mercredi 29 décembre 2021

J'ai pas les codes ! Comprendre enfin le monde qui nous entoure [Chronique express]

Christel Petitcollin
Les Editions Albin Michel (2021)
240 pages 

Synopsis :
Faites-vous partie de ces personnes dites « atypiques » (hypersensibles, surefficients, surdoués et autres « pense-trop »...) qui se sentent parfois en décalage avec les autres et qui ont du mal à trouver leur place dans la société ? Multipliez-vous les maladresses et les gaffes au risque de vous mettre - bien malgré vous - les gens à dos et d'être les premiers à en souffrir ? Détestez-vous les réunions stériles et interminables, les bavardages futiles dans les soirées, les règles injustes, les dress codes arbitraires, les problèmes non résolus...? Le diagnostic est clair : il vous manque les codes pour comprendre le monde qui vous entoure ! Ce livre sera votre mode d'emploi, votre précieuse boussole pour apprendre à naviguer avec discernement dans les eaux troubles de la société, sans vous échouer naïvement sur les récifs de l'incompréhension réciproque. L'objectif ? Prendre le meilleur et lâcher prise sur le reste !
[CHRONIQUE EXPRESS]

Encore une fois, j'ai été happée par ma lecture d'un livre de Christel Petitcollin....Cela remonte maintenant à 2015, année à laquelle j'ai lu son premier livre qui a déclenché un tsunami en moi (je pense trop...). 

Enfin quelqu'un mettait de mots sur ce que je vivais depuis mon enfance. Enfin, je comprenais pourquoi il y avait un tel décalage entre certaines de mes collègues et moi (ainsi que dans ma famille et surtout, dans ma belle-famille...). Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts, comme on dit....Je n'en dis pas plus sur ma situation personnelle et professionnelle mais ce n'est pas la joie....non, vraiment pas.....

Pour revenir à "j'ai pas les codes !"  cela me permet notamment de mieux comprendre certains de mes proches et la manière dont ils gèrent la "crise actuelle" (nous sommes en décembre 2021), en comparaison avec ce que moi je ressens....

En même temps, étant une femme, j'ai appris depuis longtemps à "me fondre dans la masse" et c'est vrai que c'est plus facile que pour un homme.....Mais à un moment la cocotte-minute explose.....Personnellement, elle a explosé en novembre 2019 - même si elle bouillait depuis au moins 5 ans....(et vous savez quoi ? C'est toujours l'enfer alors que nous sommes en décembre 2021.....En même temps, la situation sociétale n'a rien arrangé ces deux dernières années....).

Alors oui, je vous recommande totalement la lecture de ce livre, qui, encore une fois, a résonné en moi, m'a permis de comprendre pourquoi certaines personnes "agissaient comme cela" sans états d'âme, alors que moi, je suis bouleversée à chaque "conflit" et chaque "confrontation".....Ah si je pouvais dire "Merde !" à tout ceux qui me font chier.....Sans oublier les idées de "meurtre" que j'ai dans la tête en pensant à certaines personnes, notamment certaines personnes dans le monde du travail...

Nous vivons une époque très compliquée, anxiogène, injuste, où l'on désigne des "bouc-émissaires" bien utiles.....Cela va certainement durer plusieurs années alors accrochez-vous.....L'Histoire, avec un grand H est un éternel recommencement, et pensez à nos aïeux qui ont vécu 1921.....Le pire était à venir....On verra pour nous.....

Cela dit, je crois aussi en la gentillesse et l'humanité de la plupart des gens (même si beaucoup de personnes sont totalement abêti, voire hypnotisés par les médias etc.....).

Pour les personnes hyper-sensibles comme moi, voir des gens de ma famille "gober" certaines infos me mine énormément le moral. Voir mes enfants grandir dans ce monde me mine énormément également....

Mais il ne faut pas oublier le côté "grégaire" et "docile" des "normo-pensants" et le côté très résilient et l'adaptabilité dont font preuve les enfants (à toutes les époques)...Même si ma fille de 9 ans commence vraiment à en avoir ras-le-bol de tout ce cirque.....Mon fils de 12 ans est plus docile.....Ma fille est née un 14 juillet, c'est une révolutionnaire...Elle aura le courage dont moi, je n'ai plus la force.....

Personnellement, je vis très mal cette époque...Du coup, ce livre de Christel Petitcollin "remet l'église au centre du village" et me permet de savoir que je ne suis pas la seule à subir et à me poser des questions....

Alors, oui, je vous conseille la lecture de ce livre, surtout si vous vous sentez décalé par rapport aux membres de votre famille qui 'trouvent tout ça "normal" et qu'il faut être "solidaire" pour le bien commun"...Idem pour vos collègues de travail etc.....

