mercredi 4 juillet 2018

LA DERNIERE NYMPHE - Tome 3 : Fascini


Marjorie Burbaud
Les Editions Rebelle (2018)
334 pages 

Synopsis :
Si Enza Vergara avait su ce qu’allait devenir sa vie, elle aurait sûrement profité du temps où elle était encore la dernière nymphe de la ville. Aujourd’hui, il est déjà trop tard. Condamnée par sa propre ville, Enza passe du statut de nymphe traquée à celui de criminelle. Si le monde semble en avoir fini avec elle, elle va vite s’apercevoir que New York n’a pas dit son dernier mot. Entre le vent de panique qui se lève sur la ville pour décimer la population et le nouveau règne des vampires, les nymphes se retrouvent en plein cataclysme...Finalement, Enza aurez dû se méfier... car la paix à un goût de pomme empoisonnée. Prenez garde aux lueurs féeriques qui ondulent sous la surface et aux douces mélodies portées par le vent... les nymphes n’ont jamais été plus féroces.



La fin du tome précédent nous avait laissé sur un suspense insoutenable et c’est donc avec impatience que j’attendais la sortie de ce 3ème et ultime tome des aventures de la nymphe New Yorkaise, Enza Vergara.
Je dois dire que je n’ai pas été déçue par la manière dont l’auteure française Marjorie Burbaud a fait évoluer ses personnages, toujours dans la cohérence de leurs espèces respectives. En effet, quoi de plus compliqué qu’une histoire d’amour entre un vampire exterminateur de nymphes et une nymphe, qui est censée être la prédatrice de celui-ci…
Le début du tome nous offre un petit saut dans le temps de quelques mois puisque nous retrouvons Enza et ses « sœurs » nymphes en exil sur Tybee Island. C’est une petit consolation pour notre héroïne puisque celle-ci a donc échappé de peu à la peine de mort suite à son « parricide»…..Cela dit, même si Enza est belle est bien vivante, son moral n’est franchement pas au top. On pourrait même dire qu’elle traverse une grave crise de dépression…..Et la manière dont Eidon se comporte avec elle n’arrange rien, bien au contraire….

« Ce qui me dérangeait, c’était d’être la seule à m’en plaindre. Ce bracelet électronique était pire qu’un boulet, c’était une épée de Damoclès. Mon estomac se noua à nouveau en y pensant. Pendant les heures qui venaient de s’écouler, j’avais presque oublié que ce bracelet contenait un dispositif de géolocalisation qui contrôlait le moindre de mes déplacements. Il était relié à une puce placée sous la peau fine de ma nuque… Et ce minuscule mécanisme contenait un poison. Un seul pas hors de l’île et j’étais exécutée sur-le-champ ».
Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-Alerrha la goule : Oh que j’aime ce personnage !!! Seule vampire femelle existante (aux dernières nouvelles) sur la planète, notre jolie brune s’est prise d’amitié pour les nymphes et notamment Enza. Les échanges verbaux de ce duo de choc improbable sont vraiment plaisants à lire surtout qu’Alerrha a toujours des petites vannes à sortir ! J’ai vraiment hâte que l’auteure Marjorie Burbaud lui écrive sa propre histoire car c’est vraiment un personnage attachant et trèèèès charismatique !

