Lisa Kleypas
Les éditions J'ai Lu (2009)
Sortie originale 2004
379 pages
Synopsis :
Comme ses amies Evangeline, Lillian et Daisy, Annabelle Peyton est à la recherche d'un mari. Or la tâche s'annonce ardue pour les quatre demoiselles : la timide Evangeline est affligée d'un bégaiement. Les soeurs Bowman sont américaines et peinent à s'intégrer dans la haute société londonienne. Quant à Annabelle, l'inexistence de sa dot constitue un lourd handicap. Pourtant, il lui faut dénicher un riche époux, membre de l'aristocratie, bien sûr. Autant dire que ce malotru de Simon Hunt n'a aucune chance. Dire qu'il a eu le culot de lui prédire qu'elle serait bientôt sa maîtresse ! Mais qu'attendre d'un fils de boucher ? Non, même s'il s'est enrichi à millions dans l'industrie, il n'est pas un parti envisageable. Et tant pis si elle ne peut oublier le baiser qu'il lui a volé jadis...
«Si seulement c'était un peu moins fort... Si je pouvais t'aimer seulement à moitié... je pourrais peut-être réussir à vivre avec ».
La saga La ronde des saisons de l'auteure américaine Lisa Kleypas est devenue une référence en ce qui concerne les romances historiques se déroulant en Angleterre au XIXème siècle. Cela fait tellement longtemps que j’en entends parler ! D’ailleurs, les tomes sont présents dans ma pile à lire depuis presque trois ans. Il m’aura fallu la vidéo de la booktubeuse Aurore62128 postée cet été sur Youtube pour me décider enfin à sortir le premier tome, Secrets d’une nuit d’été et je dois dire que je ne le regrette pas ! Même si j’ai été surprise par le choix de l’auteure de narrer la rencontre amoureuse mais aussi ce qui se passe après le mariage du couple Annabelle et Simon, j’ai passé un bon moment de lecture avec de l’amour, de la sensualité mais aussi beaucoup d’humour grâce à cet étrange quatuor de « laissées-pour-compte » qui auront chacune leur histoire d’amour traitée par saisons.
Pour le moment, commençons par Annabelle Peyton. Nous sommes en Angleterre en 1843 et la jeune femme aristocrate désargentée cherche désespérément un mari pour l’aider à subvenir aux besoins de sa famille et notamment pour payer les études de son petit frère, puisque leur père est décédé depuis quelques années et qu’elles arrivent, elle et sa mère, à la fin de leurs économies…..
Alors oui, je suis d’accord avec vous, une héroïne décrite de cette manière, à la recherche d’un mari pour son titre et son argent, cela peut paraître très vénal, et c’est vrai que ça l’est – clairement…..Mais il faut se resituer dans le contexte de l’époque et finalement, cela n’a rien de vraiment surprenant ! Le talent de l’auteure Lisa Kleypas, c’est d’avoir réussi à nous faire apprécier une héroïne qui partait pourtant de très loin avec ses à priori et son dédain envers les gens du peuple (même s’ils sont millionnaires comme Simon Hunt) et finalement, grâce à ses nouvelles amies –notamment les sœurs Bowman, qui sont américaines et donc, non aristocrates – mais riches héritières d’industriels – et surtout grâce à ses échanges intenses avec Simon Hunt, qui, par ses réflexions, essaye de lui montrer qu’elle a tout faux en cherchant absolument un mari aristocrate, nous allons assister au changement de mentalité de la jeune femme, jusqu’à la fin du livre, qui réserve à nos héros des sueurs froides et qui va enfin permettre à Annabelle d’ouvrir les yeux….Mais stop, je n’en dis pas plus….
Ce que j’ai aimé dans ce livre :
1#-Le quatuor charmant et drôle formé par ces jeunes femmes en quête de mari : Ces quatre jeunes femmes se sont retrouvées à faire tapisserie durant des réceptions « chasse au mari aristocrate » et du coup, au lieu de se faire concurrence, elles ont décidé d’allier leurs forces et de toutes s’entraider. Le concept est drôle, surtout avec les forts caractères et les particularités (ou défaut) de chacune. Le seul bémol que j’apporterai à ce concept, c’est qu’elles sont toutes les quatre très jolies et donc, il nous est un peu difficile de comprendre, nous lecteurs du XXIème siècle, pourquoi elles n’arrivent pas à trouver de mari…Annabelle, la plus vieille du groupe, a 25 ans. Elle est décrite comme étant très belle et attise la convoitise de beaucoup d’hommes mais voilà, ceux-ci la préféreraient comme maîtresse plutôt que comme épouse car elle n’a pas de dot à leur apporter malgré son ascendance aristocrate. Pour revenir au quatuor, même si Annabelle est l’héroïne de ce tome, nous faisons aussi connaissance avec les personnalités des trois autres, notamment Lilian Bowman, l’une des deux sœurs américaines qui sera l’héroïne du prochain tome et qui nous montre déjà dans celui-ci son très fort caractère et surtout ses nombreuses accrochages avec le comte Marcus Westcliff qui accueille tout ce petit monde dans son domaine de Stony Cross Parktout.
