lundi 15 août 2022

Comme dans un roman d'été [Chronique express]


Emily Henry
Les Editions Cherche Midi (2021)
Sortie Originale 2020
400 pages

Synopsis 
Augustus Everett est un écrivain " sérieux ", considéré comme le nouveau génie des lettres américaines. January Andrews ne compte plus les bestsellers publiés, mais dans un tout autre registre : la comédie romantique. 
Si elle multiplie les happy endings, Augustus réserve à ses personnages des destins épouvantables. Aux antipodes l'un de l'autre, ils vont néanmoins se croiser et se lancer un défi. Elle passera l'été à écrire un grand roman littéraire, lui s'essayera à une comédie sentimentale. Afin de trouver l'inspiration, January organise pour Augustus des excursions romantiques, et lui l'emmène à la rencontre de personnes à l'existence brisée. Chacun devra achever son roman avant la rentrée et, bien évidemment, aucun des deux n'imagine tomber amoureux. Bien évidemment.

[CHRONIQUE EXPRESS]

"Comme dans un roman d'été" est un livre assez addictif ! Certes, l'histoire d'amour n'a rien d'originale et est assez lente à démarrer (à cause de la personnalité du héros, Augustus, dit "Gus", et du fait que January, notre héroïne, a peur de lui montrer ses sentiments car elle pense qu'il est un homme qui fuit toute "attache sentimentale"). Cependant, il y  a une atmosphère particulière dans ce livre, notamment par le fait que January nous fait part de toutes ses pensées et que celles-ci sont souvent très intelligentes, avec une pointe de poésie.

Nous sommes ici dans une romance contemporaine très bien écrite. Les personnages secondaires sont aussi très intéressants, notamment Pete et Maggie, mais aussi les parents de January, enfin surtout son père, qui est pourtant décédé quand le récit commence mais est "présent" durant toute l'histoire car c'est justement à son décès que la jeune femme réalise que celui-ci lui cachait un lourd secret et surtout lui avait légué une maison au bord d'un lac dans une petite ville du Michigan : North Bear Shores....

Et c'est dans cette petite ville qu'elle va se retrouver voisine avec un homme qu'elle a connu quand ils étaient étudiants et ils sont maintenant tous les deux auteurs reconnus, dans deux styles différents. January écrit des romances alors que Gus c'est plutôt des livres sombres qui manquent souvent de "happy ends" comme c'est le cas dans tous les livres de la jeune femme (normal pour de la romance !).

Evidemment, January "souffre" d'un manque de confiance en elle, considérant (à tort, à mon humble avis) que le fait qu'elle écrive des histoires d'amour la classe, en tant qu'écrivaine, dans une catégorie inférieure par rapport à Gus.....

"Comme dans un roman d'été", même s'il n'est pas un coup de coeur, m'a beaucoup touchée car il aborde de nombreux thèmes "sérieux", notamment comment gérer le deuil, la trahison, les secrets de famille ou encore une enfance malheureuse....

J'ai apprécié la personnalité de January, qui est aussi lumineuse que Gus est sombre et "brisé"....Heureusement ces deux-là vont construire une amitié, une complicité "entre écrivains", se lancer des défis respectifs et leur histoire d'amour - qui finira par arriver, vous vous en doutez - est vraiment fascinante, au fur et à mesure des révélations au cours des chapitres...

Je vous recommande cette jolie romance et cette quête du bonheur. On termine "Comme dans un roman d'été" d'Emily Henry avec le sourire aux lèvres et un sentiment de bien-être et d'accomplissement intérieur. 

Ah oui, juste un petit bémol : l'ex-petit ami de January s'appelle Jacques car il a des grands-parents français...Et sa soeur s'appelle Brigitte.....Pour des jeunes gens qui ont dû naitre au début des années 90, ça fait trèèèès bizarre ces "vieux" prénoms français qui ne sont - pour le moment - pas revenus à la mode !!!! (contrairement à Louise, Jules etc...)....Mais bon, vu que le livre a été écrit par une américaine, on lui pardonne....

Quelques citations 

"Je me suis raclé la gorge et j’ai tenté d’afficher un sourire affable. L’homme s’est penché en avant pour prendre une nouvelle lampée de bière et j’ai lancé dans sa direction : « Désolée de vous avoir dérangé ! » Il a fait un vague signe de la main, puis a tourné la page du livre qu’il avait sur les genoux. « Qu’y a-t-il de dérangeant dans le fait d’évoquer les footjobs comme monnaie d’échange ? » a-t-il répondu d’une voix rauque et blasée. J’ai fait la grimace en cherchant une réponse, n’importe quelle réponse. L’ancienne January aurait su quoi dire, mais mon esprit était aussi vide que mon écran chaque fois que j’ouvrais Microsoft Word. Bon, admettons que je sois devenue une sorte d’ermite depuis un an. Et que je ne sache pas trop ce que j’avais fait de cette année, étant donné que je n’avais pas rendu visite à maman, ni écrit de livre, ni fait des numéros de charme à mes voisins. « Enfin bon, ai-je lancé, j’habite ici, maintenant. » Comme s’il avait lu dans mes pensées, il a fait un geste de désintérêt et a marmonné : « Faites-moi signe si vous avez besoin de sucre. » Mais, à l’entendre, ça sonnait plutôt comme : Ne m’adressez plus jamais la parole sauf si ma maison est en feu, et encore, vérifiez d’abord que vous n’entendez pas la sirène des pompiers. Bonjour, l’hospitalité du Midwest. À New York, au moins, nos voisins nous avaient apporté des cookies quand nous avions emménagé. (Ils étaient sans gluten et assaisonnés au LSD, mais c’est l’intention qui compte.) « Ou si vous voulez l’adresse du magasin fétichiste le plus proche », a ajouté le Grincheux. Mes joues se sont enflammées sous l’effet de la gêne et de la colère et les mots sont sortis avant que j’aie eu le temps de réfléchir : « J’attendrai que votre voiture démarre et je vous suivrai. » Il a eu un rire rêche et surpris mais n’a toujours pas daigné se tourner vers moi. « Enchantée de faire votre connaissance », ai-je conclu d’un ton cassant. Puis je me suis précipitée vers les portes coulissantes pour me réfugier dans la maison, où je serais probablement contrainte de me cacher tout l’été. « Menteuse », l’ai-je entendu marmonner avant de refermer brusquement la porte".

