Les Editions Terra Nova (2015)
320 pages
Synopsis :
1944, pendant l’Occupation. Les Français vivent désormais dans l’espoir d’un débarquement allié et l'inquiétude gagne l'armée allemande, accentuant les crispations et les duretés perpétrées contre la population française. Maximilian von Wreden, officier du Renseignement allemand, est en poste à Paris depuis quelques mois quand il rencontre Marianne, une étudiante en philosophie de vingt et un ans. Sa peau est douce, ses lèvres sont tendres, elle réussit à apaiser ses démons intérieurs. Ce que Maximilian ne sait pas, c'est que la jeune femme travaille en réalité pour un réseau de résistants. Elle a volontairement été jetée dans la gueule du loup pour le séduire et lui soutirer des informations sensibles. Pour elle, il est d'abord l'homme à abattre. Mais pas seulement…
Synopsis :
1944, pendant l’Occupation. Les Français vivent désormais dans l’espoir d’un débarquement allié et l'inquiétude gagne l'armée allemande, accentuant les crispations et les duretés perpétrées contre la population française. Maximilian von Wreden, officier du Renseignement allemand, est en poste à Paris depuis quelques mois quand il rencontre Marianne, une étudiante en philosophie de vingt et un ans. Sa peau est douce, ses lèvres sont tendres, elle réussit à apaiser ses démons intérieurs. Ce que Maximilian ne sait pas, c'est que la jeune femme travaille en réalité pour un réseau de résistants. Elle a volontairement été jetée dans la gueule du loup pour le séduire et lui soutirer des informations sensibles. Pour elle, il est d'abord l'homme à abattre. Mais pas seulement…
"Quoi qu'il arrive et où que je sois, après cette fichue guerre, il ne se passera plus une seule journée sans que j'attende l'heure bleue, murmura-t-il, troublé. Parce que je sais que, quelque part, il y aura une petite Marianne pour l'attendre aussi".
C'est plutôt rare que je lise des livres sur la Seconde Guerre Mondiale même si c'est une période de l'histoire qui m'a toujours fascinée (surtout quand j'étais ado). Du coup, quand je suis tombée sur ce livre et que j'ai vu que ça parlait d'une histoire d'amour interdite, mon petit coeur de midinette s'est enflammé et il m'a fallut le lire immédiatement ! J'ai donc interrompu illico presto ma lecture du 6ème tome de Demonica de Larissa Ione pour le lire ! (oui, c'est fou !).....Et je ne regrette pas du tout car j'ai vraiment passé un super moment aux côtés de Marianne et de Maxim, même si, il est vrai, le contexte "tendu" dans lequel ils évoluent m'a souvent donné des suées d'angoisse....Et Bah, oui, que voulez-vous, c'est la guerre, M'sieurs-Dames !
Ce qui ne nous tue pas... est un coup de coeur pour moi. J'ai adoré cette histoire, et même plusieurs jours après avoir achevé mon livre, je continue à penser aux personnages...Signe révélateur à mes yeux d'un récit de qualité !
J'ai aussi, il est vrai, un goût amer dans la bouche car évidemment, en cette période trouble de notre histoire, les femmes ont morflé un maximum et c'est injuste....Et l'histoire est un éternel recommencement....Citez-moi un pays dans le monde où les femmes sont mieux traitées et considérées que les hommes...
Pour revenir à Ce qui ne nous tue pas... alors, il n'y aura pas de spoilers dans ma chronique si je vous dit que l'histoire d'amour de Maxim et Marianne se terminera bien puisque dès les premières lignes du roman, nous suivons Sebastian von Wedren, leur petit-fils, en 2012, qui ne sait rien des circonstances de la rencontre des parents de sa mère et qui va le découvrir grâce à un petit jeu subtil de sa grand-mère française, avec des vieilles photos posées jours après jours à sa vue lorsqu'il passera ses vacances dans le domaine familial....
"Derrière les enfants, en retrait, les parents. Le jeune homme se serait souvenu d'une telle photo s'il l'avait déjà vue. Il eut le souffle littéralement coupé devant la prestance de ce couple. Lui, grand et altier. Appuyé sur une canne discrètement remisée contre sa jambe droite. Vêtu d'un pantalon élégant et d'un polo blanc, avec une grande mèche que le vent prenait à rebrousse-poil et rabattait sur le front avec malice. Elle, serrée contre lui comme si sa station debout en dépendait, tenant négligemment à la main un lainage qui traînait à terre, la tête légèrement penchée, ce qui avait eu pour effet de faire glisser sa longue chevelure noir, dont la coupe était aux antipodes de ce qui pouvait se faire dans les années 1960. Elle riait aux éclats. Son autre main était emprisonnée dans celle de son mari et reposait contre sa taille. Rien n'existait en dehors d'eux. Ni le ravissant décor de carton-pâte jaune, ni les arbres centenaires, ni cette aisance financière qui devait alléger bien des soucis, ni ce titre ronflant dont se seraient gargarisées beaucoup de personnes. Même ces quatre beaux enfants ne semblaient avoir d'intérêt. Sur cette photo, on ne voyait qu'eux. Leur séduction. Leur étreinte qui suggérait qu'ils ne pouvaient éloigner leurs épidermes respectifs l'un de l'autre plus de quelques secondes. Sebastian se pencha un peu plus et concentra son attention sur le visage de son grand-père. Il ne l'avait pas connu. Il était mort en 1990. Lui-même n'était pas né. Il savait juste que, si on voulait s'en faire une bonne idée, il suffisait de regarder Charles qui lui ressemblait de manière frappante, mais l'analogie s'arrêtait là. Son oncle était réservé, assommant et un peu collet monté, quand les récits qu'il avait pu entendre plus jeune présentaient son grand-père comme une personne fantaisiste, charmeuse, un peu loufoque, qui volait les tartines de ses fils pour les faire crier, tirait sur les tresses de ses filles, embrassait amoureusement sa femme à tout bout de champ, si possible devant tout le monde, et vivait chaque minute de sa vie comme si c'était la dernière. Sa grand-mère, Marianne von Wreden, était plus jeune de onze ans que son mari et supportait son veuvage depuis vingt-deux ans maintenant, chaque année plus lourde que la précédente".
"Le jeune homme eu un coup au coeur et ressentit de l'inconfort. Il en voulut presque à sa grand-mère d'avoir exhumé ce souvenir. C'était son grand-père, Maximilian von Wreden. En grand uniforme de la Wehrmacht. Un officier. Avec toutes ses pendeloques et ses breloques. La visière de sa casquette ombrageait un regard qu'on devinait clair, et le sourire était absolument craquant. Un concentré de propagande sur pied conforme aux critères puants de l'eugénisme nazi des années 1940. Même dans ses délires les plus fous ou avec une double dose d'héroïne dans le sang, Hitler n'aurait pu imaginer plus parfait prototype de race aryenne".
Même si nous savons donc dès le début qu'il n'y aura pas de romance tragique, l'auteure française Carole Declercq arrive à nous alpaguer par sa plume addictive et imagée et il faut bien dire que même s'il ne reste que quelques mois avant le débarquement allié sur les côtes normandes, la tension est plus que palpable autant chez les allemands qui sentent que le vent tourne dangereusement et évidemment, chez les français épuisés de quatre années d'occupation....
"Ils vont arriver, Marianne, tu le sais bien. Grand silence. 'ils'. Les Alliés. Dans la pénombre de la voiture, ils ne pouvaient pas vraiment se voir. Ils se devinaient tout juste au reflet de leurs yeux, mais elle savait qu'il avait le visage grave et pensif de la guerre. Elle attendit. Au bout d'un moment, détachant chaque mot comme pour lui indiquer qu'elle avait toute sa confiance, qu'il était à elle comme elle était à lui et qu'ils ne pouvaient pas se faire volontairement du mal : -Je dois faire ce que je peux pour les aider. Eux, ce sont tous ces jeunes gars. Des Allemands, comme moi. Je ne peux pas leur demande de se dresser devant les Américains, debout, face à la mer et poitrine offerte en attendant la mort. Pour expier. La vie, c'est précieux. Ils ont le droit de la défendre encore un peu. Même un bourreau tient à la sienne".
Ce que j'ai aimé dans ce livre :
1#-Le personnage de Nini : Si je ne devait retenir qu'un personnage dans ce livre, c'est bien Nini. Déjà, parce que le surnom de ma fille Laura est Nini (nan nan, ne cherchez pas à comprendre....), mais aussi parce que mine de rien, Janine Martel, dite Nini est l'archétype même de ce que les femmes ont pu subir (et subissent encore) durant les guerres. Malgré tout, Nini est forte. Malgré son enfance difficile (car si, à notre époque actuelle, les enfants occidentaux sont traités comme de précieux trésors, on a du mal à s'imaginer que ce n'était pas le cas il y a quelques décennies et que des enfants martyrisés, abandonnés, livrés à eux mêmes, qui grandissaient sans amour, c'était monnaie courante....Des enfants des rues, c'était habituel...Cela ne l'est plus dans nos sociétés occidentales mais n'oubliez pas que cela n'a pas disparu de notre planète et n'oubliez pas que les jolis t-shirts que vous achetez à 5 euros sont fabriqués par des enfants à l'autre bout du monde....N'oubliez pas cela....Je ferme ma parenthèse...). Nini aura la chance de croiser Marianne, qui va devenir une cousine "factice", une compagnonne d'arme, une amie sincère et finalement une soeur. Nini mérite tous les honneurs pour ses actes rendu pour la nation mais malheureusement Nini va subir le pire de la part de ses compatriotes. Nini est une héroïne cachée, rabaissée et inconnue. J'aime Nini. Et vous ne pourrez que l'aimer vous aussi.
"Nini connaissait son monde : pas besoin de fréquenter les cabarets spécialisés pour savoir que ce beau spécimen mâle préférait s'accoupler avec son propre sexe. Et pas la peine de lui sortir son oeil de biche n°1 pour le faire craquer. Il ne devait pas être à voile et à vapeur. C'était un pur et dur".
"Vire tes paluches, chacal. Pas touche à la marchandise. Avise-toi de recommencer un peu pour voir. Je ripe de là aussi sex et je raconte aux copains que tu profites de la situation pour me faire des misères. Tu vas te secouer les prunes.
-Mais ! avait fait l'autre, étonné. Tu fais des coucheries avec les Fritz. Pourquoi pas un français ? Ca ne te manque pas ?
-C'est pour le boulot ! Je ne suis pas une gourgandine. Mets-toi bien ça dans ta tête de piaf. Je ferme les yeux, j'ouvre le cul, et je tends l'oreille. Tout physiologique. Comme les gars m'ont dit de faire. Et, après, je me récure le conduit à fond. Quand je voudrai m'enfiler un français, ça m'étonnerait que ça tombe sur toi. Allez, à la revoyure. J'ai un rendez-vous".
"-Tu as déjà couché avec des SS, je présume, pour tes missions.
-Rarement, pour tout te dire. Ces types-là me font perdre tous mes moyens et ce n'est pas rentable. Ils n'aiment pas bien raconter la vie de leur Reich, si tu vois ce que je veux dire. En revanche, ils aiment bien connaître la vie des autres".
2#-Le sort des femmes : Cela recroise un peu ce que je viens d'écrire sur Nini juste au-dessus, mais en ce qui concerne la Seconde Guerre Mondiale, l'auteure ne nous épargne pas le sort réservé aux femmes qui sont instrumentalisées de tous les côtés. Bien évidemment, comme toujours, certains diront que les putes sont heureuses d'être des putes, que ce "boulot" leur plait, qu'elles aiment "ça".....Franchement, vous êtes sérieux ?!!!! Carole Declercq montre bien dans son livre le dégoût qu'éprouvent certaines femmes qui se font violence pour coucher avec certains hommes. Si Marianne a eu la chance de tomber sur le très beau et très séduisant Maximilian von Wreden (et qu'ensuite l'amour naisse de leur relation d'abord charnelle), mais ce n'est pas le cas de la plupart des filles qui doivent se taper des gros porcs qui puent la sueur, le sébum de leurs cheveux gras et je ne parle pas des autres odeurs corporelles qui peuvent sortir de leur bouche ou d'autres orifices.....Bah oui, c'est ça la réalité de la prostitution....Alors, si les allemands considèrent Paris comme un énorme lupanar, qu'ils ont le droit de boire et de baiser toutes les filles de la capitale, il leur est néanmoins fortement déconseillé par leur grand chef de fréquenter sérieusement ces françaises qui ne sont pas assez bien selon les critères aryens.....Pour les américains qui débarqueront en sauveurs un peu plus tard, eux aussi considèrent les femmes françaises comme des putes bon marché et enfin, le pire, bien évidemment, ce sont les français "résistants de la dernière heure", qui vont se défouler à la libération sur ces femmes en les tondant, les battant, les souillant...au nom de quoi ?!...
3#-La manière de parler des personnages : Les tournures de phrases et les expressions dans les dialogues m'ont enchantée ! Carole Declercq fait s'exprimer ses personnages d'une manière que Michel Audiard n'aurait pas renier, moi, je vous le dit ! Je dois vous avouer que moi-même, je m'exprime beaucoup en argot ! J'adore utiliser les mots comme "guiboles", "tarin" et autres "palpitant" pour désigner des parties du corps humain et évidemment le fait que l'auteure fasse parler ses personnages de cette manière me ravie au plus haut point !
"-Tu as peur, ma biche, fit Nini d'un ton qui ne souffrait pas la contestation. Ecoute, si ça peut te rassurer, je suis passée par son lit. Il sait y faire. Je peux même te dire que j'ai vu ma grand-mère en communiante au plus fort de l'action ! Et ce n'est pas un tordu. Il n'a pas de goûts bizarres.
-Vas-y à ma place, dans ce cas, répliqua Marianne en faisait le geste de l'interrompre. Ecoute, tu ne me dis plus rien sur lui. On y va. Autrement, je n'aurai plus le courage. Si ça se trouve, je ne vais pas lui taper dans l'oeil. Les grandes tartignolles comme moi, ce n'est peut-être pas son genre. Comment peut-on savoir à l'avance comme ça va se passer ? Sers-moi quand même un cognac avant de partir, s'il te plait. N'aie pas peur de charger la dose".
4#-La romance entre Maxim et Marianne : Bien évidemment, je ne peux pas ne pas citer cette romance dans les éléments que j'ai apprécié dans Ce qui ne nous tue pas... ! Si les scènes intimes sont décrites d'une manière pudique, en tout cas, pour ce qui est de l'alchimie amoureuse, whaou, c'est super beau ! Les choix, les sacrifices que devront faire nos héros ont fait battre des ailes les papillons que j'ai dans le bide !....Il faut préciser que Marianne n'est pas une oie blanche quand elle rencontre l'officier allemand....Enfin presque, sa seule expérience sexuelle, pour la dépuceler à sa demande, sera avec l'ami de son frère Philippe, Frédéric....En plus de débarrasser la jeune femme d'une virginité encombrante à 21 ans, ce premier amant d'une nuit aura également un rôle très important un peu plus tard dans la vie de notre héroïne....
"-Et c'est toi, la femme d'expérience qui est censée s'incruster dans les habitudes du monsieur ? Le capitaine Michel t'a présentée comme la nouvelle Mata Hari. Tu as couché une fois avec un homme ? C'était bien, au moins ? II a bien fait son travail ?
-Je ne sais pas. Je n'ai pas de comparaison, répondit platement Marianne qui avait décidé de jouer franc-jeu avec ce mentor d'un genre inédit. C'était assez nouveau pour lui aussi. Il est homosexuel.
Nini se leva en jetant les bras au ciel au cas où il y aurait quelqu'un là-haut pour la soutenir morale. Ne recevant pas de réponse, elle se mit en colère :
-Alors, là, la Résistance débloque. Comment je vais faire, moi ? Ils me prennent pour Merlin l'Enchanteur ? Attends, stop, on réfléchit deux secondes : Ils veulent te flanquer, toi, une gamine qui a vu le loup une fois, comme qui dirait jamais, dans le lit de Max von Wreden ? Un homme à femmes notoire qui rôde dans tous les cabarets de Montmartre et qui a vu la petite culotte de tout ce qu'il y a de potable dans Pars ? Et quand je parle de loup...Non, mais, dites-moi un peu, je rêve !".
"-Vous êtes la cousine de mademoiselle Nini, c'est ça ? fit l'Allemand qui avait capté son regard. Elle m'a dit qe vous me diriez votre nom vous-même si je le méritais. C'est une coquine.
-Pourquoi ne le mériteriez-vous pas ? Vous avez l'air gentil. C'est Marianne.
-Marianne ! Mais c'est joli ça ! Je ne l'avais pas encore entendu en France. Des Irene, Marthe, Lucienne, Mireille, si....c'est quand même un peu démodé, non, Marianne ?
-Disons...républicain ! répondit abruptement la jeune femme, vexée".
"-Est-ce qu'il y a un moyen de la sortir de ce guêpier avant que tout cela n'aille plus loin ? Je n'ai plus qu'elle Vous trouverez une autre fille.
-Arrêtez de pleurnicher ! s'énerva Nini qui aurait bien voulu avoir un frère aimant comme celui-là à défaut d'autre chose. Vu comme c'est parti, von Wreden ne voudra pas d'autre fille. Je peux vous le garantir. Il va s'accrocher comme une bernique à son rocher ! Et ce n'était pas peu dire C'est qu'elle l'avait épié, l'animal, derrière sa pile de Rebatet de la rue de l'Université. On aurait cru Bernadette Soubirous devant la Sainte Vierge. Extatique. Une apparition. La Révélation. Il la dévorait littéralement des yeux, tandis qu'elle s'avançait d'un pas faussement nonchalant au-devant de lui, la reine consacrée des saintes-nitouches".
Ce que je n'ai pas aimé dans ce livre :
Quand Marianne... : Attention ! zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez le texte en surbrillance !
Quand elle tire sur Maximilian.....J'ai trouvé cela incompréhensible au début ! Si j'avais été à sa place, je n'aurai jamais tué l'homme que j'aime....Le fait que Maxim lui ait clairement expliqué qu'il l'aimait, qu'il avait réfléchi à son propre sort dans l'armée allemande, sur les choix de son führer qu'il n'approuvait aucunement.....Maxim était prêt à déserter pour Marianne.....Et elle, elle lui tire dessus parce qu'il n'a pas voulu qu'elle aille au bout de son espionnage - quand il la surprend enfin - et qu'elle prenne en photo les documents secrets qu'il avait en sa possession.....Marianne a bien entendu regretté son choix et on peut comprendre la rancoeur de Maximilian quand il la revoit un an et demi plus tard, quand elle vient frapper à la porte de son domaine, alors qu'il est revenu en Allemagne avec une patte folle......Alors après, on peut se demander comment il est possible que Maxim lui pardonne sa tentative d'assassinat sur sa propre personne....Il ne faut pas oublier que cela s'est passé en quelques minutes, à une période hyper tendue....Maxim avait l'air presque soulagé de découvrir que Marianne était une résistante car enfin, il comprenait pourquoi elle refusait de lui avouer son amour alors que ses actes montraient bien qu'elle était, elle aussi, amoureuse de lui. Maxim aurait pu se sentir trahi d'être tombé amoureux d'une femme qui "jouait un rôle", d'une espionne du camp adverse, mais voilà, c'est le pouvoir de l'amour : On pardonne tout à l'être cher. En plus, n'oublions pas que Maxim n'est pas non plus tout blanc dans l'affaire et qu'au début de sa rencontre avec Marianne, elle n'était pour lui qu'une autre jolie femme brune à mettre dans son lit.....Marianne a passé outre son passé de serial-baiseur (Nini est aussi passée dans ses draps, ne l'oublions pas, ainsi que la plupart des jolies filles de Paris)....Pour que ces deux êtres puissent s'aimer enfin en toute liberté, il leur fallait absolument passer au-dessus de leurs actes passés. Même si Maximilian en a payé le prix cher, il ne faut pas oublier que Marianne a été dévastée par ce qu'elle avait fait - poussée par ses commanditaires de la Résistance - et qu'elle a vécu durant presque deux ans en pensant avoir réellement tué l'amour de sa vie. Le titre prend tout son sens quand nous arrivons à la fin du roman. Le fait qu'elle ait décidé de garder son bébé Charles au lieu d'avorter, en souvenir de cet homme "parce qu'elle le lui devait bien", est révélateur. L'amour incroyable et inconditionnel de ces deux amants ne pouvait que transcender leurs difficultés et les raisons de leurs actes commis durant la guerre. Alors oui finalement, je peux comprendre les circonstances qui ont poussé Marianne à tirer sur l'homme qu'elle aimait....Mais heureusement pour elle que la providence lui ait donné une seconde chance et ait permit à la balle qu'elle a tiré de ne pas tuer définitivement Maxim....Les mois passés à souffrir sur ce qu'elle avait fait, à éprouver des remords impardonnables ont été sa punition....Ils méritaient ensuite de faire table rase de tout cela et de construire enfin leur merveilleuse histoire d'amour, en temps de paix et les photos que découvre leur petit fils Sebastian en 2012 en sont bien la preuve....
Pour conclure, Ce qui ne nous tue pas... est un vrai coup de coeur pour moi ! En plus de l'histoire d'amour très belle entre Marianne et Maxim, l'auteure française Carole Declercq nous dépeint sans filtre les dures réalités et les conditions particulières de ces femmes qui ont décidé d'entrer en résistance et d'offrir leur corps et leur âme pour la patrie et pour la liberté et qui - bien souvent - l'ont payé chèrement. Je vous recommande ce livre à 100%. Une mention spéciale à la formidable Nini, qui m'a beaucoup marquée ainsi qu'aux dialogues fleuris et aux réparties des personnages qui nous plongent totalement dans l'atmosphère du Paris des années 40 comme on aime à se l'imaginer !
"Tout fout le camp et c'est dans la logique de choses. Nous sommes les méchants. J'ai peur de ce qui va se passer. Avant, ce n'était pas le cas, mon sort m'était presque indifférent. Mais aujourd'hui est-ce que tu crois qu'il y a un moyen d'arrêter tout ça ? Et toi, comment peux-tu être là, avec moi ? Nom de Dieu, cette question me taraude du matin au soir ! Une fille de ta trempe, si droite, si noble...Merde ! Je suis un Boche, une saloperie de Boche ! Quand même ! Ce n'est pas rien !".
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