«Refermant le carnet d'un coup sec, elle jeta un coup d'œil aux jeunes filles assises non loin. Comme elle, toutes trois s'efforçaient de paraître indifférentes à leur situation. Annabelle savait exactement pourquoi elles se trouvaient là. Mlle Evangeline Jenner était de basse extraction, et la fortune considérable de sa famille avait été gagnée au jeu. Elle était en outre affreusement timide et affligée d'un bégaiement, ce qui faisait d'une tentative de conversation une torture pour les deux interlocuteurs. Les deux autres jeunes filles, Mlle Lillian Bowman et sa jeune sœur Daisy, ne s'étaient pas encore acclimatées à l'Angleterre. Et, apparemment, il leur faudrait du temps. On prétendait que leur mère les avait envoyées en Angleterre parce qu'elles n'avaient pas réussi à s'attirer une seule demande en mariage à New York. On les surnommait « les héritières bulles de savon » ou, quelquefois, «les princesses dollars». Malgré leurs pommettes hautes et leurs yeux noirs en amande, elles n'auraient pas plus de chance ici, sauf si elles se trouvaient une protectrice issue de l'aristocratie qui soit prête à leur enseigner la manière de s'insérer dans la haute société britannique. Annabelle se rendit compte qu'au cours des derniers mois de cette lamentable saison, toutes les quatre - Mlle Jenner, les Bowman et elle-même - s'étaient souvent retrouvées assises les unes près des autres. Sans doute trop absorbées par l'attente fastidieuse, elles ne s'étaient que rarement adressé la parole. Quand son regard croisa celui de Lillian Bowman, elle fut surprise de voir une lueur d'humour dans ses yeux de velours sombre.
-Ils auraient pu choisir des chaises plus confortables, murmura la jeune Américaine, puisqu'il est évident que nous les occuperons toute la soirée.
-Nos noms devraient être gravés dessus, répliqua Annabelle d'un ton ironique. Après tout le temps que j'ai passé sur cette chaise, je considère qu'elle m'appartient. Evangeline Jenner laissa échapper un gloussement et, d'un doigt ganté, repoussa de son front une boucle d'un roux flamboyant. L'amusement faisait pétiller ses yeux bleus et rosissait ses joues constellées de taches de rousseur Il semblait qu'un sentiment de connivence lui eût fait oublier temporairement sa timidité.
-Que... que vous fassiez tap... tapisserie dépasse l'entendement, dit-elle à Annabelle. Vous êtes la plus jolie de toutes les jeunes filles présentes. Les hommes de... devraient se battre pour danser avec vous. Annabelle esquissa un haussement d'épaules.
-Personne ne veut épouser une fille sans dot. Il n'y avait que dans les romans que les ducs se mariaient avec des filles pauvres. Dans la réalité, les ducs, les vicomtes et leurs semblables avaient la lourde responsabilité d'entretenir financièrement de vastes domaines et des familles nombreuses. Un riche aristocrate avait besoin tout autant qu'un pauvre de contracter un mariage avantageux.
-Personne ne veut non plus épouser la fille d'un nouveau riche américain, fit remarquer Lillian Bowman. Notre seul espoir de trouver notre place dans la bonne société est d'épouser un noble nanti d'un solide titre anglais.
-Mais nous n'avons pas de protectrice, ajouta sa jeune sœur, Daisy. C'était la réplique en plus jeune de Lillian, avec le même teint clair, la même chevelure brune et les mêmes yeux sombres.
-Si jamais vous connaissiez une gentille duchesse prête à nous prendre sous son aile, continua-t-elle avec un sourire malicieux, nous vous serions très obligées.
-Je ne cherche même pas à trouver un mari, leur confia Evangeline. Je... je dois souffrir durant toute la saison simplement parce qu'il n'y a rien d'autre à faire. Je n'ai plus l'âge d'aller à l'école, et mon père... Elle s'interrompit et soupira.
-Enfin... Il ne me reste plus qu'une saison à endurer Ensuite, j'aurai vingt-trois ans, et je serai une célibataire confirmée. J'at... j'attends cela avec impatience.
-Vingt-trois ans, c'est l'âge auquel on bascule dans l'état de vieille fille, de nos jours ? s'enquit Annabelle avec une inquiétude à demi feinte. Seigneur, ajouta-t-elle, les yeux au ciel, je n'imaginais pas être si loin de la fleur de l'âge !
-Quel âge avez-vous? demanda Lillian Bowman avec curiosité. Annabelle jeta un coup d'œil autour d'elle afin de s'assurer que personne ne pouvait les entendre.
-J'aurai vingt-cinq ans le mois prochain. Cette révélation lui valut des regards apitoyés ».
