Les Editions Addictives (2022)
582 pages
Synopsis :
Cassandre et Joshua se détestent. Leur seul lien : travailler pour la même maison d’édition. Absolument tout le reste les oppose. Mystérieux, charismatique, Josh incarne le cliché du surfeur et ne connaît des relations que l'aspect superficiel et le plaisir charnel. Quant à Cassandre, indépendante, réservée et éternelle romantique, elle veut croire que l’amour existe encore et qu’il suffit parfois d’un coup de pouce du destin pour tout faire basculer. Suite à un défi pour l’un et une volonté de changement pour l’autre, ils vont s’inscrire sur le même site de rencontres sans le savoir et apprendre à se connaître à l’aveugle. Ils vont se dévoiler et s’apprécier… du moins, jusqu’à ce qu’ils découvrent leur identité respective !
[CHRONIQUE EXPRESS]
Judi Stark, c'est l'alliance de deux auteures, Ludivine Delaune et Julie-Anne Bastard, qui, alternent, chacune leur tour, le point de vue de Cassandre ou de Joshua.
Le récit se situe à Biarritz, ville très prisée par les surfeurs....D'ailleurs, notre héros l'a été avant qu'un drame familiale ne lui provoque la "phobie de l'eau".
Alors, oui, j'ai bien aimé cette histoire d'amour "enemies to lovers", même si, une fois que nos héros ne se détestent plus, le récit devient plus classique....
Cela dit, que ce soit du côté de Cassandre, notre héroïne, ou de Joshua, notre héros, chacun a vécu un drame....
Cassandre est orpheline, elle a perdu ses parents et est fille unique....C'est une jeune femme qui continue de vivre, ou de survivre....Heureusement, elle a des "vieilles" voisines sympas, une meilleure amie qui la motive, et une collègue de boulot un peu loufoque (on se croirait dans un épisode d'Ally McBeal quand Cassandre va bosser)....En parlant de boulot, elle travaille dans une Maison d'Edition....Elle a un patron "pervers" (mais qui la laisse "tranquille...), une supérieure "connasse" (je connais ce genre de personne au niveau professionnel....) et elle a aussi une collègue sympa qui aime "mettre de la musique sensuelle" quand un des employés débarque dans l'open space....Cet employé, Joshua, Cassandre le "déteste"....C'est le genre de beau gosse, sûr de lui, qui croit que tout lui est dû......
Cassandre sort d'une relation compliquée et est incitée par sa meilleure amie pour s'inscrire sur un site de rencontre.....Elle va finalement tomber sur un homme qui va beaucoup lui plaire, sans savoir à quoi il ressemble....Il s'avère que cet homme est son collègue, celui qu'elle méprise, le "beau gosse" Joshua.....
Du coup, cette première partie du récit était vraiment sympa à lire, vu que nous avions les points de vue respectifs de nos deux héros, qui ne savent pas à qui ils s'adressent et qui semblent se "mépriser fortement" dans leur vraie vie (sur leur lieu de travail).
Le passé de Cassandre est émouvant, la relation qu'elle entretient avec ses proches est touchante (ses parents, sa meilleure amie, ses voisines, sa collègue).
C'est une fille attachante, et sensible, même si parfois, elle me tapait un peu sur les nerfs, comme le fait d'avoir le temps de préparer des pâtisseries chaque jours pour les offrir à ses collègues ou ses voisines (en même temps, elle n'a pas de gamins ni de vraie "vie sociale", donc elle a du temps à perdre....).....Donc, oui, j'ai bien aimé Cassandre, mais parfois son côté "Miss Perfection" m'a fait un peu levé les yeux au ciel....
Le héros, Joshua, quant à lui, est le queutard dans toute sa splendeur...Il a un groupe de potes, tous aussi beaux que lui, et ils vont "chasser" tous les week-ends dans les boites de nuit....Joshua a aussi une voisine, avec qui il s'envoit en l'air.....Bref, le mec qui s'éclate dans sa vie...Mais qui cache finalement une profonde blessure : la mort de son frère lors d'un accident de surf.
