sortie originale
397 pages
Synopsis :
1589. D’un bout à l’autre des Highlands, les Sinclair et les Sutherland se livrent une guerre sans merci depuis des décennies. Quand le patriarche Sinclair est abattu sur ordre d’Arabella Sutherland, Cain, son fils aîné, pourchasse la jeune fille et réussit à la capturer. Plutôt que de la passer au fil de son épée, il a une idée : il va l’épouser et deviendra, de fait, le chef des deux clans. Or, Arabella est têtue comme une mule et préfère mourir que de se soumettre. Comment l’amadouer ? Peut-être en jouant de son tempérament fougueux qui doit cacher bien des trésors de sensualité…
[CHRONIQUE EXPRESS]
Ce premier tome de la saga des "Fils Sinclair" a été une très bonne lecture ! J'ai vraiment été happée par l'histoire, par cette jeune femme forte, qui cherche à défendre son clan, et qui se retrouve face au fils de son ennemi juré, l'homme qui avait tué son père (même si son père était loin d'être un saint et l'a fait souffrir, elle aussi....)....Nous sommes ici dans une romance où la "seconde génération" de ce clan, se déteste "par habitude" et évidemment, l'amour va vite emporter nos deux héros....
Il faut déjà savoir que Ella, notre héroïne, a repris la tête de son clan, et monte à cheval avec un pantalon....Elle porte un masque qui lui couvre le bas du visage, à cause d'une cicatrice (causée par son père.....), mais cela n'entache en rien sa beauté naturelle.....
Elle va être prise en chasse par Cain Sinclair, le fils ainé du clan ennemi, qui va vite arriver à la rattraper....Mais le baiser qu'elle va lui donner pour "faire diversion" ne va pas que lui permettre de s'en sortir....Il va juste lui permettre - contre son gré - de faire tomber cet homme totalement sous son charme !
Honnêtement, Cain le dit tout de suite à ses frères : Si Ella avait été un homme, il l'aurait exécuté sur place, mais comme elle est une belle jeune femme, et héritière d'un clan, il trouve plus judicieux de la "forcer" à se marier avec lui....
Sauf que la jeune femme, ne le souhaite pas - vu tout le mal qu'elle a entendu à propos du clan des Sinclair, depuis son enfance.....Mais vous vous en doutez, l'amour va grandir peu à peu entre eux-deux, ils vont finir par découvrir qu'ils ont beaucoup de points en commun (au niveau de leur enfance malheureuse) et aussi ils ont le même caractère et le même amour pour les chevaux....
Car oui, ce que j'ai retenu de ce 1er tome, c'est que les Sinclair font passer les chevaux avant les humains.....Oui, ils peuvent massacrer des populations, mais il faut sauvegarder au maximum les chevaux....Etant une amoureuse des animaux, et évidemment des chevaux, je ne leur donne pas tord.....Mais fort heureusement, les Sinclair sont plutôt cléments face aux enfants et aux personnes âgées (ou faibles)....
Donc, finalement, on comprend bien que ce ne sont pas des "sauvages"....Surtout depuis que Cain a pris la tête de son clan, à la mort de son père, au début du livre !
Le père Sinclair, qui meure donc effectivement au début du livre (grâce à Ella, leur ennemie), était devenu complétement fou.....A la mort de sa femme.... et le fait que sa soeur avait été un temps mariée au père d'Ella, avant d'être répudiée et traitée de sorcière n'a guère arrangé son état psychique....Bref, il y a un vrai "background" entre ces deux familles.....
Mais n'oublions pas les autres clans qui vont aussi avoir une importance dans le récit (sinon, ce serait trop facile !). No spoilers !....
Il faut aussi savoir que le père de Cain, considérait ses quatre fils comme les représentants des Cavaliers de l'Apocalypse....Si le dernier fils, est totalement identifié comme "le cavalier de la Mort", et le 2ème fils, comme le cavalier de la Guerre, pour Cain, notre héros, je n'ai finalement pas trop compris son rôle....Entre Pestilence et famine ?.....Je pense que c'est Famine, car il parle également de partage des cultures etc....
Bref, leur père était devenu cinglé à la mort de leur mère (quand elle a donné naissance à leur dernier fils, Bas, alias le cavalier de la mort, qui a 9 ans de moins que Cain, et qui sera sans doute le dernier héros à être traité dans cette saga par l'auteure....).
Et les quatre frères ont également une soeur, Hannah, qui va se révéler être une bonne amie, et une bonne alliée pour Ella....
