Auto-Edition (2022)
294 pages
Synopsis :
Au lycée, Jelena est la victime préférée des harceleurs. Trop ronde, trop libre et trop sensuelle, surtout aux yeux du taciturne Serik, le boxeur adulé de tous. Aujourd’hui, Jelena assume fièrement qui elle est. Professeure de danses urbaines, sa vie est pourtant sur le point de basculer quand son école de danse est menacée et qu’elle se voit contrainte de côtoyer l’ex-sportif, cauchemar de son adolescence.
Serik est désormais le père d’un petit garçon qui ne parle plus, mais il n’a pas changé. Il est toujours aussi méprisant, dévoré par une mystérieuse colère. Jelena et Serik se détestent et s’attirent. Ils vont se défier aussi violemment qu’ils se désirent. Mais le pardon est le plus difficile des combats…Jelena et Serik sont-ils réellement prêts à affronter le passé ?
[CHRONIQUE EXPRESS]
J’ai vraiment passé un très agréable moment de lecture avec « Envers et (tout) contre toi » d’Anna Briac !
Nous avons ici pour héroïne , Jelena, une jeune femme de 28 ans qui a toujours eu la passion pour la danse et qui a fini par en faire carrière (d’abord comme danseuse professionnelle, à exercer sa passion à travers le monde, puis après une blessure, elle s’est reconvertie en professeur de danse). Elle vit à Halifax, une ville canadienne, au bord de la mer dans un appartement avec sa chatte. Elle a pour deux meilleurs amis, son voisin sexy Finn (avec qui cela n’a jamais été plus loin qu’un « flirt avorté ») et Patti, sa meilleure amie depuis le lycée.
Jelena a perdu sa mère quand elle était enfant. Elle a une sœur aînée qui est maintenant mariée et mère d’une adolescente….Et son père, atteint de la maladie d’Alzheimer, est placé dans établissement spécialisé pour personnes âgées.
Serik, de son côté, faisait de la boxe quand il était ado….Enfin, c’était surtout un argument pour expliquer les blessures qu’il pouvait avoir au visage car son père, ancien boxeur, alcoolique, les tabassaient lui et sa mère (et Serik a toujours fait en sorte de protéger sa petite sœur Alina).
Notre héros était le « bad boy » du lycée, et une simple réflexion à l’encontre de Jelena (en la traitant de baleine), alors qu’elle était dans le même lycée que lui à l’époque, a fait de la vie de la jeune fille un enfer, car si lui, n’a finalement, jamais harcelé notre héroïne, les gars qui prenaient Serik comme modèle se sont acharnés sur elle…
La relation entre nos deux héros est dès le départ très complexe car finalement, chacun « craquait » pour l’autre, mais ils sont toujours restés « à distance »…J’ai beaucoup aimé ces passages de flashback dans l’adolescence de nos deux héros, car cela permet de mettre les bases sur leurs personnalités respectives….
Si Jelena était une jeune fille lumineuse qui a toujours tenté de se battre et de positiver sur la vie, malgré les drames qu’elle a connu, Serik, qui lui aussi a vécu des choses pas faciles, a totalement vrillé de l’autre côté, refermant son cœur….Cela ne l’a pas empêché de devenir père « malgré lui » quelques années plus tard et c’est maintenant trentenaire, chef d’entreprise et veuf, qu’il va revenir à Halifax et emménager avec son fils de 8 ans dans le même immeuble que Jelena, la fille qui l’attirait tant au lycée, par ses courbes voluptueuses et sa gentillesse mais qu’il haïssait aussi parce qu’elle reflétait tout ce qu’il ne pouvait pas être et ne pouvait pas avoir….
Il y a une bonne dose de positivisme dans ce livre, malgré certaines situations qui serrent le cœur (comme quand le père de Jelena danse avec elle mais la prend pour une infirmière car il ne se rappelle plus d’elle à cause de sa maladie…). J’ai aussi aimé l’entourage de Jelena, que ce soient ses deux meilleurs amis, mais aussi toute la bande de pompiers et les danseurs.
Le passage qui se déroule au bord de la mer est pour moi un moment clé de la relation qui va s’instaurer entre nos deux héros (et c'est tellement intense !!!!!!!) car on peut dire que Serik va très mal démarrer ses retrouvailles avec Jelena…Déjà, aucun des deux ne veut admettre qu’il a reconnu l’autre (cela voudrait supposer qu’ils avaient chacun une place particulière dans leurs souvenirs respectifs) mais c’est sans compter sur le petit Tim, le fils de Serik, qui, bien que muet, depuis le décès de sa mère, et les harcèlements subis dans son ancienne école, qui va tout faire pour provoquer des rencontres entre nos deux héros….
Dans toute bonne romance qui se respecte, notamment un « enemies to lovers », il y a le passage dramatique, le quiproquo, qui fait que nos deux héros, après s’être tombé dans les bras, pleins de passion, vont se séparer avec autant d’éclat (en tout cas, au niveau de leur mal-être ressenti durant toute la durée de leur séparation). L’auteure Anna Briac a réussi à nous trouver un motif intéressant pour leur rupture, car il y avait à ce moment-là pour Jelena, beaucoup plus d’enjeux qu’une simple « histoire d’amour »…..
Bref, je vous recommande totalement « Envers et (tout) contre toi » d’Anna Briac, qui vous fera passer par des grands-huit émotionnels ….Ce livre est un premier tome….Comme la romance entre nos deux héros est totalement aboutie à la dernière page, je suppose que le prochain tome concernera un autre personnage ? Personnellement, j’aimerai énormément que ce soit Finn, le voisin pompier et sexy de Jelena, qui trouve enfin l’amour, lui qui semble être vraiment en attente de « la femme de sa vie »….Bref, on verra bien !
Quelques citations :
"Je croyais bêtement qu’il y avait quelqu’un d’autre, derrière la façade méprisante de roi du lycée soigneusement entretenue par Serik. Je me suis plantée. Il est exactement ce à quoi il ressemble : un mec imbu de lui-même, doté d’autant d’empathie qu’une bactérie et qui ne sort du silence que pour assassiner d’un mot ceux qui lui déplaisent. Je me désole moi-même d’être si réceptive à son charisme magnétique".
"Quand je suis sortie du studio, le premier soir, Serik sortait d’un de ses entraînements de boxe, au rez-de-chaussée du bâtiment. J’avais mes écouteurs dans les oreilles, et je fermais à moitié les yeux, toujours plongée dans ma chorégraphie. Je ne l’ai pas vu, et je l’ai percuté. Un mur dur et inflexible, à l’expression hargneuse. Je me suis reculée, la peur nouant mes entrailles, en réalisant qui se tenait devant moi".
"Sur le chemin du retour, je fais toujours une pause vers l’église Faith City, pour saluer Joe, le SDF qui vit là. On échange quelques mots, parfois je lui donne un peu d’argent. Serik a attendu à chaque fois que je me suis arrêtée, faisant mine de scroller sur son téléphone, avant de repartir en même temps que moi. J’ai fini par trouver sa présence silencieuse étrangement rassurante, dans la nuit. Un soir, je suis sortie en retard. Il était quand même là, adossé au mur, l’attitude ombrageuse et le visage marqué de nouveaux hématomes. Sa cigarette à moitié consumée formait un point brillant dans la pénombre. — Tu m’attends ? l’ai-je interrogé, incrédule. Il a levé les yeux au ciel, a soufflé sa fumée vers les nuages, avant de lâcher d’un ton méprisant : — Je finis ma clope, ça se voit pas ? J’ai haussé les épaules. Il m’a emboité le pas, dès que j’ai traversé la rue pour gagner la lumière des lampadaires. Et notre rituel silencieux s’est poursuivi, semaine après semaine".
"— Merci, ai-je soufflé. Il s’est tourné vers moi, ses yeux de nuit hantés, et il a craché : — Le viol fait partie de tes objectifs de vie ? — Bien sûr que non ! — Alors essaie d’être moins conne, la prochaine fois, et passe ta route, au lieu de jouer aux justicières ! Et apprends à cogner, plutôt que de t’agiter sur de la musique, putain ! Il s’est barré, me laissant en plan, les bras ballants, entre incrédulité, colère et soulagement".
"Pourtant, il vient de me traiter de baleine. C’est la première fois qu’il s’en prend à moi. Je retiens l’éclat de rire sarcastique qui monte dans ma poitrine. Dire que je croyais que notre relation étrange était teintée d’une sorte de respect… J’avais tout faux. Toutes ces fois où je l’ai trouvé presque sympa, il devait seulement être malade. Un truc mal digéré. Heureusement que je n’ai pas commencé à projeter sur lui une forme de syndrome du sauveur, avec sa gueule d’ange cabossée et son humeur de tueur. Heureusement que je n’ai pas commencé à rêver de lui, la nuit, et à le chercher dans les couloirs du lycée, le jour, espérant croiser son regard noir captivant. Pas commencé à trouver la largeur de ses épaules séduisante, pas eu envie d’effleurer du bout des doigts ses pommettes hautes si souvent bleuies par des hématomes. Heureusement, hein… Je pince les lèvres et secoue la tête. L’univers vient juste de me remettre les idées en place. La baleine et le boxeur, tu parles d’un titre de roman d’amour ! Patti a raison. Bientôt, je ne serai plus dans ce lycée. Je vais réussir les sélections, je deviendrai danseuse professionnelle, je voyagerai à travers le monde, et tous ces trouducs ne seront plus qu’un lointain souvenir'.
"Ma gorge se serre, tandis que je me revois adolescente, en proie aux moqueries des lycéens. Je ne veux pas redevenir cette Jelena, celle qui faisait semblant que ça ne l’atteignait pas, mais qui avait le cœur semblable à une vieille serpillère : plein de trous, élimé, trempé de larmes. Si je ne suis plus une danseuse, je ne suis plus personne".
"Quel dommage qu’on ne soit pas compatibles, Finn et moi… On a essayé, pourtant. Ça a débouché sur le pire rendez-vous de l’histoire de la séduction, un moment plein de malaises et de contretemps dans le rythme de nos gestes, alors que notre conversation, elle, ne souffrait d’aucun blanc. Quand on a poussé l’expérience jusqu’à s’embrasser, on a atteint le degré moins douze de l’alchimie, un truc tellement gênant qu’on a piqué un fou rire explosif et libérateur. Ça a scellé notre amitié. Je le considère désormais comme mon petit frère, vu qu’il a deux ans de moins que moi".
"Putain de merde. Un mètre quatre-vingt-cinq au moins, des épaules larges qui tendent son costume de luxe anthracite, le teint mat, une mâchoire carrée, des cheveux brun foncé coupés court et un regard plus noir que la nuit… Il parait furieux. L’ai-je déjà vu ? Son visage ne m’est pas inconnu, et pourtant je ne parviens pas à retrouver qui il est. Instinctivement, je me place devant l’enfant pour le protéger. Ce type exsude le danger. Il s’approche de nous à grandes enjambées rageuses, façon char d’assaut sur le point d’engager le combat. Le petit glisse sa main dans la mienne. — Stop ! ordonné-je d’un ton glacial. Arrêtez-vous. — Je viens récupérer mon fils, gronde l’homme d’une voix grave. Alors que je crois qu’il va me percuter et m’éjecter de sa trajectoire, il s’immobilise, respectant ma demande. Je me tourne vers l’enfant, médusée. — C’est ton papa ? Acquiescement sans équivoque. Le fameux Connard Ténébreux... Même s’il est indéniablement séduisant, il ne provoque en moi qu’un malaise confus : la colère rend juste les mecs effrayants, surtout quand ils ont cette carrure. La violence n’est pas sexy. Jamais. Je me souviens d’un de mes ex, qui, un jour de rage, a bousillé le mur de son salon à coups de poing. Ça ne m’a pas donné envie de le prendre dans mes bras pour le consoler, mais plutôt de lui filer le numéro d’un psy, parce que la frustration, en général, on parvient à la gérer avant ses huit ans. J’ai choisi l’option trois, et je l’ai quitté sans remords"
".Je quitte le bâtiment d’un pas rageur. J’étais furieux après la baby-sitter, mais quand je suis arrivé au premier étage de l’immeuble, et que j’ai vu mon fils, à travers les vitres du couloir… Il souriait. Il dansait avec une sorte de grâce aérienne, son petit corps fluet comme sous l’emprise d’un sortilège puissant. Je suis resté un moment à l’observer, totalement désarçonné. Et puis, la prof s’est approchée de lui, ses longs cheveux bruns cascadant dans le dos, pleine d’assurance. Elle a corrigé une posture, lui a murmuré quelques mots. Le sourire de mon fils s’est élargi. J’ai noté les formes appétissantes de la nana et son cul d’enfer, musclé par la danse. Elle s’est retournée… Je l’ai reconnue immédiatement. Décolleté à se damner, rondeurs sensuelles, visage de poupée aux lèvres pleines et une joie de vivre éclatante, que les années n’ont pas ternie. Jelena Campbell, la fille qui a hanté un paquet de mes plaisirs solitaires d’ado. Celle que j’ai désirée et haïe si fort, à parts égales, parce qu’elle était libre, elle. Elle se foutait du jugement des autres, elle osait prendre sa place et avancer dans le monde, tête haute, alors que je ne faisais qu’encaisser les coups. Elle était emmerdée par des dizaines d’ados, moquée, pointée du doigt, et pourtant, jamais je ne l’ai vu ployer sous les insultes. Elle relevait le menton et affrontait la vie avec la fierté de ceux que rien n’atteint, parce qu’ils évoluent loin au-dessus de nous. Elle était libre, quand je me suis imposé tant de règles, pour m’extirper de mon existence de merde ! Je me suis bâti un avenir confortable, mais face à cette fille si vivante, dans sa salle de danse modeste, je me suis senti en cage, à nouveau prisonnier de mon passé. Je n’étais plus que ce garçon qui boxait avec sa rage et qui luttait en vain pour ne pas se noyer. Parce que c’était elle, la reine du monde. Et putain, qu’est-ce que j’ai pu la détester pour ça ! Mes souvenirs me sont tombés dessus avec la délicatesse d’un char d’assaut. Elle ne m’a même pas reconnu… Ouais, j’avoue, c’est blessant. Et qu’en plus, elle parvienne à communiquer si facilement avec Tim… Ce n’est plus seulement blessant, ça me plante un pieu en plein cœur. Il avait l’air heureux, plus heureux que lorsqu’il est avec moi, en tout cas. La jalousie, le désarroi, la frustration m’ont percuté en pleine poitrine, en un raz-de-marée suffocant".
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