Les Editions BMR (2021)
Sortie originale 2015
211 pages
Synopsis :
Douze humaines se retrouvent bloquées sur une planète extraterrestre hivernale. Et comme par hasard, je suis l'une d’entre elles. La chance, n’est-ce pas ? Et comme si ce n’était pas assez, notre nouvelle maison produit une sorte de gaz toxique qui nous tue à petit feu. Nous devons accepter qu’un insecte adapte nos corps pour survivre dans cet endroit brutal. Sauf que mon insecte, ce crétin, pense que je devrais être la compagne du plus grand et du plus grincheux extraterrestre du groupe, Raahosh. Lui aussi pense que l’insecte a raison, alors il me kidnappe et m’emmène loin du groupe, déterminé à me faire craquer pour lui.
Il ne sait pas à qui il a affaire. Et si je n’avais pas autant envie de lui arracher ses vêtements (merci, insecte), je lui dirais exactement ce que je pense. En l'état, je fais de mon mieux pour lutter contre cette attirance démesurée. Même si c’est plus facile à dire qu’à faire…
[CHRONIQUE EXPRESS]
J'ai vraiment beaucoup apprécié ce 2ème tome de "Ice planet barbarians", sans doute à cause de la personnalité de nos deux héros !
Grâce à ce nouveau couple, nous en savons un peu plus sur les "traditions" des sa-khui, vu que les parents du héros ont été unis "à l'insu de leur plein gré" - enfin surtout sa mère - qui n'a jamais été heureuse avec son mari - jusqu'à en mourir et laisser Raahosh encore enfant (avec des cicatrices encore visibles à l'âge adulte)....D'ailleurs, il n'a pas que des blessures physiques mais aussi psychologiques...Il faut savoir qu'il avait un petit frère qui mourra peu après sa mère, faute de soins....Et du coup, son père est parti à la dérive.....Il faut dire que même si leur khuis respectifs avaient résonné, le père de Raahosh avait "pris de force" sa mère....Et l'histoire va se répéter entre Raahosh et Liz, l'humaine bad-ass de la bande d'humaines rescapées de l'atterrissage en urgence de vaisseau spaciale qui les avait enlevées.....
Liz a un caractère bien affirmé et il n'a pas la langue dans sa poche....Quand elle veut "envoyer chier" quelqu'un, elle n'y va pas par quatre chemins ! Et justement, elle va tomber sur le chasseur le plus taciturne du groupe qui va la "kidnapper" comme un homme de cro-magnon dans sa grotte bien cachée des autres....
Il faut dire que le khui de Raahosh a résonné pour Liz et évidemment, il attends que celui que Liz s'est fait "introduire" (de force, dans le cou...Pas le cul....Je vous vois venir, les petits coquins...) résonne également à l'unisson ! (je rappelle que le kui, ce "parasite symbiote" leur est vital pour supporter l'atmosphère de cette planète, entre autres.....).
Concernant Raahosh, il a un peu des circonstances atténuantes pour expliquer son comportement de "gros sauvage".....Il a été élevé de cette manière et surtout, à cause de ses cicatrices hérités de son enfance chaotique, il n'a jamais connu de femelle.....Elles sont si peu nombreuses dans sa "tribu" qu'elles peuvent choisir les plus beaux mâles et du coup, Raahosh se retrouve donc puceau et seul, tellement seul....
On en a mal pour lui, au fur et à mesure que l'on découvre son histoire.....Et Liz, qui, au départ, se comporte mal vis à vis de lui (en même temps, il l'a enlevée contre son gré, on peut la comprendre...) va finir par ouvrir les yeux à propos du mâle qu'elle a face à elle.....
En plus, ils partagent beaucoup de points communs, notamment la "passion" de la chasse (enfin, pour raahosh, c'est vital....Liz, quand elle vivait avec son père, c'était plus pour le fun...Il parait que dans notre société, la chasse est un sport, une noble activité....Sans commentaire....).
En tout cas, j'ai vraiment aimé la manière dont la jeune femme va changer sa vision sur ce mâle malheureux et un peu rustre mais qui cache un coeur en or.....
Elle aussi, va donc s'adoucir et va finir par aimer Raahosh (surtout qu'elle va "résonner" également pour lui...).....Ils vont vivre un grand nombre d'aventures, face aux diverses créatures qui peuplent cette planète et qui sont tour à tour proies ou prédateurs.....Mais le pire reste à venir car Raahosh devra répondre de l'enlèvement de Liz à sa tribu et son chef (et ami), Vektat, le héros du premier tome.....
La seconde partie du livre est donc tout autant intéressante, quand ils sont retrouvés par les autres et que Raahosh va être puni et que Liz va le voir souffrir pour eux-deux.....
La jeune femme peut compter sur le soutien (relatif) de ses amies humaines mais par son caractère de cochon, elle va réussir aussi à mettre le boxon dans la tribu, insinuer le doute chez les humaines....
Bref, dans la mesure où la tribu lui interdit de revoir Raahosh, elle va leur faire la misère et c'était intéressant de voir la manière dont elle va y parvenir....
Nous avons aussi dans ce récit les prémices du prochain couple, qui devrait être tout aussi intéressant, mais dans un autre style, avec une humaine, Kira, qui est vierge (c'est celle qui a eu l'oreillette greffée par les "méchants extraterrestres") et qui a retenu l'attention d'un beau guerrier, Aehako (et qui est assez cool pour devenir le pote, voire le "complice" de Liz dans ce 2ème tome, c'est à souligner !....Par contre, elle a préparé une bonne blague à l'encontre de Kira en donnant un conseil merdique de "séduction" à Aehako....J'ai hâte de lire la réaction de la jeune femme dans le prochain tome !).
Pour conclure, j'ai vraiment passé un bon moment de lecture, avec une jeune femme forte et guerrière, qui sait se battre, chasser et qui va impressionner Raahosh (et qui va surtout devenir ses "toutes premières fois").....C'est un couple attachant ,surtout Raahosh, qui en a bavé toute sa vie et on est vraiment content pour lui, qu'il trouve enfin l'amour et la possibilité de fonder une future famille avec son humaine.....
Maintenant, il ne reste plus qu'à continuer la saga....Le 3ème tome devrait être très intéressant, en plus, les "méchants extraterrestres" devraient refaire leur apparition....Bref, de la passion, de l'aventure dans un monde inconnu, "Ice planet barbarians" est une saga de science-fiction (sensuelle) très intéressante et surtout très prenante ! Evidemment, elle a quelques défauts (sur la facilité scénaristique entre la technologie avancée et le monde "sauvage" qui se "côtoient" mais cela reste néanmoins un vrai page-turner comme je les aime !
Quelques citations :
"— Quoi qu’il en soit, il semblerait que nos copains extraterrestres soient devenus gourmands et qu’ils aient décidé de ramasser autant d’humaines que le permet leur vaisseau spatial. À l’origine, nous étions neuf. Les filles font de grands yeux. Ariana sanglote de plus belle. J’aimerais avoir une chaussette pour la lui foutre dans la bouche. — Comment tu sais ? demande Nora d’un ton accusateur. — Comment je sais quoi ? — Qu’ils allaient nous vendre ? Peut-être qu’ils nous emmenaient dans un endroit sympa ? Bien sûr, et moi je suis Casper, le gentil fantôme ! Bordel. Je désigne Kira qui fronce les sourcils en me regardant. — Grâce à Kira. Elle est la seule d’entre nous à avoir un traducteur. Elle a eu le privilège d’être la première à avoir été ramassée. Ils lui ont agrafé un appareil dans l’oreille, et maintenant, elle comprend tout ce que les extraterrestres lui disent. C’est comme ça qu’on a découvert leur objectif, qu’ils allaient nous vendre. Avec le traducteur, elle a compris ce qu’ils disaient entre eux. On a vite compris qu’on nous emmenait pas sur Planet Malibu pour siroter des margaritas et peaufiner notre bronzage. — Liz, tonne doucement Kira. Nora tressaille. Je sais que je n’ai pas l’air compréhensive. Mais je ne suis pas sûre de m’en soucier. — Voici le truc. Ces extraterrestres nous ont arrachées à notre monde, nous ont étiquetées comme du bétail (je montre la bosse sur mon bras, là où se trouve l’objet métallique que je soupçonne être un traceur GPS) et ils veulent nous vendre comme des porcs au plus offrant dans un marché de chair fraîche. Et pendant que certains baisent leurs porcs… — Dégueu, marmonne quelqu’un. — Beaucoup d’autres les bouffent, tout simplement, terminé-je. Alors, tu m’excuseras si je ne suis pas prête à trouver des excuses à nos ravisseurs. Les petits hommes verts n’étaient pas « gentils ». Ils travaillaient avec des gardes… et ces mêmes gardes ont violé plusieurs des filles qui étaient captives avec nous. Ils nous ont gardées en cage, ils nous ont fait chier dans un seau, ils nous ont traitées comme moins qu’humaine. Il faut que tu le saches pour pouvoir comprendre pourquoi nous sentons mauvais, pourquoi nous sommes épuisées, affamées et malades, OK ? Les nouvelles hochent la tête, Ariana se remet à pleurer. — Quelqu’un va nous manger ? — Plus maintenant, la rassure Kira. C’est elle qui devrait prendre la parole. C’est la plus douce. Mais elle me fixe, c’est donc à moi de continuer à leur expliquer. Je m’exécute. — Les extraterrestres sont partis, pour le moment. J’explique brièvement notre rébellion, comment Georgie a tué l’un des gardes au moment même où notre prison fut jetée sur cette planète. Maintenant, nous sommes des résidentes de Pas-Hoth, nom que nous lui avons donné. Il y fait froid, il n’y a que de la neige et c’est complètement inhospitalier. Notre atterrissage étant plutôt rude, personne ne s’en est sorti indemne. Deux d’entre nous sont mortes, trois de mes orteils également, me rendant incapable de marcher plus de quelques mètres. Au moins, je suis toujours en vie. — Une fois nos blessures évaluées, Georgie – la plus courageuse et la moins blessée – est sortie avec notre seule tenue chaude pour trouver de l’aide tandis que le reste d’entre nous avons dû rester derrière à nous geler les fesses. Je vous ai dit que nous étions toutes en pyjamas ? Pas des plus chaud".
"Pour survivre, il faut être… infectée. J’admets que, si l’idée du sauvetage me redonnait espoir (je suis celle qui voit le verre à moitié plein, et Kira, à moitié vide) l’idée qu’un insecte puisse vivre en moi me rend malade. Si le pou semble être la solution à notre problème, il y a un piège, comme nous l’a gentiment précisé Georgie. Le but de la créature étant la procréation de l’espèce, s’il voit deux personnes qui feraient un bébé parfait, il se passe ce qui s’appelle « la résonance ». Le pou se met à vibrer dans notre poitrine dès que notre « compagnon » se trouve proche de nous, et il ne s’arrêtera que lorsqu’un bébé sera né. Oh, et, la tribu de Vektal, composée d’extraterrestres à la peau bleue qui font deux mètres et ont des cornes ? Ils n’ont que quatre femelles. Si nous restons ici, nous acceptons plus qu’un sauvetage, nous acceptons des maris. Georgie a déjà été revendiquée par Vektal et en semble heureuse. Ils ne peuvent pas s’empêcher de se dévorer du regard. Non seulement nous acceptons le pou, mais nous acceptons aussi un homme, et nous n’avons pas le droit de le choisir. Je ne sais pas encore ce que j’éprouve à ce sujet. Quand je dis qu’ils sont « gentils sous certaines conditions », c’est la pure vérité. Ils sont gentils parce qu’ils veulent nous remplir de leur pâte à bébé".
