lundi 17 janvier 2022

Quelques savons de Marseille pour les pingouins [Chronique express]



Sylvie De Laforêt
Auto-Edition (2021)
241 pages


Synopsis :
Après avoir perdu à un jeu stupide, Garance (marseillaise, est fière de l’être), fait ses bagages pour se rendre à Uummannaq, une île perdue dans un fjord groenlandais. Sur place, elle fait la connaissance de Laura, une Française expatriée, devenue gérante de la seule épicerie du village. Mal à l’aise avec ce froid, cette nuit polaire et la fête de Noël qui arrive à grands pas, elle se laisse finalement séduire par la gentillesse des insulaires, leurs coutumes ancestrales, mais surtout par les fossettes d’un certain Iluak…

[CHRONIQUE EXPRESS]

J'ai vraiment passé un très agréable moment de lecture au Groenland, en compagnie de Garance, notre marseillaise, qui n'a pas sa langue dans sa poche, et Iluak, l'inuit timide au grand coeur, et qui, du haut de ses 30 ans cache un petit secret.....

En plus de la jolie romance qui s'installe petit à petit entre Garance et Iluak, je souligne aussi le fait que j'ai appris beaucoup de choses dans ce livre (notamment par rapport à l'humidité de l'air et le fait de faire sécher son linge à l'extérieur sans qu'il ne gèle....et aussi la signification de la couleur des maisons....). 

Et pourtant, cela commençait mal, car avec les premières pages, j'ai été un peu crispée par la manière de parler de l'héroïne et de ses deux copines.....Nous sommes dans une romance contemporaine/chick-lit......Lisant énormément de romances historiques, le langage qu'emploient ces jeunes femmes m'a parfois un peu fait "tiquer".....Heureusement qu'il y avait beaucoup d'humour (au milieu de cette "vulgarité de langage") et qu'ensuite, une fois que Garance part au Groenland, le langage devient plus soft, sans que l'humour disparaisse car notre héroïne est vraiment très drôle et sait bien user d'auto-dérision.....

Sa chance, c'est d'arriver dans une maison d'hôte tenue par une française, Laura, (mariée à un danois), enceinte jusqu'aux yeux.....Garance va donc passer une semaine (au moment de Noël), dans ce pays et elle va découvrir la dure réalité du peuple inuit, du sort d'enfants qui se retrouvent orphelins....

Est-ce que je vous conseille cette lecture ? Evidemment, à 100 % !!!!!! Certes, l'histoire se déroule au moment de Noël, et lire une "romance de noël" après cette date, cela fait "réchauffé" fait en fait, Noël n'a pas vraiment d'intérêt dans ce livre....Ce qui compte, c'est la découverte de ce pays, le Groenland, de ce peuple, de ses légendes (très importantes dans le récit....), de ces paysages magiques (il ne faut pas oublier qu'à cet endroit du globe, la nuit polaire existe...Mais les aurores boréales également....).......

Du coup, j'ai tapé le nom de la ville Uummannaq, où va se dérouler la majeure partie du récit, pour voir à quoi elle ressemble (désolée, je ne la connaissais pas !).....Et j'ai été émerveillée par la beauté du lieu.....Bon, en même temps, personnellement, je suis plus attirée par les pays nordiques que les pays chauds, donc, ce livre m'a vraiment plu (j'ai fais mon voyage de noces en Islande en juillet 2011....). 

J'ai adoré la relation qui va se lier peu à peu entre Garance et Iluak (non sans quiproquos....)....Comme nous suivons les pensées de l'héroïne, évidemment, avec elle, nous subissons ses moments de doutes, de joie, de honte, d'émotions, d'amour et d'amitié.....

Garance, qui était une marseillaise qui adorait le soleil "et les hommes", va apprendre à aimer "l'humanité", que ce soient les enfants ou les habitants  courageux qui vivent dans ce lieu "hostile" car forcément, l'être humain doit s'adapter à la nature (et parfois à ses dures lois)......

Iluak est super attachant, très sexy, très waouh.....En fait, c'est le mec idéal....Bon, sauf à un certain moment, mais on peut l'excuser vu son passif malheureux....

