mardi 20 octobre 2015

JE PENSE TROP : Comment canaliser ce mental envahissant


Christel Petitcollin
Les éditions Guy Trédaniel (2010)
252 pages

Synopsis :
Qui pourrait penser qu'être intelligent puisse faire souffrir et rendre malheureux ? Pourtant, je reçois souvent en consultation des gens qui se plaignent de trop penser. Ils disent que leur mental ne leur laisse aucun répit, même la nuit. Ils en ont marre de ces doutes, de ces questions, de cette conscience aiguë des choses, de leurs sens trop développés auxquels n'échappe aucun détail. Ils voudraient débrancher leur esprit, mais ils souffrent surtout de se sentir différents, incompris et blessés par le monde d'aujourd'hui. Ils concluent souvent par : " Je ne suis pas de cette planète ! " Ce livre propose des cours de mécanique et de pilotage de ces cerveaux surefficients.


« La vie entre en nous par les cinq sens. Etre hyperesthésique, c’est donc être hypervivant. La joie de vivre se vit dans l’instant présent en saturant ses sens d’informations agréables : des images de beauté, des sons mélodieux, des sensations voluptueuses, des parfums et des saveurs. Les surefficients mentaux sont toujours prêts à se réjouir, à s’émouvoir d’un coucher de soleil ou d’un chant d’oiseau. C’est dans ces moments-là qu’ils peuvent le mieux réaliser leur différence. Ils essaient de partager leur émerveillement avec leurs proches et se heurtent à l’incompréhension. ‘Oui, c’est bon, ce n’est qu’un coucher de soleil. Tu en as vu d’autres ! On y va ?’ soupire l’entourage, qui il ne se moque pas : ‘Cuicui, les petits oiseaux ! T’as quel âge ?’. Mais cette hyperesthésie explique aussi pourquoi, bien qu’ayant souvent des passages dépressifs, les surefficients mentaux conservent néanmoins une joie de vivre sourde, latente et puissante, prête à renaître au moindre rayon de soleil ».

En temps ordinaire, ce sont des romans que je chronique sur mon blog mais là, pour le coup, je suis « obligée » de parler d’un livre qui a été une vraie révélation pour moi, il s’agit de Je pense trop : Comment canaliser ce mental envahissant de Christel Petitcollin.


Pour la petite histoire, j’aime bien emprunter de temps en temps à la bibliothèque municipale de ma ville des livres sur la psychologie et même la parapsychologie (vu certains des mes articles sur le blog, ce n’est un secret pour personne que je m’intéresse énormément aux phénomènes étranges et autres histoires de fantômes)….

Dans Je pense trop : Comment canaliser ce mental envahissant, cela dit, rien de surnaturel, juste une explication (ENFIN !) de ce décalage que je ressens souvent vis-à-vis des gens qui m’entourent et qui ne comprennent pas forcément mes états d’âme….

Ce décalage, je l’ai toujours eu, depuis l’enfance, mais il s’est de plus en plus exacerbé depuis la naissance de mes enfants – mes enfants et ma vie de famille ne sont pas en cause, je vous rassure - mais je parle ici des bouleversements psychiques que j’ai pu ressentir pendant et après mes grossesses (pas de baby blues….Enfin si, peut-être un peu, finalement…) et qui perdurent encore avec des phases plus ou moins longues de mal-être, d’insomnies et de stress (quand les problèmes de boulot s’en mêlent, aie aie aie, je pouvais rester 2-3 heures éveillée la nuit à cogiter !). Je dis « pouvais » car depuis quelque temps, le moral est bien meilleur ! Peut-être parce qu’il y a eu des changements positifs dans ma vie professionnelle....

Alors oui, OK, je dois bien admettre que pour mes proches, et ça, depuis l’enfance, j’ai toujours eu tendance à « me noyer dans un verre d’eau », à « faire d’une montagne d'un rien » et à cogiter parfois des nuits entières sur des soucis qui, à ces moments précis où je les vivais avaient une importance primordiale….Alors que finalement, avec le recul, ils n’étaient pas si importants que cela….