2#-Simon Hunt : Si vous ne deviez lire ce livre que pour une seule raison, ce serait pour lui, ce personnage masculin au charme énorme et au physique musclé très avantageux. Le seul défaut de Simon (aux yeux d’Annabelle et de ses amies) c’est qu’il ne fait pas partie de la noblesse anglaise, il est « seulement » fils de boucher – l’horreur !!!! Mais attention, Simon ne travaille pas à la boucherie de son père, nan nan nan ! Il s’est lancé dans les affaires – notamment le chemin de fer qui commence à faire parler de lui en Grande Bretagne – et grâce à son intelligence, son audace et ses capacités à anticiper l’avenir, Simon est arrivé à la tête d’une sacrée petite fortune. A vrai dire, il est certainement beaucoup plus riche que la plupart des aristocrates qui le snobent et ne comprennent pas ce que ce « m’as-tu-vu » fait dans leurs réceptions…Et bien Simon Hunt est devenu ami avec un aristocrate, le Comte Westcliff, qui a à peu près le même âge, et qui est – contrairement à ses pairs – assez visionnaire et réaliste pour comprendre que l’aristocratie anglaise est en plein déclin et que ce sont les gens qui investissent dans l’industrie et les nouvelles technologies (comme le train) qui seront bientôt les rois du monde….Ce qui m’a plu chez Simon Hunt c’est son attitude goguenarde envers la si coincée et snob Annabelle. On peut clairement voir qu’il a eu un coup de foudre pour elle, deux ans auparavant, lors de leur rencontre à Londres quand ils ont assisté – dans l’obscurité – au spectacle en diorama sur la Rome Antique…..Après, je dois dire que je suis perplexe sur le fait que malgré son attirance extrême pour la jeune femme, Simon ait attendu deux longues années dans l’ombre, au risque qu’Annabelle finisse par trouver finalement un mari aristocrate. Le seul truc que je peux reprocher à notre cher héros c’est d’avoir finalement attendu que la jeune femme soit « désespérée » pour lui proposer d’être sa maîtresse sur un ton tellement désinvolte….C’est sans doute cela qui aura braqué la jeune femme et s’il lui avait fait la cour dans les règles de l’art, leur histoire d’amour n’aurait sans doute pas été si compliquée à aboutir (en même temps, il n’y aurait pas eu ce livre, vous me direz !....A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire)…..
«-Monsieur Jeremy... fit alors une voix profonde derrière eux. Lâchant sa sœur, Jeremy pivota sur ses talons.
-Monsieur Hunt ! s'écria-t-il avec chaleur en tendant la main. Je suis surpris que vous vous souveniez de moi.
-Moi aussi. Vous avez grandi d'une bonne tête depuis que je vous ai vu. Ce sont les vacances scolaires ?
-Oui, monsieur. Voyant l'expression perplexe d'Annabelle, Jeremy se pencha vers elle pendant que l'inconnu faisait signe à ses amis d'entrer sans lui.
-C'est M. Hunt, le fils du boucher, lui chuchota-t-il à l'oreille. Je l'ai rencontré une ou deux fois dans la boutique quand maman m'envoyait chercher une commande. Sois aimable avec lui. C'est un type important. Interloquée, Annabelle ne put s'empêcher de penser que M. Hunt était d'une élégance inhabituelle pour un fils de boucher ».
«Il portait en effet une redingote noire impeccablement coupée, ainsi que ce genre de pantalon large qu'exigeait la mode, les deux laissant cependant deviner une silhouette à la fois élancée et musclée. Comme la plupart des messieurs qui s'apprêtaient à pénétrer dans la salle, il avait déjà enlevé son chapeau, révélant une chevelure de jais légèrement ondulée. La trentaine, grand, il avait des traits vigoureux, un nez volontaire, une grande bouche et des yeux si sombres que la pupille ne se distinguait pas de l'iris. Dans ce visage éminemment masculin, on décelait une ombre d'humour, sarcastique plutôt que léger. L'interlocuteur le plus distrait aurait compris au premier coup d'œil que cet homme n'était que rarement désœuvré, et que son corps comme son caractère avaient été façonnés par un dur labeur et une ambition acharnée.
-Annabelle, dit Jeremy, je te présente M. Simon Hunt. Monsieur Hunt, ma sœur, Mlle Annabelle Peyton.
-C'est un plaisir, murmura Hunt en s'inclinant ».
3#-Enormément de scènes romantiques : Evidemment, c’est à la limite du cliché, le super beau mec que l’héroïne fuit et méprise qui finalement arrive en héros et lui vient en aide, oui, ça peut faire lever les yeux au ciel mais avec moi, qui adore lire les romans d’amour, je suis totalement conquise et j’ai à chaque fois attendu les situations rocambolesques où nos deux héros étaient obligés de se « supporter ». Comment ne pas avoir le cœur qui palpite quand on lit ce genre de passages ! Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance ! Il y a aussi la superbe scène de sauvetage avec la morsure de vipère. Quelle intensité ! Pour tous les fans de romance c’est vraiment le must, même si c’est vrai que c’est hyper cliché (mais moi, j’en redemande ! j’adore !!!)
«La rotonde fut soudain plongée dans une obscurité totale tandis qu'un grondement menaçant s'élevait de sous leurs pieds. On entendit quelques petits cris, des rires ici ou là, puis un murmure d'excitation parcourut la foule. Annabelle se raidit en sentant le frôlement d'une main sur son dos. De sa main, glissant avec une lenteur délibérée le long de sa colonne vertébrale... Son odeur, fraîche et séduisante, lui chatouilla les narines... Et avant qu'elle puisse émettre un son, il la fit pivoter et s'empara de sa bouche avec une ardeur à peine contenue. Annabelle fut trop stupéfaite pour réagir Ses mains levées demeurèrent immobiles, tels des papillons frappés en plein vol, tandis qu'il retenait son corps vacillant, une main posée sur sa taille, l'autre sur sa nuque ».
«-Vous pouvez avoir ce que vous voulez, Annabelle... À la seule condition de le demander.
-Vous êtes déterminé à m'humilier jusqu'au bout, n'est-ce pas ? Vous ne me permettrez pas de conserver la moindre parcelle de dignité...
-Moi, vous humilier ? répliqua-t-il, sarcastique. Alors que depuis deux ans je n'ai droit qu'à des rebuffades et des affronts chaque fois que je vous invite à danser...
-D'accord, murmura-t-elle, prise de tremblements. Je l'admets... C'est vous que je veux. Voilà, êtes-vous satisfait ? C'est vous que je veux.
-À quel titre ? D'amant ou de mari ? Abasourdie, Annabelle écarquilla les yeux.
-Quoi? Glissant les bras autour d'elle, il attira son corps frémissant contre le sien. Il ne dit pas un mot, se contentant de la fixer intensément tandis qu'elle essayait de comprendre ce que sa question impliquait.
-Mais vous n'êtes pas du genre à épouser, parvint-elle à articuler d'une voix faible. De l'index, il suivit la courbe délicate de son oreille.
-J'ai découvert que je l'étais quand c'est de vous qu'il s'agit. La caresse subtile lui incendia le sang si bien qu'elle eut le plus grand mal à rassembler ses pensées.
-Nous nous entre-tuerions probablement dès le premier mois.
-Probablement, concéda Hunt avant de lui effleurer la tempe d'un baiser qui fit courir une onde de plaisir sur sa peau. Épousez-moi néanmoins, Annabelle. À mon avis, cela résoudrait la plupart de vos problèmes... et un grand nombre des miens. Laissez-moi vous gâter, chuchota-t-il tandis que sa grande main lui caressait le dos, apaisant ses tremblements. Laissez-moi prendre soin de vous. Vous n'avez jamais pu vous reposer sur personne, n'est-ce pas ? J'ai les épaules solides, Annabelle. Il laissa échapper un rire grave avant d'ajouter :
-Et il se peut que je sois le seul homme de votre connaissance capable de s'offrir Mlle Peyton. Annabelle était trop abasourdie pour relever le sarcasme.
-Mais pourquoi? demanda-t-elle. Pourquoi proposer de m'épouser alors que vous pourriez m'avoir comme maîtresse ? Un frisson la parcourut quand sa main remonta doucement jusqu'à sa nuque.
-Parce que j'ai compris ces derniers jours que je veux que personne n'ignore à qui vous appartenez. Et surtout pas vous. Annabelle ferma les yeux, submergée par une vague d'euphorie, alors qu'il posait la bouche sur ses lèvres. Resserrant son étreinte, il pressa sa chair consentante contre l'évidence de son désir. S'il y avait de la domination dans la manière dont il l'enlaçait, il y avait aussi du respect dans la douceur avec laquelle il frôlait du bout des doigts les endroits où sa peau était exposée. Sous sa tendre pression, elle entrouvrit les lèvres et ne put retenir un gémissement sous la caresse de sa langue. Il la combla de baisers tout en la rendant désespérément consciente des vides en elle qui exigeaient d'être remplis ».
4#-La partie de Rounders : Cette scène est primordiale dans la saga, pas seulement pour le couple Annabelle et Simon mais aussi, on l’aura compris, pour le futur couple, Lilian et Marcus. Ce qui m’a plu, en fait, c’est qu’Annabelle est une aristocrate et malgré tout, elle a accepté de jouer avec ses amies à ce jeu de balle qui est le cousin/ancêtre du base-ball. Cette influence positive des jeunes américaines « délurées » a finalement permis, sans qu’elle le veuille, de stupéfier Simon Hunt quand ils surprendront, lui et son ami Marcus Westcliff, les jeunes femmes en train de jouer à un jeu de balle « masculin » sans leurs robes dans un champ…..Evidemment, les négociations par la suite entre Annabelle et Simon pour que celui-ci passe au silence auprès de leurs mères l’attitude dévergondée des jeunes femmes vaut son pesant d’or car encore une fois, Annabelle va le surprendre avec l’objet du deal. Ah oui, la partie de Rounders dans ce livre est essentielle pour la mise en place de toute la romance qui viendra par la suite ! C’est mon passage préféré du livre !
«Le silence suffocant s'éternisa jusqu'à ce que, ayant dégluti avec peine, Hunt demande d'une voix enrouée :
-Je ne devrais sans doute pas poser la question. Mais que diable faites-vous ? Ces mots tirèrent Annabelle de sa paralysie. Elle ne pouvait certes pas rester ici et discuter avec lui en petite tenue. Mais sa dignité - ou ce qu'il en restait - lui interdisait de piailler comme une idiote en se précipitant vers ses vêtements comme Evangeline et Daisy l'avaient fait. Optant pour un compromis, elle alla récupérer sa robe à grands pas et la plaqua contre elle avant de faire de nouveau face à Simon Hunt.
-Nous jouons au Rounders, répondit-elle d'une voix bien plus haut perchée qu'à l'accoutumée. Hunt jeta un regard alentour avant de revenir à elle.
-Pourquoi vous...
-On ne peut pas courir correctement avec des jupes, coupa Annabelle. J'aurais pensé que c'était évident. Hunt détourna le visage en hâte, mais pas assez vite pour qu'elle ne remarque pas son sourire.
-N'ayant jamais essayé, il faudra que je vous croie sur parole. Derrière elle, Annabelle entendit Daisy dire à Lillian d'un ton accusateur :
-Tu prétendais que personne ne venait jamais dans cette prairie !
-C'est ce qu'on m'avait dit, répondit Lillian en se plaçant au milieu de la corolle formée par sa robe, puis en se baissant pour s'emparer du corsage et le remonter
-Vos renseignements étaient exacts, mademoiselle Bowman, intervint le comte tout en gardant les yeux soigneusement fixés au loin. Ce champ n'est pas fréquenté, habituellement.
-Dans ce cas, pourquoi êtes-vous là ? répliqua Lillian d'un ton accusateur, comme si c'était elle, et non Westcliff, le propriétaire du domaine. Le comte tourna brusquement la tête, posa un regard incrédule sur la jeune Américaine, puis détourna de nouveau les yeux.
-Notre présence est un pur hasard, répliqua- t-il froidement. Je souhaitais inspecter la partie nord-ouest de mon domaine aujourd'hui. Il souligna le « mon » distinctement quoique subtilement.
-Alors que M. Hunt et moi-même étions sur le sentier, nous avons entendu vos cris. Nous nous en sommes inquiétés, et sommes venus dans l'intention de proposer notre aide si besoin était. Pas un instant je n'ai songé que vous puissiez utiliser ce champ pour... pour...
-Jouer au Rounders-en-culottes, compléta Lillian charitablement, tout en passant les bras dans ses manches. Le comte parut incapable de répéter cette phrase ridicule. Il fit volter son cheval et lança, par-dessus son épaule :
-J'ai l'intention d'être frappé d'amnésie dans quelques minutes. Avant cela, je suggérerais que vous vous absteniez à l'avenir de toute forme de nudité en plein air. D'autres personnes vous surprenant ainsi ne se montreraient peut-être pas aussi indifférentes que M. Hunt et moi ».
«Bien que gênée, Annabelle ne put réprimer un ricanement sceptique. Indifférent, M. Hunt? Et le comte lui-même ? Hunt s'était à coup sûr débrouillé pour se rincer l'œil. Et si Westcliff s'était montré plus discret, le regard, bref mais intense, dont il avait gratifié Lillian avant de faire pivoter son cheval ne lui avait pas échappé. Cependant, vu la légèreté de sa tenue, le moment était mal choisi pour lui faire rabattre de sa superbe.
-Je vous remercie, milord, dit-elle avec un calme dont elle ne put que se féliciter. À présent que vous nous avez donné cet excellent conseil, je vous demanderais de bien vouloir nous accorder un peu d'intimité afin que nous puissions nous réajuster.
-Avec plaisir, grommela Westcliff. Apparemment, Simon Hunt ne put s'empêcher de jeter un dernier regard à Annabelle, qui tenait toujours sa robe pressée contre sa poitrine. Malgré son calme apparent, elle eut l'impression que son teint était plus coloré... Et il était impossible d'ignorer la flamme éloquente qui s'était allumée dans ses yeux noirs. Elle aurait aimé être suffisamment maîtresse d'elle-même pour lui adresser un regard froidement méprisant, au lieu de cela, elle se sentait rougissante, débraillée et complètement désarçonnée. Il parut sur le point de lui dire quelque chose, puis se ravisa et s'élança à la suite de Westcliff, qui se trouvait déjà à l'autre bout de la prairie. Mortifiée, Annabelle se tourna vers Lillian qui, bien que rouge elle aussi, affichait un admirable sang-froid.
-De tous les hommes qui auraient pu nous surprendre, dit-elle avec amertume, il a fallu que ce soit ces deux-là !
-Comment ne pas admirer une arrogance pareille ? commenta Lillian, ironique. Il doit falloir la cultiver pendant des années !
-À qui fais-tu allusion? M. Hunt ou lord Westcliff ?
-Les deux. Encore que l'arrogance du comte surpasse peut-être celle de M. Hunt... ce qui est quand même une prouesse remarquable. Elles se regardèrent avec, sur le visage, une expression de mépris identique puis, soudain, Annabelle éclata d'un rire irrépressible.
-Ils ont été surpris, non ?
-Pas autant que nous. La question est : comment allons-nous pouvoir leur faire face de nouveau?
-Comment vont-ils nous faire face, tu veux dire? rétorqua Annabelle. C'étaient eux, les intrus ! »
«-Pourriez-vous parler moins fort, chuchota-t-elle d'un ton coupant. Quelqu'un pourrait vous entendre. Hunt la fixa d'un air fasciné, une lueur suggestive au fond de son regard sombre.
-Faites votre offre, mademoiselle Peyton. Les yeux rivés sur un point au-delà de l'épaule de Hunt, Annabelle lâcha d'une voix étranglée, les joues brûlantes.
-Si vous promettez de ne rien dire du jeu de Rounders... je vous permettrai de m'embrasser. Le silence inattendu qui accueillit sa déclaration fut atroce. S'obligeant à lui jeter un coup d'œil, Annabelle constata qu'elle avait pris Hunt de court. Il la regardait comme si elle s'était exprimée dans une langue étrangère, et qu'il n'était pas sûr de la traduction.
-Un seul baiser, précisa-t-elle, les nerfs tendus à se rompre. Et n'en déduisez pas que, parce que je vous le permets une fois, j'y consentirai de nouveau. Hunt répondit avec une réserve à laquelle il ne l'avait pas habituée :
-J'étais convaincu que vous me proposeriez de danser avec moi. Une valse ou un quadrille.
-J'y ai songé. Mais un baiser m'a paru plus indiqué, et surtout plus rapide qu'une valse.
-Pas de la manière dont j'embrasse. Cette remarque prononcée à voix basse la fit frémir.
-Ne soyez pas absurde, répliqua-t-elle. Une valse ordinaire dure au moins trois minutes. On ne peut pas embrasser quelqu'un aussi longtemps ! La voix de Hunt s'enroua imperceptiblement quand il répliqua :
-Vous êtes bien placée pour le savoir, évidemment. Parfait... J'accepte votre offre. Un baiser pour garder le secret. Je déciderai quand et où il aura lieu.
-Le « quand » et le « où » feront l'objet d'un accord mutuel, contra Annabelle. Le but est d'éviter que ma réputation ne soit compromise. Je ne vous laisserai donc pas choisir un lieu ou un moment inappropriés, au risque de voir mes efforts ruinés. Hunt eut un sourire moqueur.
-Quelle négociatrice vous faites, mademoiselle Peyton ! Que Dieu nous vienne en aide si vous avez l'ambition de vous lancer un jour dans les affaires.
-N'ayez crainte, ma seule ambition est de devenir lady Kendall, riposta Annabelle avec une suavité venimeuse. Elle eut la satisfaction de voir son sourire s'effacer.
-Ce serait dommage. Aussi bien pour vous que pour Kendall.
-Allez au diable, monsieur Hunt, siffla-t-elle avant de tourner les talons. Alors qu'elle se dirigeait vers la terrasse, elle s'aperçut que l'état de sa cheville s'était aggravé ».
5#- Le jeu d’échec : Lisa Kleypas a eu l’ingénieuse idée d’inclure une partie d’échec très spéciale entre Annabelle et Simon. J’ai trouvé l’idée hyper romantique, notamment quand le jeu était laissé dans une pièce, en attente d’un coup de l’un des deux adversaires….ce jeu subtil de « messages codés » que seul les deux intéressés pouvait comprendre était super romantique ! J’adore !
6#-Les joutes verbales entre Annabelle et Simon : Quel délice de lire les scènes où ces deux-là se lancent des piques ! Si Simon le fait sur le ton de la plaisanterie, Annabelle, elle, sort les griffes constamment. Et évidemment cela provoque encore plus d’amusement pour Simon qui cherche à chaque fois à la faire sortir de ses gonds en se moquant d’elle….Quel coquin, ce Simon Hunt !
«-Je ne m'attendais pas à vous voir à Stony Cross, avoua-t-il, sans cesser de la contempler avec une attention qui la déconcerta. C'est pourtant logique, pour une femme dans votre situation. Annabelle plissa les yeux.
-Dans ma situation ?
-Essayant d'attraper un mari, précisa-t-il.
-Je n'essaie pas « d'attraper » qui que ce soit, monsieur Hunt, rétorqua-t-elle avec un regard hautain.
-Lançant l'hameçon, continua-t-il, ferrant une victime sans méfiance et la ramenant sur le pont, la bouche béante. Annabelle pinça les lèvres.
-Tranquillisez-vous, monsieur Hunt, je n'ai pas l'intention de vous priver de votre précieuse liberté. Vous êtes le tout dernier sur ma liste.
-Quelle liste ? Hunt l'observa durant le silence tendu qui s'ensuivit.
-Ah. Vous avez vraiment établi une liste des maris potentiels ? reprit-il, une lueur amusée dans les yeux. C'est un soulagement d'apprendre que je ne suis pas dans la course, car je suis résolu à éviter le mariage à tout prix. Mais la curiosité me dévore... Qui est en haut de la liste ? Annabelle ne répondit ».
«La plupart des propriétaires terriens perdent leur fortune, qui ne cesse d'être morcelée pour entretenir des familles toujours plus nombreuses... Et puis, il y a la transformation de l'économie à laquelle il faut faire face. Le règne du grand propriétaire terrien touche à sa fin. Seuls les hommes comme Westcliff, ouverts aux nouvelles techniques, survivront au changement.
— Avec votre inestimable assistance, bien sûr, commenta Annabelle.
-C'est exact, répondit Hunt avec une telle satisfaction qu'elle ne put s'empêcher de rire.
-Avez-vous jamais songé à feindre l'humilité, monsieur Hunt ? Ne serait-ce qu'au nom de la politesse ?
-Je ne crois pas à la fausse modestie.
-Pourtant, les gens vous en aimeraient peut- être davantage.
-Vous aussi ? Elle planta les ongles dans la cire molle et jeta un regard furtif à Hunt pour mesurer le degré de moquerie dans ses yeux. Elle fut abasourdie de ne pas en trouver trace. Il semblait sincèrement intéressé par sa réponse. Comme il la dévisageait avec insistance, elle sentit, consternée, le rouge lui monter au visage. Elle ne se sentait pas du tout à l'aise dans cette situation, seule avec Simon Hunt qui s'inclinait vers elle tel un pirate nonchalant et indiscret. Son regard tomba sur sa grande main bronzée posée à plat sur la table ; ses ongles étaient coupés si court qu'on distinguait à peine le croissant blanc.
-« Aimer » serait aller un peu loin, répondit Annabelle en s'obligeant à lâcher le bout de chandelle. Plus elle essayait de contrôler son rougissement, plus il s'intensifiait, jusqu'à gagner la racine de ses cheveux.
-Je suppose que votre compagnie me serait moins pénible si vous tentiez de vous conduire en gentleman.
-Par exemple ?
-Pour commencer... le... le plaisir que vous prenez à corriger les gens.
-L'honnêteté n'est-elle pas une vertu ?
-Si... mais elle ne rend pas forcément la conversation agréable ! Il laissa échapper un rire bas, qu'elle décida d'ignorer
-Et la manière dont vous parlez si ouvertement d'argent est vulgaire, surtout aux yeux des classes supérieures. Les gens bien élevés prétendent ne pas se préoccuper d'argent, de la manière d'en gagner ou de l'investir, ni d'aucune de ces choses dont vous aimez discuter
-Je n'ai jamais compris pourquoi on considérait avec un tel dédain la quête enthousiaste de la richesse.
-Peut-être parce qu'une telle quête s'accompagne de tant de vices... cupidité, égoïsme, duplicité...
-Des défauts que je n'ai pas. Annabelle haussa les sourcils.
-Vraiment ? Souriant, Hunt secoua lentement la tête.
-Si j'étais cupide et égoïste, je garderais pour moi la plus grande partie de mes bénéfices. Or, mes associés pourront vous dire qu'ils ont été coquettement récompensés de leurs investissements. Et mes employés sont bien payés, de l'avis de tout le monde. Quant à être hypocrite... Je crois qu'il est assez évident que j'ai le problème inverse : je dis la vérité, ce qui est pratiquement impardonnable dans une société civilisée. Sans trop savoir pourquoi, Annabelle ne put s'empêcher de lui rendre son sourire. Puis elle s'écarta de la table, lissa ses jupes du plat de la main.
-Je ne vais pas gaspiller plus de temps à vous enseigner la manière d'être poli quand il est manifeste que vous ne souhaitez pas l'être.
-Vous n'avez pas gaspillé votre temps, assura- t-il en contournant la table pour la rejoindre. Je vais réfléchir sérieusement à la façon de changer ma façon d'être.
-Ne vous donnez pas cette peine, répliqua- t-elle sans cesser de sourire. J'ai bien peur que vous ne soyez une cause perdue. À présent, si vous voulez bien m'excuser, je vais continuer ma promenade dans le jardin. Je vous souhaite un bon après-midi, monsieur Hunt.
-Laissez-moi vous accompagner, dit-il doucement. Vous pourrez continuer à me sermonner. Je vous promets même d'écouter. Elle fronça le nez avec impertinence.
-Non, vous n'écouterez pas. Elle reprit l'allée de gravier, consciente du regard dont il l'accompagna jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans le verger ».
Ce que je n’ai pas aimé dans ce livre :
1#-Le caractère parfois très superficiel d’Annabelle : Son snobisme et sa condescendance à l’égard de Simon Hunt m’ont souvent fait lever les yeux au ciel. Même si elle se rattrape vers la fin du livre, on peut, comme le héros, douter plus d’une fois de la sincérité de ses sentiments à son égard et se demander si elle ne l’épouse pas finalement parce qu’il est riche….Je ne sais pas….Hum…J’ai été plus d’une fois gênée par son comportement….A la limite amoral et égoïste….Bon, après, c’est l’époque qui voulait ça, et c’est horrible quand elle explique à Simon que la fidélité chez les aristocrates n’existe pas, c’est un truc pour les gens du peuple….Quel message ignoble ! Et puis faire planer le doute sur sa possible « liaison » avec l’immonde et repoussant Lord Hodgeham…..J’ai trouvé cela vraiment abusé de sa part !
2#-La condition des femmes de cette époque : Evidemment, cela n’a rien à voir avec le roman en lui-même puisque c’est un état de fait établi sur la société de cette époque. Quelle horreur de constater que les femmes aristocrates préféraient « se prostituer » auprès d’autres aristocrates sans scrupules (souvent des gros vieux dégueulasses, en plus !) plutôt que de faire le choix de vivre plus modestement et de prendre un travail, par exemple ! Le sort des femmes du peuple était beaucoup plus enviable, finalement, car au moins, elles pouvaient choisir qui elles voulaient aimer…Du coup, lire ce livre nous rappelle douloureusement que certaines femmes dépendent complètement des hommes et que – dans le cas de la famille d’Annabelle – quand le père décède, son épouse et ses enfants se retrouvent complètement démunis…..Après, vous allez me dire, Annabelle aurait pu faire le choix de prendre un boulot (servante, lavandière etc) plutôt que de s’abaisser à « chercher un mari » à tout prix ou, en dernier ressort à « prendre un amant qui l’entretiendrait »…..Le fait que sa mère décide de se sacrifier en échangeant son corps contre un peu d’argent de la part d’un gros porc aussi répugnant que le Lord Hodgeham, beurk !!!!! mille fois beurk !!!!!!
«Elle atteignait le premier étage lorsqu'un gros homme apparut sur le palier. Au-dessus de son visage rouge et luisant, une mèche se dressait sur sa tête comme une crête de coq. Il la dévisagea avec un petit sourire suffisant. -Bonsoir, lord Hodgeham, articula Annabelle avec raideur, ravalant la honte et la fureur qui lui nouaient sa gorge. Hodgeham était l'une des rares personnes au monde qu'elle haïssait de toutes ses forces. Soi- disant ancien ami de son père, il passait épisodiquement, mais jamais aux horaires de visite habituels. Il arrivait tard le soir et, contre toutes les règles de la bienséance, restait seul dans une chambre avec la mère d'Annabelle, Philippa. Dans les jours qui suivaient ses visites, Annabelle constatait que quelques-unes de leurs dettes les plus pressantes avaient été mystérieusement réglées. Et que sa mère se montrait anormalement nerveuse, irritable et peu loquace. Il était presque impossible pour Annabelle d'imaginer que sa mère, si à cheval sur les principes, permettait à qui que ce soit d'user de son corps contre de l'argent. Pourtant, on ne pouvait tirer une autre conclusion de ces visites, ce qui l'emplissait de honte et d'une rage impuissante. Sa colère n'était pas dirigée uniquement contre sa mère. Mais aussi contre leur situation, et contre elle-même qui n'avait pas encore réussi à décrocher un mari. Il lui avait fallu longtemps pour se rendre compte que, si jolie et charmante fût-elle, et quel que fût l'intérêt qu'un gentleman semblait lui montrer, elle ne recevrait pas de demande en mariage ».
«Comme il se penchait vers elle, Annabelle ravala un haut-le-cœur tant l'odeur de son corps - un mélange de sueur rance et d'eau de Cologne - était répugnante.
-Peut-être que la prochaine fois, c'est vous que j'essaierai, murmura-t-il. Sans doute s'attendait-il qu'elle fonde en larmes, rougisse ou le supplie. Mais elle se contenta de le fixer d'un regard froid.
-Espèce de vieil imbécile vaniteux, si je devais devenir la maîtresse de quelqu'un, vous ne croyez pas que je pourrais trouver mieux que vous ? Hodgeham grimaça un sourire, quoique au prix d'un effort visible qui ravit Annabelle.
-Il n'est pas sage de votre part de vous faire un ennemi de moi. Quelques paroles bien placées, et je pourrais détruire la réputation de votre famille sans espoir de rachat. Si j étais à votre place, continua-t-il en la parcourant d'un regard hautain, je ne me montrerais pas aussi dédaigneuse, avec mes oripeaux et mes bijoux en verroterie ».
Pour conclure, j’ai passé un très bon moment de lecture avec ce premier tome de La ronde des saisons. En plus de la multitude de scènes d’une intensité romantique extrême – et ce, jusqu’à la fin du livre – des joutes verbales entre Annabelle et Simon qui passent leur temps à se « chercher », nous avons aussi droit à un portrait peu flatteur de la condition des femmes de l’aristocratie qui sont prêtes à tout pour garder leur titre de noblesse quitte à en payer le prix fort de leur intégrité physique. Il était drôle de lire à quel point la recherche acharnée d’un mari était primordiale pour toutes ces demoiselles ! Evidemment, j’ai énormément apprécié le personnage masculin, Simon Hunt, homme du peuple - puisque son père est boucher - mais qui a finalement, lui, réussi à devenir un extraordinaire homme d’affaire au flair infaillible et qui devient une menace « financière » pour le mieux monde des aristocrates embourbés dans leurs manières d’un autre temps et qui ne se rendent pas compte que la roue tourne. Annabelle et Simon feront l’amère expérience des préjugés et du mépris de certains mais ils pourront aussi compter sur le soutien de leurs amis. Car oui, les personnages secondaires sont très importants dans cette saga, et bien évidemment, ils deviendront à leur tour les héros des prochains tomes. J’ai d’ailleurs hâte de lire Parfum d’automne, qui sera consacré au couple Lilian et Marcus….Je sens que ça va péter du feu entre ces deux-là et peut-être même plus que pour Simon et Annabelle car contrairement à Simon, Marcus n’est pas prêt d’admettre qu’il est fortement attiré par la jeune et impétueuse américaine….Argh ! Vite la suite !
Ma note : 17/20
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