dimanche 24 juillet 2022

FLOAT [Chronique express]


Kate Marchant
Les Editions Hachette (2022)
Sortie originale 2022
386 pages

Synopsis 
Waverly, dix-sept ans, vit en Alaska. Le soleil, la plage et le farniente, très peu pour elle… enfin jusqu’à ce que ses parents l’envoient passer l’été chez sa tante Rachel, à Holden en Floride. Waverly y fait la connaissance de Blake Hamilton, son voisin sportif, aussi arrogant que bronzé. Bien décidée à l’éviter, la jeune fille fera tout pour s’intégrer parmi les jeunes de son âge, sans chercher pour autant à attirer l’attention. Mais, quand Blake découvre que Waverly ne sait pas nager, il se met en tête de lui donner des leçons de natation…

CHRONIQUE EXPRESS

"Float" est une petite romance estivale young adult et je dois dire que je suis tombée sous le charme de ce livre ! 

Nous suivons ici Waverly, une jeune fille de 17 ans, qui est fille unique, vit en Alaska, est très grande et aussi très peu sûre d'elle, à cause de la manière dont elle a été élevée par ses parents, d'illustres scientifiques, spécialisés dans les expéditions polaires....Waverly n'est pas vraiment une grosse tête, elle est dans la moyenne, au grand dam de ses parents....Et elle n'a pas d'amis en Alaska, plutôt des camarades, des adversaires, pour avoir les meilleures notes....

Du coup, quand elle débarque en Floride, en été, car aucun de ses parents ne veut la prendre dans leurs expéditions respectives, elle atterri chez sa tante Rachel (la soeur de son père), qui, contrairement au père de Waverly, est une artiste bohème, est célibataire et tout le monde la connait à Holden, petite ville balnéaire de Floride, notamment parce qu'elle est en train de peindre une fresque géante sur le mur de l'Hôpital...

J'ai beaucoup aimé le caractère de Waverly, qui manque cruellement de confiance en elle, mais qui est une fille très attachante, qui adore sa tante (qui est tout aussi sympa) et puis il y a les autres jeunes de son âge dont elle va faire connaissance : Blake, le fils des voisins, un beau gosse qui a perdu sa mère dans des conditions dramatiques il y a quelques années, les jumeaux Lena et Jesse, qui vont devenir des alliés de premier ordre pour Waverly, leur bonne humeur et leur gentillesse ne peuvent que "décontracter" notre héroïne et la pousser à "s'ouvrir aux autres" et enfin Alissa, la "petite fille de riches", qui accessoirement a été la petite amie de Blake pendant 1 an et demi et qui butine d'un garçon à l'autre, enfin elle ne vole jamais très loin de Blake....

Ce livre, c'est une romance young adult, avec évidemment, on le devine très vite, un lien qui va se créer entre Blake et Waverly, même si, ce n'est pas gagné au départ, car on est un peu dans un "enemies to lovers" même si, en fait, c'est un peu plus complexe que cela....Ce livre, c'est aussi une vraie histoire d'amitié, avec des jeunes gens qui forment un groupe uni, envers et contre toutes les adversités.....

Nous sommes ici dans un livre avec les petits jobs d'été, chers aux américains, les fêtes sur la plage, et celles aussi dans les maisons quand les parents sont absents....Sans oublier les barbecues et le surf......Tout ce que Waverly n'a jamais connu....D'ailleurs, quand elle débarque à Holden, elle n'a que ses vêtements "chauds", elle n'a même pas pris de short et c'est sa tante qui va lui prêter ses affaires, au départ, notamment son maillot de bain.....

Ce livre se lit comme on regarde une série américaine avec des adolescents, sous le soleil, il y a plein de péripéties, et on assiste au fur et à mesure au rapprochement entre Blake et Waverly, notamment parce que le jeune homme partage avec elle un secret : il lui apprend à nager car notre héroïne n'a jamais été à la plage ou dans une piscine une seule fois de sa vie.....Entourée de jeunes qui vivent les pieds dans l'eau la plupart de l'année, évidemment, ça la fout mal !

Waverly a tout l'été pour se forger une nouvelle personnalité, prendre un bon shoot de soleil et de bonne humeur....Y parviendra-t-elle ?....

En tout cas, j'ai également beaucoup aimé la fin de ce livre, qui conclue merveilleusement ce récit estivale !

Ce livre est à conseiller aux adolescents, mais également aux adultes ! J'ai vraiment passé un très bon moment, sans prise de tête et en me demandant à chaque chapitre comment notre héroïne allait s'acclimater à ce nouvel environnement et ces nouveaux amis qui dépotent un maximum ! 

Petit coup de coeur pour le personnage de Blake, évidemment, qui est un rebelle, mais avec ses raisons, et malgré un problème relationnel avec la nouvelle femme de son père, on sent bien que ce garçon a un coeur d'or ! (et petit coup de coeur à sa petite soeur, enfin demi-soeur, Isabel, seulement âgée de 2 ans, mais qui a tout compris à la vie !!!). 

Quelques citations :

"Je guette l’arrivée de ma tante Rachel. Je me sens parfaitement idiote. Idiote, collante et poisseuse. Je ne peux plus m’arrêter de transpirer. J’ai l’impression que c’est irréversible. Mon jean : mauvais calcul. J’ai pourtant décollé d’Alaska dans des vêtements tout ce qu’il y a de plus normal. Malheureusement, avec une famille comme la mienne, la normalité n’est pas mon fort. Jeffery Lyons et Lauren Fitzgerald, tous deux professeurs en sciences environnementales à l’Université d’Alaska, sont connus dans notre ville de Fairbanks pour : leurs points de vue opposés sur le réchauffement climatique, leur histoire d’amour torride (responsables, dans le premier cas, de la publication d’études peu concluantes et, dans le deuxième cas, plus tragiquement, de ma naissance) et leur divorce cataclysmique. Depuis mes huit ans, je passe l’été soit avec l’un, soit avec l’autre. Ils me traînent à tour de rôle dans leurs expéditions dans le cercle Arctique. Si je ne m’emmêle pas les fuseaux horaires, ils doivent s’installer dans leurs stations polaires respectives à cet instant précis, déballant leur matériel, répertoriant les rations pour le long mois qui les attend. Bref, la normalité, ce n’est pas exactement mon quotidien. Je suis habillée à la mode de Fairbanks – deuxième ville d’Alaska, terre de l’aurore boréale et du soleil de minuit. Un dress code qui exige trois couches de vêtements minimum et, touche finale, un imperméable".

"J’ai tapé le trottoir, non ? demande Rachel. — Légèrement effleuré. — Ah, merde ! peste-t-elle avant d’ajouter : Je veux dire… mince. — Tante Rachel, j’ai dix-sept ans. Mes oreilles ne sont plus chastes depuis longtemps".

"— Waverly, tu es si grande ! s’écrie-t-elle ensuite en me regardant des pieds à la tête. La dernière fois que je t’ai vue, tu ne mesurais pas un mètre vingt. Regarde-toi ! On dirait… presque une adulte. Tout est dans le presque. Rachel et moi, on tutoie le mètre quatre-vingts. Sauf que ma tante se tient comme la trentenaire qu’elle est. Moi, je n’ai pas totalement apprivoisé ma grande taille – en attestent mes tibias qui collectionnent les bleus. Je vais entrer en terminale sans être complètement remise de ma poussée de croissance de fin de collège".

