Les éditions J'ai lu (2010)
Sortie originale 2006
376 pages
Synopsis :
Qui aurait cru qu'après ses amies Annabelle et Lillian, ce serait au tour de la timide et bégayante Evangeline Jenner de se trouver un mari ? Et quel mari ! Non content d'être un débauché notoire, un aristocrate plein de morgue, Sebastian, lord St. Vincent, vient de trahir son meilleur ami en tentant d'enlever sa riche fiancée... Et c'est pour échapper aux griffes de sa famille qu'Evangeline va signer un pacte avec ce diable d'homme : en échange de sa protection, Sebastian aura sa fortune, mais il n'aura ni son corps ni son coeur...
Qui aurait cru qu'après ses amies Annabelle et Lillian, ce serait au tour de la timide et bégayante Evangeline Jenner de se trouver un mari ? Et quel mari ! Non content d'être un débauché notoire, un aristocrate plein de morgue, Sebastian, lord St. Vincent, vient de trahir son meilleur ami en tentant d'enlever sa riche fiancée... Et c'est pour échapper aux griffes de sa famille qu'Evangeline va signer un pacte avec ce diable d'homme : en échange de sa protection, Sebastian aura sa fortune, mais il n'aura ni son corps ni son coeur...
"Sebastian avait entendu des hommes prétendre qu'ils préféreraient porter un cilice à s'en arracher la peau plutôt que de tenter d'avoir une conversation avec elle. Naturellement, Sebastian avait tout fait pour l'éviter. Ce qui n'avait guère été difficile, la timide Mlle Jenner ayant tendance à se dissimuler dans les recoins. En fait, ils ne s'étaient jamais parlé directement - ce qui avait paru les arranger tous les deux".
Ce nouveau tome de la saga de romance historique La ronde des saisons m’a encore une fois fait passer un agréable moment de lecture. Contrairement aux deux précédents tomes qui avaient lieu dans le domaine bucolique du Hampshire du Comte Marcus Westcliff, Stony Cross Park, ici, dans Un diable en hiver, nous nous retrouvons propulsés dans un univers plus sombre et glauque puisque la majeure partie de l’histoire tient lieu et place dans un club de jeux....Ce qui est relativement dépaysant et surtout très surprenant surtout en connaissant le caractère si effacé de notre nouvelle héroïne, la douce et bégayeuse Evangeline Jenner. Par contre, pour ce qui en est de son futur amour, le scandaleux et peu scrupuleux Sebastian Saint Vincent, l’atmosphère « alcool, jeux d’argent et gourgandines » cadre très bien avec la réputation sulfureuse qu’il entretient soigneusement depuis toujours et avec panache sur sa propre personne…
"Londres, 1843 Sebastian, lord Saint-Vincent, observait la jeune femme qui venait de forcer la porte de sa résidence londonienne. Et il lui vint à l'esprit que, peut-être, ce n'était pas la bonne héritière qu'il avait tenté d'enlever la semaine précédente, à Stony Cross Park. Certes, l'enlèvement ne figurait pas jusqu'alors sur la longue liste de ses méfaits ; il n'empêche qu'il aurait pu faire preuve de plus d'habileté. Rétrospectivement, le choix de Lillian Bowman avait été stupide, même si elle apparaissait comme la solution parfaite à ses problèmes. Sa famille était riche, alors que Sebastian connaissait des difficultés financières mais portait un titre. De plus, Lillian promettait d'être une compagne de lit divertissante, avec sa beauté ténébreuse et son tempérament ardent. Mais il aurait dû choisir une proie beaucoup moins fougueuse. La jeune héritière américaine avait opposé une résistance féroce à son entreprise jusqu'à ce que son fiancé, lord Westcliff, vienne à son secours. Mlle Evangeline Jenner, la douce créature qui se tenait à cet instant devant lui, était aussi différente de Lillian Bowman qu'il était possible de l'être. S'efforçant de ne pas lui laisser voir le mépris qu'elle lui inspirait, Sebastian essaya de se rappeler ce qu'il savait d'elle. Evangeline était l'enfant unique d'Ivo Jenner, le célèbre propriétaire de l'établissement de jeu londonien du même nom. Sa mère, qui s'était enfuie avec lui, n'avait pas tardé à s'apercevoir de son erreur. Et même si cette dernière était issue d'une famille honorable, Ivo Jenner, lui, sortait plus ou moins du ruisseau. Malgré cette ascendance peu glorieuse, Evangeline aurait pu contracter une union convenable, si elle n'avait été affligée d'une timidité paralysante qui se manifestait par un atroce bégaiement".
