Les Editions J'ai Lu (2021)
Sortie originale 2019
344 pages
Synopsis :
Je m’oppose à ce mariage ! Lorsque lady Rose accepte de s’unir à un duc fortuné qui lui assurerait une vie confortable et sans surprise, elle pensait avoir tout prévu. Tout… sauf l’irruption dans l’église au moment fatidique de cet homme hirsute et dépenaillé qui affirme être son mari !Le commandant Thomas Beresford, qu’elle croyait mort en mer depuis quatre ans, est bel et bien son époux. Le voilà qui ressurgit de nulle part, réchappé de l’enfer, sans le sou et avide de vengeance. Pourtant, son retour réveille cette passion que Rose s’était juré de bannir de sa vie…
[CHRONIQUE EXPRESS]
"Mon amoureux", 3ème tome de la saga historique "Mariages de convenance" est le premier que je lis de l'auteure australienne Anne Gracie. Encore une fois, je ne débute pas la saga par le 1er tome mais étant experte en romance historique, je sais que cela n'a pas vraiment d'incidence dans la compréhension de la lecture....C'est juste ennuyeux pour les personnes qui n'aiment pas se faire spoiler certains éléments (notamment les couples qui se forment dans les précédents tomes) mais moi, perso, cela ne me pose aucun problème !
J'ai voulu débuté cette saga avec "Mon amoureux" car j'ai été interpellée par le résumé, notamment le fait que nous avons ici une jeune femme qui est sur le point d'épouser un Duc (un mariage de convenance, pur et dur, aucun amour entre eux) mais que la cérémonie va être interrompue par un homme à l'allure débraillée et hirsute (ça la fout mal devant tout ce beau monde car le mariage d'un Duc, ce n'est pas rien !)....Bref, nous apprenons vite que finalement, Rose, notre héroïne, s'était déjà mariée secrêtement, quatre ans auparavant, alors qu'elle n'avait que 16 ans, avec un officier de la marine de 23 ans, notre héros, Thomas....Et que celui-ci a ensuite embarqué en mer et son navire a fait naufrage......Ils s'étaient marié en vitesse avant son départ car ils avaient couché ensemble et Thomas voulait que l'honneur de Rose soit préservé si jamais elle était tombée enceinte durant ce peu de laps de temps qu'ils ont passé ensemble.....C'était une histoire d'amour fougueuse et rapide (à cause du départ en mer de Thomas) mais ce fut aussi une énorme déchirure dans le coeur de Rose quand elle a appris le naufrage du navire de son jeune mari......
Elle s'est donc retrouvée veuve à 16 ans, et n'en a rien dit à sa famille - vous allez vite comprendre que cette saga "Mariages de convenance" est une véritable saga familiale car les héros des précédents tomes sont le frère et la soeur de Rose.....Et le quatrième tome sera consacré à sa nièce, la fougueuse 'George", un vrai garçon manqué.....Il me tarde de le lire !!!!!
En tout cas, pour revenir à Rose, le choc va être rude quand elle va voir apparaître l'ancien amour de sa vie au milieu de l'allée de l'église.....Encore qu'elle ne l'a pas tout de suite reconnu car le pauvre, il a subit les pires sévices durant ces quatre dernières années et vient seulement de rentrer en Angleterre....C'est grâce à son meilleur ami, Ollie, qu'il va apprendre le mariage imminent de Rose avec un Duc.....
J'ai beaucoup aimé cette histoire d'amour, et cette famille haute en couleur où chacun y met son grain de sel ! enfin, je dirais plutôt cette fratrie car les parents sont décédés, mais il y a aussi les deux vieilles tantes (totalement différentes l'une de l'autre) qui rajoutent du piquant à toute cette pagaille....
Nous sommes un peu dans un "fuis-moi, je te suis" dans ce livre car au début, Thomas veut exercer son droit de "mari" sur Rose, malgré les réticenses de sa belle-famille, notamment Cal, le frère aîné de Rose qui se méfie énormément de lui.....Ensuite, voyant que Rose lui fait entièrement confiance, renonce à son mariage avec le Duc (qui ne s'est pas non plus très opposé pour essayer de récupérer sa "fiancée".....En même temps, ne vous inquiétez pas, nous allons retrouver ce Duc froid et distant dans le prochain tome...Miam....J'ai hâte....).....Thomas va donc réaliser qu'il n'est pas forcément à la hauteur pour offrir une vie heureuse à la jolie Rose, surtout à cause de ses traumatismes subit durant toutes ces années....
En plus de cela, Thomas va découvrir des éléments très importants sur sa propre famille à lui.....
