Synopsis :
Une vie dont personne ne se souviendra... Une histoire que vous ne pourrez plus jamais oublier...Une nuit de 1714, dans un moment de désespoir, une jeune femme avide de liberté scelle un pacte avec le diable. Mais si elle obtient le droit de vivre éternellement, en échange, personne ne pourra jamais plus se rappeler ni son nom ni son visage. La voilà condamnée à traverser les âges comme un fantôme, incapable de raconter son histoire, aussitôt effacée de la mémoire de tous ceux qui croisent sa route. Ainsi commence une vie extraordinaire, faite de découvertes et d'aventures stupéfiantes, qui la mènent pendant plusieurs siècles de rencontres en rencontres, toujours éphémères, dans plusieurs pays d'Europe d'abord, puis dans le monde entier. Jusqu'au jour où elle pénètre dans une petite librairie à New York : et là, pour la première fois en trois cents ans, l'homme derrière le comptoir la reconnaît. Quelle peut donc bien être la raison de ce miracle ? Est-ce un piège ou un incroyable coup de chance ? Embarquée dans un voyage à travers les époques et les continents, poursuivie par un démon lui-même fasciné par sa proie... jusqu'où Addie ira-t-elle pour laisser sa marque, enfin, sur le monde ? V. E. Schwab, qui portait ce récit en elle depuis ses débuts, vient enfin de coucher sur le papier son roman le plus personnel. Découvrez l'histoire, sur plus de trois siècles, d'une femme dos au mur mais pourtant indomptable, et de son affrontement avec les forces obscures qui cherchent à la réduire au silence.
[CHRONIQUE EXPRESS]
"La vie invisible d'Addie Larue" est un gros coup de coeur pour moi ! J'ai vraiment adoré ce récit qui nous plonge dans l'histoire d'une jeune femme de 23 ans, au début du 18ème siècle, dans un petit village français qui va être "forcée" à faire un pacte avec un être de la nature, au moment de la nuit, pour éviter un mariage arrangé.
Adeline va devenir immortelle, grâce à son pacte avec "Luc" (comme elle va finir par le nommer) en échange de son âme....Mais voilà, Adeline, Addie, ne va jamais céder et va traverser les décennies et les siècles, va servir de muse à travers l'histoire, tout en étant à chaque fois oubliée par les gens qu'elle croise....Elle ne peut pas non plus écrire et laisser des traces, celles-ci s'effacent automatiquement.
Dès qu'elle sort de la vision des gens, ils l'oublient.....Cela la fera souffrir, notamment quand elle tombera amoureuse de nombreuses fois et qu'à chaque réveil, il y a cette gêne, ce regard dans les yeux des hommes qui ne se rappellent de rien et mettent tout sur la "gueule de bois".....
Addie va apprendre à s'adapter. Elle va apprendre à voler, à se nourrir, à se faire oublier, à influencer, à s'incruster chez les gens, en répétant les scènes jours après jours, puisque elle est à chaque fois oubliée dès qu'elle sort de la vue des gens....
Addie n'existe que dans les "idées" des artistes, elle les inspire. Elle va subir la disparition de ses parents, de ses amis, de son petit village français....Elle va voyager à travers le monde au fur et à mesure des découvertes de ses capacités.....Le seul hic : Elle est sensible à la douleur, à la faim, au froid....Bref, si elle doit faire attention à chacun de ses pas.
Luc, le "démon" qui lui a donné la vie éternelle, la revoit régulièrement, généralement au jour anniversaire de leur pacte. Il attend toujours qu'elle se lasse de sa vie et lui donne enfin son âme. Luc a l'apparence de l'homme idéal pour Addie.....Une relation attirance/répulsion va naître dans le coeur de la jeune femme qui essaye de se convaincre - afin de ne pas lui céder - que "Luc" n'est pas un homme mais un Etre surnaturel qui pourrait la broyer en un claquement de doigt.....
Au bout de 300 ans, Addie est maintenant à New-York, en 2014, et finit par rencontrer un jeune homme, Henry, un jeune libraire, qui se souvient d'elle !!!!! (quand elle va lui voler un livre et revenir le lendemain pour l'échanger, comme si de rien n'était, pensant qu'il l'a oublié comme tous les humains qu'elle a croisés depuis trois siècles....). Vous vous imaginez son choc, sa stupéfaction.....
