Pauline Libersart
Les Editions Laska (2014)
206 pages
Synopsis :
Atterrée, Lucy regarde la jungle autour d’elle. Comme dans une mauvaise série B, l’avion qui la ramenait aux États-Unis vient de s’écraser en pleine Amazonie. Au milieu de cet enfer de verdure, les survivants du crash peinent à s’en sortir. C’est à ce moment que deux marines surgissent, chargés de les sauver. Spécialisés dans les opérations commandos, les deux hommes sont loin d’être ravis de devoir jouer les baby-sitters. Pour la jeune femme, ce n’est que le début des complications ! Comment aurait-elle pu imaginer qu’un moment de faiblesse la rattraperait et changerait sa vie une fois de retour au pays ? Qu’un homme sexy et dangereux serait capable de survivre à l’enfer juste pour la retrouver ?
Ayant déjà expérimenté la plume de Pauline Libersart avec L'homme de la Sierra, qui narrait l'histoire d'amour entre un cow boy solitaire et "sauvage" et une jeune Belle du Sud, (histoire que j'avais beaucoup aimée et que je vous recommande, d'ailleurs !), c'était donc avec impatience et délectation que je me suis plongée dans cette nouvelle romance qui débute - chose n'est pas commune - dans la jungle amazonienne, suite au crash d'un avion et qui aura pour héros Jack, un soldat des forces commando US avec Lucy, une jeune femme douce, courageuse et déterminée.
"Melissa, sa meilleure amie et colocataire, qui était aussi la fille adoptive de sa grand-mère, l’avait finalement convaincue de partir. Elles n’étaient quand même pas à quinze jours près ! Elles s’étaient donc octroyé ensemble les premières vraies vacances de leur vie d’adulte. Le voyage avait été idyllique, avec hôtels quatre étoiles et bons restaurants… Elles avaient découvert les merveilles du sud du continent, aussi bien l’architecture des vieux bâtiments de style espagnol que les buildings hyper-modernes de Rio de Janeiro, sans oublier la faune, la flore et les paysages grandioses. Malheureusement, la dernière escale avait tourné au vinaigre. D’abord, la valise de Lucy s’était perdue. Les démarches administratives auprès des autorités locales, pas vraiment rapides ni motivées, avaient été sans fin. Ensuite, son taxi pour l’aéroport avait été bloqué dans un monstrueux embouteillage. Résultat : l’avion du retour était parti sans elle. Heureusement, Melissa, elle, avait eu le temps d’embarquer".
"Quand le tour opérateur l’avait rappelée à l’aéroport pour lui annoncer, très fier, qu’il lui avait trouvé une place dans un jet privé, Lucy s’était dit que finalement, la chance recommençait à lui sourire. Elle avait même regretté l’absence de son amie. L’appareil était affrété par le sénateur Kelsey, un politicien quinquagénaire à l’apparence avenante et débonnaire. Il rentrait d’un déplacement professionnel avec son assistant, James Linley, et se proposait de rendre service à des compatriotes. Lucy n’était pas la seule à profiter de l’aubaine. Le professeur Arthur Forbes, un éminent archéologue, et son épouse Susan, accompagnés de leur petite-fille de deux ans, Eva, allaient également être du voyage".
La particularité de cette romance c'est qu'elle se compose en trois parties distinctes : La partie "Amazonie", la partie "Retour aux USA" et la partie "Retrouvailles" de nos héros. Du coup, entre leur première rencontre et le moment où l'amour se "concrétise" réellement dans leurs coeurs respectifs, il se passe plusieurs mois.....Et oui, l'amour c'est comme la guerre, parfois, la victoire peut être très rapide, mais parfois il faut user de stratégies et de patience pour enfin triompher et sur ce coup-là, Pauline Libersart nous a bien gâté !!!.....
Ce que j'ai aimé dans ce livre :
1#-L'amazonie : Je n'ai pas lu beaucoup d'histoires qui se passent dans ce lieu et c'est donc toujours un "dépaysement" pour moi de pouvoir m'y plonger....Certes, un peu avec des réticences car quand je lis, je me mets à la place des héros et très franchement, je me retrouver dans un endroit où vivent d'énormes insectes, des serpents et autres créatures tout aussi dangereuses, très peu pour moi ! (et les moustiques qui attaquent constamment le moindre petit bout de peau exposée, c'est le pompon !). Cela dit, pour Lucy, l'épreuve n'était sans doute pas si dure que cela car malgré le manque de nourriture et de sommeil, son groupe de "civils" et elle étaient protégés par deux soldats commando qui ont très bien fait leur boulot ! Je suis reconnaissante à l'auteure qu'elle n'ait pas fait traîner leurs aventures dans la jungle amazonienne plus de quelques jours car après, il faut penser aux détails "techniques" peu glamours et qui n'auraient pas été très ragoutants à mettre en scène (manque d'hygiène avec les odeurs corporelles qui vont avec, notamment, pas de possibilité de se laver les cheveux, de mettre des vêtements propres etc....).
2#-Jack : Et bien oui, si vous voulez du vrai bonhomme viril et bourru, vous allez être servi avec ce personnage ! En tout cas en ce qui concerne la partie amazonienne car bien évidemment, tout évolue une fois que nos héros ont regagné le sol américain ! Cet homme était tellement investi dans sa mission de soldat que nous avons presque l'impression que c'est une toute autre personne une fois que Lucy et lui débutent réellement une relation de retour dans "un monde civilisé" (notamment avec la découverte du talent de dessinateur de Jack)....En même temps, il faut dire que dans la jungle, Jack ne décrochait pas beaucoup la mâchoire, à part pour aboyer des ordres, qu'il avait le visage barbouillé de camouflage et surtout, qu'il portait des lentilles de contact pour cacher ses sublimes yeux bleus (qui le rendraient trop reconnaissable face à des ennemis...). Lucy l'avait surnommé "Rambo" à juste titre d'ailleurs !
"Sa ration en main, Lucy s’assit à côté de James pour manger au pied d’un arbre gigantesque.
-Vous tenez le choc ? demanda-t-elle en désignant sa jambe.
- Faudra que ça tienne de toute façon ! Je n’ai pas le choix, répondit-il, fataliste. Heureusement, ils me donnent des antalgiques. Il désignait les deux Marines qui parlaient un peu plus loin, hors de portée de leurs oreilles.
-Vous ne comprenez pas l’espagnol ? demanda James, reportant soudain son attention sur elle.
-Non, pas un mot. Ma grand-mère a tenu à ce que je fasse français au lycée !
-Tout à l’heure, il a dit à Manni d’arrêter de vous draguer et Manni lui a répondu qu’il n’avait qu’à tenter sa chance au lieu de piquer une crise. Lucy rougit. Au même moment, le Marine chargea son sac sur ses épaules, alors que Manni en faisait tout autant, et ordonna :
-On repart !
-Non ! Je ne ferai pas un pas de plus aujourd’hui, tempêta soudain le sénateur. Je suis fatigué. Je n’ai pas assez dormi. Je n’ai pas assez mangé. Je n’ai plus d’eau. Je suis la seule personne importante ici, alors vous allez m’écouter...Le reste de sa phrase se perdit dans un gargouillis presque comique. À la stupeur générale, le commando avait saisi le gêneur à la gorge. Il l’avait soulevé d’une main malgré sa masse imposante et plaqué violemment contre le tronc de l’arbre… sans se soucier des bestioles qui y rampaient. Avec un calme glaçant, il articula :
-La baudruche va m’écouter, parce que je ne répèterai plus. Vous marchez quand je le dis. Vous dormez quand je le dis. Encore une insubordination et je vous plante là. Vous avez besoin de nous, pas le contraire. Ceux qui sont à nos trousses s’amuseraient beaucoup avec un porc comme vous. Compris".
3#-Les prémices de la romance entre Jack et Lucie : L'auteure a eu le talent de faire monter très doucement la pression amoureuse entre nos deux futurs amants avec des jeux de regard, des petites attentions subtiles (comme lorsque Jack aide Lucy à porter la petite Eva sur son dos, par alternances). Si Jack a pu être séduit dès le départ par le physique de la jeune femme, c'est son caractère courageux, sa force intérieure, sa douceur qui l'ont sans doute finalement totalement conquis !.....
"Se tournant ensuite vers Lucy, il la toisa.
-Vous êtes sûre que vous pourrez porter la petite ? Vous êtes plutôt… fluette. Il l’examinait des pieds à la tête, comme un entraîneur regarderait un cheval de course. Lucy sentit la colère affluer dans ses veines et faillit lui demander s’il voulait voir ses dents. Elle était grande pour une femme, même si le sommet de sa tête n’arrivait qu’au menton de ce « Rambo »… et elle était sportive ! Sans même remarquer qu’il l’avait vexée, le Marine se tourna vers Kelsey pour lui dire avec une ironie à peine voilée :
-Un homme comme vous, sénateur, devrait se charger de la protection d’une enfant.
Imperméable au sarcasme, celui-ci répondit :
-Je suis malheureusement sérieusement blessé à l’épaule. Je suis sûr que cette jeune dame va nous démontrer qu’elle est plus solide que vous ne le pensez.
-Ne présumez jamais de ce que je pense, s’entendit-il sèchement répondre. Le Marine s’éloigna et rejoignit son collègue. Ils convinrent de l’ordre de marche. Lucy était certaine de l’avoir entendu marmonner sous sa capuche une série d’épithètes particulièrement peu glorieuses à propos de la virilité du sénateur".
4#-Une deuxième romance dans le livre : Ah ah ! Je me doutais bien, à la manière dont été décrite la meilleure amie de Lucy et les insistances de l'auteure sur ses "traumatismes" qu'à un moment donné, une partie du livre lui serait consacré ! Et bien évidemment, quand nous faisons connaissance du meilleur ami de Jack, Charles, qui va devenir un très bon ami et un bon soutien pour Lucy, forcément, l'idéal serait qu'il trouve l'amour lui aussi avec la très fragile Melissa....J'ai donc adoré lire cette histoire d'amour parallèle à celle de Jack et Lucy !
5#-La scène dans l'avion de rapatriement : Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! Nous suivions Lucy depuis le début du crash, avec ses incertitudes, sa fatigue psychologique (et physique) et du coup, elle est à la limite du rêve, dans un espèce d'état second quand elle se fait "coincer" par Jack qui la pousse vers un coin isolé de l'avion pour pouvoir la prendre dans ses bras (et ensuite pour assouvir ses pulsions si longtemps contenues quand ils étaient dans la jungle...). Si cette scène peut paraître "bestiale" et peut-être à la limite du viol car en fait, Lucy est complètement "à l'ouest" suite au traumatisme psychologique non négligeable qu'elle a subit durant les quelques jours dans la jungle, en fait, il n'en est rien. Jack ressent vraiment quelque chose de fort pour la jeune femme et compte bien la retrouver une fois revenus à la civilisation pour entamer une vraie relation.....Seulement voilà, comme Lucy "plane" un peu à ce moment-là, elle va enfouir cette scène dans un recoin dans sa tête et ne plus y penser (ou finalement se demander si c'était réel ou juste un fantasme qu'elle aurait rêvé), ll faut dire que Jack fait tout pour faire planer le mystère et ne revient pas s'installer à côté d'elle dans l'avion, par exemple ou à lui tenir la main etc....Non, pschiiit, il s'évapore et disparaît en lui marmonnant une phrase que la jeune femme n'entends pas vu les vombrissements de l'avion !....Mauvaise stratégie, mon gars ! Après, faut pas t'étonner qu'elle ait cru qu'elle n'était qu'un coup de baise pour toi et rien d'autre ! Rien dans ton attitude montrait que tu étais tombé amoureux d'elle !!!
6#-La "mort" de Jack : J'ai trouvé cette partie très romantique !!!!!!! Et surtout, je vous l'avoue, le fait que Jack ait légué tout ce qui lui appartenait à Lucy alors qu'il ne l'avait pas revue depuis leur "intermède sexuel" dans l'avion m'a vraiment impressionnée ! Lucy, bien évidemment, tombe des nues de découvrir que son "soldat inconnu" (elle ne connaissait même pas son nom de famille !) l'ai considérée aux yeux de tous (son état-major etc) comme sa "fiancée" alors qu'il n'y avait rien de "sérieux" entre eux (et qu'elle avait même fini par oublier leur ébat, à cause de ce que l'on peut qualifier dans son cas de "syndrome post traumatique"). Ce qui m'a touché au coeur, c'est quand Lucy découvre les carnets de dessins de Jack dans l'appartement. Nous nous rendons compte en même temps qu'elle que Jack n'était pas seulement un soldat viril et mutique....Non, il était aussi un homme sensible, capable d'humour en caricaturant certaines personnes mais aussi en magnifiant Lucy dans des dessins aussi beaux qu'audacieux.....Du coup, cela nous renvoie en arrière dans la jungle, quand Lucy surprenait Jack en train de griffonner dans son carnet....Ce qu'elle pensait être des notes militaires étaient en fait des dessins retraçant leurs aventures....
"Un nouveau sanglot lui échappa : Jack s’était caricaturé en Rambo… et aussi en un étrange Roméo pleurant au pied d’un balcon où Juliette lui tournait le dos. Les Forbes et elle apparaissaient sous forme d’une bande de chats de gouttière tout mouillés, quémandant leur pitance. Lucy sourit, puis se figea : les pages contenaient aussi une douzaine de caricatures du sénateur Kelsey. Les premières, drôles, le représentaient en Bibendum ou en grosse meringue, mais les suivantes devenaient de plus en plus dures. La dernière le représentait en forme de cible de tir. Lucy alla se chercher un verre d’eau et réfléchit à tout ce que racontaient l’agenda et les dessins. Ils étaient révélateurs d’une personnalité curieuse, visiblement dotée d’un solide sens de l’observation et non dépourvue d’humour. Mais aussi de quelqu’un de solitaire et de secret. Elle se réinstalla avec le dernier carnet, qui était protégé par une pochette plastique. En l’ouvrant, Lucy reçut un véritable choc. Il ne contenait qu’une vingtaine de dessins, avec un unique sujet : elle. La première moitié avait visiblement été réalisée de mémoire. Lucy se voyait assise au pied d’un arbre dans la jungle, puis en train de dormir par terre ou penchée en avant, la nuque courbée par la fatigue, cheveux ébouriffés. Elle eut du mal à se reconnaître dans la scène représentant une femme, en pied et de trois quarts dos, en train de sensuellement s’étirer, les reins cambrés. La seconde moitié du carnet la fit rougir jusqu’à la racine des cheveux. Jack avait laissé libre cours à son imagination. Il s’agissait d’une série de nus, très esthétiques, sans aucune vulgarité, réalisée au fusain ou à la sanguine. Elle aurait posé qu’ils n’auraient pas été plus exacts : les formes de son corps, les détails… Chaque dessin était plus révélateur que le précédent, comme si le modèle et l’artiste avaient été un peu plus intimes à chaque séance de pose. Jack avait commencé par la représenter endormie sur le ventre dans un lit aux draps froissés qui masquaient en partie son corps, comme après l’amour. Puis il l’avait dessinée de dos, appuyée sur un montant de porte-fenêtre dont les rideaux transparents, agités par le vent, enveloppaient sa silhouette. Dans le dessin suivant, elle était assise, songeuse, les yeux clos, au bord d’un bassin de style romain, le visage et le buste offert au soleil. Il y avait aussi un portrait en pied où elle sortait de l’océan, ruisselante, visiblement heureuse et souriante. Le dernier dessin n’était pas complètement terminé. Elle se trouvait représentée dans un grand fauteuil, identique à celui où elle se trouvait à cet instant. Lovée, sensuelle, elle tendait la main vers l’artiste et la lueur dans ses yeux était une invite évidente. Ces dessins étaient une véritable déclaration d’amour pour le modèle. Lucy ne put contenir une nouvelle crise de larmes".
7#-Le passage "justice" du livre : Quand Jack essaye de se venger du sale sénateur Kelsey lâche et hypocrite qui n'a jamais accepté d'avoir été humilié par les deux soldats en Amazonie. L'attitude détestable de cet homme dans la jungle (où clairement, il disait qu'il devait être sauvé, lui, en priorité, et que les autres civils n'avaient qu'à aller se faire voir), montrait que nous entendrions encore parler de lui à un moment dans le bouquin.....Ce qui fut le cas. La seule chose que j'ai déploré c'est que Jack n'a rien dit du tout de son plan de vengeance à Lucy et l'a laissée dans l'inquiétude et l'incertitude durant plusieurs jours....Encore une fois, cela aurait pu porter atteinte à leur histoire d'amour ! Surtout que la pauvre jeune femme a quand même prouvé sa dévotion et sa patience à toute épreuve, malgré parfois le comportement un peu "exagéré" de son homme....
Pour conclure, j'ai passé un excellent moment de lecture en compagnie de Lucy et de Jack. Cette romance sort un peu de l'ordinaire grâce au cadre exotique où se déroule l'histoire au début, mais aussi par l'ellipse de temps une fois qu'ils sont revenus aux USA. Les scènes de romance sont parfaites et ont fait trépigner les petits papillons dans mon ventre. Jack est vraiment le genre de personnage masculin que j'adore, un homme aux abords froids et réservés qui cache bien son jeu et est finalement prêt à tout pour la femme qu'il aime comme il nous l'aura prouvé dans ce livre....Et Lucy n'est pas en reste car elle aussi correspond parfaitement aux critères que j'affectionne chez une héroïne : courageuse, honnête, fière et douce à la fois. J'ai également beaucoup aimé l'univers militaire dans lequel évoluent nos amis, rappelant ô combien le courage et l'abnégation des soldats qui se battent pour nous, civils, et les difficultés qu'ils peuvent rencontrer une fois revenus dans leurs foyers. En tout cas, si vous souhaitez lire une romance un peu dépaysante (au moins au début), avec beaucoup de passion, du suspens, des sentiments exacerbés qui vous feront sans doute réagir plus d'une fois devant votre livre, je vous recommande chaudement Dans la ligne de tir ! C'est un coup de coeur pour moi !
Ma note : 18/20
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