mercredi 16 octobre 2019

La maison hantée de Sallie


Debra Pickman
Les Editions Ada (2011)
sortie originale 2010
366 pages 

Synopsis :
Dans ce livre, Debra Pickman nous raconte elle-même ce qu'elle, son mari Tony et leur nouveau-né Taylor ont vécu dans la désormais célèbre maison de Sallie, depuis le jour de leur arrivée jusqu'à celui où, terrorisés, ils se sont enfuis. L'histoire de la maison de Sallie et du fantôme de la fillette pyromane qui la hantait a donné naissance à d'innombrables rumeurs et hypothèses de meurtre, de dissimulation, de racisme et de sévices. Mais les Pickman savent, eux, ce qui s'est réellement passé, parce que non seulement ils l'ont vécu, mais qu'ils ont surtout à peine survécu. Pour la première fois, ils révèlent des détails inédits de leur calvaire. Ils décrivent l'apparente fascination protectrice de Sallie envers leur bébé, et racontent la vie aux côtés d'entités menaçantes qui les ont griffés, mordus et terrorisés. Ils livrent ici leurs recherches de nature historique, leurs propres photographies et des extraits du journal personnel de Debra qui documentent leur séjour dans cette maison cauchemardesque qui continue de les hanter encore à ce jour. Debra Pickman et sa famille ont vécu dans la maison de Sallie pendant 22 mois. En plus d'avoir attiré des enquêteurs dans le domaine du paranormal et des médiums, la célèbre propriété a figuré dans les émissions de télévision "Sightings", "Unexplained Mysteries" et "A Haunting" et a fait l'objet d'un téléfilm de la chaîne Showtime titré "Haunted Heartland". 

« La maison hantée de Sallie » est tirée d’une histoire vraie, écrite par Debra Pickman, la femme qui habitait dans cette maison et qui a vécu ces expériences paranormales avec son mari et leur jeune enfant durant deux ans (de leur emménagement à leur déménagement, car ils étaient seulement locataires). Les faits se déroulent au début des années 90, une période où le surnaturel était sans doute moins mis en lumière (internet n’existait pas) même si, il est vrai, les américains produisaient déjà des émissions sensationnelles depuis un moment (d’ailleurs, une émission de télé va venir les filmer chez eux. C’est relaté avec beaucoup de détails dans le livre et vous pouvez aisément voir les images d’archive sur Youtube). Et nous, nous avions l'émission "Mystères" qui cartonnait à l'époque le lundi soir sur TF1....

Personnellement, même si je suis convaincue de la sincérité de ces gens qui ont vécu des trucs flippants mais aussi parfois « incroyables » durant ces deux années dans cette maison, il n’empêche que je reste dubitative sur la manière dont ils ont réagi, surtout Debra, qui ne semblait pas vraiment percevoir le danger adjacent à ces phénomènes et qui a laissé son mari « sombrer » dans la terreur (voire la folie…RIP pauvre chat…) et surtout, qui a laissé son bébé, son jeune enfant, Taylor, dormir seul dans sa chambre, où, on le sait dès le départ, il y avait énormément d’activités paranormales (si l’entité peut faire bouger des jouets, rien n’aurait pu l’empêcher d’étouffer le bébé sous une couverture, par exemple…).

Ce livre a été écrit d’après le journal intime que Debra avait rédigé à l’époque. Du coup, toutes les journées où il s’est passé « des trucs bizarres » sont retranscrites au détail près. Cela peut être un peu redondant, voire rébarbatif à certains moments, mais finalement, on se rend compte que chaque petit détail avait son importance et surtout, on voit la manière dont Debra était « aveuglée » par son désir de « rendre heureuse » une petite fille fantôme sans se rendre compte que les choses devenaient de plus en plus malsaines, notamment pour Tony qui a été systématiquement la cible physique de – enfin « des » – entités présentes dans la maison (jusqu’à être attaqué en direct devant les caméras de l’équipe de l’émission de télé qui était venue filmer chez eux !!!…).

 Griffures dans le dos de Tony

Finalement, même après le déménagement de la famille Pickman, on ne sait toujours pas qui ou quoi habitait/habite cette maison….Si vous le souhaitez, vous pouvez toujours aller mener vous-même votre enquête puisque cette maison est devenue l’attraction de la ville de Atchison, au Kansas, avec des heures ouvertes aux visiteurs (c’est d’ailleurs très intéressant de lire les témoignages des visiteurs sur Google maps…).

En tout cas, ce livre m’a interpellée sur de nombreux points. Evidemment, il y a les phénomènes paranormaux qui peuvent nous glacer le sang, mais il y a aussi les problèmes de communication au sein de ce jeune couple qui ont failli les mener à la rupture (voire à quelque chose de plus violent et de plus « radical »…). Tony et Debra avaient chacun leur manière de gérer ces événements qui leur arrivait et parfois, j’ai été très choquée de la manière désinvolte avec laquelle Debra réagissait aux craintes de son mari.

Le dernier quart du livre est, pour moi, le plus intéressant à lire car nous sommes enfin confrontés à la « chose négative » qui vit chez eux et surtout, Debra laisse son mari s’exprimer (bon ok, c'est juste sur quelques lignes...), ce qui nous permet de connaitre enfin son point de vue à lui et du coup, aouh ouah ouah ! Le pauvre, on n’a pas du tout envie d’être à sa place car il a vraiment vécu l’enfer !....Et tout cela sans réel soutien de sa femme, qui semblait totalement aveugle face à la réalité de la souffrance de son mari….c’est aberrant !

Je recommande totalement la lecture de ce livre (peut-être pas le soir avant de dormir, cela dit…) car cela nous montre comment réagissent les gens selon leur personnalité, leurs croyances, face à des manifestations surnaturelles qui semblent au départ anodines mais qui en arrivent à blesser physiquement, à imputer des « mauvaises pensées » dans la tête des gens qui vivent dans la maison et qui allument des feux quand ça leur chante….Chouette ambiance !

Debra, Tony et leur fils Taylor


Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-La multitude de détails : Ce livre est une mine d’or en ce qui concerne tous les détails de manifestations d’entités. Que ce soit avec les déplacements d’objets, les départs de feu, les apparitions d’ombres sur les photos de famille, les griffures sur le corps de Tony. Du coup, en plus du récit, nous avons droit à différentes photos et dessins (dont celui de Sallie, dessiné par Tony quand elle lui est apparu un jour devant lui)….Bon après, les entités peuvent - sans doute - prendre la forme de ce qu’ils veulent alors qui nous dit que Sallie était vraiment ce qu'elle prétendait être….Car d'après les recherches que les Pickman et même les enquêteurs du paranormal, ou les médiums ont fait, il n’y a jamais eu de petite fille du nom de Sallie qui a vécu dans cette maison….


Sallie dessinée par Tony quand elle est apparue devant lui

L'une des nombreuses photos avec une anomalie visuelle


Ce que je n’ai pas aimé dans ce livre :
1#-L’incohérence du comportement de Debra : Si Tony m’a fait bonne impression (sauf quand il va tuer le chat, dans un état second et qu’il veut trucider sa femme ensuite…), je trouve que Debra manque de cohérence dans ses propos. Elle explique dès le départ du livre qu’elle a une attirance énorme pour le paranormal et qu’elle rêve de voir des fantômes….Par contre, elle rit au nez de son mari quand celui-ci vit des trucs louches, et elle en est même presque à douter de lui, de ce qu’il raconte….Son scepticisme et son cynisme ne vont pas avec sa soit-disant curiosité et son envie de créer un lien avec l’entité qui dit s’appeler Sallie. Tony, lui, par contre, il est catholique, élevé dans cette mentalité qu’il n’est pas bien de parler aux morts, il rejette énormément l’idée qu’il vive dans une maison hantée, au début, et puis surtout, en tant que septique, il est la cible des attaques physiques de l’entité (alors qu’il n’a rien demandé !) et on apprend dès le début du livre qu’il a été traumatisée par une vision d’horreur quand il était enfant…..Du coup, cela veut dire que celui qui ne veut pas croire à l’au-delà, se fait sans cesse harceler, tandis que celle qui veut absolument communiquer avec l’au-delà, bah elle ne voit rien, ou presque (car il ne faut pas oublier que c’est Tony qui va voir Sallie, et qui va ensuite la dessiner, idem pour la femme «hostile » qui se manifeste à lui de temps en temps…)….D’ailleurs, c’est aussi Tony qui va perdre pied et péter un plomb avec des envie de tuer sa femme (c’est à ce moment-là qu’ils ont jugé bon de déménager et quitter cet endroit….A mon avis, ils auraient dû le faire plus tôt !). Bref, j’ai trouvé que Debra prenait un peu Tony pour un con, parfois, et puis, lui, il a aussi admis se taire sur beaucoup de phénomènes, pensant faire des hallucinations à cause du manque de sommeil et surtout parce qu’il avait peur de perdre sa « virilité » en avouant sa terreur à sa femme, qui elle, était toute contente de communiquer avec un fantôme !


2#-Les chats : Avant que Tony soit pris de folie (ou sous l’emprise de l’entité, à priori), et trucide le chat du voisin qui a eu la mauvaise idée de boire le lait dans son bol de chocapics, il ne faut pas oublier que Tony et Debra avaient 3 chats au début du récit et que l’un d’eux va mourir dans le sèche-linge….J’avoue, c’est cette scène qui m’a le plus retournée dans le livre ! En fait, c’est surtout que Debra raconte ça comme une anecdote, et on ne sent pas vraiment qu’elle est touchée par ce drame….Elle n’inspire pas la compassion….Cela dit, elle met le doigt sur une très bonne interrogation, qui aurait dû lui mettre la puce à l’oreille et lui faire comprendre que l’entité n’était peut-être pas aussi « innocente » que cela ! En effet, si, à priori, Sallie a tenté de « prévenir » Tony de l’erreur qu’il a commise en mettant en marche le sèche-linge, en faisant des baisses de tension, pourquoi n’a-t-elle pas éteint directement le sèche-linge en le faisant disjoncter, par exemple ?....N’en avait-elle pas la force ou pas l’envie ?....Par contre, pour allumer des bougies ou foutre le feu à un cheval à bascule, là, pas de problème, elle y arrive !!!!



3#Comment peut-on laisser son enfant seul dans sa chambre hantée ? Cela va de pair avec ma réflexion juste au-dessus par rapport aux départs de feux….L’entité aurait pu mettre le feu à la chambre de Taylor sans problème, elle aurait aussi pu l’étouffer avec des couvertures, en le recouvrant, en lui faisant avaler un jouet dans son sommeil, que sais-je ?.....Au départ le bébé dormait dans un couffin installé dans la chambre des parents, mais à ce moment-là, Tony et Debra savaient déjà que la future chambre d’enfant de Taylor était un endroit où les activités paranormales étaient nombreuses (comme les peluches qui changent de place, par exemple…)….Au lieu de préserver une place de jeu à Sallie, le fantôme, moi, j’aurais plutôt continuer de faire dormir mon enfant avec moi, jusqu’à mon déménagement !


La maison à Atchinson, au Kansas (indiquée sur google map)

Brrrr, les coupes de cheveux du début des 90's étaient vraiment effrayantes...


Reportage de l'émission de télé "Sightings". Debra et Tony portent des faux noms à ce moment-là pour protéger leur anonymat

Quelques citations : 

"Au fil de ces circonstances, j'ai découvert que plus je pensais à un événement paranormal (qu'il soit effrayant ou non), plus la peur me submergeait. D'instinct, j'ai commencé à croire que ce qui venait de se produire n'avait pas pu se produire et que, par conséquent, cela ne s'était pas produit. Lorsque des heures, voire des jours, passaient sans qu'il se produise d'autres phénomènes, je me sentais mieux et faisais de moins en moins de cas de l'incident en question... Jusqu'au moment où j'étais témoin d'un autre et que tout le processus se répétait. Lorsqu'on est ouvert d'esprit, on est plus apte à accepter l'idée que tout est possible, et après avoir écarté encore et encore toute explication logique, on en arrive à une seule et unique conclusion, et celle-ci est très perturbante — il existe bel et bien des forces surnaturelles ou anormales".

"Soudain, elle a entendu Taylor pousser un horrible cri de douleur, comme si quelqu'un l'avait pincé ou piqué. Je l'ai entendu depuis la cuisine et me suis hâtée d'essuyer mes mains enduites de colle pour aller voir ce qu'il se passait. J'ai constaté, en regardant dans la pièce, qu'aucun chat n'en sortait en courant. En vérité, il n'y avait pas âme qui vive, car Tony s'était rendu à l'étage quelques instants avant. Comme je me doutais bien que ma belle-mère ne ferait rien qui puisse pousser le bébé à se réveiller en hurlant, j'ai instinctivement soupçonné Sallie. J'avais envie de la gronder et de l'avertir de ne plus jamais agir ainsi, mais je savais que ma belle-mère était déjà perturbée par la présence de notre fantôme. Si elle me voyait lui parler, ce serait comme lui enfoncer le couteau dans la plaie. J'ai donc résolu de m'occuper du problème, et de Sallie plus tard. Apparemment, la mère de Tony partageait mes soupçons; elle s'est hâtée de prendre le bébé en larmes. Tout en le berçant, elle a sèchement grondé Sallie. —Sallie, si jamais tu fais encore du mal au bébé, je vais te donner une fessée! Toujours debout dans la cuisine, j'ai failli me mettre à rire. Je n'aurais jamais cru voir ma belle-mère s'adresser à un fantôme, encore moins d'une voix aussi sévère. J'ai ressenti un élan de fierté devant le fait qu'elle ait parlé à notre fantôme. Puis, j'ai nettement eu l'impression que Sallie n'avait pas aimé que cette vieille femme ose la tancer ainsi. Ce n'était pas la première fois que je sentais que Sallie éprouvait de la jalousie quand la mère de Tony prenait le bébé". 

"Le point de vue de Tony   Parce que la façon dont Tony a vécu et perçu les événements s'étant produits au cours de notre séjour diffère grandement de la mienne, il s'avère nécessaire d'en tenir compte et adéquat d'entendre son point de vue. Honnêtement, cette maison me terrifiait. À un moment, j'ai même pensé que j'aurais besoin d'un exorciste. J'avais constamment peur pour ma propre sécurité et celle de ma famille. Je craignais que l'esprit s'attaque à quelqu'un d'autre, peut-être même à Taylor, si jamais il se lassait de s'en prendre à moi. En effet, Taylor ne pouvait pas nous dire s'il y avait un problème ou si on lui faisait du mal. Je me faisais du souci à chaque instant de la journée pour sa sécurité. Au bout de quelques mois de manifestations, ma mère et moi avons tenté de faire part de notre inquiétude à Debra, mais elle ne voyait pas cela du même œil et désirais si fortement vivre cette expérience qu'elle ne nous a jamais vraiment écoutés. Chaque fois que je soulevais la question, le fait que nous ayons des points de vue différents provoquait une dispute. Elle disait des trucs comme: —Comment pourrions-nous abandonner cette fillette sans lui porter secours? J'éprouvais également un grand sentiment d'insécurité à cette période de ma vie, et même si j'ai l'air ridicule de l'avouer, je me suis plié aux choix de Debra".

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