Notre héroïne va se prendre peu à peu d'affection avec le clan Sinclair (notamment la soeur de Cain, et sa tante répudiée, ancienne épouse de son propre père...) même si, elle est considérée, au début, comme une ennemie (en tout cas, elle doit se marier "de force" avec Cain au début du livre)....
Bref, j'ai passé un excellent moment de lecture avec de la passion, du drame, des quiproquos, des personnages secondaires très intéressants, et évidemment, le charisme de l'héroïne, qui est une femme forte et déterminée.....Heureusement pour elle, Cain, en pince pour elle dès le départ, car vu le nombre de provocations qu'elle va causer, un gros rustre barbare l'aurait vite violée et décapitée, à l'époque....Mais évidemment, ce n'est pas le cas ici !
Le prochain tome sera consacré à Joshua, le 2ème fils Sinclair, celui qui est censé représenter le cavalier de l'Apocalypse Guerre....Et d'ailleurs, il est assez belliqueux et dans sa manière d'agir, on se rend compte qu'il a souvent été en compétition avec Cain et il n'aurait eu aucun remords à attaquer la famille d'Ella....
Bref, c'est une très bonne découverte de romance historique, dans les Highlands, au 16ème siècle et et j'ai vraiment hâte de lire la suite et de découvrir quel genre de femme va pouvoir convenir à chacun des frères de Cain !....Wait and see.....Je vous recommande évidemment totalement cette lecture !
Quelques citations :
"Une jument noire émergea de l’orée de la forêt. Sa couleur la destinait à intégrer l’écurie de Gideon après les combats, mais ce qui éveilla surtout la curiosité de Cain fut la femme qui se dressait debout sur la selle. Vêtue d’un pantalon noir moulant, elle leva le poing, et d’autres cavaliers sortirent des bois pour venir la flanquer. — À quoi rime ceci ? grommela Cain à mi-voix. Il plissa les paupières pour mieux distinguer la silhouette, qui ne pouvait être que celle de la fille du défunt chef du clan Sutherland, Arabella Sutherland. Il l’avait déjà croisée une fois, une dizaine d’années auparavant, à une fête de Beltaine. Elle était alors une beauté aux grands yeux gris, mais encore trop jeune pour ne pas rester cantonnée à la cueillette des fleurs des champs et aux rondes autour du mât de mai en compagnie des demoiselles de son âge. Apparemment, elle avait beaucoup changé. Cain se demanda si elle appréciait toujours autant les chardons d’Écosse qu’elle arborait autrefois à Beltaine. Elle ne portait pas, cette fois-ci, la capuche dont on la disait constamment affublée en public, mais un simple masque de cuir qui lui couvrait le bas du visage. — Cain ! lança Gideon d’une voix tendue en désignant les archers autour d’Arabella. Ceux-ci bandaient leur arme, une flèche – parfois enflammée – encochée sur la corde. — Ils sont en train de viser… — En avant ! hurla Cain en talonnant les flancs de Seraph".
"— Père, dit-il. Père ! George Sinclair pressa les paupières, comme si la douleur avait sapé son courage. Puis il cilla et leva les yeux vers ses garçons. Du sang échappé de ses poumons étoilait la commissure de ses lèvres. — Cain, ne plie jamais le genou devant aucun homme. Ton devoir est de conquérir. Les Sinclair passent avant tout. Tu es le serviteur de Dieu, Son arme contre les faibles, lâcha-t-il en haletant avant de cracher une nouvelle bulle écarlate. Cain sentit son père lui presser la main avec une force qui n’était plus que l’ombre de sa puissance légendaire. — Joshua mènera toutes les guerres du clan, reprit l’agonisant d’une voix sifflante. Gideon… — Je suis là, père, répondit-il en se penchant. — Juge sans pitié. Tu sais différencier le bien du mal. George laissa retomber sa tête sur le côté pour braquer son regard sur son benjamin, Bàs. — Tu portes le nom de la Mort, murmura-t-il avec une difficulté croissante. Tu apporteras la mort à tout ce que tu toucheras, et tu exécuteras nos ennemis. Il toussa. Cain sortit l’un des chiffons qu’il utilisait comme signaux sur le champ de bataille et s’en servit pour essuyer les lèvres de son père. Ce geste redonna assez de force à ce dernier pour qu’il puisse river son regard à celui de son aîné. — C’est toi le chef, désormais, murmura-t-il avant de lever les yeux vers la couronne posée sur le front de Cain. Comme je te l’ai appris… les quatre êtres… envoyés par Dieu pour anéantir nos ennemis. Vous êtes prêts à régner ensemble… sur mon fief… puis sur toute l’Écosse. La rougeur qui teignait les joues couperosées de son père pâlit peu à peu, jusqu’à ce que sa peau prenne la lividité du cheval gris-vert de Bàs. Le coin de ses lèvres se retroussa. Cain avait-il jamais vu son père sourire ? Pas depuis la mort de sa mère, en tout cas. — Merida m’a prévenu que je mourrais aujourd’hui, dit George Sinclair. Je suis content de partir ainsi. Ses yeux, qui restaient braqués sur son fils aîné, se figèrent insensiblement tandis que son âme le quittait. Cain ne bougeait plus, incapable d’esquisser le moindre geste. Son père avait été une montagne, un volcan débordant d’énergie, animé par un tempérament explosif. Et voilà qu’il était réduit au silence et à l’immobilité. Son cri de guerre semblait résonner à ses oreilles. George Sinclair avait toujours paru invincible. — Père, murmura Cain en posant la main sur sa poitrine inerte. Il pencha la tête et serra dans son poing la chemise ensanglantée du vieux chef de guerre."
