jeudi 1 juillet 2021

LES QUATRE CAVALIERS - Tome 3 : Famine [Chronique express]


Laura Thalassa
Les Editions Infinity (MxM bookmark) (2021)
Sortie originale 2020
544 pages

Synopsis :
Ils sont venus sur Terre - Pestilence, Guerre, Famine et Mort. Chevauchant leurs effroyables destriers, les Quatre Cavaliers ont parcouru le globe, avec chacun le pouvoir d'anéantir l'humanité. Ils sont venus sur Terre... pour nous éliminer tous. Ana de Silva a toujours su qu'elle mourrait jeune. Elle ne s'attendait simplement pas à ce que ce soit aux mains de Famine, l'être immortel qui l'obsède depuis qu'il l'a épargnée tant d'années auparavant. Si le Cavalier se souvient d'elle, il ne semble pas s'en soucier, car quand elle se retrouve face à lui pour la deuxième fois, il la poignarde et la laisse pour morte. Sauf que la mort ne veut pas d'elle. La cruauté est un domaine dans lequel Famine excelle. Et comme ces salauds la méritent ! Malgré ses efforts, il ne peut oublier ce qu'ils lui ont fait. Mais quand Ana, un fantôme du passé, le rattrape et lui promet mille souffrances pour ce qu'il lui a fait subir récemment, elle le fascine suffisamment pour qu'il décide de la garder en vie. Fin. Ou pas. Certes, Ana et Famine sont attirés l'un par l'autre, mais ils restent ennemis. Rien ne peut changer ça. Pas même un premier acte de bonté, ni un deuxième. Et surtout pas quelques nuits de passion. Toutefois, quoi qu'ils soient l'un pour l'autre, s'ils n'arrêtent pas bientôt leurs petits jeux, le Ciel le fera pour eux.


[CHRONIQUE EXPRESS]

Cela fait une année que j'attends la sortie de ce 3ème tome de cette saga "Les quatre cavaliers" de l'auteure américaine Laura Thalassa.....Et encore une fois, j'ai passé un excellent moment de lecture ! 

Attention, âmes sensibles d'abstenir car il y a énormément de violence (et de morts) mais c'est un peu logique puisque les Cavaliers de l'Apocalypse sont envoyés sur Terre pour exterminer les humains....Si Pestilence et Guerre, les héros des deux précédents tomes, ont "échoué" en trouvant l'amour avec des humaines, qu'en sera-t-il pour Famine ?

Bon, évidemment, la réponse est oui dans la mesure où nous sommes dans une romance paranormale et donc forcément, ça finit bien (pour nos deux amoureux.....Pour la population autour, un peu moins....Bref....).

Cette fois-ci, Laura Thalassa nous envoie au Brésil (c'est aussi un élément que j'apprécie beaucoup dans sa saga : les personnages ne sont pas tous aux USA comme dans la plupart des romances paranormales - en tout cas dans toutes celles que j'ai lues et je peux vous dire que j'en ai lues un paquet !).

Nous voici donc auprès d'Ana, une jeune femme de 22 ans qui travaille dans un bordel depuis ses 17 ans, depuis qu'elle a tout perdu lors du premier passage de Famine dans sa ville natale.....Mais que s'est-il passé pour le Cavalier durant ces cinq dernières années, (nommé aussi "Le faucheur" car il porte une énorme faux....Pas pour faire des récoltes pour pour découper des têtes ou n'importe quelle autre partie du corps humain....). Pourquoi tout le Brésil n'a pas été anéanti depuis le temps ? Je ne vais évidemment pas répondre à cette question (pas de spoilers !). 

Par contre, j'ai vraiment adoré la manière dont Laura Thalassa fait grandir l'amour entre nos deux héros (et ce n'était pas gagné !). 

J'ai aussi aimé voir comment se déroule le monde 25 ans après le réveil du premier Cavalier (Pestilence).....Nous savions déjà, dans le 2ème tome, que la technologie en avait pris un coup (car les Cavaliers n'apparaissent pas en même temps, et il y a même un laps de temps plus ou moins long entre leurs réveils respectifs...). 

Du coup, Ana, du haut de ses 22 ans, n'a jamais connu le monde pré-Apocalypse.....un quart de siècle, cela fait beaucoup, et les hommes qui ont appris à vivre sans la technologie que nous connaissons tous actuellement....Plus de voitures, plus d'Internet, il me semble même que l'électricité soit absente....En tout cas, les gens vivent "à l'ancienne", se déplacent principalement à cheval ou à bicyclette. Les centres-villes sont désertés (les immeubles tombent en ruine) puisque les gens préfèrent vivre en périphérie où ils peuvent cultiver la terre.....Sauf que Famine arrive et détruit toutes les cultures en faisant mourir les plantes (et se sert aussi des plantes comme arme....J'ai bien apprécié cette "nouveauté" dans la manière de tuer des gens....non, je ne suis pas psychopathe...Je salue juste l'imagination de l'auteure !).

Bref, le monde a changé, mais le plus vieux métier du monde existe toujours - lui - et comme Ana n'a pas vraiment le choix, elle se prostitue.....Et c'est d'ailleurs comme "offrande" qu'elle va être proposée à Famine par sa "maquerelle".....Ana a l'espoir que Famine va la reconnaitre, car elle l'a déjà croisé 5 ans auparavant (c'est à cause de lui qu'elle a tout perdu et a dû quitter sa ville et vendre son cul pour survivre...mais c'est aussi un peu sa faute à elle...Non, je vous dis, pas de spoilers ici !...).....Seulement voilà, le Cavalier ne la reconnait pas et elle va finir comme tous les autres gens qui viennent se présenter à Famine : Dans une fosse d'exécution (ce passage fait un peu penser au 2ème tome, Guerre, qui procédait un peu de la même manière, avec des humains sous ses ordres qui se chargeaient de massacrer un maximum de la population)....

Je n'ai pas vu le temps passer avec cette lecture ! C'était tellement addictif ! 

Ana est une fille qui n'a pas la langue dans sa poche ! Elle a un caractère de battante et sait comment se comporter face à la cruauté et aux vices des hommes (5 ans en tant que pute dans un bordel, ça forge la personnalité et ça aide à cerner l'âme humaine....).

Et quand Famine va comprendre qu'il ressent de l'amour pour la jeune femme, là, on va passer à un autre level ! (attention, le cheminement va être long et Ana va en baver au niveau des blessures physiques...A ce niveau-là, cette situation me fait penser au premier tome, Pestilence, où l'héroïne avait été aussi beaucoup "torturée"..).

Le récit se termine de manière magistrale avec l'arrivée physique de Mort, le dernier Cavalier.....Je suis vraiment intriguée par ce personnage (déjà, il a des ailes, contrairement à ses trois frères), mais aussi parce qu'il est déjà intervenu dans les tomes précédents....Mais cette fois-ci, il est beaucoup moins clément avec Famine qu'il l'a été avec Pestilence et Guerre......

J'ai lu le résumé du 4ème tome sur Goodreads en anglais (le livre n'est pas encore sorti aux USA au moment où j'écris, il n'y a que le synopsis) mais à priori, il va falloir s'attendre à une fin épique, la réunion des quatre Cavaliers et une nouvelle héroïne qui a une capacité bien particulière ce qui la rend insensible à la létalité de Mort.....Purée, s'il faut encore attendre une année pour lire ce dernier tome, cela va être très dur !!!!!!! J'ai franchement hâte !!!!!!!!

Vous l'aurez compris, pour "Famine" c'est un coup de coeur et je suis sûre et certaine que "Mort" sera tout aussi réussi (comme les deux premiers tomes)....Wait and see.....Mon Dieu que l'attente va être longue !!!!!

Quelques citations :

