vendredi 3 mai 2019

La guerre des papilles


Lucie Castel
Les Editions Harlequin (2019)
299 pages 

Synopsis :
Chocolat contre pâtisserie.
Castelli contre Palazzo. 
Lucas contre Catalina.
Contre ? Tout contre, oui. Face à face, même ; car le local que Catalina a hérité de son grand-père se trouve à moins d’une dizaine de mètres du magasin des ennemis de toujours de sa famille : les Castelli. La guerre entre les deux clans dure depuis trois générations dans le petit village corse de Sartène, et l’installation de la descendante des Palazzo en face de la chocolaterie tenue par Lucca Castelli sonne comme une ultime provocation. Mais Cat a déjà surmonté bien pire que la concurrence frontale d’un voisin malpoli et ouvertement hostile, et il est hors de question qu’elle renonce à ouvrir sa pâtisserie, l’incarnation du nouveau départ qu’elle veut donner à sa vie – qu’elle doit donner à sa vie. Si Lucca veut vraiment la guerre, il l’aura… et ce sera la guerre des papilles ! 

J'ai passé un très agréable moment de lecture avec cette sympathique romance sous le soleil corse. En plus de l'histoire d'amour, je dois dire que j'ai été surprise par l'humour qui figure dans ce roman, avec beaucoup de petites piques et de vannes. Les personnages secondaires sont aussi très bien construits et certains très touchants. 


Ah ! Et dernière chose, je vous fais le pari que vous aurez l'eau à la bouche de nombreuses fois en lisant « La guerre des papilles » car Catalina, notre héroïne est une pâtissière hors pair et du coup, un grand nombre de gâteaux sont cités et décrits durant le récit….Miam !

Ce que j'ai aimé dans ce livre 
1#-L’humour : Ah oui, il y a certains passages dans le livre qui m’ont vraiment beaucoup fait rire. Notamment les dialogues parfois surréalistes entre Catalina et son cousin Marc-Antoine. Celui-ci est un personnage vraiment attachant qui sort les bonnes répliques ou les phrases inattendues (et parfois malaisantes) quand on ne s’y attend pas. Je suis fan de lui ! J’ai aussi aimé le sarcasme de Catalina qui a de la répartie, que ce soit face à Lucas mais aussi face aux « vieilles du village »….Quant au comique de situation, il démarre dès le début du livre, avec l’enterrement du grand-père de Catalina….Ca nous met dans l’ambiance dès le départ et effectivement, Catalina peut se demander si elle ne vit pas dans un village de dingues !

2#-Ennemis qui deviennent amants : C’est le genre de romance que je préfère donc évidemment, je n’ai pas été déçue dans ce livre car Lucca et Catalina mettent un certain temps à « faire la paix » alors que, à contrario, Dominique, le frère de Lucas a tout de suite adopté la jeune femme !

3#-Le passé traumatisant de l’héroïne qui se répercute encore durant sa vie actuelle SPOILERS en effet, si Catalina débarque en Corse, ce n’est pas seulement à cause du décès de son grand-père et du local qu’il lui a légué….Catalina avait monté une pâtisserie en Bretagne avec son compagnon…Mais celui-ci va finir par la larguer pour vivre avec la meilleure amie de Catalina, qui bossait également avec eux (oui, c’est une double trahison)….Le motif de ce goujat ? Catalina n’arrivait pas à avoir d’enfants…..C’est classe, très classe….Bref, heureusement, le karma fait que même si l’ex de notre héroïne va finalement réussir à avoir un bébé (avec l’ex-meilleure amie de Cat, évidemment), il n’empêche que sa pâtisserie va finir par déposer le bilan, faute de talent, car il ne faut pas oublier que Catalina est Meilleur Ouvrier de France….Ce titre prestigieux apporte renommée et est preuve de haute qualité pour les clients et vu que Catalina ne travaille plus avec eux, évidemment, le commerce de son ex va se casser la gueule ! J’en reviens au drame personnel de Catalina, qui ne peut donc pas avoir d’enfant. Il s’avère que c’est un choix délibéré de l’auteure, Lucie Castel, d’évoquer ce sujet. Elle l’expliquera à la fin de son livre et c’est d’autant plus louable que c’est plutôt rare les contes de fée qui ne finissent pas par « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants »….. « La guerre des papilles » est en cela un livre aux sujets plutôt modernes qui ravira les lectrices en imposant pas à l’héroïne de correspondre aux clichés obligatoires….Evidemment, le fait que Lucca soit un homme compréhensif est aussi un plus (pourtant, il était décrit au départ comme un con, surtout vis-à-vis de Catalina) mais voilà, au fur et à mesure que leur relation avancera et deviendra sérieuse, il fera comprendre à notre jolie héroïne qu’il l’aime elle, et c’est pas grave s’ils n’ont pas d’enfants ensemble. C’est d’autant plus facile pour lui de renoncer à ses rêves de descendance dans la mesure où c’est Catalina qui va lui dire son « secret » bien avant qu’il se passe des choses sérieuses entre eux (après tout, sachant qu’elle était stérile, il aurait pu seulement s’amuser un peu avec elle et la laisser tomber ensuite….C’est ce qu’auraient fait un certain nombre d’hommes, ne le nions pas….). Bref, le message véhiculé dans ce livre est vraiment positif et permettra sans doute aux femmes qui traversent la même sorte de « deuil de la maternité » de faire preuve de résilience….

4#-La vie d’un petit village : Je ne suis jamais allée en Corse mais je pense que l’auteure Lucie Castel a bien retranscrit l’atmosphère particulière du petit village où tout le monde se connaît et où les cancans et les guerres de clan font rage de génération en génération. C’était parfait.

Ce que je n'ai pas aimé dans ce livre 
Mon seul regret, j'aurais aimé savoir SPOILERS quel genre de pâtisserie correspondrait à Lucca. Car au début du livre, Catalina se vante d'avoir ce don, et si elle fait mouche avec Dominique, le frère de Lucca, c'est sous forme de vanne qu'elle lui répond quand il lui demande quel gâteau correspondrait à son frère et que Catalina lui répond qu'elle ne cuisine pas les orties......Une fois que nos deux héros vont enfin d'apprivoiser, j'aurais aimé que Catalina nous dise, à nous lecteurs, quel est le gâteau qui représente le plus Lucca selon elle.....C'est la question qui m'est venue naturellement au début du livre et j'aurais bien aimé en avoir la réponse en le terminant...Dommage cela restera toujours un mystère !

Quelques citations :

« En grandissant au milieu des œufs montés en neige, des mousses légères au chocolat amer, j’ai plus souvent respiré de la cassonade que de l’oxygène. La pâtisserie a été mon premier mode d’expression, et elle l’est restée. Encore maintenant, je trouve plus facile de dire à l’autre que je l’aime en lui offrant un chou à la crème de citron qu’en utilisant des mots. Il y a de la perfidie dans les mots, du double sens, voire du sens caché. Jamais dans les gâteaux. Le dosage et les formules relèvent de la science et de la chimie, rien à voir avec les métaphores qui, pour peu que l’orateur ait du talent, ne produisent que manipulation et mensonges. Je suis ce que je cuisine. Pour me connaître, il suffit de goûter ce qui sort de mon four. Je n’ai jamais envisagé faire autre chose de ma vie ».

« Ceux qui tiennent le succès entre leurs mains affirment qu’on ne réussit jamais sans une solide équipe. J’aurais dû sentir venir la tempête ; mon équipe n’a jamais été solide, elle n’a même jamais été une équipe. Il y avait eux et moi. Mais l’amour rend aveugle. Et sourd. Et tellement con ».

« Le futur galope sans se retourner ; personne ne le rattrape jamais. Et, pendant ce temps, le temps s’effiloche en tirant avec lui la vie de vos proches ».

« Marc-Antoine n’exprime aucune émotion. Ma tentative pour détendre l’atmosphère se solde par un cuisant échec. 
— Pitié, dis-moi que tu comprends le second degré ! 
— Bah, quand on a ma corpulence, c’est un peu une question de survie, le second degré. Je souris de toutes mes dents, rassurée. Question apparence, j’ai été bénie des dieux. Je tiens mon physique de la même source que celle de ma passion : Elena. Je possède ce qu’on appelle une taille mannequin que je n’ai jamais eu à trop entretenir, une peau naturellement dorée, des cheveux sains aux couleurs automnales sans avoir à faire de balayage, et un visage ovale qui me permet toutes les coupes. Pour arrondir les fins de mois, j’ai un peu joué les modèles, et j’aurais sans doute pu faire carrière dans le milieu de la mode, si la pâtisserie n’avait pas possédé mon âme depuis le début. Les moqueries, les complexes, la discrimination fondée sur le physique sont des combats que je n’ai pas eu à mener. Cependant, la vie m’en a réservé d’autres tous aussi destructeurs. Il ne m’est donc pas difficile de me connecter à la souffrance que je sens derrière l’humour et les allusions de mon cousin ».

«Mademoiselle Palazzo…, lâche Lucca Castelli, en crachant sa condescendance comme un dilophosaure crache son venin. 
— Monsieur Castelli. Un silence épais et désagréable nous enveloppe. Le temps se crispe et s’arrête. Le reste du monde continue sa course, mais notre bulle vient de se coincer entre deux espaces-temps. 
— J’ai été très surprise d’apprendre qu’après plusieurs années vous aviez décidé de vous inscrire à nouveau au concours des Florales. J’aurais pensé que vous aviez d’autres chats à fouetter que de participer à un petit concours de village. Si les gens avaient un peu de jugeote, ils quitteraient les lieux. 
— C’est donc une excellente chose que je sois polyvalent. Quant à ce petit concours de village, il représente ma ville autant que mon histoire. J’ai à cœur de l’honorer. Il ne manque pas d’aplomb, l’animal ! 
— Je vois. Ça n’a donc rien à voir avec votre goût prononcé pour la compétition et le fait que j’y participe ? 
— Si je veux de la compétition, je me présente à un concours international. Non, là, il s’agit plus d’un hommage. 
— Bien sûr. En ce qui me concerne, en tout cas, j’ai un grand sens de la compétition. 
— Plus que de l’hommage, j’en suis certain. 
— Disons que je ne me cache pas derrière. 
— C’est ce que vous pensez que je fais ? 
— Vous vous sentez visé ? 
— Parce que vous me visiez ? 
— C’est ce que j’ai fait ? Je ne crois pas. 
— Que le meilleur gagne, mademoiselle Palazzo ! 
— C’est bien ce qui va arriver, monsieur Castelli ».

« — Je couche avec Dom, lâche soudain Charlotte. Silence. 
— Heu… Mon Dom ? demande Natalie. Ou un Dom d’une autre famille ? 
— Non, le tien… 
— Oh ! mais c’est génial ! Mon frère est une perle. 
— Je suis encore mariée, précise Charlotte, la mine inquiète et gênée. 
— Ah. Bah, on a tous nos problèmes. Moi, je ne suis pas certaine de l’identité du père de mes enfants, confie Natalie, en haussant les épaules. 
— Comment c’est possible ? demande Marc-Antoine. 
— C’est possible quand on couche avec beaucoup de géniteurs potentiels en même temps, et qu’on boit trop pour s’en souvenir. Nous prenons un moment pour intégrer les aveux de chacune, une façon de leur offrir tout le respect qu’ils méritent. 
— Moi, je suis obèse, homosexuel et j’aime les serpents, déclare Marc-Antoine, le regard fixé sur l’horizon comme s’il s’apprêtait à sauter d’une falaise. Nouveau silence. 
— Et moi… Je couche avec Lucca et je ne sais pas trop où ça va nous mener. 
— Et toi ? répète Natalie. 
— Je trouve que nous formons une équipe exceptionnelle ! Pourquoi ne pas se dire : un pas après l’autre, un jour après l’autre. Ici et maintenant, avant tout. À mon grand soulagement, mon auditoire acquiesce et plonge ensuite le nez dans ses boissons chaudes. Un pas après l’autre, un jour après l’autre, ici et maintenant, avant tout ».


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