Les Editions J'ai lu (2016)
Sortie originale 1994
318 pages
Synopsis :
Dissimulé derrière une tenture, Derek Craven observe la salle de jeu où se presse une foule élégante. Chaque soir, son casino draine les joueurs les plus acharnés de Londres - et les plus fortunés... Chaque soir, c'est lui le véritable gagnant ! Né dans le ruisseau, élevé par des prostituées et des voleurs à la tire, il est à présent l'un des hommes les plus riches d'Angleterre. Et l'un des plus solitaires... Soudain, son regard accroche une silhouette féminine vêtue de velours bleu nuit. Du visage dissimulé par un masque, il n'aperçoit qu'une bouche pulpeuse, dont le sourire dévoile des dents parfaites. La chevelure auburn met en valeur un teint de lait et cascade sur des épaules nues. Le décolleté audacieux permet d'apprécier une poitrine somptueuse. Lorsque l'inconnue s'approche de l'endroit où il se cache, Derek ne peut s'empêcher de tendre la main pour l'attirer vers lui...
« Ouvrant son petit sac, toujours pendu à son bras, Sara y chercha ses lunettes. Elle les essuya, les plaça sur son nez et saisit son carnet. « Aller se faire foutre », répéta-t-elle en notant cette expression inconnue. Elle en demanderait plus tard le sens à quelqu'un ».
C’est toujours avec délice que je me plonge dans les livres de l’auteure américaine Lisa Kleypas et ce 2ème tome de la saga Gamblers ne déroge pas à la règle. Il faut dire que j’avais eu quelques aperçus très intrigants de Derek Craven, notre héros, dans le précédent tome, qui fut, il ne faut pas l’oublier, d’une grande aide pour la concrétisation du couple Lily & Alex et du coup, j’avais hâte de lire ce que l’auteure avait prévu pour lui en matière de romance (surtout qu’il clamait haut et fort qu’il ne tomberait jamais amoureux !).
J’ai vraiment beaucoup aimé La loterie de l’amour, même si parfois le scénario est un peu cousu de fil blanc, notamment avec la « méchante » de l’histoire mais bon, ça fait partie des clichés des romances historiques…..
La particularité de ce 2ème tome, dont le récit se passe 5 ans après celui du 1er tome, c’est qu’il met en scène deux héros issus de la classe populaire et sans descendance aristocratique, et cela fait du bien !
Bon, par contre, il faut préciser que le héros, Derek Craven est pété de tunes et vit entouré d’aristos (et il a des goûts de luxe, le bougre !!!!)….Il n’empêche, il a des origines modestes (c’est le moins que l’on puisse dire….) et la jolie Sara, qui est originaire d’un petit village, a grandi quant à elle dans une famille modeste, auprès de parents qui l’ont eu sur le tard (cela ne l’empêche pas d’être instruite et cultivée au point d’être une célèbre auteure de romans !).
« — Fonder une petite maison de jeu aurait déjà été un formidable succès. Mais il rêvait de créer un club si fermé que les hommes les plus puissants du inonde souhaiteraient y entrer.
— Et c'est ce qu'il a fait ».
« — Oui. Il est né sans un sou... Mais, plus terrible encore, il est né sans nom. A présent, il est plus riche que la plupart de ceux qui fréquentent son club ».
« Cependant, malgré ses habits coûteux, personne n'aurait jamais pris Derek Craven pour un gentleman. Sa balafre lui donnait en outre un air de brute des bas-fonds. Ses yeux durs et verts semblaient la transpercer. C'était un homme puissant et plein de morgue, et tout en lui disait son mépris des autres. Ce qui le rendait fort peu sympathique... ».
Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-La très belle histoire d’amour : Derek Craven est une canaille, il tient une maison de jeux, côtoie les prostituées et pousse les Gentlemen à dilapider leur argent chez lui. Malgré tout cela, il est énormément respecté parmi les Aristocrates car il est très riche et s’est créé un sacré réseau de relations. Il est aussi réputé auprès des épouses de ces messieurs dans la mesure où il n’hésite pas à les satisfaire à la place des maris défaillants (ou indifférents)…..Du coup, sa rencontre avec la jeune et innocente Sara est un coup du sort car par son attitude aimable et honnête, la jeune femme pousse notre héros dans ses retranchements. Lui qui ne voulait jamais entendre parler d’amour (il largue ses conquêtes dès qu’elles s’attachent à lui), il va pourtant devoir vite revenir sur ses résolutions car la présence de la jeune femme va très rapidement lui devenir indispensable (et même vitale !). La romance entre ces deux-là est vraiment superbe, avec beaucoup d’émotions fortes, de remises en question (autant chez Sara que chez Derek) et puis, leur première rencontre est épique et démarre leur relation sur les chapeaux de roue puisque notre jolie Sara va sauver la vie de Derek qui était en train de se faire agresser par deux hommes armés ! Même si notre héros est un homme qui a connu le pire et qui sait se défendre, on peut dire qu’il doit une fière chandelle à Sara qui ne va pas hésiter à tirer sur un homme pour lui ! J’ai adoré la manière dont Derek s’est comporté avec Sara au début de leur rencontre, comme s’il faisait tout pour lui montrer un maximum de ses mauvais aspects afin de la dégoûter et de la faire fuir ! Heureusement, la jeune femme ne se démonte pas et puis, elle est aussi aidée par tous les employés de Derek, autant l’exceptionnel et dévoué majordome Worthy que les filles de joie qui bossent dans la maison de jeux….Quand le vice rencontre la vertue….Voilà comment aurait dû s’intituler le titre de ce livre car Sara et Derek incarnent parfaitement ces deux aspects d’une relation amoureuse….Et je vais vous dire, ça fait vraiment plaisir de lire une romance où le héros n’est pas un aristocrate ! nondiiiidiou !!!!!!
«— Mon... monsieur? fit-elle en se penchant. Il se redressa brusquement et elle poussa un cri de terreur. Une grande main s'agrippa à son corsage avec tant de force qu'elle ne put s'arracher à son emprise. Sara se sentit soudain prisonnière. De l'autre main, l'homme lui toucha la joue, maculant de sang ses lunettes. Malgré ses efforts, Sara se laissa tomber à côté de lui.
— J'ai confondu vos agresseurs, monsieur, dit-elle en essayant de se libérer. Je crois vous avoir sauvé la vie. Lâchez-moi... s'il vous plaît... Il mit longtemps à répondre. Laissant sa main tomber de son visage le long de son bras, il lui prit le poignet.
— Aidez-moi à me lever, dit-il. Venant d'un homme si bien habillé, son accent cockney la surprit.
— Il vaudrait mieux que j'appelle à l'aide...
— Pas ici, haleta-t-il. Tous des cons ! On s'fera... voler et étriper dans la seconde. Choquée par sa rudesse, Sara eut envie de lui faire remarquer qu'un peu de gratitude serait la bienvenue. Elle songea cependant que l'homme devait souffrir et que le moment n'était pas aux mondanités!
— Monsieur, dit-elle d'une voix hésitante, votre visage... si vous permettez, je vais prendre un mouchoir dans mon...
— C'est vous qui avez tiré ?
— Je crains que oui ».
«— Je crois qu'il vaut mieux que vous ne partiez pas tout de suite, mademoiselle...
— Fielding, murmura-t-elle, les yeux baissés. Sara Fielding. Le nom parut lui dire quelque chose.
— Un rapport avec S. R. Fielding, la romancière? Sara Rose, précisa-t-elle. J'utilise mes initiales pour préserver mon anonymat.
— Vous êtes S. R. Fielding? intervint le docteur, en levant la tête.
— Oui, monsieur.
— Quel honneur ! Mathilde est un de mes romans préférés.
— De ceux que j'ai publiés, c'est celui qui a eu le plus de succès, admit-elle avec modestie.
— Ma femme et moi avons passé des soirées entières à débattre de la fin. Mathilde s'est-elle jetée du pont pour mettre fin à ses malheurs ou a-t-elle décidé d'expier ses péchés?...
— Excusez-moi, prononça une voix glaciale. Je saigne comme un porc. Mathilde peut bien aller se faire foutre!
— Oh, je suis désolée! fit Sara. Je vous en prie, docteur, occupez-vous de M. Craven. Où voulez-vous que j'attende? demanda-t-elle en se tournant vers Worthy.
— Dans la pièce voisine, si vous voulez bien. Vous pouvez sonner pour demander du thé.
— Merci ».
« — Y touche pas une femme en dessous de baronne, dit Tabitha, tirant Sara de sa rêverie. Vous devriez les voir aux bals, ces garces de la haute. Ces belles dames sont toutes après notre M. Craven. Et pourquoi pas? C'est un bel homme, costaud, pas comme leurs fainéants de maris qui s'intéressent qu'aux cartes et à la boisson! Et il est bâti comme un taureau, ajouta-t-elle sur un ton de conspiratrice, et juste où y'faut.
— Comment que tu sais? demanda Violette.
— J'suis copine avec Betty, la femme de chambre de lady Fairhurst. Elle m'a dit qu'elle les a surpris tous les deux, baisant en plein jour, pendant que lord Fairhurst était parti à Shropshire ».
2#-Beaucoup de passion et de tension : Comme Derek n’est pas du tout un gentleman, à certains moments, il perd le contrôle et il faut dire que la jolie et innocente Sara le met dans tous ses états ! Lui qui est si calme et impressionne les autres par ses regards froids et contrôlés, il se met en colère et s’énerve dès que la jeune femme est dans les parages !….Et pour ce qui est de leur attirance mutuelle, évidemment, il fallait se douter que cela allait faire des étincelles ! Sara n’est pas une oie blanche même si elle n’a jamais eu de relations sexuelles, mais comme elle a déjà côtoyé des prostituées pour écrire son roman phare « Mathilde », elle sait comment se comportent les hommes face à l’objet de leur désir et du coup, Derek a du mal à lui cacher l’attirance qu’il éprouve pour elle….Même s’il ne veut pas céder car il se pense indigne d’être aimé par une femme aussi gentille et sincère que notre héroïne….Lisa Kleypas sait très bien souffler le chaud et le froid dans ses romans mais je dois dire qu’avec un personnage aussi torturé que Derek, cela a été épique ! Mon dieu que c’était sensuel et intense !
« — Monsieur Craven... commença Sara en s'humectant les lèvres.
— Regardez-vous. Oh... fit Derek, le regard brûlant. Je vous avais dit de ne pas venir ici. Il effleura de ses doigts le désordre de sa chevelure.
— Je vous avais dit... répéta-t-il. Pourquoi?
— Mes... recherches... balbutia-t-elle.
— Bon Dieu! s’exclama-t-il, l'air à la fois sombre, cruel et passionné. Il ressemblait à un fauve prêt à bondir sur sa proie... Sara essaya pourtant de se défendre.
— Je ne pensais pas que nous irions si loin, murmura-t-elle. Je suis désolée. Tout s'est passé si vite. J'ai bu. Cette soirée me semble irréelle. Et vous étiez si... je... je ne sais vraiment pas comment c'est arrivé. Je suis désolée... ».
« Craven semblait buter sur les mots. Lorsqu'il retrouva la parole, sa voix avait repris son accent cockney:
— Mais n'avez-vous pas compris que je suis comme un chien frustré.
— Un chien frustré?
— Arraché en plein accouplement. Je vous désirais, ce matin, petite allumeuse, dit-il lui tenant le visage entre ses poings serrés. Je vous désire depuis l'instant où je... Restez tranquille! rugit-il. Ne bougez pas, ou je ne pourrai plus m'arrêter. Écoutez-moi. Je vais vous laisser aller... et vous allez partir. Pour de bon. Ne revenez plus au club.
— Jamais?
— Jamais. Retournez dans votre village.
— Mais pourquoi? demanda Sara, des larmes plein les yeux.
— Parce que je ne peux pas... (Il s'arrêta, la respiration sifflante.) Ne pleurez pas! « Ne bougez pas. Ne pleurez pas. Ne revenez pas... » Sara le fixait de ses yeux bleus étincelants. Elle était ivre d'émotion.
— Je ne veux pas partir, dit-elle ».
« En guise de réponse, il pressa son front contre le sien.
— Prononce mon prénom. Dis-le juste une fois.
— Derek... Il resta un moment immobile, puis il effleura chacune de ses paupières d'un baiser.
— Je vous oublierai, Sara Fielding, dit-il d'une voix rude. Mais cela sera très douloureux ».
3#-Le clin d’œil à la saga culte « La ronde des saisons » : J’adore quand les auteurs font des « passerelles » entre leurs différentes œuvres et pour le coup, avec ce tome-ci, j’ai eu le plaisir de découvrir que le concurrent direct de Derek en matière de maison de jeu, était un certain Ivo Jenner….Qui n’est autre que le père d’Evangeline, l’héroïne du tome 3 de La ronde des saisons, et accessoirement, le père « adoptif » de Cam Rohan, le héros du tome 1 de son autre saga spin-off Les Hathaway. Il est ainsi très intéressant de découvrir Ivo Jenner dans la fleur de l’âge puisque évidemment, dans La ronde des saisons, celui-ci est père d’une jeune femme d’une vingtaine d’année (notre héroïne Evangeline) et il n'est pas en très bonne santé...
« — Que faites-vous à présent?
— Je dirige une maison de jeu, moi aussi, pas très loin d'ici, dit-il avec un clin d'œil. Sara toussa et posa son verre
— Vous avez un club de jeu?
— Ivo Jenner, pour vous servir, madame, dit-il en lui baisant la main. Sara retira son masque et le regarda, incrédule. À la vue du visage de la jeune femme, la lueur de malice qui brillait dans ses yeux fit place à l'étonnement.
— Mais vous êtes une vraie beauté, marmonna-t-il. Elle éclata de rire.
— Ivo Jenner? Vous n’êtes pas comme je l'imaginais. En fait, vous êtes plutôt séduisant.
— J'espère bien vous séduire, dit-il en lui remplissant généreusement son verre.
— Vous êtes un coquin, monsieur Jenner.
— Je le nie pas. Ignorant le vin, Sara se renversa contre le mur, les bras croisés sur la poitrine.
— Vous avez intérêt à partir le plus vite possible. M. Craven vous cherche. Pourquoi êtes-vous venu ce soir? Pour faire du grabuge, je suppose?
— Quelle idée! fit-il, offusqué ».
« — Bon sang! explosa Derek. Non, non, pas avec Jenner. Je le tuerai, s'il la touche. Je le tuerai... Il jura outrageusement en s'ébouriffant la tête.
— Ils ont dû partir dans la voiture de Jenner, murmura Worthy en reculant de quelques pas. Celui-ci n'avait jamais vu Craven dans une telle colère. Il le connaissait pourtant depuis fort longtemps. Que se passait-il? songea-t-il soudain inquiet ».
4#-La mise en lumière du travail des enfants : L’auteure américaine avait déjà évoqué la dureté de la vie de gens du peuple dans son précédent tome, et elle en remet une couche dans celui-ci, dans la mesure où notre héros, Derek, est fils de prostituée, de père inconnu et rejeté bébé par sa mère….Il a donc grandi dans les rues…..Et le XIXème ne manque pas de ressources pour faire bosser les enfants, même en bas-âge. Lisa Kleypas met donc en lumière dans ce tome le métier de « Petit Savoyard », à savoir les petits garçons pauvres et exploités qui ramonaient les cheminées dans les riches maisons. (à l’origine, les enfants venaient de Savoie, d’où leur nom). Loin de l’image d’Epinal transmise par-delà les époques, leur métier était très dur et très dangereux. J’ai énormément apprécié quand Derek cloue le bec au vieil aristocrate qui dit du mal de ces pauvres petits garçons puisque lui-même a exercé cette activité pour survivre, avant de devenir trop grand pour entrer dans les conduits de cheminées (claustrophobes s’abstenir !!!). Pauvres gosses…
5#-Le fiancé fils à maman : Il faut savoir que Sara a un fiancé qui l’attend dans son village…Certes, Perry est joli garçon mais voilà, il est couvé, étouffé par sa mère (en même temps, il ne fait rien pour y remédier) et du coup, à cause de celle-ci, les fiançailles durent depuis des années…..Mme Kingswood trouve toujours à redire sur Sara, qui doit supporter tant bien que mal ses remarques acerbes…..Jusqu’à ce qu’elle découvre une autre vie à Londres et une autre perspective d’avenir auprès de Derek ou même en tant que femme indépendante. Du coup, quel bonheur de voir la jeune femme se rebiffer et dire ses quatre vérités à son « ex-future belle-mère » ainsi qu’à son ex-fiancé « culcul, coincé, fils à maman » ! Reste chez ta mère pauvre imbécile !!!!
