mardi 6 février 2018

DEMONICA - Tome HS : Nuits ténébreuses


Larissa Ione
Les Editions Milady (2018)
Sortie originale 2017
384 pages


Synopsis :
Ils se sont aimés et perdus il y a un siècle. Depuis, l'ange déchu Zhubaal cherche désespérément sa bien-aimée Vex, réincarnée dans un nouveau corps sans ses souvenirs. Mais même si leur destin est de se retrouver... Leur amour et leurs serments auront-ils résisté à l'épreuve du temps ? Tout sépare Razr et Jedda : il est un ange déchu au lourd passé, elle est une elfe aux instincts imprévisibles. Mais l'amour est plus fort que toutes les différences...

« Il remua, grimaçant au moindre mouvement, et elle poussa un soupir résigné. Après tout, il fallait bien qu’une fille ramène un type louche chez elle au moins une fois dans sa vie, non ? ».

Nuits ténébreuses est un nouveau tome Hors-série de la saga Demonica de l’auteure américaine Larissa Ione, Comme elle a dorénavant l’habitude de le faire dans ses HS, nous suivons deux histoires, deux romances sur des personnages annexes.

La particularité de ce tome c’est que les deux personnages masculins principaux sont deux commandants en second d’Azagoth, la Grande faucheuse de Shéoul-gra, et que nous les avons donc déjà entraperçus dans les HS précédents depuis que nous avons fait connaissance avec Azagoth et l’amour de sa vie, Lilliana.

Ma lecture a été relativement plaisante, même si j’ai nettement préféré la deuxième histoire consacrée à Razr et Jedda, de par leur nature particulière à tous les deux. La première histoire est plus banale – Et il faut préciser qu’il y a une erreur dans le synopsis, en fait, Zhubaal recherche sa bien-aimée Laura, qui s’est depuis réincarnée dans le corps de Vex….D’ailleurs, en indiquant dans le synopsis que Vex est soit-disant la promise de l’ange déchu et bien, cela spoile dès le début, c’est un peu dommage….

Ce que j’ai aimé dans ce livre :
Le récit consacré à Vex et Zhubaal : Même si les péripéties de ce couple ont été, à mon sens, moins intéressantes que celles du couple suivant, il n’empêche que l’histoire vaut quand même d’être lue, déjà par rapport au sujet universel de « l’ex » inoubliable qui peut pourrir une relation amoureuse….Le côté tordu de cette romance c’est que Vex est en fait Laura dans sa nouvelle réincarnation, et du coup, elle n’a aucun souvenir de son ancienne existence en tant qu’ange déchu auprès de Zhubaal….Vex est née elle-même de parents anges déchus et est donc une Daemani. C’est la première de son espèce à être évoquée dans la saga. Contrairement à leurs parents anges déchus, les Daemanis n’ont pas beaucoup de pouvoirs…Mais Vex trouve sa force grâce à son caractère de battante et puis elle a aussi un pouvoir un peu spécial qui n’est pas automatique chez les Daemanis et qui peut se révéler comme un réel handicap : Elle peut absorber sous sa peau les âmes des démons qui décèdent à côté d’elle…..Jusqu’à maintenant, elle faisait commerce de ces âmes capturées aux plus offrants mais depuis la « presque apocalypse » qui a failli se produire à cause des Cavaliers de l’apocalypse (je vous laisse lire les tomes spin-off que l’auteure a écrit sur eux), et bien le marché de la vente des âmes démoniaques a chuté et du coup, Vex a du mal à refourguer les âmes qui se sont collées à elle….Et notre héroïne doit faire gaffe de ne pas se faire posséder par les âmes les plus fortes qui vivent et vibrent à l’intérieur de son corps….Et manque de pot, et bien elle a absorbé dernièrement l’âme d’une succube ultra-puissante (je vous laisse deviner, c’est facile, si vous connaissez la saga – clin d’œil à Reaver !) qui souhaite prendre possession de son corps et qui a le dessus sur les autres âmes prisonnières….Zhubaal, lui, croit au début que l’une des âmes prisonnières est sa douce et regrettée Laura vu que Vex est aux antipodes de sa bien-aimée, autant au niveau physique qu’au niveau caractère…..J’ai eu plaisir à retrouver Azagoth dans cette histoire, qui a un rôle important ici en tant que faucheur d’âmes. La romance entre Vex et Zhubaal se laisse lire, surtout que Zhubaal est puceau car il s’était réservé pour Laura mais elle est morte avant qu’ils ne se marient (car pour elle, pas de sexe avant le mariage), la fougueuse Vex est moins « protocolaire » et notre pauvre Zhubaal va être souvent soumis à la tentation face à cette Daemani qui a le pouvoir de le titiller comme personne…..Ce qui m’a gênée, je le répète, c’est le fait qu’à partir du moment où Zhubaal comprend que Vex est la nouvelle réincarnation de Laura, il veut retrouver Laura, il veut que Vex ressemble à Laura mais la jeune femme ne se laisse pas faire et c’était dur de la voir souffrir face à cet homme qui semble en aimer une autre (surtout qu’évidemment, Vex tombe peu à peu amoureuse de lui, vu le lien qu’ils partagent depuis toujours et qui est bien ancrée au fond de son subconscient…). Je donne la note de 16/20 pour cette histoire car ce n’est pas la meilleure créée par Larissa Ione et personnellement, je n’aime pas trop les romances où les ex sont évoqués à tire-larigot….

« — Nous avons trouvé cette… créature… qui essayait de se faufiler dans le portail. Les yeux violets de la femelle étincelaient de fureur. Elle était jolie, dans le genre dangereux, ce qui ne la rendait que plus attirante. Oh ! elle n’était pas le type de Zhubaal ; il avait toujours préféré les femmes qui portaient moins de maquillage, moins d’armes et plus de vêtements. Ce qui ne l’empêchait pas d’apprécier une femelle canon qui semblait toute disposée à en faire son quatre-heures. Ne fais pas comme si tu savais de quoi tu parlais.
— Je n’essayais pas de me faufiler. (Elle se débattit et donna un coup de pied dans le tibia de Jim Bob, mais ce dernier n’eut aucune réaction. Il est vrai qu’il mesurait deux fois sa taille et était bâti comme un tank.) J’essayais d’activer le portail. Comme une personne normale, quoi. Jusqu’à ce que vous m’interrompiez, bande d’abrutis emplumés ».

« — Sais-tu à qui appartenaient ces âmes ? demanda-t-il, espaçant délibérément ses mots afin de ne pas les prononcer avec le débit d’un gamin qui se serait gavé de confiseries le soir d’Halloween. Quand elles étaient sous leur forme matérielle, je veux dire. Elle secoua la tête.
— Elles ne communiquent pas avec moi. Des ombres chagrines passèrent dans les yeux de Vex et il se demanda ce que lui infligeaient ses hôtes désincarnés. Il les avait à peine touchés qu’ils lui avaient donné une migraine corporelle, alors songer qu’ils s’étaient soudés à la chair de Vex…
— Pas de manière verbale, ajouta-t-elle. Il n’avait pas besoin de mots. Il fixa le regard sur le bras de Vex, observa les fines volutes ornant sa peau et le sut aussitôt. L’une des âmes enfermées dans le corps de Vex appartenait à sa bien-aimée. L’une de ces âmes était Laura ».

« — Comment se fait-il que tu collectes les âmes ?
— C’est difficile à expliquer. (Alors qu’ils approchaient des immenses portes, celles-ci s’ouvrirent.) Je suis une sorte d’aimant. On appelle les gens comme moi des daemani, mais, si ton patron fait du négoce d’âmes, j’imagine qu’il le sait. Si une âme non humaine, surnaturelle, traîne dans le coin, elle me trouvera.
— Comment ? Les griminions apparaissent dans les secondes qui suivent la mort d’un démon.
— Ils arrivent trop tard si le démon a été tué par mes soins ou s’il est mort alors que j’étais dans les parages. (Elle veillait à ne les tuer que si elle y était obligée, mais un accident était vite arrivé, car les démons étaient des enfoirés et bon nombre d’entre eux méritaient de mourir.) Un jour, j’ai rendu visite à une amie à l’Underworld General, et, dans l’heure qui a suivi, j’ai aspiré deux âmes démoniaques. Deux ! Ces médecins ne doivent pas valoir un clou s’ils sont incapables de garder leurs patients en vie. Alors maintenant, si j’ai besoin de liquidités, je vais faire un tour à l’hôpital. Enfin, plus à présent. Plus depuis que le marché des âmes s’était effondré. Il lui jeta un regard oblique désapprobateur.
— À ta place, je garderai ça pour moi. Azagoth considère que toutes les âmes lui appartiennent. S’il apprend que tu les lui as volées intentionnellement, tu le paieras de ton âme. Azagoth était donc un salopard cupide. Une opinion qu’elle garderait également pour elle ».

