jeudi 8 avril 2021

LES CELIBATAIRES DE BOW STREET - Tome 1 : Les mariés du secret [Chronique express]


Kate Bateman
Les Editions J'ai Lu (2021)
Sortie originale 2019
320 pages


Synopsis :
Pour échapper à un mariage forcé, Georgiana croyait avoir trouvé la parade idéale : épouser un condamné à mort déniché à la prison de Newgate. Sitôt mariée, sitôt veuve... Enfin, elle sera libre ! Quelle n'est pas sa stupeur quand, lors d'un bal, elle se retrouve nez à nez avec son mari ! Le soi-disant bagnard était en réalité un agent gouvernemental en mission secrète. Désormais, ils sont légalement unis. Or, le fringant Benedict déborde de charme et n'est pas du genre à se laisser ignorer...

[CHRONIQUE EXPRESS]

Aaah ! J'ai passé un très joli moment de lecture avec cette nouvelle saga de romance historique ! Quelle bonne surprise puisque je ne connaissais pas encore l'auteure britannique Kate Bateman !

L'histoire est assez originale puisque cela commence par un "mariage arrangé" entre une riche jeune femme et un homme condamné à mort (afin qu'elle se retrouve veuve rapidement puisque elle cherche à bénéficier de ce statut sans subir les assauts de son cousin dégueulasse qui veut à tout prix se marier avec elle pour son argent - et il finit par en devenir menaçant, voire violent envers elle...).....Le seul soucis, c'est que le condamné à mort est déjà mort dans sa cellule le jour où Georgiana se rend à la prison (accompagnée de son garde du corps, un homme qui l'a vu grandir,  un hollandais qui a traversé les mers avec son père et qui lui sert un peu de figure paternelle depuis le décès de celui-ci lors d'un naufrage en mer).....Et du coup, Georgie est obligée de se marier à la va-vite avec un autre prisonnier, un condamné au bagne (voyage dans retour en Australie....).

Le problème, c'est que le condamné au bagne est fort séduisant, et sa nonchalance et sa virilité va "marquer" notre héroïne et même si son côté très pragmatique la pousse à ne plus penser à lui (après tout, s'il est en prison, c'est que c'est un criminel !), mais elle va néanmoins rester marquée par cette rencontre de quelques minutes (le temps de signer l'acte de mariage, et le temps d'un baiser....).

"Manque de chance" pour Georgie (ou coup du sort du destin), Benedict, le fameux futur bagnard, ne va pas partir purger sa peine en Australie car il s'avère qu'il est en fait un agent infiltré de Bow Street (= agence d'enquêteurs qui travaillent pour la loi), et pour couronner le tout, c'est un aristocrate au passé sulfureux (et qui a participé aux guerres Napoléoniennes)....

La sidération va être énorme quant Georgie va se retrouver face à son "mari" lors d'une réception dans le beau monde quelques jours plus tard....Bien entendu, ils doivent garder le secret de leur union - avec la complicité de la mère et de la petite soeur de la jeune femme.....Et de son cousin, qui est toujours aussi menaçant et va tout faire pour faire du tort à Georgie....

J'ai vraiment adoré la romance qui va s'installer peu à peu entre nos deux héros, qui, au départ avaient conclu de jouer la comédie (car si Georgie est très riche - grâce à la flotte marchande hérité de son père et dont elle a pris la relève avec un énorme brio !), Benedict, quant à lui, est un aristocrate désargenté (c'est aussi un peu pour ça qu'il travaille comme enquêteur pour Bow Street), puisque son propre père a ruiné sa famille avant de décéder et du coup, Benedict fait tout son possible pour que son frère aîné conserve leur patrimoine...

L'argent de Georgie fait qu'un nombre incalculable d'artistos désargentés lui font la cour.....Elle est jolie, mais moins que sa petite soeur (à ses yeux) mais c'est elle qui détient l'argent, c'est elle la femme d'affaire (en plus, sa petite soeur est déjà amoureuse d'un p'tit gars qui fait des poèmes pourris bien pourris...C'est le passage humoristique du roman....).

Forcément, toute l'aristocratie va trouver "suspect" que le sublime Benedict s'intéresse à la "vieille fille" Georgia seulement pour ses beaux yeux.....Et ils n'ont pas forcément tort car dès le début, notre charmante femme d'affaire a mis les choses au clair avec son "mari", elle lui donne un salaire pour jouer la comédie, pour flirter avec elle, pour faire croire à un futur mariage.....

Evidemment, leur relation va évoluer et notre homme a de l'honneur, et à partir du moment où il ne va plus "jouer la comédie" et vraiment tomber sous le charme de la jeune femme, il ne veut plus accepter un sou de sa part....Mais pour Georgiana, qui a toujours été courtisée pour son fric, c'est difficile à croire qu'un ausssi bel homme s'intéresse réellement à elle (surtout qu'il a une réputation de séducteur qui lui colle à la peau....Même s'il a interrompu ses parties de jambes en l'air quand il est allé à la guerre....).

Alors oui, ce 1er tome de la saga des "Célibataires de Bow Street" fut un ravissement à lire, une bonne découverte pour moi, vis à vis de cette auteure que je ne connaissais pas....Les pages s'enchaînent avec délice, surtout qu'il y a des moments d'humour, de sensualité, mais aussi de suspense puisqu'il ne faut pas oublier qu'il y a aussi une enquête policière (puisque Benedict travaille pour Bow Street).

J'ai aimé le caractère indépendant de Georgie, sa lucidité quant aux hommes qui lui tournaient autour pour son argent....J'ai aimé ses doutes, ses questionnements sur ses sentiments grandissant peu à peu vis à vis de Benedict, qui sera d'abord un "employé", puis un complice, un ami et enfin l'homme de sa vie.

Bien évidemment, j'ai craqué pour Benedict, qui prône haut et et fort qu'il ne se mariera jamais, qu'il est un homme libre et n'en a que faire du mariage....Sauf que le charme, la beauté, l'indépendance, l'intelligence de Georgie vont changer son point de vue et cette femme va devenir essentielle dans sa vie.....

Il va sans dire que je vais lire le 2ème tome sans hésitation (qui sera consacré à Alexander, l'un des deux amis de Benedict, qui travaille aussi pour Bow Street et qui est aussi propriétaire de leur club de jeu - oui, tout est compatible quand on est aristocrate....). 

En plus, la future héroïne est française et est une voleuse de diamants....Pour un mec qui pourchasse les criminels, cela me met l'eau à la bouche, j'ai hâte de lire leur romance ! Très franchement, je ne regrette pas d'avoir débuté cette saga (qui devrait être en 3 tomes puisque ils sont 3 célibataires, le dernier étant Sebastian....).....Kate Bateman est une auteure qui vaut le coup d'être lue ! Vivement la suite !

Quelques citations :

"Dans la voiture discrète qui les emmenait vers l’établissement pénitentiaire londonien de triste réputation, Georgie fusilla du regard Pieter Smit, son complice. Le vieil Hollandais buriné l’appelait toujours ainsi quand il réprouvait le comportement de la jeune femme, ce qui n’était pas rare. 
— Votre pauvre père se retournerait dans sa tombe, du moins au fond de l’océan, s’il savait ce que vous mijotiez. Pieter n’avait pas tort. Trois jours plus tôt, elle n’aurait pas songé à sélectionner son mari parmi les plus dangereux criminels de la capitale. Mais, la fin justifiant les moyens, elle n’avait guère le choix. Elle avait besoin d’un condamné sur le point d’être pendu et qui l’épouserait avant la fin de cette nuit".

"Une fois de plus, il maudit en pensée l’oncle de son ami Alex, sir Nathaniel Conant, le magistrat nommé à la tête des désormais célèbres coureurs de Bow Street, les premières forces de police professionnelles de Londres. Les « coureurs », comme on les surnommait non sans dédain, enquêtaient sur les crimes, suivaient des pistes, délivraient des mandats d’amener, des convocations, fouillaient des maisons en quête d’objets volés, surveillaient les lieux fréquentés par les malfrats… Conant avait contacté Ben, Alex et leur ami Seb environ un an plus tôt, quelques mois après leur retour des champs de bataille où ils s’étaient battus contre Napoléon. Tous trois venaient d’inaugurer le Tricorn Club, un cercle de jeu qu’ils avaient décidé de monter ensemble autour d’un feu de camp, en Belgique. D’après Conant, ce nouveau projet les plaçait dans une position idéale pour obtenir des renseignements au nom du gouvernement du roi. Les membres du club étaient issus de toutes les couches de la société".

"Georgiana Caversteed ? De quelle diablerie s’agissait-il ? Il n’avait encore jamais vu le visage de cette jeune héritière, connue de tous les Londoniens. Elle était riche à millions, disait-on, et pouvait choisir n’importe quel mari. Que fabriquait-elle à la prison de Newgate en quête d’un époux ? Benedict se retint de s’incliner, une réaction machinale en présence d’une dame de la haute société. Il fouilla sa mémoire. Le père de cette jeune femme avait fait fortune dans la marine marchande. Son héritage était considérable. On racontait que la sœur cadette était la beauté de la famille, mais ce devait être une déesse car Georgiana était à couper le souffle. Un visage rond et délicat, un petit nez droit et des yeux qui semblaient d’un gris foncé à la lueur des chandelles. La couleur de l’ardoise. Elle avait de longs cils soyeux et des lèvres pulpeuses. Soudain troublé, il sentit une onde de chaleur le parcourir. Son cœur s’emballa. Tandis qu’il la toisait, elle ne joua pas les ingénues, ne baissa pas la tête. Benedict n’en fut que plus intrigué. Son sexe durci lui fit regretter amèrement les circonstances de son abstinence forcée. Ce n’était pas le moment ni le lieu d’assouvir ses pulsions. Ils ne s’étaient jamais croisés dans un salon de la haute société. Sans doute était-elle arrivée dans la capitale après son départ pour la guerre, trois ans plus tôt. Elle devait donc avoir environ vingt-quatre ans, un âge auquel une femme était habituellement déjà mariée et mère de famille, surtout une riche héritière dotée d’une telle beauté. Quel homme repousserait une telle merveille ? Et pourtant, elle se trouvait dans cette chapelle de prison".

"Sous le regard insistant de ce scélérat, Georgie fut parcourue d’une onde de chaleur. Quelle question impertinente ! Et il jubilait, de surcroît. Après plusieurs années à fréquenter les salons de la haute société, la jeune femme était habituée aux œillades graveleuses. Mais pas une fois elle n’avait réagi physiquement à ces attentions. Pas une fois elle n’avait eu le souffle court comme en cet instant. Pieter grommela dans sa barbe et fit un pas en avant. Aussitôt, Wylde leva les mains en signe d’apaisement, un sourire narquois sur les lèvres. 
— Ça ne coûte rien d’essayer, railla-t-il. D’autant que ça me démange… 
— Il n’y aura pas de nuit de noces, affirma Georgie. Je veux votre nom, monsieur Wylde, pas votre… 
— Ma queue ? suggéra-t-il, hilare. 
— Votre compagnie, corrigea-t-elle, fière de sa froideur affichée. Le sourire de Wylde révéla des dents éclatantes. — Pourquoi pas ? Vous ne me reverrez plus. Nul n’en saura rien, à part ces charmants messieurs, bien sûr. Je suis certain qu’ils nous accorderaient quelques instants d’intimité. 
— Je refuse d’avoir… des relations conjugales… dans une prison crasseuse… avec un inconnu que je viens seulement de rencontrer".



 

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