Nous avions donc fait la connaissance de notre beau diable blond dans le précédent tome puisque celui-ci est l’un des amis d’enfance du Comte Marcus Westcliff et comme lui, il a connu une enfance malheureuse au niveau émotionnel (car socialement, n’oublions pas qu’ils font partie de la noblesse anglaise). Du coup, Sebastian a grandi en fermant son cœur et avec une certaine désinvolture, un besoin de brûler la vie par les deux bouts, sans penser aux conséquences.
Son physique très avantageux lui a permis de collectionner les femmes. Son leitmotiv : Ne jamais tomber amoureux, ne jamais passer plus d’une seule nuit avec la même femme…..Alors quand il voit débarquer chez lui la timide et effacée Evangeline Jenner qui vient lui proposer de l’épouser, Sebastian est relativement surpris mais surtout, il ne peut pas refuser le deal car la trahison qu’il a infligé à son ex-meilleur ami Marcus l’a grillé socialement – et même s’il ne veut pas l’admettre – l’a détruit moralement.
Si Evangeline s’apprête à signer un pacte avec le diable, Sebastian, au contraire, ne va-t-il pas accéder au pardon et à la rédemption en s’unissant avec cette jolie rousse qui manque si furieusement de confiance en elle et qui est pourtant une sacrée battante qui se plaint rarement et qui a appris à encaisser les coups (au sens propre comme au sens figuré…).
"-Je...je coucherai avec vous une fois, pour que le mariage soit légal. Et plus jamais ensuite.
-Formidable, murmura-t-il. Il est rare que j'aie envie d'honorer une femme plus d'une fois. Quel ennui mortel, quand le plaisir de la nouveauté n'existe plus ! De plus, je ne serai jamais assez bourgeois pour désirer ma propre épouse. Cela laisserait entendre que je n'ai pas les moyens d'entretenir une maîtresse. Évidemment, se pose le problème de me donner un héritier... Mais tant que vous restez discrète, je pense que peu m'importera de qui sera l'enfant. Elle ne sourcilla même pas.
-Je veux qu'une pa... part de l'héritage soit placée sur un fond à mon bénéfice. Une part généreuse. Les intérêts seront exclusivement pour moi et je les dépenserai comme il me plaira, sans avoir à me justifier auprès de vous. Sebastian comprit qu'elle n'était pas sotte, loin de là, même si de nombreuses personnes pensaient le contraire du fait de son bégaiement. Elle avait l'habitude d'être sous-estimée, ignorée, dédaignée... et il pressentait, non sans intérêt, qu'elle était capable d'en tirer avantage si besoin était.
-Je serais idiot de vous faire confiance, dit-il. Vous pouvez dénoncer notre accord à n'importe quel moment. Et vous seriez encore plus idiote de me faire confiance. Parce qu'une fois mariés, je pourrais faire de votre vie un enfer bien plus insupportable que tout ce que pourrait imaginer votre famille.
-Je pré... préfère que cela me vienne de quelqu'un que j'ai choisi, moi, riposta-t-elle. Mieux vaut vous qu'Eustace".
Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-La découverte de la personnalité lumineuse et déterminée d’Evangeline : Il faut bien admettre que les précédents tomes de cette saga n’ont guère été à son avantage – pour le peu où elle est apparue. J’imagine bien que c’était la volonté de l’auteure américaine Lisa Kleypas de montrer à quel point Evangeline était timide et quasi invisible, contrairement aux trois autres héroïnes beaucoup plus volubiles, notamment Lilian Bowman, celle du précédent tome…..On devinait néanmoins que la vie n’était pas rose pour elle avec les allusions de l’auteure à propos des punitions que lui infligeaient ses oncles et ses tantes….Du coup, c’est une véritable révélation pour nous lecteurs de découvrir enfin cette jolie rousse qui finit par se rebiffer contre sa monstrueuse famille et va prendre enfin le taureau par les cornes et tirer le diable par la queue (pour le bon plaisir de Sebastian, vous vous en doutez…).
"-Je vais vous dire une chose... murmura-t-il. N'importe quelle autre femme en serait à se répandre en plaintes et récriminations.
-Je serais mal... malvenue de me plaindre, répondit-elle, alors qu'un violent frisson la secouait, vu que c'est moi qui ai demandé à aller directement en Écosse.
-Nous avons parcouru la moitié du trajet. Il reste une nuit, puis une journée, et demain soir, nous serons mariés. Il esquissa un sourire ironique.
-Il n'y a sans doute jamais eu de femme plus pressée de rejoindre le lit conjugal. Les lèvres tremblantes, Evangeline répondit à son sourire quand elle comprit le sous-entendu, qu'elle aspirait au sommeil et non pas aux jeux amoureux. Alors qu'elle contemplait son visage, si proche du sien, elle se demanda vaguement comment les marques de fatigue et les cernes sous les yeux pouvaient le rendre aussi séduisant. Peut-être était-ce parce qu'il semblait humain, à présent, et ne ressemblait plus à quelque beau dieu romain dépourvu de cœur. Il avait perdu beaucoup de sa morgue aristocratique, laquelle resurgirait sans doute dès qu'il se serait reposé. À cet instant, toutefois, il était détendu et accessible. Un lien fragile paraissait s'être tissé entre eux au cours de ce voyage épouvantable. On frappa soudain à la portière. Quand Saint- Vincent l'ouvrit, une femme de chambre se tenait sous la pluie. Jetant un coup d'œil de sous sa capuche dégoulinante, elle lui tendit deux objets. - V'là pour vous, milord. Un pot bien chaud et une brique, comme vous avez demandé. Saint-Vincent pêcha une pièce dans son gilet et la lui donna, ce qui lui valut un sourire radieux avant qu'elle ne s'élance pour retourner se mettre à l'abri. Prise de court, Evangeline cilla quand Saint-Vincent lui tendit une tasse en terre émaillée remplie d'un liquide fumant".
2#-Les dialogues truculents entre Evangeline et Sebastian : Si on ne peut s’étonner du bagou de notre beau blond séducteur, c’est au contraire très surprenant de voir comme notre si timide Evangeline est arrivée plus d’une fois à le moucher et à lui tenir tête. Et curieusement, son bégaiement s’est peu à peu estompé. Il avait été dit dans les précédents tomes que la jeune femme bégayait moins avec les personnes avec qui elle se sentait à l’aise….Comme quoi….Et ce qui le plus plu, en fait, dans leurs « joutes » verbales, c’est que jusqu’à maintenant, Evangeline passait pour une imbécile car elle ne parlait jamais aux autres, notamment aux gentlemen….Sebastian a eu l’agréable surprise de découvrir que malgré les « apparences » et les à priori très trompeurs, Evangeline était une jeune femme très intelligente avec un cœur d’or.
"-Je... je ne vous fais pas d'avance, lui dit-elle alors qu'elle se plaquait contre sa poitrine. Il se trouve que vous êtes une source de chal... de chaleur disponible.
-Que vous dites, répliqua Saint-Vincent en resserrant les plis de la couverture autour d'eux. Toutefois, au cours de ce dernier quart d'heure, vous avez caressé des parties de mon anatomie que personne n'avait jamais osé toucher auparavant.
