Les Editions J'ai Lu 2016
Sortie originale 2014
377 pages
Synopsis :
Petite, Isolde Goodnight croyait aux histoires merveilleuses de son père, un écrivain à succès. À vingt-six ans, l'adversité lui a fait renoncer à ses rêves d'enfant. C'est alors qu'une lettre lui annonce un héritage inattendu. Pleine d'espoir, Isolde puise dans ses derniers deniers pour rejoindre Gostley Castle. Là-bas, elle est terriblement déçue : son parrain ne lui a pas légué d'argent, mais un château sinistre ! Pire, l'ancien propriétaire y réside toujours. Un malotru balafré, qui se présente comme le duc de Rothbury et... qui est aveugle. Comment pourrait-elle décemment le chasser de cette demeure, désormais leur seul refuge à tous deux ? Le conte semble tourner au cauchemar, mais les bonnes fées ont plus d'un tour dans leur baguette.
« Lorsqu’elle avait été en âge de comprendre que sa mère était morte, Izzy s’était consolée en se disant que cette perte s’inscrivait dans son épique destin. Les héroïnes de contes de fées étaient toujours privées de mère ».
Après l’enthousiasme que j’avais ressenti à la lecture de Mariage à l’écossaise, c’est avec impatience que je me suis lancée dans ce 1er tome de cette série de romance historique Les héritières (que l’on peut lire dans n’importe quel ordre puisque les tomes sont indépendants les uns des autres et que le seul point commun est que l’héroïne est une…héritière…). Et je dois dire que, encore une fois, le charme a totalement agit sur moi !
Sortie originale 2014
377 pages
Synopsis :
Petite, Isolde Goodnight croyait aux histoires merveilleuses de son père, un écrivain à succès. À vingt-six ans, l'adversité lui a fait renoncer à ses rêves d'enfant. C'est alors qu'une lettre lui annonce un héritage inattendu. Pleine d'espoir, Isolde puise dans ses derniers deniers pour rejoindre Gostley Castle. Là-bas, elle est terriblement déçue : son parrain ne lui a pas légué d'argent, mais un château sinistre ! Pire, l'ancien propriétaire y réside toujours. Un malotru balafré, qui se présente comme le duc de Rothbury et... qui est aveugle. Comment pourrait-elle décemment le chasser de cette demeure, désormais leur seul refuge à tous deux ? Le conte semble tourner au cauchemar, mais les bonnes fées ont plus d'un tour dans leur baguette.
« Lorsqu’elle avait été en âge de comprendre que sa mère était morte, Izzy s’était consolée en se disant que cette perte s’inscrivait dans son épique destin. Les héroïnes de contes de fées étaient toujours privées de mère ».
Après l’enthousiasme que j’avais ressenti à la lecture de Mariage à l’écossaise, c’est avec impatience que je me suis lancée dans ce 1er tome de cette série de romance historique Les héritières (que l’on peut lire dans n’importe quel ordre puisque les tomes sont indépendants les uns des autres et que le seul point commun est que l’héroïne est une…héritière…). Et je dois dire que, encore une fois, le charme a totalement agit sur moi !
« Quand une jeune femme romanesque et son monde féérique rencontrent l’aigreur d’un homme austère, aigri et infirme…». Voilà comment je résumerais en quelques mots Il était une fois un duc.
L’auteure nous propose une histoire totalement farfelue mais si drôle et si romantique et pleine d’amûûûr ! Le récit est mené à tambour battants et l’on ne s’ennuie pas une seule seconde ! C’est un coup de cœur pour moi, sans hésitations !
« — Qui êtes-vous ? demanda-t-elle entre deux bouchées, tout en songeant que sa tante Lilith lui aurait reproché ses manières.
— Je suis Rothbury. Ceci est mon château. Izzy déglutit. Cet homme prétendait être le duc de Rothbury ? C’était difficile à croire. Un duc ne disposait-il pas de domestiques pour préparer le thé et l’habiller correctement ? Que Dieu lui vienne en aide ! Peut-être était-elle enfermée avec un fou. Izzy resserra la couverture sur elle. Elle n’allait pas prendre le risque de le provoquer.
— Oh, dit-elle. Devrais-je vous appeler « Votre Grâce » ?
— Je n’en vois pas l’utilité. D’ici quelques heures, j’espère ne plus être pour vous qu’un traîne-misère discourtois que vous avez importuné par un après-midi pluvieux avant de disparaître définitivement ».
« — Je suis mademoiselle Izzy Goodnight. Peut-être connaissez-vous ce nom.
— Pourquoi le connaîtrais-je ? demanda-t-il en remuant les braises avec le tisonnier.
— Mon père était sir Henry Goodnight. Homme de lettres et historien, c’était surtout un célèbre écrivain.
— Cela explique donc pourquoi son nom ne m’est pas familier. Je ne suis pas un grand lecteur ».
Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-La magnifique histoire d’amour : Forcément, vous me direz que c’est un peu ce que l’on recherche en lisant une romance historique, mais il faut quand même admettre que toutes les histoires d’amour ne sont pas aussi belles que celle narrée dans ce livre. Sans doute parce que nos héros partaient de très loin avec leurs passés respectifs qui ne les ont jamais épargné. On peut même jusqu’à dire qu’ils sont deux âmes blessées. Ransom, par son enfance sans aucun amour, son éducation rigide et le drame qui l’a rendu infirme voilà quelques mois, et Izzy, pour avoir grandi dans l’ombre d’un père auteur d’une célèbre saga et qui n’a donc jamais vraiment trouvé sa place en tant que femme adulte et qui se retrouve sans rien à la mort de son père…Malgré un début de « cohabitation » difficile entre nos deux futurs amants, Izzy aura eu raison de s’accrocher. Elle, la douce rêveuse, va finir par apprivoiser notre bourru et froid Ransom qui ne croit pas du tout à l’amour….Nous, lecteurs, ressentons très rapidement l’alchimie qui s’opère entre les deux, même si au début, ils sont plus à se houspiller….Un réelle complicité va naître entre eux car Ransom « voit » Izzy comme une vraie femme (certes, un peu excentrique, mais une vraie femme quand même !), et Izzy, elle, est charmée par le Duc, même s’il a des manières abruptes….Le fait que Ransom ressemble beaucoup à Ulric, le héros de la saga de son père, n’est que pure coïncidence mais parfois le hasard fait vraiment bien les choses !
« Le duc de Rothbury ne ressemblait en rien aux gentlemen qui avaient pu lui plaire. Il était dur, sévère, et même avant sa blessure, apparemment, il ne lisait pas de livres. En outre, ils se trouvaient tous les deux engagés dans un litige au sujet de cette propriété, et il avait menacé de la mettre dehors dans la froide nuit du Northumberland. Malgré tout cela, une colonie de sauterelles et de papillons folâtraient dans son ventre. Il était si proche, si grand, si intimidant… Si viril. Tout ce qu’il y avait de féminin en elle tremblait d’excitation. Peut-être était-ce ce qu’éprouvaient les montagnards au pied d’un vertigineux sommet enneigé : l’exaltation du défi, l’appréhension à la perspective du danger.».
« —Oh si, croyez-moi, je vous remarquerai, mademoiselle Goodnight. Il n’existe pas de château assez grand pour empêcher un homme comme moi d’avoir conscience, en permanence, de la présence d’une femme telle que vous. Vous n’avez même pas besoin de prononcer un mot. J’entends le bruissement de vos jupes, je sens l’odeur de votre peau, je perçois votre chaleur. Miséricorde ! Il devait donc percevoir sa chaleur en ce moment précis. Elle était brûlante des pieds à la tête.
— Je ne suis pas lord Archer, poursuivit-il de sa voix grave et séductrice. Je n’ai jamais lu les histoires à l’eau de rose de votre père, et pour moi, vous n’êtes pas une petite fille. J’ai passé mes mains sur votre corps, et mes mains ont une mémoire excellente. Ciel… Le duc de Rothbury ne pouvait pas le deviner, mais il venait d’exprimer tout ce dont elle rêvait depuis si longtemps : être remarquée, pas seulement comme la petite fille qui avait inspiré une kyrielle de contes, mais en tant que femme.
— Comprenez-vous ce que je suis en train de vous dire ? demanda-t-il.
— Oui, répondit Izzy dans un souffle. Mais si vous croyez que je vais faire marche arrière maintenant, vous êtes fou. Ils s’affrontèrent dans un silence tendu ».
« — Pour la dernière fois, vous ne pouvez pas rester ici.
— Pourquoi ? demanda-t-elle en promenant son regard autour d’elle. La tourelle menace-t-elle de s’écrouler ?
— Non. Le danger ne vient pas de ces murs. Ni des rats, des chauves-souris ou des fantômes. Il effleura les murs des doigts, suivant le périmètre de la pièce jusqu’à ce que sa main frôle son bras.
— Il vient de moi. Il était grand et fort. S’il était animé de mauvaises intentions, Izzy serait bien en peine de se défendre. Pourtant, curieusement, elle savait au plus profond d’elle-même qu’elle ne craignait rien. Elle n’aurait pu garantir qu’il ne ferait pas de mal à une mouche, mais il n’avait pas touché à son hermine, ce qui plaidait en sa faveur.
— Mademoiselle Goodnight, je suis un homme qui a passé de longs mois seul. Vous êtes une femme séduisante et sans défense. Dois-je vous l’épeler ? Vous êtes en d-a-n… ger. Elle ravala un petit rire.
— Voilà qui m’effraie.
— Je pourrais vous séduire. Il avait dit cela d’un ton si solennel qu’elle ne put s’empêcher de s’esclaffer. Il fronça les sourcils.
— Vous pensez que je plaisante.
— Pardonnez-moi. Je ne me moque pas de vous. Je ne doute pas de votre capacité à séduire les femmes. Je suis certaine que vous êtes tout à fait compétent dans ce domaine. Expert, même. Je ris parce que jamais personne n’a menacé de me séduire.
— Je n’en crois rien. Avec des cheveux pareils ? Ses doigts remontèrent vers son cou.
— Et cette douceur ? Et cette voix de séductrice… Cette voix n’était due qu’à un début de rhume, et Izzy aurait pu le lui dire ».
2#-L’humour très présent : Izzy et Ransom sont deux forts caractères qui s’affrontent constamment…ainsi, cela ne peut faire que des étincelles…Des étincelles qui mèneront aux flammes de la passion, bien entendu ! En tout cas, j’ai gardé le sourire durant tout le livre grâce à leurs réparties, aux situations totalement farfelues et ubuesques qui vont se dérouler dans le château. Même leur premier baiser, Mon Dieu ! Ce qui aurait dû être un moment intense et romantique puisque Izzy n’a jamais été embrassée de sa vie, va se transformer en situation très bizarre à cause des commentaires de la jeune femme à l’encontre de notre très fier Duc qui n’en revient pas, mais vraiment pas !!! Ah ! Ce livre donne la pêche, moi, je vous le dis !
« Ransom encadra son visage de ses mains pour la maintenir immobile et, sans prélude ni délicatesse, s’empara de ses lèvres dans une pression forte et impérieuse de sa bouche contre la sienne. Il était temps qu’elle comprenne un certain nombre de choses, et il en avait assez de s’expliquer avec des mots. Cette fille était d’une innocence inouïe. Bercée depuis toujours par des récits de preux chevaliers et d’amour romanesque, elle n’avait aucune idée du danger que pouvait représenter un homme tel que Ransom. Fort bien. Autant lui en faire la démonstration. Ce baiser inattendu la renverrait précipitamment dans sa chambre ce soir et, le matin venu, loin d’ici.
— Voilà, dit-il. Vous sembliez me prendre pour un homme respectable. J’espère que les choses sont claires, désormais. Il s’écarta pour lui permettre de s’enfuir. Au lieu de cela, elle referma les mains sur sa chemise et se cramponna à lui.
— Recommencez. Pendant un instant, il fut incapable de parler. C’était absurde.
— Recommencez, chuchota-t-elle. Vite. Et, cette fois, faites-le bien.
— Mais… que diable racontez-vous ?
— C’est mon premier baiser. Savez-vous depuis combien de temps je rêve de ce moment ? Ransom l’ignorait et n’en avait cure.
— J’en ai rêvé toute ma vie, lui apprit-elle en tambourinant des poings sur sa poitrine comme pour souligner l’importance de cette information. Et croyez-moi, Votre Grâce, je ne vous laisserai pas le gâcher.
— Vous ne comprenez pas. Ce petit exercice était précisément destiné à détruire vos fantasmes romantiques.
— C’est vous qui ne comprenez pas. Elle se rapprocha de lui sans lâcher sa chemise.
— J’ai toujours tenté d’exploiter au mieux ce que me donnait la vie. Quand j’étais petite, je rêvais d’un chat. À la place, j’ai eu une hermine. Ce n’était pas l’animal que je voulais, mais je me suis efforcée d’aimer Boule de Neige malgré tout (…). Depuis la mort de mon père, j’aspire désespérément à avoir un endroit où je serai chez moi. La plus modeste chaumière aurait fait l’affaire. À la place, j’ai hérité d’un château hanté et infesté de rats perdu au milieu de nulle part. Ce n’est pas la maison que je voulais, mais je suis déterminée à en faire mon foyer. Elle inclina le visage vers le sien. Il sentit son souffle contre son cou, de tendres volutes de chaleur.
— Et depuis que je suis toute petite, chuchota-t-elle, je rêve de mon premier baiser. J’ai toujours su au fond de mon âme qu’il serait romantique, tendre et d’une douceur foudroyante.
— Eh bien, vous découvrez qu’il n’en est rien. À votre âge, vous devriez être habituée aux déceptions.
— Détrompez-vous. Elle resserra les poings sur sa chemise.
— J’ai choisi de me battre contre la désillusion. Vous ne gâcherez pas mon premier baiser. Je ne vous laisserai pas faire. Vous allez m’embrasser de nouveau, sur-le-champ. Et mieux que tout à l’heure. Il secoua la tête, incrédule.
— C’est terminé. D’ailleurs, même si je vous embrassais encore, ce ne serait plus votre premier baiser.
— Si, puisqu’il fait partie de la même étreinte. Nom d’un chien ! Où les femmes allaient-elles chercher ces préceptes ? Les conservaient-elles dans un manuel quelconque ? Parfois, il se demandait si la gent féminine ne se composait pas de juristes détentrices d’un code du Droit Romantique qu’elles dissimulaient obstinément aux hommes.
— Cessez de tergiverser. Vous pouvez certainement faire mieux que ce baiser. Après tout, vous avez fait l’amour sur le dos d’un cheval assez souvent pour en tirer des généralités. Vous devez donc embrasser mieux que cela. Je ne quitterai pas cette tourelle tant que….
Il la saisit par les épaules et l’embrassa avec plus de force, essentiellement pour la réduire au silence mais aussi pour étayer son propos : si elle rêvait de moments tendres et romantiques, Ransom n’était pas son homme. Dans le domaine du plaisir physique, il était agressif, impérieux, et fier de l’être. Alors, s’il devait enfoncer le clou deux fois, soit. Mais il se produisit soudain quelque chose de terrible : cette fois, elle lui rendit son baiser. Pas avec un enthousiasme maladroit, mais avec une passion délicieuse et débridée. Sous le choc, il rouvrit les yeux. Ce qui ne changea rien. Il ne voyait toujours pas. Mais ce qu’il ressentait… Ô Dieu miséricordieux ! Ce n’était pas du tout censé se passer ainsi. Les lèvres de cette fille étaient charnues, larges, sensuelles, plus séductrices qu’il ne l’avait supposé. Il les savoura l’une après l’autre, avant de darder sa langue entre les deux. Et elle lui répondit. D’un bras, il la rapprocha de lui. Tandis qu’il enfonçait sa langue dans sa bouche, elle remua les lèvres, s’adoucissant sous son baiser, généreuse, offerte ».
« Izzy porta une main à sa tempe. Elle était de nouveau seule dans le noir ; la tête lui tournait. C’était le moment de lancer une repartie fine et spirituelle, mais ce qui lui vint aux lèvres fut :
— C’est vous qui m’avez embrassé le premier.
— Vous m’avez rendu mon baiser.
— Puis vous avez recommencé. Elle soupira. En termes de riposte sophistiquée, on pouvait trouver mieux. — Je ne me monterai pas la tête, si c’est ce qui vous inquiète. Je sais que vous m’avez embrassée uniquement pour m’intimider. Mais que les choses soient claires : votre manœuvre a échoué.
— Je crois que non, dit-il en l’attirant de nouveau près de lui. Je sens votre cœur qui bat. Eh bien, si c’était un signe de peur… Elle aplatit une main contre la poitrine du duc et sentit à son tour battre son cœur. Cet homme devait être terrifié ».
3#-Des « geeks » au XIXème siècle : Les fans d’Harry Potter ou de Star Wars se trouveront en terrain connu quand ils liront l’enthousiasme des personnages secondaires qui peuplent ce livre. Car Izzy, notre héroïne est la fille d’un auteur à succès, Sir Henry Goodnight (récemment décédé) qui a basé sa notoriété sur une saga, Les Contes de minuit, où un père de famille fictif raconte à sa petite fille (nommée Izzy également) des histoires de chevaliers et de gentes dames le soir avant de s’endormir. Ce succès littéraire édité en plusieurs tomes a accompagné une génération d’enfants et d’adolescents, qui, maintenant adultes, (comme Izzy), continuent à faire vivre la saga en se regroupant pour constituer l’armée fictive de Moranglians. Izzy Goodnight, notre héroïne, joue le jeu avec les fans de l’œuvre de son père et malgré son apparence, faire encore mine d’être une petite demoiselle de 12 ans, comme l’attendent les lecteurs. J’ai trouvé intéressant de voir les réactions de l’austère Duc de Rothbury, qui lui, est totalement hermétique à toutes ces rêveries, malgré qu’il soit de la même génération qu’Izzy et de « son armée »….Le fait que notre héros ait grandit dans un foyer privé d’amour y est certainement pour beaucoup (sa mère est morte peu après sa naissance et son père le lui a toujours reproché et a interdit aux personnels du château de lui montrer une quelconque affection)….En effet, personne ne lui a jamais lu cette saga best-seller quand il était jeune et il tombe des nues en voyant tous ces gens habillés en chevaliers d’un monde imaginaire débarquer sur son domaine et traiter Izzy comme une héroïne de conte de fées….
« — Qui vous a retrouvée ? demanda-t-il. Izzy grimaça à la perspective de lui révéler la vérité que, d’ici quelques minutes, elle ne pourrait plus lui dissimuler. Mais cela n’allait pas plaire au duc. Pas du tout. Elle s’apprêtait à tout lui expliquer lorsque Ransom la prit par les épaules, la mine sombre.
— Écoutez-moi, maintenant. Je ne sais pas qui ils sont ni ce qu’ils vous veulent. Mais tant qu’il restera un souffle d’air dans mes poumons et de la force dans mon corps, je vous jure une chose : je ne les laisserai pas vous faire de mal. Oh. C’était reparti : de nouveau cette faiblesse dans les genoux. Jamais personne – et certainement pas un homme tel que lui – n’avait fait à Izzy pareil serment. Du moins, pas spontanément. Pendant un instant, elle ne put que garder le silence. Sa promesse de la protéger lui tournait la tête. Et elle se sentait coupable de le voir s’inquiéter ainsi pour elle. Un tout petit peu coupable.
— Il s’agit d’une invasion, expliqua-t-elle, mais amicale. Nous recevons la visite de l’armée morangliane. Venez voir, si vous le pouvez. Elle l’emmena vers la galerie de fenêtres qui donnaient sur la cour. Une vingtaine de cavaliers paradaient, suivis de trois voitures. Des chevaliers en armure mirent pied à terre à l’unisson, et les portières des véhicules s’ouvrirent, livrant passage à une douzaine de jeunes demoiselles en tenue médiévale. Des bannières claquaient dans la brise matinale. Izzy ne pouvait distinguer les mots gravés dessus, mais c’était inutile. Elle savait ce qu’ils disaient : « Ne doutez point. »
— Qui sont ces gens ? s’exclama Ransom tandis que l’incroyable cortège franchissait la voûte et pénétrait dans la cour. Que diable veulent-ils ?
— Je vous l’ai raconté, les lecteurs les plus enthousiastes de mon père s’appellent entre eux les Moranglians. Ils ont créé des clubs et, par le biais de lettres circulaires, échangent des nouvelles. Et les Moranglians les plus fervents… eh bien, ceux-ci vont un peu plus loin : ils s’amusent à se costumer comme les personnages créés par mon père et mettent en scène certains des épisodes des Contes. Ils sont très organisés. Ils prêtent serment, ils ont des écussons…
— Quel est cet affreux bruit de ferraille ?
— Ce sont… Elle soupira.
— Ce sont des armures
—Des armures ?
— Je sais que cela doit vous paraître absurde… Elle chercha son châle brodé.
— Je ne vous demande pas d’approuver. Mais ne vous moquez pas d’eux. Elle s’enveloppa de son châle, se pencha par la fenêtre et agita une main.
— Brave peuple de Moranglia ! Tous les jeunes gens réunis dans la cour levèrent les yeux. Les hommes, avec leurs armures de carnaval, se rassemblèrent. L’un d’eux s’avança et mit un genou à terre.
— Gente dame. Je suis sir Wendell Butterfield, commandeur des chevaliers de Moranglia, division du West Yorkshire, et je représente également nos sœurs, section locale des demoiselles de compagnie de Cressida.
— Vous venez de bien loin avec votre équipage, sir Wendell.
— En effet. Ai-je l’honneur de m’adresser à Mlle Izzy Goodnight ?
— C’est moi-même, lança-t-elle en souriant. Mademoiselle Izzy Goodnight. Vos chevaliers et gentes dames sont les bienvenus céans. Pendant que la foule dans la cour l’acclamait, Ransom émit un bruit qui ressemblait à un haut-le-cœur.
— Vous recommencez à parler de cette voix mielleuse.
— Chut, le gronda-t-elle du coin de la bouche. Je ne peux pas leur gâcher ce moment. Ils sont pleins de bonnes intentions.
— Qu’en savez-vous, alors qu’ils font irruption ici à l’aube sans prévenir ? Que peuvent-ils bien vouloir de vous ?
— Il s’agit vraisemblablement d’une simple visite de courtoisie. Peut-être aimeraient-ils faire un tour du château. Nous n’allons pas tarder à en savoir plus. Elle cria par la fenêtre :
— Mon bon sir Wendell, mettez-vous à l’aise. J’arrive tantôt. Ransom tendit une main vers elle.
— Attendez. Vous ne pouvez pas laisser ces imbéciles travestis débarquer ainsi dans mon château, ni tantôt ni jamais. C’est hors de question, Goodnight.
— Ceci est mon château. Et je ne les invite pas à rester ici, mais je tiens à manifester un minimum d’hospitalité envers mes hôtes.
— Ce ne sont pas des hôtes mais des intrus. Vous n’allez rien leur demander, mais leur ordonner de partir. Il fit un signe en direction de la montagne de correspondance, légèrement moins haute qu’avant mais encore impressionnante.
— Si vous comptez toujours revendiquer ce château, il nous reste énormément de travail.
— Le travail devra attendre, dit-elle en se dégageant et en se dirigeant vers la porte. Ils viennent de très loin. Je ne peux les repousser ».
« —J’aimerais bien savoir ce qui se passe ici. Et qu’est-ce que c’est que cette histoire de « Ne doutez point » ? Elle lui prit le bras, et ils se dirigèrent à pas lents vers la folie.
— C’est un célèbre discours des Contes de minuit. Ulric le clame à Cressida juste avant de partir pour une quête lointaine : « Ne doutez point, ma mie, de mon retour. » Et cela continue indéfiniment – « Ne doutez point de mon courage, de ma force, de mon ardeur… »
— Mais pourquoi veulent-elles me le faire dire ?
— Je crains que cela ne vous plaise pas beaucoup, répondit à regret Mlle Goodnight. Mais vous avez des traits communs avec Ulric.
— Moi ? Je ressemble à Ulric ?
— Oui. C’en est même troublant. De larges épaules, des cheveux blond foncé un peu trop longs, le visage mal rasé… Vous êtes pour ainsi dire son sosie, jusqu’à vos bottes élimées.
— Mais… Ransom fronça les sourcils. C’était donc pour ne pas enflammer davantage les imaginations qu’elle avait voulu le soustraire à leur vue.
— Ce personnage, Ulric, il n’a certainement pas de cicatrice.
— Eh bien, figurez-vous que si. Depuis le trente-quatrième épisode, durant lequel il se bat contre le Chevalier des Ombres dans la forêt de Banterwick. Ransom relâcha son souffle. Il commençait à comprendre. Et la nausée l’envahissait lentement. Il la fit s’arrêter et se tourner vers lui. Ce matin, il voyait presque bien. Mieux que jamais. Il était capable d’éviter une grosse racine devant ses pieds ou de distinguer le vague contour des arbres et de la construction en ruine, à défaut de la couleur ou de la forme des oiseaux qui les traversaient. Mais comme il était cruel de savoir qu’il ne la verrait jamais mieux ! Il discernait la courbe large et rouge de sa bouche, et cette masse de cheveux noirs qui se détachaient sur la teinte claire – jaune ? – de sa robe. Mais il n’y voyait pas assez bien pour pouvoir identifier ses émotions sur son visage.
— Je n’en crois rien, déclara-t-il. Vous êtes en train de vous raconter une petite histoire. Depuis le jour de votre arrivée, vous semblez vivre dans un étrange monde imaginaire. Votre propre château, votre propre Ulric balafré et torturé. C’est pour cela que vous ne voulez pas partir d’ici, pour cela que vous ne me laissez pas en paix et que vous descendez tous les matins me regarder dormir. Je suis votre jouet.
— Non, protesta-t-elle. Il vit sa tête se secouer avec vigueur ».
4#-Le Duc de Rothbury : Ransom, notre héros, est typiquement le genre de personnage masculin que j’adore dans une romance. Il est bourru, mal embouché, à la limite méchant avec les autres. Il porte en lui énormément de rancœur, suite à l’accident qui lui est arrivé sept mois auparavant qui lui a fait perdre l’usage de ses yeux (il n’est pas totalement aveugle, dans ses bons jours, il peut distinguer des formes et quelques couleurs). C’est un très bel homme de 30 ans, qui, malgré sa cicatrice et son handicap, en impose toujours auprès des autres. Le fait de voir débarquer Izzy un jour chez lui, se réclamant être la nouvelle propriétaire du domaine ne va pas lui plaire, mais alors pas du tout ! Malgré ses tentatives pour « chasser » la demoiselle, il va finalement changer de stratégie et l’embaucher comme son assistante pour décortiquer son courrier, laissé en suspens depuis son accident. Ce que j’ai particulièrement aimé chez Ransom, c’est d’abord, le fait qu’il soit « normal » par rapport à tous les « gentils fous » qui vont débarquer chez lui, se réclamant de l’armée de Moranglia. D’ailleurs, l’auteure va nous servir un running gag avec ce nom imaginaire que Ransom n’arrive jamais à prononcer correctement ! Ransom est un homme très intelligent et même s’il ne le montre pas à Izzy au début, il va s’attacher très fortement à elle. Lui qui n’a jamais reçu aucune affection depuis sa naissance ne sait pas trop comment se comporter avec elle. Ce sera donc par des petites attentions subtiles qu’il va lui faire comprendre qu’elle représente beaucoup pour lui. Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! Bien évidemment, j’ai adoré voir les efforts qu’il va faire pour se faire accepter (et pardonner) par la jeune femme en intégrant la fameuse armée des Moranglians !!! Et cela, même au risque de passer pour un fou, lui aussi, face à des avocats prêts à tout pour le dépouiller de sa fortune et le mettre dans un asile…..
« — Je ne voulais pas vous causer d’ennuis.
— Les jolies femmes sont toujours synonymes d’ennuis, qu’elles le veuillent ou non. Encore un compliment. Ou peut-être était-ce un signe de démence. La seule certitude qu’Izzy eût était qu’elle n’était pas une beauté. Elle avait beau se pincer les joues pour les rosir et dompter avec force épingles à cheveux son agressive crinière, elle demeurait une jeune femme quelconque, et il n’y avait rien à y faire ».
« Mais un élément de son visage racontait une tout autre histoire. Une spectaculaire et irrégulière cicatrice le balafrait du front à la tempe, et se terminait sur sa pommette droite. Bien que la flamme de la bougie vacillât, ses yeux restaient impassibles. Évidemment. Elle comprenait. Enfin un peu de logique dans cette invraisemblable journée. La pièce plongée dans la pénombre, son refus de lire sa lettre, le fait qu’il ait eu besoin de la toucher pour savoir si elle était indemne, ses allusions répétées à sa beauté… Il était aveugle ».
« C’était plus fort qu’elle. Elle profita de ce qu’ils étaient de nouveau seuls pour le dévisager. Sa cicatrice mise à part, il avait un visage noble et fier, avec des pommettes hautes et une mâchoire large et carrée. Ses cheveux étaient d’un châtain cuivré léonin strié de reflets dorés. Ses yeux étaient… celtiques. Deux grands yeux horizontaux, bien écartés. Méfiants. Ces yeux-là avaient dû être difficiles à déchiffrer du temps où il voyait. Sans l’épisode de la bougie, Izzy aurait pu mettre encore des heures avant de se rendre compte qu’il était aveugle ».
5#-La personnalité d’Izzy Goodnight : Cette jeune femme de 26 ans est courageuse et volontaire, même si elle doute beaucoup d’elle-même et dans ses capacités à « charmer un homme ». La faute bien entendu au parallèle fait depuis son adolescence entre la Izzy des livres (qui est une belle enfant aux cheveux dorés) et la Izzy réelle, une femme maintenant adulte aux cheveux bruns semblables à des tentacules de pieuvre (selon Ransom) et au visage « quelconque », selon elle. Notre héroïne a toujours été entourée de fans de l’œuvre de son père et ceux-ci ne l’ont donc jamais considérée comme une vraie femme…. Sa rencontre avec Ransom va tout changer. Déjà parce que le Duc est malvoyant et ne peut donc vraiment juger du physique d’Izzy (en tout cas, pour son visage…Car pour ce qui est de son corps, il n’y a pas de doute, après l’avoir « tâtée », il sait que c’est une vraie femme avec les courbes féminines qui vont avec !). Ce nouveau « regard » posé sur elle par un homme qui n’a jamais entendu parler d’elle auparavant va lui donner un peu de confiance en elle car malgré leurs nombreux affrontements et autres joutes verbales, elle aura vite compris que le Duc éprouve une forte attirance physique pour elle ! Il est aussi intéressant de voir la détermination chez cette jeune femme qui n’hésite pas à dormir dans un château délabré (et hanté ?). Il faut dire que la mort de son père l’a laissée sans un sous puisque tout l’héritage est revenu à son cousin – un salopard qui la jalouse depuis leur enfance – et donc notre héroïne est plus que déterminée à rester dans ce château quitte à le partager avec Ransom jusqu’à ce que le titre de propriété soit clairement établi….
« L’année de ses quinze ans, leur situation financière s’était améliorée grâce au succès d’écrivain remporté par son père. Toujours pas de prince, mais rien ne pressait. Izzy se disait que son visage finirait par s’adapter à son nez trop fort et que ses cheveux frisés se disciplineraient. Cela n’avait pas été le cas. Le vilain petit canard ne s’était pas transformé en cygne. À son dix-septième anniversaire, aucune quenouille n’avait piqué son doigt. Lorsqu’elle avait eu vingt et un ans, quelque part entre Maidstone et Rochester, la dure réalité l’avait frappée de plein fouet : dans la vraie vie, les bandits de grand chemin n’étaient ni diaboliquement séduisants, ni animés de nobles sentiments. Ils voulaient de l’argent, et ils le voulaient vite. En fait, Izzy pouvait s’estimer heureuse qu’ils ne se soient pas intéressés à elle. Elle avait dû renoncer à tous ses rêves d’enfance, les uns après les autres. L’année précédente, son père était mort, et toutes les histoires s’étaient entièrement et irrévocablement taries. Peu après, l’argent était venu à manquer. Pour la première fois de sa vie, Izzy avait frôlé le désespoir. Elle avait tiré un trait sur ses aspirations romanesques. Désormais, elle se serait contentée de pain. Quels contes de fées restait-il pour une vieille fille de vingt-six ans au physique sans éclat, que personne n’avait jamais même embrassée ? Celui-ci ».
« La vérité de son enfance ne correspondait pas à celle qui était imprimée dans les magazines. Mais si jamais elle le laissait entendre, on la dévisageait comme si elle venait d’arracher les ailes de la dernière fée d’Angleterre. Lord Archer s’assit sur l’accoudoir du canapé et se pencha vers elle pour chuchoter sur le ton de la confidence :
— Dites-moi, je sais qu’on doit vous poser la question tout le temps, mais mes nièces m’étrangleraient avec leur corde à sauter si je n’essayais pas : votre père, par hasard…
— Non, monsieur, dit-elle avec un sourire pincé. J’ignore si Cressida va s’échapper de la tour. Et, malheureusement, je n’ai aucune idée de la véritable identité du Chevalier des Ombres.
— Et Ulric est encore suspendu au mâchicoulis en haut du donjon ?
— À ma connaissance, oui. Je suis navrée.
— Tant pis, soupira-t-il en lui adressant un sourire bon enfant. Ce n’est pas votre faute. L’incertitude doit vous torturer davantage que quiconque. Si vous saviez ! C’était peu dire que l’incertitude la torturait. On lui posait les mêmes questions au moins trois fois par semaine, en personne ou par courrier. Lorsque son père était mort subitement d’une apoplexie, la saga qu’il avait commencée s’était interrompue. Ses héros étaient restés livrés à eux-mêmes dans toutes sortes de situations périlleuses, séquestrés dans des donjons ou accrochés à des falaises ».
« Mais était-elle réellement quelconque, ici et maintenant ? Avec un aveugle, dans le noir ? S’il était séduit par elle, cela ne faisait-il pas d’elle une séductrice ? Elle avait toujours envié les jolies femmes. Pas seulement pour leur beauté, mais parce que celle-ci semblait aller de pair avec la confiance en soi, ce à quoi elle aspirait plus que tout. La main du duc remonta dans son dos et écarta ses cheveux tressés pour dégager son cou. Une bouffée de puissance la parcourut, grisante.
— Qui pourrait ignorer une femme pareille ? demanda-t-il en caressant sa nuque. Je ne parviens pas à croire qu’aucun homme ne vous ait approchée.
— Bah, vous savez ce que c’est, dit-elle avec légèreté. Mon éblouissante beauté doit les rebuter. Il saisirait certainement dans sa voix le ton de la boutade. Mais s’il la prenait au sérieux… à qui cela nuirait-il ?
— Je suppose que cela intimide les gentlemen, conclut-elle. Il caressa ses lèvres avec son pouce.
— Pas moi. Soudain, elle ne se sentit plus si hardie ».
6#-Les nombreux rebondissements : Et oui, bien évidemment, il n’est pas normal que deux personnes inconnues l’une de l’autre se disputent le titre de propriété d’un même château ! Comme Ransom est aveugle et à moitié « dépressif » depuis son accident, il n’a pas ouvert tout le courrier qu’il a régulièrement reçu des avocats et autres hommes de loi….Grâce à l’aide d’Izzy il va donc réaliser que certaines personnes qu’il paye pour gérer sa fortune aimeraient bien s’octroyer tout son patrimoine et le faire passer pour un fou incapable de gérer un château ….Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! Et bien entendu, j’ai adoré le coup de théâtre avec la révélation de l’ex-fiancée en fuite de Ransom qui avait tout simplement « suivit » les idées romanesques des Contes de Minuit pour éviter son mariage de raison et sans amour….Le moment où Izzy lit la lettre de cette jeune femme à Ransom, Mon Dieu, quelle scène savoureuse pour nous lecteurs ! (un peu moins pour notre Duc, par contre…Yek yek yek !).
« — Il ne s’agit pas d’argent, mademoiselle Goodnight, uniquement du château. Lynforth avait plusieurs filleules, auxquelles apparemment il n’a pas offert beaucoup de poneys ni de rubans au fil des années. Je suppose que, pour se rattraper, il a décidé de léguer à chacune d’entre elles ce dont rêve toute jeune fille : son propre château.
— Une seconde, intervint le duc. Ce château appartient à ma famille depuis plusieurs siècles. Archer consulta ses documents.
— Et je vois qu’il a été vendu à Lynforth il y a quelques mois. Il regarda Izzy par-dessus ses papiers.
— Vous paraissez surprise.
— Je suis stupéfaite, reconnut Izzy. Le comte a toujours été bon avec moi, mais il n’était même pas à proprement parler mon parrain. C’était le protecteur de mon père à la Cour. Izzy avait rencontré lord Lynforth à plusieurs reprises, notamment lorsque son père avait été nommé chevalier. En cette illustre occasion, lord Lynforth avait donné à Izzy une pastille qu’il avait tirée de la poche de son gilet et lui avait tapoté la tête avec affection. Elle allait sur ses vingt-deux ans, mais cela partait d’une bonne intention ».
« — Permettez-moi de vous donner une petite leçon d’histoire, puisque votre père en était si friand, reprit-il. Si mes ancêtres se sont vu octroyer un duché, c’est parce qu’ils ont protégé et préservé la frontière écossaise avec succès pendant des siècles. Et ils n’ont pas fait cela en baissant les bras et en disant : « Bon, d’accord » chaque fois qu’un intrus frappait à la porte en prétendant que ce château lui appartenait. Izzy eut un petit rire.
— Mais je ne suis pas une bande d’Écossais en maraude. Et nous ne vivons pas au XVIe siècle.
— Non, en effet. Nous avons des lois et des tribunaux. Aussi, si vous comptez réclamer Gostley Castle, trouvez-vous un avocat. Qu’il examine les documents et écrive à mes juristes. Ils régleront cela entre eux. Et, en dernier ressort, la cour d’équité de la chancellerie statuera… d’ici trois ans, si vous avez de la chance. Trois ans ? Izzy n’avait pas trois ans devant elle. S’il l’obligeait à partir, elle ne savait même pas comment elle survivrait les trois jours suivants. Et elle n’avait pas les moyens de payer un avocat, a fortiori un avocat qualifié pour affronter un duc ».
7#-Boule de neige : Cette hermine blanche a été offerte par son parrain à Izzy. Car « la Izzy » des Contes de Minuit a une hermine comme animal de compagnie….Seulement voilà, cette belette, comme l’appelle Ransom, reste un animal « sauvage » et plutôt agressif. Il va bien évidemment s’en suivre des scènes cocasses ! Et en mettant en plus dans l’équation le chien de Ransom, ça va dépoter au château !
« Elle calma ses mains tremblantes et tendit un bras vers Boule de Neige. Du bout des doigts, elle écarta ses minuscules mâchoires.
— Lâche-le. S’il te plaît. Pour notre bien à tous. Laisse le duc tranquille. Enfin, elle parvint à dégager Boule de Neige du doigt ensanglanté du duc. Tous les êtres vivants de la pièce relâchèrent leur souffle.
— Nom de Dieu, Goodnight, dit-il en secouant la main. Qu’est-ce donc ? Un rat ? Izzy descendit de la table en serrant Boule de Neige contre sa poitrine.
— Ce n’est pas un rat. C’est une hermine. Il jura.
— Vous transportez une belette dans votre valise ?
— Non. Je transporte une hermine.
— Hermine, furet, belette… C’est du pareil au même.
— Pas du tout, objecta Izzy en caressant la joue de Boule de Neige pour calmer son agitation. Enfin, peut-être, mais le terme d’hermine me paraît plus noble ».
« Dans la vraie vie, une hermine n’était pas un animal de compagnie loyal, courageux et câlin. Boule de Neige était certes souple et élégante, en particulier l’hiver, lorsque son épais pelage devenait tout blanc. Mais, bien qu’elle ne pesât qu’une demi-livre, c’était un vicieux prédateur.
—Au fil des années, Izzy avait subi sa part de morsures et de griffures.
— C’est un cadeau idiot, déclara le duc. A mon avis, dit-elle, lord Lynforth a obéi à une impulsion similaire : il s’est dit que ce serait un geste charmant que d’offrir à la petite Izzy Goodnight un château de conte de fées.
— Si vous ne voulez pas de ce fantastique cadeau, n’hésitez pas à le refuser.
— Cela n’a rien à voir avec une hermine. Il s’agit d’un bien immobilier. Ne savez-vous pas comme c’est rare pour une femme ? Tout appartient toujours à nos pères, à nos frères, à nos maris et à nos fils. Nous ne possédons jamais rien ! ».
8#-Les alliés de nos héros : Je pense principalement à Duncan, le valet de Ransom, qui l’a accompagné durant toute sa vie et est d’ailleurs le seul à ses côtés dans cet immense château lugubre lorsque Izzy débarque à Gostley Castle. Notre héroïne va très vite s’en faire un ami et le passage où Duncan, (qui est loyal à son employeur et n’a pas le droit de « divulguer des ragots » sur lui) raconte à la jeune femme l’histoire de ce Duc imaginaire qui a eu cet accident imaginaire, causé par un duel entre l’amoureux de son ex-fiancée et lui-même vaut son pesant d’or ! L’autre alliée d’Izzy, c’est bien entendu Mlle Pelham. Elle qui aurait pu être une rivale à cause de son charme et sa beauté physique (qui auraient pu attirer le Duc), va se révéler être d’un très bon soutien pour notre Izzy. Même si, au début, Abigail Pelham, est surtout une très grande fan des Contes de Minuit, et donc, se comporte un peu en groupie avec Izzy, elle va ensuite énormément l’aider, et puis, elle aussi va finir par trouver son chevalier…..Les passages où Melle Pelham chuchotent des confidences sur le Duc alors que celui-ci est dans la pièce est vraiment hilarant ! Voyons ! Ransom est aveugle, il n’est pas sourd !!!!!
« — Mademoiselle Goodnight, il n’est pas convenable pour un valet de répandre des indiscrétions à propos de son maître. Izzy hocha la tête. Elle était déçue, mais elle n’insisterait pas. Après tout, il était en train de sauver son plus beau châle.
— Cependant, reprit le domestique, étant donné que vous êtes Mlle Izzy Goodnight et que vous adorez les contes, peut-être pourrais-je vous narrer l’histoire d’un… d’un homme, une tout autre personne.
— Oh oui ! Elle se redressa sur sa chaise en essayant de dissimuler son excitation.
— Un homme fictif. Qui n’aurait rien à voir avec le duc de Rothbury. J’adorerais entendre une histoire de ce genre. Duncan promena un regard précautionneux autour de lui.
— Je n’en soufflerai mot à personne, je vous le jure, chuchota-t-elle. Tenez, c’est même moi qui vais commencer. Il était une fois un jeune noble répondant au nom de… Bransom Fayne, duc de Mothfairy.
— Mothfairy ? Elle haussa les épaules.
— Avez-vous une meilleure suggestion ? Il reposa la bouilloire sur le réchaud.
— Il ne doit jamais entendre parler de cela.
— Naturellement, assura-t-elle. Comment en entendrait-il parler, du reste ? Notre duc de Mothfairy est forgé de toutes pièces. Mais il s’agit du récit de son passé tragique. Lorsqu’il était jeune, le chimérique duc de Mothfairy… »
« — Quelque chose ne va pas, mademoiselle Goodnight ?
— Non, mais j’aimerais… J’aimerais ne pas vous avoir menti. Ne pas être horriblement envieuse de vos cheveux couleur des blés, de vos joues roses et de votre assurance. Et j’aimerais pouvoir vous rendre un tout petit peu jalouse en vous racontant ce que j’ai fait avec le duc.
— J’aimerais bien que vous m’appeliez Izzy. L’éventail de Mlle Pelham tomba par terre, et un sourire radieux illumina son visage.
— Vraiment ?
— Mais oui.
— Alors, vous devez m’appeler Abigail.
— Avec plaisir. Mlle Pelham – Abigail – la serra fort dans ses bras.
— Oh, j’en étais sûre ! Je savais que nous deviendrions les meilleures amies du monde. Amies. Comme c’était étrange… Izzy n’aurait jamais pensé pouvoir se lier d’amitié avec une personne telle qu’Abigail. Les Abigail Pelham de sa jeunesse avaient traité la timide et maladroite Izzy avec dédain, et même avec cruauté. Elles l’appelaient Izzy la Frisée, Balai de Sorcière, Tête de Serpillière… La liste n’en finissait pas ».
Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance !
9#-Un aveugle qui a su voir : Ransom va devoir mettre de l’eau dans son vin s’il veut « récupérer » son château. Pour mieux connaître Izzy, il va se faire lire les Contes de Minuit et finalement il va vite comprendre que c’est elle qui l’a écrit et non son père ! En effet, à force de vivre ensemble dans le château, il la connaît mieux que quiconque (ses petites folies, sa forte imagination, ses intonations théâtrales quand elle lit son courrier, par exemple) et surtout, il faut bien réaliser que le jugement de Ransom n’a jamais été biaisé par la « Izzy du livre ». Lui seul connaît la vraie Izzy, autant mentalement que physiquement….C’est tout de même le comble que ce soit un aveugle qui ai réussi à lire entre les lignes, cela dit !…Si vous voulez mon avis c’est le pouvoir de l’amûûûr !!!!!
« — J’ai pensé à quelque chose, dit-elle avec excitation. L’idée m’est venue la nuit dernière, au lit. R-a-n-s-o-m. Il se massa la nuque.
— Quoi ?
— Le premier soir, vous m’avez demandé si vous deviez m’épeler le mot « danger ». Mais, au bout de trois lettres, vous avez oublié comment cela s’écrit.
— Bien sûr que non, je ne l’ai pas oublié, répliqua-il. Mais je me suis lassé de l’épeler. En vérité, il n’était plus aussi bon en orthographe qu’il l’avait été. En particulier lorsqu’il était fatigué. Ces conversations matinales avec Izzy Goodnight étaient épuisantes.
— Bref, voici ce que vous auriez dû riposter. Elle baissa le ton pour imiter sa voix grave.
— Dois-je vous épeler le mot « danger » ? R-a-n-s-o-m. Il se frotta les yeux des deux mains.
— C’est ridicule. Jamais je ne dirais cela.
— Et pourquoi donc ? C’est la repartie parfaite, au contraire. Votre prénom est le seul mot dont vous ne pouvez oublier l’orthographe. Il secoua la tête en fronçant les sourcils.
— Cette discussion remonte à plusieurs jours. Elle est obsolète. Ne me dites pas que vous avez continué à penser à cette histoire absurde !
— Je sais, je sais. C’est grotesque. Je n’y peux rien : je ne trouve jamais la bonne réplique sur-le-champ, mais souvent plusieurs jours plus tard. Elle se rapprocha de sa couche.
— Je comprends qu’il ne soit pas facile de revenir maintenant à l’esprit de cet instant. Mais, croyez-moi, avec « R-a-n-s-o-m », vous lanciez la repartie parfaite. Il n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait répondre à une chose pareille. Aussi garda-t-il le silence.
— J’ai préparé du thé, annonça-t-elle ».
Pour conclure, Il était une fois un duc est un vrai coup de cœur pour moi car il n’est pas qu’une simple romance historique. Il a cette petite touche de folie qui nous fait garder le sourire aux lèvres durant tout le livre ! La raison principale est très certainement que l’auteure américaine Tessa Dare y inclus le sujet très contemporain du « cosplay » et du regroupement de fans pour une saga littéraire populaire (à la sauce XIXème siècle, bien évidemment !). Les nombreux clins d’œil à propos d’œuvres contemporaines sont évidents, surtout pour les fans d’Harry Potter ou de Star Wars. Et ce qui est le plus drôle, c’est de voir les réactions de Ransom, le Duc de Rothbury, qui est totalement hermétique à tout ça et est donc complètement abasourdi par le comportement et le « doux délire » de ces gens. Vous l’aurez compris, on rit beaucoup en lisant Il était une fois un Duc, mais Tessa Dare n’oublie pas non plus de nous faire rêver avec des passages ultra romantiques, exaltants et aussi sensuels. Sans oublier les multiples rebondissements et révélations en tout genre qui m’ont scotchée à mon livre durant tout le récit ! Ransom et Izzy forment un couple étonnant et détonnant mais aussi très attendrissant. Entre l’ex-bel homme devenu infirme et aigri suite à son accident et la jeune femme au visage banal qui a toujours vécu par procuration à travers la saga best-seller de son père, ça va faire des étincelles, c’est moi qui vous le dit, et ce, pour notre plus grand bonheur, à nous lecteurs !!! Je vous le recommande à 100% !
Ma note : 18,50/20
j'ai adoré ce livre c'est grâce à ce livre que j'ai connu l'auteur et depuis je les lis tous, ses livres sont supers drôles et remontent le moral comme pas possible et ses héros sont tous trop... aaaahhhh ;)
RépondreSupprimerBonjour Cassie,
RépondreSupprimerJe suis totalement d'accord avec toi ! Tessa Dare est un nom à surveiller dans les romances historiques ! Moi aussi, j'ai le projet de lire un maximum de livres d'elle ! Bizzzz