mercredi 14 juillet 2021

AMITIE - Tome 2 "Lady le jour, joueuse la nuit" [Chronique express]

Kerrigan Byrne 
Les Editions J'ai Lu (2021)
Sortie originale 2020
384 pages

Synopsis :
Enfant, Cassius Ramsay a souffert de la vie dissolue de ses parents. Désormais magistrat à la Haute Cour de justice, il se consacre à sa carrière et fuit toute tentation : la bonne chère, l'alcool, l'oisiveté, le jeu et, surtout, les femmes. Jusqu'au jour où son chemin croise celui de Mlle Teague. Aussi hédoniste qu'effrontée, Cecelia entend jouir de tous les plaisirs que l'existence peut offrir. Au grand dam de Cassius, cette femme si voluptueuse, mélange ensorcelant d'innocence et de sensualité, va embraser ses sens qu'il croyait avoir domptés...

[CHRONIQUE EXPRESS]


Alexandra, Cecelia et Francesca se sont rencontrées en Suisse, dans un pensionnat pour jeunes filles. Nos trois héroïnes, qui ont la particularité d'être toutes les trois rousses (divers nuances de roux) sont "liées" par un terrible secret (révélé dans le 1er tome). Elles ont juré de ne jamais se marier, elles ont chacune leur passé, leurs expériences, leur propre intelligence et leurs rêves à accomplir....La vie les a séparée durant quelques années (le temps que chacune fasse des études dans la spécialité qui leur était destinée) et les voici maintenant de nouveau réunies, à presque 30 ans.....C'est Alexandra qui a cédé la première à l'appel de l'amour (dans le 1er tome) et nous avions entraperçu, durant la lecture de celui-ci, en une seule phrase, une seule réflexion, l'intérêt physique d'un certain gentleman pour Cecelia, l'héroïne de ce nouveau tome.....

Donc, nous voici avec ce 2ème tome, en compagnie de Cecelia, alias Cecil (comme ses deux amies, elles ont l'habitude de se nommer avec la version masculine de leurs prénoms respectifs)....Il faut dire que ce sont des jeunes femmes émancipées, en cette fin de XIXème siècle....

Sa particularité ? C'est une grosse tête, une mathématicienne de talent. Son intelligence a été négligée et moquée par les jaloux (et les jalouses)...Son autre particularité ? Ses rondeurs qui ont toujours été un complexe pour elle depuis son enfance, malgré un beau visage aux yeux bleus, cachés derrière des lunettes (mais qui, au lieu de "l'enlaidir" réhaussent encore plus son charme).

Et son charme, un homme n'y est pas insensible du tout....Il s'agit de Cassius Ramsay, un Lord, mais également Juge en chef de la Haute Cour. Il est le demi-frère du héros du 1er tome.....C'est un homme strict, qui essaye d'être le plus juste, le plus droit possible et qui se refuse tous les plaisirs de la vie (entendez par là l'alcool, le jeu, les femmes....). D'ailleurs, au sujet des femmes, il n'en a plus touché une seule depuis 8 ans après une vive trahison, en rapport avec sa fonction, car évidemment, beaucoup voudraient le faire tomber de son piedestal, lui qui n'a aucune pitié à envoyer à tours de bras les truands et autres malfaiteurs.

Alors attention, malgré sa profession, n'allaient pas croire qu'il est un homme "austère" physiquement (il ne l'est que mentalement) car au niveau de l'apparence, c'est un colosse aux larges épaules et à la musculature impressionnante. Ce grand blond qui arrive à ses 40 ans a des origines écossaises lui donnant un côté sauvage et impitoyable (et quand on apprend ce qu'il a vécu dans son enfance, on comprend aussi pourquoi il est devenu ce genre d'homme impitoyable avec tout le monde, lui en premier).

Cecelia, quant à elle, est la douceur incarnée. Elle a vécu une enfance traumatisante auprès d'un père (enfin finalement, il s'est avéré que ce n'était pas son géniteur), quoiqu'il en soit, cet homme, ce pasteur, passait son temps à lui faire des reproches, le simple fait d'être une fille - donc une tentatrice  - dans son esprit tordu - était déjà un péché.....Cecelia ne compte plus les jours qu'elle a passés enfermée dans une cave moissie, avec pour seule compagnie des souris et d'autres petites créatures de l'ombre.....Elle sera libérée de son calvaire par l'arrivée d'une tante venue de je ne sais où.....Ensuite, adolescente, elle ira dans ce fameux pensionnat suisse et se fera ses précieuses amie Alexandra et Francesca......

