jeudi 25 février 2016

L'homme de la Sierra

Pauline Libersart
Les éditions Laska (2013)
167 pages


Synopsis :
Amélie est une héritière du Sud, élevée pour être une véritable dame. Hélas, la guerre civile a tout détruit sur son passage : sa maison, sa fortune et surtout, sa famille. Tentant de rejoindre un oncle et une tante installés dans l’Ouest, elle se retrouve seule et sans argent au cœur de la Sierra Nevada. Un rancher taciturne lui offre alors sa protection, mais il y a un prix… Dallas vit seul sur ses terres, tel un paria. Quand le hasard met sur son chemin la jolie Amélie, il saisit sa chance d’obtenir un peu de compagnie. Il est loin de réaliser qu’il a affaire à une demoiselle de la bonne société… Lui qui est plus habitué aux bêtes qu’aux humains, comment réussira-t-il à la séduire, pas seulement pour une nuit, mais pour la vie ?

L’homme de la Sierra….Cela faisait un petit moment que ce livre me faisait de l’œil dans ma PAL, et comme je suis actuellement dans mon trip « romance historique », je me suis dit : Pourquoi pas ? Une histoire d’amour durant la conquête de l’Ouest, cela pourrait être sympa ?.....Et je confirme, ma lecture a été très agréable ! Même si l’histoire n’est pas très longue, elle n’en demeure pas moins addictive, palpitante et sans temps mort. J’ai pris plaisir à suivre les aventures d’Amélie, cette Belle du Sud qui se voit contrainte de vivre au milieu de nulle part dans une région sauvage où règne la loi du plus fort…Avec l’amûûûr au bout du chemin !



Car en plus d’être une histoire d’amour entre deux êtres que tout oppose  - et dont la probabilité de rencontre était quasiment nulle - dans L’homme de la Sierra, l’auteure française Pauline Libersart nous sert une sorte d’étude sociologique de cette époque, avec notamment l’accent sur les conditions de vie très difficiles des cowboys du Far West (et du désert sentimental subit par certains vu que les femmes n’étaient pas nombreuses là-bas…Et généralement, celles qui étaient disponibles étaient des « professionnelles de l’amour »). L’auteure évoque aussi dans son livre le sort des peuples indiens qui, eux, subissaient carrément une extermination en règle dans l’indifférence générale…..

Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-La force de caractère de la jeune Amélie Beaumont : En effet, cette jeune femme a grandit à Charleston, en Caroline du Sud. Elle a subit la défaite imposée par les Yankees avec la guerre de Sécession (qui s’est achevée deux ans auparavant). Son monde s’était alors effondré, comme pour toutes les familles argentées du « Vieux Sud », qui ont perdu leurs terres (et leurs esclaves). Son père est mort pendant la guerre, mais contrairement à sa mère - qui voulait continuer à vivre « comme avant » - Amélie a très vite compris qu’il ne servait à rien de se morfondre sur son sort et qu’il fallait accepter ce nouveau monde, avec ses nouvelles règles. D’ailleurs, elle n’attendra pas la fin de la guerre pour se mettre au travail, en tant qu’infirmière de guerre, pour gagner un peu d’argent….Sa mère aura beau clamer haut et fort à ses voisins et autre relations que sa fille faisait cela bénévolement, il est pourtant clair que leur situation financière de cette époque ne leur permettait plus d’avoir une vie oisive avec une flopée d’esclaves qui font tourner la maison à leur place….Malheureusement, le destin s’acharnera  encore sur la jeune femme après la guerre avec l’incendie de leur maison qui les contrait à quitter le Sud et, sur la route qui les mène à Sacramento (où vivent son oncle et sa tante), elles vont être victimes d’un terrible accident de diligence près de Reno, dans le Nevada….Accident qui va ôter la vie à sa mère….Si elle n’est plus très loin de Sacramento, Amélie doit alors se résoudre à rester quelque temps dans ce Far West très sauvage où elle a tout perdu. C’est à ce moment là qu’elle va rencontrer ce mystérieux cowboy taciturne qui lui propose de vivre chez lui, pour tenir sa maison (et implicitement, la jeune femme accepte – puisqu’elle n’a pas le choix - de lui tenir chaud la nuit dans le lit…). Du coup, dans la mesure où Amélie avait été élevée par ses parents dans le but d’être une jeune femme respectable, qui gardait sa virginité en vue d’un beau mariage avec un homme de sa condition sociale, on peut comprendre son désarroi et l’ampleur de son sacrifice. Amélie est néanmoins une battante, une jeune femme forte de caractère et déterminée et elle fera tout pour survivre quelque soit le sacrifice sur sa propre personne !

"-En attendant, il me faudra un travail. Vous ne connaîtriez pas quelqu'un qui cherche une infirmière, une garde-malade, voire une bonne à tout faire ?
Le cowboy prit un long moment pour réfléchir avant de prendre la parole. Dans la semi-obscurité, elle  ne voyait de lui que son profil à la barbe fournie sous le rebord de son chapeau.
-J'ai un ranch et j'ai besoin de quelqu'un....
-D'accord, répondit-elle un peu trop vite.
-Je vis seul, précisa-t-il en la fixant soudain. Amélie frissonna et n'eut pas besoin d'autres explications. L'offre était claire. Un instant, elle se reprocha d'avoir abordé le sujet, puis réalisa qu'il se serait imposé de lui-même à un moment ou à un autre. Cet homme était aussi seul que tous les autres dans cette région, avec les mêmes besoins, les mêmes désirs....".

