dimanche 24 mars 2019

LES SURVIVANTS - Tome 1 : La belle et le géant




Shana Galen
Les Editions J'ai (2019)
Sortie originale 2017 
384 pages 


Synopsis :
Un demeuré qui n'a jamais pu apprendre à lire ! Voilà ce que pense le comte de Pembroke de son fils Ewan qui n'a pas eu le bon goût de mourir à la guerre. On ne peut lui confier que des tâches simples, par exemple assurer la protection de la fille du duc de Ridlington. Ewan accepte sans enthousiasme cette mission qui l'oblige à côtoyer la haute société... et la belle lady Lorraine qui s'ingénie à échapper à sa surveillance. Entre le mutique colosse et la pipelette rebelle à toute autorité s'engage la plus ardue des batailles. Car si Ewan ne craint ni les coups ni la mort, il n'a encore jamais affronté la passion...

J’ai passé un très agréable moment de lecture avec cette romance historique qui nous amène en Angleterre après les guerres napoléoniennes. Ce détail est important car notre héros, Ewan, fait partie d’un groupe de soldats d’élites qui ont combattu les français et qui sont maintenant revenus à la vie civile tout en gardant des liens très forts, pour les survivants (d’où le titre de cette nouvelle saga historique). Du coup, vous l’aurez deviné les prochains tomes seront consacrés aux acolytes d’Ewan que nous découvrons un peu dans ce tome-ci et certains m’interpellent déjà et j’ai hâte de lire le tome qui leur sera consacré…

Pour revenir à « La belle et le géant », nous avons ici une jolie jeune héritière, fille de Duc, Lorraine, qui est une proie facile pour les hommes malintentionnés en quête de sa dote et de son titre et Ewan, un soldat vétéran qui va être embauché par le père de Lorraine pour lui servir de garde du corps.

Leurs premières interactions ne vont pas être très faciles car Lorraine est impressionnée par le physique imposant d’Ewan, qu’elle surnomme « le viking » (pour elle-même, pas face à lui, évidemment !) et par ses manières musclées, voire expéditives quand il s’agit de la protéger des hommes qui veulent lui conter fleurette….

Cette romance est très sympa à lire car en plus de la jolie romance qui va grandir peu à peu entre nos deux héros, l’auteure aborde également le thème du syndrome post-traumatique des soldats (évidemment, pas dans ces termes-là car nous sommes au début du XIXème siècle) et aussi le thème de l’enfance malheureuse et des préjugés notamment avec ce qui semble être le dyslexie d’Ewan qui a toujours été traité comme un abruti par son propre père et par certains membres de sa famille (puisque ce trouble de l’apprentissage n’était pas identifié comme tel à cette époque aussi…).

Je vous recommande totalement cette lecture et pour ma part, j’attends avec impatience la sortie du prochain tome que je lirai avec grand plaisir !

Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-La romance qui évolue petit à petit : En effet, point de coup de foudre entre nos deux personnages principaux quand ils se rencontrent pour la première fois….Déjà parce que Lorraine est courtisée par un gentilhomme qui lui a monté la tête, et puis Ewan, dans son attitude un peu rustre, ne dégage pas forcément beaucoup de sympathique (même si Lorraine est néanmoins troublée par sa musculature et ses beaux yeux bleus de « Viking »….). Finalement, c’est en se côtoyant tous les jours et en discutant qu’ils vont finir par se rendre compte qu’ils ont beaucoup plus de points communs qu’ils le pensaient et finalement, la présence de l’un deviendra indispensable à l’autre….J’ai aussi bien apprécié la manière dont l’auteure a amené les scènes sensuelles entre eux-deux car ce n’était pas forcément évident et il faut aussi coller aux mœurs de l’époque….

3#-L’histoire personnelle d’Ewan : Contrairement à Lorraine qui est ce que l’on peut considérer comme une « enfant gâtée » par ses parents (même si cela reste relatif, notamment vis-à-vis de sa mère qui est parfois un peu spéciale), Ewan, quant à lui, n’a pas eu beaucoup de chance au niveau familiale, surtout avec son père, puisque sa mère est morte quand il était encore jeune et n’a donc pas pu bénéficier de son soutien très longtemps. Notre héros a donc vécu une enfance malheureuse et placée sous le signe de l’injustice et de la jalousie, notamment avec son cousin qui a été la pire des saloperies avec lui SPOILERS Heureusement, nous assistons dans le livre au triomphe d’Ewan, au rétablissement de son intégrité, notamment aux yeux de Lorraine, qui croit très rapidement en lui et du coup, se méfie de plus en plus du cousin d’Ewan, malgré ses belles paroles….Notre héros de guerre peut aussi compter sur l’appui de ses compagnons d’arme, notamment quand Lorraine va se faire kidnapper. Finalement, malgré un départ dans la vie peu enviable, grâce à son courage et son caractère, il va finir par se faire aimer de ceux qui compte vraiment pour lui à ses yeux et c’est ça le principal ! Personnellement, j’ai jubilé quand Ewan a rendu la monnaie de sa pièce à son ignoble père et son atroce cousin Francis ! Ca, ça fait plaisir à lire !


Ce que je n’ai pas aimé dans ce livre :
1#-La « romance » entre les parents de Lorraine : Mouis bon, personnellement, ces passages m’ont bien gonflée et je me demande si l’auteure n’aurait pas pu zapper ces moments-là….

2#-La fin un peu trop précipitée : En écrivant ma chronique une journée après avoir terminé ma lecture, je me rends compte que je n’arrive même pas à me souvenir comment se termine le livre….Je sais qu’ils vont finalement se marier (ne m’accusez pas de spoiler, vous savez bien que c’est la fin logique de toute romance historique !!!) mais en fait, j’aurai aimé avoir un épilogue, notamment vis-à-vis des problèmes de lecture d’Ewan qui a du mal à déchiffrer les lettres (alors que c’est un as en mathématiques…Cela aurait dû mettre la puce à l’oreille de son père qui l’a catalogué de « demeuré » dès son enfance….). Lorraine est certes une jeune fille de la noblesse mais on apprend dans le livre qu’elle a déjà aidé des enfants pour la lecture et qu’elle s’est engagée auprès d’Ewan à l’aider lui aussi….J’aurai voulu, en tant que lectrice, avoir plus de détails à ce sujet….Cela dit, peut-être que l’auteure l’abordera dans les prochains tomes puisque nous suivrons certains compagnons d’arme d’Ewan avec qui il est toujours en contact donc, en toute logique, nous devrions être amenés à retrouver Ewan et Lorraine un jour où l’autre comme c’est souvent le cas dans les sagas de romances historiques….bref, wait and see….


Quelques citations :

«Parler de son père lui flanquait des aigreurs d’estomac. En tant que benjamin, il avait eu le choix entre l’armée et le clergé. Il avait préféré servir son pays. Après la défaite de Napoléon, il avait revendu sa charge de capitaine et était revenu à la vie civile sans un regard en arrière. Son père regrettait sans doute qu’il ne soit pas mort au combat, mais il avait survécu. Et désormais, rien ni personne ne le forcerait à retourner sous les drapeaux ».


« — Vous êtes venu voir mon père ? Le Viking leva les yeux sur la façade, puis considéra Lorraine d’un air dubitatif, comme s’il peinait à croire qu’elle puisse être la fille d’un duc. 
— Le duc. Mon père. Vous êtes venu lui raconter ce qui s’est passé hier ? Ce n’est pas possible, vous savez. Il arqua un sourcil. Un seul. 
— Enfin, si, c’est possible. Je veux dire, je ne peux pas vous en empêcher. Vous êtes bien trop costaud. Un euphémisme. Elle n’était pas particulièrement petite, mais cet homme la dépassait d’une bonne tête. Il mesurait au moins un mètre quatre-vingt-dix. Il avait les cheveux très blonds, coupés court – ce qui n’était pas du tout à la mode –, et des yeux bleus très pâles. Son visage était aussi saisissant que sa stature. Ses traits semblaient taillés à la serpe : pommettes saillantes, mâchoire anguleuse. Et ses vêtements, par ailleurs de qualité, paraissaient presque étriqués sur son corps athlétique. Il ne portait ni cravate ni chapeau, ce qui était plutôt bizarre chez un homme qu’on devinait de bonne naissance ».


« Pour l’heure, Ewan ne connaissait pas encore bien lady Lorraine. À première vue, elle avait le don de chercher les ennuis, et elle était têtue et capricieuse, comme nombre de filles de duc, ou de comte. Mais elle détestait l’opéra. Elle ne pouvait donc être totalement mauvaise. Et elle était si jolie que cela le mettait dans tous ses états. D’ordinaire, les femmes ne le mettaient pas dans tous ses états. Elles avaient plutôt tendance à l’agacer avec leurs minauderies et leurs bavardages. Or il n’avait ressenti aucun agacement quand il l’avait soulevée dans ses bras pour l’emporter loin des deux ivrognes. Il avait aimé tenir contre lui son corps doux, tiède et parfumé. Et lorsqu’il avait baissé les yeux sur son visage pâle, il avait eu envie de l’embrasser jusqu’à la faire rougir. Cela la rendait dangereuse. On avait beau le considérer comme un idiot, il n’était pas stupide. Il savait qu’il n’avait pas le droit de l’embrasser. Elle était intouchable. Il devait la protéger, rien de plus ; et, dorénavant, éviter à tout prix de la regarder plus que nécessaire ».


 « — Je vais tout dire à mon père ! s’écria-t-elle. Lui lançant un coup d’œil par-dessus son épaule, il répliqua : 
— Trop tard. Vous êtes à moi ».


« Il était capable de déchiffrer quelques titres. Si certaines lettres restaient bien en place, d’autres s’éparpillaient, s’interchangeaient. Les mots n’étaient pas censés danser ainsi. Ses frères et ses cousins avaient cru qu’il plaisantait quand il leur avait dit que les mots et les lettres bougeaient lorsqu’il essayait de lire. Ewan n’en avait plus jamais reparlé, mais l’écho de leurs rires résonnait encore dans sa mémoire. Quelque chose clochait dans son cerveau. Il s’en était rendu compte ce jour-là, alors qu’il n’avait guère plus de cinq ou six ans. Il s’en doutait déjà, parce qu’il avait eu beaucoup de mal à apprendre l’alphabet et les comptines. Mais ce jour-là, il avait eu la certitude qu’il était différent des autres. Il avait compris qu’il était stupide. Un idiot. Un benêt. Par la suite, il s’était senti bête à de nombreuses reprises. Son précepteur semblait prendre un malin plaisir à le faire lire à voix haute, ce qui était une corvée pour lui autant que pour les autres. Son cousin Francis, qui était le plus proche de lui en âge, ricanait dans son dos et le tournait en dérision chaque fois qu’il disait loin pour lion ou cascapade pour escapade ».


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