-J'en... J'en doute beaucoup. Elle s'enfouit plus profondément dans les plis de son manteau et ajouta d'une voix étouffée :
-Vous avez été pro... probablement plus manipulé qu'un panier cadeau de chez Fortnum and Mason à Noël. -Et on peut m'avoir pour un prix beaucoup plus raisonnable. Il tressaillit soudain et la déplaça légèrement.
-Ne posez pas le genou là, ma chérie, sous peine de mettre en péril la consommation du mariage que vous projetez. Evangeline somnola jusqu'à l'arrêt suivant et, juste au moment où elle commençait à plonger dans un sommeil profond, Saint-Vincent la secoua avec précaution".
"-Je veux que vous viviez dans un environnement sûr et respectable, continua Sebastian. Le club n'est pas un endroit pour une dame.
-Je ne suis pas une dame. Je suis la fille d'un joueur et la femme d'un vaurien, contra Evangeline en s'efforçant d'adopter un ton léger teinté d'ironie.
-Raison de plus pour vous soustraire à mon influence".
"-Je ne vous repousse pas au nom de la vertu. Mais pour une raison totalement différente. Elle avait recouvré son sang-froid, comme le prouvait la disparition de son bégaiement.
-Je brûle de l'entendre.
-Je veux me protéger. Je n'ai pas d'objection à ce que vous ayez des maîtresses, continua-t-elle en le regardant droit dans les yeux au prix d'un effort évident. Mais je ne veux pas être l'une d'elles, c'est tout. L'acte sexuel ne signifie rien pour vous, ce qui n'est pas le cas pour moi. Je n'ai pas envie de souffrir à cause de vous, et je crois que ce serait inévitable si j'acceptais de continuer à coucher avec vous. Sebastian lutta pour conserver une expression impassible, alors qu'en son for intérieur, il bouillonnait d'un mélange de désir et de ressentiment.
-Je ne vais pas m'excuser pour mon passé. Un homme est censé avoir de l'expérience.
-Tout porte à croire que vous avez acquis celle de dix hommes.
-Et en quoi cela devrait-il vous importer?
-Parce que votre... votre histoire amoureuse, pour parler poliment, ressemble à celle d'un chien qui s'arrête à toutes les portes de service d'une rue et récolte des restes sur chaque seuil. Et je ne serai pas une porte de plus. Vous êtes incapable d'être fidèle à une femme... vous l'avez prouvé.
-Que je n'aie jamais essayé ne signifie pas que j'en suis incapable, mais simplement que je ne l'ai pas voulu ! Pour rester dans les allusions canines, vous n'êtes qu'une chienne intolérante !"
3#-Cam, le gitan : Ouh la la la lala la ! Ce personnage est hyper charismatique et séduisant et c’est fort dommage que l’auteure ne se soit pas penchée un plus sur lui….J’ai frémi un moment en lisant son face à face avec Daisy Bowman, notre dernière célibataire du quatuor des « Laissées-pour-contre », mais finalement, grosse déception pour moi car en lisant le synopsis du 4ème tome dont elle sera l’héroïne, Cam ne sera pas celui qui lui est destiné….En tout cas, j’ai vraiment beaucoup aimé ce personnage, ce « frère de cœur » d’Evangeline. Heureusement qu’il était présent aux côtés de la jeune femme pour lui apporter son aide et son soutien dans les moments difficiles qu’elle a pu traverser une fois arrivée au Club de son père mourant à Londres ! Et évidemment, ce que j’ai adoré c’est la jalousie que Sebastian a tout de suite éprouvé vis-à-vis de Cam….En effet, il n’a pas l’habitude de se faire « voler la vedette » même si, pourtant, Evangeline n’a rien fait pour susciter sa jalousie (en même temps, ça lui fait les pieds à ce petit salopiaud !).