Bref, ce livre vous permet de comprendre pourquoi la "masse" réagit différemment de vous.....Forcément, je vous recommande également le premier livre de Christel Petitcollin qui traite du sujet de notre différence (qui s'est accentué évidemment depuis 2020....). Et forcément, pour moi, il n'y avait aucun doute que, elle aussi, faisait parti de "notre groupe" (car oui, elle fait enfin son coming-out dans ce livre !.....En même temps, c'était tellement évident.....  

Quelques citations :
"Ainsi, l’être humain vit enfermé dans ses abstractions, dans une hypnose permanente, déconnecté de sa biologie et respectant des règles complètement injustifiées. Rares sont ceux qui s’en rendent compte".
"On ne perçoit du monde que ce qu’on est préparé à en percevoir. Pour comprendre un système, il faut s’en extraire. » Bernard Werber".
"Les jeux de pouvoir sont une des principales pierres d’achoppement entre surefficients et normopensants. Outre que les surefficients n’ont aucun sens de la hiérarchie, la plupart d’entre eux ont une énorme blessure d’injustice. De ce fait, ils endosseraient vite l’armure du chevalier blanc et partiraient volontiers en campagne pour combattre le mal et sauver l’innocent. Ils ont un besoin quasi compulsif d’aider et de solutionner les problèmes des autres, mais aussi de dénoncer les injustices, les malversations, les abus, de montrer du doigt les collusions, copinages et autres petites combines. En général, bien mal leur en prend. L’Histoire et les récits sont jalonnés de scandales en tout genre. À ma connaissance, aucun lanceur d’alerte n’a jamais été ni remercié ni récompensé pour le service rendu à sa communauté. Bien au contraire ! De Jeanne d’Arc à Edward Snowden, en passant par Don Quichotte ou Julian Assange, tous ont payé bien cher leur outrecuidance. En revanche, ceux qui ont été mis en cause s’en tirent en général beaucoup mieux. Tout au plus, comme la marquise de Montespan éclaboussée par « l’affaire des poisons1 », sont-ils discrètement écartés et mutés ailleurs. Et le plus décevant reste l’indifférence du peuple à l’égard des révélations. Pire : une véritable léthargie semble s’emparer du public au moment où il faudrait s’indigner. Le lanceur d’alerte, croyant son message vital, espérait réveiller les foules et se retrouve à hurler dans le désert, face aux fameux trois singes : sourd, aveugle et muet. Car il existe dans le monde normopensant une règle implicite, sacrée, immuable et inviolable : « On ne dérange pas les puissants dans leurs magouilles".
"Depuis peu les « experts » traitent d’ultracrépidarianiste toute personne osant s’intéresser à leur sujet et de complotiste celui qui ose questionner la version officielle. Comment reconnaître qu’il s’agit d’une situation régie par cette illusion technique ? C’est finalement très simple. L’illusion technique génère systématiquement quatre effets destructeurs : – L’effet pervers : il produit l’effet inverse de celui qu’on attend. On est encore plus malade, la procédure est encore plus compliquée, on perd du temps là où on était censé en gagner. – L’effet centralisateur : il donne un pouvoir démesuré à une poignée d’individus, comme la magie du sorcier ou l’influence occulte des lobbies. – L’effet amoral : sous prétexte d’efficacité, on s’assied sur l’éthique. – L’effet coercitif : il oblige à se soumettre à l’illusion. Peut-on désarmer son pays, refuser une chimiothérapie ou un examen invasif mais « préventif » ? Les événements démontrent régulièrement l’ampleur et la puissance de l’illusion technique en vigueur dans le monde entier. Partout, on préfère s’en remettre à la magie qu’accepter les aléas du destin, car sortir de l’illusion de toute-puissance replace l’homme face à sa vulnérabilité. Quand je leur parle de tout cela, les surefficients sont sincèrement choqués à l’idée que les problèmes puissent avoir tant d’avantages et servir avant tout à faire du lien en papotant. Mais en y réfléchissant, ils se rendent compte qu’ils ont en fait le même objectif d’exister grâce aux problèmes. Ils voudraient mettre leurs capacités à les résoudre à la disposition du groupe pour prouver leur valeur et recevoir enfin de la reconnaissance".
