UN TOUT PETIT BOUT D'ELLES
[Zidrou - Raphael Beuchot]
Les Editions Le Lombard - 2016 - 104 pages
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Yue Kiang travaille sur un site d'abattage d'arbres pour une entreprise chinoise. Malgré l'interdiction formelle de fréquenter les filles du coin, Yue s'est lié à une congolaise, Antoinette, ainsi qu'à sa fillette Marie-Léontine. Un soir, dans la couche de sa belle amie, Yue découvre la blessure intime d'Antoinette: une cicatrice terrible, comme une injure à sa féminité. Combien sont-elles comme elle, exilées de leur propre corps, victimes d'une tradition aussi monstrueuse que tenace ? Combien ? Elles sont 150 millions de par le monde. Mais qu'importe à Yue et Antoinette ces chiffres qui donnent le vertige. Seul leur importe Marie-Léontine. Que jamais la fillette ne soit, à son tour, victime de cette tradition abjecte !
[chronique avec spoilers !]
Cette histoire met en lumière le sort des fillettes victimes de l’excision au nom d’une tradition abjecte et cruelle qui permet de soumettre les femmes en leur retirant, au mieux, le clitoris (à vif, avec une lame de rasoir…), et au pire, la totale, avec les petites lèvres retirées et ensuite, tout est recousu, toujours sans anesthésie, bien évidemment… (un schéma explicatif est dessiné à la fin de la BD).
J’ai été bouleversée par ma lecture, surtout à un moment précis avec une illustration qui m’a prise aux tripes (les deux petites filles dans les bras l’une de l’autre …)….J’ai relu deux fois cette BD et à chaque fois, ce passage, ce dessin, en particulier, m’a arraché des larmes….
Pour ce qui est de l’histoire en elle-même, nous suivons Yue, un chinois qui travaille au Congo comme beaucoup de ses paires et va rencontrer une fille du coin et être ainsi confronté à la tradition de l’excision. J’ai trouvé intéressant cette idée de romance entre un chinois et une congolaise. Déjà, parce que cela met en lumière qu’être raciste n’est pas réservé uniquement aux blancs quoi qu’en disent certains (il faut voir comment le chef chinois de Yue traite les employés congolais…aie aie aie…), et puis, en matière de mutilations sur les femmes, la Chine a aussi eu son lot avec l’ancienne tradition des « pieds bandés » (évoqué à juste titre à un moment dans le récit), bref, dans cette histoire, (et dans le monde en général), les hommes laissent faire (car ça les arrange, finalement) et ce sont les femmes, les aînées, qui sont chargées d’exciser les petites filles (comme le dit un gars du coin à Yue : c’est une affaire de femmes…).
Seulement voilà, Yue est tombé amoureux d’Antoinette, la belle congolaise, et il s’est pris d’affection pour Marie-Léontine, la petite fille d’Antoinette…..La jeune femme va se confier à Yue, via notamment les dessins qu’elles a faits, illustrant le souvenir de son enfance lors de ce jour où elle a été excisée, car Antoinette est douée pour le dessin et elle est passionnée par l’art et la peinture. Antoinette ne veut pas que sa petite fille subisse le même sort qu’elle, mais voilà, un jour, l’une des grands-mères du village va venir chercher Marie-Léontine pendant l’absence d’Antoinette…..
Il faut savoir que ce livre apporte des explications et des statistiques sur le nombre de femmes et de filles excisées dans le monde, ainsi que des témoignages de femmes qui ont subi cette acte barbare durant leur enfance…. Il faut savoir que c’est puni par la loi en France mais la tradition perdure tout de même, et finalement, on n’en entend peu parler dans les médias (les filles sont souvent excisés lors de vacances chez leur famille en Afrique, ni vu ni connu, j’t’embrouille…).
Personnellement, je suis horrifiée de voir que ce sont des femmes qui font subir ce sort à leurs propres « sœurs », tout cela parce que sinon, la petite fille ne « trouvera pas de mari », si elle a encore son clitoris intact (car évidemment, avoir un clitoris, ça te rend hystérique et nymphomane, c’est bien connu…Et puis, le but d’une femme dans la vie, c’est de devenir une épouse modèle, elle ne peut pas s’accomplir par elle-même et être indépendante financièrement et professionnellement, évidemment….). Oui, oui, nous sommes en 2018, et des gens ont toujours ce mode de pensée…..Quoi qu’il en soit, moi, je pleure pour ces petites filles qui subissent actuellement l’excision….Mais malheureusement, on ne peut rien contre la bêtise humaine et contre les gens qui restent « bloqués » sur une tradition….
Il me semble que la parole des anciens est hautement respectée en Afrique (continent où l’excision fait le plus de ravages) et du coup, c’est mort pour les petites filles actuelles car les grands-mères sont à fond pour l’excision…Mais j’espère juste que pour les générations à venir grâce à la nouvelle « révolte » des jeunes femmes de l’âge d’Antoinette, l’excision aura disparu, comme la tradition des « pieds bandés » en Chine qui a fini, elle, par s’éteindre au cours du XXème siècle….Il n’empêche, quand on y pense, il y a un paquet de pays où il ne fait pas bon naître fille, vous ne trouvez pas ?.....Evidemment, je vous conseille à 100% la lecture de cette BD et elle devrait même être lues dans tous les lycées et les collèges !
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