dimanche 28 août 2022

Le petit secret de Luna [Chronique express]


Mariana Zapata
Les Editions Collection Infinity (2021)
Sortie originale 2018
657 pages

Synopsis :
Luna Allen le sait : elle a fait certaines choses qu’elle préférerait garder enfouies pour toujours. Pourtant, si elle pouvait revenir en arrière, elle ne changerait rien. Avec trois sœurs qu’elle aime, un métier qu’elle adore (la plupart du temps) et une famille qu’elle s’est elle-même constituée au fil des ans, elle a l’impression que tout s’est finalement bien passé. Même quand un de ses secrets implique son boss, elle n’arrive pas à le regretter. Même si ce n’est pas vraiment le type le plus aimable ni le plus patient du monde. Malgré elle, Luna va apprendre qu’il y a des choses qu’il vaut mieux partager...

CHRONIQUE EXPRESS


"J’étais aimée. J’avais un bon métier. J’avais tout ce dont j’avais besoin".

J'ai déjà lu un livre de Mariana Zapata "Cultissime" et j'avais bien aimé même si je trouvais que la romance mettait du temps à arriver....En fait, Mariana Zapata est spécialiste dans les romances "enemies to lovers" mais en prenant son temps, les "slow burning".....Du coup, avec "Le petit secret de Luna", on est vraiment dans ce thème ! 

Pour cette romance, il faudra vraiment attendre la fin du livre pour que nos deux héros "concrétisent" leur amour....Mais justement, n'est-ce pas tout ce qui se passe avant qui est intéressant ?....

Déjà, j'ai adoré le domaine professionnel dans lequel évolue notre héroïne, Luna : Elle bosse dans une entreprise qui retape les vieilles bagnoles et les revend en parfait état....Luna est notamment spécialiste pour la peinture, pour changer la couleur des vieilles voitures....C'est très intéressant la manière dont elle décrit son boulot, notamment quand il y a des erreurs....

Elle a commencé ce job à 17 ans, grâce à son patron, qui est un brave homme et qui l'a pris sous son aile, lui et sa femme et cela fait six ans qu'elle exerce son métier, avec brio et professionnalisme....D'ailleurs, Luna et ses soeurs ont vécu quelques années chez son patron....

Alors pourquoi Luna ne vit pas chez ses parents ? 

Elle a des parents "cas sociaux", dealers etc....Sa mère est morte jeune, et du coup, ses trois soeurs sont en réalité ses "demi-soeurs" car son père s'est remis en couple très vite avec une femme aussi "perdue" que lui....Mais la belle-mère de Luna n'a pas été du tout une bonne mère pour les quatre gamines....

En fait, dans cette famille, il n'y a que la grand-mère paternelle qui a été une aide pour Luna....

Au niveau de son père, beaucoup de maltraitance (notamment psychologique, heureusement, pas de viol....), et il y a aussi les cousins de Luna qui sont des enflures (quant à son frère aîné, il a quitté la famille très tôt et est donc peu évoqué dans le récit)....

Luna est donc une "survivante" au niveau de sa famille....Cela dit, elle s'en est remis, et même si elle n'a pas fait beaucoup d'études, elle adore son métier, elle n'hésite pas à faire des heures supplémentaires etc...Elle adore son patron, Mr Cooper, qui a été comme un second père pour elle.....

Elle souffre d'ailleurs de voir ses trois soeurs "grandir" et quitter peu à peu la maison qu'elle a acheté et dans laquelle elles vivaient toutes, pour faire leurs études supérieures (elle était un peu comme "une petite maman" pour elles)...

Et finalement quelques années vont passer et maintenant Luna est adulte, et au niveau du boulot, son patron, M. Cooper, va se trouver un associé, Lucas Ripley, un homme très taciturne (qui porte toujours des manches longues pour cacher ses tatouages...Malgré qu'ils soient au Texas et que parfois les températures soient extrêmes....), ils s'engueulent souvent tous les deux et Luna est la seule femme de l'entreprise et arrive toujours à "faire baisser la tension" entre les deux hommes, notamment en arrivant à "à l'improviste" et apportant du café avec un grand sourire etc....

