lundi 4 avril 2022

Où le vent te mène [Chronique express]


Rosanne Bittner
Les Editions J'ai Lu (2005)
347 pages 
Sortie originale 1996

Synopsis :
Luttant contre le désespoir, Sarah engage son lourd chariot attelé de bœufs dans un sentier qui traverse la plaine. A dix-huit ans à peine, la voilà veuve... Où aller à présent ? Inutile de poursuivre sa route vers le Montana maintenant que Johnny est mort. Qu'irait-elle y faire ? Elle n'y connaît personne. Pas question non plus de retourner chez elle, parmi les Quakers de Pennsylvanie. Elle a trop souffert, durant son enfance, de leur rigidité et de leur étroitesse d'esprit. Le pire, c'est cette impression de solitude... Mille dangers la guettent, elle le sait, dans ce territoire inconnu. Ce sera une chance si elle parvient à gagner saine et sauve la prochaine ville ! Soudain, un Indien surgit à quelques mètres d'elle. S'agit-il d'un de ces redoutables guerriers sioux, dont elle a entendu parler ? Difficile à dire : il ne porte qu'un pagne et un collier de griffes d'ours. Ses longs cheveux noirs flottent sur ses épaules à la musculature impressionnante. Impassible, il s'approche de la jeune femme, qui se rue sur son fusil...

[CHRONIQUE EXPRESS]



Hé Ho ! Les Editions "J'ai Lu" ! Il faut rééditer ce livre dans une version plus moderne pour la couverture !!!! Hé ho !!!! Car celle de 2005 (la plus récente) est vraiment tchip ! 

Comme toujours, ne jamais juger un livre par sa couverture, car vous passeriez à côté d'un très bon moment de lecture avec "Où le vent te mène".

Cela fut un vrai coup de coeur pour moi !

Juste une chose avant de donner mon avis sur le fond, encore une fois.....Je suis allée voir la version anglosaxonne de ce livre, et les personnages n'ont pas du tout les mêmes prénoms ! Pour le héros, son prénom passe de Vince à Gabe (son prénom de blanc), et  l'héroïne, bah Sarah devient Faith...Je ne comprends pas ce choix éditorial, mais bon, c'est comme ça.....(quand vous rééditerez ce livre, vous pouvez peut-être mettre les prénoms de la version originale, non ? C'est juste une suggestion....).

Revenons à nos moutons. Nous avons ici une magnifique histoire d'amour entre Sarah et Tall Bear (alias Vince Beaumont, qui est sioux par sa mère, et français par son père). 

Mais attention, il faut savoir que l'auteure, Rosanne Bittner, prend son temps pour réunir les deux héros après leur premier face à face (presque à la moitié du livre), et qu'il faut attendre donc que quelques années s'écoulent.....

On sent qu'elle n'est pas pressée (et nous non plus d'ailleurs, n'est-ce pas ?!), déjà dès le début du livre, en nous montrant un moment clé de l'enfance de Tall Bear, quand il a 10 ans, la raison qui le fera renoncer au monde des blanc et aller rejoindre une tribu sioux pour devenir un guerrier, se marier et avoir un petit garçon (et sa femme est enceinte, quand elle se fait tuer, elle et le petit garçon...Bon, ce n'est pas un spoil ! Vous vous doutez bien que si Sarah et Tall Bear finissent ensemble dans cette romance, c'est qu'ils n'ont plus d'attache sentimentale ailleurs !).....

Sarah a 10 ans de moins que Tall Bear, du coup, quand on suit l'enfance du jeune indien, on suit en parallèle l'histoire de la mère de Sarah, qui se retrouve mariée à un quaker, en Pennsylvanie, certes séduisant, mais finalement, aux habitudes de vie très austères qui vont la faire déprimer.....

Quand Sarah nait, sa mère fera tout pour qu'elle puisse ne pas dépendre d'un homme, comme ça a été le cas pour elle....Bon malheureusement, une fois adolescente, Sarah tombe amoureux d'un quaker lui aussi, et s'il est mignon, il est aussi paresseux que stupide......Et au lit, c'est un lapin qui ne prend pas compte des désirs de la jeune fille....

Du coup, Sarah se retrouve vite enceinte et malheureusement pour elle, son mari a des envies d'aventure, partir vers les mines d'or dans le Grand Ouest, pour faire fortune......Sarah est obligée de suivre (même si l'aventure ne lui fait pas peur, c'est la manière dont Johnny, son mari, organise le voyage, qui est désastreuse.......). Le jeune homme insouciant finira par être tué et Sarah se retrouvera seule, en pleine nature hostile, dans le désarroi le plus total avec son chariot, en train de trainer le cadavre de son mari....

Et c'est là qu'elle va croiser Tall Bear la première fois......Il parle le sioux, l'anglais et même le français.....Elle ne voit en lui qu'un sauvage, vu qu'il est vêtu comme comme un indien.....Elle est très impressionnée par lui, par sa force et finalement, par sa "gentillesse" puisque il va l'aider à enterrer Johnny et lui indiquer le chemin à prendre pour atteindre un relais de diligences.

Voilà, la première rencontre entre Tall Bear et Sarah. Il faudra donc attendre quelques années pour que leurs routes se rejoignent, et chacun, de leur côté, n'a pas oublié l'autre (car il faut le dire, Tall Bear a été totalement subjugué par cette blanche aux cheveux rougeoyants et la beauté fraîche, qui doit avoir dans les 18-19 ans et qui arrive quand même à surmonter la mort de son mari et veut continuer à aller dans l'Ouest....).

Nous suivons essentiellement Sarah dans "Où le vent te mène" (écrit à la 3ème personne du singulier) mais nous avons aussi des moments avec Tall Bear, notamment pour constater que les blancs, dont l'armée américaine, se sont vraiment comportés comme des monstres envers les indiens.....Nous comprenons la raison pour laquelle Tall Bear "bascule du côté obscur de la force" et se joint à un groupe de bandits.....Notre héros éprouve une grande haine envers les blancs et est aussi très concerné par le sort des tribus indiennes ("à cause de lui", une petite tribu cheyenne pacifique a été massacrée....Gros remords...).

En tout cas, dans ce livre, la vie est très dure, nos personnages principaux en bavent énormément, il y a beaucoup de gens qui meurent autour d'eux....C'est pour ça, il vaut mieux éviter de s'attacher à certains personnages secondaires.....

Par contre, on ne peut qu'être admiratif face au courage et à la détermination de Sarah qui va arriver à atteindre ses rêves les plus fous.....On a du mal à croire qu'à son âge et avec un enfant en bas âge (souvenez-vous Sarah était enceinte quand son mari décède) elle arrive quand même à effectuer toutes ces tâches....Elle est vraiment très courageuse !

J'ai adoré les personnages secondaires tels que Bret Flowers (la prostituée au grand coeur), Hilda, la propriétaire du relais qui va être presque comme une seconde mère pour Sarah et va lui apprendre à gérer ce lieux, ainsi que Buck, le conducteur de diligences et évidemment le petit Johnny, le fils de Sarah, que nous voyons naitre et grandir peu à peu au fur et à mesure des pages qui défilent....

Evidemment, au niveaux des méchants, on est servis, entre les bandits sans scrupules, les shérifs corrompus et les hommes d'affaires qui veulent escroquer les "braves gens".....

Quant à l'histoire d'amour entre Tall Bear et Sarah, elle est très longue à arriver....Il faudra du temps pour qu'ils s'avouent enfin leur amour (parce que évidemment, une femme blanche ne devait pas épouser un indien, même si Tall Bear est à moitié blanc, il ne tient de son père français que ses yeux verts.....Tout le reste de son physique fait bien penser qu'il est un vrai Sioux)....Mais finalement, dans ce Grand Ouest où tout est encore en construction, que chacun peut avoir sa "liberté", leur mariage sera accepté par la communauté....Mais bon, avant ça, ces deux-là vont en baver sévère, je vous préviens !

Rosanne Bittner ne nous épargne rien au niveau des injustices et nos deux héros ont vraiment le moral et la volonté, même quand ils seront de nouveau séparés (oui, encore !) durant 5 années après leur mariage....Cela dit, la dernière partie de ce livre est libératrice (au niveau de nos frustrations, à nous lecteurs ! laissez-les s'aimer en paix !!!). C'est épique, c'est merveilleux, cela donne des frissons !

Et l'épilogue nous fait bien comprendre que tout est bien qui finit bien. La famille s'agrandit et Sarah fait même venir son père dans l'Ouest (grâce aux nouveaux chemins de fer....).

Je vous recommande totalement ce livre pour la sublime histoire d'amour et pour toute l'aventure et les drames qui ne laissent aucun répit à nos deux personnages principaux......Donc, oui, je réitère ma demande aux Editions J'ai Lu : A quand une nouvelle réédition de ce livre avec une couverture plus "actuelle" dans ce genre littéraire ?

Quelques citations :

"1846 — Voici un cadeau pour toi, mon fils. Garde-le précieusement. Alexandre Beaumont tendit à son garçon de dix ans un collier de griffes d'ours. — Merci, père. Une expression de pur ravissement illumina les yeux verts de l'enfant. Il saisit le bijou pour l'admirer de plus près. A cet instant précis, la sirène du bateau à vapeur à bord duquel ils remontaient le Mississippi lança un mugissement dont l'écho lugubre se répercuta sur les eaux fangeuses du fleuve. — C'est ton grand-père sioux qui m'en a fait cadeau. Tu sais l'amitié qui me lie depuis toujours à la tribu de ta mère, poursuivit Alexandre".

"Vince nourrissait une admiration éperdue pour son père le trappeur, rêvait d'avoir sa taille colossale, sa force et son adresse. Il vivait avec ses parents sous un tipi qu'ils déplaçaient au cœur des forêts. De temps à autre, ils s'embarquaient tous trois dans ces merveilleux voyages sur le Mississippi pour aller vendre les fourrures. Plonger dans l'univers des Blancs constituait pour le garçonnet une expérience magique. Sa mère, en revanche, n'aimait pas ces expéditions. Elle détestait le bateau où la fumée et le vacarme l'indisposaient ; elle se défiait des visages pâles nombreux à bord ; elle supportait difficilement de loger dans les meublés de Saint Louis où le toit empêchait le Grand Esprit d'entendre ses prières. Sans oublier les femmes blanches en robes bigarrées et chapeaux extravagants, qui la dévisageaient, murmuraient derrière son dos, quand ce n'étaient pas les hommes qui l'insultaient. Par chance, les Blancs redoutaient Alexandre Beaumont qui se transformait en ours enragé quand on le contrariait ou qu'on insultait les siens. — J'ai attendu pour te l'offrir que tu sois en âge de comprendre la valeur de ce collier, mon fils. Mocassins s'est battu contre l'ours avec son seul coutelas. Il a été grièvement blessé mais c'est le fauve qui est mort. Un an plus tard, il en abattait un autre d'une flèche. Pourtant, il révère l'esprit de l'ours et remercie ces bêtes de s'être livrées à lui pour lui fournir leur chair, leur ample fourrure et lui avoir valu tant d'honneurs. Remercier l'esprit de l'animal qu'on vient de tuer, c'est la coutume chez les Sioux qui croient que toute chose est dotée d'une âme. Quand j'ai pris sa fille pour épouse, j'ai promis à Mocassins d'enseigner à notre descendance les croyances sioux".

"Octobre 1860 Un long frisson parcourut Sarah. Etait-ce le Saint-Esprit ? Non. Le froid ? Encore moins puisque, depuis quelques jours, l'été indien réchauffait si bien l'atmosphère qu'elle se passait de gilet, durant les réunions de prière. Non, c'était de délice qu'elle tremblait : Johnny Sommers venait de lui effleurer discrètement la main".

"Il ne se nommait plus Vince mais Tall Bear, Grand Ours, et de son animal-totem il avait la carrure, la taille impressionnante. L'honorable société des guerriers santees l'avait admis dans ses rangs qui ne comptaient que l'élite des braves. Pour en faire partie, il avait enduré plusieurs fois le supplice de la Danse du Soleil. Comme l'exigeait le rituel, il avait jeûné plusieurs jours avant, n'avait pas émis un cri lorsqu'on lui avait planté les crocs de fer dans les pectoraux et, suivant le rythme lent du soleil, il avait tourné autour du poteau jusqu'à ce que les broches s'arrachent de sa chair. Little Otter, présente à chacune de ces épreuves de courage et d'endurance, pouvait être fière de lui. Au cours de sa dernière Danse, Tall Bear avait eu la vision d'un ours marchant dans les airs. Un corbeau lui était apparu, lui demandant s'il voulait être blanc ou brun. Choisir d'être brun lui permet-il de s'intégrer à la société des guerriers et de se gagner le respect de tous. S'il choisissait d'être blanc, il lui faudrait quitter les Santees pour réintégrer le monde des Wasicus, mais il ne pourrait plus vivre au sein de la valeureuse nation sioux. Sans l'ombre d'une hésitation, Tall Bear avait choisi d'être brun et avait épousé Little Otter qui avait atteint ses seize ans. Il avait deviné juste : ses étreintes étaient un délice. Elle lui avait donné un fils, à présent âgé de deux ans, et il n'avait jamais été aussi heureux. De nouveau il avait réussi à s'intégrer, de nouveau il avait une famille. Certes, sa conscience le tourmentait quand il participait à des expéditions punitives contre des colonies de Blancs car il pensait à son père, à ses amis trappeurs, aux négociants qu'il avait rencontrés dans les villes où ils vendaient leurs peaux. Pourtant, c'étaient des Blancs qui avaient tué Alexandre, Yellow Beaver, sa sœur et son grand-père ; des Blancs encore qui envahissaient les territoires de chasse sioux sans se soucier des frontières, refusant tout contact avec les Sioux dont ils avaient peur, allant jusqu'à leur tirer dessus comme sur des bêtes. Quand il pensait à leur cruauté, Tall Bear jugeait légitime de voler leurs chevaux, leur bétail, d'abattre ces hommes qui s'appropriaient la terre des Indiens".

"Enfin Tall Bear sauta hors du trou. — Je vais l'enterrer, maintenant. Vous voulez sans doute prononcer quelques paroles sur sa tombe... Vous êtes chrétienne ? — Oui, d'une famille de quakers. Avez-vous entendu parler de cette communauté ? Il se rembrunit. — Certains venaient dans les réserves pour nous convertir. Ils ne comprennent rien aux croyances des Indiens. Moi je prie Wakan Tanka, le Grand Esprit, dit-il en s'essuyant la figure avec la serviette qu'elle lui tendit. En fait, je crois que c'est le même dieu que celui des chrétiens. Mon père était français... catholique. — Je ne sais pas grand-chose des catholiques. Ils adorent sûrement le même dieu que les chrétiens. — Oui, c'est le même dieu, approuva Tall Bear avec, pour la première fois, un semblant de sourire aux lèvres. Sarah se sentit soudain gênée. Peut-être que cet Indien en savait davantage qu'elle sur le christianisme".

"— Quel malheur ! — Bah, on finit par apprendre que la mort, ça fait partie de la vie. Le fils qui me reste est parti en Californie chercher de l'or. J'ai jamais eu de ses nouvelles. Qui sait s'il est encore en vie ? Mon mari et moi, on est venus ici travailler pour Ben Holladay et son relais parce qu'il paie bien. On avait besoin d'argent. Un incendie a ravagé le magasin qu'on tenait, à Denver, vous voyez. Et puis Pete, mon mari, s'est fait tirer dessus par les hors-la-loi qui en voulaient à nos chevaux. Difficile de cumuler davantage de deuils et de malheurs... — Les hors-la-loi, les Indiens, je les fais détaler à coups de fusil. Heureusement, ils ne viennent pas souvent rôder et la prime vaut le risque qu'on prend à les attraper... sauf que rien ne me dédommagera de la mort de mon Pete, ajouta-t-elle en refoulant ses larmes. Je me suis retrouvée ici toute seule et comme je n'avais nulle part où aller, je suis restée. Je sais m'occuper des chevaux... quoique, hier, je me demande ce que j'aurais fait de cette jument, sans Buck. Je sers des repas aux voyageurs et je les héberge pour la nuit, à l'occasion. Je ne gagne pas bien gros mais j'ai un toit et je suis au chaud l'hiver. Vous avez des armes ? — Deux fusils, deux pistolets à répétition, un petit revolver. — Parfait. La nuit, on dort volets et portes fermés à double tour. On n'a guère d'ennuis, et quant à l'aventure, chaque diligence nous en fournit parce qu'on tombe souvent sur des voyageurs très intéressants. Tenez ! votre prince charmant à vous descendra peut-être d'une diligence, un de ces jours, qui sait ? Sarah sourit mais secoua la tête avec tristesse. — Pour le moment, ce n'est pas cela qui me préoccupe. Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, j'aimerais rester ici. Je sais cuisiner et m'occuper des chevaux. Je travaillais dur, en Pennsylvanie. Les fantaisies, je m'en passe ; j'ai simplement envie de liberté. Hilda fut secouée d'un rire chaleureux et ses rides se plissèrent de plus belle. — Ici au moins, on en a, de la liberté, et à foison ! Il n'y a personne pour critiquer ce que vous faites ni pour vous juger. Et qui vous dit qu'un jour, vous ne deviendrez pas patronne du relais ? Sarah se balança lentement, songeuse. — Je ne vois pas aussi loin. J'ai trop de problèmes à régler dans l'immédiat pour m'inquiéter de l'avenir. — Bonne résolution. Vous restez ici avec moi et si votre destin, c'est de faire autre chose, il frappera bien assez tôt à votre porte. — Sans doute. Merci, Hilda, de m'offrir l'hospitalité. La vieille femme balaya ces remerciements du revers de la main et se leva".

"Ainsi, Sarah l'avait protégé des soldats, au lieu de le livrer. L'homme aussi l'avait couvert ; certainement pas par amour des Indiens. Les hommes devaient être prêts à tout pour plaire à Sarah Sommers. Ne l'avait-elle pas incité à pourchasser les membres de son gang, à les tuer et à leur reprendre les chevaux, ce qu'il n'aurait jamais fait pour personne. Elle n'avait pas eu besoin de le lui demander, son regard plein de désespoir avait suffi".

"Vince acquiesça, se disant qu'elle était très belle dans sa robe grise toute simple, d'une beauté sans fard. Les hommes devaient tomber fous amoureux d'elle. Malheureusement, elle lui était interdite parce qu'elle était blanche et qu'elle n'admettrait jamais qu'un métis la courtise. Il l'aimerait donc en silence, resterait à ses côtés pour l'aider... à moins qu'il ait trop de mal à vivre tout près d'elle en bridant constamment son désir".

"— A quoi ressemblait votre père ? demandât-elle, essayant de l'imaginer lorsqu'il était petit garçon. — C'était un homme grand et fort comme une montagne. Un être remarquable, ami des Sioux qui, au début, ne voyaient aucun inconvénient à ce que les Blancs chassent sur leurs territoires s'ils respectaient les façons de vivre des Indiens. Mon père aussi vivait à cheval sur deux mondes, sans être métis, lui. C'était un Français. Un trappeur. Il s'habillait, vivait à l'indienne, et a même épousé une Sioux, dit-il en se préparant une autre tartine".

"— Les Indiens font étalage de leur bravoure guerrière, poursuivit-il en se penchant au-dessus d'elle. Ils chassent, pillent, tuent, scalpent. Ces hommes d'une férocité sauvage n'ont peur de rien... sinon de leurs femmes. Sous le tipi, c'est l'épouse qui commande. Puisque je me trouve en quelque sorte sous votre tipi, j'obéirai à vos ordres, dit-il en se redressant de toute sa taille".

"J'ai du mal à deviner ce que tu penses de moi, soupira-t-elle, les yeux clos. — Je te considère comme la plus belle des femmes, comme mon épouse. Plus que tes yeux d'azur et tes boucles soyeuses, c'est ta personnalité que j'admire. J'aime ta force, ta bravoure'.

'Comment peux-tu savoir aussi rapidement que je suis la femme qu'il te faut ? Parce que je pense à toi depuis quatre ans, depuis le jour où je t'ai surprise endormie et perdue dans les forêts désertes. Pendant des années je n’ai pas su à quoi ou à qui me rattacher ; maintenant, je sais. Du bout des doigts elle lui caressa la bouche et, d’une petite voix câline, murmura : Tu ne me joueras pas le tour de te retransformer en Indien ? Que veux-tu dire par là ? fit-il en éclatant de rire. Qu’il était beau, quand il riait ! — Je veux dire te peinturlurer et sauter à cheval pour massacrer les soldats. — Je serai toujours indien, parce que c'est la moitié de moi-même, mais je n'ai plus l'intention de vivre parmi eux... à moins que je te perde, auquel cas je les rejoindrais. Il est possible que j'éprouve le besoin de me réfugier dans les montagnes pour fumer le calumet de la paix et prier afin d'avoir la force, la sagesse, la capacité de te chérir et de te protéger'.

2 commentaires:

  1. Coucou. Oui la couv' mériterait une nouvelle jeunesse. On sent les romances d'une autre époque. Je la note...sauf si je l'ai déjà lu et que je ne m'en rappelle plus.

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    1. Coucou ! Avec une couverture remise à jour, une réédition plus moderne, ce livre aurait beaucoup de succès auprès de la nouvelle génération de lectrices (et lecteurs) de romance historique ! Surtout que ce n'est pas cul-cul la praline, c'est vraiment une romance dans un contexte dur et sauvage ! (le Far West, quoi !). 😊

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