samedi 27 février 2021

Le feu des forges [Chronique express]

Penny Watson-Webb
Les Editions Harlequin (2021)
368 pages


Synopsis :
Norvège et France, 909
Jodelle a toujours tenu à son indépendance. Mère, amante hors des sacrements du mariage et forgeronne à Lisieux, elle possède un caractère aussi volcanique que son activité. Aussi, face aux hommes de Rollon, le terrible Viking venu occuper les terres cédées par le roi Charles, elle est bien déterminée à résister en fabriquant des armes pour tous les villageois. Jusqu’à ce qu’on lui amène un guerrier du Nord blessé, un homme aussi vulnérable que troublant, qu’elle ne peut se résoudre à condamner…

[CHRONIQUE EXPRESS]

"Le feu des forges" est vraiment le style de romance historique que j'affectionne ! Déjà, parce que l'auteure française Penny Watson-Webb situe son récit en Normandie (ma région), ensuite parce qu'elle aborde le thème des invasions vikings.

Pour une fois, notre héroïne n'est pas une jeune fille noble de naissance, la petite vingtaine, vierge et obligée de subir une alliance avec l'ennemie....Non, ici, nous nous retrouvons face à une femme jeune trentenaire, déjà mère de deux enfants issus de mariages précédents (elle s'est retrouvée veuve deux fois.....Les temps étaient durs à cette époque...), et elle est de nouveau enceinte, au début du récit, du seigneur du château, avec qui elle entretient une relation passionnée depuis une année (évidemment, une relation non officielle, vous vous en doutez...). Et pour couronner le tout à propos de la description de cette femme de poigne, il s'avère qu'elle est la forgeronne du village ! Oui oui ! 

Toutefois, Jodelle, puisque c'est son prénom, ne souhaite pas que le Seigneur reconnaisse son enfant. Elle l'élèvera "toute seule", comme elle a toujours réussi à se débrouiller avec ses autres enfants (il faut dire que sa fille va bientôt avoir 16 ans, elle lui est donc aussi d'une grande aide).

Jodelle peut aussi compter sur son frère.....Contrairement à sa belle-soeur, qui voit en elle une femme "de petite vertue" qui profite un peu trop de sa "liberté" de veuve....

Et puis voilà, les Vikings arrivent inexorablement sur Lisieux...La tension monte car leur réputation n'est plus à faire et les gens ont terriblement peur.....

Du coup, c'est compliqué de justifier une romance entre un homme qui arrive en conquérant (Rurik le viking) et Jodelle, une femme qui est dans le "camps des vaincus"....Malgré tout, vu que les vikings ont une vision assez "libérée" du rôle des femmes dans la société (de leurs propres femmes), notre héros n'est pas choqué de la vie sexuelle passée de Jodelle....

En ces temps anciens, la mort frappait souvent au sein des couples et, à priori, au niveau des "femmes du peuple", se retrouver veuve et se remarier était monnaie courante (idem dans l'autre cas, on ne compte pas le nombre de veufs suite à des accouchements qui se sont mal passé...).

Concrètement, je suis tombée amoureuse de l'héroïne pour son courage et sa poigne de fer, mais aussi du héros, Rurik, bien évidemment qui a tout du guerrier viking mâle alpha et qui est prêt à tout pour se reconstituer une nouvelle famille, une vie paisible dans ce nouveau territoire au climat doux et prospère (après avoir perdu son épouse enceinte et leur petit garçon dans son propre pays).

De cette romance, je mets l'accent surtout sur la patience du héros qui va apprivoiser peu à peu Jodelle, conquérir sa belle....Tout en douceur et en petits points gagnés par ci, par là....Le fait qu'il soit doux avec les enfants, protecteur avec elle, passe sur le fait qu'il s'est imposé à elle (l'officialisation de leur union a été un peu "particulière..à la mode viking, on va dire....Et Jodelle n'avait pas trop le choix car elle savait bien qu'elle serait de toute manière liée à l'un de ces barbares alors autant que ce soit Rurik qui a beaucoup de qualités....Son charme est indéniable mais il ne faut pas oublier que notre héroïne est enceinte, donc potentiellement attachée à un autre homme (même s'il meurt rapidement au début du tome)....Et du coup, si Jodelle veut que son bébé ne soit pas tué à sa naissance, il faut qu'elle soit unie à Rurik qui le revendiquera comme son propre enfant, tout comme les deux autres enfants de Jodelle....Personnellement, j'ai beaucoup apprécié cette manière de procéder des Vikings, cela permet d'éviter les massacres de masse d'enfants...

Cette romance est vraiment axée sur l'acceptation de l'autre, de l'étranger, de l'envahisseur qui semble si différent, par sa culture, ses rites, ses croyances mais qui a aussi ses points communs (notre héros était forgeron dans son pays, comme notre héroïne...Le destin est farceur parfois !).

Bien évidemment, je ne peux qu'approuver cette romance entre ces deux êtres que tout opposait (par leur culture notamment)......."Le feu des forges" a été un vrai régal à lire !

En plus de Jodelle et Rurik, nous avons également plusieurs personnages secondaires attachants et ce livre pourrait mériter une suite qui pourrait être consacrée à certains d'entre eux...

j'ai vraiment eu un grand plaisir à lire cette romance, même si elle se déroule pendant une période très rude où la mort et la violence étaient monnaie courante.....Je vous recommande cette lecture, notamment si vous aimez la culture viking et la Normandie !

Quelques citations :

"À leur arrivée un homme se leva, visiblement inquiet. 
— Jodelle ! Eulalie ! Allez-vous bien ? Où est Yvan ? Rurik dégaina sa hache et regarda la femme enceinte. 
— Tu as menti ! accusa-t-il. C’est ton mari. Mais c’est aussi un homme mort. 
— Non ! Il s’agit de mon frère Jehan, le chef du bourg ! se hâta de dire la femme, l’air apeuré. Je le jure, c’est mon frère ! 
— C’est vrai, c’est la vérité. Jehan est mon mari, prétendit une autre femme enceinte, brune et presque maigre, celle-là. Jodelle n’a pas de mari ! Rurik retint deux choses de cela. Tout d’abord que la femme était bien veuve et donc libre, et ensuite qu’elle s’appelait Jodelle. Un prénom qu’il avait déjà entendu quelques heures auparavant, dans la bouche de Cédric de L’Allier-Morel… 
— Y a-t-il une autre femme du prénom de Jodelle au bourg ? 
— Non, je suis la seule, pourquoi ? 
— Simple curiosité, coupa le guerrier. Rurik comptait bien éclaircir une situation qui lui paraissait confuse, même si son esprit échafaudait déjà quelques hypothèses".

"Jodelle regardait autour d’elle à la recherche de son fils, mais Yvan semblait avoir réussi à prendre la fuite. Tous les bourgeois semblaient saufs. Elle regarda l’homme qui la tenait en laisse comme un animal. Il était massif et grand, franchement impressionnant. Il devait avoir moins de quarante ans et dominait les bourgeois d’une bonne tête si ce n’était plus. Ses bras étaient recouverts de symboles païens. Ses cheveux blond foncé, rasés sur les côtés du crâne, étaient tressés de façon complexe avec des perles d’argent et relevés en queue haute. Se sentant sans doute observé, il fixa Jodelle qui détourna les yeux. Elle avait remarqué son regard bleu comme la mer et particulièrement déterminé. Pourquoi disait-il qu’il allait l’épouser ? Était-il fou ? Elle était enceinte ! Quant au jeune homme qui voulait Eulalie, elle devait le convaincre que sa fille était trop jeune pour devenir son épouse. Que s’était-il passé au château ? Dame Aigline était-elle vivante ? Et Cédric ? Mille questions lui brûlaient les lèvres, mais la prudence lui ordonnait de se taire et de rester calme pour l’instant".

"— Qui est Inga ? demanda-t-elle. 
— C’était la femme de Rurik. 
— C’était ? 
— Les Danois ont saccagé notre bourg et notre fjord. Rurik avait un fils, Jarlaug, âgé de sept ans et une femme qui attendait un enfant. Il a tout perdu. Comme nous tous. Jodelle ne savait pas cela et elle imaginait sans peine ce qu’ils avaient pu ressentir. 
— Et toi ? 
— Mes parents sont morts, ma petite sœur aussi. Wulfric aussi a perdu sa femme et son fils. 
— Je l’ignorais. 
— Nous avons vengé nos morts. Ils ont trouvé le repos. 
— Vengé vos morts ? 
— Oui, nous avons retrouvé les assassins, les avons torturés et avons tué chaque âme de leur bourg – hommes, femmes, enfants. Puis nous avons sacrifié tout leur bétail aux dieux. Jodelle sentit tout son sang quitter son corps. Comment pouvait-on commettre de tels crimes ? Contrairement à ce qu’elle avait pu commencer à penser, ces hommes n’étaient que des Barbares. 
— J’aimais mieux quand tu proposais de rester muet…, dit Jodelle avec dégoût. Comment veux-tu que je sois apaisée avec de telles horreurs ? 
— Je ne veux pas que tu sois apaisée, je veux que tu comprennes que nous connaissons la souffrance, la rage et la mort, mais que nos boucliers protégeront les tiens. Rurik n’aurait jamais laissé l’évêque Frédéric te voler ton enfant. Kolstein disait-il vrai ? Comment savoir ? 
— Tu sembles bien connaître Rurik, dit-elle en regardant droit devant elle"

".— Aimer la vie et contempler les femmes, quoi de plus naturel ? demanda Rurik avec un air faussement innocent. Jodelle le poussa et il fit semblant de tomber, touché au cœur. 
— Eh bien, contentez-vous de les contempler… de loin, si vous ne voulez pas dormir par terre ou mourir de faim. Pas de cochons dans ma maison ! 
— Message reçu, ma douce, mais tu n’as rien à craindre. Pourquoi voudrais-je une servante – aussi jolie soit-elle – quand je peux avoir le feu des forges ? 
— Le feu des forges ? Cette jolie comparaison la toucha et elle sentit son cœur battre un peu plus fort encore. 
— Rentrons chez nous, dit-elle en lui donnant la main et en plongeant ses beaux yeux clairs dans ceux de son mari".



2 commentaires:

  1. Coucou. J'espère que tu te portes bien. Merci pour ta chronique qui me donne envie de découvrir cette auteure.

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    1. Coucou ! Oui, merci ça va bien ! 😀 Merci d'avoir lu ma chronique et franchement, je te recommande les livres de Penny Watson-Webb !

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