« Derek imaginait Kingswood mince et romantique. Il devait avoir une voix d'homme cultivé, et des boucles aussi blondes que les siennes étaient noires. Ce devait être un jeune hobereau collet monté à qui toute audace était étrangère. Et il deviendrait un vieux monsieur ventru, buvant trop et empêchant les autres de terminer leurs phrases. Sara, en femme délicate et aimante, supporterait sa grossièreté avec un gentil sourire, gardant pour elle toutes ses désillusions. Elle essaierait de ne pas l'importuner avec ses problèmes et lui resterait fidèle. Il serait le seul à la voir les cheveux défaits et en chemise de nuit... Le seul à la sentir endormie contre lui. Ils feraient l'amour avec modestie et retenue, les yeux fermés, dans le noir et sous les draps. Personne n'éveillerait jamais la passion de Sara Fielding, n'arracherait ses inhibitions… ».
« — N'avez-vous jamais remarqué qu'elle me détestait, comme toute autre femme d'ailleurs que vous fréquenteriez?
— Vous êtes bien susceptible. Ce n'est pourtant pas votre genre de vous froisser pour si peu! Je dois dire que ce n'est pas à votre honneur, Sara. À présent qu'elle avait commencé, elle se sentait capable de dire tout ce qu'elle avait sur le cœur.
— Ah bon? Eh bien, moi, je ne trouve pas à votre honneur de laisser votre mère me harceler de la sorte. Et le comble, c'est que vous voudriez que j'avale ça avec le sourire!
— Je n'ai pas envie de discuter avec vous. Jusqu'ici, nous ne l'avons jamais fait. Ses yeux commençaient à s'embuer.
— Parce que je croyais que ma patience vous pousserait à me demander en mariage. J'ai attendu quatre ans, Perry, en espérant que votre mère donnerait enfin son accord. Elle ne le donnera jamais. Elle essuya quelques larmes de dépit.
— Vous me demandez d'attendre, poursuivit-elle, comme si on avait tout le temps. Mais le temps est trop précieux, Perry. Nous avons perdu des années, alors que nous aurions pu être ensemble. Ne comprenez-vous donc pas la valeur d'un seul jour d'amour partagé? Certains sont séparés par des distances infranchissables. Il ne leur reste qu'à rêver l'un à l'autre, leur vie durant. Comme c'est dommage et absurde! Passer à côté de l'amour est impardonnable! Laissez-moi vous dire quelque chose, Perry Kingswood, ajouta-t-elle en tremblant: ne vous imaginez pas que j'attendrai éternellement!
— Que voulez-vous dire? Elle s'arrêta pour lui faire face.
— Si vous teniez vraiment à moi, vous ne supporteriez pas cette séparation. Vous ne laisseriez personne s'interposer entre nous. Et... et vous m'auriez déjà séduite!
— Sara! s’exclama-t-il, en la considérant, incrédule. Je ne vous ai jamais vue comme ça. Vous n'êtes plus vous-même. Que vous est-il donc arrivé à Londres? ».
« — Vous ne voulez tout de même pas vivre dans la même maison qu'elle? avait lancé Sara, atterrée. Une ombre passa sur le beau visage juvénile de Perry.
— Et si votre mère était seule et nous demandait de vivre avec elle?
— Ce n'est pas la même chose. Ma mère n'est pas aussi exigeante!
— Je vous saurais gré de ne pas injurier ma mère. Rappelez-vous qu'elle m'a élevé sans l'aide de personne.
— Je sais, dit Sara, l'air piteux. Mais vous avez de l'argent personnel, Perry, n'est-ce pas? Des économies?
— Ça ne vous regarde pas, dit-il, irrité par cette question qu'il jugeait inconvenante. Excitée par son idée, Sara ignora sa fierté masculine blessée.
— J'ai moi-même un petit pécule, et je tirerai suffisamment d'argent de la vente de mon prochain livre pour nous acheter un cottage. Je travaillerai jusqu'à épuisement, s'il le faut, afin que nous puissions engager quelqu'un pour tenir compagnie à votre mère et s'occuper d'elle.
— Non, dit-il immédiatement. Une domestique ne s'occuperait pas d'elle comme le ferait sa propre famille. Se voyant contrainte d'abandonner son travail d'écriture pour se mettre au service de Marthe Kingswood, Sara s'emporta:
— Perry, vous savez combien je serais malheureuse si votre mère devait vivre avec nous. Elle se plaindra de tout ce que je ferai, de ma cuisine, de la manière dont je tiendrai la maison, et de l'éducation que je donnerai à nos enfants. Vous m'en demandez trop. Je vous en supplie, trouvons une autre solution... ».
« — Vous m'épousez pour le meilleur et pour le pire, dit-il sèchement. Vous savez ce que cela veut dire.
— Je ne savais pas que ce serait le meilleur pour vous et le pire pour moi!
— Si le plus terrible qui puisse vous arriver dans la vie est de vivre avec ma mère, ce dont je doute, vous devriez m'aimer suffisamment pour l'accepter ».
Ce que je n’ai pas aimé dans ce livre :
1#-Où sont passées les lunettes de Sara ?! En effet, au début du livre, Sara porte des lunettes, qui lui sont indispensables, apparemment (elle a d’ailleurs une paire de rechange dans ses affaires….Avant que Derek les lui pique, mais ça, c’est une autre histoire…). Hors, à partir du moment où notre héroïne commence à se lâcher au niveau de son look, notamment quand elle se détache les cheveux, et bien nous n’entendons plus parler de ses lunettes ! Bizarre…..
2#-La méchante trop caricaturale : Dès le moment où nous apprenons que Joyce est une sale garce qui est obsédée par Derek (un peu à la manière de Glenn Close dans Liaison fatale), je savais qu’elle allait, à un moment ou à un autre, s’en prendre à Sara…..Evidemment !!!!!!! Et pourtant, Derek n’a pas l’air de prendre ses menaces au sérieux et Sara….Bah, elle ne réagit pas forcément de la manière dont je l’aurais imaginé quand elle se retrouve en danger…..Du coup, oui, j’ai trouvé ces passages soit-disant « mélodramatiques » un peu trop too much…..Heureusement que le reste du livre était au top…..
« — Tu n'es pas sérieux. Tu ne renonceras jamais à moi, avait soufflé Joyce à son oreille. Dis-moi, qui posséderas-tu après moi? Une grosse paysanne? Une petite actrice aux cheveux décolorés et aux bas rouges? Tu ne peux pas revenir à ça, Derek. Tu as pris goût à un certain raffinement. Il avait souri de son assurance.
— Vous, les aristocrates, vous croyez que c'est un honneur pour moi de vous toucher. Tu crois être la première fille du monde que j'aie eue? J'avais des garces à sang bleu qui me payaient pour faire ça. Toi, tu y as eu droit gratis ! Le ravissant visage de Joyce avec son nez étroit et ses pommettes saillantes était devenu rouge de rage.
— Sale menteur!
— Comment crois-tu que j'aie trouvé l'argent pour lancer mon club ? Elles se disaient mes « protectrices », avait-il ajouté en enfilant son pantalon.
— Alors, tu n'étais qu'un prostitué ?
— Entre autres… »
3#-Le synopsis du livre qui n’est pas du tout révélateur de l’histoire : Franchement, quand on lit le résumé du livre sur Amazon ou d’autres sites, cela ne représente pas du tout la réalité du récit ! Le synopsis décrit un passage qui a lieu bien après la première rencontre entre Sara et Derek et c’est fort dommage ! Personnellement, en lisant ce résumé, cela ne me donne pas trop envie de lire le livre et si je l’ai fait néanmoins, c’est à cause du 1er tome et des impressions positives que j’avais eu à propos de Derek Craven qui avaient titillé ma curiosité…..
Pour conclure, La loterie de l’amour est un réel page-turner pour les amateurs de romances historiques. Quelle délice de retrouver le séduisant et énigmatique Derek Craven rencontré dans le tome précédent ! Son enfance a été traumatisante et se répercute dans sa vie d’adulte, autant par rapport à sa relation avec les autres (notamment avec les femmes) mais aussi par rapport à l’argent, ce qui en fait un personnage extrêmement complexe et difficile à cerner. J’ai aussi beaucoup apprécié le caractère de Sara, l’héroïne, qui est une jeune femme idéaliste et sincère et qui a aussi une grande empathie pour les autres, notamment envers Derek. L’auteure américaine Lisa Kleypas nous éloigne dans ce livre des grandes propriétés à la campagne et des salles de bal de l’aristocratie anglaise pour nous plonger durant une grande partie du roman dans les bas-fonds de Londres avec toute la population qui l’y accompagne. Même si je reproche à l’auteure d’avoir mis des scènes de suspens un peu trop clichées (notamment avec la « méchante » de l’histoire), j’ai néanmoins très fortement apprécié l’histoire en général et puis au niveau de la romance, c’était excellent, romantique et sensuel comme toujours avec cette auteure ! Je vous recommande totalement cette lecture !
Ma note : 17,5/20
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