Editions Panini (2014)
Sortie originale 2010
480 pages
Synopsis :
Tout a commencé dans une ancienne république soviétique du Caucase. Des terroristes ont attaqué un laboratoire secret, libérant par inadvertance un terrible virus qui tue la population avant de les ramener à la vie… sous forme de morts-vivants. Loin de là, un avocat, très affecté par le décès de son épouse, entame une thérapie par l’écriture. Il ne se doute pas que son blog anonyme sera l’ultime témoignage des derniers jours de l’humanité. Car en Europe, les gouvernements se révèlent incapables de faire face à la foudroyante épidémie et les nations tombent les unes après les autres. Brutalement, le monde sombre dans le chaos. Dans une Espagne désormais infestée de zombies, l’avocat va tenter de sauver sa peau. Ne pouvant compter que sur des armes de fortune et sur sa farouche volonté de vaincre, ce survivant solitaire incarnera le dernier espoir du genre humain.
"Subitement, nous avons été renvoyés au XIXème siècle. Sauf que nous luttons pour survivre, entourés de cadavres capable de marcher. Cela ressemble à une bonne définition de l'Enfer, non ?"
LA – GROSSE – CLAQUE !!!!!!!
En toute honnêteté, je crois bien que ce tome 1 d'APOCALYPSE Z est l’un de livres qui m’aura le plus tenue en haleine de toute ma vie ! Ce livre, écrit par un auteur espagnol, est vraiment extraordinaire !
Dès l’instant où l’on commence la lecture de ce livre, on ne peut plus le lâcher !…..Il faut dire que le petit plus, par rapport aux autres histoires de zombies, c’est que le récit se passe en Espagne et le contexte politique et économique est celui que nous connaissons actuellement en Europe (l’auteur cite notamment Vladimir Poutine, le roi Juan Carlos ou encore Angela Merkel…)….Mine de rien, ce genre de petits détails permet de s’identifier totalement au héros qui raconte son histoire via des articles postés quotidiennement sur son blog…..Et contrairement aux histoires de zombies qui se passent toujours aux Etats-Unis, ici, les survivants n’ont pas d’armes à feu à foison…Il faut y aller à la débrouille pour se défendre (et de toute manière, les armes à feu font trop de bruit et attirent les zombies…)…..Cela rend l’identification aux personnages encore plus forte et franchement, ça fout la trouille car quand j’ai terminé ce premier tome, je me suis dit que ce genre de situation pourrait très bien arriver un jour (tout est possible dans notre monde de dingues, non ?).....Nan nan nan, je ne vire pas paranoïaque !!!
Le personnage principal :
Elément atypique de ce livre, le héros n’a pas de nom. L’explication est toute simple : Comme nous suivons son récit via les articles qu’il poste sur son blog, évidemment, il ne va pas s’interpeller lui-même ! Par contre, nous connaissons le nom de ses voisins, de ses amis et de tous les gens qu’il va évoquer dans son journal avant et après l’invasion des zombies. Si le narrateur n’a pas d’identité, par contre, nous savons qu’il a 30 ans, qu’il a perdu sa femme il y a maintenant deux ans dans un accident de voiture. Il vit avec son chat persan roux, Lucculus, que sa sœur lui a offert chaton, à la mort de son épouse. Il le considère comme son ami et non pas comme un animal de compagnie. Notre héros est avocat et pour ses loisirs, il aime - ou plutôt aimait - faire de la plongée sous-marine et possède un zodiac dans le petit port de sa ville, Pontevedra (à l’ouest de l’Espagne, un peu au-dessus de la frontière du Portugal). Petit détail important concernant l'auteur, Manel Loureiro : Celui-ci travaille aussi comme avocat quand il n'écrit pas des livres. Il a commencé son histoire, Apocalypse Z, en la postant au fur et à mesure sur son blog...Et il habite lui aussi à Pontevedra...Vu que son héros n'a pas d'identité à proprement parler, on peut s'imaginer que l'auteur s'est approprié l'histoire, à la limite comme si c'était lui qui la vivait réellement !
Pontevedra
Ce que j’ai aimé dans ce livre :
Les zombies :
Nous ne pouvons comprendre le fonctionnement de ces créatures qu'à travers les descriptions et les supputations du narrateur. Comme tout mort-vivant qui se respecte, ces choses peuvent infecter les humains par morsure ou au contact de leurs divers fluides corporels. Ils semblent se mouvoir de manière lente et parfois peu coordonnée, mais en réalité, ils sont assez vifs et rapides quand ils ont une proie à attraper. A ce propos, les zombies, que le narrateur nomme plus volontiers des "mutants", ont une espèce de 6ème sens, d'instinct qui leur permet de "ressentir" la présence d'être vivants pour les dévorer....Même quand ils n'ont plus d'yeux, par exemple, ces saloperies ambulantes peuvent nous "voir"....De vrais prédateurs increvables, qui ne ressentent jamais la fatigue. Le seul moyen de les tuer, c'est de détruire leur cerveau, comme c'est souvent le cas chez les zombies des autres oeuvres littéraires ou cinématographiques. Leur plus grande force, c'est bien évidemment leur nombre. Car au niveau réflexion, ils ne sont évidemment pas très malins, bien que le narrateur se demande si certains n'ont pas la mémoire des lieux qu'ils ont connus auparavant ainsi que l'instinct de conservation, comme s'éloigner du feu, par exemple....Mais comme plus aucun scientifique n'est là pour étudier leur comportement, on ne peut pas vérifier !
1#-La construction des chapitres sous forme de posts dans un blog. L’histoire débute un 30 décembre. Notre héros publie régulièrement des articles. Au début, il explique qu’il a ouvert ce blog car c’est son psy qui lui a conseillé de « s’exprimer » pour surmonter le deuil de sa femme, disparue depuis deux années, déjà. Avec lui, nous suivons avec impuissance et incrédulité la chute de notre société moderne et la fin de tous nos repaires et conforts que nous prenions pour acquis. Lorsque Internet ne fonctionne plus, le 30 janvier, soit un mois pile poil après le début de l'incident au Daghestan, notre héros continue à noter ses péripéties journalières dans un carnet, au stylo, à l’ancienne ! Il sait que cela peut paraître inutile et même absurde mais il veut garder une trace écrite de chaque moment qu’il vit et que cela puisse être un témoignage de sa présence si jamais il devait mourir bientôt. Ce tome couvre les aventures du personnage principal sur une période de 9 mois. Quand le livre s'achève, nous sommes mi-septembre....
2#-La manière tellement réaliste du moment où le petit train-train quotidien bascule dans l'horreur et les scènes de chaos : Au début, l'épidémie qui transforme les gens en morts-vivants affamés de chair fraiche démarre dans la région reculée du Caucase, dans un pays qui faisait partie de l'ex-URSS, le Daghestan. Il y a eu des soucis dans une base militaire. Vladimir Poutine envoie les forces armées là-bas…..Comme actuellement dans notre monde réel en Ukraine, on ne sait pas grand-chose de ce qui se passe là-bas….Les pays alentours savent juste qu’il y aurait un problème avec un virus qui se propage et qui rend les gens agressifs (pour ne pas dire cannibales)…..Les gouvernements respectifs donnent le minimum d’informations afin d'éviter de faire paniquer les populations. Par les billets postés par notre héros, on sent l’inquiétude palpable qui s’empare du monde entier au fil des jours….Les pays ferment leurs frontières, des médecins des diverses OMG sont rapatriés en urgence de cette région du monde, les militaires y sont envoyés à la place….Ebola, le virus du Nil sont évoqués au début….Tous les pays sont touchés au fur et à mesure que les journées passent....Avec les avions, rien de plus facile pour que le mal se propage....
Voici quelques extraits du livre dans leur ordre chronologique :
"Il semblerait qu'un groupuscule islamiste du...Daghestan ?....ait attaqué une ancienne base soviétique aujourd'hui sous contrôle russe. Ma soeur pense que les terroristes cherchaient des engins nucléaires. J'espère qu'elle se trompe. On aurait bien besoin de ça : un attentat semblable à celui du 11 mars 2004 à Madrid, mais avec des bombes sales, cette fois".
"Tout cela finira par se dissiper, comme l'histoire de la grippe aviaire".
"Selon le Ministère de la Santé espagnol, nous avons atteint un "point de rupture" dans la propagation de l'épidémie, et la pandémie est désormais inévitable. Elle devrait toucher l'Espagne d'ici quelques jours, si ce n'est pas déjà le cas. Tout cela est arrivé tellement vite - à peine deux semaines avant les premiers événements".
"La censure russe est implacable. Putain, mais qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi personne ne nous dit rien ?".
"Nous avons été interrompus dans nos discussions par un flash info (...) le présentateur vedette venait annoncer qu'une explosion atomique avait eu lieu à Shanghai quinze minutes plus tôt. Ce n'était ni un accident, ni une attaque : Le gouvernement chinois lui-même a pris la décision de rayer la ville de la carte.Cette nouvelle nous a époustouflés. La ville entière ? C'est ça le remède contre cette maladie ? Bordel, des millions de personnes vivaient là-bas !".
"Je suis à nouveau scotché devant ma télé. Je regarde les images des embouteillages monstres aux Etats-Unis, filmés par les hélicoptères de la police. Soudain, une vingtaine de personnes ont surgi du côté de la route et ont attaqué les automobilistes coincés dans leurs véhicules. La scène était épouvantable. Elle a duré moins d'une minute, mais j'en tremble encore. Je jurerais les avoir vus mordre les passagers. C'est inimaginable. Qu'est ce qui déconne chez ces gens ? Quelqu'un a ouvert les portes de l'Enfer, et les flammes nous lèchent les pieds".
"La grande nouvelle du jour : Un briefing du Comité de Surveillance de l'OMS a été diffusé hier après-midi dans le monde entier. Toutes les chaînes de télé de la planète ont retransmis les mêmes images en même temps ; un tel événement ne s'était plus produit depuis que l'homme a marché sur la lune, et ne se reproduira sans doute jamais. Cela m'a donné le vertige".
"Un militaire à la mine défaite est apparu sur l'écran, annonçant que l'armée n'est plus en mesure de protéger personne en dehors des Havres de Sûreté. Il a précisé qu'en cas d'attaque, il faut viser la tête des agresseurs. 'Utilisez un bâton, une machette, un fusil, n'importe quoi - mais défoncez-leur le crâne. C'est le seul moyen de les arrêter'. J'ai été interloqué par cette annonce".
"Le réseau internet semble lui aussi à l'agonie. Google et Yahoo sont fermés depuis plusieurs heures déjà. Les serveurs ont dû s'effondrer. Beaucoup d'autres sites connaissent le même sort".
"Le monde entier se trouve aux portes de l'Enfer - à moins qu'il n'en ait déjà franchi le seuil. Tous les habitants de cette planète risquent d'y passer. Ca ne rigole plus du tout".
3#-Les bons conseils pour survivre : Mine de rien, l'auteur nous explique, via les réaction de son héros (qui a beaucoup de chance mais qui prend aussi les bonnes décisions !) ce qu'il faut faire dans ce genre de situation. Chose surprenant (quoique...), il ne faut surtout pas croire ce que les autorités annoncent à la télévision....Comme par exemple, regrouper la population dans des centres appelés "Havres de sûreté".....Quand une horde affamée de morts vivants débarque dans les villes, elle est tout de suite attirée par ces sanctuaires et comme ces créatures arrivent par milliers et sont inépuisables, elles finissent par passer les barrages tenus par les militaires et alors là, c'est la boucherie....
"Des dizaines d'entre eux sont apparus, puis des centaines, peut-être des milliers - Je ne sais pas. De loin, on aurait pu croire au cortège d'une manifestation, ou à une foule sortant d'un stade ; la principale différence était le silence de plomb, troublé uniquement par le frottement de leurs pieds sur le bitume, et par leurs grognements sinistres. Ces saloperies se traînaient en direction du Havre de Sûreté. Inarrêtables, inébranlables. Implacables".
4#-On ne se voile pas la face sur la réalité des faits : Le héros décrit les odeurs de putréfaction, de sang, les asticots qui recouvrent les cadavres, les fluides de décomposition qui s'échappent des corps....Mais le pire, dans ce livre, c'est la description des enfants qui sont devenus des morts-vivants....Je me rappelle notamment du pauvre petit garçon resté attaché à sa chaise-haute, alors que sa mère s'était suicidée en se tirant une balle de fusil dans le visage (la pauvre femme n'avait sans doute pas eu le courage d'achever son bébé transformé en monstre)....Il y a beaucoup d'enfants évoqués dans ce livre, et ça, jusqu'à la fin du livre (vu que notre héros fait un petit passage dans un hôpital envahi par les zombies)...Et il faut dire aussi évoquer ce que l'auteur nous suggère, comme lorsque, au début de l'épidémie, il parle de ses voisins qui quittent leur maison pour aller au Havre de sûreté avec leur petite fille âgée seulement de quelques mois.....On n'a pas plus de détails mais on se doute bien qu'il leur est arrivé malheur.... Idem pour les voitures, qui ne sont pas des chars d'assaut imprenables comme dans les séries US ! Une bagnole qui percute un corps humain, et bien ça fait du dégât dans le moteur et ça fait dévier de la route !
En écrivant cela, ça me fait repenser au film américain "2012" quand les personnages roulent en voiture alors que les routes se craquellent et se disloquent tout autour...Je me rappelle que j'avais dit à mon mari que c'était complètement débile et que c'était étonnant que les pneus n'aient pas crevé, par exemple !.....Aaargh ! Le cinéma US nous enduit en erreur pour beaucoup de choses ! C'est pareil pour les balles de pistolet dans la tête....Ca ne fait pas un joli petit trou rouge....Ca fait de la bouillie et il y a la cervelle qui gicle etc....Le narrateur du livre décrit bien tout cela d'ailleurs !...
Ce que je n'ai pas aimé dans ce livre :
La tenue du calendrier dans le journal intime : Je m'explique, dans ce monde de chaos, je suis perplexe quant à la manière dont le personnage principal arrive à tenir son journal intime et arrive aussi bien à se repérer dans les dates ! Il lui arrive une multitude d'événements traumatisants qui parfois l'obligent à interrompre son récit pendant des semaines et malgré tout, il arrive à savoir à quel date on est quand il raconte son histoire...En réalité, plus les mois passent, plus les dates sont approximatives....Au moment où s'achève ce 1er tome, il écrit qu'il est à la mi-septembre, sans plus de détails !...Cela semble plus cohérent pour moi !
Bon, il m'est difficile d'en écrire plus sur ce tome 1 d'Apocalypse Z sans en dévoiler trop alors je vais m'arrêter là. Néanmoins, je dois dire que ce livre m'a accompagnée durant quelques jours, même quand je ne le lisais pas, j'y repensais sans cesse (j'en ai même fait des cauchemars la première nuit !). Il faut dire que les éléments politiques et économiques évoqués au début du livre collent tellement à notre vrai monde que cela en est totalement angoissant ! L'auteur évoque des personnalités célèbres en Espagne ou dans le monde et cela nous ancre que plus encore dans le monde réel....C'est effrayant de réalisme !
"En règle générale, je ne suis pas d'accord avec le journaliste Federico Losantos et ses discours proches de l'extrême droite, mais il se peut qu'il ait raison cette fois-ci".
"Le Roi est intervenu à la télévision pour lire une déclaration. Il avait revêtu ses habits militaires, comme il l'avait fait lors de la tentative de coup d'Etat en 1981".
Et en y repensant, heureusement que je n'ai pas lu ce livre cet automne, au moment de l'épidémie d'Ebola et de la psychose (entretenue par les Médias, on est d'accord...) qui en a découlé avec les gens qui revenaient d'Afrique et qui étaient mis en quarantaine (je me souviens du pauvre chien d'une infirmière espagnole, notamment, qui a été abattu sur le principe de précaution....)....No comment...
En conclusion, j'ai adoré ce 1er tome d'Apocalypse Z, et il me tarde de lire la suite. Il parait que l'auteur, Manel Loureiro, est surnommé le "Stephen King espagnol" par la presse ibérique, je veux bien le croire car son livre est vraiment extraordinaire pour nous faire passer les émotions les plus désagréables que l'on peut ressentir quand on lit un roman de ce genre. L'identification est très forte - trop forte, même, et il est parfois difficile de s'en détacher et de revenir à la "vie normale"....C'est la faute à Poutine, tout ça !^^.....Gros coup de coeur pour moi, en tout cas ! A lire absolument ! Et vivement la suite pour savoir ce qui va arriver à notre héros et à son compagnon félin, Lucullus (oui, je rassure les amis des bêtes, Lucullus est encore vivant à la fin de ce tome !).
Ma note : 19,50/20
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