"C’est vrai, je passe une journée pourrie. Penser que, malgré un kidnapping par des aliens, malgré avoir vécu dans une espèce de soute glaciale et brisée pendant une semaine en ne portant qu’une chemise de nuit… je peux passer une journée encore pire ? Oui, c’est possible. La raison de ma mauvaise humeur apparaît un moment plus tard. Il se dirige vers moi alors que j’essaie de me faire toute petite, invisible sous mes fourrures. Il ignore les cris effrayés des autres femmes et se précipite à mes côtés. Il ouvre les fourrures et me tend, presque sous mon nez, une tasse contenant un liquide fumant. Il ne dit rien. Il attend, en silence. — Dégage, lui lancé-je d’un ton grincheux en essayant de récupérer mes fourrures. L’extraterrestre ne me laisse pas les prendre. À la place, il les tire encore plus loin, hors de ma portée. Il pousse à nouveau la tasse sous mon nez. Il me semble évident que, si je veux récupérer ma couverture, je vais devoir boire ce liquide démoniaque qu’il m’apporte. C’est un connard".
"L’alien repose la fourrure sur mes épaules et m’enroule dedans. Il se penche, très près, et je retiens ma respiration. Les autres filles restent silencieuses, je peux sentir leurs yeux sur nous. Alors qu’il ajuste les couvertures une dernière fois sous mon air fixe, il dit un mot : « Raahosh ». Puis, il se lève, ignore nos regards insistants et quitte le vaisseau en trombe. — Qu’est-ce qu’il vient de dire ? demande une des filles. — La traduction est mauvaise, répond Kira en touchant le traducteur sur son oreille. C’est quelque chose comme « Celui qui est en colère et qui grogne. » — C’est son prénom, les informé-je, même si ce n’est qu’une supposition. Le nom « connard grognon » lui irait bien. Ce n’est pas la première fois que Raahosh vient me dire bonjour. Lorsque je me suis réveillée de mon sommeil comateux, c’était pour trouver son visage près du mien, forçant l’eau à traverser mes lèvres sèches. Il s’est imposé comme mon sauveteur personnel, m’offrant de la viande, des boissons chaudes, et il s’assure fréquemment que je suis bien au chaud. Pour faire court, il fait du surplace depuis l’arrivée des chasseurs et ça me tape sur le système. D’habitude, ça ne me dérange pas qu’un homme se présente à moi et m’offre des cadeaux, surtout si je suis affamée. Mais ces cadeaux ne sont pas gratuits. Capitaine Obvious cherche une compagne et il semble avoir jeté son dévolu sur moi".
"Raahosh se distingue des autres à plusieurs égards. Pour commencer, il est le plus grand, ce qui n’est pas si important, vu qu’ils font tous plus de deux mètres. Mais sa taille donne l’impression qu’il est toujours plus haut que les autres. Ses épaules ne sont pas aussi larges que celle de Vektal, ce qui signifie qu’il est seulement énorme, au lieu de gargantuesque. Et tandis que Vektal est d’un bleu pur, Raahosh a une peau d’un bleu plus foncé, grisâtre, ce qui le fait ressembler à Bourriquet. Ces cicatrices n’aident pas non plus. Un côté de son large visage d’extraterrestre est couvert de balafres, les profondes entailles sur son front et son œil témoignent d’une mauvaise rencontre. Elles continuent le long de son cou et disparaissent sous ses vêtements. La corne de ce côté de sa tête n’est qu’un moignon déchiqueté, l’autre est arquée vers le haut comme un rappel élégant de ce qui lui manque. S’ajoutent à cela une bouche ferme et pincée par l’aversion, et des yeux étroits qui brillent d’un bleu étrange, à cause du symbiote ? Tout ça pour dire qu’il n’est pas exagéré d’affirmer que Raahosh est plus effrayant que les autres. Le fait même qu’il me considère comme sa propriété est… énervant. J’avais dit à Georgie est aux autres que j’étais prête à faire n’importe quoi pour un cheeseburger, mais qu’un extraterrestre me réclame, c’est… bizarre. Et je n’ai même pas le choix ? C’est comme si je demandais un hamburger et que quelqu’un me mettait un cornichon dans la main en disant : « Va te faire voir, tu auras juste un cornichon ». Et, vu que je pense à des objets phalliques, je regarde à nouveau Raahosh. Ce n’est pas simple, je suis allongée et mes yeux sont presque clos, mais j’arrive à le voir, lui et un autre alien, bouger au bord du vaisseau, emballer les sacs et vérifier certaines choses. Je ne trouve ni Georgie, ni Vektal. Je continue de regarder Raahosh qui se penche puis se lève. Sa queue est immense, je me demande si c’est un indicateur sur ce qui se passe… dans une autre région de son anatomie. Non pas que cela m’intéresse. Avec un peu de chance, si nous attrapons le parasite, il choisira quelqu’un d’autre. Cela mettra-t-il M. Relou en colère ? Je m’endors en imaginant sa tête lorsque mon pou le rejettera".
"Mon khui est stupide. C’est sûr. Sinon, pourquoi aurait-il ignoré les femmes de mon peuple pour se mettre à vibrer à l’instant où nous rentrons dans la tanière pleine d’humaines sales en haillons ? De plus, il a choisi l’humaine la plus frêle et malade pour qu’elle devienne ma compagne. Une compagne qui me regarde avec des yeux sombres et furieux, qui refuse de boire le bouillon médicinal que je lui apporte, qui repousse mes mains lorsque j’essaie de l’aider à se lever, qui se renfrogne lorsque je lui apporte de l’eau ? Il est clair que mon khui est empli de bêtise. — Tu as résonné pour quelqu’un ? demande Aehako à mes côtés. Il glisse une fourrure dans son sac de voyage. Nous sommes en train de préparer la grotte pour partir, car les humaines sont trop faibles pour le faire. Nous devons tout prendre, ordre de Vektal. Même si c’est taché ou inutile. Les humaines possèdent si peu qu’elles chérissent tout ce qui leur appartient. Alors, nous emportons tout avec nous. Deux autres chasseurs, qui ont résonné, ont été envoyés chercher des couvertures dans les grottes les plus proches ; les humaines ne sont pas équipées pour affronter la neige, et elles n’ont pas de khui pour les maintenir au chaud".
"Aehako répète sa question. — Raahosh ? As-tu résonné ? Je n’aime pas mentir, mais je ne veux pas non plus que quelqu’un le sache, pas quand ma compagne me regarde avec tant de colère. Raahosh est plus effrayant que les autres. Ses mots sont durs. Elle est lisse, pâle et faible, et pourtant, c’est moi le problème ? Je hausse les épaules et prends le sac. — Cela n’a pas d’importance. Nous verrons ce qui se passera lorsque les humaines auront leurs khuis. — Je n’ai pas résonné, reprend Aehako, l’air morose et les traits abattus. Tu penses que d’autres résonneront quand elles seront en saison ? Peut-être qu’elles ne sont pas en saison. Il me lance un regard plein d’espoir. — Est-ce que j’ai l’air de connaître les saisons humaines ? craqué-je. Finis ton sac. Nous devons nous dépêcher si nous voulons qu’elles soient assez proches du sa-kohtsk pour le chasser".
"Tout ce que je sais, c’est que je résonne pour l’une des humaines mourantes, et si elle meurt, elle emporte tous mes espoirs et mes rêves avec elle. Je n’ai jamais eu de compagne. Je n’ai jamais eu d’amante. Les femmes sont peu nombreuses dans notre clan, et celles qui veulent s’accoupler avec un chasseur balafré et revêche encore moins. Jamais je n’aurais imaginé avoir une compagne rien qu’à moi. Et maintenant qu’elle est là… Je ne sais pas comment agir. Je reste donc silencieux et il me faut toute mon énergie pour que mon khui reste calme tandis que les humaines se lèvent pour se préparer au long voyage vers les grottes du clan".
"J’ignore ses mains qui tentent de me frapper alors que je passe une main le long de ses jambes nues, à la recherche de blessures. Elle repousse mon contact, mais pas avant que je ne voie que trois de ses nombreux orteils sont enflés et meurtris. Ils sont probablement cassés, et elle n’a pas de khui pour la guérir. Malgré tout, elle espère refuser mon aide ? Encore plus stupide. J’ignore ses protestations et la prends dans mes bras. Je la porterai jusqu’à la chasse au sa-kohtsk s’il le faut. Elle survivra, je ne supporterai pas l’inverse. — Hé ! Pose-moi, gros balourd, crie-t-elle à mon oreille. Au moins, ses poumons ne sont pas atteints. J’ignore ses beuglements et m’assure de l’envelopper dans les fourrures malgré son agitation. — Raahosh, tonne une voix. C’est un avertissement. Je lève le regard – tandis que la main de l’humaine me frappe la mâchoire en signe de protestation – et je vois mon ami et chef qui se dirige vers moi. — Tu ne peux pas la porter si elle n’est pas d’accord, dit-il dans notre langue. Les humaines doivent être courtisées en douceur. Elles sont fragiles".
"Raahosh, prévient Vektal. Tu connais mes ordres. C’est vrai, je les connais. Ne rien faire aux humaines si elles ne sont pas d’accord. Avec une infinie tendresse, je dépose doucement la mienne au sol, résistant à la forte envie de l’écraser contre ma poitrine et caresser ses cheveux crasseux. — Elle est blessée, répliqué-je. Je voulais simplement l’aider. — Il y aura suffisamment de temps pour ça, répond-il en me tapotant le bras avec bonhomie. Évidemment, il est de bonne humeur. Il a sa compagne à ses côtés. La mienne me regarde comme si elle rêvait de m’enfoncer un couteau dans le dos. — Si elle souhaite marcher, laisse-la, continue-t-il. — Très bien, grogné-je. Je m’assure qu’elle soit bien emmitouflée dans les fourrures et lui donne des couvre-pieds. C’est le moins que je puisse faire. Je fais semblant de ne pas la voir grimacer ni l’entendre pester des mots incompréhensibles lorsqu’elle essaie de glisser son pied enflé à l’intérieur. Elle est couverte de blessures, mon humaine. La plus fraîche se situe sur son bras, là où le « capteur », comme les humains l’appellent, a été retiré de sa chair. Cela lui vient des « méchants », mais tout ce que je sais, c’est qu’elle doit prendre un khui au plus vite afin de la guérir".
"Au lieu de ramener mon humaine au camp, je la serre plus fort et me dirige dans la direction opposée, hors de la vallée. Je l’emmènerai et la cacherai loin. Je ne reviendrai avec elle que lorsqu’elle sera pleine de mon enfant et que nous serons vraiment accouplés. Ensuite, nous retournerons au clan, nous pourrons en faire à nouveau partie. En attendant ? Elle est à moi et à moi seul".
"Mon estomac grogne. Pire que ça, ma poitrine vibre encore de la réaction de mon pou à son égard. Si cela signifie ce que je pense… Je viens de me dégoter un mari extraterrestre. Merde. Ce type ? Je gémis, car ce n’est pas ce que je voulais. Si je devais avoir un extraterrestre, pourquoi ne pouvais-je pas avoir un gentil garçon souriant ? Quelqu’un avec un sourire qui s’illumine à ma vue et qui me traite comme une reine ? Quelqu’un qui me regarde comme Vektal regarde Georgie ? Au lieu de cela, j’ai la version extraterrestre de Grumpy Cat, et il vient de me ligoter et de m’attacher comme un veau dans un rodéo. Connard".
