vendredi 7 janvier 2022

CROISADES - Tome 3 : "Le jasmin et le Cobra" [Chronique express]


Penny Watson Webb
Les Editions Harlequin (2022)
320 pages 


Synopsis :
Entre rêve d'Occident et nuits d'Orient. Paris, Damas, 1202. Adelys de Rougy n’a qu’un désir : mener une vie simple en France et s’occuper de sa sœur simple d’esprit, Philippa. De fillette autrefois maltraitée, Adelys est devenue un simple jouet entre les mains d’Adèle de Champagne, qu’elle s’applique à servir au mieux, aujourd’hui encore en mission diplomatique auprès du sultan de Damas. Mais, kidnappée par Aubry – chef des Cobras noir du désert – qui semble lui vouer une haine viscérale si elle en juge à l’œil ébène qu’il fixe sur elle, son destin pourrait à jamais basculer loin de la quiétude tant espérée… 

[CHRONIQUE EXPRESS]

Ce 3ème tome, j'avais vraiment hâte de le lire et du coup, je l'ai enchaîné après la lecture du 2ème tome.....Je savais que l'histoire d'amour entre Aubry de Tonnerre et  Adelys de Rougy allait être explosive, vu ce qui s'est passé entre eux durant leur brève rencontre durant leur enfance (enfin plutôt leur "jeune adolescence").

Leurs familles sont ennemies. Aubry, alors jeune page, avait tué le père d'Adelys, dans le précédent tome alors que celui-ci allait violer l'héroïne, la flamboyante Flamine.....

Nous faisons un saut dans le temps d'une dizaine d'années avec ce 3ème tome et nous retrouvons Adelys, en jeune femme accomplie (sous la contrainte) pour être une parfaite "courtisane" pour la reine-mère (qui est, vous l'aurez compris, une antagoniste du récit)...

Le point faible d'Adelys, c'est sa soeur, Philippa, une jeune femme qui est juste un peu plus âgée qu'elle mais qui a une déficience mentale si bien qu'elle n'a pas plus de raisonnement qu'une enfant de 5 ans...Elle a passé sa vie dans un couvent, protégée par les religieuses.

Cette "handicapée mentale" est néanmoins chérie et sauvagement protégée par Adelys, et pour le bien-être de sa soeur, notre héroïne est prête à accepter tous les sacrifices....Cela commence par un mariage arrangé avec un noble allemand, tout en sachant que la reine-mère a prévu de la faire veuve rapidement......Après une escale à Venise, nous arrivons en Egypte et là, les choses se corsent pour notre héroïne, qui va devoir affronter plusieurs ennemis, qui veulent sa peau (maintenant que son mari est mort...). Et il y a surtout Aubry, qui est devenu chef des Cobras noirs, ces mercenaires dont le héros du précédent tome était l'ancien chef....

Alors oui, j'ai vraiment aimé la lecture de ce tome, même s'il est très dur à certains moments, que notre héroïne va en baver, que des "innocents" vont payer cher d'avoir croisé son chemin et de la connaitre.....

J'ai aimé l'histoire d'amour tortueuse et très compliquée qui va se nouer entre elle et Aubry....Comme la morsure d'un cobra (au sens propre comme au sens figuré), Adelys va avoir Aubry au plus profond de ses veines et de son coeur.....

Nous voyageons une bonne partie du roman en Egypte, et nous revenons en France vers la fin du livre.....Mais je sais déjà que l'Orient nous appelle pour le prochain tome, qui, à priori, même s'il n'est pas encore sorti (ou même écrit) par la talentueuse auteure française Penny Watson Webb, nous entrainera de nouveau dans le désert, très certainement avec Renaud, le frère jumeau d'Aubry, qui lui, est un croisé, chaste (si vous voyez ce que je veux dire....Oui, il est puceau !) et qui a fait la rencontre, dans ce tome, d'une princesse orientale promise à un homme, à priori, en Iran.....Bref, dès que ce 4ème tome sortira, il va sans dire que je me jetterai dessus, surtout que c'est assez rare les romances où les héros n'ont aucune expérience (sexuelle) avec des femmes et du coup, cela titille ma curiosité !

En conclusion, ce 3ème tome a vraiment été très sympa à lire, même si certains passages sont difficiles à supporter (pour une romance....Cela dit, vu l'époque où cela se déroule, la période des Croisades, la vie était "dure" surtout pour les plus fragiles.....). Bravo à l'auteure, Penny Watson-Webb, qui maitrise vraiment bien son sujet et qui arrive toujours à nous faire voyager à travers le temps et l'espace dans chacun de ses livres ! Chapeau bas !

Quelques citations :

"Le comte de Tonnerre avait des fils jumeaux aussi différents que le sont la lune et le soleil. Renaud était la quintessence du chevalier : homme d’honneur et de foi, vertueux. Audry était un mercenaire, un guerrier de l’ombre, parti en Égypte des années auparavant".

"Si Audry apprend qu’Adelys de Rougy est du voyage, je ne doute pas de sa motivation… J’ai presque pitié de cette jeune femme, commenta le comte sombrement. Des années auparavant, Audry avait été humilié à la cour et fouetté jusqu’au sang pour avoir osé contrarier la fille du comte de Rougy, qui avait lui-même administré la sentence. Le comte savait que son fils n’avait certes pas oublié cet affront".

"Adelys avait épousé Folker de Brunswick après qu’il fut passé à Reims rencontrer la reine mère. Elle allait sur ses dix-huit ans et avait passé toute son adolescence à la cour d’Adèle de Champagne, après la mort de son père tué dans d’étranges circonstances. La reine mère avait pourvu à son éducation, elle parlait plusieurs langues et entre les mains d’Agnès de Lusignan, favorite de la reine mère, elle avait appris l’art de l’illusion, de la supercherie. Elle avait été entraînée à voler, mentir et ramener ce qu’Adèle de Champagne convoitait. Mais elle avait un talon d’Achille dont la reine mère savait se servir : Philippa. Elle aimait sa sœur aînée et la protégerait pour toujours contre tout et tous".

"Audry de Tonnerre… Elle se souvenait de leur dernière rencontre comme si c’était hier. Elle n’avait même pas dix ans à l’époque, elle venait d’arriver à la cour d’Adèle de Champagne. Son père le comte de Rougy était un fidèle de la reine mère et avait ses faveurs. Elle le connaissait peu, car il ne s’était jamais intéressé à elle. Il l’avait invitée à la cour pour qu’elle intègre la suite des demoiselles d’honneur de la reine. À cette époque, la cour recevait un émissaire de Saladin, Karim al-Dîn, et Audry de Tonnerre était son écuyer. Ils s’étaient croisés un jour au jardin et Audry lui avait parlé avec arrogance. Impressionnée, elle en avait parlé à son père qui avait fouetté le garçon. Elle se souvenait encore du claquement du fouet dans l’air et du sang sur le dos du garçon. Elle avait supplié son père de ne pas faire cela. En vain : les Tonnerre et les Rougy étaient ennemis depuis des générations. Puis, le jour de la mort de son père, alors que les cavaliers du roi affrontaient ceux de Champagne, Audry l’avait menacée de son épée et elle était tombée de son cheval. Dans sa chute, elle s’était blessé la jambe et en portait toujours la cicatrice sur le haut de sa cuisse. Elle se souvenait encore de la frayeur qui l’avait saisie en voyant le regard brûlant de haine du garçon. Il voulait la châtier pour les crimes de son père".

"— Comment vont votre épouse et vos fils  ? — Flamine attend notre troisième enfant, la date de l’accouchement approche et elle s’est mis en tête de déménager toute la citadelle, nia Karim qui subissait ses extravagances à chaque naissance. Elle espère une fille cette fois-ci. Après un repas copieux en compagnie de Karim et Flamine, Renaud prit ses courriers et monta dans ses appartements prendre un peu de repos." 

"— À quoi ressemble-t-elle  ? — Jeune, longs cheveux ondulés, châtains, et des yeux d’un vert d’eau surprenant. Sa peau est légèrement mate, se souvint le chevalier en repensant à la femme qu’il avait vue sur le Sirena. — Et son corps  ? — Mince, mais avec de jolies formes. — Vierge  ? — Non, elle a été mariée, répondit Karl de Bavière qui en avait fait une veuve en tuant Folker de Brunswick à la demande du roi Othon. — Dommage, cela semblait intéressant… — Je veux que tu la tues, pas que tu la vendes, cette femme doit disparaître. Elle représente un danger pour mon roi".