Luna est très attirée par son nouveau patron, Rip, même s'il est plus âgé qu'elle....Rip a 43 ans.....Et est très mystérieux, bien que très séduisant (très musclé et beau gosse, qui cache tous ses tatouages....).....

Cela dit, Rip a un caractère de cochon et engueule tout le monde (notamment Luna) et pendant trois ans, oui TROIS ANS, la jeune femme va bosser avec lui, tout en gardant sa bonne humeur et en ayant un comportement "positif" envers lui.....

Quand le récit commence, Luna va avoir des problèmes dans sa vie personnelle et va devoir demander des services à Rip, qui répond toujours présent....Evidemment, elle, elle ne se doute de rien, mais nous, nous savons qu'il en pince pour elle depuis 3 ans.....Mais du coup, la romance va mettre énormément de temps à se mettre en place car Luna n'a pas confiance aux hommes et surtout, elle n'a pas confiance en elle, et n'imagine pas qu'un homme de la carrure de Rip pourrait s'intéresser à elle....Et comme il est son patron, elle préfère garder ses distances....Surtout qu'il envoie souvent des messages contradictoires (il faut dire qu'il n'est pas très doué pour "flirter", c'est le moins qu'on puisse dire !).

J'ai vraiment passé un très bon moment de lecture en compagnie de Luna et Rip, surtout avec la personnalité de notre héroïne, qui aide tout le monde, sans rien demander en retour, notamment ses soeurs.....

C'est une jeune femme qui a le coeur sur la main et même quand certains collègues vont être néfastes envers elle, jamais elle ne se plaindra.....Rip est témoin de tout cela et évidemment son admiration pour la jeune femme va grandir peu à peu...Mais lui aussi cache des secrets et lui aussi pense qu'il n'est pas digne d'être aimé par une femme telle que Luna....

Si vous voulez avoir le coeur qui palpite, des émotions contradictoires, vis à vis des choix des personnages, une romance très "slow burning" mais qui finit en apothéose, je vous recommande chaudement ce livre ! Personnellement, je ne suis pas prête d'oublier ce livre, et en plus, j'en ai appris pas mal sur les voitures (un sujet dont je me fiche totalement, en principe !). 

Quelques citations :

"Assumer mes responsabilités et ne pas rejeter la faute sur les autres quand je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même était l’une des rares choses que j’avais apprises de ma famille, même si ce n’était pas elle qui avait voulu me l’enseigner. Je m’empressai de couper court à mes pensées. Certaines choses et certaines personnes étaient tellement toxiques que rien que de songer à elles pouvait être destructeur. Je préférais faire le choix d’être heureuse, et ça impliquait de ne pas ressasser le passé. Aujourd’hui serait une bonne journée, ainsi que demain, et le jour suivant, et celui d’après. C’est cette pensée qui me permit de garder mon sourire en place tout en soutenant le regard de Rip. Il m’en fallait plus que lui et son tee-shirt blanc pour me mettre de mauvaise humeur ou pour me blesser. Il m’en fallait aussi beaucoup plus que de penser à certaines personnes pendant ne serait-ce qu’une seconde. En résumé : j’étais fatiguée. J’avais fermé les yeux. Il m’avait prise sur le fait. Il n’y avait aucune raison que je sois contrariée. — Luna, continua Rip de sa voix ridiculement basse qui m’avait surprise la première fois que je l’avais entendue. On se comprend ? Fini, les putains de sieste pendant ces réunions. C’est pas si compliqué à comprendre, si ? Deux chaises plus loin, quelqu’un lâcha un petit rire, mais je reconnus le coupable sans même le voir et ne perdis pas de temps à tourner la tête vers lui ou même à m’agacer de son amusement. Le sourire toujours vissé au visage, je hochai la tête en direction de mon patron. Je le comprenais cinq sur cinq".

