mercredi 30 novembre 2022

UN BOSS D'ENFER [Chronique express]



Ophidia Baker
Les Editions BMR (2022)
368 pages
 
Synopsis :
Victoria est la maladresse incarnée. Premier jour de travail en tant qu’assistante de direction de l’agence Phénix Web, et elle se fait surprendre à parler (de manière peu élogieuse) de son patron. Mais loin de s’en formaliser, Alexandre D’Enfer, alias le Cyclope, apprécie son franc parler  ! Si son patron porte à merveille ce surnom, c’est parce que, derrière cette impressionnante barbe rousse et ses cheveux désordonnés, se cache un œil aveugle. Il décide de l’embarquer avec lui, contre la promesse d’un généreux chèque, dans sa somptueuse maison d’enfance car des soucis familiaux requièrent sa présence. Victoria pense que son patron est un insupportable gosse de riche, mais elle accepte, sans réaliser dans quoi elle met les pieds. Entre un père détestable, un frère impoli et une sœur déprimée, Victoria n’est pas certaine de réchapper de ce manoir de l’enfer indemne. Si ce n’est pour Alexandre, dont le charme, contre toute attente, ne la laisse pas indifférente…

CHRONIQUE EXPRESS

Même si ce livre avait tout pour plaire, il y a quelques « détails » qui m’ont un peu « turlupinée ». Cela dit, son originalité vient surtout du physique atypique du héros, qui est borgne (et ne cache pas son "œil blanc")…..En même temps, je suis comme l’héroïne, Victoria : Ce genre de « défaut » physique ne me rebute pas (contrairement à certains personnages dans le livre qui n’hésitent pas à exprimer leur dégoût vis-à-vis de lui….Sympa…).

Je vais d'abord faire la liste des éléments que j’ai apprécié dans ce livre : Déjà, l’héroïne, qui n’a pas la langue dans sa poche et qui fait parfois des gaffes (notamment au début du récit), j’aime aussi son humanité, son courage, son empathie et son humour. En plus, elle est bénévole dans un refuge pour chevaux, que demander de plus pour montrer qu’elle a vraiment bon cœur !

Le héros, Alexandre d’Enfer, est sexy (oui, même s’il est borgne !)…Il parait d’abord « antipathique et asocial » puisque même ses employés le craignent et le surnomment « le cyclope »…..Hors, une fois que Victoria est obligée de l’accompagner dans une petite station montagnarde où sa famille possède un manoir (et une partie du village), notre héros nous montre un tout autre aspect de sa personnalité, qui est fort séduisant (d’ailleurs, l’héroïne tombera peu à peu sous son charme…C’est le but, vous allez me dire, dans une romance)….

Donc,  au niveau de la romance entre nos deux héros, je n’ai rien à redire, j’ai beaucoup apprécié leur alchimie et leurs petits piques du départ (un peu un « enemies to lovers » comme je les aime) mais maintenant je vais aborder les détails que j’ai moins aimé, certains parfois totalement WTF et si j’étais l’auteure, Ophidia Baker, je retravaillerais ces éléments pour les rendre un peu plus crédibles….Car là, on a parfois l’impression d’être dans une mauvaise comédie romantique de feuilleton américain, où tout part à vau-l’eau.

Déjà, il y a la famille très dysfonctionnelle d’Alexandre….Ils sont très très riches….Et ils sont surtout très caricaturaux dans leur manière de traiter les autres et de gérer leurs propres problèmes !!!!

Partie spoilers, attention !

J’ai cru comprendre qu’une partie du manoir n’était pas accessible….Mais pas plus de détails à ce sujet, ce qui est fort dommage….A tout moment, j’ai cru que le frère jumeau d’Alexandre (qui a « disparu » à 16 ans) était en fait « enfermé » dans cette partie du manoir, comme un monstre reclus….Oui, franchement, j’ai cru à cela, car sa « mort », sa disparition, est expliquée tellement succinctement par Alexandre que cela m’a donné un arrière-goût d’inachevé….

L’ancien meilleur ami palefrenier, qui est fâché avec Alexandre, et finalement, on comprend que le père d’Enfer, exerçait un chantage sur celui-ci pour qu’il ne parle plus à son fils….mouais….Vu que ce n’était un secret pour personne qu’Arthur d’Enfer était un être abominable et manipulateur, ces deux-là auraient pu comprendre qu’il fallait faire front ensemble plutôt que de se brouiller pendant des années…..

Violette, la petite soeur lesbienne d’Alexandre, mariée de force à un anglais…..Que vous dire de plus à propos de cela….J’ai trouvé le caractère de cette fille extrêmement faible, car elle a préféré « obéir » à son père, plutôt que de rester avec sa petite amie….Comme quoi, entre l’argent et l’amour…..Bref….Sans commentaire….Heureusement que notre héroïne est là pour recoller les pots cassés, mais bon, franchement, une fille comme Violette mérite-t-elle vraiment qu’on se batte pour elle ?....

Le frère ainé d’Alexandre, qui est un violeur en puissance….Sans commentaire….Il traite les femmes comme de la viande, c’est tellement "too much" !….Même face à Victoria, j’entendais presque ses « yek yek yek » vicieux comme dans une caricature de pervers dans les films….

La gamine qu’il a eu suite à l’une de ses agressions sur une femme du village (celle qui a dit à Victoria que le visage d’Alexandre la dégoûtait….Pourtant, pour que sa gamine puisse devenir l’héritière de notre héros, elle ne s’est pas fait prier (car oui, il va se « sacrifier » pour corriger le crime de son frère…..Bref bref bref !!!!!!)…. Elle en mérite des baffes, celle-là aussi ! Et du coup, quand Victoria la prends à revers, bien fait pour sa gueule !!! ….Donc, oui, c’est pareil, je n’ai pas apprécié cette partie-là de l’histoire….Tout comme je n’ai pas apprécié que la petite fille parte toute seule du village pour aller aux écuries du manoir….Totalement improbable comme situation….Une gamine de cet âge ne peut pas faire ça….Elle a un GPS imprimé dans le cerveau ?....Elle suit les chevaux à l’odeur ?.....

On en parle des blagues vaseuses d’Alexandre et son ami palefrenier (quand ils sont enfin réconciliés) sur un probable plan à trois avec l’héroïne….No way !!!!!!

Et enfin, les parents de l’héroïne qui semblaient former un couple parfait et finalement, la mère est cocue depuis longtemps et ils vont finir par divorcer….Ok….C’est très malaisant…..très très trèèèèès malaisant, surtout la manière dont Victoria va découvrir la situation….

En conclusion, l’auteure Ophidia Baker a voulu nous faire partager une jolie romance de noël avec deux personnages qui n’avaient rien en commun, pour cela, je suis contente d’avoir lu ce livre, mais les mystères et les complots concernant la famille d’Enfer m’ont semblé trop tirés par les cheveux pour que je les apprécie !

A un moment, il faut savoir doser « les obstacles » que doivent rencontrer les héros de romance pour enfin devenir un couple…..

En parlant de dosage, une dernière remarque : Au départ, j’avoue, j’ai bien ri à certaines métaphores que disait l’héroïne pour décrire les situations dans lesquelles elle se trouvait ou nous décrire, à nous lecteurs, ses sentiments….Mais au bout d’un moment, utiliser constamment des images, des comparaisons pour décrire un sentiment, ou une action, cela devient lourdingue ! Il faut savoir doser !!! Je persiste et signe !!!!! Tout est une question de dosage et dans ce livre, il y a beaucoup trop de "too much" !

Alors, est-ce que je vous recommande ce livre ? Non, pas forcément, surtout si vous aimez les histoires « claires » avec des personnages cohérents et crédibles….Par contre, si vous aimez les comédies romantiques WTF avec des situations parfois totalement burlesques, oui, là, vous pouvez tenter cette lecture ! (en plus, les joutes verbales entre nos deux héros, au début du livre sont assez succulentes !)…..Après tout, il faut quand même que je sois honnête avec vous : malgré ses défauts, je suis allée jusqu’au bout du livre, ce qui n’est pas le cas de certains  autres livres que j’ai commencé cet automne mais malheureusement abandonné car certains éléments ne me plaisaient pas, mais alors vraiment pas !….

Quelques citations :
 
" À cet instant précis, un bruit se fait entendre juste au-dessus de moi. Je lève la tête. Merde : quelqu’un se tenait sur le palier surplombant le mien, et descend maintenant les marches d’un pas pressé. J’ai à peine le temps de me relever, que je me retrouve nez à nez avec l’homme le plus grand que j’aie jamais vu. Une boule se forme dans ma gorge quand j’aperçois, par-delà ses lunettes à monture noire, son œil gauche complètement amoché. La pupille et la sclère présentent un aspect opaque et laiteux, mort, comme j’ai déjà pu le voir chez certains aveugles. Une cicatrice fend d’une zébrure blanche son arcade sourcilière. OK, je comprends mieux le surnom, maintenant ! Même si, en ce qui me concerne, je me serais plutôt orientée vers la piraterie que vers la mythologie. Mon petit côté aventurière, certainement. Côté qui semble avoir décidé de prendre des vacances, là, maintenant. Il lance sa cigarette dans son gobelet de café, et tend sa main rendue libre vers moi. — Je crois que nous n’avons pas été présentés. Je suis l’insupportable gosse de riches. Ou le Cyclope si vous préférez. Je me racle la gorge bruyamment et jette un rapide coup d’œil à mon téléphone. — Je te rappelle".

"— Eh bien alors, vous avez avalé votre langue ? Elle était pourtant bien pendue tout à l’heure. Où allez-vous comme ça ? Je lève les yeux au ciel, extirpe un énorme bonnet de ma besace non moins imposante, et l’enfonce rageusement sur mon crâne. RIP, pauvre chignon. — À quoi bon gaspiller ma salive, et me ridiculiser davantage, si c’est possible ! Je suppose que je suis virée ? Il jette son gobelet dans ma poubelle, et plante ses mains dans ses poches. Les minuscules pattes d’oie qui ornent ses yeux se creusent. Je présume que ça veut dire qu’il sourit. Mes doigts frôlent l’agrafeuse à l’instant où je me saisis de mon bol de soupe, et je résiste à l’impulsion de la lui balancer au visage pour lui faire ravaler son air amusé. — Victoria Pottier, c’est ça ? La nouvelle assistante ? Si je virais tous ceux qui m’appellent le Cyclope ou me traitent de gosse de riches dans mon dos, cela ferait longtemps qu’il ne resterait plus que moi dans cette entreprise. Je reste là à le regarder un long moment. Sa voix est délicieusement grave. Je soupire, et repose ma soupe sur mon bureau. — Ah parce qu’en fait vous connaissez mon nom ? Non, parce que je ne sais pas, je pensais que vous aviez fini par croire que c’était un robot qui apportait vos cafés, vu que vous n’avez pas daigné m’adresser ne serait-ce qu’un regard ou une parole depuis mon arrivée ici".

"l est assis le dos bien droit dans son fauteuil, ses jambes immenses dépassant de l’autre côté du bureau où je me tiens. Je crois que je n’ai jamais vu des pieds aussi grands. Je suis plongée dans une intense réflexion pour savoir si la légende concernant les grands pieds est avérée, lorsqu’il se décide enfin à se remettre à parler".

"— Écoutez, j’ai besoin de vous. L’entreprise est en équipe réduite pendant les fêtes, je ne pourrai pas tout gérer seul. Alors si vous acceptez de consentir à ce voyage d’affaires, je vous promets que vous aurez ce CDI que vous convoitez tant à votre retour. Ah le salaud, c’est qu’il sait négocier. Ma balance mentale se met en branle : d’un côté, un CDI avec enfin la stabilité financière qui me fait défaut. Et de l’autre, passer les fêtes avec mon boss que je viens à peine de rencontrer et avec qui l’on ne peut pas dire que ce soit parti du bon pied. — On parle de combien de jours exactement ? Son visage se radoucit. — Nous serions de retour le 26 décembre. Il est sérieux ? Il veut que je passe Noël au travail ? Il semble lire dans mes pensées. — Si vous acceptez de venir, je vous donnerai les 30 000 euros qu’il vous manque pour la réfection de votre refuge. D’ordinaire, je lui aurais sûrement sorti une grande tirade sur le fait qu’on ne m’achète pas si facilement. Mais je dois bien avouer qu’il a réussi à me clouer le bec. Après tout, passer une semaine entière avec son boss ne doit pas être si terrible que ça, si ?"

"— Le contrat n’incluait pas de voir les têtes de toute votre famille pendant une semaine. Je vais me ridiculiser, comme toujours. Mais je suppose que vous vous dites que je ne suis plus à une situation honteuse près. Après tout, ça vous fera une bonne source de divertissement pour vos fêtes : un vrai remake du Dîner de cons. Mes mâchoires sont plus serrées qu’un fessier dans lequel on tente de faire pénétrer un suppositoire. Qu’est-ce qui m’arrive ? Moi qui n’en ai jamais rien eu à faire du regard des autres. Moi qui ai érigé en véritable slogan personnel « le ridicule ne tue pas ». Et je me soucierais de l’avis de vieux richards à la mords-moi-le-nœud ?"

"Dans le milieu équestre, il existe un dicton qui dit que « l’air du paradis est celui qui souffle entre les oreilles d’un cheval ». Si je devais un jour laisser un tatoueur approcher une aiguille de ma petite peau douillette, ce serait très certainement pour me faire encrer cette phrase".

"— Victoria, tout va bien se passer, je vous le promets, ajoute-t-il en s’approchant encore. Nos épaules et nos cuisses sont côte à côte. Il serre mes mains un peu plus fort. J’ose enfin lever les yeux vers lui. Et à l’instant où je croise son regard, je fonds en larmes. J’ai honte. J’ai si honte. Je dois ressembler à un Gremlins qui viendrait de tomber dans une marmite d’eau bouillante. Je pleure à gros sanglots, mes épaules secouées de reniflements peu ragoûtants. Alex s’écarte. Il a raison, même moi je ne voudrais pas me voir en peinture à l’heure actuelle. Je me laisse couler au fond du lit et enfouis ma tête sous les draps avant de bredouiller : — Je suis désolée. J’ai envie de rire et de pleurer en même temps, sans même savoir pourquoi. Ça me fait mal tant mes muscles sont contractés. Mes nerfs lâchent totalement. Puis je sens le drap se soulever légèrement. Alex se glisse à mes côtés. Il m’observe quelques instants, puis ses longs bras enveloppent mon corps et le tirent vers lui. — Tu n’as pas à être désolée, chuchote-t-il dans ma chevelure. Il me serre si fort que mes os menacent de craquer. — Je suis là, ajoute-t-il encore. Comme si je ne chialais pas déjà assez comme ça, ses mots achèvent carrément d’ouvrir les vannes. Le pauvre va être couvert de mes larmes, de ma bave et de ma morve… super le premier rendez-vous, Vic. Pourtant, pas un instant il ne fait mine de s’écarter. Mes poings recroquevillés tout contre son torse se desserrent petit à petit. Il porte une main à mon visage pour en chasser les mèches collées de larmes. Puis je le sens se pencher vers moi et déposer un baiser sur mon front. — Je serai toujours là".

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