"J’ai foncé vers la fenêtre et je me suis penchée à l’extérieur. Les fenêtres du Grincheux étaient également ouvertes, et j’ai distingué dans la cuisine éclairée un amas de gens tenant des verres, des tasses et des bouteilles, des têtes négligemment posées sur des épaules et des bras passés autour de cous tandis que tous chantaient avec ferveur. La fête battait son plein. Apparemment, le Grincheux ne haïssait pas l’humanité entière, mais seulement moi. J’ai mis mes mains en porte-voix autour de ma bouche et j’ai hurlé par la fenêtre : « EXCUSEZ-MOI ! » Après avoir réessayé deux fois sans succès, j’ai claqué la fenêtre et fait le tour de l’étage pour fermer les autres. Quand j’ai eu fini, on aurait encore dit que R.E.M. donnait un concert sur la table du salon. Et puis, instant magique, la chanson s’est arrêtée et les bruits de la fête – rires, bavardages et tintements de verres – se sont transformés en un murmure statique. Et puis ça a recommencé. La même chanson. Encore plus fort. Oh, putain. En remettant mon jogging, j’ai envisagé d’appeler la police pour tapage nocturne. Ainsi, je pourrais feindre l’innocence auprès de mon voisin. Oh, ce n’est pas moi qui ai appelé l’agent ! Je ne suis qu’une damoiselle de vingt-neuf ans, et non une vieille fille revêche qui ne supporte pas les rires, la danse et le chant ! Mais depuis que j’avais perdu mon père, j’avais de plus en plus de mal à supporter les incivilités".

"Avant de quitter l’université et le Michigan pour devenir jeune fille au pair (projet bientôt abandonné), Shadi me demandait tous les soirs des nouvelles de l’Homme diaboliquement sexy, parfois abrégé en HDS. J’étais légèrement éprise de lui et de sa prose. Jusqu’au jour où nous nous sommes parlé pour la première fois en cours. J’étais en train de distribuer ma dernière nouvelle pour la soumettre à la critique, et quand je la lui ai tendue, il m’a regardée droit dans les yeux – la tête penchée avec curiosité – et m’a dit : « Laisse-moi deviner : ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Pour changer. » Je n’écrivais pas encore d’histoires sentimentales – je n’avais même pas encore réalisé à quel point j’adorais lire des histoires sentimentales, ce dont j’ai pris conscience deux ans plus tard, quand maman a rechuté et que j’ai eu besoin de me changer les idées –, mais j’avais indéniablement une vision romantique d’un monde bon où rien n’arrivait par hasard et où seuls comptaient réellement l’amour et les relations humaines".

"Sauf si on écrivait des nouvelles optimistes. Dans ce cas, on était nettement plus susceptible d’être sa rivale pendant quatre ans, de le googliser de temps à autre pour se comparer à sa carrière pendant les six années suivantes, puis de tomber nez à nez avec lui le jour où on était habillée comme une pom-pom girl à une fête de charité". 

"Bref, ai-je enchaîné en essayant de ne pas rougir, tu ne m’as toujours pas dit ce que tu écris, Everett. Je suis sûre que c’est quelque chose de vraiment révolutionnaire et important. De totalement original et nouveau. Comme l’histoire d’un mec blanc désabusé qui parcourt le monde seul, incompris et froidement libidineux. » Il a laissé échapper un rire sec. « Froidement libidineux ? Par opposition aux inclinaisons sexuelles si délicatement contenues de ton genre littéraire ? Dis-moi ce que tu trouves le plus fascinant à décrire : les pirates amoureux ou les loups-garous enamourés ? » Et voilà que je bouillonnais de nouveau. « Eh bien, ce n’est pas tellement de moi qu’il s’agit, mais de ce que veulent mes lectrices. Ça te plaît de faire de la branlette intellectuelle avec un cercle de fans d’Hemingway ? Tu connais tous tes lecteurs par leur prénom ? » Il y avait quelque chose de libérateur dans la nouvelle January".

"Existe-t-il une façon digne de réagir quand on tombe nez à nez avec la maîtresse de son défunt père ? Si c’est le cas, je suppose qu’elle ne consiste pas à bredouiller « Il faut que j’aille aux toilettes », à arracher des mains de votre hôtesse la bouteille de vin que vous lui avez donnée et à vous précipiter dans le couloir à la recherche des W-C. Mais je n’ai pas trouvé mieux".


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