J'ai vraiment adoré la manière dont l'auteure américaine, V.E Schwab, va faire évoluer notre héroïne, la faire vivre les grandes étapes de l'histoire de France, et ensuite dans les autres pays. Evidemment, en 300 ans, Addie a appris de nombreuses langues, elle a - d'abord - mis plusieurs années à apprendre à lire - car il ne faut pas oublier qu'au départ, c'est une petite paysanne née en 1691, et à cette époque, l'illettrisme était la norme pour les gens du peuple.....
La relation entre Henry, le jeune libraire new-yorkais, qui va bientôt fêter ses 29 ans, et elle, la fille de 300 ans mais qui en parait 23, est surprenante, irréelle et salvatrice.
Evidemment, on va aussi en apprendre beaucoup sur le jeune homme car lui aussi cache des secrets....
Et "Luc" alors ? Le "démon", le "Dieu de la nature", le "Ténébreux".....Ce personnage est fascinant....Et sa relation avec Addie est particulière et finalement profondément romantique.....Encore que....Rien n'est jamais gravé dans le marbre....
Je vous conseille à 100% cette lecture ! Rien que pour la culture et l'Art qui sont évoqués dans ce livre, que ce soit la peinture, la sculpture, la musique....Addie a assisté à tout ce qui a été produit de plus beau par les êtres humains, mais aussi le pire (les guerres, les épidémies etc).
Addie est un personnage incroyable et le duo qu'elle forme avec Luc est sensationnel, un jeu pervers mais aussi désespéré car finalement, le "Ténébreux" est aussi seul qu'elle....Et elle, au fil des années, perd également son humanité et devient son égal, son double, sa moitié....
J'ai dévoré ce livre et franchement, je trouve l'imagination de V.E Schwab remarquable. C'est un livre qui mériterait vraiment d'être adapté en film ou en série car le récit est addictif et nous pousse à connaitre le destin d'Addie au fur et à mesure des pages.
"La vie invisible d'Addie Larue" restera longtemps dans ma mémoire, ce qui est un comble car justement, le thème de ce livre, c'est que notre héroïne disparait instantanément de la mémoire des gens dès qu'elle disparait de leur champ de vision......Lisez ce livre !!!!!!!
Quelques citations :
"Addie ressort enfin de la petite cabine. À l’autre bout de la boutique, la vendeuse sursaute, déstabilisée. — Ça allait ? demande-t-elle, trop polie pour admettre qu’elle ne se souvenait pas d’avoir conduit quelqu’un en cabine. Que Dieu bénisse le service client… Addie fait non de la tête, comme si elle était triste de repartir bredouille. — Il faut parfois se contenter de ce qu’on a, répond-elle avant de se diriger vers la porte. Quand l’employée finira par trouver les vêtements, cette silhouette allongée par terre dans la cabine, elle ne se rappellera pas à qui ils appartiennent et la cliente croisée à peine quelques secondes plus tôt aura disparu de sa vie, de son esprit et de sa mémoire. Addie balance la veste par-dessus son épaule, un doigt glissé dans le col, pour surgir dans la lumière du soleil".
"— Il y a des règles. Adeline déteste les règles, même si elles sont parfois nécessaires. — Lesquelles ? — Tu dois faire preuve d’humilité. Leur offrir un objet auquel tu tiens. Il faut aussi faire attention à ce que tu leur demandes. — C’est tout ? la questionne Adeline après un instant de réflexion. Le visage d’Estelle s’assombrit. — Les anciens dieux sont puissants, mais ils ne sont ni bienveillants ni indulgents. Ils sont capricieux, aussi instables que le reflet de la lune à la surface de l’eau ou les ombres au sol par temps d’orage. Si tu persistes à vouloir les invoquer, sois prudente : prends garde à ce que tu leur demandes et sois prête à en payer le prix. Penchée vers la jeune fille qu’elle plonge dans l’ombre, elle ajoute : — Et, surtout, même si la situation est dramatique ou désespérée, ne prie jamais, au grand jamais, les dieux qui répondent à la nuit tombée."
