupé par la question de la vendeuse hypothétique, Llandrindon dit à M. Mardling:
-N'ayez crainte, Mardling, quelle que soit la manière dont une femme est habillée, un gentleman sait toujours détecter les indices qui trahissent son véritable rang. Une dame s'exprime toujours d'une voix douce, bien modulée, alors qu'une vendeuse a une voix stridente et un accent vulgaire. En effet, approuva Llandrindon en riant. Ou comme de tomber sur une vulgaire Daisy dans un groupe d'Isabella, d'Elinor et de Marianne. Il avait parlé sans réfléchir, bien entendu. Au silence soudain qui s'abattit, Llandrindon prit conscience qu'il venait d'insulter par inadvertance la fille de Bowman ou, plutôt, le prénom de sa fille.
-Savez-vous que « Daisy » se dit « Marguerite » en français, et que c'est un prénom de reine? observa Matthew d'un ton posé. Personnellement, j'ai toujours trouvé la fleur qu'elle représente d'une fraîcheur et d'une simplicité charmantes. Tout le groupe bourdonna aussitôt de remarques approbatrices: «Certainement»... « Vous avez tout à fait raison»... Dans le regard que lord Westcliff lui lança, Matthew vit qu'il avait apprécié son intervention. Un peu plus tard, que ce fût prévu ou par suite d'un changement de dernière minute, Matthew découvrit qu'il avait été placé à la gauche de Westcliff à la table principale. Plusieurs invités ne cachèrent pas leur surprise en s'apercevant que la place d'honneur avait été dévolue à un jeune homme de condition obscure ».
3#-Les chamailleries entre Daisy et Matthew : D’un côté, nous avons Matthew – qui a toujours aimé Daisy (en secret) et de l’autre, nous avons notre jeune amie qui clame haut et fort que M. Swift est ignoble et qui, pourtant, craque de plus en plus pour lui vu son physique très avantageux et les qualités morales dont il va faire preuve au fur et à mesure. Le fait qu’il accepte la personnalité « joueuse » et « immature » de Daisy jouera bien évidemment en sa faveur mais avant cela, l’auteure nous régale de passages truculents (qui m’ont fait glousser….Oui, j’ai énormément gloussé en lisant ce livre, je l’avoue !). Que ce soit la partie de boules mémorable (je parle du jeu de boule, soyons clairs ! petits coquins…) ou encore l’épisode de l’oie, whaou……Quel délice de voir finalement leur complicité plus qu’apparente cachée sous des chamailleries à la limite de l’enfantillage….Oui, Matthew et Daisy sont comme deux gamins qui s’asticotent pour ne pas montrer qu’ils s’aiment…..Et moi, j’adore ce genre d’échanges entre deux personnages !
4#-Le premier face à face depuis des années : Allons bon ! Après avoir dépeint un portrait peu flatteur de Matthew Swift à ses amies Annabelle et Evangeline, on pouvait s’attendre à voir un mec pas terrible débarquer à Stony Cross Park…Hors, que nenni ! Et du coup, leur premier face à face depuis plus de deux années vaut son pesant d’or !
« Daisy fit volte-face et aperçut la silhouette sombre d'un homme se dirigeant vers elle. Le choc de découvrir quelqu'un aussi près alors qu'elle se croyait seule fit battre son cœur à grands coups. Il était aussi grand et musclé que le mari de son amie Annabelle, encore qu'il parût un peu plus jeune - pas trente ans peut-être.
-Pardonnez-moi, dit-il à mi-voix en voyant son expression. Je ne voulais pas vous effrayer.
-Oh, vous ne m'avez pas effrayée ! répliqua- t-elle avec un entrain factice, alors que son cœur continuait de battre la chamade. J'ai juste été un peu... surprise. Les mains dans les poches, l'homme s'approcha d'un pas souple.
-Il y a deux heures que je suis arrivé à Stony Cross Park. On m'a dit que vous étiez allée vous promener par ici. Il ne lui était pas inconnu. D'ailleurs, il la regardait comme s'il s'attendait qu'elle le connaisse. Daisy sentit monter à ses lèvres les excuses piteuses auxquelles elle recourait chaque fois qu'elle avait oublié quelqu'un.