"— Mon père est mort et moi je ne vous ai rien… Sa voix mourut dans sa gorge. — Rien fait  ? hasarda Audry en tenant le cobra à courte distance. Six coups de fouet que je ne suis pas près d’oublier. Elle secoua la tête frénétiquement, ses boucles sales et poussiéreuses s’étalaient sur ses épaules. — Le soir où vous m’avez poussée au jardin alors que cette femme pleurait, je n’ai rien dit à mon père. Mais il l’a appris quand même, dit-elle sans avouer que Philippa avait tout vu et s’était mise en colère. Alerté, leur père avait demandé des explications. Elle se souvenait encore très bien de la scène. — Méchant, méchant garçon. Pauvre Adelys  ! — Quel garçon, que s’est-il passé, avait meuglé le comte agacé par les pleurs de Philippa. — Il a poussé Adelys et a crié  ! Le comte l’avait alors interrogée et forcée à lui donner le nom d’Audry. Au départ, elle avait refusé, disant que l’incident ne valait pas d’être relevé, et s’était pris une gifle. Et encore une autre lorsqu’elle n’avait pas voulu assister au châtiment que son père avait administré lui-même, dépassant d’un coup la peine annoncée. Sans l’intervention de Karim al-Dîn, qui sait combien de coups Audry aurait encore reçus. Son père haïssait viscéralement les Tonnerre".

"— Pourquoi la défends-tu  ? demanda Audry presque choqué. Abdel s’approcha d’Adelys évanouie et la regarda. — Je vois une jolie dame, bien loin de son pays. Le sage se demanderait ce qui a pu pousser une femme aussi jeune à traverser la mer au péril de sa vie. L’argent  ? Peut-être. La promesse d’une vie meilleure  ? Peut-être. — Elle a été envoyée pour rencontrer Aziz. Le sultan cherche la guerre avec Damas et tu le sais. — Avez-vous remarqué qu’elle n’a appelé personne  ? — Que veux-tu dire  ? — Lorsqu’elle a eu peur, elle n’a pas appelé à l’aide. Elle vous a supplié d’éloigner Ramsès, mais n’a pas appelé quelqu’un à l’aide… Comme si elle n’avait personne. — Elle a prononcé un prénom : Philippa. — Sûrement quelqu’un à qui elle tient, pour avoir prononcé son prénom alors qu’elle se pensait mourir".

"Si Audry l’avait aimée, si elle n’était pas une Rougy et lui un Tonnerre, s’ils avaient réussi à surpasser ce qui les séparait. Mais tout cela n’était que vœux pieux, Audry n’éprouvait rien pour elle, sinon il l’aurait retenue. Son cœur saignait, c’était sûrement son prix à payer pour ses péchés".

"Al-Adel souhaiterait que tu rencontres la princesse Nesayem afin de prendre des accords concernant le sort des femmes que tu as menées chez les religieuses, dit le comte à son fils. — Je te conduis, Renaud, les hommes n’ont pas accès au gynécée, seuls les eunuques le peuvent et je pense que ton père compte sur toi pour lui donner des petits-enfants, plaisanta Al al-Kâmil. — J’avoue qu’en effet, je préférerais rester tel que Dieu m’a créé, acquiesça le chevalier en suivant son hôte à travers les couloirs du palais. — Allons dans mes appartements, je servirai de chaperon. Ma sœur ne serait pas autorisée à t’adresser la parole sans raison officielle ou sans la présence d’un mâle de la famille. — Je comprends, dit-il respectueusement. Al al-Kâmil le fit entrer dans un appartement spacieux et confortable, moins luxueux que ce qu’on aurait pu attendre d’un prince, mais il savait qu’Al-Kâmil était un homme d’État et non un feignant comme Aziz. Une femme et deux de ses suivantes attendaient patiemment. Elles se levèrent à leur arrivée et les suivantes se prosternèrent devant Al-Kâmil. La princesse Nesayem se contenta d’une salutation respectueuse et d’un regard pour le visiteur. Renaud inclina le buste galamment devant elle et prit place là où Al-Kâmil lui indiqua. Renaud observa la princesse : de taille moyenne, brune aux yeux noisette fardés de khôl, des lèvres charnues. Son caftan jaune était bridé d’or et des iris étaient plantés dans ses cheveux soyeux qui lui descendaient jusqu’aux reins. Sa taille mince était marquée d’une ceinture dorée. Un voile transparent, très long, cachait peu ses formes voluptueuses, mais apportait une note pudique à l’ensemble. Ses oreilles et ses poignets étaient couverts d’anneaux d’or. Elle avait les mains et les pieds décorés au henné. C’était la plus belle femme que Renaud eût jamais vue et il sentit ses yeux s’attacher à cette magnifique apparition. La princesse semblait avoir du mal à soutenir son regard et baissa les yeux un instant. Pour ne pas la gêner, Renaud rappela le motif de sa venue".


3 commentaires:

  1. J'ai toujours pas lu cette auteure. Elle me tente beaucoup!

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    1. Elle est très calée en Histoire, notamment la période du Moyen-Age (qui est vaste, certes...). Ses personnages sont très bien travaillés aussi. C'est une auteure très talentueuse !

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