"Addie a eu trois cents ans pour apprendre l’art de son père, pour s’en tenir aux vérités essentielles et découvrir ce dont elle ne pouvait pas se passer. Voilà ses conclusions : elle peut vivre sans manger (elle ne se flétrira pas) et sans chaleur (le froid ne la tuera pas). Mais une vie sans art, sans émerveillement, sans beauté… elle en deviendrait folle. D’ailleurs, elle l’est devenue. Elle a éperdument besoin d’histoires. Elles sont un moyen de se préserver, de rester dans les mémoires, mais aussi d’oublier. Elles prennent de multiples formes : dessins, chansons, peintures, poèmes, films et, surtout, livres. La lecture, comme elle l’a découvert, permet de vivre un millier de vies – ou de trouver la force d’en vivre une seule, incroyablement longue".
"La voix sort d’une bouche aux lèvres parfaites. L’ombre ouvre des yeux émeraude qui dansent sous ses sourcils noirs, ses cheveux d’ébène bouclent sur son front et encadrent un visage qu’Adeline ne connaît que trop bien. Un visage qu’elle a fait apparaître un millier de fois au crayon, au fusain et dans ses rêves. C’est l’inconnu, son inconnu à elle. Elle sait que c’est une ruse, une ombre qui se fait passer pour un homme. Malgré tout, elle en a le souffle coupé. Le ténébreux baisse les yeux sur son propre corps comme s’il le découvrait pour la première fois. Il semble l’apprécier. — Ah… Tu crois en quelque chose, au final. Eh bien… ajoute-t-il en plantant son regard dans les yeux de celle qui l’a convoqué. Tu as appelé et je suis venu. « Ne prie jamais, au grand jamais, les dieux qui répondent à la nuit tombée. » Adeline le sait – Estelle le lui a assez martelé –, mais c’est le seul qui lui a répondu. Le seul disposé à l’aider. — Es-tu prête à payer ? Payer… le prix… la bague. Adeline s’agenouille pour fouiller le sol jusqu’à trouver le cordon de cuir, puis elle déterre le bijou de son père. Elle le tend au dieu, son bois clair souillé de terre, et il s’approche. Malgré son allure humaine, il se déplace comme une ombre. Un seul pas et le voilà qui s’impose à elle, une main refermée sur la bague, l’autre posée sur la joue d’Adeline. Il caresse de son pouce la tache de rousseur sous son œil, première étoile de sa constellation. — Je ne fais pas commerce des breloques, ma chère, déclare le ténébreux en s’emparant du bijou. L’anneau de bois s’effrite dans sa main avant de dis-paraître, réduit en fumée. Adeline pousse un petit cri étranglé – s’il était déjà difficile de se séparer de la bague, il est encore plus douloureux de la voir effacée du monde comme une tache de charbon sous les ongles. Si cette offrande ne suffit pas, que lui faut-il ? — Je vous en prie… je donnerais n’importe quoi ! De la main qui repose toujours sur sa joue, l’ombre lui soulève le menton. — Tu imagines que je me satisfais de n’importe quelle babiole. Mais je n’accepte qu’une seule monnaie, ajoute le dieu avant de se rapprocher, ses yeux verts aussi brillants que des diamants, sa voix douce comme de la soie. Moi, je fais commerce des âmes".
"De toutes les inventions qu’Addie a vu naître – le train à vapeur, l’éclairage électrique, la photographie, le téléphone, l’avion, l’ordinateur –, le cinéma est sans doute sa préférée. Les livres sont merveilleux, impérissables et faciles à transporter, mais quand Addie s’assied dans une salle obscure devant un écran géant, le monde extérieur disparaît. Pendant quelques heures vite écoulées, elle change d’identité pour plonger dans la romance, le suspense, la comédie ou l’aventure. Avec en prime une image haute définition et un son stéréo. Le poids de la réalité revient doucement peser sur ses épaules lorsque le générique de fin défile. Après avoir passé le film entier en état d’apesanteur, elle redevient elle-même. Elle redescend sur Terre".
" Addie s’avance alors et lance gaiement : — Bonjour ! — Bonjour, réplique Henry d’un ton prudent. Je peux vous aider ? Elle pose L’Odyssée sur le comptoir. — J’espère, répond-elle en usant de tout son charme. Mon ami m’a acheté ce livre, mais je l’ai déjà. J’aimerais bien l’échanger contre un autre. Il la dévisage, un sourcil haussé derrière ses lunettes. — Tu es sérieuse ? — Je sais, dit-elle avec un petit rire. Difficile à croire que je l’aie déjà en grec, mais… — Tu es vraiment sérieuse ! la coupe-t-il en redressant le buste. Troublée par son ton, Addie se met à balbutier. — Je me disais que… Ça ne coûtait rien de demander… — Ce n’est pas une bibliothèque, ici, la réprimande-t-il. On ne peut pas échanger un livre contre un autre d’un claquement de doigts. — Je le sais bien, rétorque-t-elle, un peu vexée. Mais comme je l’ai dit, ce n’est pas moi qui l’ai acheté. C’est un de mes amis et je viens de t’entendre proposer à cette dame de… Le visage du libraire se durcit pour devenir aussi implacable qu’une porte claquée. — Un petit conseil : la prochaine fois que tu essaies de rendre un livre, ne t’adresse pas à celui à qui tu l’as volé. Le sang se met à cogner aux tempes d’Addie. — Quoi ? — Tu es venue hier, insiste-t-il. — Je ne… — Je me souviens de toi. Cinq mots assez puissants pour faire basculer le monde. « Je me souviens de toi. » Sous le choc, Addie chancelle. Elle tente de retrouver son équilibre. — Impossible… affirme-t-elle. — Bien sûr que si, rétorque-t-il, le regard mauvais. Tu es venue hier, en pull à rayures et legging noir. Tu as volé cet exemplaire de L’Odyssée, que je t’ai rendu, parce que personne n’en voudrait, de toute façon. Et tu as le culot de revenir l’échanger contre un autre livre ? Alors que tu n’as même pas acheté le premier ! Prise de vertige, Addie ferme les yeux. Elle n’y comprend rien. Comment est-ce possi… — Je crois que tu ferais mieux de partir, conclut-il. Elle rouvre les yeux. Il lui montre la porte du doigt, mais les pieds d’Addie refusent de bouger. Ils refusent de l’éloigner de ces cinq mots. « Je me souviens de toi. » Trois cents ans… Trois cents ans que personne n’avait prononcé cette phrase. Jamais personne ne s’est souvenu d’elle. Pas une seule fois. Elle voudrait attraper le libraire par la manche, le secouer, savoir pourquoi, comment, ce qu’il a de si spécial… Mais le client au livre d’histoire militaire attend pour payer, son fils accroché à la jambe, et Henry la fusille du regard. Que se passe-t-il ? À deux doigts de s’évanouir, elle s’agrippe au comptoir. Le visage du garçon à lunettes s’adoucit brièvement. — S’il te plaît… marmonne-t-il. Va-t’en. Elle essaie, mais elle n’y arrive pas. Elle parvient néanmoins à se traîner jusqu’à la porte, gravir les quatre petites marches qui mènent de la boutique à la rue… avant de s’effondrer. Elle se laisse tomber sur le trottoir et enfouit la tête entre ses mains. Va-t-elle pleurer ou rire ? Ni l’un ni l’autre. Elle observe par l’insert en verre biseauté le va-et-vient du libraire à l’intérieur de la bouquinerie. Elle n’arrive pas à le quitter des yeux. Je me souviens de toi. Je me souviens de toi. Je me souviens de toi. Je me souviens de toi. Je me souviens de toi. Je me souviens de toi. Je me souviens de toi. Je me souviens de toi. Je me souviens de toi. Je me souviens…".
"Vous me sous-estimez. — Vraiment ? rétorque-t-il avant de boire une gorgée de champagne. Dans ce cas, nous verrons bien. — Exactement, confirme Addie en levant son propre verre comme pour porter un toast. Nous verrons bien. Sans le savoir, il vient de lui faire un cadeau. Le temps n’a ni visage, ni forme, ni matière à combattre. Mais, à force de rictus et de railleries, le ténébreux lui a offert la seule chose qui lui manquait : un ennemi. Et la bataille commence dès ce soir. Si le premier coup a été tiré à Villon, au moment où le dieu lui a volé sa vie en même temps que son âme, c’est aujourd’hui qu’elle lui déclare la guerre".
"Elle a vu des merveilles, sombré dans la folie, dansé sur des congères et tremblé de froid sur les quais de Seine. Tant de fois elle est tombée amoureuse du ténébreux. Une seule fois d’un être humain. Et elle est épuisée. Vraiment épuisée. Mais une chose est sûre : elle a vécu".
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