dimanche 4 août 2019

DRY



Neil & Jarrod Shusterman
Les Editions R Jeunes adultes
sortie originale 2018
450 pages 

Synopsis : 
La sécheresse s'éternise en Californie et le quotidien de chacun s'est transformé en une longue liste d'interdictions : ne pas arroser la pelouse, ne pas remplir sa piscine, limiter les douches...Jusqu'à ce que les robinets se tarissent pour de bon. La paisible banlieue où vivent Alyssa et sa famille vire alors à la zone de guerre.Soif et désespoir font se dresser les voisins les uns contre les autres. Le jour où ses parents ne donnent plus signe de vie et où son existence et celle de son petit frère sont menacées, Alyssa va devoir faire de terribles choix pour survivre au moins un jour de plus. 

J’ai soif ! Voilà ce que je me suis répétée tout au long de la lecture de « Dry » ! Ce roman catastrophe, co-écrit par Neil Shusterman et son fils Jarrod, a été une réelle épreuve pour moi qui aime tellement boire (de l’eau, je précise…).

Il va sans dire que j’ai vraiment adoré ma lecture et que j’ai été scotchée jusqu’à la dernière page par les aventures d’Alyssa et de ses camarades d’infortune dans ce coin de la Californie du Sud, touchée par une sécheresse dramatique qui va priver d’eau tous les habitants durant plusieurs jours, provoquant des drames et réveillant les « bas instincts » de certains qui passent alors en « mode survie » et qui sont prêt à tout pour quelques goûts d’eau….Surtout quand on sait qu'un être humain ne peut pas survivre plus de trois jours sans boire, on peut comprendre l'urgence des protagonistes et leur road trip va les emmener à rencontrer toute sorte de gens, certains bien intentionnés, d'autres beaucoup moins....

Ce livre fait vraiment réfléchir car personne sur la planète n’est à l’abri de ce genre de catastrophe, d’ailleurs, certains pays vivent la sécheresse au quotidien (et ça doit les choquer que nous, nous utilisons de l’eau potable pour nos wc)…Bref….

Je conseille ce livre à tout le monde, notamment aux adolescents, puisque les héros principaux du récit sont des lycéens et aussi parce que les canicules et les sécheresses devraient se multiplier dans les décennies à venir et du coup, ce livre donne de bons conseils pour trouver de l’eau….A bon entendeur….

Ce que j’ai aimé dans ce livre :


1#-Le processus de déshumanisation : « Dry » m’interpelle d’autant plus que ce genre de catastrophe humanitaire est « habituel » dans certaines régions du globe (notamment en Afrique), mais évidemment, ce qui est marquant ici, c’est que cela se passe en Californie, dans une région riche et prospère, mais aussi une région chaude avec des endroits désertiques qui dépendent de l’eau d’autres Etats (Las Vegas dans le Nevada est aussi un exemple flagrant du gâchis écologique des américains…)….Seulement voilà, dans « Dry », le problème c’est qu’il y a un contexte économique et politique et que lorsque les Etats voisins bloquent les grands barrages réservoirs d’eau pour la Californie, ça grince des dents et les répercutions sont catastrophiques, même si, on le comprend en même temps que nos héros, en fait, le reste du pays, et tout particulièrement la Presse ne prennent pas la mesure du drame qui se joue sous leurs yeux…..

2#-Le contexte de vie des personnages : Alyssa, notre héroïne, vit dans un quartier à la « Wisteria Lane » et ses parents de la classe moyenne supérieure, voire plus, entretiennent de bons rapports avec leurs voisins, même avec les McCracken, les survivalistes un peu perchés…..Mais quand l’eau vient à manquer, cela devient du « chacun pour soi », même si Alyssa va longtemps garder ses réflexes empathiques de venir en aide à tout le monde….J’ai trouvé très intéressant que SPOILERS le premier réflexe des gens civilisés coupés d’eau courante est d’aller directement au supermarché….Comme si personne n’allait faire comme eux, comme si ça n’allait pas être la guerre dans les rayons (comme pour l’affaire du Nutella qui a marqué notre pays il y a quelques mois….Ca fait pitié…Surtout pour du Nutella…Bref…). Alyssa va avoir la lumineuse idée de prendre un énorme stock de glaçons (dont sont friands les américains dans leurs boissons….En France, on ne vend pas de glace pilée comme cela dans les magasins…). Du coup, moi, à sa place, j’aurai acheté des fruits à jus, comme des agrumes, ou du melon, ainsi que des légumes riches en eau comme des concombres ou des courgettes…..Bref, notre jolie héroïne a opté pour des sacs de glaçons….Par contre, son idée de les stocker dans la baignoire, j’ai trouvé cela idiot, d’ailleurs heureusement que son « ami », ou plutôt voisin, Kelton lui dit de boucher le trou de la baignoire car évidemment, ça s'écoule obligatoirement au fur et à mesure car ce trou n'est pas "étanche"....

3#-Des ados qui s'en sortent mieux que les adultes : Force est de constater que dans "Dry", les parents n'assurent pas beaucoup....Pas forcément parce que ce sont des incapables mais en fait, les autres adultes sont beaucoup moins cléments avec leurs congénères et en parallèle, ne se doutent pas qu'un groupe de 5 adolescents puisse être un danger, ou tout du moins, puisse être des adversaires de taille à la "course à l'or bleue". 

4#-Les rebondissements à la pelle : En effet, même si nous sommes - à priori - dans une lecture ciblée pour les adolescents, il n'empêche que la tension est extrême dans ce livre et à chaque moment, on s'attend à ce qu'un personnage meurt.....

5#-La mise en lumière sur notre dépendance à l'eau dans tous les gestes du quotidien : En plus de l'eau à boire qui constitue l'essentiel de notre survie (je le répète, un être humain meurt après 3 jours sans absorber de liquide), l'eau nous sert aussi à nous laver, à tirer la chasse d'eau.....Les deux auteurs décrivent donc très bien les mauvaises odeurs qui s'installent au fur et à mesure des jours, quand nos héros n'ont pas encore quitté leur maison.....La folie (ou la bêtise) des hommes poussent même certains à casser des aquariums pour y récupérer l'eau....Dommage pour eux, l'aquarium en question était un aquarium d'eau de mer.....Dommage aussi pour les pauvres poissons exotiques qui sont morts pour rien ! En parlant d'eau de mer, c'est vraiment con que des personnes qui vivent en Californie, près de la plage, ne puissent pas dessaler l'océan.....

Ce que je n'ai pas aimé dans ce livre :
Peut-être la fin un peu trop rapide ?.....Cela dit, dans la mesure où seule la Californie du Sud était touchée par cette pénurie d'eau, une fois le reste du pays conscient de la catastrophe, il leur était facile d'apporter des secours et de distribuer de l'eau....Ils auraient dû réagir avant le compte à rebours fatidique des trois jours limite pour qu'un corps humain survive sans boire....

Quelques citations :


"-Tu as regardé les infos ? reprend-elle. On raconte que même l’aqueduc de Los Angeles est asséché. Ça fait des semaines, et c’est resté secret. On cherche des responsables. Les gens sont renvoyés et mutés aux quatre coins du pays. Le responsable du réseau de distribution de Los Angeles risque des poursuites. 
— Au lieu de chercher des coupables, ils feraient mieux de chercher des solutions ! 
— C’est clair ! Bref, mon père pense que ça va s’aggraver avant de s’améliorer. (Elle part d’un rire nerveux.) Tu le connais. Il réagit toujours de manière excessive".

"Une odeur fétide m’assaille aussitôt. Par réflexe, je plisse le nez. Alyssa s’en aperçoit et rougit. 
— Des problèmes de fosse septique ? 
— Ça vient des canalisations. Les mauvaises odeurs remontent parce qu’il n’y a plus d’eau dans les tuyaux. Mon père essaie d’arranger ça. C’était inévitable. Toutes les demeures hormis la nôtre doivent empester l’œuf pourri à l’heure qu’il est. Tout le monde ne cherche pas forcément à y remédier, contrairement au père d’Alyssa. Malheureusement, il s’y prend mal. 
— Il existe un liquide qui neutralise les mauvaises odeurs. Verse un gobelet dans chaque canalisation et ça bloquera les émanations. C’est le produit qu’on utilise pour les toilettes chimiques. Alyssa affiche une grimace de dégoût. OK. Je me suis peut-être un peu trop étendu sur le sujet. 
— Bref, je peux te passer une bouteille. On en a plein. Ce qui est vrai. Seulement, quand mon père se rendra compte que j’en ai donné une, je passerai un sale quart d’heure. Pourtant je suis prêt à prendre le risque rien que pour voir le visage d’Alyssa s’illuminer comme maintenant. 
— Merci, Kelton ! C’est super sympa de ta part".

"— Ils ne vont quand même pas nous laisser mourir de soif, ajoute sa mère comme si cette idée était grotesque. Mais elle n’en a pas l’air convaincue. Le père approuve d’un hochement de tête. 
— C’est une question de chiffres, reprend-il. Après tout, la Californie possède l’une des économies les plus florissantes du pays. Ils ont besoin de nous et je ne pense pas qu’ils soient assez bêtes pour nous laisser dans le pétrin. Ces paroles résonnent en moi… Son discours est sensé, mais j’entends encore mon père dressant la liste des erreurs accumulées par le gouvernement au fil des ans. Erreurs qui font que nous en sommes là aujourd’hui. La politique de réduction de la consommation, les multiples campagnes de sensibilisation, les mesures drastiques prises pour empêcher le gaspillage et réduire l’évaporation, tels que les millions de ballons lâchés à la surface des réservoirs de L.A. pour produire de l’ombre. Des échecs répétés. À présent, je me demande si on se dirige vers une solution réelle et durable, ou si on ne fait que gagner du temps… Je m’apprête à poser la question à voix haute et me ravise aussitôt, me rappelant ce que mon père m’a toujours rabâché au sujet des Moutons. Leur comportement. Leur instinct qui les pousse systématiquement à suivre le membre du troupeau juste devant, le moindre écart, même infime, risquant de provoquer une crise de panique potentiellement fatale. Un jour, j’ai fait un exposé sur un troupeau de cinq cents moutons en Turquie. Les unes après les autres, les bêtes se sont jetées dans un ravin, chacune suivant celle qui la précédait. Quel est le pire ? Regarder nos congénères plonger d’une falaise sans rien faire ou bien bouleverser leurs croyances au risque de les anéantir".

"Sur le frigo, une note indique : « Six tasses d’eau par jour ! » Une autre sur la douche affiche : « Ablutions sèches seulement ! », ce qui consiste à se savonner à l’aide d’un gel douche et de s’essuyer avec du PQ. Cependant, je crois que le pire de tous, c’est le mot scotché juste au-dessus des WC : « Nettoyez-moi, SVP ! » Papa a installé des sachets jetables sous la lunette des cabinets. C’est comme un camping en famille qui aurait viré au cauchemar. Le sac, c’est encore gérable, mais devoir nettoyer la cuvette dans son état actuel, c’est un châtiment d’une cruauté inhabituelle".

"Une bagarre en a entraîné une autre, puis une autre, et soudain, tout le monde semblait avoir perdu la boule. Il y a un phénomène bien connu qui se produit quand on se retrouve mêlé à la foule. Ça s’appelle la « désindividualisation ». C’est ce qui se passe lorsqu’un flic revêt un uniforme, ou lorsqu’on chausse des lunettes pour cacher ses yeux des autres. C’est comme si l’on devenait quelqu’un d’autre. On se comporte différemment. Alors qu’arrive-t-il quand on n’est rien qu’une âme assoiffée dans un océan de zombies prêts à tout pour une goutte d’eau ? On en devient un. Juste sous mes yeux, un vieil homme s’est fait piétiner à mort. Une mère a volé de l’eau à un gosse. J’ai même vu un homme dégainer un couteau et massacrer un inconnu de sang-froid. La foule s’est ruée sur les machines, a attaqué les bénévoles. Parmi ces derniers, certains étaient armés et se sont mis à faire feu dans la masse".


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