"Au moment où Cam quittait les appartements d'Ivo Jenner, il croisa Saint-Vincent dans le vestibule. Ce dernier arborait une mine renfrognée et, quand il s'adressa à lui, ce fut d'un ton où perçait une pointe d'arrogance glaciale.
-Si ma femme trouve du réconfort dans des boniments à la sauce gitane, je n'ai pas d'objection à ce que vous les lui débitiez. Toutefois, si vous vous avisez de l'embrasser de nouveau - même de façon platonique -, je vous transforme en eunuque. Que Saint-Vincent puisse s'abaisser à faire montre d'une jalousie aussi mesquine alors que le corps d'Ivo Jenner n'était pas encore froid aurait pu paraître offensant à certains hommes. Cam, cependant, observa l'impudent vicomte avec un intérêt non dépourvu de curiosité. Sa réponse fut calculée pour mettre délibérément son interlocuteur à l'épreuve.
-Aurais-je voulu l'avoir de cette façon, répliqua- t-il doucement, que ce serait fait, à l'heure qu'il est. Il avait vu juste. La lueur d'avertissement qui s'alluma dans les yeux pâles de Saint-Vincent trahit une profondeur de sentiment qu'il aurait refusé d'admettre. Cam n'avait jamais connu d'exemple de ce désir muet que Saint-Vincent éprouvait pour sa propre femme. Il ne fallait pas être très observateur pour remarquer que chaque fois qu'Evangeline entrait dans une pièce, le vicomte n'était pas loin de se mettre à vibrer comme un diapason.
-Il est possible d'éprouver de l'affection pour une femme sans vouloir coucher avec elle, fit valoir Cam. Mais vous n'êtes apparemment pas d'accord. Ou peut-être êtes-vous si obsédé par elle qu'il vous est impossible de concevoir qu'il puisse en être autrement pour d'autres ?"
"-Inutile de passer votre colère sur Cam. Il a...
-Ne vous avisez pas de l'excuser, coupa Sebastian d'un air sombre. Vous et moi savons parfaitement qu'il aurait pu attraper cette crapule, s'il l'avait voulu. Et que je sois maudit si je tolère plus longtemps que vous l'appeliez par son prénom et que vous le tutoyiez : ce n'est ni votre frère ni un ami. C'est un employé et, dorénavant, vous parlerez de lui en l'appelant « M. Rohan ».
-Si, c'est mon ami, répliqua Evangeline, outrée. Et depuis des années !
-Une femme mariée ne peut être amie avec un jeune homme célibataire.
-Vous... vous osez faire insulte à mon honneur en insinuant que... que... Les protestations se pressaient si nombreuses sur ses lèvres qu'elle ne parvenait même plus à articuler.
-Je n'ai rien fait pour mériter un tel manque de conf... confiance !
-J'ai confiance en vous. Ce sont les autres que je soupçonne. Se demandant s'il ne se moquait pas d'elle, Evangeline le fixa d'un air de reproche.
-Vous vous conduisez comme si j'avais à mes trousses des hordes d'hommes, alors qu'il est évident que ce n'est pas le cas. À Stony Cross Park, les hommes changeaient de direction pour éviter ma compagnie - vous comme les autres ! Bien que vraie, l'accusation sembla surprendre Sébastian. Son visage se tendit et il l'observa en silence.
On ne peut pas dire qu'il était aisé de vous approcher, déclara-t-il après un moment. L'orgueil d'un homme est plus fragile que vous ne pourriez le penser. Il nous est facile de prendre de la timidité pour de la froideur, et du silence pour de l'indifférence. Vous auriez pu faire un petit effort, vous savez. Une brève rencontre entre nous deux... un sourire de votre part, c'étaient les seuls encouragements dont j'aurais eu besoin pour sauter sur vous comme une grouse sur du laurier".
"Evangeline le considéra avec des yeux ronds. Jamais elle n'avait considéré les choses sous cet angle. Était-il possible qu'elle ait été elle-même en partie responsable de son état prolongé de « laissée-pour-compte » ?