-Vous êtes un invité de lord Westcliff? demanda-t-elle en essayant désespérément de le resituer. Il lui adressa un regard curieux et esquissa un sourire.
-Oui, mademoiselle Bowman ».
« Il connaissait son nom. Daisy l'observa avec une perplexité grandissante. Comment avait-elle pu oublier un homme aussi séduisant ? Il avait des traits accusés, trop virils pour être qualifiés de beaux, trop saisissants pour qu'on les trouve ordinaires. Quant à ses yeux, leur bleu paraissait d'autant plus intense qu'il avait la peau hâlée par le soleil. Il y avait en lui quelque chose d'extraordinaire, une espèce de vitalité si peu contenue qu'elle faillit reculer d'un pas. Comme il penchait la tête pour la regarder, un reflet d'acajou glissa sur sa chevelure brune. Il portait ses boucles épaisses beaucoup plus courtes que ne l'exigeait la mode européenne. À l'américaine, en fait. Maintenant qu'elle y songeait, il avait un léger accent américain. Et cette odeur fraîche, propre, qu'elle détectait... se trompait-elle ou était-ce le parfum d'un... savon Bowman ? Soudain, Daisy sut qui était cet homme. Ses genoux faillirent se dérober sous elle.
-Vous, murmura-t-elle, en fixant avec des yeux comme des soucoupes le visage de Matthew Swift ».
5#-La force que Daisy met à « haïr » le pauvre Matthew : Car il faut bien comprendre que notre jolie demoiselle s’est braquée dès le début contre Matthew. Même avant leurs « retrouvailles » au domaine du Comte Westcliff, elle était remontée comme un coucou suisse et lui cherchait tous les défauts possibles de la terre…En plus, le fait que sa sœur Lilian l’encourage et lui monte le bourrichon ne fait qu’accentuer sa hargne ! (car Lilian n’est déjà pas commode en temps normal, mais en plus, sous les influences de ses hormones avec sa grossesse et la peur d’être séparée de sa sœur, si elle doit se marier avec un américain et quitter l’Angleterre, je vous laisse imaginer l’ambiance électrique qui règne sous le toit du Comte Westcliff !). Et pourtant, malgré tout ce qu’en disent les sœurs Bowman, tout le monde à Stony Cross Park ne peut que constater que ce si perfide américain est en fait un homme parfaitement charmant !....Evidemment, sur ce coup-là, je ne peux qu’être totalement du côté des arguments de Matthew et il a tout à fait raison de remettre Daisy à sa place en essayant de lui montrer la réalité de la vie et finalement pointer le doigt sur ses attitudes d’enfant gâtée…..Car pour ce qui est d’avoir connu une enfance malheureuse et difficile, Matthew sait de quoi il parle et après avoir découvert son passé au fil du livre, on peut comprendre son agacement face aux jérémiades de la jeune femme….Même s’il est fortement attiré par elle, parfois ça fait du bien de lâcher ce qu’on a sur le cœur….
"-À vous réfugier dans une bibliothèque pour y lire? suggéra Swift d'un ton un peu trop affable. À vous promener dans le jardin ? À jouir de la compagnie de vos amies ?
-Oui !
-Les livres coûtent cher. De même que les belles maisons avec jardin. Vous est-il venu à l'esprit que quelqu'un devait payer pour votre existence paisible ? Cette question se rapprochait tant de l'accusation de parasite lancée par son père que Daisy tressaillit. Quand il vit sa réaction, l'expression de Swift changea. Il commença à dire quelque chose, mais elle l'interrompit avec véhémence :
-La manière dont je mène mon existence ou dont celle-ci est financée ne vous regarde pas. Je me moque de vos opinions et vous n'avez pas le droit de me les imposer.
-Je l'ai, si mon avenir doit être lié au vôtre.
-Il ne l'est pas !
-Il l'est de manière hypothétique. Dieu que Daisy détestait les gens qui jouaient sur les mots quand ils discutaient !
-Notre mariage ne sera jamais autre chose qu'hypothétique, riposta-t-elle. Mon père m'a donné jusqu'à la fin du mois de mai pour trouver quelqu'un d'autre à épouser... et je réussirai. Swift l'observa avec un vif intérêt.