« L’animal se mit soudain à frissonner, son pelage se hérissa, l’ombre d’une femme émergea de son corps, puis une créature en chair et en os finit par apparaître. Alerrha était une goule, la version féminine des vampires. Elle se nourrissait de cadavres et nous nous étions rencontrées dans un endroit charmant qui portait le doux nom de « cimetière ». Nous nous détestions cordialement, même si les évènements de ces derniers mois m’avaient prouvé que je pouvais compter sur elle. Alerrha était finalement toujours à mes côtés, d’une façon glauque et dérangeante »
« Pourtant, il y avait une chose que j’avais envie de souligner : j’avais encore été oubliée. Devrais-je me faire entendre et prendre le risque de devenir le nouvel ennemi public n°1 ? Jamais. Non, j’avais plutôt dans l’idée que si New York n’était pas prête pour moi, il me faudrait devenir un caméléon pour me fondre dans la société. En étais-je capable ? Si Enza avait pu survivre toutes ces années, je le pouvais aussi. Elle n’était qu’une nymphe et j’étais bien plus que ça… J’étais une goule. Et, croyez-moi, c’était un don de la nature. Si Eidon n’était pas constamment collé à Enza, j’aurais pu lui suggérer de créer la quatrième division de l’Assemblée consacrée aux goules. Néanmoins, je gardais cette idée dans un coin de ma tête. N’étais-je pas toujours là où personne ne m’attendait ? »
2#-L’atmosphère plus sombre : Cette saga a toujours eu un arrière-goût létal avec la chasse aux nymphes perpétuée par les vampires mais je dois dire que dans Fascini, nous sommes montés d’un cran. Eidon nous donne aussi sa part d’explication comme le fait qu’il se nourrit de nouveau à la veine des humains et n’a plus à prendre les pilules anti-nymphes…Les vampires deviennent plus « sauvages » et n’ont plus à s’inquiéter de leurs prédatrices naturelles, les nymphes….Attention  zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! Le climat d’intolérance qui flotte parmi la population new yorkaise fait froid dans le dos. Evidemment, en ce qui concerne les vampires, c’est plutôt logique qu’ils fassent tout pour mettre les nymphes hors d’état de nuire (ou plutôt, de leur nuire) mais voilà que les humains aussi s’y mettent…..L’attaque à l’hôtel et le massacre des nymphes – et la mort de Keri – en sont un parfait exemple….Evidemment, Enza le dit elle-même, elle a toujours été habituée, depuis sa plus jeune enfance, à « survivre » et à se comporter comme une proie traquée qui risque de perdre la vie à chaque instant, mais vraiment dans ce 3ème tome, la tension est à son paroxysme et le moins que l’on puisse dire c’est qu’Eidon ne fait pas grand-chose pour arranger les choses (du coup, je trouve que c’est bien fait pour lui quand Enza le mord au saut du lit, obéissant à ses instincts primaires….Belle revanche pour notre jolie blonde !).
"Enza avait été exilée à vie, ce n’était pas moi qui étais à plaindre. Pourtant, cette situation me rongeait et s’attaquait furieusement à mes nerfs. Cela faisait ressortir ma part vampirique bestiale qui, depuis des mois, ne cessait de prendre de l’ampleur. Le fait que je ne boive désormais que du véritable sang y était pour beaucoup… Et cela empirait quand je le prenais directement à la veine. Nous étions en train de nous détruire petit à petit. Nos rendez-vous ne servaient finalement qu’à nous massacrer l’un l’autre".
3#-Les divers rebondissements : Ouh la ! Il s’en passe des choses dans ce 3ème tome !!!! Déjà, il y a la mort de certains personnages dont je ne m’attendais pas du tout (Keri) mais en plus de cela, l'auteure arrive à toujours mettre ses héros à l'épreuve, avec cette intolérance latente envers les nymphes de la part des humains, bien que finalement, elles sont essentielles à leur survie....
Ce que je n’ai pas aimé dans ce livre : Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance !
1#-La manière un peu trop rapide avec laquelle les nymphes massacrées sont oubliées : En effet, lors de l’attaque surprise du groupe d’humains et de quelques vampires, dont Liam, le frère de Rory, l’amie humaine d’Enza, il y a eu beaucoup de victime parmi les nymphes, dont des filles qui avaient eu leur part de lumière dans le tome précédent….Du coup, l’évocation de leur mort en juste deux lignes me laisse un goût amer en bouche…Enza ne semble pas plus traumatisée que cela de la perte de ses amies, de ses « sœurs ». Idem pour Keri qui meure de manière si rapide et si bête…..Cela dit pour elle, je suis quand même contente qu’Enza ait une pensée pour elle, au moins pour se dire que la leader des nymphes est morte et pensant que tout allait s’arranger entre elle et les autres nymphes après leur période de « froid »….
2#La relation parfois un peu glauque entre Enza et Eidon : Depuis la mort d’ Emilio Cazanna, Eidon est devenu le nouveau grand chef de l’Assemblée…Certes, de cette manière, cela lui permet de tout contrôler (enfin presque…) mais cela aussi le met en statut de « bourreau » pour Enza…Même si ce rôle ne lui change pas grand-chose à ses habitudes (cela fait des années qu’il traque et extermine les nymphes), le fait qu’il ait cette position de force sur Enza m’énerve énormément….Attention zone spoiler ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! Personnellement, je trouve que les rendez-vous sexuels que se font Enza et Eidon tous les vendredis soir s’apparentent plus à un viol qu’autre chose......Eidon abuse de sa position pour soumettre la jeune femme et même s’il la voit dépérir semaine après semaine – elle maigrit énormément, se saoule dans les bars – notre sombre vampire semble « fermer les yeux » et ne s’occupe que de son plaisir sexuel….Oui, Enza aussi prend du plaisir, certes, mais après chaque rapport, lui se barre comme un voleur et la voilà