Au niveau des personnages secondaires, évidemment, il y a Laura, la française enceinte et installée au Groenland, qui va accueillir Garance et l'intégrer à cette petite communauté....Mais je pense aussi à la petite Nuna (3 ans), ou encore Ann et Oneida....Tout ce petit monde va avoir une sacrée importance dans la vie de Garance et dans le déroulé de sa romance avec Iluak.....

En conclusion, j'ai vraiment passé un très bon moment de lecture avec ce livre....Pour dire une chose négative, peut-être que je n'aurais pas mis ce titre pour le livre, car cela peut rebuter un peu (on s'en fout des pingouins !)......Du coup, ne vous laissez pas "influencer" par le titre du livre.....

Pour ma part, j'aurais plutôt mis "coup de foudre au Groenland" ou un truc du genre...Vous voyez...Bon après, ce n'est qu'un détail....

Je vous recommande vraiment cette romance qui nous fait voyager et apprendre beaucoup de choses sur ce coin du globe pas assez exploité dans les romances.....Et puis, il y a cet humour qui est très présent grâce à Garance, notre marseillaise, qui va voir sa vie changer en seulement une semaine......Lisez ce livre ! (même si Noël est terminé, cette romance est plutôt "une romance d'hiver")......

Franchement, vous n'allez pas le regretter et ne vous arrêtez pas aux premières pages où notre héroïne est encore à Marseille (et un peu "vulgaire"....La cagole de base, quoi...Sans jugement, hein !....)....Ce qui compte vraiment, c'est quand elle arrive au Groenland....L'aventure commence à ce moment-là (et le rêve, la romance, l'émotion, le dépaysement, la féérie....) !!!!!! Bravo à l'auteure, Sylvie De Laforêt !

Quelques citations :

"Et si tu allais chez ta cousine à Salon-de-Provence ?  — Pas assez loin. — Ton frère à La Rochelle, enchérit Marlène. — Pas assez loin. Non… je veux le bout du monde ! Vous comprenez ? beuglé-je, limite insupportable. Marlène, exacerbée par mon comportement jusqu’au-boutiste et mes caprices de femme larguée, sort de ses gonds : — Soit ! Tu veux te retrouver à des milliers de kilomètres ? OK… Titi, prends ton portable, lui assigne-t-elle. — Hein ? — Vas chercher sur Google tous les endroits les plus éloignés de la planète et on va les marquer sur des bouts de carton de ta boîte à gâteaux. Ensuite, on les pliera et Garance fera un tirage au sort. La première destination sera son échappatoire, OK ? demande-t-elle en relevant sur moi, ses deux billes noires. J’ai la frousse. — OK, capitulé-je en pinçant mes lèvres. Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me dit que j’ai parlé un peu trop vite. Marlène se rapproche de Titi et commence leurs recherches sur le Net. L’une avec ses lunettes sur le nez et l’autre le stylo à la bouche, elles détiennent ma vie entre leurs mains. J’espère qu’elles vont me dégoter une petite île en plein milieu du pacifique. Le genre d’endroit où ton deuil sentimental s’éloigne vite, chaloupé et emporté par l’écume des vagues bleues… Je devrais me réjouir de cette fuite improvisée, seulement leurs retroussages de nez et leurs regards croisés ne me disent rien de bon. — Financièrement… Tu peux te payer de belles vacances ? — Ne vous inquiétez pas, je vais faire péter mon PEP. — T’es sûre ? s’alarme Titi. — Oui. — Bon, je pense qu’on a assez de destinations à te proposer. En effet, Marlène s’improvise greffière et recopie sur les cartons, le nom de plusieurs villes. J’essaye de lire à l’envers, mais son écriture déliée est illisible. Aidée de sa complice, qui les replie en quatre, elles les mélangent vigoureusement sur la table du bar et me demandent d’en choisir un. — Vas-y, ma belle, laisse tes mimines guider ton destin, chantonne Marlène. D’une main peu sûre, je plane au-dessus du monticule, puis comme un cormoran plongeant dans la mer, je récupère mon karma. Néanmoins, avant de l’ouvrir, je pose une question subsidiaire. — Euh, si ça ne me plaît pas, je peux changer ? Les deux associées rejettent ma requête d’un non de la tête. — OK, je n’insiste pas… Lentement, je déplie le papier et lis à haute voix. — Uummannaq… Les deux compères se regardent étonnées et repartent fouiner sur le Net. Elles ont déjà oublié où se situait cette ville. — UUMMANNAQ ? répété-je, abasourdie. — Euh… Tu as une bonne doudoune, j’espère… me questionne Titi, ennuyée. — Non, j’avais plutôt prévu un maillot de bain. Bon assez de mystères, passe-moi ton portable ! Alors que Titi essaye de feinter en effaçant la dernière recherche Web, je lui arrache son iPhone 8 des mains. Manque de pot pour elle, la page est restée figée, comme pour m’annoncer la copieuse nouvelle. Alors que mes yeux s’agrandissent proportionnellement à mon ignorance géographique, je proclame. — AU GROENLAND ? Les deux nanas face à moi, qui me servaient jadis de copines, se mettent à glousser, comme des dindes ayant survécu à Thanksgiving. — Vous vous fichez de moi ? Je voulais du soleil, pas la nuit polaire ! — C’est sûrement une expérience incroyable… avec un peu de chance, tu verras une aurore boréale, argumente Titi pour se dédouaner".

"Jamais je n’aurais imaginé finir l’année au pôle Nord. Je suis tellement une adepte de la plage, du soleil et des Esquimaux craquants sur la langue. En matière d’Inuits, je pense que je vais être gâtée. J’espère qu’ils seront aussi fondants que ceux que j’ai sucés cet été".

"Mademoiselle Garance Colin ? — Oui, c’est moi. — Bonjour, je suis Laura, votre hôte ! se présente-t-elle en français. Je suis agréablement surprise. — Bonjour, vous parlez ma langue ? — Oui, je suis une Gauloise ! m’avoue-t-elle fièrement. On se tutoie ? Houuu, ça va me faire du bien de discuter avec toi, parce que baragouiner mi-English/mi-danois est un exercice fatigant ! lance-t-elle, excitée par notre rencontre".

"Mais non, ils sont juste curieux ! une nouvelle tête, c’est attrayant, attends… dit-elle en se relevant.   Une fourchette en main, elle cogne la paroi de son verre pour obtenir le silence.   — S’il vous plaît ! S’IL VOUS PLAÎT ! CLING CLING CLING   — MES AMIS, JE VOUS PRÉSENTE GARANCE ! hurle-t-elle en me désignant. ELLE EST FRANÇAISE ET SERA MA PENSIONNAIRE POUR LA SEMAINE. Ne lui faites pas peur ! ajoute-t-elle en danois.   Sur ces mots prévenants, les visages des clients s’adoucissent et semblent plus sereins. Quelques mains levées me saluent et des sourires me souhaitent la bienvenue.   — Tu vois, ils sont sympas !   Elle a raison, les gens sont cools et les hot-dogs succulents. Le froid extrême m’ayant ouvert l’appétit, j’en mangerai une dizaine. Dans ce café perdu au bout du monde, la vie prend tout son sens. Une communauté chaleureuse, soudée comme une grande famille. Les plus anciens s’attardent aux machines à sous, les plus jeunes surfent sur leurs smartphones. Internet tient son rôle, ici aussi".

"Avant de mettre les voiles, je descends mon échantillonnage de savonnettes et les pose en évidence sur le comptoir de l’épicerie. C’est un emplacement stratégique, comme les bonbons à la caisse des supermarchés. Pour les rendre encore plus attrayants, je dispose en arrière-plan une photo au format A4 de Marseille, avec le vieux port et la Bonne Mère. Si ça, ça ne fait pas rêver. Nostalgique, je pense à mes copines, elles me manquent ces deux morues. Ce soir, j’essayerai de me connecter sur Snapchat." 

"Cette vision nocturne me laisse échapper : — Tu n’en as pas marre de vivre dans la nuit dans ce trou perdu ? Ça doit être barbant. Mon chauffeur surpris par cette question, réplique farouchement. — Et toi de vivre avec ta surpopulation qui pollue notre planète ? — Euh… murmuré-je, confuse et indécise. — Je suis né dans ces Fjords, c’est mon quotidien. Les saisons sont rythmées par des nuits longues, mais aussi des journées qui n’en finissent pas. C’est ainsi, comme toi, je suppose, dans ta ville, tu as des avantages et des inconvénients, n’est-ce pas ? Cependant, j’ai une différence avec toi, c’est que je ne subis pas, j’ai appris à vivre avec.  Bon, sujet sensible. Cela dit, il n’a pas tort, qui suis-je pour critiquer sa façon de vivre ? — Je suis désolée, je ne voulais pas être arrogante. — Le problème avec vous, les gens de la ville, c’est que vous pensez tout connaître, parce que vous avez fait des études dans de grandes universités. Une mention « bien » sur un diplôme ne sera jamais autant mérité que celui d’avoir le courage de vivre ici. Le silence s’invite dans la voiture, je suis honteuse. Il m’a mouchée proprement".

"De mes yeux un peu embrumés, je m’applique dans mon œuvre, pendant que les petits autour de la table m’examinent avec malice. Nuna, une jeune Inuit de 3 ans se cale entre Ann et moi en accrochant sa petite main derrière mon pull. Mon cœur tambourine, un sentiment d’amour profond se propage dans mes veines. Ce n’est pas le même que l’on ressent lorsque l’on est amoureux d’un homme, celui-ci est pur et plus brillant que la neige. La chaleur de cette petite fille me conduit dans des endroits inexplorés de mon être. Est-ce le même sentiment que l’on perçoit, lorsque l’on est maman ?  J’ai envie de la serrer dans mes bras, de lui dire que je suis là pour elle, que je peux la protéger… et puis, je me ressaisis, stoppée dans mon élan par la lourdeur de mon éducation européenne et par le fait que je n’aime pas les gamins. Malgré cela, sa frimousse guette le moindre de mes gestes, se blottissant encore plus fortement, je ne peux résister",

"— Garance, Garance, réveille-toi…   Une chaleur vient de recouvrir mes joues et sa voix n’a pas écorché mon prénom. Dans un effort surhumain, je rouvre mes yeux. Mon visage enlacé de ses mains gantées, je contemple cet homme. Tout est au ralenti et merveilleux, ou est-ce mon esprit qui divague ?   — Garance, tu ne dois pas dormir, tu m’entends ?   Ses paroles sont comme des notes de musique, légères et mélodieuses. Sa bouche rosée les compose telle une virtuose… J’ai envie de l’embrasser. Dans ce rêve où tout est possible, je penche ma tête à sa rencontre et dépose mes lèvres givrées sur les siennes, elles sont fraîches et voluptueuses. Ma langue impétueuse s’évertuant dans cette folie soudaine se retrouve éjectée…   — Qu’est-ce que tu fais, GaRINsse ?   — Oh, pardon… Je suis désolée…   Pire qu’un coup de fouet qu’il m’aurait assené, je retrouve mes esprits en perdant ma dignité.   Embarrassé par mon offensive permissive, il soulève la couverture et scrute l’horizon. Puis dans un regard noir, il quitte le vaisseau pour reprendre la route, me laissant seule sous les poils rêches de mon renne.   Je me sens honteuse et humiliée. Il n’y a pas que dehors où le blizzard souffle, dans ma vie aussi je viens de me prendre un vent…".

"Vexée, le mot est faible, j’imagine les pires scénarios de mon échec. Soit je ne lui plais pas physiquement, soit il me trouve stupide, soit j’ai une haleine de chacal… pour cela, je vérifie en expirant dans la paume de ma main et la réponse est sans appel : RAS au niveau buccal, il est certainement homosexuel".


2 commentaires:

  1. La couv' me fait peur...Elle me semble un peu raté.

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    1. Franchement, l'histoire est très bien ! Je te recommande vraiment cette romance qui nous apprend plein de choses sur le Groenland !

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