"C’est hélas l’inverse qui se produit. Il est important que vous compreniez à quel point cet idéalisme qui voudrait qu’un monde parfait sans problème existât est fatigant pour tout le monde. Cette insistance à traquer, débusquer et montrer du doigt tout problème qui pourrait survenir est très mal vécue par les normopensants. Eux ont accepté une bonne fois pour toutes que le monde est imparfait et qu’il y aurait toujours des problèmes. Ils sont donc légitimes à demander qu’on leur fiche la paix à ce sujet. Parfois, les solutions proposées par les surefficients sont tellement coûteuses en temps, en énergie, en argent qu’elles en deviennent irréalistes et risibles. Le risque zéro n’existe pas. Parfois, aussi choquant que cela puisse paraître, attendre qu’un pont s’effondre pour le reconstruire peut être la moins mauvaise solution. Dans d’autres cas, des enjeux politiques et financiers occultes auront gain de cause sur l’intérêt collectif. Ainsi va la vie des humains. Finalement, Einstein a raison, si le monde est plein de problèmes, c’est parce que le problème a une fonction sociale irremplaçable".
"J’aime comparer l’humain au petit renard de la forêt d’à côté de chez moi qui vient régulièrement visiter mon jardin. Il n’a ni montre ni passeport et encore moins de carte de crédit. Il ne connaît pas de frontière et contourne la clôture de « ma propriété » en passant sous la haie. Il ne traverse pas la route, c’est la route qui traverse sa forêt. Et comme je suis assez bête pour dérégler la nature en nourrissant les oiseaux, il vient se servir dans le garde-manger que je lui ai constitué. Ça me désole de voir régulièrement des petits tas de plumes sur ma pelouse, mais aucune loi n’arrêterait un renard qui a faim. Seuls les humains sont capables de considérer la faim comme un délit et de se punir mutuellement de « voler » de la nourriture".
"L’exemple le plus simple à comprendre est peut-être le concept d’argent, au sens de monnaie pour faire du troc. Le métal n’a que la valeur qu’on lui prête : l’or est un métal plutôt mou dont on ne peut pas faire grand-chose à part des trucs décoratifs. Pourquoi lui donner tant d’importance ? De même, le petit rectangle de papier vert représentant 1 $ n’a qu’une valeur symbolique, mais que presque tous les habitants de la planète reconnaissent comme valide. Dans les milieux du développement personnel, on raffole d’une fable sur la virtualité de l’argent. C’est l’histoire d’un touriste qui arrive dans une petite ville. Il réserve une chambre à l’hôtel qu’il paie comptant d’un billet de 100 €, puis part se promener en ville. L’hôtelier prend le billet de 100 € et profite de cette aubaine pour régler une facture de pressing en attente. Le blanchisseur se rue au garage payer une récente réparation. Le garagiste fait de même auprès du boulanger, etc. Puis le billet se retrouve à nouveau sur le comptoir de l’hôtelier et règle une note de banquet. À ce moment, le touriste revient à l’hôtel. Il doit finalement repartir et demande à être remboursé. L’hôtelier lui tend son billet de 100 €, qui dans l’intervalle a soldé un sacré montant de factures en attente. Cette fable est censée démontrer l’aspect virtuel de l’argent. Sans doute un économiste trouvera-t-il la faille dans ce raisonnement, mais ça tombe bien : la comptabilité, ce n’est pas mon truc, et moi j’adore cette histoire, comme j’adore me rappeler que mon petit renard vit sans carte de crédit".
"C’est également la peur de manquer qui fait stocker. Dans ce monde d’abondance où les pommiers portent plus de pommes qu’un humain ne peut en manger, Sapiens s’est enfermé dans une logique de rareté, donc paradoxalement dans une logique de gaspillage. Sans doute l’agriculture et la nécessité de prévoir du grain à semer l’y ont encouragé. Mais l’accumulation et le stockage sont des réflexes de peur. Ceci est valide pour tout ce qu’il y a à stocker : des denrées alimentaires à l’argent, en passant par les bûches pour la cheminée. C’est le fait de stocker qui crée les pénuries et aussi les catastrophes, quand le précieux stock est malencontreusement détruit. Mais nous avons l’occasion de le voir régulièrement : Sapiens ne l’a pas encore compris. Récemment, la menace d’un confinement a provoqué en France une rupture de stock de papier toilette".