"Tout avait commencé trois ans plus tôt. Cooper’s Collision and Customs était une entreprise familiale fondée dans les années quarante par le père de M. Cooper. Quand j’avais obtenu mon job, six ans avant ce jour fatidique, l’atelier était florissant depuis une vie entière. Chaque employé de CCC était payé équitablement, régulièrement, et M. Cooper avait été – et était toujours – le meilleur patron au monde. Si l’on me demandait mon avis, il était l’un des meilleurs hommes au monde tout court et j’étais certaine que tous mes collègues étaient d’accord avec moi. Un jour, tout était normal. Nous avions un patron. Nous étions dix. Tout allait bien. Et le jour suivant, j’étais arrivée au boulot sans tenir compte du pick-up Ford, un modèle de collection, garé sur le parking réservé aux clients. Puis j’avais surpris la voix familière de M. Cooper et une autre bien plus grave provenant du bureau à sept heures du matin, en train de discuter de comment ils allaient se répartir les bénéfices et de là où ils voulaient déménager le garage. J’en étais restée sous le choc. En même temps, je ne vois pas comment l’inverse aurait été possible. Se répartir les bénéfices ? Déménager un garage qui était installé au même endroit depuis quatre-vingts ans et quelques ? Il tournait bien, comme toujours. Tout semblait aller bien. En toute honnêteté, même aujourd’hui, je ne comprenais toujours pas pourquoi M. Cooper avait décidé d’embaucher quelqu’un pour gérer l’entreprise".

"— Ce n’est pas la seule chose qui va grandir. Avec plus d’espace, on pourra prendre en charge un plus gros volume d’activité. À ce moment-là, tout le monde s’était tu, et j’étais restée là, les mains entre mes cuisses, les lèvres pressées et l’estomac retourné par la confirmation que je n’avais pas imaginé cette conversation des mois plus tôt. — Lucas Ripley va rejoindre l’équipe. M. Cooper, un homme que nous aimions tous, avait soufflé, comme s’il n’était pas sûr lui-même de la nouvelle. Ou alors peut-être était-ce simplement mon imagination. — Il sera copropriétaire de Cooper’s et gérera et développera le pôle restauration à partir de maintenant, avait-il ajouté avant de déglutir et de croiser les bras". 

"Tandis que je m’arrêtais devant la porte, j’avais remarqué que, même de profil, cet homme avait le visage le plus grincheux et le moins avenant que j’aie vu de toute ma vie. Je n’aurais su comment l’expliquer, mais c’était le cas. Et il était tout simplement magnifique. Je veux dire, il était juste si mâle. De la pure testostérone, associée à autre chose d’absolument masculin".

"Même avec le recul, cependant, je n’aurais jamais pu deviner à ce moment-là combien Lucas Ripley me hanterait par la suite. J’ignorais, en entrant dans cette pièce et en me présentant, qu’il finirait par me devoir une faveur. Je n’aurais pas non plus imaginé combien cette dette lui pèserait, jour après jour".

"— C’est un plaisir de vous rencontrer, lui avais-je dit en laissant retomber ma main. Mon nouveau patron m’avait observée avec attention, et ses yeux – de cette nuance oscillant entre le bleu irréel et le vert – étaient retournés vers M. Cooper une dernière fois avant de revenir vers moi. Je ne m’attendais pas à la question qui était sortie presque aussitôt de sa bouche : — Tu es assez âgée pour travailler ici ? m’avait-il demandé. Je n’avais jamais entendu une voix comme la sienne, qui tenait plus du grondement que d’autre chose. Je n’avais pu m’empêcher de glisser un regard vers mon patron de toujours, parce qu’il m’avait posé quasiment la même question juste avant de me proposer un boulot à mes dix-sept ans. Alors, mon sourire s’était élargi et j’avais reporté mon attention sur l’homme aux tatouages sombres qui lui remontaient jusqu’à la mâchoire. — Oui. Il n’avait pas sourcillé, et ses yeux bleu-vert, rendus encore plus perçants par ses cils noirs courts mais très courbés, s’étaient de nouveau plissés. — Depuis combien de temps tu bosses ici ? — Six ans, avais-je rétorqué d’un air aussi impassible que lui. Il avait cligné des yeux avant de continuer à m’interroger de sa voix grave et rauque : — Et qu’est-ce que tu sais sur la peinture ? Qu’est-ce que je savais sur la peinture ? J’avais failli en perdre mon sourire, mais j’étais parvenue à le garder plaqué sur mon visage. Ce type n’était pas la première personne à me poser cette question. J’étais l’une des rares femmes de ma connaissance à travailler dans un atelier de carrosserie. Quand j’étais petite, je ne m’étais jamais dit que je finirais par peindre des voitures ou des pièces détachées pour gagner ma vie. Je me serais encore moins doutée que je finirais par adorer ça et être plutôt douée, sans vouloir me vanter. C’était ainsi, la vie était pleine de surprises. Alors j’avais dit la vérité à cet homme qui était en train de faire exactement la même erreur qu’à peu près toutes les personnes que j’avais rencontrées dans ma vie. — Je sais tout sur la peinture. Je lui avais souri, parce que ce n’était pas de l’arrogance. C’était la pure vérité ; et j’avais vu M. Cooper se dérider en entendant ma réponse. Le nouveau venu avait de nouveau cligné des yeux et sa voix s’était faite encore plus grave tandis qu’il poursuivait, en haussant les sourcils : — Qu’est-ce que tu sais de la réparation de carrosserie ? Réparer les imperfections sur une carrosserie, qu’elles soient minimes ou au contraire très importantes, représentait une partie du travail effectué à l’atelier. Sans me départir de mon sourire, j’avais répondu : — Presque autant".