"Et Liz jacassera tout le temps et fera fuir notre gibier. L’idée me remplit une nouvelle fois de joie. Penser que je peux avoir une compagne après si longtemps… J’ai ma tribu, mais je me suis toujours senti… seul. Un étranger. C’est peut-être parce que je n’ai jamais eu de compagne, ou d’amante. Je supposais que personne ne voulait de moi. Puis, mon esprit divague. Personne ne me veut. Liz ne veut pas de moi. En colère contre moi-même, je plante la pointe de ma lance dans la neige et l’utilise comme bâton de marche. Elle changera d’avis. Il le faut. Je ne sais pas ce que je ferai si ma propre compagne me rejette malgré le khui dans sa poitrine".
"— Est-ce que je te fais peur ? C’est pour cela que tu me repousses ? Il a l’air presque plein d’espoir. Bizarre. — Je n’ai pas peur de toi. Son expression s’assombrit. — Alors tu me refuses pour d’autres raisons. — Des raisons du genre « ce n’est pas mon choix » ? C’est une raison suffisante pour moi. Je me dirige vers les couvertures et m’y glisse, me déplaçant jusqu’à l’extrémité des fourrures. Elles forment un lit agréable et douillet, même si elles ne sont pas très grandes".
"— Nous pouvons y aller doucement. Sa mâchoire se serre et il détourne son regard de moi en retirant ma main. — Heu… Depuis très, très longtemps ? — Est-ce que ça compte ? grogne-t-il. Oh là là. Je me retrouve avec un authentique puceau extraterrestre. Je le regarde pendant un long moment, puis mon cœur se serre de compassion. Pas étonnant qu’il pense qu’il est laid. Si personne dans sa tribu ne l’a jamais touché, il doit penser que c’est à cause de son apparence. Une tribu avec seulement quatre femmes signifie que ces dames ont le choix des hommes – jusqu’à ce qu’elles soient accouplées par des poux, bien sûr. Je suppose que Raahosh n’a jamais eu ce genre d’expérience. Le pauvre. Ne jamais recevoir un toucher affectueux ? Une caresse ? S’amuser juste pour le plaisir ? Il a raté tellement de choses. Je me sens un peu comme une idiote tout à coup de l’avoir constamment repoussé. Je suis probablement l’aboutissement de ses rêves les plus fous et le fait que je le repousse doit lui faire mal".
"Il faut sauver Liz. Elle est tout. Avec un cri brutal, j’attrape les deux metlaks devant moi. Mes doigts s’enfoncent dans des poignées de fourrure hirsute et je tangue vers la falaise. — Raahosh ! Fais attention ! crie-t-elle. Mais elle ne comprend mon plan que trop tard. J’entends le hurlement d’angoisse de Liz alors que je bascule par-dessus la falaise, emportant avec moi cinq des créatures sauvages. Je vais égaliser les chances de cette façon. Elle pourra peut-être échapper aux deux ou trois qui restent. Le souvenir du visage de Liz défile dans mon esprit quelques instants avant que je ne heurte le sol dans un craquement écœurant, et tout devient noir".
"— Elle est ma compagne, grince-t-il. Nous résonnons l’un pour l’autre. Il n’y a rien à discuter. Je donne un coup sur le bras de Raahosh, car maintenant je commence à m’énerver. — Si tu as fini d’être un véritable Néandertalien, je peux parler pour moi-même, merci. Les nouveaux arrivants échangent un regard. — Je m’appelle Aehako, dit celui qui a l’air sympathique en faisant un geste vers son camarade avec un sourire. Voici Haeden. Tu es Liizh ? — C’est un i, plus court, en fait. Liz, le corrigé-je. — Cela n’a pas d’importance, dit Raahosh qui essaie à nouveau de me tirer contre lui. Ils devraient te désigner comme la compagne de Raahosh. À ces mots, je fronce les sourcils. — Attends un peu. Je n’ai plus droit à ma propre identité ? — Bien sûr que si, m’assure Aehako. Il est simplement surprotecteur. Cela arrive à chaque résonance. Il a l’air perplexe, mais je vois un rictus traverser le visage d’Haeden. Ce dernier lève le menton. — Tout comme ton père, je vois. Ignorer les règles comme bon te semble. Impulsif, têtu et stupide. Tu es le fils de ton père. Ce n’est clairement pas un compliment. Raahosh se hérisse de façon visible. Sa bouche se retrousse et j’aperçois rapidement ses crocs. — Je ne souhaitais pas que mon histoire se termine comme la tienne. Haeden grogne et s’élance vers Raahosh, le faisant tomber en arrière dans la neige. Je crie alors que les hommes me poussent sur le côté, Aehako s’avançant pour séparer les deux combattants. Je trébuche en arrière, tombant les fesses dans la neige. Raahosh grogne à nouveau, et l’instant d’après, il a écarté les deux hommes et m’aide tendrement à me relever. Il me tire contre son torse une fois de plus et caresse mes tresses, je peux entendre le martèlement de son cœur dans son imposante poitrine. Le désigner comme « surprotecteur » est certainement un euphémisme. — Je vais bien, dis-je en le tapotant sur le bras. C’est juste que je ne comprends pas ce qui se passe. — Prends tes affaires, dit Aehako d’une voix prudente en scrutant le ciel. Il nous reste quelques heures avant que les soleils ne se couchent, et nous pourrons commencer à retourner à la grotte tribale. Rokan dit qu’il y aura une tempête dans quelques jours, et tu sais qu’il ne se trompe jamais. Je regarde Raahosh. Il touche mon menton, un air pensif sur le visage. — Ne rends pas les choses plus difficiles, prévient Haeden".
"— Et si un homme souhaite faire la cour à une femme humaine ? demande Aehako en traçant des formes obscènes dans la neige avec sa queue arrière. Il est couché sur le côté, il s’ennuie. — Embrasse-la, tout bêtement. Je suis assise à ses côtés, les jambes croisées, et nous scrutons tous les deux l’horizon. Après le départ de Kira, Aehako a repris son couteau, mais a accepté de rester « captif » pour moi. Nous nous sommes donc assis et avons commencé à parler. Et comme tout gars, Aehako voulait en savoir plus sur les humaines. C’est ainsi que nous avons abordé le sujet de la séduction et du sexe. — Elle ne veut pas de baisers. Non ? Kira, la folle. — Alors tu lui offres des cadeaux. Il réfléchit à cela. — Quel genre de cadeaux ? Quelque chose que je fais avec mes mains ? Comme je suis toujours en mode fouteuse de merde, je pense à la chose qui pourrait le plus embarrasser Kira. — Les hommes humains offrent à la femme avec laquelle ils veulent s’accoupler un cadeau très spécial. — Oh ? Il s’assied, la tête relevée. Je hoche la mienne avec autorité. — Une réplique de son pénis faite en cuir, en bois ou en os. Pour qu’elle puisse l’essayer et voir si elle aime ce qu’il a à offrir. De rien, Kira. Au lieu d’avoir l’air choqué, Aehako réfléchit à cela. — J’ai vraiment une belle bite. — J’en suis sûre. Et je suis également convaincue de ne pas vouloir la voir. — Et un grand éperon. Très grand. Dois-je l’inclure aussi ? demande-t-il en me regardant. Dans ma réplique ? — C’est une bonne question. Les humains n’ont pas d’éperons. Cela le choque. — Pas d’éperon ? Pourquoi ? — Comme si je le savais ! Je n’ai pas pris « anatomie comparative » à la fac, et je suis presque sûre qu’on ne peut pas comparer l’éperon à quoi que ce soit d’autre. À quoi sert-il ? Il réfléchit pendant une minute, puis hausse les épaules. — À quoi servent les boules ? Sérieusement ? — Elles créent du sperme. Aehako a l’air surpris. — Vraiment ? Mais comment… Il fait une pause puis montre du doigt l’horizon. — Ils arrivent. — Enfin, dis-je en me levant".
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