« — Dangereux comment ?
— Si une âme est suffisamment puissante et maléfique, elle est capable de me posséder, expliqua Vex avec un geste désinvolte de la main qui jurait avec le tremblement de ses doigts. Ce n’est pas une expérience plaisante. Les plus faibles s’associent le plus souvent pour garder les âmes sinistres à distance, mais celle-ci est d’une puissance démente. Comment dire… C’est comme si elle était pétrie de malveillance pure. J’ignore combien de temps j’arriverai à lui résister. Un frisson parcourut Z à l’idée que Laura était coincée à l’intérieur de Vex en compagnie d’un démon maléfique ».

« — Qui diable est Laura ? Une ex, j’imagine ? (Elle sembla frappée par une révélation soudaine et sa colère céda la place à de la curiosité.) Oooh, cette Laura ne serait-elle pas Mme Compliquée ? Il se passa la main sur le visage.
— En quelque sorte. Il inspira à pleins poumons, ordonnant à son pouls de se calmer et à son souffle de retrouver un débit normal.
— Je te fais penser à elle ? Curieusement, cela l’amusa.
— Tu ne lui ressembles en rien. Mais quand je suis avec toi c’est comme si elle était là. Et je n’ai pas ressenti sa présence depuis très longtemps. Elle grimaça avant de reculer.
— Beurk ! Alors, si tu me reluques comme un gros pervers, c’est parce que ma peau est voluptueusement soyeuse comme la sienne ou une niaiserie dans le genre ? Où est-elle ? Pourquoi ne l’as-tu pas vue depuis très longtemps ?
— Je l’ai perdue il y a près d’un siècle, répondit-il. Elle a été réincarnée, mais maintenant… je crois qu’elle est de nouveau morte.
— Elle est morte deux fois ? Tu parles d’avoir la poisse ».

« —Des psychiatres démons qui pourraient t’aider à te rappeler…
— Non. (Elle balança les jambes sur le côté du lit et se mit debout.) Tu ne comprends donc pas ? Combien de fois vais-je devoir le répéter ? Je ne suis pas Laura. Et je ne veux pas être Laura. Je ne connais que cette vie, celle que m’ont donnée mes parents qui n’étaient pas parfaits, mais que j’aimais. Nier ma vie reviendrait à les nier eux. J’aime ma vie, Zhubaal.
— Tu l’aimes ? (Elle était sérieuse ? Elle qui avait jadis été un ange. D’une classe d’élite. Même si elle n’était pas particulièrement douée.) Tu aimes être la progéniture banale de deux anges déchus ? Tu aimes détenir si peu de facultés et de pouvoirs ?
— Tu peux parler ! (Elle attrapa le peignoir d’un geste plein de colère.) Tu aimes être un ange déchu ? Es-tu fier des choses que tu as faites au nom du mal ? Il sortit un short de son tiroir.
— Je les ai faites pour toi.
— Oh, arrête un peu, merde ! s’écria-t-elle en serrant le peignoir contre sa poitrine. Je t’interdis de rejeter la faute sur moi. Tu l’as fait pour toi ».

Le récit consacré à Razr et Jedda : Aaah ! Cette romance m’a énormément plu ! Déjà par rapport à la nature de l’héroïne qui est une Elfe des gemmes. Il faut savoir que les Elfes sont une espèce qui n’a jamais été évoquée dans la saga et d’ailleurs, peu de démons (et d’anges) sont au courant de leur existence vu qu’ils sont censés vivre et mourir dans une autre « dimension »….(à ce propos, à quand des extra-terrestres dans la saga ? hé hé hé). Au début Razr a du mal à croire que Jedda soit une elfe….Il la prenait pour une démone, surtout qu’elle est censée lui avoir volé son diamant, le joyau pour lequel il a « perdu » ses ailes d’ange et est devenu un « homme de main » d’Azagoth à Shéoul-gra. Notre héros, à ce propos, vit un calvaire car en plus d’avoir été expulsé du Paradis, en attendant de récupérer son diamant (qui a un pouvoir ultra important, en action avec deux autres joyaux (les trois combinés forment les gemmes d’Enoch) - qui ont été dérobés par Jedda et ses sœurs en même temps et qui ont causé la mort d’innocents humains il y a des siècles – Jedda n’était pas au courant des conséquences de ses actes…), il doit subir des flagellations régulières qui lui lacèrent le dos….Plus ça fait mal et ça écorche la peau jusqu’aux os, plus les séances sont espacées….Du coup, quand c’est Azagoth ou Hadès qui sont chargés de le fouetter, Razr le sent bien passer ! (heureusement qu’il cicatrise vite…). Pour revenir au récit, il y a de l’aventure et du suspense avec cette chasse au trésor des gemmes d’Enoch (car même si nous savons que Jedda possède le diamant de Razr, il manque encore un autre joyaux, le grenat d’Enoch qui a été pris par l’une des deux sœurs de Jedda mais celle-ci a disparu de la circulation….Pour info, le 3ème joyaux a été récupéré par l’ange propriétaire, camarade de Razr et ça s’est très mal fini pour lui ainsi que pour la 3ème sœur de Jedda…). En tout cas, je dois dire que la romance entre nos deux personnages est vraiment belle car elle commence sur un amour interdit et sur de la manipulation et des faux-semblants et aurait pu se terminer par un drame…(Razr sait que Jedda possède son diamant et il va essayer de la séduire pour le récupérer…seulement voilà, notre ange « presque » déchu va tomber sous le charme de la jolie elfe qui a un cœur d’or et qui apporte à notre héros toute la tendresse et l’amour dont il manque cruellement depuis des siècles….Pour un mec qui est obligé de souffrir par des flagellations régulières, ça lui fait tout drôle, évidemment, d’avoir quelqu’un qui prend soin de lui et de ses blessures !). Le petit plus de cette histoire, et bien ce sont les minéraux et pierres précieuses évoqués durant tout le récit. Comme Jedda est une Elfe qui a besoin de minéraux pour vivre, l’auteure nous parle d’une multitude de ces pierres. Dans la mesure où je collectionne les pierres moi aussi (mon aventurine verte est en quelque sorte mon « précieeeeux ») et bien j’ai été ravie de retrouver dans cette histoire tout un vocabulaire qui m’était familier. Petit bonus au cadeau particulier qu’Azagoth va offrir à Razr à la fin du livre, ouh la la ! quel sacré petit coquin, celui-là ! En tout cas, pour moi, cette histoire vaut bien un 17,5/20 ! Attention zone spoilers ! Cliquez sur le mulot et passez la zone en surbrillance ! J’ai aussi été ravie et surprise de retrouver Lexi, la lionne-garou qui était morte dans le précédent tome (avec l’explosion du bar « Le soif »). On apprend ainsi qu’elle possède neuf vies, comme les chats et malheureusement, j’ai été ensuite horrifiée par son horrible décapitation au début de l’histoire….Quelle horreur ! Bon, vu qu’elle a encore des vies à utiliser, à priori, je suppose qu’on la retrouvera dans les prochains tomes, ce serait vraiment bien que l’auteure consacre une histoire centrée sur elle car pour le moment, ses apparitions ont été rapides mais très remarquées ! Pour une autre romance à venir, je suppose que la petite apparition de Suzanne, l’une des filles mémitims d’Azagoth n’est pas due au hasard…On verra ce que nous réserve Larissa Ione….