"— Je vous ai apporté un cadeau, dit-elle, sibylline. Les yeux de Famine passent de l’une à l’autre avec une expression d’ennui. — Et où est-il ? Tes mains sont vides. Elvita se tourne vers moi, m’enjoignant à parler. D’habitude, j’ai plutôt confiance en moi, et ce qui me manque, je le compense en bravades. Mais là, je n’ai qu’une envie : m’enfoncer dans le sol. Tu ne te souviens vraiment pas de moi ? Je suis à deux doigts de poser la question. Tous les deux, nous sommes telle une conversation inachevée, suspendue dans le temps et l’espace. — C’est moi le cadeau, dis-je enfin, en me rabattant sur le plan d’Elvita. — Toi ? Il hausse les sourcils, et sa bouche s’étire en un sourire moqueur. Son regard me balaie à nouveau. — Que pourrais-je bien avoir envie de faire avec toi ? — Réchauffer votre cœur froid et glacé, peut-être ? Là ! Mon sens de la répartie est de retour. L’expression du Faucheur est à moitié intriguée, désormais. Il soulève sa faux et se met debout. Il s’avance. Ses bottes claquent sur le carrelage. — Et qu’es-tu donc sous tout ce fard ? Une vache ? Une truie ? Le rouge me monte aux joues. Voilà longtemps que je n’avais pas ressenti pareille humiliation. Tout d’un coup, je me rends compte du nombre de spectateurs dans la pièce. Il n’y a pas seulement Famine et Elvita, mais aussi une dizaine de gardes. Et tous sont témoins de l’affront. Le Cavalier renifle avec dédain, et sa voix est cruelle. — Tu croyais que je voudrais ton corps ? C’est ça ? Oui. Exactement. — Petite créature pathétique. N’as-tu pas entendu parler de moi ? Je ne veux rien avoir à faire avec ta chair putride. Son regard me lâche pour se poser sur Elvita. — Vous auriez mieux fait de ne pas attirer mon attention, toutes les deux. L’énergie de la pièce s’altère, et je me souviens avec effroi de la façon dont la famille du maire a été traînée dehors, à peine une heure plus tôt. D’ailleurs, maintenant que j’y songe, s’il y a bien une colonne d’offrandes contre le mur, je ne vois aucune trace des personnes qui les ont apportées… Nous venons d’entrer en eaux troubles. À mes côtés, Elvita ne se démonte pas. — Avez-vous déjà couché avec une mortelle ? demande-t-elle, sans perdre le nord ni ses instincts de maquerelle. Famine la dévisage, et son visage se fend d’un sourire narquois comme s’il venait enfin de trouver son divertissement du jour. Ses yeux, cependant, gardent leur expression glacée. À n’en pas douter, le sexe est la dernière chose qu’il a en tête à cet instant. — Et si ce n’est pas le cas ? Crois-tu réellement que quelques coups de reins dans ce sac de chair changeront quoi que ce soit ? Je hausse les sourcils. J’ai l’habitude des commentaires vulgaires et dégradants, mais ça… C’est quoi ce genre d’insulte ? Un sac de chair ? Ce sera « salope » pour toi. Je sais très bien que je suis bonne. — Vous n’avez clairement pas goûté à l’intérieur de l’une de mes femmes, s’entête Elvita. — Tes ? soulève Famine en me consacrant à nouveau toute son attention. Je relève le menton et soutiens son regard. Me reconnaît-il ? Est-ce qu’il sait ? Ses prunelles troublantes me jaugent. Il y a tant de ruse en elles et aucune étincelle de familiarité. S’il se souvient de moi, il ne le montre pas. — Comme ce doit être horrible d’être possédée et utilisée comme un bien. J’ouvre la bouche pour lui dire qu’il a tort, et qu’il aille se faire foutre, et que s’il me donne, ne serait-ce qu’un moment, seule avec lui, je lui rafraîchirai la mémoire. Peut-être qu’alors, je pourrais conclure cette vieille affaire entre nous. Quand il s’agit de lui, espoir et haine sont de vieilles compagnes. Pendant une seconde, le Cavalier hésite. J’ai l’impression qu’il a presque senti notre connexion, puis son expression s’aiguise et son regard file au-dessus de nos têtes. Il siffle pour attirer l’attention des hommes les plus proches. — Débarrassez-vous d’elles avec les autres".

"Je rejoins finalement Famine à Curitiba. Les gémissements que le vent emporte ne me laissent aucun doute. Je freine et m’arrête pour observer les silhouettes des immeubles qui se détachent à l’horizon. J’ai déjà vu des gratte-ciel, mais jamais autant et ainsi regroupés les uns contre les autres. Des hommes les ont bâtis. Parfois, les gens racontent comment était la vie avant l’Arrivée des Cavaliers, leurs voix remplies de nostalgie. Le passé ressemble à un rêve. Il me semble irréel la plupart du temps. Mais il y a des moments, comme celui-ci, où s’étale devant mes yeux la preuve incroyable que les capacités des hommes ont un jour rivalisé avec celles de Dieu. Ce n’est qu’en m’approchant que je remarque à quel point les tours sont délabrées. Beaucoup d’entre elles ressemblent à des mues de serpent avec leurs façades à moitié tombées. Des plantes grimpantes ont pris racine dans leurs entrailles et les font apparaître encore plus anciennes qu’elles ne doivent l’être en réalité".

"Tu ne te souviens toujours pas de moi. Fouille dans ta mémoire. — Quel est le but de cet exercice ? finit-il par lâcher, exaspéré. Je n’ai pas l’habitude de me souvenir des humains. Je relâche légèrement la pression sur ses cheveux. — Je t’ai sauvé une fois, alors que personne d’autre ne voulait le faire. — Oh ! Vraiment ? Son expression est amusée, mais ses yeux brillent de fureur. Je sais qu’il attend son heure, qu’il guette la bourde qui lui permettra de reprendre le dessus. — Depuis, il ne se passe pas un jour sans que je regrette cette erreur, avoué-je, la gorge nouée. — C’est vrai ? À son ton, on croirait que ma confession le divertit. — Et, dis-moi, brave humaine, comment m’as-tu sauvé ? — Tu ne te souviens pas ? Je suis abasourdie. Comment a-t-il pu oublier ? — Il pleuvait quand je t’ai trouvé. Tu étais couvert de sang, le corps découpé en morceaux. Lentement, son petit sourire narquois s’efface. Enfin, la réaction que j’attendais ! J’agrippe ses boucles un peu plus fort. — Alors, enfoiré, tu te souviens de moi, maintenant ?".