"— Tu sais souder ? Est-ce que je savais souder ? J’avais plissé les yeux. — Est-ce un test ? Le quasi-inconnu en face de moi ne s’était pas gêné pour répéter sa question avec exactement la même intonation que la première fois. Et j’avais su, j’avais su qu’il était bien en train de me tester. Alors j’avais haussé les épaules et lui avais dit la vérité. — Je connais les bases. Il avait eu un rictus, et son corps massif et musclé s’était reculé contre le dossier de sa chaise. Puis il avait levé le menton, recouvert d’une barbe de trois jours brune avec des touches de gris, confirmant qu’il me testait toujours. — Si tu bossais sur la carrosserie et que tu trouvais du plomb, qu’est-ce que tu ferais ? De coin de l’œil, j’avais vu M. Cooper soupirer et se passer la main sur les yeux. C’était la première fois qu’il effectuait ce geste qui allait devenir si habituel pour lui au cours des trois années suivantes. Mais ça, c’est une autre histoire. Par chance – et j’avais su à cet instant même que j’avais eu de la chance de connaître la réponse, car je suis à peu près sûre qu’il m’aurait virée illico si cela n’avait pas été le cas –, je lui avais donné la bonne réponse. Il s’était redressé et avait croisé les bras avant de déclarer d’un ton totalement sérieux et incroyablement condescendant, un ton qu’il utiliserait encore une bonne centaine de fois les années suivantes : — Tu feras l’affaire. Je ferai l’affaire. Et ce fut le cas".

"Rip, au contraire, me regardait avec une telle fureur contenue que j’avais l’impression qu’il préférerait ne pas me voir ; qu’il ne voulait pas voir mon visage que je ne maquillais pas à part le rouge à lèvres rose que je portais tous les jours ; qu’il ne voulait pas voir les cheveux que je teignais en bleu couleur barbe à papa depuis un an. Qu’il ne voulait pas me voir, moi. Il ne serait pas le premier. — Je suis désolée, répétai-je en m’accrochant à ce qui me restait de dignité. Je me sentais minuscule. À sa façon de me fixer du regard, je sus qu’il n’ajouterait rien".

"Il resta immobile ; seule la dilatation de ses narines indiqua qu’il m’avait entendue. Puis il cligna des yeux. Lucas Ripley se redressa contre le dossier de sa chaise, sa chemise se tendant sur son torse impressionnant, et il pinça les lèvres. — Tu veux que je fasse semblant qu’on est fiancés ou un truc du genre ? articula-t-il. Je… Ma bouche s’ouvrit. Se referma. Ce fut à mon tour de le fixer du regard. À mon tour de pincer les lèvres. Puis, et seulement à ce moment-là, je tournai mon visage vers le plafond et j’éclatai de rire. Je plaquai la paume de ma main sur mes yeux, me penchai en arrière tout comme il venait de le faire, et mon rire redoubla".

"Écoute, je te suis reconnaissante de venir avec moi. Vraiment, Rip. J’apprécie ta compagnie. Tu le sais. Je surpris le regard qu’il glissa vers moi l’espace d’une seconde, rien qu’une seconde, mais je le vis. Le truc, c’est que je ne savais pas quoi penser de son expression circonspecte quand il avait tourné la tête".


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