Cécile Chomin
Les Editions J'ai Lu (2018)
320 pages
Synopsis :Le jour où tout a commencé ? Celui où je me suis embourbée dans la neige, en pleine nuit, à 600 km de Paris, après avoir été plaquée devant l’autel. La Reine des neiges, c’était moi, version robe en lambeaux et pieds gelés. C’est là que j’ai cru voir un grizzly. Un plantigrade genre Chabal, debout sur ses pattes arrière et plein de poils, qui a rugi : « Qu’est-ce que vous faites sur ma propriété ? ». Hourra ! il y avait un habitant dans ce coin perdu. J’ai avisé la propriété : en fait, c’était un vieux chalet. Mais si je ne voulais pas mourir de froid, j’avais intérêt à convaincre l’autochtone de m’héberger pour la nuit…
J’ai découvert l’auteure française Cécile Chomin en 2014 avec sa saga « Hot love » qui m’avait fait passer un très bon moment de lecture. Du coup, quand j’ai vu qu’elle sortait un nouveau livre au bon goût d’hiver et de séjour à la montagne, je n’ai pas résisté.
Le style de l’auteure est toujours aussi frais et drôle. Je m’attendais à lire une comédie romantique et je n’ai pas été déçue.
Certes le scénario n’a rien d’original et nous n’avons pas de grandes surprises quant à la destinée romantique de Claire et Hugo, nos deux personnages principaux ainsi que celle de certains personnages secondaires mais cela reste néanmoins une lecture agréable à déguster tranquillement sous un plaid avec un thé parfumé aux épices de noël à la main.
Laisse tomber la neige a rempli son job, je voulais de la légèreté et de la romance, j’en ai eu pour mon argent, c’est tout ce qui compte !
Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-La parisienne vs le montagnard : C’est certes un peu cliché, surtout quand, finalement, on apprend rapidement que Hugo, le montagnard en question, est un hockeyeur professionnel qui a fait sa carrière à New-York….Claire se retrouve en pleine montagne dans un chalet après avoir roulé des centaines de kilomètres pour mettre de l’espace entre elle et l’humiliation qu’elle a subie avec son ex-futur mari qui lui a fait faux bond à l’église, devant tous les invités. Au début, nous pouvons la prendre pour une parisienne condescendante (c’est le moins que l’on puisse dire !) qui va quand même jusqu’à traiter Hugo d’autochtone….oui l’auteure nous décrit Claire comme une citadine superficielle qui se marie « pour les apparences » mais qui, finalement, n’a rien compris à la vie et qui va du coup, découvrir un nouvel univers, à la montagne, avec des gens qui ont choisi un style de vie « simple » alors qu’ils auraient pu faire carrière dans les grandes villes (alors Claire n’a pas à se la péter comme ça !).
2#-Le fonctionnement d’une chambre d’hôte : Il est intéressant de voir que l’auteure ne laisse pas ses deux héros se reposer sur leurs lauriers. Même si Claire est censée être en congé vis-à-vis de son employeur parisien, car elle avait posé des jours pour son voyage de noce….SPOILERS Qui va se terminer en congé maladie pour « dépression » après largage du fameux ex-futur mari, elle n’en reste pas moins active et c’est elle qui va aider Hugo à relancer la location des chambres de son chalet dont il a hérité à la mort de sa mère (qui avait déjà cette activité, d’ailleurs, si Claire est allée à ce chalet c’était sur les conseils de sa sœur, tout en ignorant le décès de l’ancienne propriétaire, la mère de Hugo….).
3#-Les animaux : Que ce soient les deux vieux Huskys de Hugo ou SPOILERS Le chat errant que Claire va adopter à la fin du livre, j’ai bien aimé ces éléments « poilus » que l’auteure a inclus dans son récit. Les chiens, parce que par eux, nous apprenons que Claire en a la phobie et cela peut la mener à avoir un comportement totalement dingue (voire dangereux, notamment pour elle-même) et puis, pour le chat, c’est grâce à lui que Claire va finir par ouvrir les yeux sur la nature de son ex-futur fiancé quand elle va devoir revenir à son appartement à Paris après son séjour montagnard….
«Au pied de l’immeuble, j’ai entendu une plainte. En fouillant dans le petit bosquet, j’ai vu un chat tout maigre, tout triste. Il lui manquait des poils. Je me suis demandé s’il n’avait pas une maladie quelconque, une maladie de chat. Je l’ai enlacé et il s’est laissé faire. On est montés tous les deux dans l’appartement du premier étage, et quand j’ai ouvert la porte, les bras m’en sont tombés et j’ai lâché le chat par terre. J’avais pensé à tout, sauf à ça ! Hector était là, comme si de rien n’était. Je l’avais eu au téléphone quelques jours avant et on devait se retrouver sur Paris pour discuter. J’avais cru comprendre qu’il était chez un pote, mais pas qu’il était revenu dans notre appartement. Il s’est levé, super content de me voir. Improbable. Il m’a étreinte, et pendant quelques secondes, je dis bien quelques secondes, j’ai été déstabilisée. J’ai cru. Cru que peut-être, tout n’était qu’une erreur. Cru que ma vie pourrait reprendre son cours d’avant et que c’est ça qui me guérirait de tout. Cru que ma place était ici, avec Hector. Je ne sais pas. Puis il a pris ma valise, m’a amenée au salon et là, le chat a miaulé.
— Claire ! Qu’est-ce que c’est que cette horreur ? Non, mais on ne va pas prendre un chat ? Depuis quand tu ramasses les merdes, maintenant ? Je l’ai vu tout à l’heure en bas. Il doit errer depuis des jours et il a sûrement attrapé le choléra ou un truc plus grave ! Allez, remets-le dehors. Il faut qu’on parle de choses importantes. Alors j’ai compris. Je n’ai rien répondu. Hector est allé dans la cuisine me faire un café et moi, j’ai pris ma valise, mon chat sous le bras et sans un bruit, je suis sortie de l’appartement et j’ai repris l’ascenseur en sens inverse. Comme dans un film. Arrivée dans la voiture, le chat ne bougeait toujours pas. J’ai éclaté de rire. Oui, comme ça, toute seule et sans raison. Ce chat crasseux qui a peut-être la gale m’a sauvé la vie ! Impressionnant, non ? Il a fallu que je trouve quelqu’un de plus dépravé que moi pour m’aider à comprendre. Non. Je ne pouvais pas reprendre ma vie d’avant. Je l’avais, ma réponse. J’ai changé. Cambairoux, ce n’était pas ma vie, c’était un tremplin, mais « avant », ce n’était plus ma vie non plus. Je devais donc m’en construire une nouvelle »
4#-L’ellipse : SPOILERS C’était intéressant de constater que même si Claire et Hugo sont attirés l’un par l’autre et s’entendent très bien, ils ont cette pudeur, cette retenue qui leur faire croire que cela ne pourra jamais marcher entre eux vu qu’ils ont déjà chacun leur vie (leur carrière) de leur côté. Je trouve que l’auteure a été très cohérente et n’a pas poussé son héroïne à se « sacrifier » et à « tout quitter » sur un coup de tête parce qu’elle est amoureuse. Non, Claire va repartir à Paris et c’est seulement quelques mois plus tard qu’elle reviendra, comme par surprise, dans la vie de Hugo….C’était un pari risqué mais finalement, si chacun des deux « s’attendait » inconsciemment (et n’avaient pas entamé de relations avec d’autres personnes), c’est donc que leurs sentiments étaient sincères et que ce n’étaient pas juste des amants d’un « coup du soir » (ou plutôt de quelques semaines de séjour à la montagne, mais vous avez compris l’idée…).
Ce que je n’ai pas aimé dans l’histoire :
Le caractère de Claire, qui à certains moments, est vraiment hautaine, la pure parisienne caricaturée. Heureusement, une fois à la montagne, elle va s’adoucir et même si elle reste une femme au fort caractère, elle arrive quand même à facilement se faire accepter par Hugo et ses amis.