Hors, si, grâce à Internet (avec les tests et les témoignages que j’ai pu lire), j’ai rapidement pris conscience que je faisais partie des gens hypersensibles, finalement, grâce à la lecture de Je pense trop : Comment canaliser ce mental envahissant, je sais maintenant que je suis également une « surefficiente mentale » et que, contrairement à 85% (grosso modo) de la population, c’est l’hémisphère droit de mon cerveau qui est prédominant alors que pour la majorité des gens, les « normopensants », c’est l’hémisphère gauche qui est mis en valeur (et la société est faite par et pour les cerveaux gauches, dommage pour moi…Quoique…). Du coup, ce livre m’a permis de comprendre ma différence et pourquoi, moi, je ressens telle chose d’une manière aussi exacerbée contrairement à la majorité des gens que je côtoie.

« C’est ainsi que de petites phrases qui revenaient régulièrement dans le langage de certaines personnes, ont de plus en plus retenu mon attention.
-Je pense trop
-Mes proches me disent que je suis compliqué (e) et que je me pose trop de questions
-Dans ma tête, ça ne s’arrête jamais. Parfois, je voudrais débrancher mon esprit et ne plus penser à rien »

L’auteure, Christel Petitcollin, explique tellement bien tout ce qui se passe dans le tête des surefficients mentaux et j’aime tout particulièrement l’évocation de cette comparaison avec le zèbre :

« Le mot est bien choisi : Un zèbre est un animal atypique, indomptable et unique, qui sait aussi se fondre dans le paysage. Mais tant qu’à faire des comparaisons animalières, il manque leur aspect chien, pour leur fidélité, leur loyauté, leur attachement et leur dévouement. Il manque aussi leur aspect chat, pour leur délicatesse, leur acuité de leurs sens et leur susceptibilité. Puis, leur aspect chameau pour incroyable endurance et surtout leur côté hamster qui tourne en rond à toute vitesse dans sa roue ! »

« Ainsi, si vous pensez trop, la première caractéristique de votre cerveau est d’être hyperesthésique. C’est donc le terme scientifique pour désigner le fait d’avoir les cinq sens dotés d’une acuité exceptionnelle. C’est un état d’éveil, de vigilance, voire d’alerte permanente. (…) Bien que souvent gênés par le bruit, la lumière ou les odeurs, les hyperesthésiques ne réalisent pas que leurs perceptions sensorielles sont hors norme. Je leur en parle. Ils m’écoutent d’abord avec étonnement. Puis, petit à petit, au cours de notre discussion, ils se rendent compte qu’effectivement, ils ont le sens du détail, qu’ils sont capables de reconnaître un morceau de musique dès les premières notes ou de deviner les ingrédients d’un plat….Mais jamais ils n’auraient imaginé que les autres ne soient pas comme eux, alors que c’est dix fois par jour qu’ils en font l’expérience ».

Je comprends aussi pourquoi je ne supporte plus les faits divers dans les médias. Ils me traumatisent littéralement et je ressasse ensuite les images encore et encore dans ma tête, impossible de « débrancher »……Quand je lis des infos sur internet ou que je regarde le journal télévisé à propos d’enfants tués, d’animaux torturés et finalement dès qu’il y a l’évocation de la souffrance d’un être vivant, je ne peux pas m’empêcher d’imaginer la « victime » avant de mourir, le moment où elle meurt (avec tous les détails gores qui vont avec - que je n'ai évidemment pas vus en vrai - mais mon imaginaire tortueux prend le relais) et enfin, la souffrance ressentie par les proches ou pire, l’indifférence que leur mort peut provoquer (par exemple, les images de massacres d’animaux dans les abattoirs, les animaux écrasés sur la route, la chasse, avec l’ignoble procédé du « déterrage »….). Je me sens coupable alors que je n’y suis pour rien ! Et le pire, c’est que je ne peux pas m’empêcher d’écouter le récit à la télé ou de lire l’article en ligne car si je ne le fais pas, j’ai l’impression que mon « indifférence » tue une 2ème fois la victime (le pire de tout, c’est vraiment avec les drames qui concernent des enfants)…..

