lundi 18 juillet 2022

Ma vie, mon ex et autres calamités [Chronique express]

Marie Vareille
Les Editions Charleston (2019)
Sortie originale 2014
297 pages

Synopsis : 
Juliette a un amoureux, un job, un appartement et trente-et-une paires de chaussures. Mais toutes les bonnes choses ont une fin : du jour au lendemain elle se retrouve célibataire, chômeuse et sans logement ! Une série de quiproquos rocambolesques la contraint alors à affronter sa plus grande terreur, l’avion, et à s’envoler pour les Maldives à la poursuite de son ex et de sa mystérieuse nouvelle copine. Évidemment, là non plus, les choses ne tournent pas comme elle l’avait imaginé. Elle rencontre notamment un jeune homme, certes très beau, mais aussi très désagréable…

CHRONIQUE EXPRESS

Ecrit à la 3ème personne du singulier, ce roman nous emporte néanmoins dans la vie (et les réflexions intérieures) de l'héroïne, Juliette, qui perds son travail et son copain simultanément et qui va essayer, après une période de déprime, de reconquérir son ex....Pour cela, elle va se retrouver aux Maldives et va faire connaissance dans l'avion d'un homme assez cynique, Mark, qui, lui aussi se rend seul aux Maldives....

J'ai vraiment passé un très bon moment de lecture ! Même si la jeune femme passe par des épreuves épouvantables, au niveau professionnel et personnel, elle est heureusement soutenue et "coachée" par sa meilleure amie, Chiara, une bombe italienne, qui lui donne des conseils sur les mecs, et surtout, qui n'a jamais apprécié son ex petit copain, Nicolas, qui l'a lâchement abandonnée pour une autre femme dès qu'elle a perdu son travail....

Juliette a une manière de penser tellement loufoque, quoique, très réaliste aussi ! On peut dire que c'est une gaffeuse, et surtout, elle ne se rend pas compte du charme qu'elle dégage, tellement habituée de vivre en couple avec le très fade Nicolas depuis six années, qui vit à ses crochets, car il "prépare" sa thèse en philosophie.....

J'ai adoré les moments qui se passent au Maldives, cela fait vraiment rêver ! Les personnages secondaires, plus ou moins importants, font partie intégrante du capital comique de ce livre ! Et puis, il y a la romance, qui va arriver entre Juliette et Mark, une romance inattendue et pourtant si évidente !

Je vous recommande chaudement ce livre, notamment l'été, au moment des vacances, vu le cadre idyllique où se déroule la majeure partie de l'aventure.....En tout cas, on ne peut que se prendre d'affection pour notre héroïne, qui est une jeune femme qui méritait vraiment le bonheur....Les moments où elle règle ses comptes avec son ex sont un vrai régal !

Ah oui, et aussi petit détail qui est très sympa avec ce livre, ce sont les titres des chapitres....Très originaux et très drôles pour certains ! Bref, un livre feel good, qui va vous donner la pêche et la banane, je vous le garantie !

Quelques citations :
"Elle avait dit « Bonjour, mamie » et s’était pris une gifle : « Ne m’appelle jamais mamie, mais Jackie » (comme Jackie Kennedy). Ça avait très mal commencé. Jackie appelait sa fille tous les jours pour dire que Juliette était une enfant empotée et peureuse, élevée n’importe comment, et Juliette déprimait du matin au soir. Puis, un jour, en mal d’activités susceptibles d’amuser une enfant de dix ans en dépression, Jackie décida de lui apprendre à faire la blanquette de veau. Elles se mirent à la cuisine et, une fois qu’elles eurent commencé, elles ne quittèrent plus les fourneaux. En un mois et demi, elles exécutèrent plus d’une centaine de recettes. Elles invitaient les voisins comme jury à tous les repas, elles essayaient, modifiaient, ajoutaient du sucre roux dans les pâtes et de la menthe dans les fondants au chocolat, n’en faisaient qu’à leur tête, goûtaient, faisaient la grimace, recommençaient, goûtaient à nouveau, s’empiffraient quand c’était bon, jetaient quand c’était mauvais. C’était merveilleux. Du moins, de l’avis de Juliette ; de celui de sa mère, un peu moins quand elle vit sa fille revenir à la fin de l’été avec une valise pleine de vieux livres de cuisine et quatre kilos en plus".

"— Vous êtes livide, constata-t-il. Vous ne risquez rien, vous savez. Si vous pensez aux milliers d’avions qui décollent tous les jours de tous les aéroports du monde, et le nombre de fois où vous avez entendu parler d’un accident aux informations, vous réaliserez qu’il n’y a quasiment jamais d’accident. — Je veux descendre, murmura Juliette. Il détacha sa ceinture et se leva. — Ne bougez pas, dit-il. Je reviens tout de suite. Elle regretta presque qu’il soit parti. Sa présence avait quelque chose de réconfortant. Elle referma les yeux, les mains crispées sur les accoudoirs. — Tenez. Elle entrouvrit ses paupières. Il se tenait devant elle, debout, comme si c’était normal, alors qu’il aurait dû être assis et attaché. Il ignora l’hôtesse qui lui somma de se rasseoir immédiatement et tendit à Juliette un verre dans lequel un liquide aux reflets dorés oscillait au rythme des vibrations. — Whisky, ça vous fera du bien. Juliette lui arracha le verre des mains et l’avala cul sec. Il sourit et se rassit sans rien dire. L’avion prit une grande accélération qui la colla au dossier de son fauteuil. Instinctivement, elle s’empara de la main la plus proche, à savoir celle de son voisin, et la serra à la broyer. L’avion décolla et la sensation d’accélération disparut. Elle essayait de ne pas vomir le scotch et pensait à Nicolas, ses yeux clairs, sa voix grave et rassurante, pour oublier où elle était. Au bout d’un moment dont elle aurait été bien incapable de dire s’il avait duré une minute ou une heure et demie, l’avion se stabilisa, elle ouvrit un œil, puis deux. — C’est bon ? Je peux récupérer ma main avant qu’elle ne soit complètement atrophiée ? — Excusez-moi, balbutia Juliette".

— Votre maman ne vous a jamais dit de vous mêler de ce qui vous regarde ? — Ça me regarde, évidemment. Je n’ai aucune envie que vous me vomissiez dessus pendant le trajet ou que vous vous mettiez à avoir l’alcool triste. Mais vous avez raison de blâmer ma mère. Elle a vu qu’il y aurait trop de travail et elle a mis les voiles il y a bien longtemps. — Je la comprends, j’aurais fait pareil à sa place. À peine les mots furent-ils sortis qu’elle se mordit les lèvres. C’était gratuit et méchant. Elle maudit le mélange calmants-alcool qui la faisait parler sans réfléchir. Il haussa un sourcil ironique, étonné par cette attaque injustifiée. Juliette tenta vainement de se rattraper. — Je suis désolée. Je n’aurais jamais dû dire ça. C’était complètement déplacé et... Il l’interrompit : — Comment vous appelez-vous ? — Juliette. — Ça vous va comme un gant. Elle ne savait pas trop si c’était un compliment ou une insulte. — Et vous ? — Pourquoi avez-vous besoin de savoir mon nom ? Vous essayez de me draguer, c’est ça ? Je n’ai aucune envie de me faire draguer dans l’avion. Ses yeux sombres pétillaient de nouveau. — Mais..., mais c’est vous qui me demandez... Vous êtes ridicule, se reprit Juliette qui sentait ses joues s’enflammer. Je préférerais finir vieille fille avec quinze chats plutôt que de vous draguer, dans l’avion ou ailleurs. Il éclata d’un rire joyeux, puis il se tourna vers l’hôtesse qui apportait les plateaux-repas et déplia sa tablette pour qu’elle y dépose le sien. Juliette avait la tête qui tournait de plus en plus. Son humeur passait de manière imprévisible d’un extrême à l’autre en l’espace de quelques secondes. — Vous allez où ? demanda-t-elle, voyant qu’il avait replié son journal pour dîner. Ça la rassurait de lui parler. Ça l’aidait à oublier qu’elle était en danger de mort. Il eut une infime hésitation avant de répondre. — Aux Maldives. — Comme moi. Qu’est-ce que vous allez faire aux Maldives ? — De la plongée, répondit-il. Et vous ? — Je pars en vacances. Je n’étais jamais sortie d’Europe avant, ajouta-t-elle. En le disant, elle eut un peu honte. Ce n’était pas si terrible finalement, ce voyage. — Vous partez toute seule ? Il la fixait avec curiosité. Le mélange vin-calmants-altitude aidant, elle poussa un gros soupir, reposa sa fourchette et entreprit de tout lui raconter. Nicolas, la rupture, son job, la scène de l’agence de voyages et son moment de folie où elle avait signé le chèque. Elle lui parla même du plan de récupération de Nicolas et des conseils de Chiara. C’est fou ce qu’elle devenait sociable et bavarde quand elle était ivre et droguée".

"— Sarah ? demanda une voix derrière elle. Elle se retourna. Le fameux Kurt était sorti de la paillote. Éblouie par le soleil, elle cligna des yeux sans bien voir son visage. — Non, moi, c’est Juliette, dit-elle en lui tendant la main. Puis elle croisa son regard et le temps s’arrêta. Kurt faisait un mètre quatre-vingt-sept. La peau bronzée de ses pectoraux musclés devait avoir le goût du sel, ses yeux bleu clair couleur glacier dévisageaient Juliette d’un air interrogateur et elle ressentit soudain une nécessité absolue de passer la main dans ses cheveux blond californien. Elle venait d’être téléportée dans une publicité Rip Curl ; c’était la seule explication logique. Un court instant, elle envisagea de lui rouler une pelle. Elle aurait pu prétendre que c’était la tradition en France quand on rencontre un étranger et que s’offusquer de cette coutume revenait à risquer un accident diplomatique majeur, mais elle se ravisa. Comme il provoquait les mêmes symptômes sur à peu près toutes les femmes qu’il croisait, à savoir, une incapacité à fermer la bouche, une dilatation des pupilles, accompagnée d’une montée de fièvre et, dans certains cas, une crise de mutisme plus ou moins prolongée, Kurt attendit les cinq secondes qu’il laissait toujours à ses interlocutrices pour remonter leur mâchoire et reprendre leurs esprits, puis il sourit à Juliette. — Oh ! Yeah, right, ton ami Mark, il dit à un collègue des nôtres, qu’il ne peut pas venir avec la fille actuelle, mais une autre, whatever. Pas qu’on soit déçus ou rien d’avoir toi instead ; il y a des étoiles souvent anyway. Kurt avait une voix grave, nonchalante, et un accent à couper à la tronçonneuse, ce qui donnait à sa perfection virile un côté touchant (bien entendu, s’il avait été moche, ça lui aurait juste donné l’air abruti). Juliette le dévisageait sans comprendre un traître mot de ce qu’il disait et fondit comme chocolat au micro-ondes. Elle aurait pu caresser son torse de bronze en prétendant avoir un trouble obsessionnel du comportement, mais c’était sûrement interdit. Comme au Louvre, on regarde les œuvres d’art, mais on ne touche pas. Kurt constituait indubitablement la plus belle vue depuis le début des vacances, et ce n’était pas peu dire. Elle le contemplait avec un sourire béat, pendant que lui, toujours souriant, toujours incompréhensible, continuait : — Tu faire le baptême ? Tu as jamais plongé before ? — Non, jamais plongé before, dit Juliette. Je peux vous prendre en photo ? Elle aurait pu parler anglais. Son niveau était plus que suffisant, mais pour rien au monde elle ne se serait privée de l’accent de Kurt".

"Un autre élève s’était inscrit au cours. Il s’appelait Timothy. Il attendait Kurt affalé sur une chaise dans la salle de formation en mâchant un chewing-gum. Juliette avait toujours été incapable de donner un âge aux enfants. Elle lui attribua dix ans. Désireuse de montrer à Kurt qu’elle aimait les enfants et qu’elle était donc féminine, sympathique et généreuse, elle demanda à Timothy en se penchant en avant et en lui tapotant la tête : — Tu as quel âge, mon petit ? Il la regarda comme si elle était arriérée et lui répondit avec arrogance : — Quatorze ans. Gênée, elle retira sa main du sommet de son crâne et s’assit à côté de lui sans plus rien dire".

"Elle lui demanda s’il avait beaucoup voyagé et elle oublia de manger en écoutant le récit de ses aventures. Il avait parcouru une bonne partie du monde. Il connaissait toute l’Amérique du Sud ; il avait fait des treks en Inde ; il avait vécu en Australie. Il lui racontait la jungle du Guatemala, les pyramides de Tikal au lever du soleil quand les singes hurlent, l’ascension du Kilimandjaro au Kenya et les attaques d’hippopotames. Parfois, il se taisait un instant, les yeux dans le vague, comme débordant de souvenirs exotiques, et Juliette se surprit à l’envier. Il avait l’air d’avoir seulement quatre ou cinq ans de plus qu’elle et il avait vécu tellement plus intensément. Elle se sentit à l’étroit dans sa vie passée. Ses aspirations lui parurent soudain dérisoires. Elle avait peur qu’il lui pose des questions et de n’avoir rien d’autre à raconter que des vacances dans le Gers et quelques week-ends aux Arcs. Elle remplit un verre d’eau glacée. Le simple contact du verre froid dans sa main lui fit du bien. — C’est marrant, comme choix de vacances, les Maldives. Ça n’a pas l’air d’être ton truc, de bronzer toute la journée sur la plage, non ? Il la regarda bizarrement, hésita avant de répondre. — Effectivement, à part la plongée, les Maldives n’ont pas grand intérêt pour moi. — Pourquoi tu es venu alors ? demanda Juliette. Le rire bref de Mark sonna faux. Il y eut un blanc, et Juliette regretta sa question. — C’était mon voyage de noces, Juliette. Elle se mordit la lèvre. Les propos de l’hôtesse le jour du départ lui revinrent en mémoire : « Si ça peut vous consoler, j’ai enregistré un homme quelques minutes avant vous, dont le mariage a été annulé et qui partait seul en voyage de noces. » — Je suis désolée, murmura-t-elle. Elle aurait dû deviner. La moitié des clients de l’hôtel étaient en voyage de noces. C’était la seule explication plausible de la présence d’un aventurier comme Mark sur une plage des Maldives, sans crocodiles, sans temples bouddhistes ou pyramides mayas à escalader. Elle sentait la partie droite de son visage s’empourprer autant que la gauche. Elle chercha un mot gentil, mais rien ne lui venait à l’esprit. Un sourire placide apparut sur les lèvres de Mark. — C’est bon, fais pas cette tête, tu ne pouvais pas savoir. Juliette eut envie de le consoler, de lui dire que ça passerait, qu’on se remettait de tout, mais, incapable de trouver les mots justes, elle dit la première chose qui lui passa par la tête : — Ce n’est pas trop compliqué de travailler sur ta boîte quand tu es tout le temps en voyage ? Mark se leva, plaça la bouteille et le verre d’eau encore à moitié plein sur sa table de nuit et débarrassa Juliette de son bol vide. Il déposa le plateau devant la porte de sa chambre. — Je ne suis pas tout le temps en voyage. J’ai beaucoup voyagé quand j’étais encore étudiant. L’Australie, j’ai lancé une boîte là-bas. Donc, j’y travaillais autant que je voyageais et, de toute façon, je ne sors jamais sans ça. Il sortit son iPhone de sa poche. — Je suis toujours connecté. Au fond, il n’y a pas un jour où je ne travaille pas. — C’est passionnant, ta vie, soupira Juliette. Moi, il ne m’arrive jamais rien. Il haussa les épaules. — Il ne t’arrive jamais rien parce que tu ne sors jamais de ta zone de confort. Regarde la plongée : tu as essayé et ça t’a plu. Il était appuyé contre le mur, les mains dans les poches de son jean, avec cette ironie légère au coin des lèvres qu’il arborait presque toujours, comme si rien, jamais, ne méritait d’être pris au sérieux. Juliette se demanda subitement comment il se comportait quand il avait une femme dans ses bras".


 

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