"Si elle acceptait, elle aurait un refuge et un protecteur contre tous les autres. Un endroit où elle serait en sécurité jusqu'à ce qu'elle puisse contacter sa famille (....). Ce qu'il lui proposait avait un nom....mais elle se refusa à y penser de cette façon. Elle devait être pragmatique, dure. Elle devait faire ce qu'il fallait pour survivre. C'était une des leçons qu'elle avait retenues de cette maudite guerre. Subir un seul homme respectueux serait moins pénible qu'être à la merci de tous les autres".

2#-Dallas, le mystérieux cowboy : L’auteure Pauline Libersart distille au fur et à mesure des indices sur l’ancienne vie de Dallas, mais aussi sur ses ressentis quand il a aperçu Amélie la première fois…..Il cache des secrets, il parle peu. Sous sa barbe et ses cheveux hirsutes se cachent bien évidemment un beau mec, mais ça, Amélie le découvrira au fur et à mesure ! Quand elle accepte le deal avec ce cowboy, elle considère juste qu’elle aurait pu tomber plus mal. Il est intéressant de voir que l’auteure réserve des parties de son livre sur le point de vue de Dallas. Même s’il ne s’exprime pas beaucoup, nous ressentons l’attachement et, disons-le clairement, le coup de foudre qu’il a sans doute eu dès la première fois qu’il a posé les yeux sur cette charmante jolie petite blonde qu’est notre petite Amélie Beaumont !

"Il repensa à la première fois où il l'avait vue. Elle lui avait immédiatement plu. Elle était jolie, pas encore marquée par les rudes conditions de vie de l'Ouest. La veille, il n'avait pas supporté de voir ce sale type poser la main sur elle. La bagarre lui avait coûté une nuit en cellule à cause des dégâts au saloon, mais cela en valait la peine".

"-Dallas.
-Pardon ? Sursauta-t-elle, s'arrachant à sa contemplation.
-Mon nom.
-Dallas....Et quel est votre nom de famille ? S'enquit-elle quand elle se fut reprise, réalisant, étonnée, qu'elle avait dormi avec un inconnu.
-Juste Dallas. Il se tourna et la fixa droit dans les yeux. Amélie en eut le souffle coupé. Jusqu'à cet instant, elle ne s'était jamais confrontée à son regard. En fait, elle n'aurait été capable ni de décrire son visage, ni la couleur de ses yeux. Ses iris étaient....incroyables. Amélie n'avait vu de sa vie une telle teinte que pour des saphirs : un bleu tout à la fois soutenu et translucide. De véritables pierres précieuses. Et son regard était aussi dur que ces gemmes. Aucun sentiment, aucune pensée ne transparaissait de leurs profondeurs....abyssales. Surprise, elle mit quelques secondes à réagir et finit par murmurer : Je m'app....m'appelle Amélie Beaumont...". Un léger hochement de tête lui répondit. Un instant, elle crut qu'il voulait dire "je sais !" mais le geste voulait sans doute juste dire "oui".



3#-Le dangereux Far West : Car oui, même si l’histoire d’amour entre Amélie et Dallas est romantique à souhait et qu’ils vivent au milieu d’une merveilleuse nature sauvage, il ne faut pas oublier les divers dangers qui vont de paire avec ce cadre « idyllique » ! Il y a déjà les animaux sauvages comme les ours, mais aussi les bandits et autres desperados qui considèrent la ferme isolée de Dallas comme une sacrée aubaine pour commettre des vols et des agressions, surtout avec la jolie petite blonde qui y vit à l’intérieur….L’auteure nous fait bien ressentir les avantages et les inconvénients de vivre dans ce monde à la limite de la civilisation où il faut être courageux, habile de ses mains, savoir manier une arme à feu et savoir serrer les dents quand une blessure survient et qu’on n’a pas de médecins aux alentours (et pas de doliprane et autres médicaments modernes, of course !)….

4#-La romance entre Amélie et Dallas : Si leur rencontre charnelle arrive très rapidement, suite à leur deal conclu entre eux-deux, l’histoire d’amour et leur attachement grandit néanmoins peu à peu….C’est surtout intéressant de voir grandir cette romance du point de vue d’Amélie puisque, au départ, elle ne pensait pas rester longtemps auprès du cowboy (juste le temps de mettre un peu d’argent de côté pour aller à Sacramento où vivent son oncle et sa tante). Certains événements, certaines arrivées de personnes dans leur petite existence bien tranquille et bien rodée va évidemment bouleverser leurs habitudes et les pousser à reconnaître l’amour qui existe entre eux. Aaah ! L’amûûûr !

"Elle qui avait été courtisée par de véritables gentlemen...Elle dont le père avait refusé trois demandes en mariage parce que les prétendants n'avaient pas une lignée assez ancienne et prestigieuse pour une Beaumont de Charleston. Elle allait perdre son innocence dans les bras de ce cowboy mutique, un être grossier et sans éducation. Sa mère l'aurait qualifiée de "rustre". Tout cela à cause de la guerre. Quelle déchéance !".

Pour conclure, j’ai vraiment beaucoup apprécié L’homme de la Sierra pour son côté réaliste des conditions de vie des gens de cette époque au Far West (fin des années 1860). Le romantisme est également très présent, pour mon plus grand plaisir et c’est vrai que l’histoire d’amour entre Amélie et Dallas fait rêver ! Je suis ravie d’avoir sorti ce livre de Pauline Libersart de ma pile à lire et il va sans dire que je lirais sans doute très prochainement une autre de ses œuvres car j’ai été conquise par son style d’écriture, par la touche sensuelle apportées aux scènes olé olé et pour le côté dramatique et le suspens qui m’ont laissée sur le qui-vive durant toute ma lecture ! (Car oui, la vie est dure au Far West !).


Ma note : 17,50/20

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