BOOT CAMP [Chronique express]

Léana Soal

Auto édition (2022)

291 pages 

Synopsis :

Olivia, jeune journaliste au caractère impétueux et à la langue bien pendue, se retrouve envoyée avec ses collègues en séminaire de cohésion. Le but ? Recréer un esprit d'équipe et leur remettre les idées en place. Mais lorsqu'ils débarquent au beau milieu de la jungle guyanaise dans un Boot Camp organisé par des légionnaires, le petit groupe comprend rapidement qu’il ne s’agit absolument pas de vacances organisées ou d'un simple groupe de parole. D’épreuves physiques en leçons de morale, nos apprentis aventuriers devront se surpasser afin de prouver leur volonté de solutionner la mésentente qui gangrène le journal. Pour Olivia, qui déteste l'autorité, les choses s'annoncent (très) mal... Et ce n'est certainement pas cet instructeur froid, distant et inflexible qui lui fera ployer un genou. Enfin, normalement…

CHRONIQUE EXPRESS

Alors là ! Pour une lecture coup de coeur, c'est une lecture coup de coeur ! J'ai a-do-ré cette romance dans l'univers de la légion étrangère ! "Boot camp", de l'auteure française Léana Soal, contient beaucoup de rebondissements, de l'humour, des scènes sensuelles, de la provocation et également un peu de drame...Une fois que l'on commence l'histoire on ne peut plus s'arrêter !

C'est vraiment une lecture "feel-good" (même si parfois, il y a des sujets graves abordés, notamment sur le harcèlement....), mais l'humour, le punch et les réparties de l'héroïne balayent tout sur leur passage.....Elle n'en a rien à faire d'avoir face à elle des militaires baraqués qui peuvent vous tuer juste en pressant leur doigts....Il faut dire que notre héroïne a un certain problème avec l'autorité....

C'est un livre écrit selon les points de vue d'Olivia, notre héroïne française, et le Sergent-Chef Connor, le héros américain (même si, quand on entre dans la région, on oublie son passé et sa nationalité....)....D'ailleurs, le fait que Seth Connor soit dans la légion depuis plus d'une dizaine d'années nous permet de comprendre pourquoi il parle bien français (et comprend donc quand Olivia marmonne des insultes à son encontre, au début du livre...).

Car oui, en plus cette histoire d'amour est un "ennemies to lovers", le genre que je préfère ! Et on peut dire que l'auteure s'est bien lâchée vis à vis des "punitions" que va subir Olivia, qui est une grande gueule, malgré son petit gabarit....D'ailleurs, chaque participant de ce "boot camp" a un surnom, et celui d'Olivia est "petit machin".

Au niveau des personnages secondaires, nous avons les collègues d'Olivia qui sont très intéressants également....Evidemment, il y a le pervers, le méchant de l'histoire, Bruno.....Mais les autres, les amis d'Olivia sont aussi intéressants, notamment vis à vis de ce que ce stage va leur procurer en matière de confiance en soi.....Et surtout, la lumière va être mise sur le harcèlement subi par la collègue et amie d'Olivia, Paula....

J'ai aimé le caractère bien trempé de notre héroïne, qui semble être très "amère" vis à vis des hommes et ne se fait guère d'illusions sur eux....D'ailleurs, à un moment, elle le dit au Sergent-Chef Connor : Pourquoi vous êtes tous des porcs ?...

Bon, Seth Connor n'en est pas un du tout, bien au contraire.....Il fera tout pour ne pas céder à la tentation que lui procure l'impertinence et le charme enflammé d'Olivia (et parfois, elle est allée vraiment très loin dans ses provocations....).

Le passage avec les trois jours d'exercice de survie dans la jungle guyanaise m'a énormément plu ! Je sentais toute la moiteur et le danger de cet endroit.....Aie aie aie les moustiques et les averses en pleine nuit.....Evidemment, j'attendais avec impatience les moments dans le livre où le Sergent-Chef Connor était seul avec Olivia, les moments où ils pouvaient s'affronter pour ensuite céder à la passion !

En conclusion, "Boot camp" est un vrai coup de coeur pour moi, j'ai vraiment adoré l'humour piquant de l'héroïne et le caractère taciturne de Seth Connor....Leur histoire d'amour est belle car improbable et surtout impossible, vis à vis de leur lieu d'habitation respectif (si on peut dire que le Sergent-Chef Connor a vraiment un "lieu d'habitation" car il est souvent envoyé en mission dans les pays en guerre)....