détruite psychologiquement jusqu’à la semaine suivante…Oui, même si Eidon est décrit comme un homme immensément séduisant, le mâle alpha dans toute sa splendeur et qu’Enza est à priori sous la charme, il lui fait néanmoins subir une maltraitance psychologique bien dégueulasse et récurent….Si le virus Fascini ne s’était pas déclaré et qu’il n’avait pas fallu l’aide des nymphes avec leur sang comme antidote, qui nous dit jusquà quand Eidon se serait servie de sa « poupée nymphe gonflable » ??? Putain de merde, il ne faut pas oublier que leurs de leurs rendez-vous sexuels, ils ne font que coïter comme des bêtes, sans se parler !!!!! Même une pute, elle en dit plus à son client avant de lui faire sa petite affaire (enfin, j’imagine…Mais vous avez compris mon message, je suppose…)…Et le pompon de la relation hyper glauque entre Eidon et Enza c’est le moment où il lui tire une balle dans la tête……Certes, il a été obligé de le faire, et ses théorie de guérison avec l’eau qu’elle a été obligée d’avalée quand elle a été torturée par les autres abrutis s’est révélée exacte mais il a sacrément joué avec le feu !!!!!!!! Et si sa théorie n’avait pas fonctionné ou bien aurait laissé Enza comme un légume avec le cerveau endommagé à jamais ?!!!!! Bref, même si je trouve Eidon Callaghan très séduisant comme personnage il a quand même quelques côtés sombres qui ne me plaisent pas….Un peu comme les héros de dark romance (d’ailleurs, c’est pour cela que je ne lis pas ce genre littéraire car les mecs un peu trop « déglingués », très peu pour moi...Après, je m’énerve sur ma lecture….).
"Je détestais cette infâme routine. Pourtant, je n’aurais jamais pu continuer à vivre sans voir Enza. C’était égoïste de ma part, car c’était moi qui avais donné l’ordre de l’exiler à Tybee Island, après le verdict du jury. Toutefois, le pire était que je lui avais posé un bracelet électronique pour surveiller le moindre de ses déplacements… Et j’avais accepté qu’on lui pose une puce qui pouvait la tuer à l’instant où elle essaierait de quitter l’île".
"Comme chaque fois, aucun de nous ne parlait. Nous nous complaisions dans ce silence aussi réconfortant que malsain. Nous ne nous adressions pas la parole et restions dans la pénombre, comme si nous ne voulions pas vraiment réaliser qui nous étions. Pire encore, c’était comme si nous ne voulions pas comprendre à quel point ces rendez-vous clandestins nous étaient vitaux. Fébrilement, elle m’enleva mes vêtements de ses doigts tremblants. Ses lèvres étaient aussi craintives que brutales. Je posai ma paume sur sa nuque pour l’arrêter. Elle se figea dans mes bras, à mi-chemin entre la surprise et l’agacement. Son souffle chaotique balaya mon visage, ses cheveux en désordre chatouillèrent ma peau. 
— Enza… grondai-je. Doucement… Ma voix résonna dans le silence du bungalow. Elle ne répondit pas, choquée que j’aie osé briser notre mutisme. Elle semblait incertaine, hésitant entre m’embrasser et me repousser. Nous ne nous étions pas parlé depuis des mois. Nos rencontres s’étaient mises en place d’elles-mêmes. Un soir, j’avais complètement disjoncté de ne plus la voir et je l’avais rejointe, elle ne m’avait alors ni rejeté ni adressé la parole. Je l’avais imitée. Nous respirions nos propres souffles, j’inspirais son parfum à pleins poumons. Au bout de ce qui me parut être une éternité, elle finit par répondre : — Il paraît qu’être impatient c’est vouloir que la vie se termine plus vite. Sa voix explosa à mes oreilles. Cela faisait si longtemps que je ne l’avais pas entendue. Dire qu’elle m’avait manqué était un euphémisme. Cette nymphe était une drogue qui me rendait dépendant chaque jour davantage. J’aurais voulu lui demander le sens de sa réponse, mais elle captura mes lèvres avant que j’en aie eu l’occasion. Aussi troublé qu’agacé par sa précipitation, je lui rendis son baiser avec avidité. Chacune de mes étreintes lui prouvait à quel point je l’adorais, mais je la connaissais suffisamment pour savoir qu’elle ne se rendait compte de rien. Elle restait désespérément aveugle, murée derrière sa nouvelle identité de criminelle. J’aurais voulu la secouer jusqu’à ce qu’elle redevienne celle dont j’étais tombé fou amoureux, mais je ne voulais pas prendre le risque de briser l’instant. Avec elle, je marchais sur un fil tendu".
Pour conclure, Fascini, le 3ème et dernier tome de la saga d’urban fantasy de l’auteure française Marjorie Burbaud clos de manière efficace les aventures de notre jolie nymphe new yorkaise, Enza. Que ce soit au niveau des rebondissements (qui sont fort nombreux !) ou du message d’appel à la tolérance et au pardon transmis par le récit, j’ai vraiment passé un très bon moment de lecture ! L’histoire d’amour plus que compliquée (c’est le moins que l’on puisse dire !) entre Enza et Eidon, le vampire tueur de nymphe, nous amène sur les montagnes russes des émotions tellement leur relation est étrange et finalement un peu « contre-nature ». Dans la mesure où nous suivons alternativement les pensées de chacun d’eux, cela nous permet de comprendre un peu leur comportement respectifs car évidemment, ni l’un ni l’autre ne veut vraiment admettre qu’ils sont des âmes sœurs et parfois le comportement d’Eidon fait froid dans le dos….Un autre personnage tire son chapeau du jeu c’est la goule Alerrha, qui nous fait l’honneur de conclure le livre dans un épilogue punchy, à l’image de sa personnalite volcanique….L’auteure nous annonce ainsi de manière subtile qu’elle compte en faire l’héroïne principale d’un futur livre et c’est évidemment avec beaucoup de plaisir que je me jetterai dans cette lecture car très franchement, Alerrha dépote un max, je suis vraiment fan d’elle !


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