Les Editions Atramenta (2022)
387 pages
387 pages
Synopsis :
En 858, alors que la Francie Occidentale est attaquée par les Bretons et les Vikings, le roi Charles se voit forcé d’envoyer son fils unique au combat. Lorsqu’il périt, la princesse Gisla devient alors la pièce maîtresse d’un plan machiavélique où elle doit épouser le Jarl des Vikings. Ainsi, ces sauvages chasseront les ennemis Bretons de leurs terres... et Gisla aura tout le plaisir de venger la mort de son frère en tuant son propre époux. Avant d’y parvenir, Gisla devra tout faire pour gagner la confiance de Rolf, même s’il lui est difficile d’apprécier un homme aussi brutal. À peine le mariage prononcé qu’il s’empresse de la mener dans une chambre pour consommer leur union ! Quelle impolitesse ! Et quelle rudesse ! Pourquoi son époux l’oblige-t-il à souffrir avant de lui procurer des sensations qu’elle ne comprend pas tout à fait? Seule en terres ennemies, Gisla est déterminée à venger la mort de son frère. Elle doit absolument séduire le cœur de Rolf... pour mieux le transpercer de sa dague.
[CHRONIQUE EXPRESS]
J'ai passé un très agréable moment de lecture en compagnie de Gisla, princesse du royaume des Francs, au 9ème siècle, vivant à Paris, et qui va devoir s'unir avec un jarl viking, Rolf.
Certes, c'est un mariage arrangé, sous fond de vengeance (car le frère de Gisla est mort lors d'un attaque viking), et le père de Gisla "vend" sa fille au plus fort - contre une protection et une armée puissante en alliée - Mais nous avons aussi ici une histoire d'amour qui se passe dans un village viking où notre héroïne doit s'acclimater à cette nouvelle vie, ces nouvelles coutumes, comme le fait, par exemple, que les femmes vikings sont des guerrières et savent très bien se défendre quand les hommes sont absents (partis de longues semaines en mer)....D'ailleurs, mention spéciale pour Tyra, la soeur de Rolf, qui va apprendre à Gisla bien des choses !
Quant à l'intrigue finale, je m'en doutais dès le début, c'était "gros comme un camion" mais cela ne m'a pas gênée car ce que je voulais surtout, c'était voir l'évolution de l'histoire d'amour entre Gisla et Rolf, qui n'est pas facile, surtout qu'il y a la barrière de la langue (et du mode de vie).
Gisla est une héroïne comme je les aime : au fort caractère, mais aussi au grand coeur, et qui sait, quand il le faut, admettre ses erreurs. Rolf, quant à lui, est le héros viking typique ! (je ne vous fais pas un dessin...).
J'ai vraiment lu cette histoire avec beaucoup de plaisir car tout y était : intrigues, romantisme, sensualité, suspense, émotion et un happy end à la fin (comme toute bonne romance historique qui se respecte !).....Le seul truc que je n'ai pas trop compris, c'est la raison pour laquelle Rolf mordait souvent Gisla (notamment à la poitrine) pour lui faire ressentir "de la douleur"....A la fin, ça commençait à me gaver, mais mis à part ce détail, la romance est très belle et les intrigues cohérentes ! Bref, je vous recommande totalement "Le viking et la princesse" !
Quelques citations :
"— Quand je serai le roi, je chasserai ces sauvages au lieu de tenter de trouver un accord avec eux. Ils ne respectent rien ! Gisla n’osa répondre, étonnée par la colère de son frère. Au-delà des murs du palais, la guerre lui paraissait tellement abstraite. Elle avait toujours la sensation que d’autres se battaient à leur place, au nom de son père et de la Francie occidentale. En cet endroit, rien ne pouvait les atteindre. Elle se demandait même si cette division des terres n’avait pas apporté plus de souffrance que de paix. — Si les Vikings reviennent, je serai probablement forcé de partir à la guerre avec les autres, annonça Louis. Sous le choc, la jeune femme posa une main sur sa gorge et se rapprocha de son frère".
"Le roi soupira, un trait de contrariété lui marquant profondément le front. — Oscelle est déjà à feu et à sang, lui confia son père, mais d’après mes sources, ces sauvages veulent s’y installer afin de poursuivre leur pillage plus profondément sur nos terres. Gisla tressaillit à cette idée. Jusqu’où ces pirates pouvaient-ils aller pour assouvir leurs soifs d’or et de sang ? — Pour le moment, nos troupes assiègent la ville et Robert le Fort est en route avec son armée pour nous aider à les chasser, tenta-t-il de la rassurer de nouveau. Devant le nom évoqué, elle se raidit, espérant que cette union ne serait jamais abordée, puis son père annonça : — Je lui ai promis votre main s’il ramenait Louis sain et sauf. Elle ferma les yeux, incertaine d’être prête à convoler en justes noces, surtout avec cet homme qui ne lui inspirait aucune sympathie, mais si cette union lui valait le retour de son frère, n’était-ce pas le plus important ? — Il déteste ces sauvages tout autant que nous, reprit le roi. Ils sont… incontrôlables. Sans honneur. La voix tremblante, elle souffla : — Vous n’auriez jamais dû laisser Louis prendre part à un tel combat".
"— Je ne veux pas épouser un Viking, finit-elle par admettre. — Désirez-vous venger la mort de votre frère ? Elle se raidit devant cette question. — N’est-ce pas plus simple d’épouser Robert le Fort afin de créer l’alliance qu’espère mon père ? — À quoi bon, puisqu’il n’a pas été apte à sauver votre frère ? D’un regard entendu, Edda insista : — Son armée, aussi puissante soit-elle, est incapable d’arrêter celle de Rolf, autrement, elle l’aurait déjà fait. Gisla fut incapable de répondre, mais cela lui parut plausible. Après tout, Robert combattait les Vikings depuis si longtemps… — En créant une alliance avec les Vikings, vous ramènerez la paix en Francie occidentale, soutint Edda. Grâce à cette union, vous pourrez venger votre frère en tuant le véritable responsable de sa mort".
"Rolf releva la tête, puis Gisla comprit qu’il la scrutait, alors elle se décida à porter son verre à ses lèvres. — Nous pourrions créer une alliance, si vous le désiriez. — Alli… ance ? répéta le Viking. Elle aurait aimé rester de glace devant ce mot, mais Gisla ferma les yeux pendant quelques minutes. Son père n’allait quand même pas supplier cet homme de l’épouser ? S’il ne voulait pas de son plan, tant pis ! — Je peux vous payer, bien sûr, et, en échange, vous pourriez protéger nos terres contre nos ennemis, déjà. À moins que vous ne préfériez un titre de noblesse. Du coin de l’œil, elle remarqua que Rolf s’était reculé sur son siège. Avait-il compris ce dont son père parlait ? — Imaginez qu’il y ait un mariage entre nos peuples, reprit le roi comme si cette idée était purement hypothétique, vous pourriez devenir… comte ou… exigez une terre, même si celles des Bretons sont parfaites pour créer un commerce maritime. Gisla attendit, mais elle sentait le regard de Rolf sur elle, c’est pourquoi elle se risqua à relever les yeux. Sa bouche était sèche et elle eut du mal à ramener son verre à ses lèvres tellement sa main tremblait. Néanmoins, elle poursuivit son geste en espérant que personne ne remarque la peur qui la tenaillait de toutes parts. — Vouloir donner fille ? demanda simplement Rolf. — Si c’est le moyen de sauver mon peuple, je le ferai, confirma le roi d’une voix ferme".
"Rolf se pencha avant de s’adresser à la jeune femme : — Roi dire vrai ? Elle opina en silence et il fronça les sourcils. — Parle, femme. Agacée par son ton, elle riposta : — Je vous épouserai si vous promettez de laisser mon peuple tranquille. Si tant est que vous soyez capable de respecter vos promesses. Le roi se raidit à ses côtés et tourna un regard sombre dans sa direction. — Vous pourriez montrer un peu de respect pour notre invité, la rabroua-t-il. Si elle n’avait été aussi effrayée de possibles représailles, elle aurait été suffisamment désagréable pour que Rolf se lève et refuse cette offre, mais elle se contenta de baisser la tête en silence. Du coin de l’œil, elle remarqua le sourire qui étira les lèvres de Rolf pendant qu’il prenait ses aises sur la petite chaise sur laquelle il était installé. — J’aime femme avec… comment dire ? Attitude ? — Elle n’en manque pas, il est vrai, confirma le roi avec une pointe d’agacement au fond de la voix. — Gis… la ? répéta Rolf. Elle releva la tête en tentant de rester fière quand son père reprit : — Princesse Gisla. Nullement impressionné, il se mit à rire. — Que vouloir princesse ? exigea-t-il sur un ton amusé. — Que vous laissiez la Francie occidentale tranquille, se risqua-t-elle à répondre. Devant le regard insistant de son père, elle reprit : — Et que vous nous débarrassiez de ces Bretons qui tentent de nous envahir. Rolf caressa sa barbe claire et fit semblant de réfléchir avant de reprendre : — Contre mariage ? — Ma fille est une princesse, lui rappela le roi, et il est de son devoir de protéger son peuple. Vous pourrez conserver tous les trésors des Bretons, ainsi que leurs terres, si vous le souhaitez. L’un des gardes se pencha près de Rolf et ils échangèrent des paroles chuchotées, mais rien qui ne leur était compréhensible. Gisla remarqua que sa respiration se faisait difficile. Elle priait pour que cet homme refuse cette proposition ridicule et quitte le palais sans plus attendre, quand il termina son second verre avant d’annoncer : — Offre intéressante, mais devoir parler avec hommes. — Bien sûr, concéda le roi, mais il vaudrait mieux ne pas trop tarder avant de nous donner votre réponse puisque… Il hésita avant d’avouer : — Vous n’êtes pas le seul prétendant de ma fille, vous vous en doutez. Rolf sembla douter des propos du roi quand l’information tomba : — Robert le Fort souhaite également une alliance avec notre royaume afin de vous combattre".
"Je donne réponse demain. — Voilà qui serait très apprécié, rétorqua le roi sur un ton poli. Vous savez comme moi que le temps est précieux dans ce genre d’alliance. Rolf leva la main pour le faire taire de façon très cavalière avant de le questionner : — Fille… être pure ? Le roi sursauta sur son siège. — Quelle question ! Bien sûr ! Quand elle comprit ce qu’il venait de demander à son père, Gisla se sentit à la fois choquée et gênée, et elle se permit de dévisager l’homme avec une pointe de colère au fond des yeux, même s’il était toujours aussi terrifiant. Dans des gestes lents, Rolf se leva avant de répéter : — Répondre demain. Il contourna la table et passa derrière le roi, puis Gisla retint son souffle lorsqu’il se posa face à elle. Il se pencha avant de la pointer d’une main à moitié gantée. — Jolie lumière dans yeux. Elle le scruta avant de comprendre qu’il lui faisait un compliment. Venait-il de lui dire qu’il aimait son regard ? Était-ce son attitude qui lui plaisait, comme l’avait prédit Edda ? Lorsqu’il lui offrit un sourire, elle eut du mal à en faire autant, troublée par sa proximité et par la façon dont il la dévisageait, mais fit un effort afin de ne pas le froisser. Edda lui avait répété qu’il fallait parfois ployer le genou pour mieux rebondir, mais devant un homme d’une telle carrure, voilà qu’elle doutait que cela suffise".
"— Et si j’échouais ? se risqua-t-elle à demander. — Vous ne pouvez pas échouer, Gisla, la rabroua Edda. Si Rolf se lasse de vous, il faudra trouver un moyen pour conserver son intérêt jusqu’au printemps. Apprenez-lui votre langue, vos légendes, peu m’importe. Je vous ai déjà donné quelques secrets pour le combler. Et une fois que vous porterez son enfant, il viendra sûrement prendre de vos nouvelles régulièrement. Vous finirez bien par trouver un sujet qui vous lie… Un sujet, certes, mais lequel ? Et pourquoi ce bébé n’était-il pas suffisant ? — Il n’est pas très vieux, remarqua-t-elle soudain. Pourquoi tient-il autant à avoir un héritier ? — Souvenez-vous qu’il part souvent à la guerre. Il a besoin d’un héritier, et vite. Gisla pinça les lèvres avant d’insister : — Si c’est tellement important pour lui, pourquoi n’est-il pas déjà marié ? — Oh, mais il l’a été, annonça Edda. Lorsque Gisla riva un regard curieux dans sa direction, la préceptrice éluda aussitôt la question : — Malheureusement, je n’ai pas envie de vous raconter cette triste histoire. Dites-vous simplement que Rolf est… un homme difficile. — Mais vous êtes persuadée qu’il voudra m’épouser, insista Gisla. — Bien sûr. C’est un conquérant. S’il sent qu’il peut obtenir quelque chose de prestigieux, pourquoi s’en priverait-il ? Et puis, vous êtes une jolie fille. En vous épousant, il pourrait obtenir un titre".
"Elle pivota vers lui et remarqua qu’il ne s’était pas totalement allongé sur la couche, mais s’était assis, prêt à se relever dans la seconde. — Et vous ? Vous n’essayez pas de dormir ? osa-t-elle demander. — Dormir sur bateau. Ici… pas en sécurité. Elle fronça les sourcils. — Mais puisque je vous dis qu’il n’y a aucun piège ! Sceptique, il secoua la tête. — Trop de gens ici. Beaucoup ennemis. À Östra Aros, plus facile. Seulement… toi. Gisla prit quelques secondes pour comprendre ses propos, puis se redressa sur un coude. — Parce que vous me considérez toujours comme votre ennemie ? le questionna-t-elle avec une pointe de colère au fond de la voix. Rolf ne répondit pas, mais elle devina, à son expression, qu’il émettait de sérieux doutes à son sujet. — Si c’est le cas, pourquoi m’avoir épousée ? lâcha-t-elle bêtement. Il la scruta avec attention et Gisla regretta sa question, surtout lorsqu’elle sentit son regard descendre vers sa poitrine. — Frère mort à Oscelle, lui rappela-t-il. Elle feignit de ne pas comprendre le lien entre les deux lorsqu’elle jeta : — Et alors ? — Je être à Oscelle, avoua-t-il sans sourciller. Même si elle connaissait cette information, Gisla eut un geste de recul à l’idée que celui qu’elle venait d’épouser soit responsable de la mort de Louis, et elle s’empressa de pivoter sur sa couche pour retrouver sa position initiale, là où Rolf ne pourrait plus l’observer de la sorte. Elle détestait cette façon qu’il avait de la regarder. Comme s’il essayait de deviner ses pensées ! — Si piège, dire à moi, insista-t-il d’une voix grave. Elle se tourna de nouveau avant de pester : — Il n’y a pas de piège ! Combien de fois vais-je devoir vous le répéter ? Le doute qu’elle lisait dans le regard de son époux l’inquiéta. Comment pouvait-elle réellement songer à partir avec cet homme sur une terre inconnue alors qu’il la considérait comme son ennemie ? Elle n’allait jamais tenir jusqu’au printemps ! — Mon frère est mort, c’est vrai, concéda-t-elle, mais… c’était la guerre. Devant le silence qui passa, elle se sentit forcée d’ajouter : — Mon père voulait réellement trouver une solution pour protéger tout le monde. — Avec alliance, résuma-t-il. — Eh bien… oui. Certes, il aurait pu me faire épouser Robert le Fort, mais vous n’êtes pas sans savoir que son armée a subi de lourds dommages, ces derniers mois. C’est la raison pour laquelle il a cru préférable que je choisisse… quelqu’un qui pourrait assurer ma sécurité et celle de son royaume. — Hum, dit-il, sceptique. Gisla se redressa, déterminée à le convaincre du bien-fondé de cette union qu’elle était pourtant la première à détester. — Grâce à vous, mon père a une armée redoutable. — Já, confirma Rolf".
"— Mais si… vous me considérez comme une ennemie… pourquoi voudriez-vous m’apprendre à combattre ? Un nouveau sourire illumina le visage de Rolf et sa réponse ne fut pas rassurante : — Village être attaqué, parfois. Sur son siège, Gisla se raidit et le questionna sans attendre : — Attaqué ? Par qui ? — Autre clan, dit-il simplement. Devant son expression, il poursuivit : — Femme viking apprendre combat. Devoir… protéger clan. Parce qu’il lui faudrait protéger tous ces gens qu’elle détestait ? Mais elle n’avait rien d’une guerrière ! Et pourquoi ne craignait-il pas qu’elle le tue, lui ? S’il lui permettait de toucher à une arme, cela serait certainement sa première idée. Et si un autre clan surgissait et l’éliminait avant qu’elle n’ait pu mettre son plan à exécution ? Quel dilemme ! — Femme Jarl avoir… courage, dit-il encore".
"Quand l’eau fut versée dans la petite bassine, Tyra déposa un chiffon et un bout de savon dur, tout près, avant d’annoncer : — S’il n’y en a pas assez, il y a encore de l’eau qui chauffe, en bas. Mais pour tout dire, je ne sais pas ce qui pourrait plaire à une princesse en cet endroit. — Un visage amical ne serait pas de refus, lui confia-t-elle. Tyra sembla prise au dépourvu, puis baissa enfin sa garde. — C’est que… je ne m’attendais pas à revoir Rolf… marié. — Je ne doute pas que cela vous soit étrange, confirma Gisla. D’ailleurs, si mon frère m’avait infligé une telle chose, je ne lui aurais pas pardonné de sitôt. Intriguée, elle la questionna du regard. — Vous avez un frère, vous aussi ? — Oui, enfin… j’avais un frère. Il est mort. Même si elle avait l’habitude de penser à Louis, le dire lui piqua la gorge et, pour éviter que Rolf lui apprenne la dure vérité, elle ajouta : — Il a combattu à Oscelle. Le visage de Tyra redevint plus rigide. — Mon père a donc décidé qu’il serait… plus simple de s’unir avec les plus forts plutôt que de tenter de les combattre. — Ah, rétorqua-t-elle sèchement. Récupérant le chiffon et le bout de savon dur, Gisla s’agenouilla devant la bassine d’eau pour en vérifier la température avant d’y tremper le tissu. — Vous détestez mon frère ? la questionna franchement Tyra. Les yeux rivés sur l’eau, elle hésita avant de reporter son attention sur la jeune Viking, puis répondit : — Je ne peux pas dire que la situation soit simple, il est vrai, mais votre frère a été… Elle étouffa un rire avant de lui servir un regard entendu. — Je n’irais pas jusqu’à dire « gentil », mais disons… compréhensif ? — Vous avez de la chance, jeta Tyra. Il est connu pour être très désagréable avec les femmes. — Ça, je n’ai pas de mal à le croire. La Viking parut intriguée par ses propos, alors elle se contenta de résumer ses réflexions : — Disons que la nuit de noces n’était pas des plus agréables".
"Demain, vie neuve pour toi. — Nouvelle vie, le reprit-elle. — Oui. Nouvelle vie. Pour toi et moi. Elle lui sourit dans la pénombre et attendit. En quoi demain serait-il différent d’aujourd’hui ? Toute sa vie était nouvelle. Ce mari, ce pays. Tout ! Comme Rolf lui demandait de comprendre, elle hocha la tête pour lui faire ce plaisir. Elle n’était surtout pas en état de le contredire. Du revers de la main, Rolf caressa sa joue et elle resta immobile, pressentant déjà qu’il risquait de s’inviter dans son lit. — Inn mátki munr, souffla-t-il. — Je… ne comprends pas. — Tu être… important pour moi. Gisla resta surprise de son aveu. Pourquoi lui disait-il de si jolies choses ? N’était-elle pas sous son pouvoir, après tout ? — Quand je vois… toi, le premier fois… je sais que… tu es… à moi. Elle avala difficilement sa salive avant de bredouiller : — Ah… oui ? — Já. Si pas union, je… voler toi à ton père. Pendant plusieurs secondes, Gisla décoda ces paroles avant de les comprendre. Rolf avait songé à l’emmener de force ? Choquée, elle se redressa partiellement avant de jeter : — Mon père… il ne vous l’aurait jamais permis ! La main de Rolf contourna son visage et ses doigts s’enfoncèrent dans ses cheveux dans un geste ferme, presque possessif. — Je voulais toi, répéta-t-il. De sa main libre, il pointa sa poitrine. — Tu es… ma femme. Troublée par son insistance, elle opina timidement. Qu’essayait-il de lui dire ? N’avait-il pas déjà pris tout ce qu’elle était ? Sa vie autant que son corps ? Qu’espérait-il de plus ? — Tu être bien ici. Avec moi".
"Quand des rires se firent entendre, Tyra baissa la tête et Gisla demanda aussitôt : — Quoi ? — Rien. Juste… des bêtises d’hommes. — Mais encore ? insista-t-elle. Tyra se pencha vers elle pour dire : — Ils déterminent qui pourra voir… dans la chambre. Incertaine de comprendre le sens de ses mots, Gisla fronça les sourcils. — Voir quoi ? — Toi et Rolf. Devant les rougeurs qui montaient aux joues de Tyra, Gisla eut la sensation de défaillir. Elle n’était pas sérieuse ! — Mais… pourquoi ? — C’est une tradition, expliqua Tyra. Pour vérifier que… vrai mariage. Gisla aurait aimé que cela ait un sens, mais elle s’entendit dire : — C’est que… nous avons déjà… À sa droite, Rolf se leva et il sortit un bout de tissu dans un sale état qui la fit blêmir. C’était celui qui contenait le sang de sa virginité. Les mots de son époux furent rudes et Gisla s’empressa de baisser les yeux, troublée à l’idée de croiser le regard de quiconque à ce moment précis. — Rolf leur dit que le mariage est vrai. Que bientôt, tu auras un bébé. Troublée, Gisla porta une main à son front. Voilà qui était très inconvenant. Est-ce qu’elle devait dire quelque chose ? Avait-elle seulement droit de parole dans toutes ces traditions étranges ? — Dire que mariage être béni des dieux. — Gisla. La voix de Rolf la fit pivoter vers son époux, mais comme il tendait la main vers elle, elle comprit qu’elle devait la prendre et se redresser à ses côtés. Une fois debout, il l’attira vers lui et s’empara de sa bouche avec fougue. Gisla resta raide entre ses bras, mais comme la langue de son époux se fit insistante, elle se détendit et répondit à ce baiser avant de s’accrocher à la nuque de Rolf. Là seulement, il recula la tête et elle remarqua son regard, doux, heureux… excité aussi".
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