"Mais pas question de m’apitoyer sur mon sort. C’est fini, tout ça. Je ne suis plus en Alaska, je ne suis plus Waverly Lyons, le rejeton démesurément médiocre de deux esprits aussi brillants que chamailleurs. Je ne suis plus la fille anxieuse, réservée et solitaire dont les seuls amis sont les quelques camarades de classe avec qui elle échange des fiches de révisions. Je ne suis plus le boulet. L’enfant dont les parents – découragés, résignés, voire les deux – ont demandé à une lointaine tante de prendre en charge sa nièce misérable. Je suis en Floride, à plus de six mille kilomètres de cette fille. Ici, je peux être qui je veux. Je m’installe avec Rachel dans la Coccinelle. Là, je prends une résolution pour les vacances : ne pas trop cogiter, prendre les choses comme elles viennent".

"Je vous présente ma nièce, Waverly, dit-elle avant de me préciser : Et voici mes voisins, George et Chloé Hamilton. Elle se retourne vers les Hamilton pour ajouter : — Je viens de récupérer Waverly à l’aéroport. Je l’emmène dîner à Holden Point avant qu’elle ne meure d’inanition. — On a réservé dans un restaurant là-bas, rebondit Chloé. Vous voulez qu’on mange ensemble ? — On ne voudrait pas s’inviter… — C’est nous qui vous invitons, corrige George. — Et puis je rêve d’une vraie interaction sociale, plaide Chloé. Entre ce nouveau client qui n’arrive pas à se décider sur l’aménagement de son salon et Isabel qui est obsédée par les rediffusions de Dora l’exploratrice, je crois que je n’ai pas eu de véritables conversations depuis des semaines. Peu importe de quoi on parle, tant qu’on évite les sujets « échantillon de moquette » et « Chipeur le renard ». — Waverly nous racontera son vol, suggère George. D’où est-ce que tu viens ? — D’Alaska. George prend un air presque soucieux. — Tu survis au choc thermique ? — Je m’acclimate. Mensonge. Je suis en surchauffe, au bord de l’évanouissement. — Tu entres en quelle classe l’an prochain ? demande Chloé. — En terminale. — Oh, tu as l’âge de Blake, le fils de George ! — Qu’est-ce qu’il fait ce soir ? demande Rachel. Les jeunes organisent encore une fête sur la plage ? — Ça ne me surprendrait pas, répond George. Sauf que Blake reste ici pour garder sa sœur".

"Le soleil est en train de se coucher. Le ciel est pourpre, l’océan embrasé de multiples nuances d’orange. Quelques surfeurs sont toujours dans les vagues – certainement des réfractaires à l’idée de quitter l’eau tant qu’il fait assez jour pour discerner le bout de sa planche. — Magnifique, non ? demande Rachel en me donnant un petit coup de coude. Les yeux rivés sur l’océan, je réponds : — Trop. Ça pourrait être la photo d’un article intitulé « Top 10 des endroits où faire disperser ses cendres ». Mais pour moi, cette vision évoque surtout la démesure et le danger. C’est le rappel de ma propre mortalité. La mer pilonne la plage avec assiduité. Même si je savais nager, je ne tremperais pas un orteil dans ce bouillonnement d’écume. J’aperçois des lumières au loin. Un attroupement se forme sur la plage, des gens affluent. On dirait une procession de fourmis sur le sable. — Ils se rassemblent déjà ? dit Chloé. Leurs fêtes commencent de plus en plus tôt. — Quelles fêtes ? je demande. — Les jeunes du coin font des soirées sur la plage pendant l’été. Oh, Waverly, tu devrais y aller ! — Euh, non… — Tu ne peux pas manquer ça ! appuie Rachel. À Holden, c’est un rite initiatique. Panique à tous les étages. Je ne suis pas prête à rencontrer des gens. Pas encore. Je dois faire deux ou trois trucs avant : me donner un coup de brosse dans les cheveux, me trouver un short un peu plus acceptable et, surtout, m’entraîner à être quelqu’un d’autre que moi. — Blake pourrait t’emmener, suggère Chloé. Blake n’était déjà pas ravi de baby-sitter sa sœur, alors baby-sitter la nièce bizarre de la voisine en la traînant à une fête… Je cherche une excuse pour décliner l’offre, mais Rachel me prend de court. — Elle adorerait y aller, déclare-t-elle en m’attrapant par l’épaule. Sur ce, les Hamilton s’engouffrent dans leur voiture et quittent le parking. Ma participation a été actée sans que j’aie rien pu faire. — En route, Waverly ! Sur le chemin du retour, j’imagine mille scénarios dont le dénouement est invariablement le même : moi qui me ridiculise devant la jeunesse de Holden réunie au grand complet. Lorsqu’on arrive devant la maison de Rachel, j’ai la boule au ventre. Comment est-ce que je vais survivre à cette fête ? Comment avoir un minimum d’assurance parmi tous ces gens ? Je ne connais personne, à part un garçon qui a probablement déjà oublié mon prénom. Je lâche : — Je n’ai rien à me mettre… — Tu es très bien comme ça. C’est une fête sur la plage, pas un gala".