Quelques citations :
« Mais qu’est-ce que je fous là ? Ah oui, je me rappelle. Quand, au bout d’une heure et demie d’attente, j’ai compris qu’Hector ne viendrait pas, qu’il ne répondait à aucun message, que ses parents semblaient au bord du gouffre, que tout le monde venait me voir avec un air de pitié profonde, la seule bonne idée que j’ai eue a été d’enlever cette maudite robe, de mettre le premier truc que j’avais jeté dans ma valise et de monter dans la voiture pour rouler sans réfléchir. Loin des gens, loin des phrases toutes faites, des mots chuchotés, des regards en coin… Quand, au bout d’une heure à rouler sans savoir, j’ai appelé ma sœur et que je lui ai dit où j’étais, la solution qu’elle a trouvée a été de m’envoyer à la montagne, là où elle va toujours avec son mari, pour que je puisse me « ressourcer ». C’est ce que l’on écrira sur ma tombe : « Se ressourçait ». Pitié, qu’ils n’écrivent pas « Jour funeste de son mariage raté, elle meurt de froid dans sa voiture en pleine montagne » ».
« — Des huskies ! Bougre d’idiote.
— Hein ? Il me prend par la main et me force brutalement à le suivre. Il me montre quelque chose par la fenêtre et là, je vois mes deux loups.
— Arthur et Hector, ce sont des chiens de race husky, m’explique-t-il. Vous en avez déjà vu dans votre vie, non ? Au moins à la télévision ou dans un livre, rassurez-moi. Faut être sacrément bête pour confondre.
— Oh là, non, mais attendez, calmez-vous ! Et restez poli ! Je suis parisienne moi, monsieur ! Je n’ai pas été élevée dans la cambrousse, je ne croise pas des huskies en prenant mon petit déjeuner boulevard Haussmann le matin. Et excusez-moi, mais aucun des deux ne m’a donné sa carte de visite ou ne m’a précisé qu’ils étaient des huskies quand ils m’ont couru après ! D’ailleurs, husky est un terme qui équivaut à « chien-loup », non ? Il me regarde avec de grands yeux écarquillés.
— Vous plaisantez, j’espère ? lance-t-il. Ils sont vieux, courent au ralenti et ne feraient pas de mal à une mouche.
— Oui, eh bien, ça non plus, ils ne me l’ont pas dit ! Et je ne suis pas une mouche, alors je me méfie…
— Vous êtes sûre que ça va ? Que personne ne vous cherche ? Je peux appeler la police, si vous voulez.
— La police ? Mais pourquoi faire ?
— Je ne sais pas, vous… votre tenue… vos propos incohérents, peut-être avez-vous subi un choc ? Et je ne crois pas être la bonne personne pour vous aider ».
« —Alors, monsieur Chabal, je pourrais peut-être vous aider !
— Arrêtez de m’appeler comme ça ! Sébastien est quelqu’un de très sympa, mais je n’ai rien en commun avec lui.
— Vous le connaissez ?
— On s’est déjà rencontrés.
— Nooon ? Qui est cet homme ?
— Ne me dites pas que vous êtes une fan, vous aussi ?
— Ah non, très peu pour moi. Les grands costauds patibulaires, c’est pas mon truc, je lui réponds en le regardant en coin. Mais je ne comprends pas comment vous avez pu…
— Comment j’ai pu quoi ? Vous ne savez rien de moi. Au fait, pour la pique sur nos chargeurs. Vous avez l’Iphone 7 et je suis au 8 donc, effectivement, nos chargeurs ne sont pas compatibles. Et il n’y a pas que les chargeurs, d’ailleurs. Sur ce, il se lève et je le regarde comme une imbécile heureuse avec mon torchon dans les mains. Il se dirige vers le salon, se retourne et me dit :
— Alors c’est qui la petite plouc de Parisienne avec plein de préjugés, maintenant ? Puis il disparaît dans sa chambre ».
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