samedi 14 novembre 2015

Nââândé !? Les tribulations d'une Japonaise à Paris

Eriko Nakamura
Les éditions Pocket 2013
123 pages 

Synopsis :
Nââândé ! ? (Ohlala mais que se passe t-il ! ?), c’est le cri que cette japonaise, vivant à Paris depuis dix ans, continue de pousser chaque jour ou presque dans le métro, chez le médecin, dans un dîner en ville, lors d’un mariage, d’un réveillon, face à un policier, au volant de sa voiture, sur la banquette d’un taxi, dans des toilettes publiques, en boîte de nuit ou chez le boucher. Le médecin ? Le « déshabillez-vous » de nos généralistes est une terrible offense pour les japonais : extrêmement pudiques, ils se font toujours examiner… en blouse. Le mariage ? Mais quelle pagaille : chez les japonais c’est une cérémonie réglée… à la minute près. Le métro ? Mais où sont-ils les jours de grève ? À Tokyo, quand les conducteurs débrayent, le trafic est… normal. Les toilettes publiques ? En découvrant le soin qu’ils apportent à ces lieux, on comprend que les nôtres leur paraissent… Nââândé ! ? Avec humour et sagacité, Eriko Nakamura fait le tour de nos façons d’être, en nous expliquant comment cela se passe chez elle. Pudeur, raffinement et volonté de ne pas se faire remarquer d’un côté. Individualisme, hédonisme et sans-gêne de l’autre. Le choc est nécessairement violent... au point que certains japonais visitant la capitale pour la première fois sont victimes d’une dépression violente : « le syndrome de Paris ».

Moi qui suis fan du Japon, et qui aurait du partir en voyage de noces là-bas (en avril 2011…..Et malheureusement, en mars 2011, il y a eu la catastrophe de Fukushima et du coup, le voyage a été annulé et nous sommes partis, mon mari et moi en Islande, en juillet 2011….Ce que je ne regrette pas car l’Islande est un pays MERVEILLEUX !!!!!!). Bref, j’ai tiré une croix sur le fait d’aller un jour au Japon (Comme Tchernobyl, d’ailleurs….). Néanmoins, je reste toujours fascinée par ce beau pays et par ses habitants parfois si loufoques !

Nââândé ?! qui, même si je ne parle pas le japonais, est une expression assez connue car elle est souvent employé dans les animés en VO (francisé dans le texte pour la prononciation, évidemment, et pour donner le ton avec lequel le dire !).  Ce livre, écrit par la japonaise Eriko Nakamura, nous explique donc le décalage culturel qui peut exister entre les français et ses compatriotes nippons. Eriko est mariée à un français, son « Charles-San » et vit dans notre beau pays depuis un certain temps. Mais lors de ses voyages en France et de son installation dans notre beau pays, elle en a poussé des « Nââândé ?! » tellement elle a pu être choquée par certains comportements bien français qui n’existent pas du tout au Japon !

« Pour tous mes compatriotes qui arrivent en France, les hommes comme les femmes, les bruyantes séances d’embrassades (se faire la bise) sont aussi choquantes que fascinantes. J’ai un ami japonais, brillant chercheur en sciences sociales à l’EHESS, qui a vécu une ‘épreuve’ très troublante….La première fois où une jeune française lui a fait la bise, il m’a raconté que lorsque elle a posé ses lèvres sur sa joue, il a senti une pulsion sauvage. Dix ans après, il se demande encore comment il a fait pour ne pas succomber à cette pulsion…Comment expliquer aux Français pourquoi mon ami n’est pas un psychopathe ou un fou qui a ressenti cette pulsion ? Cela vient du fait que pour les Japonais, le contact des corps est déjà un début d’acte sexuel dans la mesure om on ne se touche jamais. Le rituel de politesse se fait d’ailleurs à distance. En famille comme entre amis on ne s’étreint pas pour se montrer son affection. Du coup, les seuls contacts physiques sont involontaires. Ils ont souvent lieu dans les transports en commun et cela créé des réactions parfois violentes, difficiles à gérer. La direction du métro de Tokyo se demande d’ailleurs si le métro doit rester mixte… ».

Son livre est vraiment super intéressant, même si, je déplore le fait qu’elle prend des exemples principalement sur le comportement de certains parisiens qui « pètent plus haut que leur cul », comme les pseudos intellectuels qui discutent de philosophie lors de pompeux dîners ou encore les très célèbres serveurs mal aimables qui se comportent odieusement vis-à-vis des touristes qui auraient le malheur de passer la porte de leur restaurant……

« J’ai aussi découverts en allant au village l’après-midi qu’il y avait deux types de Français : les Parisiens, et les autres. C’est fou comme les gens sont plus gentils dès qu’on s’éloigne de Paris ! Parfois, je me demande si les Parisiens n’aiment pas aller à la campagne pour se prendre quelques doses de gentillesse et d’attentions avant de recommencer une semaine… ».

A part ces personnages caricaturaux, à la limite du grotesque (qui je pense jouent à fond leur rôle de connards), j’ai vraiment été enchantée par ma lecture et par les petites anecdotes qu’Eriko a vécu……En effet, nous ne voyons pas le monde de la même manière, c’est clair et net. D’ailleurs, Eriko l’évoque à un moment dans son livre, des occidentaux, ce seraient plutôt les anglais qui seraient les plus proches du caractère des japonais entre leur attitude « gaindée » et parfois leur exubérance….

Dans son livre, Eriko nous parle donc de divers sujets, que ce soit : la ponctualité lors de rendez-vous, la différence entre le métro parisien et le métro tokyoïte, l’éducation des enfants, les magasins, la police, les taxis, le look, les WC, le mariage, le maquillage, la médecine, la vie de couple, tout est prétexte à montrer la différence flagrante entre les français et les japonais.


Après avoir refermé ce livre, je me dis qu’il y a du bon et du mauvais dans chaque culture, c’est sûr !

Après, en y réfléchissant bien, je pense qu’en tant que personne individuelle, il vaut mieux vivre « à la française », notamment pour les femmes, qui, il ne faut pas se le cacher, dès qu’elles sont mariées au Japon, sont reléguées au rôle de mère au foyer….Attention, je n’ai rien contre cela (si on avait les moyens financiers, j’aimerais bien rester chez moi plutôt que d’aller travailler), mais  au Japon, elles ne deviennent que cela ! 

Leur vie de couple est, pour la plupart de ces femmes, inexistante, puisque leur mari passe la semaine au travail et partent souvent « en week-end » avec leurs collègues….C’est vraiment très étrange ! Et dans ce pays, cela ne choque personne si le mari part s’installer à l’autre bout du pays et laisse sa femme et ses enfants, seuls tout le temps…..Mais en même temps, il faut préciser, c’est écrit dans le livre, que ce sont les épouses qui tiennent le cordon de la bourse ! Les maris leur versent toute leur paye et ensuite, les femmes donnent un peu d’argent de poche aux maris….Etrange, non ? Ils sont maris et femme ou un gamin avec sa mère ?.....Après, on ne s’étonne pas que le Japon a l’un des taux de natalité les plus faibles du monde dans la mesure où les jeunes femmes rechignent donc à se marier et à fonder une famille car cela veut dire renoncer à la vie active et aussi, finalement, à l’amour ?.....Du coup, les amies japonaises d’Eriko lui envient son mari français car celui-ci se comporte avec elle comme un « vrai » mari, il l’aime, ils vivent leur vie ensemble….Comme n’importe quel couple « normal », vous me direz….Oui,c’est normal en France…..Mais pas au Japon….Qui n’est vraiment pas le pays de l’amour et du romantisme, c’est le moins que l’on puisse le dire !

« Au Japon, tout le monde loue sa robe de mariée. – Pas en France, mon amour. Je veux que tu en achètes une. Finalement, Charles-San a fait mieux : Il m’en a fait confectionner une. Mettre tant d’argent dans une robe qui ne sert qu’une fois….C’est avec ce genre de comportement que les Français entretiennent leur réputation de grands romantiques ».


Pour ce qui est de la « vie en société », par contre, c’est le modèle japonais qui est le plus enviable, notamment au niveau de la sécurité des personnes et service aux clients et usagers (le Japon a un très faible taux de criminalité)…..J’ai adoré le passage consacré aux grèves, par exemple ! En France, certaines professions font régulièrement grève (la SNCF, notamment) et c’est généralement pendant les heures de pointe, les départs en vacances….Bref, à des moments où ils vont pouvoir « faire chier » un maximum de monde…..Au Japon, ça ne se passe pas du tout comme ça…..Leur grève n’a rien d’une grève, croyez-moi !

«Je crois que c’est avec la grève qu’on mesure le mieux le fossé qui sépare nos deux cultures. A Paris, les grévistes marchent sur la chaussée pour bloquer la circulation et brandissent des drapeaux en essayant de faire le plus de bruit possible. A Tokyo, les grévistes marchent en silence, sur une petite partie de la chaussée pour gêner le moins possible la circulation et portent un simple brassard noir. La France est un pays de droits, de revendications alors que le Japon est un pays de devoirs et d’obligations ».

« Je sais : m’étonner de cela risque de me faire passer pour une égoïste, insensible à la dégradation des conditions de travail des fonctionnaires, mais en fait, je réagis en japonaise : chez nous, les dirigeants syndicaux qui inciteraient à une action de grève dans le service public peuvent être licenciés ou emprisonnés pour une durée de trois ans ! ».

Pour ce qui est du métro, je suis dubitative…..Il y a du bon et du mauvais dans chaque pays. Si vous souhaitez un métro propre, qui ne sent pas la pisse, qui arrive à l’heure, prenez le métro japonais…..Par contre, en tant que femme, il est préférable de prendre le métro parisien car au Japon, le fait que les gens soient tous serrés les uns contre les autres, il y a beaucoup d’hommes qui ont les mains baladeuses….D’ailleurs, il existe des rames exprès pour les femmes au Japon tellement le phénomène des « peloteurs » est énorme….Eriko l’affirme elle-même : elle préfère le métro parisien !

« Ne comptez pas sur moi pour critiquer le métro parisien : c’est là que j’ai commencé à aimer les Parisiens ! Ce qui m’a touchée, dès mes premiers trajets c’est l’attention portée aux femmes enceintes et aux mères avec des enfants en bas âge. Voir un homme en costume proposer à une nounou de porter sa poussette dans les escaliers est un vrai moment de bonheur ».

Pour conclure, j’ai passé un très bon moment de lecture avec cet ouvrage ! Certes, aimant la culture japonaise, je savais déjà beaucoup de choses par rapport à nos différences de comportement mais il y a aussi certaines anecdotes totalement inédites qui m’ont bien fait rire dans ce livre ! Les Japonais sont vraiment incroyables ! Et sans nul doute qu’à leurs yeux, nous, français, le sommes également !

« Un papier gras sur le trottoir c’est déjà inimaginable. Mais un papier gras sur le parvis de Notre Dame c’est…Ce n’est pas possible. Alors certains japonais de Paris ont décidé de prendre les choses en main, et ont créé une association qui s’est donné comme mission de nettoyer elle-même les lieux les plus visités par les touristes japonais. Au début, quand je racontais ça à mes amis français, ils ne savaient pas si je me moquais d’eux ou non. Mais c’est vrai ! L’association s’appelle Green bird et compte cent cinquante bénévoles qui s’activent vêtus d’un dossard vert et de gants jaunes avec une pelle et un balai aux abords de Notre-Dame, du Musée d’Orsay, ou de la Tour Eiffel ».

Ma note : 18/20


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