J'en ai appris un peu plus sur cet univers militaire et surtout, je trouve cela remarquable de la part de l'auteure de rendre hommage à ces hommes et ces femmes qui risquent leur vie pour que nous, on puisse être en sécurité (d'ailleurs, ça, le Sergent-Chef Connor ne se gêne pas pour le faire remarquer à notre petit groupe de journalistes/soldats du dimanche quand ils se plaignent un peu trop de leur condition de vie dans cette jungle !).

Evidemment, je vous recommande à 100% ce livre, et pour ma part, je vais voir pour lire d'autres livres de l'auteure (car celui-ci est le dernier sorti au moment où j'écris ma chronique). 

En tout cas, cela fait vraiment plaisir de tomber sur ce genre de lecture, qui nous permet de nous évader, de rêver, de rire et aussi de s'indigner....

"Boot camp" nous fait passer par toute une palette d'émotions, et c'est vraiment génial ! Je crois que le moment qui m'a fait le plus rire, c'est quand Olivia appelle le Sergent-Chef Connor "Sergent-Chef connard", mais devant lui....Au début du récit, elle avait tellement l'habitude de parler de lui de cette façon que la fois où ça lui échappe et qu'elle le lui dit à haute-voix, c'est vraiment trop drôle (surtout dans les circonstances où elle le dit !). 

Bref, si vous voulez une belle romance intense et de l'aventure ainsi que de l'humour, lisez "Boot camp", vous ne le regretterez pas !

Quelques citations :

"Le ralentissement du car me tire de mes rêveries. Par la fenêtre, j’aperçois enfin quelques éléments m’indiquant que la fin de ce trajet interminable est peut-être imminente. Comme pour confirmer mon impression, le véhicule s’arrête et libère son trop plein d’air dans un pschitt dont l’écho réveille tous les collègues assoupis. – Mhhhmmm, on est arrivés ? articule Paula encore à moitié endormie. – Je suppose, oui, réponds-je en fixant les portes qui s’ouvrent. Sans attendre, un homme en uniforme se hisse dans le car et balaie le rang d’un regard assassin. Gabarit solide, œil acéré, crâne rasé à la perfection surmonté d’un béret vert incliné sur le côté. Ce mec nous colle déjà des frissons. – Tout le monde debout, tout le monde dehors ! rugit-il avec un fort accent russe. Vous avez dix secondes pour débarquer ! Paula saute de son siège comme la plupart de nos compagnons de voyage, tandis que je réalise où on m’a fait mettre les pieds. Moi qui déteste l’autorité, je crois bien que les huit jours qui m’attendent risquent d’être les plus longs de ma vie".

"Balayant la fine équipe du regard, je ris intérieurement en devinant d’entrée de jeu lesquels flancheront les premiers. La petite brune hispanique, dont la silhouette déjà tremblante d’appréhension ne tiendra même pas le choc de la première épreuve. Le dodu qui se tient debout à ses côtés, idem. Aucun cardio, il crachera ses poumons rien qu’en arrivant à l’appel du matin. Un peu plus loin sur la droite, un grand brun à l’air un peu trop confiant attire mon attention. Mains dans le dos, épaules à peu près droites, il semble vouloir donner le change, pourtant je n’y crois pas. Ce mec pue la fierté déplacée, l’arrogance et l’égoïsme. Celui-là, tu sais dès le départ qu’il laisserait ses camarades prendre les balles pour lui. À ses côtés, une blondinette qui semble gênée de la proximité qu’il lui impose en collant régulièrement son bras au sien. Le regard au sol, la tête vissée dans les épaules, elle paraît complètement écrasée par la prestance de son voisin. Est-ce habituel ? Est-ce que c’est pour ce genre de conneries qu’on nous les a envoyés ? Aucune idée. De l’autre côté de la blonde timide, une petite silhouette m’interpelle. À peine un mètre soixante si ma vue est bonne, des cheveux châtains négligemment tressés en arrière, mais surtout un regard renfrogné qui présage d’un caractère bien trempé. D’un coup d’œil appuyé, elle considère le grand prétentieux comme une hyène prête à mordre. Puis, saisissant sa voisine par les épaules, elle la tire sur le côté pour échanger leurs positions, écrasant allègrement les orteils du type au moment où elle se met en place. J’hallucine. Et je ne suis pas le seul… – Hey, petit machin ! hèle le capitaine en venant se poster devant elle, tu te crois où ?".

"Bien, maintenant que vous savez qui je suis, dites-vous bien que je me fous de qui vous êtes. Vos petits noms, ici, on ne les utilisera pas. Les cinq premiers seront sous les ordres du sergent Dumont. Les cinq suivants, pour le sergent-chef Silva, et les cinq derniers, avec le sergent-chef Connor. Génial, je me récupère donc l’hispanique trouillarde, le dodu asthmatique, l’arrogant, la grande blonde timide et le petit machin insolent. – À disposition des instructeurs, rompez ! vocifère le capitaine avant de rejoindre le bâtiment de commandement. Dorénavant, c’est à nous de jouer. Comme mes camarades, je m’avance vers mon groupe et les toise du regard. Si j’ai bien envie de me faire rapidement le grand abruti dont l’air suffisant me hérisse le poil, je dois d’abord m’assurer que la petite hyène comprenne où est sa place. Me dressant face à elle, suffisamment proche pour qu’elle saisisse bien que les limites de l’intégrité physique, ici, n’ont rien à voir avec celles de la vie civile, j’incline légèrement la tête pour capturer son attention. – Au moindre regard de travers, au moindre geste qu’on ne t’aura pas demandé, au moindre son qui sort de ta bouche sans autorisation, je te ferai personnellement regretter d’être arrivée ici. – J’ai pas demandé à être ici, grommelle-t-elle. Je ne saurais décrire ce qui m’irrite le plus à cet instant, si c’est son insolence ou bien la réaction inattendue de mes muscles face à ce regard noisette particulièrement courageux. Quoi qu’il en soit, ma réponse est immédiate. – Un pas en avant, lui ordonné-je avec autorité. Elle s’exécute en levant les yeux au ciel avec impertinence, puis se baisse pour se remettre en position de pompes. – Non, la coupé-je dans son élan. Mains derrière la tête, jambes fléchies en angle droit. – Hein ? – Silence. Exécution. Elle obéit et se place en posture de la chaise. D’un pied sévère, j’accentue l’angle de ses genoux, histoire qu’elle sente bien la morsure du muscle qui se contracte douloureusement. – Comme ça, indiqué-je. Maintenant, tu suivras tes camarades dans cette position, jusqu’à ce que je t’autorise à marcher normalement. – Sans déconner, vous êtes sérieux ? s’exclame-t-elle en se redressant sur ses jambes par réflexe. – Et si tu continues à me faire chier, j’augmente la difficulté avec des poids, claqué-je d’un ton sec. L’effet est instantané, petite hyène se replace en position et serre les dents. – Bien, maintenant que les choses sont claires, on va pouvoir aller à l’habillement".

"Et bien évidemment, c’est dans ce genre d’instant que l’on peut aisément évaluer le degré de galanterie d’un homme. Si Cédric attend sur le côté de la barge pour tenter de nous aider à monter, Bruno lui, se hisse à bord d’un geste souple et feint de ne pas voir Lucile peiner à l’imiter. Consciente de posséder quelques capacités sportives légèrement plus développées que mes camarades, j’aide Cédric à seconder Paula, puis Lucile, et accepte sa courte échelle avant de l’attraper par son gilet de sauvetage afin de lui faciliter à mon tour la tâche. Le tout, devant l’indifférence totale de ce connard égoïste et sous le regard concentré du sergent".

"– Petit Machin ! Ne ralentis pas ! NAGE ! aboie l’instructeur Sourire. Bon, foutue pour foutue, autant lâcher la colère qui me ronge. – Je nage, merde ! beuglé-je à mon tour en frappant l’eau du plat de mes deux mains. L’effet est immédiat. Il jette le sac de Paula dans la pirogue, opère un demi-tour et laisse le courant le ramener à moi. Son torse venant buter sans retenue contre ma poitrine, je me retrouve subitement écrasée par le poids de son regard furieux. Sous l’eau, ses deux larges mains saisissent alors ma taille, déclenchant aussitôt une chair de poule brûlante malgré la température du fleuve. Ses yeux pénètrent les miens avec une intensité fulgurante, sa proximité me grise de manière totalement inattendue. Non mais c’est quoi, ça ? Puis, après un quart de seconde de perdition totale durant lequel je suis quasiment certaine d’avoir pu déceler un éclair de désir trahi par ses pupilles, ses poignes se resserrent et je suis soulevée avec une aisance qui me déconcerte, pour finir projetée dans ces eaux immondes qui m’engloutissent à quelques mètres de lui. L’enfoiré ! Je me débats contre le courant et remonte à la surface avec difficulté, handicapée par ce foutu attirail qui me rend folle. Passant une main sur mon visage dégoulinant, je le vois afficher un visage impassible. – Maintenant, tu nages ou bien je recommence, crache-t-il avant de reprendre son avancée vers le groupe qui s’apprête à rejoindre les pirogues. Éclair de désir, tu parles ! – Putain mais vous êtes taré ! hurlé-je, hors de moi. Nouveau défi que je regrette aussitôt lorsque je le vois stopper de nouveau la nage pour me rejoindre. – Non, j’ai rien dit, j’ai rien dit ! Trop tard. Il est déjà contre moi et ses mains s’emparent de mes hanches, qu’il ramène à lui pour prendre plus de force. Geste qui déclenche une puissante vague incendiaire dans tout mon corps, sans que je n’y comprenne quoi que ce soit. Ce type n’est pas du tout mon genre ! Je les aime polis, respectueux, galants, cultivés… Rien à voir avec la brute épaisse qui resserre ses doigts dans mes chairs sans aucun égard pour mes sens. – Tu veux jouer, Petit Machin ? murmure-t-il contre mon visage déjà angoissé par l’épreuve qui l’attend de nouveau. Un instant plus tard, je retrouve le fond du fleuve, le silence du néant sous les flots, et pour seule musique mon cœur affolé qui bat dans mes tempes. J’agite mes jambes aussi fort que possible pour retrouver la surface, l’air qui manque à mes poumons, la vie qui menace de m’abandonner ici si je ne reprends pas le contrôle. Une fois la tête hors de l’eau, j’ouvre la bouche au maximum pour reprendre l’oxygène qui me fait défaut, récupérant au passage une vague provoquée par mes remous apeurés. J’avale de travers, tousse, m’étrangle. Trop occupée à tenter de reprendre mon souffle et mes esprits, je ne me concentre plus sur les mouvements essentiels pour me maintenir à la surface, ne prête plus attention au poids de cet uniforme qui me tire de nouveau vers le fond. Aspirée par le fleuve, je bats des bras lamentablement, tentant d’appeler à l’aide, mais voyant chaque effort disparaître dans mes coulées répétitives. Alors que je ne distingue plus le ciel de la couleur de l’eau, que je ne sais plus dans quel ordre je bouge les pieds ou les bras, on me ceinture fermement avant de me tirer en arrière. Je suis trop faible pour le baptiser de tous les noms d’oiseau qui me viennent à l’esprit, et crains trop d’être relâchée dans cette flotte menaçante pour me rebiffer comme il le mérite. Alors je me tais, laisse ma tête prendre appui sur ce torse qui s’active sous mon corps, et me contente de reprendre ma respiration. Lorsque le bout de notre pirogue se montre enfin dans le coin de ma vision, et que les mains de Cédric et Lucile se tendent vers moi pour m’aider à me hisser à bord, j’ai tout juste la force de les attraper. D’un mouvement assuré, le sergent me repousse pour me placer face à l’embarcation, puis se positionne derrière-moi tout en s’accrochant au rebord d’une main".

" Les hommes, j’ai appris à m’en méfier. Celui qui était supposé me donner confiance en eux nous a larguées, ma mère et moi, juste après mes cinq ans. Puis, tous ceux qui lui succédèrent dans mon enfance ont imprimé dans mon cerveau un mantra simple mais efficace : ne laisse jamais un homme te dicter quoi que ce soit. Bien évidemment, puisqu’il est gravé sur mon front un truc du genre « machos et infidèles, venez tenter votre chance », mon petit caractère ne colle avec personne et je me suis déjà faite à l’idée de finir ma vie seule avec quelques chiens que je sortirai de refuges".