La manière dont nos deux héros vont finalement découvrir la "vérité" l'un sur l'autre a été très attrayante et évidemment, à partir de ce moment-là, on ne peut lâcher le livre pour savoir comment va se passer leur relation vu que dans le "milieu professionnel" ces deux-là semblent se détester.....
Pour conclure, j'ai passé un moment sympa de lecture avec Cassandre et Joshua, même si le "soufflet est un peu retombé" dans la dernière partie du récit (si on reste dans les termes de cuisine, vu que Cassandre est une bonne pâtissière...).
J'ai apprécié le fait que le sujet du deuil (de plusieurs manières) soit abordé....
Un seul bémol....Je trouve la psychologie de la petite soeur de Joshua peu crédible....Elle a seulement 12 ans et pourtant, ses réflexions sont vraiment très matures...Ayant un fils de 13 ans, une fille de 10 ans, et deux nièces de 12 ans, je m'y connais en ados....et je doute qu'ils réagissent tous de la même manière que la petite soeur de Joshua.....Les auteures auraient dû la vieillir un peu plus (14-15 ans), cela aurait été plus crédible (à mon humble avis....).....Après, c'est chacun son expérience face à des ados de cet âge.....Pour les lectrices qui n'ont pas d'enfants, cela devrait "passer crème".....
Ah oui, et puis, j'ai appris une chose dans ce livre, c'est que Daniel Balavoine était enterré dans un cimetière de Biarritz ! Moi qui suis née en 1978 et qui suis fan de musique, je l'ignorais totalement ! Donc, bon point pour les deux auteures pour m'avoir appris cette anecdote ! (d'ailleurs, elles font souvent des références à la culture pop dans ce livre !).
"Love after work" n'est pas le livre de l'année mais reste un bon moment de lecture...(et personnellement, j'ai surtout apprécié la partie où ils se détestaient dans la "vraie vie" et ignoraient qui ils étaient réellement sur leur site de rencontre....).
Quelques citations :
"Dans le coin de la pièce, je la devine plus que je ne la vois. Le nez plongé dans son sac à main, les cheveux retombant en cascade autour d’elle, Cassandre Langlois ne daigne pas m’accorder la moindre attention. Tout l’opposé de la blonde qui l’accompagne. Coudes posés sur la table, menton dans la main, bouche ouverte et regard brillant. En plus de devoir la supporter visuellement au boulot toute la semaine, je dois me fader Cassandre Langlois le week-end. J’exècre ce genre de nana qui se la joue intellectuelle mystérieuse et bien trop mature pour s’intéresser à la vie du bureau. Toujours fourrée dans les basques de la patronne, à pianoter sur son ordinateur du matin au soir et à converser uniquement des dossiers. Ma devise « profiter de la vie, ne pas se prendre la tête et s’éclater » semble être aux antipodes de la sienne".
"– Ferme la bouche, tu vas gober une mouche… Lorsque Mila s’apprête à faire un commentaire débile, je l’encourage d’un regard noir à se taire. Elle vient de tomber en pâmoison sur le gang des beaux gosses, et qui se trouve en son centre ? Joshua, le type le plus insupportable de la maison d’édition pour laquelle je travaille. Pourquoi ne suis-je pas surprise de le voir entouré de gars qui ont l’air tout droit sortis d’un magazine pour midinettes ? Si ses copains jettent des regards autour d’eux, conscients de leur pouvoir de séduction sur la gent féminine, Monsieur Je-me-crois-irrésistible avance directement vers le comptoir, fixé sur le menu. Je parie qu’il se donne le genre du mec indifférent, justement pour que toutes les filles se jettent sur lui. Stratégie ridiculement banale mais terriblement efficace, à voir les œillades que les nanas lui adressent. Écœurant. Mesdames, un peu de dignité, ça se voit comme le nez au milieu de la figure que ce mec est imbu de lui-même, égoïste et narcissique".
"Installée sur ma terrasse, j’offre mon visage au soleil, tartinée de crème indice cinquante. Les taches de rousseur attirent les coups de soleil comme un aimant si je n’y prends pas garde. Et il n’y a rien de pire que de supporter les railleries au bureau le lundi. En ce début de mois de septembre, les températures sont suffisamment agréables pour que, dès que l’occasion se présente, je sorte un transat et enfile mon maillot de bain. Si la vue sur la mer est la première raison pour laquelle j’ai opté pour cet appartement, cette immense terrasse en est sincèrement la seconde. J’aurais aimé garder la maison familiale, mais chaque objet, chaque pièce me ramenaient trop douloureusement à eux. Je l’ai vendue à un jeune couple qui envisageait d’avoir un tas d’enfants. Avec mon héritage, j’ai acheté ce grand appartement au dernier étage, avec son immense terrasse aménagée. Voir la mer à chaque instant m’apaise".
"– Un ventre bien rempli met un homme dans ton lit, enchérit Thérèse. – Mais je me suis inscrite sur Begin, avoué-je. Contre toute attente, Madeleine ne semble ni étonnée ni sceptique. Contrairement aux autres mamies, qui m’adressent un regard interrogateur. – Tu as bien raison, c’est d’ailleurs comme ça que j’ai rencontré mon Jules, raconte Madeleine, un sourire jusqu’aux oreilles. Cela fait deux fois en cinq minutes que mamie 2.0 me laisse stupéfaite. Sous nos regards insistants, elle relate sa quête sur les réseaux sociaux, après le décès de son mari".
"Cette satanée curiosité s’éveille de nouveau et m’enjoint à ouvrir cet autre message en provenance d’une certaine Pomme-qui-rit. Il me faut plusieurs lectures pour assimiler la profondeur qui en émane. Deux phrases. Dix-huit mots. Et un sourire naissant sur mes lèvres. S’il fallait être déçu pour être agréablement surpris, Pomme-qui-rit en serait le parfait exemple. « “Homme libre, toujours tu chériras la mer !" Pensez-vous que pour mieux voir il faille fermer les yeux ? » Citer Baudelaire en première phrase et parvenir à le faire coïncider à la perfection avec ma présentation est un exploit qui requiert toute mon attention. Ce poète français est incontestablement l’un de mes préférés. Mon regard bifurque sur les étagères qui recouvrent le mur de mon salon et y trouve directement une partie d’étagère qui lui est consacrée. L’œuvre Les Fleurs du mal jouxte Les Paradis artificiels. Charles est un jongleur de mots et de sentiments. J’ai conscience qu’apprécier la littérature classique du XIXe siècle est atypique pour un surfeur musclé, jeune et sportif, mais pour autant, c’est une passion qui me vaut d’avoir déniché un boulot parfait. Et d’être percuté par ce message".
"Cette satanée curiosité s’éveille de nouveau et m’enjoint à ouvrir cet autre message en provenance d’une certaine Pomme-qui-rit. Il me faut plusieurs lectures pour assimiler la profondeur qui en émane. Deux phrases. Dix-huit mots. Et un sourire naissant sur mes lèvres. S’il fallait être déçu pour être agréablement surpris, Pomme-qui-rit en serait le parfait exemple. « “Homme libre, toujours tu chériras la mer !" Pensez-vous que pour mieux voir il faille fermer les yeux ? » Citer Baudelaire en première phrase et parvenir à le faire coïncider à la perfection avec ma présentation est un exploit qui requiert toute mon attention. Ce poète français est incontestablement l’un de mes préférés. Mon regard bifurque sur les étagères qui recouvrent le mur de mon salon et y trouve directement une partie d’étagère qui lui est consacrée. L’œuvre Les Fleurs du mal jouxte Les Paradis artificiels. Charles est un jongleur de mots et de sentiments. J’ai conscience qu’apprécier la littérature classique du XIXe siècle est atypique pour un surfeur musclé, jeune et sportif, mais pour autant, c’est une passion qui me vaut d’avoir déniché un boulot parfait. Et d’être percuté par ce message".
"M. Sollaqui paraît, lunettes de soleil vissées sur le nez, et l’air blasé digne d’un adolescent de quinze ans. Si Gabriel Fayard est loquace, Joshua semble encore plus taciturne qu’à l’ordinaire. C’est bien simple, sa voix, je ne l’entends jamais, ou sinon c’est pour un bonjour lâché du bout des lèvres. – Lui, il a la gueule du mec qui n’a pas lu toute la nuit. – Ouais, la gueule du pauvre type qui va vanter ses exploits à ses petits potes et après, tout ce petit monde se tapera dans les mains. – Il est tellement sexy, roucoule Sylvie. Alors que le duo s’approche de nous, ma collègue lance « Hot Stuff » de Donna Summer en sourdine. – Arrête ça, lui lancé-je entre les dents, le plus discrètement possible. – Autant profiter du spectacle, gazouille-t-elle. Elle me répond par un sourire qui ne m’indique rien de bon, elle allume son ventilateur dans la direction de Joshua. Ce dernier avance, le regard droit devant lui, au son de la musique et le souffle d’air faisant voler ses cheveux autour de son visage. On se croirait dans une mauvaise série, il ne manque plus que le ralenti ridicule pour que la scène soit parfaite. Un ricanement me monte aux lèvres, qui meurt lorsque le regard émeraude croise le mien et que mon envie de meurtre refait surface. Oui, je te déteste, pauvre type. Heureusement, il s’éloigne en direction de son bureau et disparaît hors de ma vue. Joshua est à l’opposé de mon surfeur ; c’est un peu prématuré de dire mon surfeur, mais c’est un fait. Dans les mots de Sea transparaissent sa sincérité, sa culture, son humour, ses émotions".
"Dans les intonations graves de sa voix, je perçois parfois des notes que j’ai l’impression de connaître déjà. Comme si son timbre m’était familier tout en étant d’une nouveauté agréable. Curieux mélange qui, au lieu de me déranger, m’interpelle et m’attire. Si j’appréhendais ce rendez-vous, tel un gamin face à sa première interrogation orale à l’école, il me faut l’avouer, je suis particulièrement à l’aise. Au fur et à mesure du repas, je retire des parties d’une armure invisible qui me rassure".
"Et ce n’est pas le message de Pomme que je viens de recevoir qui va m’aider à me concentrer. « Et si tu devais revivre une journée, laquelle choisirais-tu ? » Je clos quelques secondes mes paupières et me laisse envahir par une bouffée de mélancolie. J’ai dix-huit ans, le soleil est à son zénith, je porte le caleçon de bain hawaïen offert par ma mère, celui avec les fleurs bleues. Alignés sur le sable, Mathis, Flavio, Max, James, Peter et moi sommes prêts à bondir dans l’océan. Nos planches maintenues contre nos flancs, du bonheur qui déborde, de la bonne humeur, des rires, de l’amitié et surtout le visage radieux de mon petit frère qui m’accompagne pour la première fois. S’il me fallait revivre une unique journée, nul doute que ce serait celle-ci, ce moment de pur bonheur, meilleur qu’un verre de whisky Redbull, qu’une galoche, qu’un match remporté sur la console. La magie de plonger dans l’eau avec eux, de prendre les vagues, de glisser, d’être en adéquation parfaite avec l’instant présent. Je choisirais cette journée parce que je sais que je ne pourrai jamais la revivre sans lui… « Une journée à la plage de Marbella, le soleil, les hautes vagues, mes potes, mon frère et le surf. Cela peut paraître bénin ; pourtant, ce souvenir est tout l’inverse. Il est formidable, inoubliable et cruel. » « Pourquoi cruel ? » Le moment de vérité, celui où je ne peux plus me défiler et dois avouer l’impensable. Je n’ai jamais osé employer ce mot, quand je parle de Mathis ; j’exècre qu’il lui soit associé et pourtant, il me faut l’affronter comme un homme. « Parce que mon frère est mort… » La douleur cuisante de l’aveu déchire ma poitrine, déverse des millions de lames aiguisées dans mon cœur déjà endommagé. Putain, que c’est douloureux de se livrer. « Tu veux que je te raconte la meilleure journée de ma vie ? » « Oui. » Oui, tout mais pas cette insoutenable sensation de perte qui vrille mon estomac. J’ai besoin qu’elle se livre à moi, qu’elle mette ses tripes sur la table et me fasse confiance comme je viens de le faire…".
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