"Impossible de ne pas reconnaître Cain Sinclair, l’aîné des quatre frères. Elle s’était trouvée face à lui lors d’une fête, douze ans auparavant, alors qu’elle n’était encore qu’une jeune fille et que lui-même était un grand garçon à la musculature déliée. Il lui avait souri, jusqu’à ce que son père lui murmure quelque chose à l’oreille. Les traits de Cain s’étaient alors contractés de dégoût. De dégoût ! Et cela remontait à une époque où elle n’était pas encore défigurée"…
"Jamais Ella Sutherland ne le supplierait de la relâcher, sinon dans l’intention de le berner, comme avec son maudit baiser. Il durcit ses traits et la toisa de son regard le plus meurtrier. Cette expression avait déjà réussi à intimider de grands guerriers par le passé ; elle suffirait bien à subjuguer cette jeune rebelle. — En fait, il y a deux options, déclara-t-il tandis qu’une nouvelle stratégie prenait forme dans son esprit. Il attendit une question de sa part, mais elle se contenta de le fixer avec colère. — Soit vous mourez, expliqua-t-il, soit vous épousez un Sinclair pour unir pacifiquement nos deux clans sous la domination du mien. Elle écarquilla les yeux et demeura un instant bouche bée. — Quel Sinclair ? Il fronça les sourcils. — Moi. Maintenant que mon père est mort, c’est moi qui dirige le clan. Elle cessa de crisper les lèvres mais s’abstint de sourire. Ses joues s’empourprèrent. Elle humecta ses lèvres généreuses. — Alors j’opte pour la mort. Cain avait soif, un début de migraine lui taraudait les tempes et sa peau était toute poisseuse de sueur et de sang. Un gloussement sec s’échappa néanmoins de sa poitrine. Il relâcha les bras de la jeune femme qui les ramena devant elle, puis s’accroupit au-dessus d’elle. Quel meilleur cadeau à offrir à son père, le jour même de son décès, que la conquête du clan Sutherland ? Elle planta les talons dans le sol et se recula, le front plissé. Elle avait l’air d’un chat sauvage aux abois, prête à griffer et à cracher s’il tentait une nouvelle fois de poser les mains sur elle. Une bande de peau soyeuse apparaissait au-dessus du col de sa tunique noire, la couleur du vêtement présentant un contraste saisissant avec la pâleur du cou gracile. Ils avaient atterri au milieu de ce que sa tante appelait un « rond de fée », à savoir un large cercle de fleurs pourpres dont une, arrachée à ses compagnes, pendait dans les boucles sombres d’Ella. — Vous allez m’épouser, et je dirigerai les deux clans. Un mariage avec la chef des Sutherland permettrait de sceller cette alliance sans effusion de sang supplémentaire. La conquête du clan de la jeune femme prouverait que le sacrifice de son père n’avait pas été vain. Il gagnerait un surcroît de respect parmi les siens et satisferait la curiosité qu’avait éveillée en lui le feu allumé par le baiser d’Ella Sutherland. Il serait également en mesure d’identifier et de tuer le gredin qui l’avait marquée du sceau familial. Oui, cette union était la meilleure solution. — Seriez-vous sourd par-dessus le marché, espèce de gros bovin couronné ? s’exclama-t-elle en enfonçant son poing ganté dans sa poitrine – ce qui lui donna plus que jamais envie de voir sa main nue dans la sienne. Je choisis la mort, dit-elle en avançant légèrement la lèvre inférieure. Une mort rapide, comme il sied à un chef".
"Il s’avança vers Ella et se mit à tourner autour d’elle en la toisant d’un regard pénétrant. La jeune femme garda une immobilité de statue. — Mais peut-être auriez-vous envie d’aller vous occuper de lui ? — Ça suffit, intervint Merida en contournant la table. Cette petite a déjà dû supporter Alec Sutherland depuis le berceau. Elle désigna le visage d’Ella : — Et elle n’en est pas sortie indemne. À ces paroles, la jeune femme pencha la tête, laissant ses cheveux détachés retomber sur la cicatrice qui marquait sa joue. Était-ce un réflexe de honte ? Cain sentit son ventre le brûler de plus belle à cette idée. Était-ce son propre père qui avait ordonné qu’on la marque ainsi ? S’en était-il chargé lui-même ? Si tel était le cas, il méritait de croupir éternellement en enfer. Merida pointa un index vers le plafond. — Il y a un lit dans la chambre de la tour. Et un verrou à la porte, ajouta-t-elle en regardant Ella. Pour avoir un minimum de tranquillité. La petite pièce circulaire avait été aménagée par le défunt chef juste au-dessus de ses appartements, pour pouvoir contempler son domaine de haut".
"Ella, je vous en prie, sachez que le regard que vous a adressé mon frère ce jour-là vous visait beaucoup moins que votre père. Quand ma tante Merida, à la suite de son divorce, a été renvoyée à Girnigoe, elle n’a caché aucune des brutalités que lui avait infligées Alec Sutherland en apprenant qu’elle ne pourrait pas lui donner de fils. Il ne désirait rien tant qu’un héritier. C’était exact. Ella avait dû subir la honte d’être du sexe féminin sa vie durant. Son père passait son temps à lui reprocher de ne pas être un garçon, à tel point que sa mère avait dû la protéger pendant son enfance. Puis, à partir de sa quatorzième année, quand Mary Sutherland était morte, elle avait appris à devenir pratiquement invisible pour échapper à l’animosité d’Alec Sutherland".
"Ella, je vous en prie, sachez que le regard que vous a adressé mon frère ce jour-là vous visait beaucoup moins que votre père. Quand ma tante Merida, à la suite de son divorce, a été renvoyée à Girnigoe, elle n’a caché aucune des brutalités que lui avait infligées Alec Sutherland en apprenant qu’elle ne pourrait pas lui donner de fils. Il ne désirait rien tant qu’un héritier. C’était exact. Ella avait dû subir la honte d’être du sexe féminin sa vie durant. Son père passait son temps à lui reprocher de ne pas être un garçon, à tel point que sa mère avait dû la protéger pendant son enfance. Puis, à partir de sa quatorzième année, quand Mary Sutherland était morte, elle avait appris à devenir pratiquement invisible pour échapper à l’animosité d’Alec Sutherland".
"— Mes guerriers me considèrent aujourd’hui avec respect, continua-t-elle. J’ai déjà eu l’occasion de leur prouver ma valeur, si bien qu’ils ne me toisent plus de haut… à la différence de certains. Elle baissa les yeux sur un brin de paille qu’elle était en train d’éplucher de ses petits ongles. Faisait-elle encore allusion au regard qu’il lui avait lancé autrefois ? Il se racla la gorge. — Quand nous nous sommes rencontrés à la fête de Beltaine, il y a dix ans de cela… — Douze, rectifia-t-elle. Cela remonte à douze ans. — Soit, reconnut-il en étendant ses jambes devant lui pour les croiser au niveau des chevilles. Ce jour-là, donc, l’expression que vous avez surprise sur mon visage ne vous était pas adressée – celle que vous avez interprétée comme une grimace de dégoût. Elle a été provoquée par l’évocation de votre père et du traitement qu’il infligeait aux femmes de son entourage, en particulier ma tante Merida. Évidemment, il avait aussi cru son père quand il avait prétendu que les Sutherland battaient leurs chevaux, mais son opinion à ce sujet avait changé depuis. Ella se débarrassa du brin de paille d’une chiquenaude. — C’est ce que m’a affirmé aussi votre sœur. — Et pourtant vous me détestez toujours, énonça-t-il tout en regardant Ginny pousser tendrement sa petite. Ella inclina la tête. — Suis-je toujours votre prisonnière ? — Jusqu’à ce que vous m’accordiez votre main, lui rappela-t-il, avant de poursuivre d’une voix plus douce : Vous pourrez ensuite continuer à diriger votre clan avec moi. Il