J'ai donc passé un très bon moment de lecture en compagnie de toute cette joyeuse famille, même si je préfère les romances où les héros se détestent au début (ça, ce sera pour le prochain tome....), j'ai aimé la manière dont l'histoire d'amour entre Rose et Thomas reprend vie malgré les épreuves et toutes ces années de séparation.
Ma prochaine lecture de cette saga sera donc le tome 4, qui vient de sortir au moment où j'écris ma chronique et bien entendu, je pense aussi lire les deux premiers tomes car les personnages sont tous très attachants et on peut constater qu'ils ont tous énormément de caractère !
Quelques citations :
"— Ce mariage ne peut pas avoir lieu ! Une exclamation collective monta de l’assemblée. Elle fut suivie par un silence de mort. Rose eut l’impression que son cœur avait cessé de battre. La gorge nouée, elle se retourna pour regarder l’homme qui venait d’entrer. Au bout d’un long moment, elle parvint à respirer de nouveau. L’espace d’un instant, elle avait cru… Non. Elle n’avait jamais vu cet homme. La porte de l’église claqua derrière lui et le bruit se répercuta dans la nef. — Que diable cela signifie-t-il ? grommela Cal. Rose fit un effort considérable pour garder son calme, quelque peu ébranlé par cette irruption. L’apparence de l’inconnu contrastait avec le raffinement des invités et les toilettes élégantes. Bien que grand et maigre, ses épaules étaient larges – des épaules de travailleur. Ses vêtements grossiers étaient mal coupés, son pantalon usé et rapiécé. Il ne portait pas de veste. Sa chemise était trop légère pour la saison et ses chaussures de toile étaient sales et trouées. Rien n’indiquait qu’il était conscient que sa présence dans cette église élégante était terriblement déplacée, et qu’il interrompait le mariage le plus mondain de la saison. Sa barbe était touffue. Ses cheveux décolorés par le soleil lui balayaient les épaules. Ce qu’elle voyait de son visage était creusé et hâlé, avec des pommettes saillantes. Son nez semblait avoir été cassé au moins une fois. Ses manches froissées, retroussées jusqu’aux coudes, révélaient des muscles puissants. Non, elle avait dû imaginer cette vague ressemblance. Mais qui était cet homme ? Et que voulait-il ? — C’est une plaisanterie ? demanda le duc à son témoin. — Seigneur, non, Hart ! Sûrement pas. Si c’en est une, je n’y suis pour rien. — Rose ? s’enquit Cal. Son cœur battait toujours la chamade. Elle scruta la brute qui se tenait au milieu de l’allée, dépenaillée et sûre d’elle, comme si l’endroit lui appartenait. L’homme soutint son regard avec une assurance déconcertante. Un instant, elle se demanda… Non. Il avait l’air trop brutal, trop rude, trop féroce. — Rose ? répéta Cal. Elle secoua la tête. — Aucune idée. L’évêque s’avança vers eux. — Holà, mon garçon, de quel droit tentez-vous d’empêcher la volonté de Dieu ? — Parce que c’est la loi, répliqua l’inconnu. Lady Rose est déjà mariée. Un murmure étonné parcourut la foule. Le cœur de Rose sombra. Il ne pouvait pourtant pas savoir… — Jetez ce vagabond dehors ! ordonna tante Agatha en brandissant sa canne. — Rose ? Cal lui jeta un coup d’œil. Le cœur battant toujours à toute allure, elle parvint à secouer de nouveau la tête. Non, elle ne connaissait pas cet homme. Combien de fois avait-elle imaginé… Non ! C’était une plaisanterie cruelle et de mauvais goût. Cal ricana et riposta d’une voix forte : — Vraiment ? Et à qui ma sœur est-elle mariée, je vous prie ? Tout le monde attendit la réponse en retenant son souffle. — À moi, répondit l’homme d’une voix grave, l’air légèrement surpris par la question. Il y eut une sorte de clameur étouffée, puis les réflexions amusées et indignées fusèrent de toutes parts. Plusieurs personnes s’esclaffèrent. Un ou deux sifflets résonnèrent. — C’est un mensonge ! La gorge sèche, furieuse, Rose esquissa un pas en avant. — Ne bouge pas, Rose, ordonna Cal en lui prenant le bras pour la pousser vers le duc. Occupez-vous d’elle, Everingham. Je vais nous débarrasser de ce fou. Galbraith ? Ned Galbraith, le beau-frère de Rose, hocha la tête. Les deux hommes s’approchèrent de l’inconnu. — Reculez, messieurs, articula ce dernier, menaçant. Je ne suis ni un fou ni un vagabond. Lady Rose est bien ma femme. Son attitude altière contrastait avec ses vêtements dépenaillés, et sa diction était celle d’un gentleman. Cal se rembrunit et coula un regard à Galbraith. — Quelles inepties ! Pour qui vous prenez-vous pour oser venir perturber mon mariage ? Agacée par les hésitations de son frère, troublée par l’assurance du vagabond et par ses mensonges, Rose repoussa la main du duc et s’avança. Le duc tenta de la retenir, mais elle l’esquiva et s’élança en trébuchant à demi dans l’allée. Elle se glissa entre son frère et son beau-frère, prête à affronter l’inconnu au visage buriné qui s’efforçait de gâcher son mariage. — C’est ridicule ! déclara-t-elle. Je ne vous ai jamais vu… Il sourit, laissant apparaître des dents d’un blanc éclatant. — Toujours autant de caractère, Rosie. Elle se figea. Cet homme à la silhouette longiligne, aux larges épaules, au nez cassé et aux cheveux délavés par le soleil ne pouvait être… Ce n’était pas possible. Il ne ressemblait pas du tout… Elle ouvrit la bouche pour nier de nouveau… et croisa son regard. Il avait des yeux d’un bleu argenté très clair. Elle chancela. Et l’écho de paroles prononcées des années plus tôt lui revint en mémoire : « Des yeux de la couleur d’un ciel d’été au crépuscule. » — Thomas ? souffla-t-elle, et elle perdit connaissance".
"« Tu étais censé être mort ! » Que diable avait-elle voulu dire ? Aurait-elle voulu qu’il meure ? — Écoutez, qui que vous soyez…, commença son frère. Thomas se tourna vers lui. — Commandant Thomas Beresford, membre de la Royal Navy, déclara-t-il d’un ton crispé. Cette annonce fit renaître une série de commentaires parmi les invités. Certains quittèrent leur banc et s’approchèrent. — Il n’est pas officier, lança quelqu’un. — Quelle honte ! s’écria une femme. — Jetez ce vagabond à la rue, ordonna une autre femme aux cheveux gris en agitant sa canne. — Faites fusiller cette canaille ! cria un vieil homme. Ce conseil fut suivi de murmures approbateurs. Thomas balaya l’assemblée d’un regard froid, toisant ces gens trop bien nourris et trop gâtés par la vie. Les murmures cessèrent, les regards se détournèrent, personne n’eut le courage de lui tenir tête. Ses détracteurs réduits au silence, il se tourna de nouveau vers le frère de Rose, qui l’observait, les yeux étrécis. — Vous prétendez être marié à ma sœur ? Quelle preuve avez-vous ? — Vous voulez dire que vous l’ignoriez ? Elle ne vous en a jamais parlé ? Un grand homme brun, peut-être membre de la famille, fit un pas en avant et s’adressa au frère de Rose : — Cal, je pense que cette conversation devrait se poursuivre en privé".
"Si elle croyait qu’il était encore l’homme qu’elle avait épousé, le choc s’annonçait rude. Un silence s’installa, pesant, hostile. Elle n’avait pas parlé d’amour. Uniquement de ses vœux, de son devoir. La Rose qu’il avait épousée était une jeune fille profondément romantique, qui débordait d’amour, ne vivait que par lui. Amour pour sa sœur, pour sa famille, pour lui. Il n’avait jamais été question de devoir. Thomas s’efforça d’endurcir son cœur. Il avait besoin d’elle et de sa fortune, il ferait donc ce qu’il fallait pour affirmer ses droits et remplir ses obligations. Quatre années de brutalités et d’épreuves éradiquaient toute douceur chez un homme. C’était très bien. Pour survivre, il fallait être impitoyable".
"Le dos tourné à la cheminée, George souleva légèrement l’arrière de sa jupe pour se réchauffer les mollets. Emmaline avait presque réussi à lui faire perdre l’habitude de porter un pantalon sous ses robes, sauf quand elle montait à cheval. En effet, George, qui avait passé ses jeunes années habillée en garçon, ne supportait toujours pas les robes qui étaient selon elle peu commodes et ne protégeaient pas du froid. Elle ne les appréciait qu’en été, et encore. Cette dernière regarda autour d’elle et grimaça. — Tout ce blanc et or. C’est fade, tu ne trouves pas ? Et il n’y a pas un seul livre. — Les livres sont dans la bibliothèque, dit une voix hautaine depuis le seuil du salon. Elles se retournèrent, et Rose vit à son regard que le duc avait remarqué la pose peu élégante de George. — Dois-je demander à un valet d’attiser le feu ? s’enquit-il, sarcastique. George eut un sourire effronté. — Non, merci, je me suis déjà réchauffée. Si Rose n’avait pas été aussi nerveuse, elle aurait éclaté de rire. Le duc darda sur George un regard d’acier, puis se tourna vers Rose qui s’était levée à son entrée".
"Nous avions conclu un arrangement. Vous auriez dû me dire à ce moment-là que vous aviez déjà été mariée. Vous saviez très bien que, vu mon rang, j’espérais épouser une vierge. Puisque vous ne l’étiez pas, je considère que je me suis sorti d’un mauvais pas. Rose étouffa une exclamation de stupeur. — Je n’avais connu que mon mari, et pendant seulement deux semaines. Après quoi, je suis restée célibataire durant quatre ans. — Néanmoins, vous n’étiez plus vierge. Il frotta ses longs doigts les uns contre les autres, comme pour chasser de la poussière. — Pourquoi aurait-elle dû être vierge ? intervint George. Vous ne l’êtes pas, vous ! Le duc tourna à peine la tête. — Vous éprouvez de l’intérêt pour mes exploits sexuels, lady Georgiana ? s’enquit-il, le regard glacial. George le fusilla du regard. Elle resserra les doigts sur la statuette comme si elle était tentée de la jeter à la tête du duc. Rose pria le ciel qu’elle s’en abstienne. Everingham haussa les épaules d’un air de profond ennui et poursuivit : — La virginité est une obligation pour ma future épouse. Il ne doit pas y avoir le moindre doute quant à la légitimité de mon héritier. Rose ravala sa colère. Le duc avait raison. — J’aurais dû vous le dire, reconnut-elle. — J’admets qu’une dame… Il insista sur ce mot, ironique. — … soit trop pudique pour aborder un sujet aussi délicat. En revanche, votre tuteur n’avait aucune excuse. Il n’a jamais fait allusion à cela quand nous avons établi le contrat de mariage. — Cal n’était pas au courant. Le duc arqua un sourcil sombre. — Je ne l’ai dit à aucun membre de ma famille. Je me suis mariée en secret, et quelques semaines plus tard, mon époux a été déclaré mort en mer. Cal était à la guerre à l’époque, et quand il est revenu, je n’ai pas vu l’intérêt de lui en parler. — Et lady Salter ? Dois-je comprendre qu’elle a arrangé cette union en ignorant que vous étiez veuve ? — Oui. Personne ne savait, absolument personne. Je suis seule à blâmer. J’ai trompé tout le monde, y compris vous. Je suis désolée. Ces paroles furent suivies d’un long silence. Le duc croisa les jambes et contempla le bout de sa botte. — Vous avez gardé le secret ? Dans quel but ? s’enquit-il avec curiosité. Rose secoua la tête, ne sachant comment expliquer sa conduite. Surtout à un homme aussi froid. Mais elle était venue pour faire amende honorable, et elle devait essayer. — C’était trop douloureux pour en parler. Je me suis efforcée de ne plus y penser. — Avec succès, me semble-t-il. Elle songea aux pensées qui l’avaient tourmentée pendant la première partie de la cérémonie de mariage et ne dit rien. Il y eut encore un long silence. Les flammes crépitaient dans la cheminée. Le duc se leva. — Donc, vous êtes venue me présenter vos excuses. Je les accepte. Y avait-il autre chose ? Il s’approcha du cordon de la sonnette pour leur signifier que l’entrevue était terminée. — Eh bien, en fait… Rose fouilla dans son réticule. — Je voulais vous remettre ceci en mains propres, dit-elle en lui tendant une feuille pliée. C’est pour le bal que nous avons prévu de donner dans quinze jours. — Je suppose qu’il est annulé. — Non, il est maintenu. Nous en profiterons pour présenter Thomas, mon époux, à la haute société. Le duc ne jeta même pas un coup d’œil au papier. — Qu’est-ce que cela a à voir avec moi ? répliqua-t-il d’un ton coupant. — J’aimerais que vous veniez. Les mots demeurèrent suspendus entre eux. — Ce bal devait célébrer mon mariage, rappela le duc. Un mariage qui a pris fin avant d’avoir commencé. Ce qui devait être le « mariage de la saison » s’est transformé en « scandale de la saison ». Et vous voudriez que moi, le fiancé qui a été abandonné… rejeté… supplanté… Oui, « supplanté » est le mot juste. Donc, vous voudriez que moi, le fiancé supplanté, je vienne donner ma bénédiction à l’heureux couple enfin réuni ? Et en présence de toute la haute société ? Rose déglutit. Vu sous cet angle, cela paraissait assez grotesque. — Oui, dit-elle d’une petite voix. Je vous en prie. La présence du duc simplifierait les choses. Ce dernier laissa échapper un rire bref, et tira sur le cordon. — Si vous veniez, vous donneriez la preuve de votre suprême indifférence, observa George. Cela vous plairait, n’est-ce pas ? Il lui lança un regard noir et ne prit pas la peine de répondre. Quelques secondes plus tard, le majordome apparut. — Raccompagnez ces dames, Fleming. Au revoir, madame Beresford. Lady Georgiana".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire