jeudi 15 avril 2021

LES CELIBATAIRES DE BOW STREET - Tome 2 : Les meilleurs ennemis [Chronique express]


Kate Bateman
Les Editions J'ai Lu (2021)
Sortie originale 2020
384 pages 


Synopsis :
Un voleur d'une audace folle sévit dans les résidences chics de Mayfair. L'Engoulevent, comme on l'appelle, ne s'intéresse qu'aux joyaux de la Couronne de France, qu'il dérobe les uns après les autres, signant chaque fois son forfait d'une énigmatique plume noire. Cela ne peut plus durer, et Alexander Harland, comte de Melton, est secrètement mandaté par Bow Street pour appréhender l'impudent cambrioleur. Sa piste le conduit rapidement à Mlle Emmy Danvers, une jeune fille de bonne famille qui n'est peut-être pas si respectable que cela... et qui lui inspire bientôt les pensées les plus inconvenantes.

[CHRONIQUE EXPRESS]

Décidemment, je ne regrette pas de m'être lancée dans cette saga "Les célibataire de Bow Street" ! Le premier tome m'avait beaucoup plu, et bien ce 2ème tome est tout aussi plaisant, voire plus, car dans "Les meilleurs ennemis", nous avons droit à un jeu du chat et de la souris entre Alexander, l'un des trois "célibataires de Bow Street" (enfin, y'en a déjà un qui s'est casé dans le tome 1...), et Emmeline, dite, Emmy, une voleuse de bijoux.....

Il faut préciser que notre héroïne est française même si elle a grandit en Angleterre....Il faut dire que sa grand-mère était une amie proche de la reine Marie-Antoinette et qu'elle a dû s'exiler chez les Grands Bretons pour ne pas "perdre la tête" au moment de la Révolution...

Plusieurs décennie se sont écoulées depuis cet exile, nous sommes maintenant un peu plus d'un an après les guerres Napoléoniennes....Les anglais et les français se sont "réconciliés" mais Emmy garde l'héritage moral de son père, qui était un "grand voleur de pierres précieuses" pour "récupérer" les trésors de la France injustement éparpillés hors du pays (notamment en Angleterre). 

Emmy a un frère ainé, Luc, qui, lui aussi, tout comme Alexander, a participé aux guerres Napoléoniennes, mais du côté français...Il a perdu une jambe durant une bataille et du coup, c'est Emmy qui est la seule capable de continuer à voler les bijoux......Et en tant que femme, elle passe évidemment inaperçue car la société ne peut pas concevoir que le cambrioleur, le légendaire Engoulevent, est cette jeune fille qui fait tout pour passer inaperçue et passe-partout (car sa grand-mère continue de côtoyer tout le beau monde). 

Un gros détail à préciser, Emmy et Alexander se sont croisé une fois, quatre années plus tôt, quand la jeune femme était seulement âgée de 19 ans (et avant qu'Alexander ne parte à la guerre)...Ils avaient échangé un baiser lors d'un "bal masqué".....Du coup, si Emmy connaissait physiquement Alexander (et a toujours eu un faible pour lui), notre héros n'a jamais vu le visage de la jeune femme, cachée par un loup....Par contre, ce baiser lui est toujours resté en mémoire, ainsi que son parfum entêtant.....

Ne jamais sous-estimer le pouvoir de l'odorat....Et c'est justement cela qui va mettre la puce à l'oreille de notre héros car l'Engoulevent a toujours l'habitude de laisser une plume noire sur le lieu de ses méfaits.....Et évidemment, puisque le père d'Emmy n'est plus l'Engoulevent, et que c'est dorénavant elle qui laisse la plume....Alexander va capter l'odeur de cette plume.....

Je n'en dirais pas plus sur l'intrigue de l'histoire mais j'ai vraiment apprécié le récit, car évidemment, Alexander est un fin limier, et même s'il a un handicap visuel (à cause d'une blessure de guerre), il va vite repérer sa cible (le flair !!!).....Et son devoir moral, en tant qu'enquêteur, va le mettre au supplice car il est terriblement attiré par la jeune femme et il sait que s'il la met en état d'arrestation, elle risque le bagne ou la pendaison.....

J'ai vraiment adoré ma lecture, le fait qu'Emmy soit française et qu'elle ne collectionne pas seulement les pierres précieuses....Son hobby est de récolter les mots étrangers, les expressions, qui n'existent pas dans la langue anglaise....De ce côté-là, l'auteure Kate Bateman a fait fort, en m'apprenant un certain nombre de mots, notamment russes ou espagnols (car évidemment, les mots français, je les connaissais....Mais pour les lecteurs anglosaxons, cela a dû leur apprendre aussi beaucoup de choses).

Kate Bateman maîtrise parfaitement cette période de l'histoire, post Guerres Napoléoniennes, et j'ai vraiment beaucoup aimé l'attirance, la romance qui s'installe entre nos deux héros....Sans parler des personnages secondaires, notamment Camille, la truculente et audacieuse grand-mère d'Emmy.

Dans ce livre, les femmes sont des "warriors". Et comme dans notre premier tome, le héros aime cela, il ne rabaisse pas les capacités de la femme qu'il convoite, ne se sent pas en "danger" ou en compétition.....Je dirai même qu'il admire la dextérité et l'intelligence de sa cible....Enfin une adversaire à sa mesure.... 

Leur histoire d'amour est vraiment belle, une romance impossible entre une voleuse et un enquêteur.....Ah vraiment, quel bon moment de lecture ! Le récit était vraiment palpitant !!! Je ne suis pas passée loin du coup de coeur !

Maintenant, il ne me reste plus qu'à lire le 3ème et dernier tome, qui est consacré à Sebastian, le dernier célibataire....J'ai hâte ! 

Quelques citations :

"Le cœur d’Emmy fit un petit bond dans sa poitrine. Il avait accepté ! Avec son sourire sensuel et dévastateur, sa présence magnétique et son charme dangereux, Alexander Harland était le rêve secret d’Emmy depuis bien longtemps. Plus âgé qu’elle de quelques années, il appartenait à un cercle social légèrement différent de celui qu’elle fréquentait. Dans l’ombre, elle l’avait souvent regardé danser avec les plus jolies filles. Il faisait des ravages parmi les débutantes, flirtait avec toutes mais n’en courtisait aucune en particulier. Frère de l’héritier du titre, il était l’image même du cadet de famille insouciant qui se livre à tous les excès de la jeunesse".

"Emmy, qui se méfiait de sa réputation sulfureuse et de son intelligence redoutable, s’était toujours prudemment tenue à distance. Avec ce regard perçant qui n’appartenait qu’à lui, il aurait pu déceler, derrière son personnage de discrète ingénue, l’audacieuse criminelle qu’elle était en réalité. Elle s’était contentée de l’admirer de loin et de rêver à l’impossible. Jusqu’à ce qu’elle apprenne qu’il s’apprêtait à partir combattre Bonaparte. S’il était blessé, comme l’avait été Luc, le frère d’Emmy, à Trafalgar ? S’il était tué ? La perspective d’un monde sans Alexander Harland, même s’il n’évoluait qu’en périphérie de son existence, était désespérante".

"— Éclairez-moi, Emmeline. Qui est cet admirable spécimen ? La jeune femme poussa un soupir. Autant jouer cartes sur table. De toute façon, on ne pouvait rien cacher à Camille. 
— Ce « spécimen » s’appelle Alexander Harland, lord Melton. Camille pivota discrètement sur elle-même pour jeter un regard vers la bijouterie. 
— Oh oh ! Félicitations, ma petite, vous avez un goût parfait. Quel beau garçon 2 ! Camille était plus française que jamais en présence d’un bel homme. Emmy observa le reflet de Harland, pensive. Il se préparait à partir, comprit-elle en le voyant ramasser ses gants sur le comptoir. 
— Malheureusement, lord Melton est un danger que nous devons fuir si nous tenons à la vie. J’ai entendu dire qu’avec Benedict Wylde et Sebastian Wolff, ses amis, il avait été engagé par Bow Street pour résoudre ce genre d’affaire. Je craignais qu’il n’ait été nommé sur ce dossier. Camille hocha la tête. 
— Je vois. Nous voilà prévenus".

"L’Alexander Harland qu’elle avait embrassé autrefois était un jeune homme audacieux et sûr de lui. Celui qui était rentré de la guerre semblait nettement plus âgé et plus posé. Il souriait moins souvent, et une expression de cynisme désabusé se peignait souvent sur ses traits parfaitement ciselés. Sans parler de cette lassitude qui assombrissait son regard, comme s’il y avait trop de choses qu’il aurait préféré oublier. Emmy n’avait pas été très surprise d’apprendre qu’il avait ouvert un cercle de jeu dans Saint-James avec Benedict Wylde et Sebastian Wolff. Cette activité scandaleuse, à la frontière de ce qui était socialement acceptable mais avidement recherchée par une aristocratie toujours en quête de plaisirs nouveaux, correspondait parfaitement à son personnage".

"— Vous êtes dans mon club, mademoiselle Danvers. Et tout ce qui se passe ici me concerne. Elle se plaqua contre le mur, essayant, vainement, de mettre un peu d’espace entre elle et lui. L’air semblait épais, crépitant de tension. D’impatience. De désir. Ils étaient si proches que leurs nez se touchaient presque. Dans la lumière des appliques, elle pouvait voir la ligne dure de son menton, son épaule solide. Elle devina un soupçon de cognac dans son haleine, et cela suffit presque à l’enivrer. Il fronça les sourcils comme s’il était fâché contre elle. 
— Vous êtes la femme la plus contrariante que j’aie jamais eu le malheur de croiser. 
— Et moi, je n’ai jamais vu un homme aussi exaspérant que vous". 

"— Je n’ai aucune envie d’être attirée par lui. Ce n’est pas un homme, c’est un chien de chasse. Il nous flaire, nous traque sans relâche. Il finira par nous attraper et nous réduire en lambeaux et… 
— Voilà une vision bien tragique ! s’exclama Camille en riant. J’ai vu comme il vous regardait. Sous ses airs froids, il est fou de vous. Je connais ce genre d’homme. Lent à s’enflammer, mais ensuite… Oh là là ! Elle haussa les sourcils d’un air éloquent. 
— Vous le troublez, Emmeline. Vous avez un avantage sur lui ; vous pouvez lui faire commettre des erreurs. Provoquez-le suffisamment et il fera une bêtise. 
— Je n’ai aucune envie d’en arriver là, répondit Emmy. Il est dangereux. Camille pencha la tête. 
— Au contraire, je pense que cela pourrait être très amusant. Il faut du courage avec un tel homme. Vous devez l’affronter directement. 
— S’il m’attrape, il n’aura aucune pitié. Camille hocha la tête. 
— Parfois, la chasse est si passionnante que sa conclusion peut être décevante. Elle prit un autre morceau de cake. 
— Mais le moment où l’on se laisse attraper peut aussi être le début d’une aventure… 
— Oui, ricana Emmy. Une expédition à la potence, par exemple. Merci bien". 





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