« — J’aimerais savoir pourquoi tu portes cette saleté en toile de jute et des claquettes tous les jours. Tu as accès à tout ce que tu veux, mais, les seules fois où tu n’es pas habillé comme un moine du Moyen Âge, c’est quand tu quittes Sheoul-gra. Azagoth inclina la tête et l’observa intensément, si bien que Razr se sentit comme un microbe sous la lamelle d’un microscope.
— Cette tenue fait-elle partie de ton châtiment ? Razr fut surpris. Il vivait à Sheoul-gra et travaillait pour Azagoth depuis plus d’un an à présent, et c’était la première fois que son patron lui posait une question qui n’était pas liée au boulot.
— Oui, répondit Razr, mais c’était une réponse simpliste à un problème complexe.
— Ton cas est unique. Tu n’es ni un ange déchu ni un ange céleste. Tu n’es même pas un non-déchu, dit Azagoth, faisant référence à l’état intermédiaire d’un ange ayant perdu ses ailes mais n’ayant jamais pénétré Sheoul, le royaume démoniaque, pour parachever sa chute. (Il glissa jusqu’au minibar et versa du rhum dans deux verres.) Le Ciel a créé une nouvelle dénomination d’ange rien que pour toi.
— Ouais, fit Razr sans dissimuler son sarcasme. Je suis unique. Sauf qu’il ne l’était pas. Une autre avait partagé son statut : son ancienne maîtresse, Darlah, présumée morte après avoir échoué à rentrer de mission. Une mission qui désormais incombait à Razr seul. Azagoth lui tendit l’un des verres, et Razr lutta pour cacher son étonnement. Et sa suspicion. Son patron semblait rarement conscient de son existence, alors, pour ce qui était de le traiter en égal…
— À l’évidence, tu es spécial. Tout cela devenait vraiment bizarre. Azagoth ne lui avait jamais témoigné le moindre intérêt, mais, en toute honnêteté, Razr était sidéré que l’autre n’en sache pas davantage sur son histoire. Il aurait cru que le Ciel aurait mis Azagoth au parfum, mais apparemment ce n’était pas le cas. 
— Ce qui m’échappe, poursuivit Azagoth, c’est pourquoi tu ne t’es pas débrouillé pour régler tes affaires et regagner le Paradis. Incapable de rester immobile sous cet examen des plus curieux, Razr fit tourner le rhum dans son verre. 
— Ce n’est pas comme si j’avais beaucoup de temps libre.
— Alors, c’est ma faute ? demanda Azagoth d’une voix suave, juste assez sinistre pour donner la chair de poule à Razr. On n’accusait pas la Grande Faucheuse de vous mettre des bâtons dans les roues. Pas si on tenait à sa peau ».

« Les neuf lanières du martinet, rehaussées par un éperon en os tranchant qui siffla dans l’air, claquèrent, interrompant les pensées de Razr. La douleur déchira ses omoplates et lui arracha un grognement. Mais pas de cri. Il ne criait jamais. Le deuxième coup fut pire, le troisième si intense qu’il s’écroula à genoux. D’ordinaire, il arrivait à rester debout jusqu’au cinquième coup, mais Jim Bob était fort, et il n’y allait pas de main morte. C’était la différence entre la flagellation dans les royaumes céleste et démoniaque et dans le royaume terrestre : Razr pouvait supporter cent coups de fouet administrés par un humain. Et il pouvait même en recevoir mille sans mourir. Mais quand une personne dotée d’une puissance et de capacités mystiques supérieures maniait le fouet les dégâts étaient multipliés par un facteur d’« oh putain ! ». Le quatrième le fit suffoquer, et le cinquième lui fit voir trente-six chandelles. Le sixième, donné sur ses lombaires, le projeta contre le sol froid, où il resta affalé dans une mare de sang. Peut-être que c’était la dernière fois. S’il vous plaît, faites que ce soit la dernière fois, songea-t-il avant de perdre connaissance ».

« Il s’avéra que Jedda Brighton possédait de sérieuses qualifications dans le domaine de la gemmologie et de la minéralogie. D’après les recherches hâtives de Razr sur la solitaire fortunée, celle-ci était diplômée des meilleures écoles, gérait sa propre entreprise – une bijouterie londonienne, excentrique et haut de gamme, qui ne s’intéressait qu’aux gemmes rares et exotiques – et était mondialement connue pour sa mystérieuse faculté à localiser des poches de minerais précieux dans les entrailles de la Terre. Toutes ces informations étaient de notoriété publique. En revanche, le fait que la bijouterie servait de façade aux transactions souterraines de pierres maudites et enchantées ne l’était guère, du moins pour ce qui concernait les humains. Par conséquent, la jeune femme était très certainement un démon. Peut-être même l’un des voleurs des gemmes d’Enoch ».

« — Tu te rappelles que les memitims sont chargés de protéger les humains appelés Primori ? demanda Lilliana. Jedda hocha la tête. Lilliana lui avait expliqué que les Primori étaient des humains, et parfois des démons, dont l’existence était destinée à influencer le monde de manière cruciale. 
— Eh bien, poursuivit Lilliana, Suzanne vient d’être assignée à son premier Primori. Nous sommes très fiers. La mine radieuse, Suzanne leur montra son poignet, révélant une petite marque ronde. 
— Ceci est un heraldi. Il représente la vie de l’humain. S’il brûle, c’est que ce dernier est en danger. Il est en sécurité pour le moment, mais il vaut mieux que je m’en assure. Lilliana se pencha vers Jedda et lui murmura à l’oreille : 
— Suzanne craque pour lui. 
— C’est faux ! (Les joues de l’intéressée s’empourprèrent, trahissant ses sentiments.) Mais il est à croquer. Il faut juste qu’il largue la pétasse cadavérique avec qui il sort. Le sourire de Lilliana s’estompa. 
— Ne t’en mêle pas, Suz. Tu sais ce que tu risques. 
— Je sais, je sais. (Suzanne les salua d’un geste jovial tout en se dirigeant vers la porte, sans doute impatiente d’éviter un sermon.) On ne doit pas coucher avec les humains. Mais quand même, « pétasse cadavérique », c’est une bonne trouvaille, non ? ».

« — Razr ? demanda Jedda d’une petite voix. (Tremblante.) Vas-tu… vas-tu me tuer ? Merde ! Qu’elle se sente obligée de lui poser la question le fit tressaillir intérieurement autant qu’elle tressaillait extérieurement. 
— Non, répondit-il en tendant la main vers elle. Laissant échapper un petit cri, elle s’écarta de lui, et il ne lui en tint pas rigueur. Quelques minutes plus tôt, il lui avait hurlé après. Il avait refermé les doigts autour de sa gorge si délicate. Il l’avait terrifiée. Honteux, il réitéra son geste, lentement, attendant qu’elle vienne à lui. Cela dura un moment. Trop longtemps. Mais elle finit par se blottir contre lui, et rien n’avait jamais autant valu la peine d’attendre. Il la serra contre lui, son cœur se brisant quand elle se mit à sangloter contre son torse. 
— On trouvera une solution, lui jura-t-il. On se débrouillera ».

« — Razr, murmura Jedda avec admiration en passant les doigts sur une plume duveteuse, lui procurant des frissons de plaisir qui se répandirent à chacune de ses terminaisons nerveuses. Tes ailes… elles sont magnifiques. 
— Razriel, la corrigea Gadriel. Sur ce, il disparut dans un éclair de lumière, les laissant seuls dans le château saccagé. 
— Appelle-moi comme tu veux, dit Razr en l’attirant contre lui. Je répondrai toujours. Il la sentit sourire contre son torse, et cela lui réchauffa le cœur comme rien ne l’avait fait jusque-là.
 — Tu n’as pas le choix maintenant qu’on est unis. Délicatement, il déposa un baiser sur ses cheveux. 
— J’avais le choix, lui rappela-t-il. C’est toi que j’ai choisi ».

Pour conclure, j’ai passé un agréable moment de lecture avec ce nouveau Hors-série de la saga Demonica. Nous retrouvons ici les romances concernant deux des hommes de main d’Azagoth, alias la grande faucheuse, du royaume de Shéoul-gra. Si la première histoire a été sympa à lire, mais sans plus, je dois dire que j’ai par contre énormément apprécié le deuxième récit de par la nature inédite des deux personnages, notamment Jedda qui est une Elfe. L’auteure américaine Larissa Ione maitrise parfaitement son sujet avec la bonne dose de sensualité, de suspense mais aussi de moments dramatiques où nos héros sont poussés dans leurs retranchements et doivent faire des choix difficiles….Et il faut bien reconnaître que son « cheptel » de personnages commence vraiment à devenir très impressionnant ! Vu certains indices laissés par-ci, par-là dans la 2ème histoire, je pense avoir deviné quels seront les prochains personnages qui auront droit à leur histoire d’amour….Wait and see ! Quoi qu’il en soit, cette saga reste définitivement l’une de mes préférés en matière d’urban fantasy !


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