-Je suppose... commença-t-elle d'un air songeur, que je pourrais faire plus qu'un petit effort pour surmonter ma timidité.
-Faites ce que bon vous semble. Mais quand vous êtes avec Rohan ou n'importe quel autre homme, vous avez intérêt à garder à l'esprit que vous m'appartenez corps et âme. Ne sachant comment interpréter cette mise en garde, Evangeline le considéra avec étonnement.
-Êtes -vous... est-il possible... que vous soyez jaloux? Une confusion soudaine troubla le regard de Sébastian.
-Oui, admit-il d'une voix bourrue. Il semblerait. Et après avoir jeté à Evangeline un regard à la fois contrarié et déconcerté, il s'éloigna dans le couloir".
4#-L’évolution et l’affirmation du caractère d’Evangeline : Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! J’ai vraiment adoré le passage où notre si timide Evangeline a réussi à s’opposer aux prescriptions du médecin qui était venu soigner la blessure par balle de Sebastian. On sent toute la tension dans la scène où notre héros supplie, à bout de force, son épouse de s’opposer à la saignée préconisée par ce médecin qui n’a pas l’habitude qu’on le contredise….Evidemment, la science et l’évolution de la médecine prouveront plus tard que les saignées si couramment prescrites par les médecins de cette époque ne faisaient qu’aggraver la situation du patient qui s’affaiblissait encore plus avec du sang en moins….Il est aussi intéressant de voir Sebastian lutter contre la mort et savoir « instinctivement » ce qui est bon ou néfaste pour lui. D’ailleurs, son discours sur les microbes dont souffre le père mourant d’Evangeline, Ivo Jenner, montre à quel point il est ouvert d’esprit et intelligent et qu’il ne prend pas pour acquis tout ce que les médecins de l’époque croyaient comme un état de fait établi sur lequel on ne pouvait pas revenir. La confiance, le lien émotionnel entre Evangeline et Sebastian vont leur permettre de se porter courage réciproquement et va donner la force à la jeune femme de s’opposer au médecin. J’ai adoré ce passage ! Pour tous les timides qui n’osent pas dire non, et bien c’est un sacré message !
5#-Sebastian, un anti-héros très touchant : Notre séduisant blondinet s’est évertué durant tout le tome à se faire passer auprès des autres pour un sale égoïste, un vil gredin qui ne pense qu’à sa propre petite personne, qui est incapable d’empathie ou de tendresse pour quelqu’un d’autre….Et pourtant, il va s’en passer des choses dans ce tome qui vont le faire évoluer, sous le yeux d’Evangeline, mais aussi de son ex-meilleur ami Marcus Westcliff…..C’est pour cela que j’aime autant les romances, car grâce au pouvoir de l’amûûûr, les pires fripouilles sans foi ni loi finissent par changer…Mais nous sommes d’accord que cela n’arrive malheureusement que dans les fictions….
"Vous devriez desserrer les lacets de votre corset, lui conseilla-t-il. Cela rendra votre voyage plus plaisant.
-Je... je ne porte pas de cor... corset, avoua-t-elle sans le regarder.
-Vraiment? Mon Dieu... Quel tendron agréablement proportionné vous faites, déclara-t-il après l'avoir détaillée d'un regard appréciateur.
-Je n'aime pas ce mot.
-« Tendron » ? Pardonnez-moi... la force de l'habitude. Je traite toujours les dames comme des tendrons et les tendrons comme des dames.
-Et cette tactique vous réussit ? demanda-t-elle, sceptique.
-Oh oui ! répondit-il avec une arrogance si joyeuse qu'elle ne put s'empêcher de sourire".
"-Vous connaissez mon père ? fit-elle, surprise.
-Bien sûr. Tous les hommes de plaisir se sont rendus un jour ou l'autre chez Jenner's. Votre père n'est pas un mauvais bougre, même s'il est aussi inflammable que de l'amadou. Je ne peux pas m'empêcher de vous poser la question : comment diable une Maybrick s'est-elle retrouvée mariée à un cockney ?
-Je crois, entre autres raisons, que ma mère a dû voir en lui un moyen d'échapper à sa famille.
-Comme dans votre cas, commenta Saint- Vincent. Il y a une certaine symétrie, vous ne trouvez pas ?
-J'espère que... que la symétrie s'arrêtera là, répliqua Evangeline. Parce que j'ai été conçue peu de temps après leur mariage, et que ma mère est morte en couches.
-Je ne vous engrosserai pas, si tel est votre souhait, dit-il aimablement. Les moyens ne manquent pas pour éviter de concevoir... Condoms, éponges, poires de lavage, sans parler de ces petites breloques d'argent si astucieuses qu'on peut... Il s'interrompit en voyant son expression et éclata brusquement de rire.
-Mon Dieu, vous ouvrez des yeux comme des soucoupes ! Vous ai-je alarmée? Ne me dites pas que vos amies mariées n'ont jamais parlé de ce genre de choses devant vous. Evangeline secoua lentement la tête. Même si Annabelle Hunt acceptait, à l'occasion, d'éclaircir certains mystères concernant les relations conjugales, elle n'avait absolument jamais évoqué un moyen quelconque d'éviter une grossesse.
-Je doute qu'elles en aient elles-mêmes entendu parler, dit-elle, ce qui provoqua un nouveau rire.
-Je serai plus que ravi de vous éclairer lorsque nous aurons rejoint l'Écosse".
"-Vous n'êtes pas la même qu'il y a quelques jours, dit-il doucement. Vous n'êtes plus une « laissée- pour-compte», ni une vierge, ni une enfant sans défense obligée de subir les Maybrick. Vous êtes une vicomtesse dotée d'une fortune considérable et d'un vaurien de mari. À quelles règles allez-vous vous conformer, désormais ? Perplexe et lasse, Evangeline secoua la tête. Elle découvrit qu'au fur et à mesure que Sebastian libérait son dos de ses tensions, le contrôle qu'elle exerçait sur ses émotions semblait s'amenuiser lui aussi. Elle craignait de se mettre à pleurer si elle essayait de parler. Elle demeura donc silencieuse, ferma les yeux, et s'efforça de conserver une respiration égale.
-Jusqu'à maintenant, vous avez passé votre vie à vous démener pour plaire aux autres, reprit-il. Avec très peu de succès. Pourquoi ne pas essayer de faire ce qui vous plaît, pour changer? Pourquoi ne pas vivre selon vos propres règles? Qu'avez-vous gagné à obéir aux conventions ? Alors qu'elle réfléchissait à ces questions, Evangeline laissa échapper un petit soupir de plaisir quand il trouva un point particulièrement douloureux.
-J'aime les conventions, finit-elle par dire. Il n'y a rien de mal à être une personne ordinaire, n'est-ce pas?
-Non. Mais vous n'êtes pas ordinaire... Sinon vous ne seriez jamais venue me trouver au lieu d'épouser votre cousin Eustace".
6#-Suspens et drames : Waouh ! Contrairement à l’univers très raffiné des deux précédents tomes, nous assistons dans celui-ci à l’atmosphère glauque des bas-fond londoniens et de toute la « faune » qui la peuple….Même si certains passages de forte tension et de suspens ont été peut-être, à mon goût, un peu trop poussés sur le côté dramatique à la limite de la caricature d’un film d’horreur, je dois tout de même admettre que je ne me suis pas lassée une seule fois et j’ai été embarquée dans le récit d’une manière très plaisante !
