dimanche 25 juillet 2021

Destin prémédité [Chronique express]

Marie Meyer
Les Editions Royal (2021)
417 pages

Synopsis :
Rebecca, fille de notable à Chicago, ne rêve plus de quitter le refuge de la demeure familiale depuis bien longtemps. S'en croyant incapable et interdite, elle s'est résolue à rester vivre aux côtés de son père, veuf depuis des années. Isaiah est un rancher que la vie n'a pas épargné. Désormais, son unique but est de gérer l'exploitation familiale, afin de continuer à la faire prospérer. Un concours de circonstances va les faire se rencontrer et, malgré les obstacles, les lier à jamais. Mais dans l'Amérique profonde du XIXème siècle, peut-on croire que tout se déroule comme on aurait pu le prédire ?

[CHRONIQUE EXPRESS]

"Destin prémédité" m'a fait passer un très bon moment de lecture, entre Rebecca, notre citadine de Chicago, qui va devoir accepter un mariage arrangé par son père avec un cow-boy, ( ou plutot un fermier) du Missouri.

Nous sommes ici à la fin du XIXème siècle aux Etats-Unis, la conquête de l'Ouest est presque terminée, nous sommes plutôt entré dans l'ère industrielle, notamment dans les Etats du Nord (d'où vient Rebecca).....

Rebecca est une jeune femme attachante et charmante, qui arrive avec un handicap. Face à l'univers de l'Ouest, même si la ville qui est proche de la ferme de son mari n'est pas si "sauvage" que cela....

J'ai aimé la manière dont la relation va s'installer entre Rebecca et Isaiah, car celui-ci a vécu un véritable drame quelques mois auparavant, en perdant son épouse (et meilleure amie) à la naissance de leur fils. 

C'est la femme de son meilleur ami (et plus proche voisin) qui a passé une petite annonce dans un journal pour qu'il se trouve une nouvelle épouse (d'ailleurs, sur son lit de mort, Esther, la femme d'Isaiah, lui a demandé de promettre de se remarier et donner une mère à leur fils)...Celui n 'était pas au courant, tout comme Rebecca, qui l'a appris au dernier moment (c'est son père qui s'est chargé des "transactions").....Nos deux héros se trouvent donc sur le fait accompli, avec chacun des failles physiques et psychiques.....

J'ai vraiment été happée dans le récit, j'ai adoré la relation que va tout de suite avoir Rebecca, envers le petit Andrew, âgé de 10 mois, qui est un enfant adorable et gentil.

Le seul petit "truc" que je pourrais critiquer dans cette lecture, c'est le manque de sensualité...En effet, les rares scènes de "rapprochement" sont vite expédiées.....Moi qui me plaint de certaines romances modernes trop "explicites" et bien là, c'est le contraire, j'aurais voulu avoir un plus de détails,  de frissons, sur les sensations ressenties par nos héros, surtout que les chapitres alternent entre le point de vue de Rebecca ou d'Isaiah.....

Est-ce que je vous recommande cette lecture ? Oui, sans aucun doute, car le récit est vraiment prenant et addictif. Les personnages principaux, mais aussi secondaires (Etta et John, notamment) sont attachants (ou intrigants). 

On se laisse prendre au jeu et on a envie de savoir ce qui va arriver à nos deux héros car bien évidemment, leur romance ne coule pas de source vu qu'ils n'étaient pas faits pour se rencontrer....Mais finalement, comme le dit le titre du livre, leur destin était prémédité !

Quelques citations :

"L'homme, visiblement un employé des chemins de fer, part aussi vite qu'il est apparu et retourne à l'intérieur de l’un des wagons sous mon regard perplexe. Il en ressort presque aussitôt avec une jeune femme dans les bras. ― Mais qu'est-ce que… ?   Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase, ou du moins j’en deviens incapable. Le son se retrouve bloqué dans ma gorge lorsque je le vois déposer son fardeau devant moi, dans une chaise roulante à laquelle je n'avais pas du tout prêté attention. Tout comme ces malles. J’en dénombre trois. C'est à n'y rien comprendre. Il doit forcément y avoir une erreur. ― Je peux savoir ce que vous faites ? Impossible de savoir si je m'adresse à l'employé ou à cette jeune demoiselle, je suis trop abasourdi pour y réfléchir moi-même. ― Mademoiselle Benson m'a affirmé que vous l'attendiez. Ai-je commis une erreur, monsieur ? ― Non. Enfin, si. Ce n'est pas... ― Mon moyen de locomotion vous poserait-il un problème ?   Ce persiflage énoncé d’une voix pourtant suave me fait reporter mon attention sur la femme assise devant moi. Si on occulte le fait qu'elle semble infirme, elle est plus que charmante entourée de cet amas de jupons. Ce constat m'agace encore plus. Je n’ai pas à me faire ce genre de remarques puisque celle-ci va vite faire le trajet inverse. Et rapidement ! Il y a forcément une erreur ! Je ne peux pas avoir la charge de cette femme. Ce n'est pas ce qui était prévu ! ― Ne dites pas de sottises, rétorqué-je alors plus sèchement que je ne l'aurais souhaité. ― Puisque tout est arrangé, je vous laisse, messieurs dames".