-Je devine le genre d'homme que vous recherchez. Blond, aristocratique, sensible, de caractère joyeux et disposant de loisirs suffisants pour s'adonner à ses distractions de gentleman...
-Oui, coupa Daisy en se demandant pourquoi sa description paraissait aussi niaise.
-C'est bien ce que je pensais, dit-il avec une suffisance qui l'exaspéra. La seule raison envisageable pour laquelle une fille dotée de votre physique a traversé trois saisons sans se fiancer est que vos exigences sont démesurées. Vous ne voulez rien d'autre que l'homme idéal. C'est pourquoi votre père est obligé de vous mettre au pied du mur. Daisy fut momentanément distraite par les mots « une fille dotée de votre physique ». Comme si elle était une grande beauté. Concluant qu'il ne pouvait s'agir que d'un sarcasme, elle s'échauffa davantage.
-Je n'aspire pas à épouser l'homme idéal, répliqua-t-elle entre ses dents. A la différence de sa sœur aînée, qui jurait avec une aisance confondante, elle éprouvait de la difficulté à parler quand elle était en colère.
-Je suis tout à fait consciente qu'il n'existe pas.
-Dans ce cas, pourquoi n'avez-vous trouvé personne alors que même votre sœur a réussi à décrocher un mari ?
-Que voulez-vous dire par « même votre sœur» ?
-«Épouse Lillian, c'est un million que tu gagnes. » Cette épigramme insultante avait provoqué de nombreuses railleries amusées dans les cercles huppés de la bonne société new-yorkaise.
-Pourquoi croyez-vous que personne à New York ne s'est jamais proposé d'épouser votre sœur malgré sa dot colossale ? Elle représente le pire cauchemar d'un homme. Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
-Ma sœur est un joyau et Westcliff a eu le bon goût de s'en apercevoir. Il aurait pu épouser n'importe qui, mais c'est elle qu'il a voulue. Je vous mets au défi de répéter ce que vous pensez d'elle devant le comte ! Sur ce, Daisy pivota abruptement et poursuivit son chemin au pas de charge, marchant aussi vite que le lui permettait la longueur modeste de ses jambes. Swift se maintint à sa hauteur sans difficulté, les mains nonchalamment enfoncées dans les poches ».
« Swift est d'une arrogance incroyable. Il prétend que c'est uniquement ma faute si je ne suis toujours pas mariée. D'après lui, j'ai dû mettre la barre trop haut. Et il m'a sermonnée sur le coût de mes livres, et m'a dit que quelqu'un devait payer pour mon style de vie dispendieux.
-Il n'a pas eu ce culot ! s'exclama Lillian, dont le visage s'empourpra de colère ».
6#-Le Comte Marcus Westcliff : Si vous avez lu mes chroniques des précédents tomes, vous savez maintenant que Marcus est mon personnage préféré de la saga. Comme c’est lui qui sert d’hôte (avec sa jeune épouse Lilian) à tout ce petit monde, il est bien évident que nous le voyons souvent dans le récit. D’autant plus dans ce tome-ci puisque Daisy est sa jeune belle-sœur. Et encore une fois, j’ai été charmé par ce gentleman….
« Quiconque était témoin des soins pleins de tendresse que Westcliff prodiguait à sa jeune épouse ne pouvait s'empêcher de noter les changements intervenus chez ce dernier, qui était connu pour la froideur de ses manières. Il était devenu bien plus accessible, il souriait et riait davantage, et se montrait beaucoup moins pointilleux sur les bonnes manières. Ce qui était préférable quand on avait Lillian pour épouse et Daisy pour belle- sœur ».
« Quand Westcliff croisa son regard, il dut percevoir sa tristesse, car il arqua un sourcil interrogateur.
-Mon père... commença Daisy avant de se mordre la lèvre. Westcliff était en relations d'affaires avec son père. Courir se plaindre auprès de lui n'était pas vraiment la chose à faire. Pourtant, son expression patiente et attentive l'encouragea à continuer.
-Il m'a traitée de parasite, dit-elle à voix basse, pour ne pas réveiller sa sœur. Il m'a demandé de lui dire en quoi le monde bénéficiait de ma présence ou ce que j'avais jamais fait pour quiconque.
-Et vous avez répondu... ?
-Je... je n'ai rien trouvé à dire. Le regard de Westcliff était insondable. Il lui fit signe d'approcher et elle obéit. À son grand étonnement, il lui prit la main et la serra avec chaleur. Le comte, si réservé d'ordinaire, n'avait jamais agi ainsi auparavant.
-Daisy, murmura-t-il, la plupart des existences ne se distinguent pas par de hauts faits. Elles se mesurent à l'aune d'une multitude de petits gestes. Chaque fois que vous faites preuve de gentillesse envers quelqu'un ou que vous amenez un sourire sur un visage, cela donne un sens à votre vie. Ne doutez jamais de votre valeur, ma jeune amie. Le monde serait un endroit lugubre si Daisy Bowman n'existait pas ».
«-Daisy possède une personnalité rare, poursuivit Westcliff. Une nature aimante et romantique. Si on l'oblige à un mariage sans amour, elle sera anéantie. Elle mérite un mari qui la chérira pour tout ce qu'elle est et la protégera des réalités les plus dures de l'existence. Un mari qui lui permettra de rêver .Il était certes surprenant d'entendre une telle déclaration dans la bouche de Westcliff, un homme universellement connu pour être pondéré et pragmatique.
-Quelle est votre question, milord ? demanda Matthew.
-Me donnerez-vous votre parole de ne pas épouser ma belle-sœur? Matthew soutint le regard froid du comte. Il ne serait pas avisé de contrarier un homme tel que Westcliff, qui n'était pas accoutumé à être contredit. Mais Matthew avait supporté pendant des années les vociférations et les emportements de Thomas Bowman, l'affrontant là où d'autres auraient fui sa colère. Et bien que Bowman pût se montrer un tyran impitoyable et sarcastique, il n'y avait rien qu'il respectait plus qu'un homme prêt à lui tenir tête ».
Pour conclure, ce 4ème tome achève la saga amoureuse des quatre amies « Laissées-pour-compte » d’une manière on ne peut plus romantique et c’est donc un coup de cœur pour moi ! Alors, oui, je sais qu’il existe un 5ème tome de La ronde des saisons et même un tome 0.5, mais soyons clairs, pour moi, La Ronde des saisons concerne nos amies Annabelle, Lilian, Evangeline et Daisy. Je n’exclue pas du tout de lire les autres tomes, mais comme ce sont un peu – à mon sens – des spin-off de la saga, sur des personnages secondaires, leur lecture n’est pas forcément nécessaire puisqu’elle n’impactera en rien sur les aventures de nos quatre merveilleuses amies dont il était tout de même essentiel de lire les quatre tomes dans l’ordre pour avoir une certaine compréhension de l’histoire ! Pour revenir au couple de Scandale au printemps, j’ai autant adoré le caractère de Daisy – qui, de par sa nature de grande lectrice de romance et donc, de romantique rêveuse, ne peut que m’attirer une énorme empathie, que le caractère attachant et déterminé de Matthew. Son passé terrible, révélé au cours du tome m’a scotchée à mon livre et évidemment, j’ai tremblé avec nos amis et espéré vivement un happy end (en même temps, vu que nous sommes dans une romance historique et non dans un drame il n’y avait pas trop de risque à ce niveau-là !). Lisa Kleypas a réussi à tourner son histoire d’une manière subtile et intelligente afin que finalement, tout le monde y trouve son compte, que ce soit notre couple d’amoureux, mais aussi les autres personnes qui les entourent – je pense notamment au père de Daisy mais aussi au Comte Marcus Westcliff. Mine de rien, Matthew Swift a beaucoup de choses à cacher avec des secrets accumulés au cours des années…qui finissent par le rattraper….Ce 4ème tome restera mon préféré, avec évidemment le 2ème tome consacré à la romance entre Lilian et Marcus. Même si les personnalités des sœurs Bowman sont très différentes, je ne m’étonne pas tant que cela du fait que ce soit leurs deux romances respectives qui m’aient le plus comblée. Bravo à l’auteure et il va sans dire que maintenant que j’ai découvert sa plume, je ne vais pas me gêner pour lire ses autres œuvres ! Bien évidemment, je vous recommande à 100% la saga La ronde des saisons si vous aimez les romances historiques très romantiques avec des scènes sensuelles qui font monter la température !
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