avait prononcé ces derniers mots avec lenteur, soucieux de ne pas la brusquer. Elle tourna complètement la tête vers lui, le dos plaqué à la paroi de la stalle. — Vous me permettriez de gérer à ma guise Dunrobin et les terres des Sutherland, comme aujourd’hui ? — De les gérer ? répéta-t-il en se grattant le menton. — Oui, en me confirmant officiellement à la tête de mon clan. Il la dévisagea un instant. — En d’autres termes, vous voudriez en rester chef, alors même que vous m’auriez épousé. — Ce n’est pas une réponse. Il aurait pu lui mentir, assurer que les siens garderaient leur indépendance après leurs noces et, une fois leur alliance scellée devant Dieu et les hommes, revendiquer son fief et mettre le roi Jacques devant le fait accompli. Cependant, il ne voulait pas recourir au mensonge pour obtenir la victoire. Il soupira. — Dunrobin et le domaine des Sutherland seront rattachés au fief des Sinclair et dépendront de ma seule autorité. Elle renversa la tête en arrière, les yeux fixés en l’air. — Alors ma réponse est encore non, et je compte toujours m’échapper d’ici – vivante ou morte, cela dépendra de vous. Puis, sans rien ajouter, elle se redressa en ramassant le chaton, avant de remonter l’allée de l’écurie pour sortir du bâtiment. Cain se leva à son tour et la suivit à distance. Il la rattrapa dans la cour. Elle regardait droit devant elle et devait sans doute être en train d’échafauder une nouvelle évasion. — Pour votre gouverne, lança-t-il, je vous signale que Thomas restera en faction dans l’escalier de la tour, que deux sentinelles seront postées sous vos fenêtres au cas où vous parviendriez à en arracher les planches, et que deux autres gardes seront chargés de surveiller la porte du passage secret montant à la chambre du chef – chambre que j’occuperai, désormais. Elle pivota vers lui et le toisa avec un air blasé. — Cela ne m’empêchera pas de vous fausser compagnie. Malgré le sentiment de déception que lui avait laissé leur conversation dans l’écurie, il ne put retenir un demi-sourire. — Pari tenu, dit-il".
"Puis elle se sentit fuser vers le ciel, comme il le lui avait promis. — Oh, oui ! s’exclama-t-elle. Un cri de joie encore plus fort que le sien lui répondit : c’était Cain qui connaissait à son tour la délivrance. Rouvrant les yeux, elle vit une passion pure et sans fard altérer les traits de son visage. Le chef des Sinclair connaissait réellement le bonheur dans ses bras, ici et maintenant. Le cœur d’Ella battit la chamade devant cette découverte. Rouvrant les paupières à son tour, il croisa son regard que brouillaient encore les ultimes soubresauts de volupté. — Je suis à toi, lâcha-t-il entre ses dents. Ces mots furent comme un serment qui acheva de bouleverser la jeune femme, bien plus encore que l’union de leurs chairs. — Je suis à toi, répéta-t-elle en écho. En cet instant d’extrême franchise, alors qu’ils venaient de connaître le paradis ensemble, Ella se sentait bel et bien lui appartenir tout entière. Et elle ne le regrettait pas".
"— Je n’aurais jamais cru voir un jour le brave Cain Sinclair reculer devant une faible femme. Pour le coup, il se figea sur place. — Ella, dit-il en la prenant par les épaules quand elle se fut rapprochée. Si tu continues à prendre des risques insensés, tu pourrais en mourir… et je ne saurais le permettre. Il leva les yeux vers les arbres au-dessus de leurs têtes et inspira profondément. — Je crois bien que… Il s’interrompit pour déglutir. — Si je voyais ton visage pâle et sans vie, tes sublimes yeux gris fixant le vide… Il rabaissa le regard vers elle, et la jeune femme y lut une souffrance sans nom. — Je deviendrais fou, comme père après la mort de mère. Le cœur serré, Ella ne respirait plus que par à-coups. — Et moi, je perdrais la raison si tu ne me permettais pas de vivre, rétorqua-t-elle. Cain, je n’ai pas passé vingt-six années à survivre à la cruauté de mon père pour tomber ensuite sous la coupe d’un mari. Il détourna la tête en étouffant un juron. Elle posa une main sur son torse. — Tu m’as interdit de mourir quand je t’en ai supplié. Ce n’est pas pour m’empêcher de vivre maintenant".
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