mercredi 12 janvier 2022

SANS FOI NI LOI - Tome 7 "L'amant d'une nuit" [Chronique express]

Kerrigan Byrne
Les Editions J'ai Lu (2022)
Sortie originale 2020
320 pages

Synopsis :
Que fait Prudence Goode en pleine nuit dans un jardin londonien, bien connu des libertins, où des inconnus vendent leurs charmes ? Elle est venue perdre sa virginité, par défi, après avoir appris que son fiancé était un coureur de jupons qui ne s'intéressait qu'à sa dot. Et c'est dans les bras d'un beau blond qu'elle s'abandonne pour la première fois au plaisir...Mais le mariage n'aura pas lieu car, peu après, son futur époux est assassiné. Prudence est accusée du meurtre. À sa grande stupeur, elle reconnaît sous les traits de l'inflexible inspecteur en chef Carlton Morley celui qui l'a initiée à l'ivresse des sens !Une ivresse que tous deux brûlent de revivre...



[CHRONIQUE EXPRESS]




Kerrigan Byrne est l'une de mes auteures de romance historique préférées. Ce 7ème tome, je l'attendais avec impatience car le héros, l'inspecteur en chef Carlton Morley, a toujours fait quelques apparitions dans les précédents tomes (il s'est même fait "piquer" la femme qu'il convoitait dans le 1er tome par le héros de celui-ci)....Du coup, vu sa personnalité "froide" et "intransigeante", je savais que le challenge de notre héroïne allait être de le faire "craquer" et morceler la carapace qu'il avait forgé tout autour de lui.....

Nous en sommes au 7ème tome, donc, nous en savons un peu plus sur son enfance, de par le biais des héros précédents, nous savons qu'il a grandit dans la misère et a perdu sa soeur jumelle, Caroline, très jeune, victime d'un ignoble pédophile.....

Alors attention, au début du livre, l'auteure annonce que l'héroïne, Prudence Goode, a des choses à dire et qu'elle a des soeurs.....Et que ces "good girls" vont devenir importantes dans son récit (jeu de mot impossible en français, mais vous l'aurez compris, il y a un parallèle avec leur nom de famille "Goode"), du coup, les prochains tomes devraient être consacrés aux soeurs de Pru......(en tout cas, c'est comme cela que je l'ai compris...).

Pour ce tome-ci -  pour cette romance-ci - j'ai été comblée par la personnalité de Prudence, qui est une jeune femme qui se voit imposer un mariage imposé avec un aristocrate frivole et du coup, elle se dit que, elle aussi, a droit de se "dévergonder" et si son mari n'est pas vierge au mariage, pourquoi le serait-elle....

Elle va donc se rendre dans un endroit où "règnent" des gigolos et justement, elle va tomber sur l'inspecteur, qui était en filature (à cause de la disparition de certains jeunes hommes qui se prostituaient cet endroit...), et notre jolie brune va choisir Carlton comme son "homme".....Et celui-ci, malgré ses aspects froids et distants, va céder à la tentation sans discuter.....(alors qu'il était en mission, et en plus, pour sa précédente "relation", il a mis plusieurs années à se décider à  embrasser sa "collègue" Farah - l'héroïne du 1er tome....).....Bref, on l'aura compris, l'inspecteur Morley est totalement ensorcelé par Prudence....

Au court du récit, nous avons le plaisir de revoir les héroïnes (et héros) des tomes précédents, notamment Farah, qui va jouer un rôle important dans la mesure où elle a été le 1er "coup de coeur" de l'inspecteur Morley....Ce qui, vous le comprenez aisément, va quand même beaucoup déboussoler notre héroïne, qui va ressentir de la jalousie vis à vie de notre jolie blonde.....

Nous faisons aussi connaissance des soeurs de Prudence - qui devraient être - on l'a compris au début du roman, dans prologue écrit par l'auteure - les héroïnes choisies des prochains tomes......Wait and see....

Concernant la romance entre Morlet et Pru, et bien, cela démarre sur les chapeaux de roues vu qu'il se fait passer pour un gigolo au cours de leur première rencontre....Par contre leur relation va vite devenir beaucoup plus froide....Voir très très froide.....Même si notre cher inspecteur va se "sacrifier" et épouser Prudence......(je vous laisse lire le livre pour en comprendre les raisons)...Tout en restant très distant avec elle par la suite....Tant que l'enquête qui "incrimine" sa "jeune épouse" ne la disculpe pas.....

Nous ne sommes pas sur un "ennemies to lovers" classique mais il faut avouer que vu sa profession et son passé, Morley (Il a pris le prénom Carlton, mais enfant il s'appelait Cutter....Il ne connait même pas sa date de naissance....) est un homme très méfiant, il connait tout ce qu'il y a de pire chez les êtres humains (que ce soit de son expérience "d'enfant des rues" et ensuite d'inspecteur de police)......Du coup, tomber sur Prudence Goode, une jeune femme pure et droite, mais qui va être accusée du meurtre de son fiancé, cela ne va pas arranger leur situation....Il aura toujours un doute envers elle (en tout cas une bonne partie du roman), et ce qui est paradoxale avec ce personnage, c'est qu'il travaille pour la justice et la loi, mais il a lui-même commis un meurtre (quand il était enfant, il a tué le pédophile qui a tué sa soeur jumelle) et du coup, il en est presque à espérer que Pru soit coupable de l'assassinat de son fiancé, pour être "à sa hauteur"....Si elle est innocente, il ne la mérite pas, vu que lui, il est très "sombre" malgré le travail remarquable qu'il fait pour la police londonienne (d'ailleurs, le passage où Prudence va à son travail et rencontre tous ses collègues est un pur délice....).

En conclusion, j'ai vraiment dévoré ce 7ème tome de la saga "Sans foi ni loi" de Kerrigan Byrne qui est un vrai coup de coeur !.....J'attends maintenant la suite, sans doute avec les soeurs de Pru, vu qu'au niveau des "mecs sans foi ni loi", il me semble qu'on a fait le tour de tous les personnages......Je vous recommande totalement cette lecture, et bien évidemment les tomes précédents car ici, nous avons le personnage masculin qui était "du côté de la loi" (et finalement parfois antagoniste de certains héros des tomes précédents).....La boucle est bouclée à ce niveau-là....Ce couple est attendrissant et romantique au possible.....Bravo à l'auteure ! 

Quelques citations :

"Avant-propos L’inspecteur en chef Carlton Morley fait et fera toujours partie de ma série Sans foi ni loi. Toutefois, mon éditeur et moi avons rapidement compris que l’histoire de Prudence et Morley ne constituait pas la conclusion d’une série, mais un nouveau commencement. Les Goode Girls vivent dans l’univers des héros de Sans foi ni loi qui interviennent dans leurs vies. Néanmoins, leurs aventures traitent avant tout de cette famille remarquable et de ces femmes qui trouvent l’amour en dépit d’être transgressives, imparfaites, scandaleuses, uniques ; ces femmes qui ont l’audace de vouloir ce que la société leur dénie. Pour cette raison, A Dark and Stormy Knight est devenu Seducing a Stranger. J’espère que vous apprécierez cette série, que j’ai écrite pour célébrer le fait que nous n’avons pas besoin d’être de bonnes filles pour accomplir de grandes choses".

"Cutter n’avait que faire du noyé. Après la dernière épidémie de typhus qui avait ravagé l’East End, ce n’était qu’un cadavre de plus. Rien de bien palpitant. Il suivit son ami qui se frayait un chemin entre les curieux. Ils jouaient des coudes, bousculant les gens sur leur passage tandis que leurs doigts habiles visitaient les poches. Lorsqu’ils arrivèrent de l’autre côté de la cohue, ils reprirent leur souffle et examinèrent leur butin. À eux deux, ils avaient glané près de deux shillings – plus que le salaire d’une journée de travail dans ces quartiers. La journée s’annonçait profitable. Au moment où ils s’apprêtaient à contourner le demi-cercle formé par les curieux pour s’approcher du bâtiment, la foule émit un hoquet de stupeur et recula comme un seul homme, les laissant exposés à la vue de tous. Concentré sur sa mission, Cutter entendit à peine les chuchotements incrédules. — Elle est en lambeaux… — Quel genre de monstre peut… — Ce n’est qu’une enfant… Il tourna le dos au fleuve et voulut se réfugier à nouveau dans la masse humaine. Dorian l’arrêta en le retenant fermement par le poignet. Il ne dit rien. Il n’en avait pas besoin. Le démon qui avait hanté Cutter depuis son réveil se mit à rugir dans ses oreilles. Il se cabra et rua, s’agita et le lacéra de ses griffes avec une telle violence qu’il aurait pu lui trancher un membre. C’était exactement ce qu’il ressentait : comme si une partie de lui avait été arrachée. Une partie vitale. Amputée. Il savait déjà, avant de se retourner. Avant d’apercevoir les longues mèches aussi blondes que les siennes qui flottaient dans l’eau sale telles des algues. Avant qu’il remarque les traces violacées au niveau du poignet et des chevilles, ou le motif absurde du manteau qu’il lui avait donné et dont une manche était vide. Avant qu’il se dise que l’eau polluée du port n’avait jamais été aussi rouge. Les pièces dans sa main tombèrent au sol, et il les piétina sans les voir en se mettant à courir. Le démon en lui hurlait. Ce ne pouvait être que le démon ; aucun être mortel n’aurait pu pousser ce cri inhumain. Caroline".

"Une nuit de plaisir avant que son père la donne à un noble suffisamment aux abois pour épouser une vieille fille de vingt-neuf ans. Trois mois. Dans trois mois, sa vie serait irrémédiablement fichue. Elle serait contrainte de supporter le pire crétin revêche braillard boit-sans-soif coureur de jupons de toute l’Angleterre. De le respecter. De lui obéir."


"— Je ne supporte pas cette Jessica Morton. À l’école, elle ne cessait de harceler ma pauvre Pru. Amanda grimaça, comme si sa limonade était soudain devenue acide. — Je croyais sa liaison avec le fiancé de Pru terminée. À présent, je n’en suis plus si convaincue. Le ravissant minois d’Honoria se fronça. — George et Jessica ? Tu en es sûre ? Prudence s’était plaquée contre le tronc d’arbre, sans se soucier de sa nouvelle veste d’équitation en velours de soie bordeaux. Ce n’était pas tant pour les épier que pour se soutenir. George… son George… avec Jessica Morton ? Quand ? Pourquoi ? Comment ? Combien de fois ? Et… quand ? Certes, elle n’avait jamais considéré George comme un saint, surtout avec sa belle allure un peu canaille. Néanmoins, dans la mesure où ils étaient sur le point de se marier, elle avait pensé qu’il n’irait pas voir d’autres femmes. Qu’elle lui suffirait.'


"Combien ? demanda-t-elle. — Combien ? répéta-t-il en fronçant les sourcils. — Oui, combien pour… vos services ? Le valet m’a dit de choisir n’importe quel étalon qui n’est pas déjà occupé. C’est vous que je choisis. Je voudrais faire l’amour avec vous… ou, plutôt, que vous me fassiez l’amour. Mais uniquement si vous n’avez pas d’autres… euh… engagements. Je veux dire… si vous n’avez pas été réservé. — Réservé ? répéta-t-il à nouveau. — Quelqu’un a-t-il déjà pris rendez-vous avec vous ce soir ? — Non, répondit-il prudemment. Pris de court, il ne savait plus comment réagir. Les traits de la jeune femme s’illuminèrent. — Parfait ! Dans ce cas, expliquez-moi comment procéder. Je vous avoue ma totale ignorance en la matière. Je n’ai encore jamais… loué les services d’un homme. Morley resta un instant interdit tandis que trois détails devenaient clairs dans son esprit. Lorsqu’elle était nerveuse, cette femme se transformait en véritable moulin à paroles, et son babillage était étrangement attachant. Elle devait appartenir à une famille riche, probablement aristocratique, et était sans doute mariée."

"Enfin… il approchait de la quarantaine et n’avait encore jamais rencontré une femme à qui il avait autant envie de faire l’amour. La faim qui se réveillait en lui était aussi féroce que celle d’un ours s’éveillant de son hibernation. Elle possédait des crocs et des griffes qui lacéraient sa décence et sa retenue. Son cœur battait à tout rompre contre ses côtes, comprimant ses poumons et entravant sa respiration. Il était doté d’un grand sens moral, bon sang ! Il respectait la loi et fuyait le vice. Il vivait tel un moine depuis des années, et pour de bonnes raisons. Il aurait dû se relever et la quitter. Sur-le-champ. Sauf que… si elle ne rentrait pas chez elle ? Si elle s’attardait dans ce jardin, à la recherche d’un autre « étalon » ? Jamais de la vie ! Il ne la laisserait pas faire".

"Comment vous appelle-t-on ? questionna-t-elle. Un sourire triste effleura ses lèvres, et il écarta une boucle qui s’était échappée de sa coiffure. Ce geste tendre lui noua la gorge. — Cela n’a pas d’importance, répondit-il. Je ne suis qu’une ombre. Il se pencha et ramassa sa culotte abandonnée au pied de la fontaine. Il la lui tendit, puis lui tourna le dos pour la laisser se rhabiller. Elle manqua de tomber en avant en glissant un pied dans la seconde ouverture, et dut se stabiliser avant de demander : — Et si je souhaite vous revoir ? — Ce ne sera pas possible, je le crains. Elle tira sur ses bas, rattacha ses jarretières, puis laissa retomber ses jupes et les lissa sur ses cuisses. Des cuisses qui, peu de temps auparavant, s’étaient ouvertes pour l’homme qui refusait de lui dire son nom. Elle se retourna. — Je m’appelle Pru…, commença-t-elle. Il était déjà parti".