"chronomètre à bout de bras. Emportée par le besoin d’écraser mon rival, j’enjambe le dernier rescapé qui vient de tomber à un mètre de moi, puis augmente mes foulées pour contenir l’accélération de Bruno. Un grognement de douleur s’échappe de sa bouche grande ouverte tandis qu’il jette ses dernières forces dans cet échange. La morsure de l’effort tétanise les muscles de mes cuisses survoltées, mais je sais que je peux le faire. Dépité devant la vision de mes baskets qui dépassent les siennes juste avant d’atteindre la ligne d’arrivée au son du dernier signal, il ne pipe pas mot lorsque je brandis les deux poings en l’air. – Prends ça, connard ! ne puis-je m’empêcher de clamer en me tournant vers lui, un sourire victorieux signant cette supériorité qui l’étrangle. Mais, lorsque mon regard dérive sur le capitaine et les trois sergents côte à côte, c’est plutôt moi, que ma connerie étrangle… Stoïques, ils me fixent avec une impassibilité désarmante qui calme mon euphorie sans délai. – OK les gars, j’ai compris… maugréé-je à voix basse. Sans attendre de savoir à quelle sauce je serai mangée cette fois-ci, je place de moi-même les deux mains derrière ma tête et fléchis les genoux pour rejoindre mes camarades en canard, n’oubliant pas toutefois de lever les yeux au ciel pour signifier comme j’apprécie leurs règles à la con. – Qu’est-ce que tu fous, Petit Machin ? m’interpelle Vitaiev, viens ici ! Étonnée, je me redresse et rejoins le groupe de grands balaises en uniforme. Bon sang, qu’est-ce qu’ils vont encore me trouver comme ânerie à faire ? Je n’en mène pas large devant leurs statures imposantes, encore moins face au silence qui règne tandis que chacun d’eux me toise de bas en haut. – Tu fais du sport ? demande le capitaine sur ce ton sec qui semble être la marque de fabrique des légionnaires. – Quand j’étais ado, acquiescé-je avec prudence. Laissant aller mes yeux d’un gradé à l’autre pour tenter de déceler leurs pensées, je me heurte bien évidemment au néant le plus total. Comment peuvent bien se comporter ces types quand ils ne sont pas en service ? Savent-ils au moins sourire ? J’en doute… – Quelle discipline ? continue le grand chef. – Athlétisme. – Je vois. Belle performance, salue-t-il en tournant les talons. Hein ? J’hallucine ou Terminator vient de me faire un compliment ? ".

"Bon, assez discuté ! intervient le sergent en se redressant pour saisir mon bras et me remettre face au vide. Je me charge de ta copine. Toi, tu dégages avant que je ne te donne de l’élan. Sentant la colère me monter au nez, je préfère m’élancer avant de lui laisser passer la barrière de mes lèvres. – À vos ordres, Sergent-Chef Connard ! Euuhh, Connor ! Je peux sentir d’ici la tension fulminante qui le traverse tandis qu’il s’efforce de se concentrer sur le baudrier de Paula, et regrette un instant d’avoir osé l’inconcevable. – Tu paieras ça cher, Petit Machin, se contente-t-il de déclarer d’une voix grave et prometteuse des pires sévices. Jm’en fous, au moins c’est dit".

"Dans toute l’intransigeance que ce soldat nous montre depuis le départ, quelque chose heurte mon esprit à cet instant. S’il se comporte de cette manière avec nous, c’est que, très certainement, il a appris de la même façon. Et à cette réflexion, une question me revient en boucle. Qu’est-ce qui peut bien pousser un homme à choisir ce genre de vie ?".

" – T’as toujours pas compris, hein ? vociféré-je en tentant de dégager mes poignets qu’il vient de saisir. – Au contraire, j’ai parfaitement compris le genre de petite salope que tu es… – Espèce d’ordure ! hurlé-je à pleins poumons tant la colère me submerge. Tu vas bien te mettre dans le crâne que JAMAIS je ne coucherai avec toi, quoi que tu fasses ! Ses doigts pressent férocement ma chair tandis qu’il approche son visage du mien. Cédric tente de s’interposer, Lucile de décrocher sa prise, pendant que son haleine acide se répand dans ma gorge. Refusant de le laisser ainsi s’immiscer en moi avec la moindre part de ce qu’il est, je racle l’entièreté de ma trachée et la lui crache à la figure. Hors de lui, Bruno lâche soudainement mes poignets pour saisir ma gorge, qu’il serre de plus belle. – Non, arrête ! hurle Paula dans le brouhaha des réactions autour de nous. D’autres stagiaires tentent de nous séparer, en vain. Refusant de céder face à son regard enragé, je tente de rassembler mes idées autant que l’air qui me manque sous cet étranglement brutal. Soudain, le bref souvenir d’une vidéo de self-défense vue par hasard sur internet s’impose à mon esprit. Tendant les doigts de ma main droite en L, que je verrouille dans la continuité de mon avant-bras, je percute sa gorge aussi fort que j’en suis encore capable. Le souffle coupé, déséquilibré sur le côté, Bruno lâche la mienne et manque de vomir. Avant même que je ne réalise avoir réussi cette manœuvre improbable, deux bras m’enserrent pour me tirer en arrière tandis que Seth apparaît devant moi. Avec une fureur qu’aucun d’entre nous n’avait encore pu voir jusqu’ici, le légionnaire saisit mon agresseur par la mâchoire pour le relever brusquement et le plaquer contre le mur. Le teint blême, Bruno ne touche plus le sol et se retrouve face à un Connor hors de lui. Pas un mot n’est prononcé de la part du militaire. Rien qu’un regard puissant et assassin, prometteur des pires sévices, stigmate d’une aptitude pour le combat que l’autre est loin de pouvoir égaler".