J'ai deux anecdotes bien représentatives de ce que mon cerveau "m'inflige" régulièrement : Tout d'abord, il y a 2 ans, un petit chaton s'est fait écraser sur la route, pas très loin de mon lieu de travail. Le premier jour, évidemment, j'ai été choquée en voyant son corps écrasé - mais ensuite, les jours suivants, alors que son corps avait disparu (repris par les maîtres de l'animal ou ramassé par les employés de la ville) et même maintenant, deux ans plus tard, quand je passe à cet endroit pour aller à mon boulot (2 fois par jour puisque je rentre manger chez moi le midi), et bien je pense à ce chaton.....

Autre exemple, dans mon travail, vu que je côtoie énormément de monde, j'ai connaissance (malgré moi) de drames qui touchent parfois des familles, notamment la mort d'enfants. Et bien même si ces enfants sont décédés parfois voilà plusieurs années, quand je suis amenée à évoquer au boulot les parents de ces enfants, évidemment, je pense tout de suite au drame qu'ils ont vécu ( Je vous épargne les détails, mais à la fin, je me demande comment ils font pour continuer à vivre après la perte de leur enfant...).

Toutes ces pensées "négatives" liées à des tragédies sont très difficiles à vivre. J'ai beau me dire que je dois me "blinder", que je n'y suis pour rien et que des milliers de gens (et des millions d'animaux) meurent tous jours, cela m'accable toujours.....La seule solution que j'ai trouvé c'est d'éviter de regarder les infos à la télé. Mais pour internet, par exemple, pas facile quand les faits divers sont mis en  gros titre dès qu'on se connecte.....Et comme les journalistes (on va les appeler comme ça) adorent le sensationnel et le bien glauque, ils doivent se délecter du moindre drame en pensant au nombre de personnes qui vont cliquer sur leur page pour lire l'article....

En tout cas, 15 à 30 % de la population risque de ressentir la même chose que moi, mais pour la majorité des gens, les « normopensants », ce que j’écris là pourrait passer pour de la pure folie ou du délire alors qu’en fait, c’est juste une sensibilité et une empathie trop forte et non contrôlable.

Néanmoins, s’il y a des côtés négatifs à être « trop sensible », il y a aussi beaucoup d'avantages à l'être qui contrebalancent les mauvais côtés : Je parle notamment d’apprécier plus que les « normopensants » la beauté du monde qui nous entoure. Je suis extrêmement sensible à la nature et aussi à l’art (notamment la musique). Du coup, oui, j’ai une énorme culture musicale (sans me vanter, bien sûr…mais c'est un fait, mon mari peut en témoigner !), je suis également incollable quant à la classification des animaux et je « vois » les dates qui s’affichent automatiquement dans ma tête lorsque l’on parle d’un événement historique…..Je pensais que tout le monde pouvait faire la même chose et finalement, ce n’est pas le cas (je m’en suis rendue compte, il n’y a pas si longtemps, en fait, et c’était bien avant de lire ce livre....Qui n'a fait que confirmer ce que je soupçonnais...).

« Grâce à la finesse de leurs sens, dans chaque situation, les surefficients mentaux captent beaucoup des éléments généralement inconscients pour les autres. Ils ont vite les larmes aux yeux dans les situations d’attendrissement, se crispent dans les climats de stress et se révoltent quand ils perçoivent de l’injustice. Ils sont sensibles au ton employé, aux mots prononcés, aux expressions du visage, à la gestuelle de leur entourage. Cette hypersensibilité les rend avides de précisions. Pour eux, un mot est rarement synonyme d’un autre puisque chacun apporte sa nuance. Alors, ils sont capables de chipoter pour une inexactitude ou un approximation. Très susceptibles, ils sont vite blessés par les critiques, les reproches, la moquerie ou les intentions cachées de leurs interlocuteurs, qu’ils pressentent instinctivement. C’est très frustrant de percevoir une foule d’informations et de se heurter au déni des proches qui ne les ont par perçues. ‘Mais non, tu te fais des idées !’ est certainement la phrase la plus fréquente et la plus frustrante que les surefficients mentaux entendent quand ils essaient de partager leurs impressions ».

Un passage du livre m’a particulièrement interpellée, c’est lorsque l’auteure explique que les "surefficients mentaux" peuvent parfois « s’emmêler les pinceaux » sous le coup de l’émotion….Remplacer un mot par un autre dans une phrase quand je suis énervée, cela m’arrive constamment ! (c’est même devenu ma marque de fabrique comme me l’a souvent faire remarqué mon mari !).

« Chez les surefficients mentaux, il a été noté une sensibilité particulière de l’amygdale cérébrale et un seuil de réactivité particulièrement bas. Peut-être cela est-il dû au fait que l’amygdale est une permanence sollicitée par l’hyperesthésie et l’émotivité, donc plus ou moins naturellement en état de vigilance. Alors, à chaque invasion émotionnelle, une déconnexion mentale se produit. Le cortex préfrontal, siège du raisonnement, donc du raisonnable est mis hors jeu. La réflexion est rendue impossible. Dans ce cas, les surefficients mentaux peuvent prononcer des mots absurdes ou poser des actes aberrants. Ils en seront les premiers atterrés quand le lobe préfrontal fonctionnera à nouveau normalement. C’est ce qui fait douter les surefficients de leur intelligence : ils savent qu’ils peuvent se montrer tellement stupides parfois ! ».

Comme dans les extraits cités ci-dessous, je planifie totalement mes vacances, j’ai l’imagination qui déborde quand je visite des lieux historiques (je « vois dans ma tête » les gens qui vivaient à des époques anciennes et je les imagine s'activer autour de moi...La dernière fois, c'était dans le parc d'un château....Evidemment, je ne parle pas ici de fantômes mais juste de mon imagination et du fait que je suis hyper sensible au fait que certains lieux ont vu des générations et génération d'hommes s'y succéder..) et enfin, quand j’étais enfant, j’étais totalement consciente de la mort (je me rappelle encore d'un dialogue que j'avais eu avec une copine d'école en maternelle...Oui oui !) et du fait, surtout, que mes parents allaient mourir un jour, et à priori, après mes grands-parents…

« Votre cerveau a les défauts de ses qualités : l’autre inconvénient d’une pensée en arborescence, est qu’elle vous donne l’art d’user votre plaisir avant de l’avoir pris. Après avoir longuement pensé un projet enthousiasmant, vous risquez de vous dire : ‘Bah, à quoi bon ? ». Corinne est en train d’organiser les vacances familiales. Elle visite les sites d’hôtels, des offices de tourismes, repère ce qu’il y a à visiter, se renseigne sur les monuments et leur histoire. Tout ayant été très bien pensé, ses vacances seront une réussite. Aucune mauvaise surprise ne viendra entacher le séjour. Mais sur place, elle n’aura plus rien à découvrir. Son mari s’en étonne : on dirait que Corinne connaît ce lieu par cœur, comme si elle y venait tous les ans ».

«Martin est de sortie au théâtre. En s’installant en plein air dans les gradins d’un amphithéâtre moderne, il se dit qu’on a rien inventé de plus adapté depuis les premiers amphithéâtres antiques. Il pense que c’est depuis la nuit des temps que les humains aiment le théâtre et ressent un élan de tendresse pour l’humanité. Il se sent proche des anciens grecs ou romains. Il les imagine en toge, assis dans les gradins de pierre, sous la même voûte céleste, attendant eux aussi impatiemment le début de la représentation. On joue une pièce de Molière, ce soir, avec une mise en scène moderne. Le sujet n’a pas pris une ride ! A chaque éclat de rire, Martin est ému de penser que ces répliques ont trois cents ans, qu’elles faisaient déjà rire à l’époque de leur création et qu’elles feront encore rire dans trois cents ans, ses descendants, dans d’autres amphithéâtres. A l’instar de celui de Martin, le cerveau des surefficients ne se pose pratiquement jamais dans le présent et fait des aller et retours continus entre le passé et le futur ».