"C’était bien lui. Elle en était sûre. Personne n’avait des yeux aussi clairs, aussi élémentaires, comme un éclair au-dessus de la Baltique. Ces yeux la fixaient à présent. Froids, impitoyables, sans compassion. Il la dévisageait comme si elle était la dernière personne au monde qu’il désirait voir. Comme si elle était plus vile que la terre sur laquelle ils avaient péché. Tout espoir que cet homme soit son allié se brisa contre la dureté de ce regard. — Que s’est-il passé ? demanda-t-il d’une voix calme. La confusion de Prudence ne fit que s’accroître. Où était passé son accent cockney ? Son amant avait parlé comme un homme du peuple. L’inspecteur avait l’élocution distinguée d’un homme des beaux quartiers. Était-elle devenue folle ? Le désespoir et le choc lui avaient-ils perturbé l’esprit ? — Prudence, réponds ! aboya son père. — J-j-je… J’attendais que mon père vienne me chercher pour me conduire à l’autel, commença-t-elle. Elle cherchait à se calmer. Elle avait besoin d’expliquer. Il était important qu’il ne la pense pas responsable de ce drame. Personne ne pouvait la croire capable de commettre un meurtre, tout de même ! — On a toqué à la porte et glissé un billet dessous, poursuivit-elle. Le message était de George. Elle indiqua le cadavre à ses pieds, et regretta aussitôt d’avoir baissé les yeux. Doux Jésus, elle avait pensé que ce mariage était le pire de ce qui pourrait lui arriver. Elle avait été loin du compte. Comment un corps pouvait-il contenir autant de sang ? Ne parviendrait-elle jamais à chasser cette image de sa mémoire ? — Regardez-moi, ordonna l’inspecteur. Que disait le message ? — Qu’il devait me voir. Il voulait s’excuser. — S’excuser ? répéta-t-il. Aviez-vous des raisons d’être en colère contre le comte de Sutherland ? Elle plissa le front et lui lança un regard accusateur. — Vous savez bien que oui. — Comment le saurait-il ? intervint son père. Vous n’avez jamais été présentés. Une lueur de mise en garde rendit les yeux de l’inspecteur encore plus froids, si cela était possible. « Faites attention à vos paroles, disaient-ils. Ne nous perdez pas tous les deux. » Prudence se tourna vers son père. — Je voulais dire… vous le saviez bien. Je vous avais prévenu que George était infidèle, et vous avez néanmoins exigé que je l’épouse".

"— C’est vous. Je sais que c’est vous. Je vous ai cherché partout depuis l’autre nuit… — Je vous avais dit de le quitter, l’interrompit-il sur un ton furieux en pointant l’index vers l’homme au sol. Je vous l’avais ordonné ! — Je sais, répondit-elle en se recroquevillant. — Est-ce vous ? Vous l’avez tué ? — Non ! Je viens de vous raconter ce qu’il s’est passé. Il était déjà… Il leva une main pour la faire taire et se tourna de profil, comme s’il ne supportait plus de la regarder. Puis il inspira profondément et pivota à nouveau vers elle, l’air plus calme. — Dites-moi la vérité. Ce sera un secret de plus entre nous. Dites-la-moi maintenant, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous éviter la potence… Prudence le dévisagea, estomaquée. Il ne la croyait pas. Il la pensait réellement coupable. Son cœur lui tomba dans les talons, soudain lourd comme une pierre. Cet homme… cet inconnu qui la connaissait plus intimement que n’importe qui. Cet amant de rêve qui l’avait traitée avec une infinie déférence… Il la prenait pour une meurtrière. — Je n’irai pas à la potence, dit-elle, stoïque. Je n’ai pas besoin de votre aide. — Cela m’étonnerait que… — Ils ne pendront pas une femme dans mon état, l’interrompit-elle en posant une main sur son ventre. Il était là, son secret. Son seul crime. Il ouvrit la bouche sans émettre un son, tandis que ses poings se serraient. Il la dévisagea quelques instants, l’air ahuri. — Vous… vous êtes enceinte ? — Oui, murmura-t-elle. Et l’enfant est le vôtre".



2 commentaires:

  1. Coucou. Je suis en train de le lire! J'ai regardé qu'une partie de ta chroniQque. J'adore cette auteure!

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