Au moment où débute ce 2ème tome, des disparitions de jeune filles, voire pré-adolescentes sèment le trouble dans le tout Londres.....Lord Ramsay, soupçonne la tante de Cecelia (il ne sait pas à ce moment-là qu'elles partagent un lien de parenté) d'être complice de ce trafic de prostitution, voire plus (car des corps suppliciés ont été retrouvés)........

J'ai vraiment adoré cette romance ! La manière dont Ramsay fait tout pour ne pas montrer son désir pour Cecelia, les moments où il y a ce fameux quiproquo qui lui fait croire qu'elle est elle-même une maquerelle.....Les baisers enflammés, puis les douches froides, les désillusions......Cecelia va tout encaisser, car elle le sait déjà, son coeur appartient maintenant à cet homme qui fait passer la justice au-dessus de tout même si parfois les gens "bien placés" ne sont pas si respectables que cela......

Dans cette histoire, il y a aussi la petite Phoebe, que la tante de Cecelia lui demande de prendre soin s'il lui arrive malheur....Une fois la tante décédée, Cecelia est la nouvelle cible....Heureusement, elle peut compter sur ses amies, mais aussi sur Jean-Yves, le vieux jardinier français, qu'elle avait embauché et qui a été comme un père pour elle, surtout ce fameux soir où elle et ses amies ont dû cacher le pire quand elles étaient au pensionnat suisse......

Et enfin, elle peut compter sur la force brute et le courage de Ramsay....Même si lui, est un bougon de première et bien que totalement attiré par la jeune femme, il ne sait s'il peut lui faire confiance car pour lui les femmes ne sont que des manipulatrices et des menteuses (en commençant par sa mère qui lui a fait subir des choses horribles psychologiquement quand il était gamin....).

Nous faisons également connaissance du héros du prochain tome qui sera donc destiné à Francesca.....J'ai hâte de le lire car contrairement au caractère doux et maternel de Cecelia, Francesca, "Franck" pour ses amies, est une guerrière, une lionne et à mon avis, elle va donner du fil à retordre à notre futur héros......En même temps, pour le peu qu'on a vu de lui dans ce tome, je pense qu'il est l'homme de la situation et va arriver à apprivoiser et charmer notre jolie dernière rousse encore célibataire......Bref, vivement la sortie de ce 3ème et dernier tome de cette saga !

Quelques citations :

"Elle n’avait rien fait de mal, ni d’indécent. Rien qui méritât la cruauté et la violence de ses camarades, ou la fureur de son père. Elle avait été simplement la première fille, à treize ans, à remporter le concours de calcul de l’école du village. Elle avait même battu les élèves de dernière année. Lorsque son professeur, M. Rolland, avait déclaré que, compte tenu de son sexe et de son âge, elle ne pouvait qu’avoir triché, elle avait répliqué que le dernier manuel scolaire sur le calcul différentiel et le calcul intégral avait été écrit par une femme, Maria Gaetana Agnesi".

"Sept ans. Comment un Écossais normalement constitué pouvait-il tenir aussi longtemps sans culbuter une femme ? Ou cela faisait-il déjà huit ans ? Cassius Gerard Ramsay, lord juge en chef de la Haute Cour, se convainquit que seule cette longue traversée du désert pouvait expliquer la réapparition de ce trouble physique qui ne l’avait pas affecté depuis l’adolescence. Une indésirable et intolérable érection en public. Il aurait bientôt quarante ans. À son âge, il aurait dû être immunisé contre ce genre de turgescence spontanée. Depuis des années, il disciplinait son corps pour le libérer de ses faiblesses. La vie lui avait appris à dominer ses appétits avec une volonté de fer et un sang-froid inébranlable, afin de ne pas être dominé par eux ni risquer qu’ils nuisent à sa carrière. Malgré cela, il se retrouvait trahi par son membre viril, changeant constamment de position afin de cacher la réaction instantanée – et violente – de son corps devant la plantureuse et déroutante Mlle Cecelia Teague, qui léchait le chocolat sur ses doigts nus".

"Il mentait comme un arracheur de dents. Il était plus que tenté. Il était tenté par Cecelia Teague depuis le jour où il l’avait vue pour la première fois, lors des fiançailles de Redmayne quelques mois plus tôt. Puis le jour de son mariage".

"Son regard se posa à nouveau sur Mlle Teague, son attention attirée par la manière dont sa peau blanche disparaissait sous le gant qu’elle renfilait. Il se sentait « reposé ». Depuis combien de temps cela ne lui était-il pas arrivé ? Il était assis tranquillement, s’autorisant à admirer une jolie femme. Il fallait avouer qu’elle était très agréable à regarder. Elle dégageait une impression de douceur incroyable, et il avait du mal à comprendre comment il pouvait être à la fois excité et réconforté par sa présence. Comment parvenait-elle à embraser ses sens en enfilant simplement un gant ? Bien que son geste n’eût rien de séducteur, il le trouvait plus érotique que la vue d’une douzaine de danseuses de revue dégrafant leur corset. Revenant à sa question précédente, elle déclara : — Pardonnez-moi si je suis indiscrète, mais les raisons de votre… abstinence m’intriguent".

