jeudi 12 mai 2022

ICE PLANET BARBARIANS - Tome 1 : Ice planet barbarians [Chronique express]


Ruby Dixon
Les Editions BMR (2021)
Sortie originale 2015
200 pages

Synopsis :
On pourrait penser qu'être enlevée par des extraterrestres serait la pire chose qui puisse m'arriver...Mais la situation s'empire lorsque ces extraterrestres rencontrent des problèmes avec leurs navires et décident d'abandonner leur cargaison de femmes humaines - moi y compris - sur une planète faite de glace. Nous ne sommes pas équipées pour survivre dans ce désert hivernal. Pour nous sauver, je pars dans la neige dans l'espoir de trouver de l'aide. Et j’en trouve ! Mais il s’agit d’un grand et imposant extraterrestre à cornes bleues qui se présente de façon plutôt… surprenante. Sa poitrine vibre en ma présence et Vektal dit que c'est parce que je suis sa compagne, sa femelle choisie. Il m'aidera, moi et mon peuple, à survivre, mais je ne suis pas sûre qu'il accepte de me laisser partir.

[CHRONIQUE EXPRESS]

J'ai débuté ce livre sans rien en attendre et finalement, j'ai été agréablement surprise ! Alors, certes, il y a des "facilités scénaristiques" qui tombent toujours au bon moment mais dans l'ensemble, le récit est prenant !

Déjà, l'auteure ne nous épargne rien par rapport au calvaire que vivent les jeunes femmes enlevées par de monstrueux extraterrestres "qui font du commerce d'êtres vivants" (et qui n'ont rien à voir avec les futurs héros masculins de cette saga, qui sont d'une autre race extraterrestre et qui vivent tranquillement sur leur "petite planète enneigée"...).

Toutes les humaines enlevées ont 22 ans, et viennent, à priori, principalement des Etats-Unis (mais je sais qu'il y a aussi d'autres nationalités, en tout cas, il y a deux françaises....).

La saga comporte un certain nombre de tomes déjà sortis en VO, et comme c'est courant dans ce genre littéraire, chaque tome est consacré à une héroïne, qui va trouver l'amour de sa vie....

Dans ce cas présent, les "mâles" héros, les Sa-khui, sont des extraterrestres avec des cornes (un peu comme les béliers), ils sont grands (souvent 2 mètres) et ont la peau bleue (plus ou moins foncée, certains ont la peau qui tire plus vers le gris...), ils ont aussi une queue...Je ne détaille pas plus mais ils sont assez "humanoïdes" pour pouvoir plaire à des humaines. 

En fait, il faut les imaginer un peu à la "Avatar", ils ont également une manière de vivre très "rustique" (comme dans Avatar...) et surtout, la planète où vont atterrir en urgence nos humaines n'est pas non plus la planète d'origine de ces "mâles"....

On va apprendre qu'une expédition de "tourisme" de cette espèce extraterrestre s'était échouée sur cette planète enneigée il y a presque 300 ans et qu'ils avaient - à cette époque - une grande technologie - d'ailleurs, un vaisseau, maintenant plutôt transformé en "grotte" est toujours présent et sera fort utile car l'ordinateur vocal donnera des infos intéressantes quand les humaines les découvriront....

Et cet ordinateur a aussi la capacité de faire apprendre la langue des uns et des autres par un simple "passage de scanner" (d'où mon évocation de facilité scénaristique) mais bon, cela, ça arrive vers la fin de ce tome donc pour le moment, nous nous retrouvons avec une bande de filles qui ont subit le pire avec leurs "kidnappeurs" (des petits "verts" et des gros "ballons de basket" - violeurs, à leur temps perdu) qui ont, fort heureusement perdu la vie, soit tués par l'héroïne, soit par le crash du vaisseau/prison (au passage, des filles aussi sont mortes durant le crash...).

Il faut savoir aussi qu'en plus des filles prisonnières dans une cellule et traitées comme des animaux (toutes en pyjamas car à chaque fois enlevées la nuit), il y avait aussi des "mets de choix", six femmes tenues en "hibernation" dans des couchettes/cabines/sarcophages (donc, pour ces six filles, elles, elles ne sont encore rendu compte de rien et vont se réveiller quand "le pire sera passé" mais ça, c'est une autre histoire....). 