7#-Le comte Westcliff de retour ! Héros incroyable et inoubliable du tome précédent (j’adore ce genre de personnage masculin : Froid et distant en apparence), nous avions assisté avec lui à la trahison de son ami….Mais voilà, Marcus est un gentleman et il est très intelligent. Une fois que lui et sa jeune épouse Lilian apprennent le mariage de la douce Evangeline avec ce diable de Saint-Vincent, évidemment, on pouvait s’attendre à le voir débarquer dans l’histoire pour venir en aide à la « jeune femme en détresse »…..Après, ce qui se passera entre lui et Sebastian, c’était vraiment bien trouvé et bien amené de la part de l’auteure afin que ces deux-là ne perdent pas la face suite à la violente « rupture amicale » à laquelle ils ont été confrontés dans le précédent tome (tout est de la faute de Sebastian, on est bien d’accord….).
«Il ne se rappellerait jamais s'il avait eu l'intention de lui permettre de rester pour dîner ou pas car, à cet instant, il aperçut Cam qui se dirigeait vers le bureau... accompagné d'un homme dont la silhouette était reconnaissable entre mille : le comte de Westcliff. Se tournant de côté, Sebastian fourragea nerveusement dans ses cheveux.
-Nom de Dieu ! marmonna-t-il. Evangeline vint aussitôt vers lui.
-Qu'y a-t-il ? Sebastian réussit à afficher un visage dénué d'expression.
-Vous feriez mieux de vous en aller, répondit-il sombrement. Westcliff est là.
-Je n'irai nulle part, répliqua-t-elle sur-le-champ. Westcliff est bien trop gentleman pour se battre devant une dame. Sebastian laissa échapper un rire moqueur
-Je n'ai pas besoin de me cacher derrière vos jupes, mon ange ».
«Et maintenant, songea Sebastian avec tristesse, lui-même avait trahi la confiance de Westcliff sans espoir de la reconquérir. Pour la première fois de sa vie, il avait conscience d'un serrement de cœur auquel il ne pouvait que donner le nom de regret. Pourquoi diable avait-il concentré son attention sur Lillian Bowman ? Quand il s'était rendu compte que Westcliff s'était amouraché d'elle, pourquoi ne s'était-il pas donné la peine de chercher une autre héritière à épouser? Il s'était montré stupide en négligeant Evangeline. Rétrospectivement, Lillian ne valait pas le sabotage d'une amitié. En son for intérieur, Sebastian était obligé de reconnaître que l'absence de Westcliff dans sa vie était aussi douloureuse qu'une ampoule au pied, sans cesse irritée et qui refuse de cicatriser ».
Pour conclure, même si la personnalité du héros, le très libertin Vicomte Sebastian Saint Vincent, ne correspond pas du tout à mes goûts en matière de personnages masculins (je suis plus Team Marcus Westcliff, si vous voyez ce que je veux dire…), il n’empêche que j’ai passé un très bon moment de lecture auprès d’Evangeline et de Sebastian. Notre héroïne est si attachante qu’il est vraiment impossible de ne pas l’aimer. Lisa Kleypas nous transporte dans un univers plus « underground », par rapport à ses deux précédents tomes et cela n’en est que plus dépaysant. Le Club de jeux dont hérite Evangeline à la mort de son père est une formidable opportunité - malgré les apparences - pour notre petit couple qui finalement, ne se connaissaient pas du tout et n’auraient jamais imaginé autant d’affinités entre eux - et pour cause, vu les circonstances rocambolesques qui les auront poussé à « s’unir pour la vie ». Mine de rien, quand une grande timide bégayeuse prend son destin en main, ça dépote ! Et dire que je pensais que des quatre « Laissées-pour-compte », Lilian Bowman était la plus audacieuse…..Que nenni ! Méfiez-vous de l’eau qui dort ! Et maintenant, hop, il faut que je m’attaque au 4ème tome consacré à Daisy qui, dans Un diable en hiver, a quand même rencontré un certain démon gitan qui lui aura permis d’acquérir quelques « souvenirs » et une petite expérience sur la gente masculine….La coquine ! Allez, hop, la suite ! Et bravo à Lisa Kleypas qui mérite amplement sa réputation d’auteure incontournable en romance historique !
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