"J’aperçois la porte d’entrée des Hamilton qui s’ouvre. Brusquement. Blake sort sur la terrasse. Il arbore un t-shirt blanc, un short foncé et un air encore plus sombre qu’avant. Je m’enfonce dans mon siège pour passer inaperçue. J’ai juste oublié que je suis dans une voiture vert fluo. Du coup, la première chose que Blake repère, c’est moi avachie sur mon siège, dans une position de contorsionniste, le visage grimaçant. — Regarde, Blake est là ! s’exclame Rachel. Va lui parler. Elle se penche par-dessus mes jambes pour ouvrir la portière côté passager. Je reste paralysée. — Allez, sors. En général, les fêtes commencent à la tombée de la nuit. C’est alors que mes pieds s’activent indépendamment de ma volonté. En moins de deux, je me retrouve sur le trottoir, prête à partir. Blake n’a pas bougé d’un centimètre. Il est toujours sur la terrasse. Il semble aussi heureux que moi à l’idée de passer la soirée ensemble. — Coucou, Blake ! lance Rachel. — Salut, madame Lyons, répond-il avant de s’adresser à moi : T’es prête ? — Euh, oui. Il traverse la pelouse pour nous rejoindre et se poste devant moi. Il est encore plus grand que ce que je pensais. J’ai rarement besoin de lever la tête pour regarder quelqu’un dans les yeux, mais Blake m’y oblige. Je me sens toute petite à côté de lui. Sa taille est intimidante. Son regard aussi. Il m’observe comme si j’étais un chewing-gum collé sous sa chaussure. — Amusez-vous bien ! lance Rachel. Muette et désemparée, je la regarde disparaître dans la maison. Blake tourne les talons sans un mot. Il déverrouille la voiture de ses parents, s’assoit derrière le volant, puis ferme la portière avec fracas. Message reçu cinq sur cinq : il ne m’ouvrira pas la portière avec galanterie. Je m’empresse de contourner le véhicule et de m’installer. Je n’ai pas encore bouclé ma ceinture que Blake propulse la voiture en avant. Je me cogne le crâne contre l’appui-tête. Pauvre type".

"De grosses enceintes sont reliées à un petit local par une succession de rallonges électriques. Elles crachent une musique assourdissante. Sur l’une d’entre elles, un groupe de garçons a érigé une pyramide de gobelets en plastique. La bière versée au sommet tombe en cascade jusqu’à la base. Ce petit monde semble tout droit échappé d’une publicité pour un autobronzant, un kit de blanchiment des dents ou les deux. Plus globalement, j’ai l’impression de me balader sur le plateau d’un film pour ados ultra-cliché où des acteurs de vingt-cinq ans prétendent avoir mon âge".

"J’ai réussi à éviter l’eau pendant dix-sept ans. Il a suffi de quarante-huit heures à Holden pour changer ça".


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire