samedi 9 avril 2022

Le temps contre nous [Chronique express]



Tamara Ireland Stone
Les Editions de la Martinière (2013)
448 pages
Edition originale 

Synopsis :
1995. Il ne se passe pas grand chose dans la petite ville d'Evanston. Aussi, quand Bennett, intègre le lycée en cours d'année, Anna Green est aussitôt attirée. Mais Bennett est solitaire et mystérieux et, s'il semble apprécier Anna, il garde ses distances. Jusqu'au jour où Bennett sauve Anna d'un cambriolage, apparaissant à ses côtés comme par magie. Il lui révèle alors son secret : il vient du futur ! De 2012, plus exactement.


[CHRONIQUE EXPRESS]

Le gros problème avec ce livre, c'est sa fin qui est un peu précipitée, voire bâclée....La raison est simple : En VO, il y a un deuxième tome alors que la VF ne l'a jamais sorti....On reste donc sur notre faim (et notre fin....C'est le cas de le dire....). L'histoire avait pourtant tout pour me plaire, d'ailleurs, j'ai été plongée dans le récit jusqu'à la fin....Une fin que je ne comprends pas, qui n'est pas logique et surtout beaucoup de questions restent en suspens ! (évidemment puisque les réponses doivent sans doute se trouver dans le 2ème tome jamais sorti en VF....C'est nul de la part de la maison d'Edition française !).

Nous sommes ici dans une romance entre deux lycéens américains, sauf que l'héroïne est née en 1978 (comme moi) alors que le héros est né en 1995.....Et qu'il est âgé de 17 ans, en 2012, quand il repart dans le passé, 1995, l'année de sa naissance car il ne peut, à priori, pas remonter plus bas dans le passé (ni aller dans "son" futur !). Il a la possibilité également de se déplacer n'importe où dans le monde, tant que c'est entre 1995 et 2012.

Le récit nous est narré du point de vue de l'héroïne, Anna et donc, comme elle, nous essayons de comprendre ce qui se passe avec ce mystérieux nouvel élève,  qui débarque au printemps 1995 dans sa classe....

Vu qu'elle est née la même année que moi, évidemment, cela me replonge dans ma propre adolescence et j'ai eu beaucoup de plaisir de voir ses habitudes de vie, avec les cd, les livres pour faire des exposés etc....Car évidemment, à cette époque, point d'Internet et encore moins de smartphones ! 

D'ailleurs, à un moment dans le livre, quand elle découvre que Bennet vient de 2012, elle lui demande ce qui lui manque le plus de son époque (car il s'attarde énormément en 1995, pour une raison bien particulière qui nous sera révélée un peu plus tard...), il lui répond "mon portable", évidemment, Anna trouve ça drôle ! Et encore, en 2012, les smartphones étaient beaucoup moins "évolués" qu'en 2022 ! 

Donc, au niveau du suspens, de l'intrigue, de l'ambiance lycée 90's, c'était vraiment sympa à lire, tout comme la romance qui s'installe assez vite entre nos deux personnages principaux ! Seulement voilà, Bennet, sait que c'est un amour impossible et du coup, il est amoureux mais envoie régulièrement des signaux à Anna pour essayer de la "repousser"....Ce qui désarçonne la jeune fille, on peut le comprendre !

Bennet a également le pouvoir de modifier le passé, en se projetant quelques minutes avant tel événement....Il ne va pas se gêner pour l'exercer sur la jeune fille....C'est un peu moyen, on peut comprendre qu'elle se sente "flouée" quand il le lui révèle car évidemment, elle ne se rappelle pas et un seulement un léger "déjà vu"....

Les personnages secondaires sont aussi très intéressants comme la grand-mère de Bennet, et les deux meilleurs amis d'Anna. 

Donc ça, ce sont les points positifs.....Maintenant, je vais en venir aux points négatifs.

Premièrement, déjà, la couverture du livre, en VF : Nous avons une jeune fille blonde aux cheveux lisses, alors qu'Anna est brune avec les cheveux bouclés....Cela est très perturbant...Je déteste quand les maisons d'Edition font ce genre d'erreur !

Deuxièmement (attention spoilers !) Je ne comprends pas du tout comment la soeur de Bennet a réussi à revenir dans son époque, elle qui s'est retrouvée toute seule en 1994 quand ils avaient essayé d'aller à un concert de cette époque....C'est d'ailleurs pour cela que Bennet voulait rester en 1995 (chez sa grand-mère) car il attendait que sa soeur le rejoigne pour revenir en 2012.....Nous n'aurons jamais le fin mot de l'histoire pour son retour....

Troisièmement, l'histoire se finit sur un happy end, quand Bennet retourne en 2012 et finalement quelques temps plus tard, il rejoint Anna en 1995 et là, stop, c'est la fin ! Non non non ! On n'a aucune explication sur ce changement, sauf que Dans le 1er "passé", Anna se morfond et ne fera jamais sa vie avec un autre homme, attendant désespérément le retour de Bennet....Jusqu'à ce qu'elle arrive à l'année 2012 (à priori, c'est ce que l'on devine dans le premier chapitre), elle est donc âgée de 34 ans et va donner un papier explicatif au jeune Bennet de 17 ans, qui ne l'a pas encore rencontré dans ses "voyages dans le temps"......

Du coup, dans ce nouveau présent (en 1995, du point de vue d'Anna), quand Bennet part, elle décide de ne pas l'attendre et de continuer sa vie, vu qu'elle sait que la 1ère fois, ça a été un fiasco pour elle.....Et voilà que Bennet redébarque et qu'il finit par rester auprès d'elle.....C'est vraiment moyen comme fin, surtout sans vraie explication logique......

Du coup, est-ce que je vous recommande cette lecture ?....Pourquoi pas ?....Pour la curiosité, surtout si vous avez été ado dans les années 90, mais puisque le 2ème tome n'est jamais sorti en VF, à part si vous lisez en anglais vous risquez d'être un peu frustré (et personnellement, je n'ai pas envie de lire le 2ème tome en anglais...). C'est vraiment dommage car "Le temps contre nous" avait un réel potentiel.....Evidemment, on ne remercie pas la maison d'Edition française....

Quelques citations :

"L’intervention d’Alex est peut-être providentielle. Si je me mets à avoir des hallucinations, mieux vaut sans doute garder la chose pour moi. Agenouillée devant mon casier, je prends les manuels de mes trois prochains cours, plus un chewing-gum pour la route, et me relève. Et c’est là que je le vois. Je me fige et le regarde comme l’apparition qu’il doit être. Un bras protecteur autour de ses épaules, le proviseur Parker le guide à l’écart d’un attroupement de lycéens vers le couloir. Il lui montre des portes du doigt, attire son attention sur quelques écriteaux et finit par l’accompagner jusqu’à la salle où se tient son premier cours, en ce premier jour dans son nouvel établissement. Le nouveau venu de Californie à tignasse brune explosée n’est autre – cela ne fait aucun doute dans mon esprit – que le gars que j’ai aperçu un peu plus tôt sur la piste de course. Ils passent à côté de moi sans un regard. Je reste là, hagarde et blême, tandis qu’ils disparaissent au bout du couloir".

"Je me retourne brusquement sans lâcher mes cheveux. Peut-être cela tient-il à sa proximité, mais il me paraît franchement plus accessible qu’hier. À moins que ce ne soit son expression. Ses yeux ne sont pas vides comme quand je l’observais pendant le cours d’espagnol, ni troublés comme quand ma meilleure amie a sous-entendu qu’il était un voyeur dégoûtant. Ils sont doux, et j’en remarque l’intéressante nuance de bleu fumée parsemée de pépites dorées qui reflètent la lumière. Quand je me rends compte que je le fixe, genre gogol azimutée, je laisse glisser mon regard jusqu’à sa bouche pour découvrir que ses lèvres sourient aussi. Comme si quelque chose l’amusait ou qu’il se moquait de moi. J’ai dû rater un épisode".

"Je tente de trouver une repartie intelligente, mais j’ai l’esprit vide. « Tu as un super niveau d’espagnol, dis-je à la place. – Je suis parti en séjour linguistique à Barcelone, l’année dernière. Ça aide pas mal. Et toi, tu es déjà allée en Espagne ? m’interroge-t-il, les coudes plantés sur son bureau. – Non, dis-je tout bas. En fait, je ne suis jamais allée… nulle part. Je travaille dans la librairie de mes parents. Je passe un temps fou dans le rayon Voyages, mais c’est à peu près tout ce que j’ai accompli en matière de découverte du monde. – Ça m’étonne, chuchote-t-il, se penchant vers moi comme s’il allait me confier un secret. Je ne suis là que depuis trois jours, mais les gens que j’ai croisés m’ont l’air d’avoir plutôt bourlingué. – C’est le cas. » Je hausse de nouveau les épaules. « Mais c’est juste que… je ne fais pas vraiment partie de la bande. – Et donc tu bosses dans une librairie. » C’est un constat plus qu’une question. « Et tu lis des guides de voyages. » J’essaie de formuler ma réponse. Ça fait bien longtemps que je n’ai plus honte d’être la plus pauvre de ce lycée incroyablement huppé, mais je n’ai pas non plus envie d’épiloguer sur le sujet. « Quelque chose comme ça. J’imagine que tu dois voyager beaucoup de ton côté".

"Après les trophées, les CD. Son index glisse sur le dos des boîtiers rangés par ordre alphabétique, et je le regarde faire, adossée à mon bureau. Il en prend un, examine le livret, le remet à sa place, s’attarde sur Cheshire Cat de Blink-182, Sixteen Stone de Bush, Siamese Dream des Smashing Pumpkins. « Sacrée discothèque ! » Il doit s’imaginer que je dépense tout mon argent en CD. « Mon père et le disquaire, en face de la librairie, sont de vieux amis. Nous troquons des livres contre des disques, pour mon bénéfice la plupart du temps »".

"« D’accord. » Il se cale contre les coussins, face à moi, un bras posé sur le dossier du canapé, comme le soir où nous échangions nos secrets dans le café, et me gratifie d’un petit sourire qui me donne aussitôt envie de lui sauter dessus pour l’embrasser. Mais je crains que mon audace ne me prive de la suite du récit. Il inspire profondément. « Je peux aller n’importe où dans le monde mais pas… n’importe quand. Je dois respecter certaines règles. » Il me regarde fixement, comme s’il attendait ma réaction, et s’apprête à poursuivre quand je lève un doigt devant moi et tends l’oreille. « Attends ! – Qu’est-ce qu’il y a ? » On entend une portière claquer. Ma mère et mon père seraient arrivés par le garage, ce ne peut être qu’une autre personne : « Emma ! » dis-je, paniquée. Je n’ai pas envie que Bennett s’en aille, mais je ne me sens pas capable de justifier sa présence dans mon salon en cet instant précis. « T’inquiète, je file, on se voit demain ! » Il me prend la main, la sienne devenant transparente avant de disparaître tout à fait, de même que le reste de sa personne. Je me demande si je m’y habituerai jamais".

"Je visualise une ligne qui commence l’année de sa naissance et se prolonge jusqu’à aujourd’hui. « Tu ne peux donc pas remonter avant 1978 ni te projeter dans les jours à venir ? »".

"– Tu peux intervenir sur certains détails du passé pour en modifier l’issue, mais pas revenir sur tout un événement. Tu peux te rendre dans n’importe quel endroit du globe, mais seulement à certains moments. » Il semble étonné que je me souvienne si bien de ses paroles, mais comment les oublier ? Je passe mes nuits à les ressasser. « Exact. » Il esquisse un sourire. « Je ne peux me déplacer qu’à l’intérieur du laps de temps de ma propre vie. Il m’est impossible de remonter au-delà de mon jour de naissance, pas même d’une seconde. Ça a marché une fois mais, pour tout te dire, ça ne s’est pas très bien terminé. J’ai bien dû retenter l’expérience un millier de fois depuis, sans succès »".

"Il se met à jouer avec les pages de l’un des guides, façon flip-book, en évitant soigneusement mon regard. « Non, en fait, je peux aller plus loin que ça dans le futur. » Je ne comprends pas très bien sa phrase, mais il faut dire qu’il ne vole pas non plus à mon secours. « Je croyais que tu ne pouvais pas dépasser le présent, alors comment… D’accord, laisse-moi reformuler la question : jusqu’à quelle date peux-tu aller ? » Il inspire profondément, sans me regarder. « 2012. » – Mais c’est au-delà de ta propre vie ça, non ? » Il semble vouloir infirmer l’hypothèse et là, je perds un peu pied. Les sourcils levés, il a l’air d’attendre mon déclic et je sens mon estomac se nouer. « Attends un peu… quand es-tu né ? » Il doit s’écouler une bonne minute, du moins est-ce mon impression, avant que j’obtienne une réponse. « Le 6 mars 1995. » Je le regarde, hagarde. « C’était le mois dernier. – Je sais. – Le 6 mars 1995 ? – Exact. » Et soudain, ça me revient : les photos dans le salon de sa grand-mère, les cadres où sa fille tenait un bébé nommé Bennett. « Je n’y crois pas ! » Il continue de ne pas me regarder et je laisse échapper : « Les photos au-dessus de la cheminée de Maggie… » tandis qu’il acquiesce. « Maggie est ta grand-mère. » Il opine de nouveau. « Et le vrai toi est un… » Je ne me résous pas à prononcer le mot : bébé. « … à San Francisco. » D’où le fait qu’il n’y ait pas de photo de lui plus grand sur les murs. « Ben, en fait, je suis le “vrai” moi. » Il pose ma main sur le bras qu’il me tend pour que je sente qu’il est solide. « Mais oui, techniquement parlant, j’aurai dix-sept ans en 2012. En 1995, je ne les ai pas… encore. » Je me représente une ligne temporelle totalement différente désormais qui commence en 1995 et se termine en 2012."

"Qu’est-ce qui te manque le plus ici ? – Mon portable, répond-il du tac au tac. – Allez, sincèrement. » Je m’attendais à ce qu’il éclate de rire, mais non. « Tu es sérieux, ton téléphone ? – Que pensais-tu que je te répondrais ? – J’en sais rien… ta famille, peut-être. – Les familles ne changent pas beaucoup, tu n’as pas vu les portables du vingt et unième siècle ! – Qu’est-ce qu’ils ont de si spécial ? – Des tas de trucs… je ne peux même pas t’en parler. » Je pars d’un petit rire. « Ah bon, mais ça n’est pas marrant alors. À quoi tu sers si tu ne peux pas me parler de l’avenir ? – À beaucoup de choses », dit-il en lâchant mes cheveux, tandis que ses doigts se posent un instant derrière mon oreille puis glissent jusqu’à ma clavicule. Les yeux fermés, je tente de caler ma respiration sur la sienne pendant qu’il continue de me masser. « En plus, il faut que je te réserve quelques surprises. Tu aimes ça, non, les surprises ?".


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