"Je ne suis pas de ce monde, petite fleur. Ce n’est pas vraiment une réponse, mais je reste bloquée sur le surnom qu’il m’a donné. C’est un compliment, n’est-ce pas ? Quand je le regarde, je prie pour que c’en soit un. Sérieux, Ana, t’es vraiment en train de craquer pour l’un des Cavaliers de l’Apocalypse ? Argh ! On dirait bien que oui. Mais, pour ma défense, ils ne font pas de pommettes aussi jolies ici, sur Terre. — Allez, déclare Famine, en interrompant mes pensées. Nous devons bouger".

"Son regard me balaie une dernière fois de la tête aux pieds. — Tu aurais vraiment dû rester à l’écart. Tu es peut-être encore la petite fleur qui m’a aidé, mais je ne suis pas connu pour les laisser pousser…".

"Ses yeux étincellent de joie. Il me caresse le dos en ayant l’air d’apprécier le contact de ma peau. Ses doigts s’immobilisent soudain et explorent la même zone à plusieurs reprises. Je me raidis, consciente de ce qu’il vient tout juste de découvrir. — Ana. Je croise son regard. — Qu’est-ce que c’est ? demande-t-il en effleurant les lignes qui me sillonnent la chair. Il m’a déjà vue nue de nombreuses fois, mais jamais de dos. — Des cicatrices. Sa voix, quand il répond, est calme, trop calme. — Des cicatrices causées par quoi ? J’ai déjà eu cette conversation bien plus souvent que je ne l’aurais souhaité. Même quand ils paient pour une passe, la plupart des hommes – et c’est tout à leur honneur – essaient d’engager la conversation sur l’oreiller. Cette question était récurrente. — Par la cravache que ma tante appréciait tout particulièrement. — C’est ta tante qui t’a fait ça ? s’exclame-t-il, horrifié. Je hoche la tête. Il m’oblige à pivoter pour mieux inspecter les marques. Ce qu’il aperçoit le fait se redresser d’un coup. Je cherche à reculer, mais il me maintient en place. — Il y en a des dizaines, souffle-t-il, dévasté. Je n’aurais jamais cru qu’il en serait aussi bouleversé, lui qui inflige des souffrances plus sérieuses à longueur de temps. — J’en suis consciente. Je ne me souviens que trop bien de la brûlure aiguë qui me déchirait la peau, et de la raideur douloureuse et persistante qui s’étirait sur des jours pendant que les lacérations se refermaient. — Pourquoi te battait-elle ? J’entends la colère dans sa voix. Je hausse une épaule. — Ça variait. Parfois, c’était parce que j’oubliais de faire mes corvées, ou parce que j’étais trop lente, ou trop paresseuse. Parfois, je disais quelque chose qui ne lui plaisait pas ou la regardais de travers. — Parce que tu la regardais…, répète-t-il, abasourdi. Et tu restais avec elle ? — Je n’étais qu’une ado, dis-je, un peu sur la défensive. Je n’avais nulle part où aller. — N’importe où aurait été mieux. Je lui lance un regard réprobateur. — Tu parles comme un type qui n’a jamais été impuissant. — Mais je l’ai été. Je cesse de respirer une seconde. C’est vrai. Comment ai-je pu l’oublier ? Son doigt suit encore mes cicatrices. — Et tu te demandes pourquoi je méprise ton espèce. Je déglutis. Ses mots sont terribles, mais dépourvus de haine. À cet instant, je ne ressens que son empathie. S’il y a bien une personne capable de saisir ma douleur, c’est lui. — Je ne devrais pas te dire ça, je l’admets, mais parfois… Dieu que c’est immoral… Parfois, je vous suis reconnaissante à tes frères et toi de nous exterminer. Famine se fige et me scrute de ses yeux verts perçants. Peut-être aurais-je dû me taire. Je ne voudrais pas qu’il croie que je sanctifie sa mission. Je me frotte les tempes. Il faut que je m’explique. — Lorsque je pense à tout ce qu’on m’a fait et aux autres victimes qui subissent des sorts semblables, lorsque je visualise tous les actes cruels et malsains qui sont perpétrés, parfois, devant mes yeux, il m’arrive de me demander s’il n’y a pas quelque chose de fondamentalement mauvais dans la nature humaine. Je ne comprends pas pourquoi nous pouvons nous montrer aussi odieux les uns envers les autres. Je ressens de la honte à parler ainsi, mais, une fois les mots libérés, une sensation de légèreté m’envahit, comme si je m’étais déchargée d’un fardeau".



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