Les trois premiers tomes (déjà sortis en France au moment où j'écris cette chronique) concernent des filles qui ont été tenues prisonnières, maltraitées, affamées et mises dans des conditions d'hygiène à la limite du supportable (il fallait qu'elles fassent toutes caca dans le même seau....Vous imaginez l'odeur.....Et pas de douche, rien....Et une alimentation dégueulasse, juste de quoi être maintenue en vie....).

Georgie est l'héroïne de ce premier tome. Elle est l'avant-dernière à avoir été enlevée, pour une destination que les autres filles ignorent sauf qu'elles vont être vendues comme esclave sexuelle (ou comme nourriture ?).....

Elle va vite se lier avec Kira (qui a été la seule à avoir "subit" une greffe spéciale à l'oreille, une sorte de gros coquillage qui permet de faire la traduction de leurs geôliers)....Mais évidemment, cet appareil est douloureux (et n'a pas été "incéré" de la manière la plus douce)....

Il y a aussi Liz, la "dure à cuire" du groupe, qui est assez cynique, mais c'est Georgie qui va prendre les choses en main et se battre réellement....C'est elle aussi qui va sortir en repérage dans la neige après leur crash sur la "planète enneigée".

Une fois dehors, elle va donc finir par tomber sur Vektal, le beau extraterrestre bleu avec des cornes, musclé et sexy (dans son genre....Car ils ont moins de doigts aux mains et aux pieds, par exemple, ils ont aussi une espèce de fourrure et des yeux luisants)....Pour les yeux luisants, cela est dû au Khui, une espèce de vers qui vit sur cette planète et qui leur permet, à lui et son peuple, de survivre (pour l'air ambiant et aussi la température froide).....Et justement, ce petit vers est capable de faire résonner les "couples compatibles" et devinez ce qui va arriver quand il va tomber sur Georgie ???? 

Et oui, c'est "son âme soeur" et cela tombe bien car ils ne sont maintenant plus qu'une trentaine de survivants (presque 300 ans après le crash de leur vaisseau), et il ne reste seulement quatre femelles (en âge de se reproduire)....Donc, l'arrivée de ces humaines est inespérée pour eux (même si elles sont un peu différentes physiquement mais pour l'essentiel, ça fonctionne pour la reproduction, si vous voyez ce que je veux dire...).

Ce premier tome a été sympa à lire car il pose les bases de l'arrivée de ces humaines dans ce nouveau monde, très hostile au niveau météorologique, mais aussi pour leur accueil dans la tribu, comme de potentielles futures mères dans un peuple qui s'éteint peu à peu....

J'ai aimé la manière dont ils essayent de communiquer au départ, car évidemment, aucun des deux ne se comprennent (il faudra attendre que Georgie découvre l'ancien vaisseau et se fasse "scanner" la langue de son Vektal...Et lui et certains de ses compagnons feront de même en se faisant "scanner" la langue anglaise....).

Vektal va ensuite amener ses compagnons (et Georgie) avec lui pour récupérer les humaines dans le vaisseau, en prenant de quoi les transporter et les protéger du froid.....Avec un peu de chance, une fois que les humaines vont avoir, elles aussi le khui (le vers parasite dans leur corps), elles résonneront peut-être aussi pour certains de ces guerriers, signe qu'ils pourront fonder une famille....

Evidemment, vous l'aurez compris, Georgie va aussi résonner pour Vektal quand le "vers symbiote" va s'introduire en elle (je vous passe les détails mais imaginer un vers qui s'introduit dans une plaie sur votre corps....)...Mais c'est ça ou alors la mort car les humaines non plus ne sont pas "faites" pour résister longtemps dans l'atmosphère particulière de cette planète...

Sinon, attention, l'auteure s'est fait plaisir avec les scènes sensuelles ! Il y en a vraiment beaucoup, parfois certaines étaient très cocasses car évidemment les habitudes des uns ne sont pas celles des autres et puis, les sa-khui ont certaines particularités physiques - je n'en dis pas plus.... (ah oui, et le fait de s'embrasser avec la bouche et la langue ne faisait pas parti de leurs habitudes....Pour le moment....).

Bref, c'était un 1er tome sympa à lire et qui m'a donné envie d'enchaîner sur la suite, surtout que le prochain tome concernera Liz, la rebelle, grande gueule et le sa-khui qui va devenir son âme soeur est décrit comme un mâle peu aimable....Cela va sans doute faire des étincelles entre eux-deux, surtout la manière dont se termine ce tome-ci....Bref, j'ai vraiment envie de lire ce qui va arriver pour ce nouveau couple.....Et voir aussi si les "méchants extraterrestres" vont revenir sur cette planète où leurs "collègues" ont disparu avec la "marchandise humaine".....Wait and see.....

Quelques citations :

"Mais quand j’ai voulu bouger, je n’ai pas pu. Ça m’avait tiré de mon sommeil. Je louchai devant la lumière qu’on me projetait dans les yeux. Quelqu’un était… en train de m’éblouir ? Je clignai des yeux essayant de me concentrer avant de réaliser que je n’étais plus en train de rêver. Je n’étais plus chez moi. J’étais… ailleurs. La lumière s’éteignit et un oiseau commença à gazouiller. Je plissai les yeux, essayant de les ajuster à l’obscurité ambiante, et je remarquai que j’étais entourée de… choses. Des choses avec de grands yeux noirs, des grosses têtes accompagnées de petits bras pâles. Des petits hommes verts. Je hurlai. Comme jamais auparavant. L’un des aliens pencha son visage au-dessus de moi et le gazouillement d’oiseau se fit de nouveau entendre. Ses lèvres n’avaient même pas bougé. Quelque chose de chaud et sec s’enroula autour de ma bouche, m’étouffant, une odeur âcre emplit mes narines. Oh, merde. Est-ce que j’allais mourir ? Frénétiquement, je bougeai ma mâchoire, essayant de respirer alors que le monde devenait de plus en plus sombre autour de moi".

"— On est toutes un peu déboussolées quand on se réveille. Ils droguent tout le monde à leur arrivée. Ça ira mieux bientôt. Je m’appelle Liz. — Georgie, je lui réponds, prenant le temps pour prononcer correctement mon prénom. Je continue de toucher mon bras. C’est quoi, ça ? — Eh bien, commence Liz, tu as été kidnappée par des aliens, mais je suppose que c’est assez évident. Je fais un sourire ironique, du moins j’essaie. Je vais probablement finir par me baver dessus encore une fois. Liz se déplace à mes côtés. — OK, laisse-moi voir si je peux te donner les grandes lignes. Toutes celles qui sont là, – elle fait un geste en direction des autres personnes entassées dans la cage, toujours endormies – elles ont été enlevées, elles aussi. Toutes des terriennes, la plupart américaines. Je crois qu’il y a une Canadienne par là. Tu as vingt-deux ans ? — Oui ? — Je m’en doutais. On a toutes le même âge. Laisse-moi deviner : tu vis seule, pas de grossesse, pas de problème de santé connu, aucune famille proche ? — Comment… ? — On est toutes dans le même bateau, répond Liz d’une voix sombre. Chaque fille qu’ils choisissent a la même histoire. Sauf Megan. Elle était enceinte de deux mois. Ils l’ont dégagée comme si ce n’était rien. J’imagine que, où qu’ils nous emmènent, ils ne veulent pas de filles enceintes. Juste jeunes et en bonne santé".

"Ouais. Alors… ils ont pris Kira et elle a raconté qu’ils continuaient à lui parler et qu’elle ne les comprenait pas, alors ils l’ont prise par l’oreille et lui ont plus ou moins agrafé une sorte d’oreillette qui traduit les choses. Mais je suppose qu’ils n’avaient qu’un seul de ces trucs, donc elle doit traduire pour le reste d’entre nous. — A… Agrafé ? répété-je, horrifiée à cette simple pensée. — Ouais, ils l’ont marquée, comme une vache, grimace Liz. Désolée, je suis d’Oklahoma".

"Le lendemain, je commence à glaner des informations sur le vaisseau spatial. Je comprends qu’il n’y a pas de toilettes. On dirait que nos ravisseurs n’ont pas entièrement réfléchi aux conséquences d’un kidnapping en masse de jeunes filles. On doit se débrouiller avec un seau dans un coin, d’où l’odeur d’égout. Dignité ? Disparue. Rien de tel que faire la queue pour chier dans un seau pour te faire perdre le peu d’humanité qu’il te reste. Aussi, je découvre que la nourriture est constituée de petites briques qui ressemblent à des feuilles d’algues séchées et ont le goût de la merde. On en a deux par jour. L’eau ? Distribuée par une sorte de robinet qui me fait penser à une mangeoire à gerbilles fixée au mur".

"— C’est de la neige ? — C’en est, répond joyeusement Liz. Et comme nous ne sommes pas en train de mourir asphyxiées en respirant du méthane ou autre, il y a aussi de l’oxygène. L’espoir fait vibrer mon cœur tandis que je regarde le plafond. Je me retourne vers Liz, pleine d’excitation. — Tu crois qu’on a atterri sur la Terre ? — Je ne pense pas, dit Kira, sa voix douce interrompant le cours de mes pensées. Je lui jette un coup d’œil tandis qu’elle grimace. Elle a l’air assez mal en point, tout le côté gauche de son visage fin est violet et ensanglanté. Un de ses yeux est rouge, la couleur tranchant sur sa peau pâle. Et elle boite, son genou est gonflé. — Comment sais-tu qu’on n’est pas sur Terre ? rétorqué-je, refusant de perdre espoir pour l’instant. Combien d’endroits peuvent avoir de la neige et de l’oxygène ? On pourrait être, je ne sais pas, au Canada ou ailleurs. — Sauf que j’ai entendu à travers ce truc, dit-elle en désignant l’oreillette ensanglantée toujours attachée à sa tête. Ils nous déposaient dans un « endroit sûr » pour nous récupérer plus tard. Liz croise les bras et fronce les sourcils".

"La bonne nouvelle, c’est que le vent n’est pas aussi fort que je le pensais. Au contraire, la neige tombe en flocons épais et silencieux, les deux soleils brillent au-dessus de nos têtes. Deux soleils. Deux putains de soleils. Je lève les yeux vers eux pour m’assurer que je ne me suis pas cogné la tête dans l’accident et que je vois maintenant double. Je confirme, il y en a bien deux. Ils ressemblent presque à un huit, avec un soleil plus petit et beaucoup plus terne qui recouvre pratiquement un plus grand. Au loin, il y a une énorme lune blanche. — Pas la Terre, informé-je les filles. Merde. Je lutte contre l’envie folle de pleurer tellement je suis déçue. J’avais tellement envie de grimper et de voir un bâtiment au loin qui me dirait « Oh, ce n’est que le Canada ou la Finlande. » Ces deux soleils ont détruit cet espoir".

"Une boule de neige me frappe immédiatement au visage. Je bafouille, grimace et titube en arrière. Elle m’a frappée en plein sur le nez, mon visage me lance et mes yeux me piquent. — Recule, bordel ! hurle une voix. Une autre boule de neige est lancée dans ma direction, je l’esquive. Vektal pousse un cri de rage et me tire derrière lui, la fureur illuminant ses yeux. Devant moi, il sort de sa veste deux lames courtes. — Attends, crié-je. Les filles, c’est moi ! Georgie ! Silence. — Georgie ? crie une voix, celle de Liz apparemment. Tu es vivante ? — Oui, je réponds en criant. Arrête de lancer des boules de neige ! — C’est quoi ce lion, Georgie ? crie une autre fille. Rappelle-le ! — C’est pas un lion. C’est un indigène, et c’est mon ami. Il s’appelle Vektal. Je lui tapote le bras, essayant de l’apaiser puisqu’il a toujours l’air de vouloir sauter à l’intérieur du vaisseau et d’assassiner tout le monde. — C’est bon, mon grand. Vraiment. Je suis tellement soulagée d’avoir retrouvé les autres vivantes que je pourrais pleurer de joie. J’essaie d’avancer, mais Vektal me bloque à nouveau. Je lui lance un regard exaspéré. — Vraiment. C’est bon. C’est mon peuple. Des humains. — Humains, répète-t-il en montrant ses doigts. — C’est ça. À contrecœur, il s’écarte. Je repousse la bâche et je me baisse, au cas où une autre boule de neige me tomberait dessus. Quand rien ne se passe, je jette un coup d’œil à l’intérieur. Cinq filles en guenilles me fixent, le visage sale. Liz, Kira, Megan, Tiffany et Josie sont encore en vie, mais elles ont une sale tête. Leurs yeux sont creux, leurs cheveux sont ternes et elles tremblent en me regardant. Je les trouve toutes très belles. Je suis si heureuse de les voir que je fonds en larmes".

"Il y a cinq autres humains, en plus de la morte dans la neige. Toutes des femmes. Mon esprit ne parvient pas à comprendre cela. Toutes des femmes. Je pense à ma propre tribu, avec plus de vingt mâles non accouplés. Il n’y a que cinq femmes adultes avec nous. Il n’y en a jamais eu beaucoup. Maylak était ma seule compagne d’âge non accouplée, et nous avons été amants pendant un temps, jusqu’à ce qu’elle résonne pour Kashrem. Ils ont maintenant une petite, Esha, ce qui porte à six le nombre de femelles dans notre tribu. La plupart de nos guerriers ne rêvent que de la résonance d’une compagne. Et j’ai trouvé la mienne. Il y en a cinq autres qui pourraient résonner pour l’un des nôtres. Cinq de plus qui pourraient ramener notre petit peuple mourant à la vie. Nous vivons longtemps, grâce à nos khui, mais c’est une vie longue et solitaire. Pour ma part, j’ai passé une grande partie de la mienne à envier les autres avec leurs âmes sœurs. Maintenant, il y a Georgie. Et Georgie apporte l’espoir avec elle. Je ne sais pas comment elle et sa tribu sont arrivées ici, ni pourquoi elles sont si mal équipées pour survivre. Nous ne communiquons pas assez bien. Avec le temps, j’aurai des réponses. Pour l’instant, je dois chasser et nourrir mes petits humains fragiles. J’ai peur qu’elles soient trop faibles pour voyager jusqu’aux grottes tribales. Aucune d’entre elles n’a de khui. Elles tomberont malades rapidement et mourront. Il est trop tôt pour apercevoir de la faiblesse chez ma Georgie, mais je l’ai nourrie et gardée au chaud. Les autres n’ont pas la même étincelle qu’elle dans les yeux. Elles ont l’air fatiguées. Fragiles. L’une d’elles a déjà un râle dans les poumons".

"— L’homme à vos côtés est une forme de vie sakh, modifié pour vivre sur cette planète. Oh. — Il ne vient pas d’ici ? Vektal serait-il également un étranger ? — Les Sakh sont originaires d’une planète qu’ils appellent Kes, ou maison dans leur langue. Elle se trouve à environ 3,2 millions de parsecs de votre planète Terre. La planète où vous êtes est à 5,8 millions de parsecs de votre planète Terre. Ça a l’air… loin. Je me sens défaillir. J’ai tellement de questions. Je ne sais pas quoi demander en premier. — Je… c’est quoi cet endroit ? — Selon les langues, cette planète porte plusieurs noms. Votre espèce n’a pas encore découvert ce système solaire. Notre emplacement actuel est la deuxième planète de ce système solaire binaire. Ce monde particulier complète une orbite autour des soleils tous les 372,5 jours et tourne sur son axe toutes les 27,2 heures. La température actuelle est… — Froide. Ouais. Je sais. J’agite une main parce qu’aucune de ces informations ne m’aide. — Donc s’il n’est pas d’ici, dis-je en désignant Vektal, comment est-il arrivé là ? — Ce vaisseau était à l’origine un croiseur de plaisance sakh, poursuit le vaisseau d’une voix mélodieuse. En raison d’une tempête solaire, l’équipage a été contraint de s’abriter sur la planète habitable la plus proche, sur laquelle vous vous trouvez actuellement. Ils ont rencontré des difficultés techniques. — Des difficultés techniques ? Dit comme ça, cela semble absurde. Vraiment ? — Ce vaisseau est assigné à un pilote spécifique. Le pilote a eu une insuffisance cardiaque congestive, aucun second n’était disponible pour piloter le vaisseau. Un signal de détresse a été lancé mais il n’a pas fonctionné. Aucun autre signal n’a été envoyé. Alors le peuple de Vektal est aussi bloqué ici ? — C’était quand ? demandé-je me sentant un peu étourdie par cette nouvelle information. — Cet évènement s’est produit il y a 287 ans. Veuillez noter que lorsque le système fait référence à des « années », le calcul est basé sur l’orbite de cette planète, contrairement à la planète Terre. Et les années sont plus longues ici. Mon Dieu. C’est avec des yeux rond comme des billes que je regarde Vektal. Il m’observe avec curiosité, l’impatience se lit sur ses traits. Je sais qu’il a des questions, et ma conversation avec l’ordinateur ne fait probablement que lui en donner davantage. Mais j’ai encore d’autres interrogations, alors je joue mon égoïste un peu plus longtemps. — Combien de ces hommes se sont écrasés ici ? — Le journal de bord fait état de 62 passagers et d’un pilote. Beaucoup sont morts avant d’avoir accepté le symbiote. Cela attire mon attention. — Un symbiote ? — La définition de « symbiote » est un organisme qui vit en symbiose avec un autre organisme. Je commence à avoir la chair de poule. — Attendez… Vektal a un… organisme en lui ? — Cette planète a un élément dans son atmosphère qui est toxique pour les humains et les sakhs. C’est un élément gazeux similaire à l’azote qui n’a pas encore été découvert par les humains, car il n’existe sous aucune forme sur Terre. Votre corps n’est pas compétent pour le filtrer de l’air. Lorsque vous atteignez des niveaux toxiques de cet élément, votre corps s’éteint lentement. Le sakh à vos côtés existe en symbiose mutualiste avec une créature qu’ils appellent un khui. — Khui, dit Vektal, qui prend soudain la parole. Il pose une question à l’ordinateur, qui lui répond immédiatement. Puis il hoche la tête et me regarde. — Je lui ai dit que je vous expliquais comment le khui fonctionne dans l’atmosphère, m’apprend l’ordinateur. Je me frotte le front. — Je ne comprends pas. Donc on doit avoir cette chose, ce khui en nous sinon… on meurt ? — Le khui améliore le corps de son hôte et apporte des changements subtils afin de lui permettre de prospérer dans un environnement autrement hostile. Ceux qui se sont retrouvés échoués sur cette planète ont tenu huit jours sans cette relation symbiotique".

"— Le khui modifie son hôte. Les khui-symbiotes génétiquement modifiés sont altérés pour s’adapter à des températures plus basses et pour filtrer les produits chimiques de l’air que le corps ne peut pas traiter. Il améliore le rétablissement de l’hôte après une blessure ou une maladie et assure la procréation d’une progéniture viable. Oh, mon Dieu. Donc je dois attraper un ténia résistant au froid, ou je meurs. — Et si je prenais ce khui pour l’instant et qu’en partant, je l’enlève ? Est-ce que je peux faire ça ? — Une fois implanté, le khui et l’hôte sont dépendants l’un de l’autre. Le khui ne peut exister en dehors de son hôte plus de quelques minutes ; l’hôte, quant à lui, aura besoin d’un khui de remplacement pour survivre".

"Je jette un coup d’œil autour de moi, juste à temps pour voir Raahosh se fondre dans l’ombre, une lance dans les bras. Il me regarde attentivement, mais pas d’une manière effrayante. Si je devais faire des paris, je dirais que Raahosh va faire des pieds et des mains pour trouver une partenaire humaine. Cette pensée me met mal à l’aise. Ça doit être difficile dans une tribu pleine d’hommes célibataires et solitaires…".

"Rapidement, j’ai un bon groupe de chasseurs qui se portent volontaires. Je ne suis pas surpris, ce sont tous des mâles non accouplés et les jeunes. Les plus âgés sont peut-être habitués à leur solitude, mais les autres, comme moi, ont faim d’une compagne. Le jeune et musclé Salukh viendra. Aehako qui rit. Le calme Pashov et son frère Zennek. La tête brûlée Rokan, à la langue vive et aux sens encore plus vifs. L’habile Zolaya et l’austère et sinistre Haeden, dont la triste histoire sert de leçon aux autres. Je soupçonne qu’au matin, Raahosh se joindra à nous. C’est un excellent chasseur, malgré toute son amertume. Maylak voudra y aller, mais Kashrem craint que l’expédition ne soit trop longue pour elle et le kit dans son ventre. Elle restera derrière. Une fois les chasseurs choisis, je donne l’ordre de trouver des rations – cuites sans épices. Des outres pour les femmes humaines. Des couvre-pieds chauds. Des cuirs supplémentaires. Des couvertures, autant que les hommes peuvent en porter. Nous nous dirigerons directement de l’étrange vaisseau-grotte des humains vers une chasse au sa-kohtsk. Là, nous procurerons aux femmes leur khui".

"C’est alors qu’elle me raconte une histoire incroyable : elle a été enlevée de chez elle alors qu’elle dormait et s’est retrouvée dans le ventre du vaisseau-grotte. — Nous sommes les extras. Celles qui sont dans le mur sont la cargaison originale. Je ne comprends pas ses mots, mais je comprends ce qu’elle veut dire. — Vous êtes deux fois plus que prévu. — J’espère que tu n’es pas fâché ? Son visage est en proie à l’inquiétude. Fâché ? Je suis en extase. Qu’il y ait cinq femmes, jeunes, en bonne santé, et aptes à s’accoupler semble déjà être un cadeau des dieux. Six de plus est une prime impensable. J’ai envie de tirer Georgie contre moi et de la serrer dans mes bras pour avoir sauvé ma tribu de ce qui semble être une extinction certaine. Au lieu de cela, je dois rester calme. — Six femelles de plus… Elles seront effrayées et confuses, et devront être traitées avec soin. Elle acquiesce".

"Tes hommes devront être prudents avec elles. Elles n’ont pas été retenues en captivité comme nous. Pour autant que nous le sachions, elles croient qu’elles sont toujours chez elles, dormant dans leur lit. Tout cela va être très étrange et très effrayant pour elles, continue-t-elle en me serrant la main. Nous ne voulions pas les réveiller tant que nous n’étions pas décidées. Tu comprends ce que je dis ? Oui, je comprends. Georgie m’annonce que, aussi réticentes que soient ses amies à rejoindre notre tribu, ces femmes pourraient l’être encore plus. Il faudra du temps et de la patience pour les intégrer à notre peuple. — Je comprends. — Certaines d’entre elles pourraient rejeter les… khui, dit-elle, sa bouche ayant du mal à former le mot. Cela doit aussi être leur choix. Ce n’est pas quelque chose que je comprends, mais tant que Georgie l’accepte de son côté, je me fiche de ce que font les autres. Je presse sa paume contre ma bouche. — Je te laisse t’en charger. Elle acquiesce, un air sinistre sur le visage. — Je vais chercher les autres".

"Mon regard se concentre sur les femmes au loin. Tiffany est debout, ce qui est merveilleux, un mâle sa-khui s’occupe d’elle. Presque toutes les femmes semblent être escortées par un homme de la tribu de Vektal, et le son d’un léger ronronnement emplit l’air. — Sont-ils tous… — Pas tous, répond Vektal. Mais certains. Je lui lance un regard inquiet. — Ils vont aborder les choses lentement. Je te le promets, m’assure-t-il avant de grimacer. Tous, sauf un. — Un ? Je regarde la mer de visages et je remarque qu’il en manque un familier, une grande bouche. — Où est Liz ? — Raahosh s’est enfui avec elle comme un metlak avec une proie. L’irritation assombrit ses traits. — Il devra répondre de ses actes devant la tribu à son retour. Mon corps tout entier se crispe. — Est-ce qu’il va lui faire du mal ? — La blesser ? Vektal me lance un regard incrédule. — Il l’a prise pour s’accoupler. Lui faire du mal est la dernière chose qu’il souhaite. Je me sens presque désolée pour Raahosh. Il ne sait pas dans quoi il s’est embarqué en prenant Liz. Elle n’est pas prête à laisser un alien la malmener. — Je suis sûre que Liz aura des choses à dire à ce sujet. Il fait un sourire en coin. — J’en suis certain. Je ne serais pas surpris si Raahosh nous ramenait Liz, me dis-je. Elle n’est pas de tout repos. — On peut aller les chercher ? — Raahosh est le meilleur de mes chasseurs. S’il se cache, nous n’arriverons pas à le trouver. Nous pouvons simplement attendre qu’ils reviennent. — Laisse-moi deviner, dis-je ironiquement. Pieds nus et enceinte ? Il semble perplexe face à mes paroles. — Pourquoi aurait-elle les pieds nus ? — Laisse tomber. Je tapote son torse et je me retrouve complètement fascinée par le jeu de ses muscles. — Oh, waouh. Vektal, je me sens très… — En accord avec ta résonance ? demande-t-il. Sous ma caresse, il se met à vibrer plus fort, ce qui fait dresser mes tétons, et mon propre khui lui répond."




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