Synopsis :
Rose, une élégante trentenaire, abandonne sa vie parisienne pour être interprète dans un Château bordelais. Citadine jusqu’au bout des ongles, pour elle, la campagne, c’est l’aventure en terre inconnue ! Comment va-t-elle survivre au milieu des vignes, sans moyen de transport, avec pour seule compagnie une tête de cerf empaillée ? Entre Jing Hao, un étudiant chinois trop entreprenant, un cauchemar récurrent dont elle ignore l’origine, et la rencontre de Tom, un conducteur de tracteur ténébreux au physique de rêve, sa vie est loin d’être tranquille. Rose déchante car Tom ne paraît pas si libre qu’il en a l’air. Et Jessica, la vétérinaire, s’attarde un peu trop souvent chez lui.
[CHRONIQUE EXPRESS]
J'ai bien apprécié cette romance qui nous conduit dans les vignes bordelaises, à travers les yeux d'une jeune parisienne qui plaque tout pour s'installer à la campagne. Etant traductrice en chinois, elle trouve rapidement un boulot dans un domaine qui reçoit des étudiants chinois pour se former en oenologie.
Rose, notre héroïne, est charmante et a un caractère assez fort. Même envers certaines épreuves, comme le harcèlement d'un étudiant chinois et le harcèlement de sa patronne qui, à la limite, la pousse à se prostituer......Notre héroïne se rebiffe et garde toujours la tête haute.
Sa rencontre avec Tom va tout chambouler dans sa vie......Déjà il y a le "choc des cultures" entre une citadine et un homme de la terre, mais aussi le fait que Tom cache bien des secrets (et des traumatismes) et pour qu'entre lui et Rose l'alchimie opère, il va falloir du temps....C'est peut-être cela, le seul reproche que je peux faire à ce livre, c'est que la romance prend vraiment son temps, même si on sent dès le départ la "tension sensuelle" entre nos deux personnages....
Au niveau des personnages secondaires, évidemment, il y en a qui sont totalement antipathiques, heureusement, Rose va arriver à se venger....
Je note aussi un petit clin d'oeil à "Orgueil et préjugés" de Jane Austen que Rose lit au fur et à mesure de son séjour.....Bon, à priori, elle n'a pas l'air d'être une grande lectrice car elle va mettre plusieurs mois pour enfiler les chapitres.....Cela dit, j'avais le sourire aux lèvres à chaque fois qu'elle évoquait Mr Darcy et Elizabeth !
J'ai donc passé un agréable moment de lecture en compagnie de Tom et surtout de Rose, qui doit tout réapprendre de la vie (elle doit notamment passer son permis de conduire, car à Paris, pas la peine....Mais en pleine campagne, c'est tout de même fort utile....).
Quelques citations :
"Tous prennent place autour de la table. Rose se sent mal à l’aise. Elle n’a pas l’habitude d’assister à un dîner en famille. Ses parents sont divorcés et elle est fille unique. Quant à ses grands-parents, ils sont morts depuis longtemps. Elle n’a plus aucun contact avec sa mère. Les frères et sœurs de son père sont éparpillés aux quatre coins du monde, et il n’est pas spécialement proche d’eux. Sa famille se résume à ses amies Laura et Mathilde. Avec elles, elle a l’habitude de tout partager. Mais maintenant, elles sont loin. Rose se sent vraiment seule".
"Rose continue à progresser au hasard et comme le hasard fait toujours bien les choses, elle finit par apercevoir au loin un tracteur qui arrive dans sa direction. Son espoir renaît, elle est sauvée. Elle constate qu’il avance à une vitesse surprenante. Elle se poste au milieu du chemin pour s’assurer d’être vue. Elle agite les mains pour se signaler au conducteur, comme si elle devait héler un taxi ou un bus, mais celui-ci semble ne pas la remarquer. Il est aveugle ou quoi ? L’engin ne ralentit pas et poursuit sa course folle. Il se croit aux 24 Heures du Mans ? Il se rapproche dangereusement. Rose ne bouge pas, certaine qu’il va bien se décider à freiner. Au dernier moment, elle réalise subitement qu’il ne va peut-être pas s’arrêter et qu’elle va finir écrabouillée sous ses grosses roues boueuses. À l’instant même où cette pensée lui traverse l’esprit et où elle voit sa mort arriver, elle ferme les yeux pour ne rien sentir, un réflexe absolument idiot et inefficace. C’est ce qu’on appelle faire l’autruche. Les images de sa courte vie défilent devant elle. Quand elle les rouvre, l’avant du tracteur se trouve à dix centimètres. Le conducteur, furieux, vocifère des insultes qu’elle a du mal à entendre. Elle tend l’oreille et réussit à saisir ce qu’il hurle : — Ça va pas ! Vous êtes cinglée de vous jeter comme ça sous mes roues ! Vous voulez vous suicider ou quoi ?".
"Se balancer sous les rames du métro à Paris, quelle banalité ! pense Rose. Son exploit s’afficherait à la une des journaux : « Une femme de 30 ans choisit d’en finir en se précipitant sous un engin agricole, en plein milieu des champs. Le conducteur n’a pas eu le temps de voir. Une solution finale originale et innovante ! C’est une première ! » Elle devrait faire un selfie devant le tracteur : #lesdangersdelacampagne #autochtonefurieux #jelaiéchappébelle. L’homme continue à déverser sa colère sur elle. Rose balbutie qu’elle ne s’est pas jetée sous ses roues. Elle lui a fait de grands signes pour qu’il la remarque et c’est lui l’abruti qui devrait regarder devant lui ou porter une paire de lunettes. Elle suppose qu’en réalité, il a eu aussi peur qu’elle. Elle se demande où il avait la tête ! Elle était quand même bien visible en travers du chemin, au milieu des champs. Elle n’a pas surgi à la dernière seconde de derrière un arbre, un épi de maïs ou un tournesol ! Le ciel était clair et aucun brouillard ne pouvait perturber sa vision. Ce n’est pas de sa faute si elle n’a pas de gilet jaune dans son sac à main. Il faudra peut-être qu’elle pense à en acheter un, d’ailleurs. — Bon, eh bien, dégagez de là ! lui crie-t-il aimablement. Décidément, l’indigène ne paraît pas plus disposé à assister son prochain que le Parisien ! S’il pouvait lui rouler dessus et continuer tranquillement sa route sans provoquer de dégâts, il s’en donnerait à cœur joie. — Désolée, mais je ne bougerai pas tant que vous ne m’aurez pas gentiment proposé votre aide, comme tout être humain doté d’une once de compassion. Plantée au milieu du chemin, les jambes écartées et les baskets bien enfoncées dans le sol boueux, Rose croise les bras et le fixe d’un air furieux. Elle aussi, elle peut se mettre en colère ! Il l’observe, ébahi. On ne la lui a encore jamais faite, celle-là !"
"Tandis qu’elle le fusille des yeux, la vision de l’inconnu la trouble soudainement. Elle constate avec surprise qu’elle n’a pas affaire à un vieux paysan grincheux et ridé, affublé d’un béret sur la tête, comme elle s’y attendait. L’homme qu’elle aperçoit paraît à peine plus âgé qu’elle. Son apparence hirsute et sauvage, assortie d’un regard noir et pénétrant, la déstabilise. Le temps semble se figer. Les bras lui en tombent et sa mâchoire aussi ! Sa détermination et son assurance en prennent un coup, mais elle s’acharne à n’en rien montrer. Les cheveux mi-longs décoiffés du conducteur laissent dégouliner des boucles brunes autour de son visage hâlé et mal rasé, ce qui lui donne un air ténébreux irrésistiblement attirant. À cela, s’ajoute une belle carrure, un ventre plat et des bras musclés juste comme il faut. En bleu de travail dont il a relevé les manches et équipé de grosses chaussures de sécurité aux pieds, il ne détonnerait pourtant pas dans une équipe de Chippendales. Rose devine, en le regardant, qu’il passe sa vie en plein air et qu’il ne fréquente aucune salle de gymnastique. Il l’observe de ses yeux sombres qui semblent lancer des éclairs et elle s’en délecte ! S’il participait à l’émission L’amour est dans le pré, elle se précipiterait pour s’y inscrire et lui envoyer une lettre".
"Son esprit se met à divaguer. Comme elle adorerait le voir descendre de son tracteur, la prendre dans ses bras et lui déclarer : — Eh ! Beauté ! Je suis ici, maintenant. Qu’attends-tu de moi ? Mais l’homme réel la tire de sa rêverie en hurlant : — Bougez de là ! Je n’ai pas que ça à faire, moi ! C’est bien mal la connaître. Qui es-tu, bel autochtone, pour me parler de cette manière et me donner des ordres ? D’abord, je fais ce que je veux ! pense Rose. Elle déclare d’un air buté : — Non ! Il n’en est pas question ! Sa réponse lui en bouche un coin. Il la fixe avec stupéfaction. Encore une qui semble dotée d’un sacré caractère, songe-t-il, c’est bien ma veine. Le genre de fille à fuir absolument ! Elle en profite pour lui demander de son ton le plus snob : — Je suis perdue et vous serez gentil de bien vouloir m’indiquer mon chemin. J’habite au château. Il râle. — Mais, c’est pas vrai ! Vous êtes têtue, vous ! Elle ne bouge pas d’un poil et attend les bras croisés. — Approchez, ordonne-t-il. Quoi ? C’est à elle d’obtempérer ? Le prince charmant ne commande certainement pas à sa princesse de se ramener. Il s’empresse de descendre de son destrier pour courir à son secours. Décidément, la galanterie se perd ! — Absolument pas. Vous allez en profiter pour vous tirer, déclare-t-elle. — Pas du tout. Venez ici, que je vous entende mieux. — Vous n’avez qu’à arrêter votre moteur. — Vous êtes une sacrée emmerdeuse !".
"Elle est obligée de rester confinée à l’intérieur, en compagnie de sa tête de cerf. Internet rame toujours. Elle s’ennuie tant qu’elle a réussi à atteindre la page 370 d’Orgueil et préjugés. Un exploit ! Lydia, la sœur d’Élisabeth Bennet, vient de s’enfuir avec Wickham, le traître. Quel scandale !".
"Rose réalise sans regret qu’elle ne pourra pas finir son livre ce soir. Pourtant, il ne lui reste plus que quelques pages à lire. Elisabeth Bennet vient juste d’avouer à Darcy les nouveaux sentiments qu’elle éprouve pour lui. Rose avait hâte de connaître la suite, mais de toute façon, elle se doute bien du dénouement".
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