"Dans quelques contrées du monde, en marge des humains « civilisés » qui s’enfermaient de plus en plus dans leurs règles du jeu complexes, contraignantes et contre-nature, des esquimaux, des aborigènes d’Australie, des indiens d’Amazonie ou des bochimans d’Afrique ont continué à vivre en parfait équilibre avec leur environnement jusqu’au XXe siècle. Certains penseront sans doute qu’il s’agit de peuplades « sauvages » ou « arriérées » ; pourtant, elles ont accompli une formidable prouesse écologique. Jacques Neirynck3 considère d’ailleurs comme la perfection écologique une société essentiellement rurale, où la technique est affaire d’artisans, où chaque région vit quasiment en autarcie sur ses propres ressources et où les ponctions sur les énergies non renouvelables restent négligeables, avec un sol exploité de façon écologique. Au XIIe siècle, la France avait atteint cet équilibre et aurait pu le garder en faisant le choix de réguler sa population, mais c’est alors qu’ont débuté les croisades. La réalité imaginaire de ces peuplades primitives serait à modéliser : elle consiste à s’insérer dans l’environnement naturel, dans le cercle des saisons et dans les cycles de la vie de façon immuable et intemporelle au lieu d’être dans une course à la modernité qui ressemble de plus en plus à une fuite en avant".
"Tous dans la caverne de Platon En 400 av. J.-C., Platon s’interrogeait déjà sur cet état d’hypnose. Il utilise l’allégorie de la caverne pour tenter de réveiller ses contemporains. Selon cette métaphore, les hommes vivent enchaînés dans une sombre caverne. La lumière de l’extérieur ne les atteint que de dos. Ce qu’ils croient être la vie n’est que le mouvement de leurs propres ombres projetées sur le mur de cette caverne. À l’époque déjà, Platon avait pu le constater : si l’un des prisonniers se libère de ses entraves et sort de la caverne, il sera fort mal reçu à son retour par ses congénères enchaînés qui refuseront de croire son récit et choisiront de rester dans l’ombre. Dans ses romans Jonathan Livingston le goéland ou Illusion4, Richard Bach, à l’instar de Platon, utilise des métaphores pour tenter de nous sortir de notre hypnose. Mais on peut aller encore plus loin dans la prise de conscience que notre monde est bien plus factice que ce que nous croyons. Dans son roman La Secte des égoïstes, Éric-Emmanuel Schmitt pose la question : « Et si le monde qui m’entoure n’était que le produit de mon imagination ? » Avec autant d’humour que de profondeur, il fait explorer à son héros tous les aspects philosophiques de l’égoïsme selon cette définition : « On appelle égoïste l’homme qui croit que lui seul existe au monde, le reste n’étant que songe. » Son roman donne le vertige, car il aborde un thème universel. Qui ne s’est jamais senti abusé par ses sens, se demandant s’il s’agissait d’une illusion ou d’une réalité ? Voici ce qu’Éric-Emmanuel Schmitt fait dire à son héros Gaspard Languenhaert : « Je suis moi-même l’origine de mes sensations. Ce monde fait de couleurs, d’objets, d’odeurs, c’est moi qui en suis le créateur. Quand vous rêvez, n’êtes-vous pas l’auteur de votre rêve ? Lorsque vous vous voyez en train de voguer sur la mer, cap sur les Amériques, les vagues sont-elles autre chose que le produit de votre imagination ? Naturellement, puisqu’il s’agit d’un rêve. Qui vous l’apprend ? Le réveil. Et si vous alliez vous réveiller de la vie ? Oui, qui vous assure qu’en ce moment, vous ne rêvez pas ? » Platon en est aussi convaincu que Gaspard : les humains vivent dans l’illusion, abusés par leurs sens. Le réel immédiat directement palpable n’est pas la véritable réalité. La physique quantique tend à lui donner raison".
"Pour ceux qui douteraient encore de l’aspect illusoire du monde des humains, la force de dissuasion que représentent les politiques de surarmement se situe bien dans une dimension imaginaire. Le leurre de la dissuasion nucléaire qui prétend assurer la paix par le surarmement repose sur l’illogisme que plus il y a de bombes, moins elles risquent d’exploser ; c’est-à-dire que pour maintenir la vie, il faut la menacer, donc se montrer déterminé à déclencher une catastrophe pour l’éviter. Ce cercle vicieux aberrant montre que Sapiens est un singe qui a évolué trop vite : alors qu’il est censé être à la pointe de la technologie, il est encore occupé à bomber le torse, à se frapper la poitrine en poussant des cris pour intimider l’autre".
"La religion place Dieu à l’extérieur de l’homme. Elle fonctionne avec une doctrine, des lois, et s’impose bien plus par la culpabilisation, la menace de punition et la promesse de récompense que par la responsabilisation. Elle incite à la crainte et à la soumission, au marchandage aussi, mais globalement, elle unifie la façon de penser des fidèles et participe à la cohésion du groupe. Ce qu’elle a à proposer convient bien au fusionnel qui est dans cette recherche d’union et de soumission. En revanche, la spiritualité est une quête personnelle, faite de doutes, de questions, de réflexion. Elle comporte ses fausses routes et aussi ses mauvaises rencontres, car son chemin est moins balisé, mais elle mène à la foi, à l’extase et à un dieu tellement intériorisé qu’il n’est plus nécessaire de marchander avec lui. Cette quête convient évidemment mieux à l’héroïque qui veut être spécial et se faire sa propre opinion. Mais la spiritualité isole là où la religion réunit. C’est pourquoi il faut laisser chacun suivre le chemin qui lui convient le mieux".


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