"Son sang se figea et la tête lui tourna. Heureusement, la poudre sur son visage cachait sa pâleur. Même si elle ne pouvait distinguer ses traits sans ses lunettes, sa taille, sa carrure et la couleur de ses cheveux rendaient l’Écossais reconnaissable entre tous. Lord Cassius Gerard Ramsay. Ils étaient presque apparentés maintenant qu’Alex, sa sœur de cœur, avait épousé son demi-frère. Pourtant, elle savait peu de choses sur lui. C’était un homme aux origines mystérieuses, aux principes stricts et, à l’entendre, qui se refusait le moindre plaisir. Elle n’avait parlé avec lui qu’à deux occasions, et leurs conversations avaient été… comment dire… plutôt déconcertantes. Lors de cette fameuse réception au château des Redmayne, il l’avait observée avec une mine renfrognée et des yeux voraces. Souvent, quand elle ne pouvait dormir la nuit, elle repensait à cette soirée et aux deux hommes qu’elle avait croisés. D’une part, un comte italien aussi séduisant et élégant que le diable, avec des traits phéniciens et des boucles brunes domptées par la pommade, portant sur elle un regard lascif et coquin. De l’autre, lord Ramsay, un archange à la chevelure dorée. Le vaillant défenseur de tout ce qui était juste et bien. Une sorte de chevalier adoubé par une vierge sacrée pour avoir vaincu des dragons et autres monstres. Ce même homme la fixait depuis le seuil. Ses yeux couleur d’une lune d’hiver brillaient avec toute la fureur du guerrier vertueux. Le dragon qu’il était venu combattre aujourd’hui, c’était elle."

Il émit un son de dédain, but une gorgée de vin, puis agita le goulot vers elle. — Ne me regardez pas comme un pauvre gosse qui ferait pitié. Ce n’est pas moi. Je me suis construit à partir de rien, me hissant à une position où je ne manque de rien, et j’en suis fier. Je suis riche, instruit, respecté, redouté. Je suis puissant à tous les égards… — Certes, mais êtes-vous heureux ? Il lui lança un regard de biais. — Quel rapport ? Pour la première fois, elle eut vraiment pitié de lui. — Le bonheur, n’est-ce pas l’essentiel ? — L’homme n’est pas fait pour le bonheur, rétorqua-t-il. Savez-vous pourquoi Matilda n’a trouvé aucun squelette dans mes placards, aucun secret ? Elle fit non de la tête. — Parce que je n’en ai pas. Je n’ai rien fait dont je puisse avoir honte, hormis d’avoir espéré partager avec elle une vie honnête et satisfaisante. Ses mâchoires se durcirent. Il reposa la bouteille et l’éloigna de lui comme si elle était aussi répugnante que le souvenir de la femme qui avait trahi sa confiance. — Elle m’a démontré ce que je savais déjà, poursuivit-il. Que les femmes naissent avec une arme entre les jambes, et qu’elles sont prêtes à s’en servir en provoquant autant de dommages qu’un explosif. Elle comprenait sa colère, tout en désespérant de son jugement. — Ne vous êtes-vous jamais dit que votre offre de mariage n’était pas ce qu’elle attendait de la vie ? Vous désiriez sa compagnie, son amour, son corps, sa fidélité, mais vous a-t-il traversé l’esprit qu’être mariée à un lord juge en chef ou à un lord chancelier aurait été trop écrasant pour elle".

"Impuissante face à une telle domination, elle sentit des envies qu’elle s’était efforcée d’étouffer remonter à la surface. Sa sensualité féminine rejaillissait sous les assauts féroces du mâle qui la revendiquait. Elle avait l’impression d’avoir été transportée dans les temps immémoriaux, quand les hommes vivaient dans des huttes, vêtus de peaux de bête. Quand les règles de la civilisation n’existaient pas et que, conformément à la loi du plus fort, le meilleur guerrier avait priorité sur le choix de sa partenaire. Ramsay était cet homme. Jusqu’au fond de son âme, c’était un Écossais. Barbare et tribal. Farouche, indépendant, impitoyable. Ses ancêtres avaient repoussé les Romains, les Vikings et une pléthore d’autres envahisseurs. La sauvagerie était en lui. Il l’avait mise en cage, la combattait, tentait de l’apprivoiser par la bienséance et la détermination, mais elle ne cessait de tourner en rond derrière ses barreaux tel un lion affamé. Elle voulait libérer cette sauvagerie, s’offrir à elle comme son prochain repas".



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