«Ainsi, un petit garçon de six ans écrit à ses parents depuis sa colonie de vacances : ‘C’est tellement bien ici que j’espère que si un jour j’oublierais, Dieu m’aidera à me re-rappeler !’. Cet enfant est déjà conscient de se fabriquer des souvenirs et anticipe la possibilité de les oublier. De même, Vanessa, âgée de trois ans, affirme avec le plus grand sérieux à sa voisine de soixante ans : ‘Quand je serai grande, maman aura ton âge et toi, tu seras morte !’. ‘Tu as tout compris de la vie, ma chérie !’ a intelligemment répondu la voisine, qui aurait pu être blessée par cette réflexion. C’est donc très tôt que se manifeste cette conscience du temps qui passe, de la fragilité du moment. ‘Dis, maman, tu vas mourir ?’ interrogent les enfants angoissés. ‘Seulement quand je serai vieille !’ essaient de rassurer les mères. Mais les enfants surdoués savent que la vie est fragile, que tout le monde peut mourir accidentellement à tout moment. Leur fond d’angoisse est permanent et ne peut être apaisé par les habituels discours lénifiants, peu crédibles à leurs oreilles ».

L’auteure consacre aussi une partie de son livre sur la distinction entre les différentes intelligences, les tests de QI (très controversés et je suis d'accord pour dire que c'est pas très fiable), elle évoque évidemment les « normopensants » qui constituent 8 personnes sur 10 de la population mondiale et qui, évidemment, contrôlent le monde. Car je ne l’ai pas encore écrit, mais les « surefficients mentaux » sont généralement très gentils, très serviables puisqu’ils ne peuvent pas être méchants volontairement (dans la mesure où ils éprouvent trop d’empathie pour les autres). Impossible donc pour eux (et pour moi, du coup), d’infliger de la souffrance à quelqu’un d’une manière délibérée (et je me demande comment certaines personnes peuvent prendre plaisir à être mauvaises et en harceler d’autres, juste pour le plaisir….Cela me dépasse…).

A la lecture de ce livre, je comprends donc que nous autres, les "surrefficients mentaux", ne pouvons donc pas exercer de manière délibérée des professions qui asservissent les autres. Du coup, vous vous doutez que les politiciens et les hommes d’affaires qui dirigent notre monde sont plutôt des « cerveaux gauches » quand ils ne sont pas carrément psychopathes car j’avais lu un article il y a quelques années à ce propos, les professions où il faut du « self control » et peu de sentiments, finalement, sont souvent exercés par des psychopathes – tous les psychopathes ne sont pas des tueurs en série ! (le gros cliché !)….Vous en trouverez plus chez les chefs d’entreprises et autres professions de « pouvoir »….Il faut avoir du cran pour regarder quelqu’un dans les yeux et lui promettre quelque chose dont il sait de toute manière que cela ne sera pas réalisable…Nous avons droit à ce genre de beaux discours tous les 5 ans en France, par exemple….Et le pire, c’est que les gens continuent à voter pour ces « supers menteurs »….Mais là, je m'égare....


Quand j'y pense, cela m’étonnerait également que vous trouviez des « surefficients mentaux » qui travaillent dans les pompes funèbres, aux urgences ou comme avocats…..Tout ce qui est source de stress, de douleur, de tristesse, d’hypocrisie, de malhonnêteté ou même de violence est impensable comme profession pour un « surefficient mental », au risque de péter un plomb à un moment ou à un autre et certainement tomber dans une profonde dépression à la fin – comment trouver le sommeil après avoir embaumé le corps d’un enfant, par exemple ?....Vous n’y avez jamais pensé ?....Tiens donc ! Vous en avez de la chance ! 

Néanmoins, les "surefficients mentaux" ne pensent généralement pas au suicide, car l’avantage de leur super sensibilité, c’est d’adorer malgré tout la vie, de se ressourcer en enlaçant un arbre ou en caressant un chien et surtout, d’être conscient de la douleur et la culpabilité que l’on pourrait causer à nos proches en nous donnant la mort volontairement !

«D’ailleurs, qu’est-ce qu’être intelligent ? Est-ce être doué pour quelque chose en particulier ? Les études, la musique, les affaires ? Quelle place donne-t-on à l’intelligence du cœur, et au QE (Quotient émotionnel) ? Que penser d’un intellectuel brillant, mais froid et égoïste ? Et d’une mère de famille simple mais instinctive et pleine de bon sens ? Ces dernières années, le besoin de sortir de la notion de QI et de mieux cerner l’intelligence a donné accès à de nouvelles définitions. (….). En 1983, Howard Gardner distingue huit aspects de l’intelligence : intelligence linguistique, intelligence logicomathématique, intelligence musicale, intelligence corporelle, intelligence spatiale, intelligence interpersonnelle, intelligence intra-personnelle et intelligence naturaliste. Mais ces catégories pourraient encore d’affiner à l’infini, tant l’intelligence est une notion subtile et volatile ».

«C’est le cerveau gauche qui a besoin de classer et de quantifier ce qui l’entoure et même ce qui devrait rester une donnée immesurable. Cette démarche de jauger et de coter est à l’opposé des valeurs des cerveaux droits, refusant de juger et d’apposer des étiquettes, préférant le foisonnement et la diversité. Beaucoup de personnes célèbres, brillantes et créatives ont échoué dans leur scolarité et auraient probablement des scores médiocres aux tests de QI car ces évaluations sont conçues par des cerveaux gauches pour des cerveaux gauches et ne conviennent pas au fonctionnement de l’hémisphère droit ».

«Oui, vous êtes différent. Votre cerveau est supervisé par l’hémisphère droit. Votre pensée est globale, affective, intuitive et fulgurante. Celle des normopensants est séquentielle, rationnelle et circonscrite. Ce sont bien deux mondes, deux façons de penser, donc deux mentalités qui cohabitent en croyant être semblables, tout en reprochant à l’autre des dysfonctionnements ».

Les rêves des "surefficients mentaux" sont également évoqués dans ce livre. Et notamment ce petit monde intérieur qui nous nous sommes créé. Sincèrement, pendant très longtemps j’ai pensé que tout le monde avait son petit « univers » à soi, caché au fond de son cerveau où s’évader pour échapper à la vraie vie…Hors, les « normopensants » ne vivent pas cela ! A ma grande surprise quand je l’ai compris un jour ! (notamment en observant mon mari qui est un normopensant basique…mais adorable quand même, je le précise !).


D’ailleurs, je l’ai déjà évoqué dans l’un de mes articles, mais en plus de mes « rêveries » éveillées où je m’échappe régulièrement durant la journée, il y a aussi les rêves que je fais la nuit (qui sont incontrôlables, ceux là) et où je pars régulièrement dans ce que j’appelle « mon Havre imaginaire » (je suis née au Havre et je vis dans une commune voisine maintenant). Cela ne fait que un ou deux ans que j’ai enfin mis des mots sur mes rêves et que j’ai expliqué à mon mari que lorsque je rêvais du Havre (ou des lieux qui sont chers à mon cœur, comme les Alpes où j’ai passé tous mes étés durant mon enfance, ou dernièrement l’Islande où nous avons passé notre voyage de noce), et bien je me retrouve toujours dans ces mêmes lieux qui ressemblent à la réalité mais avec des nuances notables. C’est hyper étrange et jusqu’à maintenant, je n’ai trouvé aucun autre témoignage de personnes qui vivraient la même chose dans leurs rêves…..ce monde parallèle où tout est identique mais aussi totalement différent !!!! D’ailleurs, mon mari est fasciné quand je lui explique mes rêves !

«L’adage dit qu’il vaut mieux vivre ses rêves que de rêver sa vie. Ce n’est pas forcément l’avis des surefficients mentaux. Leurs rêves sont impossibles à vivre dans cette réalité étriquée. En revanche, rêver sa vie est une option bien séduisante quand tout va de travers. Dès l’école primaire, pour échapper à l’ennui en classe et à un quotidien mororse, les enfants surefficients organisent leur évasion mentale. La puissance de leur imagination est telle qu’elle rend leurs rêves plus réels et évidemment plus plaisants que la réalité. Ils apprennent ainsi à se réfugier dans leur monde parallèle dès que le monde réel les déçoit ou les agresse. Ce monde virtuel peut être très élaboré, truffé de détails évidemment délicieux. Il correspond à leurs valeurs et leur permet d’être enfin eux-mêmes, de déployer leur potentiel en toute sécurité. Ils se voient entourés d’amis qui les comprennent et les aiment comme ils sont. Quel bonheur ! Le risque est que le surefficient trop rêver prenne l’habitude de passer plus de temps dans son monde virtuel que dans la réalité, de trouver progressivement le monde réel de plus en plus déplaisant en comparaison de ce paradis personnel et qu’ils ait de ce fait de moins en moins envie de faire l’effort de s’adapter au monde réel. S’il essaie de partager ce monde parallèle, si tangible pour lui, il passera pour mythomane ou schizophrène ».

«Parfois, le surefficient mental se réfugie dans une passion, un centre d’intérêt exclusif : les chevaux, les dinosaures, le cosmos….Plus rien ne compte que cette passion qui lui occupe l’esprit, lui fait oublier ses misères. La lecture, le cinéma et Internet sont également des supports d’évasion très prisés qui peuvent combler sa soif d’ailleurs et de connaissance ».

«Bien que vous ayez du mal à l’entendre, votre problème principal, c’est bien votre intelligence. Vous êtes clairement beaucoup plus intelligent que la moyenne des gens. L’explication est purement objective : une pensée en arborescence est plus performante qu’une pensée séquentielle, pour plusieurs raisons 
-Elle gère simultanément un plus grand nombre de données.
-Son fonctionnement par association d’idées décuple ses possibilités de mémorisation et ses choix de réponses.
-Sa capacité à établir des associations d’idées transversales augment sa créativité.
-Ces associations sont autant de raccourcis des chemins de la pensée qui lui permettent d’aller vite.
-Sa capacité à prendre les choses de façon globale lui donne une capacité à survoler et cerner les problèmes dans leur ensemble.
-La vitesse de l’influx nerveux a été mesurée : elle est plus rapide dans l’hémisphère droit ».

«Martine est secrétaire comptable. Lors de son embauche dans cette petite entreprise familiale, le service administratif était désorganisé, submergé et accusait un retard considérable à la facturation. En moins de deux ans, elle a résorbé le retard, rangé les archives, organisé le service et mis en place un système de gestion des affaires courantes très efficace. Tellement efficace, dit-elle, que du coup, elle s’ennuie et n’a presque plus rien à faire. Ce qu’elle ne comprend pas, c’est pourquoi ses collègues ne sont pas aussi organisés qu’elle : c’est tellement simple ! Et ce qu’elle comprend encore moins, c’est cette jalousie et ce rejet qu’elle sent monter peu à peu autour d’elle. Qu’a-t-elle bien pu faire pour mériter cela ? Naïve, Martine, qui ne veut pas admettre sa supériorité intellectuelle alors que ses collègues la perçoivent ! Naïve ? Pas tant que ça. Comme tous les surefficients mentaux, Martine fait des efforts constants pour occulter sa différence. Pourtant, si elle écoutait bien au fond d’elle, c’est dix fois par jour qu’elle se demande ce qu’ont les autres. Si elle s’autorisait à le penser, elle les trouverait endormis, butés ou bornés. Leur lenteur, leur manque de bon sens l’exaspèrent, mais elle se contient. Leurs conversations la sidèrent par leur banalité et leur superficialité. Leurs remarques sont des lieux communs éculés. Leurs avis manquent de gentillesse. Elle aurait souvent l’occasion de les trouver mesquins, individualistes et oui, osons le mot interdit : bêtes. Mais non, elle reculera devant ce jugement de valeur ! ».

Pour conclure, je ne peux que recommander ce livre aux personnes sensibles qui ont une prédisposition aux activités artistiques, qui sont rêveuses et qui aiment sincèrement la vie. Je me doutais déjà que j'avais un fonctionnement de pensée différent de la plupart des gens mais voir les explications données dans ce livre m'a ouvert les yeux sur bien des choses. Christel Petitcollin aborde beaucoup de sujets dans ce livre, elle tente d'apporter des solutions également pour les gens qui sont hypersensibles. Personnellement, je n'ai pas vraiment besoin de solutions, je voulais juste avoir la confirmation que je n'étais pas la seule dans mon cas. Après, je pense que je continuerai toujours à m'émouvoir plus que mon entourage positivement ou négativement sur certaines choses, mais au moins, je peux maintenant comprendre la "froideur" de certaines réflexions que j'entends par ci par là autour de moi. Mon hypersensiblité et ma grande empathie me permettent justement de pardonner à ceux qui n'en ont pas.....

Et vous, alors ? Vous êtes cerveau gauche ou cerveau droit ? 

Ma note : 19/20


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