"Cette histoire prend une tournure que je n'avais pas envisagé. Si tant est que j'ai projeté quoique ce soit. ― Je peux savoir qui vous êtes ? demandé-je soudain, en brandissant la photographie de la première inconnue devant les yeux de la seconde. ― Rebecca Benson. Elle me tend une main que je regarde quelques instants, avant de la prendre du bout des doigts. ― J'attendais une Grace Benson, ne trouvé-je rien de mieux à répondre. ― Elle va se marier. ― Je le sais ! Avec moi ! affirmé-je avec virulence. ― Permettez-moi de vous contredire. Son prétendant se nomme Pierce Keegan, et il se trouve actuellement à Chicago, me contre-t-elle avec évidence. ― Je dois envoyer un télégramme. Ce n'est pas ce qui était prévu et je déteste que l'on se moque de moi, grogné-je, alors. ― Écoutez…, souffle-t-elle. Cette situation me déplaît tout autant qu'à vous, mais il va bien falloir vous y adapter. Vous vous êtes engagé par écrit envers une fille Benson. Ma sœur va convoler et mon père ne m'a pas laissé d’autre choix que de prendre sa place. Si tant est que cette place ait réellement été à elle un seul instant…, argue-t-elle plus bas, avant de poursuivre. Vous pouvez être certain que si cela ne tenait qu'à moi, je ferais le chemin inverse et vous n'entendriez plus jamais parler de ma petite personne. Malheureusement, c'est impossible, vous vous doutez bien. Je suis dans l’incapacité de m’opposer à père. Il me renierait, je l’ai constaté à mon corps défendant, sans mauvais jeu de mots. Je n'ai par ailleurs plus de maison. Toutes mes possessions sont à mes pieds.   Je me sens au bord de l'implosion, tandis que la demoiselle, manifestement beaucoup plus calme que moi, argumente sa tirade d’un geste vers le sol envahi. Je ne peux pas, et m'occuper de la ferme, et de cette femme ! Sans compter le reste".

"Durant la courte cérémonie que nous venons de quitter, j'ai pu à loisir observer l'individu qui est devenu mon époux. Il dégage beaucoup trop de force à mon goût, avec ses traits carrés, ses yeux sombres et sa musculature impressionnante. Il ne ressemble en rien aux jeunes-hommes élancés de la bonne société de Chicago. Il ne me fait pas peur, enfin, je crois, mais nous n'avons surtout rien qui puisse être considéré comme commun. Je me demande pourquoi cet homme a eu recours aux petites annonces afin de se trouver une épouse. Il ne doit pas manquer d’attirer l’attention féminine dans cet univers où le physique prédomine. Et de la retenir...".

"Donnez-le-moi, je vais m'en occuper, dis-je instinctivement en reculant, puis tendant les mains, avant que mon époux ne cherche une piètre excuse pour que son fils reste ici. Ce petit être tombe à point nommé. Avec cet ange à m'occuper, je serai beaucoup plus à l'aise dans cette nouvelle existence. Etta me le dépose sur mes genoux, et je fonds instantanément devant ce regard azur, qui me scrute avec une curiosité embrumée. ― Comme tu es beau... Tu sais, moi aussi j'ai perdu ma maman alors que je n'étais qu'une enfant, continué-je, happée par ses prunelles attendrissantes. Une gentille dame s'est alors occupée de moi, comme je vais le faire pour toi... Une magnifique risette me répond, que je ne peux m'empêcher de lui retourner. Je relève la tête sur les spectateurs silencieux qui m'entourent. ― Je pense que nous allons bien nous entendre lui et moi, affirmé-je. ― C'est une évidence...   Je tente de ne pas faire attention au ton doucereux, ainsi qu'au léger sourire satisfait qu'Etta lance vers l'homme à qui j'ai uni ma vie, et me focalise sur ce petit garçon qui est désormais le mien.   J'ai une famille...".


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire