jeudi 30 juillet 2015

Tomorrow, quand la guerre a commencé - Tome 3 : Le dernier sacrifice

John Marsden
Les Editions Hachette (Black Moon) - 2013
Sortie originale 1995
312 pages

Synopsis :
Ellie, Homer, Robyn, Lee, Fiona...Des adolescents pas comme les autres, qui ne se résignent pas à capituler face à une armée d'invasion pourtant surentraînée. Multipliant les opérations de commando et les sabotages périlleux, ils sont devenus les ennemis publics n° 1. Mais ces héros de l'ombre ont parfois l'impression d'être des créatures de l'enfer. Abandonnés de tous, en proie au doute, au dégoût et à la peur, ils continuent pourtant à rêver d'un monde meilleur. Parce qu'il faut croire en quelque chose...



"Comment ces militaires avaient-ils pu nous croire aussi dangereux ? C'était inimaginable : Ils avaient envoyé un tank rien que pour nous. Pourtant, je ne savais que trop bien quelles pertes nous leur avions infligées. Nous étions les ennemis publics. Peut-être les ennemis publics numéro un".

Et voilà, 3ème tome de cette saga, 3ème coup de coeur ! Je suis conquise, tout simplement ! La fin de ce 3ème opus est vraiment extra, j'en suis restée sur les fesses !

Le temps passe, les mois s'enchaînent et notre petite bande de lycéens est toujours cachée, morte de trouille à l'idée de se faire repérer par l'ennemi ou se faire tuer lors de ses actions de sabotage car mine de rien, Ellie et ses amis ont réussi un certain nombre d'exploits parfois difficiles à croire des adultes qui croisent leur chemin ça et là. 

Sincèrement, ce que j'adore dans cette saga c'est la manière dont on est totalement ancré dans l'histoire. On vibre avec eux, on s'émerveille, on est terrifié, tout comme eux. L'auteur, John Marsden, ne fait pas passer ces jeunes gens pour des Rambo indestructibles. Pas du tout ! Malheureusement pour eux, ils se blessent, souffrent et meurent aussi parfois....C'est cette réalité qui rend ce récit totalement poignant car nous savons, en tournant les pages et en avançant dans les volumes, que nous pouvons, à tout moment, perdre l'un de nos jeunes héros....Du coup, en lisant le titre "Le dernier sacrifice" de ce tome 3, je m'attendais au pire, je m'attendais à être choquée....Et malheureusement, ce fut bien le cas....Quel tome de dingue !


Ce que j'ai aimé dans ce livre :
1#-Les belles réflexions et les anecdotes de l'auteur via les pensées de son héroïne : J'ai l'impression de radoter, c'est sans doute le cas et c'est à cause du fait que j'enchaîne les tomes à la suite, mais je reviens toujours sur la formidable écriture de l'auteur. Ce type est vraiment très intelligent, ses réflexions sont subtiles et laissent à réfléchir. Il a réussi à transcrire ses mots via les paroles d'une jeune fille de 18 ans et ça reste plausible et pas du tout pompeux ou donneur de leçons. Nous sommes ici plongés dans les horreurs de la guerre et la vie n'est pas un jeu vidéo ou un film.....Les gens meurent réellement, se blessent, et les survivants doivent vivre avec ça, avec tous les traumatismes psychologiques, les deuils non aboutis, ils n'ont pas le choix.....

"Ces jours-ci, je ne sais pas si j'ai des envies de meurtre, de suicide, si je suis accroc à la panique ou à l'ennui. Je me demande comment les gens qui ont participé aux guerres mondiales ont réagi après l'arrêt des combats ? C'était surtout des hommes, mais il y a eu beaucoup de femmes aussi. Comment ont-ils fait pour se "couper le courant" le jour où la paix a été déclarée ? Est-ce que c'était comme d'appuyer sur un interrupteur ? Qui peut faire ça ? Je sais que moi j'en suis incapable. C'est comme si je m'étais habituée à ce qu'est devenue ma vie ces derniers temps, une vie où aternent la frénésie et le néant".

"Cela fait près de six mois que notre pays a été envahi. Depuis janvier, nous vivons dans une zone de guerre et nous sommes en juillet. Cela fait à la fois si peu de temps et si longtemps. Ils ont déferlé sur le pays comme une invasion de sauterelles, de rats et de fourmis. On a pourtant l'habitude des fléaux par ici, mais celui-ci a été le plus soudain, le plus virulent qu'on ait connu. Ils étaient trop rusés, trop féroces, trop bien organisés. Plus je les connais et plus je me dis qu'ils préparaient leur coup depuis des années. (....) Ils ont choisi le jour de la Fête Nationale alors que tout le monde étiat en congé. A Wirrawee, c'est le jour de foire. Ils n'ont eu qu'à encercler le champ de foire pour faire prisonnier quatre-vingt-dix pour cent de la population locale. Mais pour les grandes villes, ils ont dû faire preuve d'un peu d'imagination. En général, ils ont utilisé des otages, des enfants la plupart du temps. Leur stratégie était d'aller vite pour que personne n'ait le temps de réfléchir à la situation. Au moindre délai, ils commençaient à tuer des gens. Ca a marché".

"Il y a quelques années, les Slater avaient accueilli une japonaise. Elle avait vingt-trois ans. Elle leur avait dit qu'avant son voyage en Australie, elle n'avait jamais vu l'horizon. Vingt-trois ans et elle n'avait jamais vu l'horizon ! C'était ça l'horreur des temps modernes. J'avais alors compris ma chance".

"Mon esprit est incapable de séparer le réel de l'imaginaire. C'est comme des cauchemars sauf que je suis réveillée. La sueur me coule dans les yeux, je suffoque. Bien sûr, je fais aussi des cauchemars quand je dors, au point d'avoir peur de dormir. Cela fait si longtemps que je n'ai pas eu une bonne nuit de sommeil que je ne sais même plus à quoi ça peut ressembler. Mais j'en rêve".

2#-Le groupe se reconstitue : En effet, dans le 1er tome, Kevin avait quitté le groupe pour se rendre aux forces ennemies, accompagné de Corrie, qui avait été blessée par balle. Nous avons donc le plaisir de revoir le jeune homme. Il n'est pas très intéressant en lui-même (il ne faut pas oublier qu'il ne brillait pas par son courage dans le tome 1), néanmoins, ses retrouvailles avec le groupe permet de nous faire constater l'évolution incroyable d'Ellie, Homer, Fiona, Lee et Robyn qui sont devenus en quelques mois des "guerriers" émérites même s'ils ont toujours quelques faiblesses, bien entendu ! Kevin va aussi leur apporter son savoir car pendant sa captivité, il a beaucoup parlé avec d'autres prisonniers qui lui ont expliqué quelques règles élémentaires de chimie dont se servent les fermiers pour créer des explosifs "faits-maison" avec des produits courants de la ferme (non non, pas avec du lait ou de la bouse de vache, je veux bien sûr parler des pesticides et autres carburants par exemple...). Cette révélation va ouvrir des perspectives nouvelles à notre groupe d'amis qui se préparent à commettre le plus grand coup de leur vie depuis que la guerre a commencé....

"Ce type qui vient de sortir....avec le balai. Dites-moi que je rêve. Ils regardèrent. Et se figèrent. Homer bondit, lâchant son biscuit. -Tu ne rêves pas ! -Non, renchérit Robyn, comme hyptnotisée. -O Seigneur, je n'y crois pas ! s'exclama Fiona. Lee avait la plus mauvaise vue de nous cinq et il voulut s'assurer que ses yeux ne l'avaient pas trompé. -Vous voulez dire...c'est vrai...C'est Kevin ? Vous croyez ?".

"Kevin semblait plus vieux et plus mûr, plus intelligent, même. Il n'aurait jamais dit 'Tout est relatif' ou 'les gens croient ce qu'ils ont envie de croire" quand il campait avec nous à Hell. Cette guerre nous avait changés, et pas toujours en mal".

"De quoi avions-nous l'air à ses yeux maintenant ? Avions-nous changé à ce point ? Nous avions changé, bien sûr, c'était évident, mais depuis que j'avais son expression quand nous avions tué le soldat, je commençais à me demander si nous n'avions pas changé plus que nous ne le pensions. Il nous avait regardés comme si nous étions des créatures d'une autre planète. Au moins, cela, je savais que c'était faux. Nous n'étions pas des créatures d'une autre planète. Nous étions des créatures de Hell, des créatures de l'enfer".

"Soudain, je me suis rendue compte, avec un choc, que ma relation avec Lee était terminée. Je n'éprouvais plus rien pour lui. Il m'était étranger et nous abions ce genre de conversation polie qu'on a avec des étrangers. Même si je ne l'ai pas admis sur le moment, je crois, en y repensant, que c'était en partie à cause du meurtre du soldat. Ce n'était pas la première fois que nous tuions, bien sûr. Ce n'était pas la première fois que Lee tuait de sang-froid. Mais, cette fois, ça avait été trop horrible, trop écoeurant. Je ne voulais pas le toucher. Je n'avais même pas envie de lu parler. Ca me rendait malade chaque fois que ses longs doigts se posaient sur moi. C'est injuste, je le sais. C'est comme si on lui demandait de faire le sale boulot pour le lui reprocher ensuite. Mais le juste et l'injuste ont à voir avec la raison. Les émotions, elles, ne savent rien de ce qui est juste ou pas".

"Alors, croyez-moi....Si vous vous faites choper, ne vous laissez pas accuser des trucs que vous avez faits ; Le pont, la tondeuse à gazon, le sauvetage de Lee. Ca leur est resté en travers de la gorge. Ils ont toujours pas digéré. -Et pour l'explosion de Turner Street ? demanda Homer avec une petite pointe de suffisance. Kevin a sursauté. -C'était vous ? C'était vraiment vous ? C'est dingue ! Il y en a qui disaient que c'était vous mais j'arrivais pas à y croire. Il vous a fallu au moins une tonne de TNT ! Comment vous avez fait ? Bon Dieu, ça fait un sacré bang. J'ai cru qu'on avait envoyé une bombe atomique sur Wirrawee. Waouh ! Vous pouvez me croire, s'ils vous coincent pour ça, vous êtes morts. -Merci. Mais nous étions fiers de sa réaction. C'était agréable de pouvoir se vanter un peu. Dans notre isolement, nous avions l'impression que personne n'appréciait, ni même n'était au courant des combats que nous menions et des risques que nous prenions. Et ça, c'était pire que tout. La façon dont Kevin nous interrogea nous donna l'impression, l'espace de quelques minutes au moins, d'être la Légion étrangère, les Bérets verts et les Rats de Tobrouk réunis. Rien que ça".



ZONE SPOILERS : (Cliquez sur le mulot et passez en surbrillance sur le texte !)
Le passage par la case prison : Mon Dieu ! Cette partie du livre m'a vraiment marquée car on ressent tout le désespoir, limite la folie qui s'installe peu à peu dans l'esprit d'Ellie. Notre groupe d'amis va rester plusieurs semaines en prison et comme nous sommes dans la tête et les pensées d'Ellie, et qu'elle est l'une des meneuses (avec Homer), elle a droit à un traitement spécial spécifique aux prisonniers les plus "dangereux". En plus, nous avons le malheur de revoir apparaître le major Harvey (je le hais ce type !), toujours aussi imbu de lui-même et collabo avec l'ennemi, en plus de ça ! Ce type est vraiment une grosse merde ! Du coup, lors du sacrifice ultime de Robyn (scène épique qui m'a foutue les boules, j'en avais les larmes aux yeux), j'étais heureuse qu'elle explose la gueule de cet homme avec sa grenade, mais malheureusement, elle a été obligée de se sacrifier, elle aussi.....C'est horrible !!!!!!!.....Le voilà donc, le "dernier sacrifice" du titre de ce 3ème tome.....

"Le major Harvey m'a regardée. J'ai compris à ce moment là à quel point il me haïssait. -Allez les jeunes, a-t-il crié. La fête est terminée. Tout le monde à terre. Je l'entendais distinctement, ce qui signifiait que mes oreilles étaient débouchées. Comme personne ne bougeait, j'ai hurlé. -Plus vite que ça où je descends votre copine. J'ai commencé à m'agenouiller. Les quatre autres en ont fait autant. Seule Robyn restait debout. Elle se trouvait à un mètre à peine d'Harvey mais il ne la surveillait pas, certain de contrôler parfaitement la situation. J'ai vu la main se glisser sous sa chemise. J'ai hurlé mais aucun son n'a franchi mes lèvres. J'ai essayé encore mais je n'ai réussi qu'à produire un hoquet rauque. je savais qu'il était déjà trop tard. Le major Harvey me contemplait, triomphant. J'ai hurlé encore et, cette fois, j'ai pu dire son nom. C'était le dernier cadeau que je pouvais lui offrir : lui montrer que je savais. Robyn s'est tournée vers moi. Elle a eu un petit sourire effrayé comme si elle ne savait pas ce qu'elle avait fait, ou si elle avait eu raison de le faire. Harvey l'a enfin regardée, et il a compris : il a vu la goupille de la grenade. Il a ouvert la bouche, baissé son arme et fait un pas vers elle. Il a tendu la main comme pour la supplier. Puis tous deux ont disparu. Il y a eu une explosion, bien sûr, mais ridicule après les bombes. Tout comme l'onde de choc qui m'a frappée un instant plus tard. Ils avaient disparu, voilà tout. Robyn était là, elle était vivante, elle était réelle, elle était une personne et elle avait disparu. Elle avait cessé d'exister".

"Ce que je veux, c'est qu'on se souvienne de Robyn, qu'on sache ce qu'elle a fait. Je ne cesse de penser à elle. Avant, je croyais que les héros étaient des gens coriaces et braves. Mais ce dernier regard de Robyn : il n'était ni coriace, ni brave. Il était effrayé et incertain. Robyn m'a enseigné quelque chose de très important : il faut croire en quelque chose. Ca a l'air simple, n'est-ce pas ? Eh bien, ça ne l'est pas. Ca ne l'est pas pour moi, et ça ne l'était pas pour Robyn. Mais elle y arrivait, et je continuerai à chercher, je continuerai à essayer jusqu'à ce que j'y arrive moi aussi. C'est e vrai problème avec nos politiciens : mis à part leur carrière, ils ne croient en rien. Il faut croire en quelque chose. C'est tout".

Pour conclure, j'ai adoré ce tome, c'est le meilleur, jusqu'à maintenant, même si cette saga a toujours été d'un excellent niveau dès le début ! Il se passe tellement d'événements dans "Le dernier sacrifice" qu'on ne peut pas s'ennuyer une seule seconde. L'auteur joue avec nos nerfs et réussit à nous faire passer par une palette entière d'émotions diverses avec l'apothéose à la fin du livre. Evidemment, il vaut mieux avoir le 4ème tome à portée de main car on n'a qu'une seule envie, lire la suite et savoir ce qui va arriver maintenant à Ellie et ses amis !




Ma note : 19/20

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